![]() | 160 000 |
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Population totale | 160 000 |
Langues | ahanta |
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Religions | christianisme |
Ethnies liées | Nzema |
LesAhantas, Ayindas ou encoreAnta sont une population d'Afrique de l'Ouest, vivant principalement le long de la côte duGhana, dans laRégion Occidentale entre le fleuveAnkobra et les montagnes deSékondi. Ce sont desAkan culturellement liés auxAgnis ainsi qu'au groupeNzema, et sont également influencé par lesFanti. Ils parlent la langueahanta, et leur religion est lechristianisme.
Ce sont des pêcheurs ou de petits paysans bien que leur territoire soit historiquement connu comme l'une des régions les plus riches de la côte, lui devant son nom :Côte de l'Or. Les différenteschefferies ahantas sont dirigées par un Chef Suprême (aujourd'hui,Nana Akwazi Abrabo IV) depuis la période pré-coloniale sous forme de confédération.
Si la traduction littérale du nom Ahanta signifie enakan "La Terre des Jumeaux", dérivant denta[1], son sens véritable est à retrouver au travers d'une expression akane.Nkorɔfo yi w`anhanta hɔn ho signifie "ce peuple ne s'est pas séché". Le signification de Ahanta serait "celui qui se tient debout pour sécher son corps mouillé". Sachant que le mot Ahanta désigne également la confédération Ahanta, une devise lui est associée.Kɔkɔtɔ wokyiri me, Kɔtɔkɔ wokyiri me; Ntɛtɛ ne odupo ne gyapɛn ɛfi tete tete tete signifie en akan "Porc-épic tu me hais, Porc-épic tu me hais ; Les fourmis, les arbres puissants et l'ogyapam sont présents depuis longtemps. Abattez-les ! Abattez-les ![2]".
En tenant compte des influences culturelles du peuple, on réalise que le mot Ahanta est une contraction dehata enfanti et deyinda enahanta, signifiant littéralement "habitants séchés"[3].
L'hypothèse la plus ancienne fait remonter l'origine des Ahantas aux migrationsAkan du Nil aux côtés du roi légendaireAsebu Amanfi. Selon la tradition orale, ils auraient d'abord formé une tribu au sein duRoyaume d'Asebu. Une autre faction des Ahanta rejoignent leRoyaume de Bono[2].
Les Ahanta et lesFanti, migrent depuis l'ancienRoyaume de Bono en 1229 vers la Côte de l'Or aux côtés du chef légendaire Badu Bonsu I[2]. Ils s'établissent en chefferies dans différentes villes commeButre,Sékondi-Takoari,Axim,Shama ou encore Busue. Ces différents chefs constituent une fédération qui est parfois nommée Royaume d'Ahanta[4] et s'étendait sur la majorité de la Côte de l'Or[5].
Les premiers contacts avec les Européens ont lieu durant leXIVe siècle avec les Portugais, cependant la première colonie européenne provient deDieppe, enFrance, après la fondation de Petit Dieppe (comté de River Cess), en 1364, les Dieppois s'installent sur la Côte de l'Or et fondent La Mine, aujourd'huiElmina. Les Normands abandonnent la colonie en 1414 à cause de laguerre de Cent Ans et les Portugais profitent du conflit pour s'emparer en 1433 de la colonie et de son fort qu'ils renommentSaint George del Mina[6]. Historiquement, les Ahanta font partie des premières villes côtières à accueillir des comptoirs européens[7].
En 1637, laCompagnie néerlandaise des Indes occidentales s'empare du fort d'Elmina et évince progressivement les comptoirs portugais tandis que laCompagnie suédoise d'Afrique s'installe àButre. Durant cette période duXVIIe siècle, la confédération ahanta est partagée entre plusieurs colonies européennes :néerlandaise,suédoise,britannique,portugaise,danoise[8]. La Compagnie établit de nouvelles positions àSékondi et y construisent leFort Orange en 1642. Puis, àButre, ils délimitent leur souveraineté via leTraité de Butre et placent les Ahanta sous protectorat hollandais[7]. Cependant, bien que les termes et conditions du traité soient de nature amicale, les contemporains ahantas indiquent que les Néerlandais ont rapidement violé les conditions afin de s'engager activement dans l'esclavage, et ce avant d'étendre cette pratique aux autres colonies ensuite[9].
La population Ahanta décroit fortement à la fin duXVIIe siècle à la suite de la guerre contre les Adom qui débute en 1690. Ceux qui survivent au conflit se réfugient auFort Batenstein deButre. La capacité initiale de 3000 hommes armés tombe à une quelques centaines et la plupart des cités et ports ahantas sont détruits[10].
Dans les années 1830,Badu Bonsu II devient chef suprême et roi des Ahanta, il s'opposera aux ingérences néerlandaises et tente de les chasser des colonies. Laguerre ahanto-néerlandaise se conclut sur une défaite. Badu Bonsu, et d'autres membres de la famille royale sont pendus publiquement et la tête du roi est ramenée aux Pays-Bas[11]. La tradition orale locale indique que les principales villes Ahanta ont été brûlées et saccagées, provoquant le mort de nombreux habitants et l'exil d'une autre partie. Cette défaite signe un important déclin démographique des Ahantas ainsi que leur importance sur le plan politique local. Badu Bonsu II est également perçu localement comme un héros de la lutte contre l'esclavage[9].
En 1871, les Ahantas sont transférés sous souverainetébritannique, mais résistent. LaRoyal Navy bombarde les villes côtières en répression. L'occupation étrangère des territoires Ahanta s'étend jusqu'en 1957[7].
En 2005, soit près de 170 ans après la décapitation de Badu Bonsu II, sa tête est retrouvée dans un bocal deformol auCentre médical universitaire de Leyde à la suite des recherches effectuées par Arthur Japin, un auteur néerlandais[11],[12],[13].
En 2009, la restitution de la tête est organisée aux côtés du président John Evans Atta Mills et du conseil traditionnel d'Ahanta. Une cérémonie de purification est opérée àLa Haye afin que Badu Bonsu puisse être enterré. Cependant, la tête est encore à ce jour àAccra[13]. Les Ahantas s'indignent que la restitution de la tête n'ait pas été envoyée en territoire Ahanta[11],[12].
Le 20 décembre 2022, le gouvernement néerlandais représenté par son premier ministreMark Rutte présente ses excuses pour les crimes de guerre commis par son pays durant lestraites négrières[14]. Les représentants du peuple Ahanta en profitent pour rappeler leurs exigences relatives à Badu Bonso II et demandent justice pour ceux qui ont été massacrés sur les instructions deGuillaume Ier. Ils demandent réparation pour tous les dommages perpétrés durant les siècles d'esclavage[12].
Les principales villes Ahanta sontSékondi,Takoradi,Kwesimintsim,Apremdo,Beahu,Ewusiejoe,Bokro,Aboadi,Akwidaa,Agona Nkwanta,Busua,Butre,Esikadu etDixcove dans laRégion Occidentale duGhana. La population Ahanta ne représente plus que 208,000 individus, soit 0,7% de la population ghanéenne[15].
La capitale traditionnelle des Ahantas est Busua, cependant, sa destruction par les néerlandais au XIXe siècle a provoqué une diaspora Ahanta qui les repousse vers l'intérieure des terres[5]. Esikadu et Dixcove sont devenues plus importantes au cours du XXe siècle et endossent cette fonction[16].
Les Ahantas sont répartis en plusieurs chefferies possédant chacune leur famille royale. L'ensemble de ces chefferies dépendent du Chef Suprême et Suzerain qui est également par tradition le président du Conseil traditionnel d'Ahanta. En 2022, Baidoe Bonsoe XV décède et son poste est vacant. Une polémique naît car quelques chefs envisagent de nommer Eunice Jacqueline Labianca au poste de présidence. La famille royale pointe une tentative dangereuse de déformer les coutumes et traditions culturelles ahanta[17]. En l'attente d'une décision, Nana Akwanzi Abraba IV est nommé président par intérim[18].
La nourriture traditionnelle des Ahantas est une préparation à base demaïs rouge nommé Abele Azani en langue ahanta. Ils associent à cet aliment une croyance divine, lui attribuant des propriétés magiques. Le Foomfoom relierait les vivants et leurs ancêtres, guérirait des maladies, chasserait les démons et apporterait la fortune. Les traditions liées au Foomfoom s'estompent, mais on le retrouve encore comme héritage culturel durant le festival Kundum[19].
Le festival Kundum est un festival agricole qui est à l'origine religieux. Son objectif est initialement de repousser les mauvais esprits par des dances, tambours et festins. Aujourd'hui, cette célébration permet de préserver la culture du peuple Ahanta et des Nzema. Le festival dure huit jours, contre un mois auparavant[2].
D'après la tradition orale, Egya Kundu est le fondateur du festival qu'il initie dans le village d'Aboade. Une grande famine suit l'événement, et le village est épargné. Les oracles locaux enjoignent toute la société ahanta à imiter le festival[2].
Aujourd'hui, la langueahanta est en voie de disparition pour des raisons de forte diminution démographiques, de précarisation locale et de disparités tribales. Les auteurs locaux accusent les conséquences du colonialisme et de la traite négrière importe sur les côtes occupées par la population ahanta, considérant que l'identification culturelle s'est déconstruite à cause de l'impact sociologique encore récent du colonialisme. Certains avis sont très critiques face aux excuses officielles du gouvernement desPays-Bas présentées parMark Rutte[14],[9]. La diaspora Ahanta est directement associée à la diaspora Akan vers les Amériques et les Caraïbes[20]. Plusieurs personnalités Ahanta sont considérés comme des héros de ladiaspora africaine, tels queBadu Bonsu II etJohn Canoe (Nana Asafohe Jan Kwa I)[21]. Le festivalJunkanoo, enJamaïque, dans lesCaraïbes anglophones ainsi qu'à Miami commémore l'histoire de John Canoe et les populations de la diaspora africaine, en particulier Ahanta. Ce festival raconte l'histoire d'un autre conflit ahanto-néerlandais visant à mettre fin à l'esclavage en 1720[22].