L'agropastoralisme désigne les situations d'élevage, de paysage ou socioéconomiques dans lesquelles l'agriculture est intimement associée aupastoralisme.
Il est parfois associé aunomadisme ou plus souvent à un semi-nomadisme, avec des mouvements saisonniers dits de « Transhumance » qui peuvent traverser localement des zones cultivées[1].
Quand les animaux sont conduits en forêt (ou dans le maquis en Corse) on parle d'agrosylvopastoralisme.
L'agropastoralisme est plus fréquent dans les zones délaissées par l'agriculture, et en particulier dans régionssemi-arides ou dans les régions dont lessols sontagronomiquement pauvres (Exemple:Système agropastoral dans les Landes de Gascogne), montagneuses ou aux différences climatiques marquées entre saison froide ou chaude, sèche,sahélienne par exemple[2],[3] ou humide ; l'agriculture permettant souvent d'offrir un complément de nourriture aux animaux durant la saison difficile.
Dans lesPyrénées et lesAlpes, dans lePays basque notamment, lescultures occupent les fonds de vallée et lesversants les moins pentus, lesestives, les sommets et les versants d’altitude aux pentes praticables par les troupeaux et les bergers, avec un espace intermédiaire occupé par la forêt; une dualité de paysage caractéristique de l'agropastoralisme, très marquée ici et qui a subsisté[4].
Comme toute forme d'exploitation des milieux l'agropastoralisme peut modeler et transformer les paysages et leur biodiversité, depuis la préhistoire[5], principalement dans l'ancien monde semble-t-il[6], et y compris dans lespaléoenvironnements de France et d'Europe, et notamment depuis l'invention du feu (phénomène par exemple étudié dans leBerry, dans lesPyrénées et enFranche-Comté à partir de l'étude destraces de feux anciens) durant l'Holocène[7],[8]. Au-delà de certains seuils une dégradation importante et durable des milieux est possible, notamment durant les épisodes de sècheresse comme au Mali[9].
Le maintien de troupeaux d'une certaine densité dans lepaysage agricole ou forestier présente parfois un grand intérêt écopaysager, pour l'entretien de clairières, decorridors écologique, de milieux ouverts ou pour la lutte contre les incendies en période sèche. Tans qu’ils nesurexploitent pas les ressources naturelles (végétaux, sols, eau…), les animaux gardés par les bergers (souvent aidés de leurs chiens) jouent un rôle dans l’entretien de milieux ouverts. De plus, ils transportent de nombreux organismes et peuvent enrichir le sol de leursexcréments ou nourrir des animauxnécrophages quand ils meurent (certains nécrophages comme lesvautours jouent un rôle sanitaire probablement important pour les troupeaux en éliminant rapidement les cadavres d’animaux malades).
Inversement si les animaux en surnombre ou présents trop longtemps au même endroit exercent une pression trop forte sur le milieu, il y a situation desurpâturage. Si cette situation perdure ou s'étend à grande échelle, les cheptels peuvent alors contribuer à dégrader les sols et à un effondrement de labiodiversité.
De plus, pour se nourrir et/ou pour défendre leur troupeaux, leurs gardiens peuvent aussi exercer une pression de piégeage ou de chasse ou de piégeage sur les animaux carnivores, les animaux venimeux, les espèces herbivores concurrentes. Des effets négatifs et plus ou moins durables sur les écosystèmes sont alors possibles.
Un Agrosylvopastoralisme excessif (parfois« stratégie de survie » et dans ce cas difficile à freiner[10]) peut contribuer à ladéforestation, notamment avec les chèvres et sur des sols vulnérables.
La déforestation est souvent facilitée par la construction deroutes et deponts qui permettent un déplacement des troupeaux vers des zones de montagnes autrefois peu accessibles (ex en Nord-Pakistan[11]).
La vie de nomade ou de semi-nomade implique une organisation sociale particulière. Comme le pastoralisme, mais de manière différente, l'agropastoralisme implique aussi une organisation foncière négociée avec les agriculteurs communautaires ou propriétaires terriens (par exemple chez lesPeuls pratiquant l'agropastoralisme enAfrique[12]).
Souvent deux populations coexistent tout ou partie de l'année, l'éleveur nomade et le paysan sédentarisé. Parfois, ce sont les enfants qui sont bergers ou gardiens des troupeaux alors que les adultes cultivent. Dans tous les cas, cette répartition des rôles structure les sociétés agropastorales. Des conflits fonciers existent quand les troupeaux mal contrôlés font des dégâts dans les zones cultivées.
En France et dans les pays où l'agriculture industrielle et/ou l'élevage industriel ou intensif s'est imposé, l'agropastoralisme a beaucoup régressé.