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Agroforesterie

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Cormiers en agroforesterie intraparcellaire sur prairie, Marçon, Sarthe.
Cormiers sur prairies,Marçon,Sarthe.
Vue schématique d'un aménagement agroforestier intraparcellaire sur coteau.
Dusorgho pousse sous desFaidherbia albida et desborasses, près deBanfora auBurkina Faso.
Graminées sous chênes.
Graminées et herbacées sous oliviers séculaires.
Semis de millet et agroforesterie intra-parcellaireMarçon,Sarthe.

L’agroforesterie est un mode d’exploitation desterres agricoles associant desarbres et descultures ou de l'élevage afin d'obtenir des produits ou services utiles à l'être humain[1],[2]. L'association (simultanée ou séquentielle) d'arbres et d'agriculture présente des avantages considérables, notamment dans le domaine de laprotection des sols. Il permet des gains de productivité enbiomasse/ha. Il est aussi un procédé deséquestration carbone, qui contrairement au boisement, ne soustrait pas la surface concernée à la production agricole. L'agroforesterie recouvre de nombreuses pratiques :

Étymologie

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Le terme « agroforesterie » est la francisation d'unnéologisme anglais,agroforestry, apparu dans lesannées 1970. Il peut prêter à confusion, car l'agroforesterie moderne diffère fortement de laforesterie en ce que les arbres n'occupent généralement que moins de 20 à 30 % de lasurface agricole utile. Les termes traditionnels en français sont complantage oucomplantation, technique culturale traditionnelle. Néanmoins le terme tend à se généraliser, du fait de sa traduction aisée : Espagnolagroforesteria, Portugaisagroflorestal.

Histoire

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Lebocage traditionnel (ici duCotentin, en France, vers 1945) offrait un compromis intéressant entre protection et exploitation des sols et des écosystèmes. Souvent associé à la culture de fruitiers et à l'élevage laitier, il permettait des systèmes polyculture-élevages autonomes etrésilients, fonctionnant en boucle fermée, c’est-à-dire sansintrants, et sans déchets.

Au début duXXIe siècle, il y aurait dans le monde environ160 millions d'hectares deterres arables couvertes à plus de 50 % par des arbres, soit 3,3 % dessurfaces agricoles utiles (SAU), et plus d’un milliard présenterait un couvert forestier supérieur à 10 % sur cinq milliards d'hectares de SAU[4].

La pratique agroforestière semble exister dès laPréhistoire sous certaines formes. Elle est en tout état de cause attestée dès l’Antiquité. Ainsi, dans laGrèce antique,« on pouvait profiter des intervalles laissés entre les lignes devignes et d'oliviers, quand ils étaient assez larges, pour y cultiver descéréales ou deslégumineuses[5] », et on utilisait souvent, dans l'antiquité grecque ou romaine, les arbres pour servir de support à la vigne (arbustra).

L'exploitation conjointe, sur une même parcelle, d'arbres et de cultures paraît importante également auMoyen Âge. Dans un ouvrage[6] de la fin duXIVe siècle décrivant la vie quotidienne dans le nord de l’Italie, de très nombreuses illustrations attestent de pratiques agroforestières variées. Arbres et cultures y semblent inséparables : sur plus de cinquante planches agricoles, seules trois montrent desmonocultures pures.

Dans les environs deGenève auXVIIIe siècle, les types de cultures ou d'occupation des sols inscrits dans le cadastre comprennent leshutins, terme local qui désigne les vignes hautes grimpant sur des arbres vivants (fruitiers ou ormes)[7] :

« f) Hutins : céréale et vigne plantées ensemble, la dîme n'est due que sur la céréale[8]. »

On parle parfois d'agroforêts pour désigner les milieux où des populations indigènes vivent d'un mélange d'agriculture, dejardinage et decueillette dans lesforêts, pratiqués sous lacanopée ou, plus souvent, dans de petites clairières, sur brûlis, avec des pratiques qui ménagent une partie de labiodiversité et lui permettent de se reconstituer rapidement[réf. nécessaire]. Ces agroforêts couvraient au début duXXIe siècle environ 1,5 million d’hectares rien qu'enIndonésie. Dans le monde,150 millions de personnes, autochtones, vivent encore en forêt, presque exclusivement en zone tropicale[9].

L'agrosylviculture existe aussi en zones tempérée et froide. De tous temps, lesanimaux domestiques semblent avoir pâturé en forêt, où l'on pratiquait aussi la cueillette et le taillis. Jusqu’à la fin desannées 1960, des buissons fruitiers, des arbres épars, fruitiers ou destinés à produire du bois d’œuvre ou de feu étaient encore omniprésents dans les paysages ruraux de presque toute l’Europe tempérée, enAsie, comme dans toute l’Afrique et dans de nombreuses cultures traditionnelles des pays du Sud. On les trouvait au bord des champs, dans les cultures et des pâturages, dans les zones humides pâturées, dans les fortifications, voire en forêt même.

Dans l'hémisphère nord,cerisiers,pommiers,poiriers,pruniers,noisetiers,châtaigniers,noyersetc. ont ainsi longtemps côtoyé les animaux en pâture et les agriculteurs.

Dans les pays industrialisés, l'agroforesterie a massivement régressé auXXe siècle, en lien avec le développement d'une agriculture mécanisée. Le phénomène s'estamplifié dans la seconde moitié duXXe siècle : on estime qu'il y avait600 millions d'arbres dans les parcelles agricoles françaises dans les années1940-1950. Il n'en restait que200 millions dans lesannées 2000[10].

Ce phénomène a encore été accentué en Europe avec la mise en place de lapolitique agricole commune (PAC), car les règlements européens, pour des raisons de facilité d'administration (non-cumul des subventions), excluaient (jusqu'en 2006) qu'une parcelle consacrée à deux productions puisse percevoir des subventions pour ces deux productions. De ce fait, la surface correspondant aux arbres présents dans les parcelles était systématiquement déduite de la surface subventionnée pour la culture présente au pied de l'arbre, ce qui a encouragé les agriculteurs à pratiquer des arrachages massifs.

Depuis 2006, la réglementation européenne a intégré les atouts de l'agroforesterie et ne pénalise plus cette pratique[source secondaire souhaitée] dans la limite de cinquante arbres à l'hectare.

Avantages

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« Néobocage » protégeant des champs contre l'érosion et du vent dans leDakota du Nord (photo de 1997). Pauvre enbiodiversité parce que presque mono-spécifique et d'une même classe d'âge, cette haie sera néanmoins une source importante de bois, et éventuellement debois raméal fragmenté.
Agrosylviculture (ousylvopastoralisme), avec pacage demérinos sous des pins (Pinus radiata) plantés vers 1970.

Une idée testée par l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) était de voir si, en imitant la nature, en mélangeant des arbres et desplantes herbacées, on ne pouvait pas augmenter les rendements.

Outre ses qualités paysagères, qui ne doivent pas être négligées ne serait-ce que dans une perspectivetouristique, l'agroforesterie permet d'augmenter la productivité globale des terres. En effet, les arbres plantés dans une parcelle, en sollicitant une surface négligeable ausol, constituent un investissement qui permet une capitalisation. Une récolte de bois sera possible à terme. Du fait de l'association arbre/culture, la croissance de ces derniers est plus rapide qu'en forêt, mais avec une architecture très différente : on parle de port champêtre. On arrive à des rotations courtes. Exemple : douze ans enpeuplier, trente ans en noyer hybride, quarante ans enérable plane oumerisier, cinquante ans ennoyer commun oucormier.

Loin d'opposer forêt et agriculture, l'agroforesterie instaure une logique de co-bénéfice.« Dans la parcelle en agroforesterie, les arbres plus espacés poussent mieux et la culture qui se trouve entre les arbres bénéficie d'un meilleur recyclage desnutriments avec l'activité intense desmycorhizes associées aux arbres. » Avec seulement 10 % de surface arborée dans une parcelle agricole on peut considérer celle-ci comme répondant aux critères de l'agroforesterie sans oublier la valeur additionnelle ducarbone qu'elle intègre[11]… Lorsqu'un arbre a atteint l'âge adulte, son apport enmatière organique (matière carbonée) est 50 % supérieur à une parcelle témoin, le taux de mycorhize est bien plus important au niveau de la culture intercalaire, fournit une meilleure résistance aux aléas climatiques[12].

Des associations judicieuses (ex : cinquantenoyers par hectare dans le blé) permettaient d'augmenter laproductivité et l'effet « puits de carbone » : si, au lieu de partager une parcelle en deux parties, l'une plantée de cinquante noyers, l'autre de blé d'hiver, on pratique une association des deux espèces sur la même parcelle[13], la productivité de la parcelle, en biomasse, augmente de 20 à 40 %. En effet, l'énergie du soleil qui n'est plus utilisée par le blé une fois la moisson opérée au début de l'été sera rentabilisée par l'agriculteur dans la mesure où elle permettra le développement du noyer[14] ; inversement, lorsqu'en hiver et au début du printemps, le noyer ne dispose pas encore de feuilles, l'énergie lumineuse, qui serait perdue si les noyers étaient plantés seuls sur la parcelle, est utilisée par le blé au moment de sa croissance. Les arbres agroforestiers constituent unstock non négligeable de carbone, à la fois dans leur bois, mais aussi dans le sol qui est enrichi en profondeur enmatière organique par la décomposition continuelle de leurs racines fines, année après année.

Les « agroforestiers » peuvent créer des associations de plantes complémentaires, mieux en mesure de se protéger les unes les autres contre leursparasites et de favoriser mutuellement leur développement. Le besoin d'engrais et surtout depesticides est alors moindre qu'enagriculture intensive classique. Cependant, l'agroforesterie n'a pas nécessairement vocation à se placer dans une perspective d'agriculture biologique : elle autorise également des pratiques agricoles dites « conventionnelles ».

L'arbre a un effet protecteur des cultures (brise-vent, moindres impacts des pluies violentes,grêles et insolations excessives…). L'arbre — en compétition avec la culture dès sa plantation — enfonce naturellement ses racines plus profondément. Ce faisant, il augmente la profondeur exploitable du sol et favorise la remontée capillaire de l'eau profonde, tout en permettant aux pluies de mieux s’infiltrer pour recharger la nappe. Les arbres résistent ainsi mieux auxsécheresses et à la chaleur. Cet enracinement profond permet aussi de récupérer lesnitrates en profondeur et donc de limiter lapollution des eaux. De plus, les arbres poussent plus vite car ils bénéficient à la fois d'engrais, d'irrigation et d'un éclairage optimal facilitant laphotosynthèse.

Du point de vue agronomique, les arbres et leurs racines et les champignons associés permettent de lutter contre l’érosion et recharger le sol en matière organique.

Ils contribuent à lutter contre l'érosion, la salinisation et lesinondations par la limitation du ruissellement responsable des pics de crue des rivières. Ils réduisent la pollution des nappes par les engrais agricoles en pompant les surplus d'azote libre.

La qualité dessols est également améliorée grâce à lalitière formée par la chute des feuilles et éventuellement par lebois raméal fragmenté (BRF) que l'on peut produire à partir des tailles des arbres (haies…).

Les arbres ont un rôle majeur dans la fertilité des sols. Les feuilles tombent au sol et se décomposent. Grâce à cette décomposition, les arbres créent unhumus qui favorise la création de sols fertiles. Les racines structurent également le sol en facilitant son activité biologique et en permettant au mycélium de se développer. Cela permet de diminuer les apports en intrants sur la parcelle[15].

Les arbres forment un filet racinaire qui passe sous les couches superficielles du sol occupées par les cultures. Les champignons qui vivent ensymbiose avec cesbactéries augmentent la fertilité du sol et sa capacité à retenir et faire circuler l’eau et les nutriments, améliorant la productivité sylvicole et agricole. Un plan de gestion[16] des haies permet d'optimiser leur valeur agrosylvicole, voire d'augmenter leur productivité[17].

L'espacement entre les arbres (le plus souvent alignés, afin de faciliter le passage des machines agricoles) limite leur concurrence. De ce fait, contrairement à ce qui se pratique habituellement ensylviculture, on peut planter différentes espèces au sein d'une même parcelle, ce qui permet à la fois de ne pas perdre toute la production en cas de maladie ou d'évènements touchant une espèce particulière, et de diversifier la production, avec des arbres arrivant à maturité à des moments différents.

Agrosylviculture et biodiversité

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Agrosylviculture àKédougou (Sénégal).

L'agroforesterie, comme certaines formes d'agriculture[18] peut contribuer à labiodiversité[19]. Par exemple, de nombreuses espèces dechauves-souris apprécient la présence des arbres et viennent donc mieux chasser lesinsectes qu'en plein champ. Planter des arbres dans les champs permet le retour des chauves-souris et donc une diminution de la prolifération d'insectes. De même le contexte arboré favorise le retour de prédateurs naturels d'espèces dites « nuisibles » (telles quelimaces,escargots,campagnols…), ce qui limite globalement les dégâts aux cultures.

La structure dubocage, les largeshaies vives (sur talus ou accompagnée d'unebande enherbée) constituent d'excellenteszones tampons[20],[21] et de petitscorridors biologiques. Les grands arbres épars ou certains alignements, de par leurs structures et les espèces qui les composent offrent des habitats de substitution, pour partie proches d'habitats naturels qui existaient dans lesclairières et sur leslisières forestières, favorisant notamment lesabeilles et d’autres pollinisateurs et de nombreux auxiliaires agricoles, surtout dans un contexte d’agriculture biologique ou d’agriculture durable. Desoiseauxinsectivores, des chauves-souris, ou encore certains insectes comme lessyrphes, dont leslarves sont de grandes dévoreuses depucerons et autres auxiliaires de l’agriculture réapparaissent. Quelques effets négatifs sont parfois craints (rongeurs, limaces et quelquesparasites qui peut-être pourraient parfois être favorisés), mais leurs prédateurs le sont aussi. Aucune observation significative n’a confirmé de tels effets négatifs selon les spécialistes de l’agroforesterie à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Agrosylviculture et carbone

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Cette approche augmente la capacité d'un milieu à absorber et conserver du carbone, ce pourquoi elle prend un intérêt supplémentaire dans le cadre de la lutte contre le changement climatique[22],[23]. À ce titre, le Club carbone forêt bois se propose en 2011 d'aussi étudier comment valoriser le carbone séquestré par l'agroforesterie[22]. UnLabel bas-carbone a ainsi vu le jour. Ce label vient également en réponse à la demande de compensation locale volontaire des émissions degaz à effet de serre.

Modalités d'implantation

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L'exploitant prévoit obtenir diverses configurations :cultures en bandes ou allées, parcelles agricoles entourées de haies, parcs agroforestiers etjardins-forêts, cultures pérennessous ombrage[24]… Elles obligent à des pratiques culturales adaptées.

Pour le type decultures associées, trois configurations principales existent, éventuellement complémentaires :

  • cultures d'arbres (en rangs, en quinconce…) espacés au sein de parcelles agricoles labourées et cultivées de manière pérenne ;
  • implantation de cultures (pérennes ou non) dans desclairières ou sous les arbres de parcelles boisées qui ont été éclaircies ;
  • sylvopastoralisme, faisant cohabiter arbres et animaux domestiques.

Distribution géographique

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Amérique du Sud

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L'agrosylviculture est pratiquée de manière ancestrale enAmazonie allant des cultures itinérantes sous couvert forestier aux cultures intercalaires ou itinérantes (dans des clairières sur brûlis). Elle permet une production régulière, mieux abritée desUV, des pullulations de pathogènes, avec un minimum d'érosion des sols, en bénéficiant du microclimat beaucoup plus stable là où la canopée a été conservée (Wilkin, 1972). Les déchets et éléments minéraux sont recyclés sur place. Les communautés locales produisent ainsi le manioc, et de nombreuses graines, fruits, légumes, fibres, feuilles et fleurs, médicaments, résines, fourrages, bois de feu et d'œuvre, et parfois viande.

Le modèle de lataungya (cultures à l'ombre d'arbres à croissance rapide plantés en alignements) créé enBirmanie au cours desannées 1860 a été testé en Amérique du Sud, auSalvador notamment avec succès, mais parfois avec des espèces introduites, qui contribuent au recul de la biodiversité (ex : culture de maïs sous alignements d’Eucalyptus deglupta dont Aguirre a montré en1977 qu'elles étaient plus rentables et plus résistantes aux adventices que le maïs témoin cultivé seul. Descultures intercalaires d'arbres et delégumineuses ou des cultures permanentes de café ou decacao sont courantes en Amérique du Sud. Diverses études, relayées par la FAO montraient dès lesannées 1960 (Hunter et Camacho) que sous lestropiques, intercaler arbres et autres cultures augmentait les rendements. Ainsi auCosta Rica,Hevea brasiliensis pousse mieux avec le cacaoyer dont le rendement est également amélioré, par rapport aux monocultures d'hévéa ou de cacao (deux espèces originellement forestières). Dans lesannées 1970, on a aussi montré que despolycultures en succession produisaient plus que desmonocultures avecrotation culturale[réf. nécessaire].

Des sous-espèces d’Inga,Erythrina,Dalbergia,Gliricidia sepium ouPithecellobium saman sont couramment associées auplantain ou à des cultures extensives detubercules et/oulégumes.

L'agroforesterie est très adaptée aux systèmes de gestion collective qui existent encore dans certains pays du sud (forêts, champs et pâturages communautaires)[réf. nécessaire][25]. Lecacao, lethé, lecafé, lavanille et la plupart des productions tropicales s'y prêtent.

Zones arides d'Afrique et d'Australie

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L'utilisation deFaidherbia albida ,Leucaena leucocephala etCytisus proliferus (tagasaste en français) semble prometteuse dans les zones arides (et même semi-désertiques en ce qui concerne le tagasaste) tropicales en agrosylvopastoralisme, ces plantes s'associant facilement avec d'autres plantes fourragères[26].

Europe

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Les cultures intercalaires sont devenues éligibles à laPolitique agricole commune pour leur surface exacte (emprise des arbres non comprise). Sur la même parcelle, une bande boisée est éligible à la prime de compensation de perte de revenu (PCPR) sous certaines conditions (indemnité limitée pour 7, 10 ou16 ans, selon la hauteur de tronc, l'essence…).

La commission européenne a validé les mesures agroenvironnementales portant sur la création et gestion d’habitats agroforestiers (mesures 2201 et 2202), en compensant les surcoûts dus à la présence des arbres (temps de travail supplémentaire, nettoyage de l’emprise, achat et entretien des protections des arbres, tailles…). Le contrat (renouvelable) est signé pour5 ans. Il ne couvre pas le prix des arbres pour les créations de parcelles, mais les CTE ou la nouvelle aide aux actions forestières peuvent le faire. L’agriculteur doit planter ou conserver de 50 à200 arbres/ha (100 au maximum s’il s’agit de peupliers ou noyers), avec une surface minimale de0,5 ha pour les créations. En périmètreNatura 2000, s’il y a compatibilité avec les objectifs de conservation, ce qui devraita priori être le cas le plus fréquent, les aides peuvent être majorées. En agroforesterie de culture, les arbres doivent être conduits de manière à permettre la mécanisation (troncs lisses sur 2 m de hauteur au moins). Sont éligibles notamment les fruitiers précieux (noyers, merisiers, poiriers, pommiers, sorbiers domestiques, alisiers) mais aussi les arbres champêtres tels que chênes, châtaigniers, érables, peupliers. D’autres aides permettent de compléter le dispositif par des haies vives, et certains vergers anciens, bas sont éligibles à d’autres contrats.

Ces haies et ces arbres peuvent jouer un rôle de conservatoire génétique éclaté, avec d’autres aides possibles, départements, régions, conservatoires et Diren).

Les « aides aux actions forestières » à caractère protecteur, environnemental et social prévoient, sous certaines conditions, le financement de l’agroforesterie (circulaire DERF/SDF/C2002-3010 du). La bande boisée ne peut alors bénéficier des aides agricolesPAC (CTE avec un montant minimal d’investissement de 1 000 €, pour au moins 500 m2 plantés). Le bénéficiaire peut ou non être agriculteur.

En2001, l'Union européenne a encouragé cette pratique en maintenant la prime versée par la PAC à l'agriculteur dans le cas où il plante des arbres sur une parcelle cultivée.

Depuis 2010 uniquement, le calcul des surfaces agricoles ouvrant droit à des aides directes de l'Europe peut inclure les surfaces agroforestières, qui sont aussi admissibles aux DPU (droits à paiement unique) et à d'autres aides compensatoires[22]. Les investissements agroforestiers sont éligibles aux subventions (jusqu'à 80 % des dépenses éligibles)[22]. Juridiquement et fiscalement, les parcelles traitées en agroforesterie relèvent en outre du statut agricole[22].

Dans le cadre du second pilier de lapolitique agricole commune, la Commission européenne a instauré pour la période 2007-2013 une mesure européenne de soutien à l'agroforesterie, qui sera vraisemblablement reconduite pour la prochaine période 2014-2020. Selon les estimations du Centre d'études[27], le cap des10 000 hectares d'agroforesterie pourrait être atteint en France métropolitaine d'ici à 2013.

Projet SAFE (Silvoarable Agroforestry For Europe) : huit pays sont associés dans ce projet pour prendre en compte l'agroforesterie dans l'évolution de la Politique agricole commune vers un meilleur respect de l'environnement et élaborer un projet de directive.

France

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Expérimentations et résultats en France
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En France, certaines régions ont conservé une tradition de pommier bocager, de culture d'arbres épars ou d'entretien dehaie vive ou de haies basses contenant quelques arbres de haut-jet.

Dans les années1980, Christian Dupraz (ingénieur forestier à l'INRA) a étudié expérimentalement lesylvopastoralisme, d'abord en laissant des animaux pâturer des zones enherbées où des manchons protégeaient les arbres. Les premières expériences étaient de 800 arbres/ha en prairie, mais finalement, contrairement à un dogme qui voulait qu'il faille planter densément les arbres pour qu'ils poussent bien, 100 arbres/ha se sont révélés un bon taux surfacique. Le temps de travail (hors récolte des fruits quand il s'agit de fruits) est modeste (1 à2 jours/ha/an durant les 10 à15 premières années) auquel il faut ajouter un temps de manœuvre légèrement plus long dans les champs. Les coûts d'investissement sont modestes : 400 €/ha pour lepeuplier, 500 €/ha pour lemerisier, 500 à 1 000 €/ha pour lenoyer (pour l'achat des plants et du matériel, et la main d'œuvre).

Vers1995, l'INRA a été sollicité par divers propriétaires (au moment de la déprise agricole) alors qu'en 1994, le conseil général de l'Hérault lançait unappel à projets à la communauté scientifique de Montpellier pour tester des dispositifs nouveaux et à vocation pédagogique. Le domaine deRestinclières, à une quinzaine de kilomètres au nord deMontpellier, devient alors un lieu d'expérimentation important en agroforesterie méditerranéenne, avec environ50 ha de plantations d'une vingtaine d'essences d'arbres différentes combinées à des cultures intercalaires devigne,blé dur etcolza. Environ 10 000 arbres (de40 essences différentes) y ont été testés (noyer, merisier,poirier non greffé,cormier,alisier,érables associés à des céréales et résineux sur terrains difficiles (pins, cyprès associés à la vigne). Ce site est maintenant visité chaque année par des milliers de personnes venues de divers pays d'Europe.

Parmi les autres essences utilisables, on peut aussi citer lefévier d'Amérique, lepaulownia tomentosa, l'argousier et lemûrier[28].

L'Europe, via la « mesure 222 » intégrée en France dans leprogramme de développement rural hexagonal (PDRH)[29], encourage la restauration de couverts arborés en milieu de culture, mais non l'inverse (introduction de cultures ou d'animaux dans des zones déjà boisées).

En2012 selon leRéseau rural agroforestier français (RRAF),960 000 ha d’agroforesterie étaient recensés en France métropolitaine (en progression de 0,7 % par an, mais de manière très inégale selon les régions ou sous-régions)[30].

En2014, leConseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a été chargé par le ministre de l'Agriculture de montrer comment« l'arbre et la haie contribuent à la performance écologique mais aussi économique des exploitations agricoles ». En, il a travaillé sur les freins à l'agroforesterie[31],[32], et a contribué à un plan de développement de l’agroforesterie[33], basé sur23 actions, et coordonné par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (DGPE), sur la période 2015-2020.Elles portent notamment sur la connaissance des systèmes agroforestiers et de leurs bénéfices économiques, la formation, le conseil, une simplification des aides, unecertification du bois « agroforestier »[32].

Cette même année a débuté en Picardie une expérimentation dite SCA0Pest (pour Système de cultures agroforesté sans (0) pesticide) avec l'Institut Lasalle, sur son exploitation pour tester in situ et sur plusieurs années les performances de durabilité d'un système de cultures agroforesté à zéro pesticide, en lien avec le réseau national DEPHY-Ecophyto[34].

En2015 a été constitué sous l'égide du ministère de l'Agriculture un Réseau rural agroforestier français (RRAF)[30].

Législation en France
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En Europe l'agroforesterie peut êtresubventionnée à certaines conditions, notamment environnementales (Conditionnalité PAC etécoéligibilité peu à peu introduite dans laPAC pour renforcer son pilier environnemental).

En France, la première législation d'envergure sur l'agroforesterie a été prise àMayotte par l'ordonnance 92-1140 du relative au Code forestier applicable dans la collectivité territoriale de Mayotte (J.O.,p. 14446, et qui figure maintenant sous le titre de Code forestier de Mayotte dans le site légifrance). Plus récemment la circulaire du ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, DGPAAT/SDBE/SDFB/C2010-3035 du Agroforesterie, NOR : AGRT1009394C rassemble toutes les informations pouvant être utiles aux services pour faciliter la mise en œuvre de systèmes agroforestiers de façon à répondre aux défis auxquels fait écho le programme Objectif Terre 2020. Elle a pour objectif également de présenter la nouvelle mesure 222 duPDRH et les modalités de sa mise en œuvre (v. bibliographie).

Ailleurs en France, depuis, chaque parcelle agroforestière peut être considérée comme une surface d'équivalencetopographique et sont donc comme surface agricole et admissibles[pas clair] auxdroits à paiement unique (DPU) sous réserve du respect des règles d’entretien spécifique.

Lesvergers fruitiers oudouble fin (fruit et bois) qui sont déclarés en tant que tels sont admissibles pour l’activation de DPU.

Leschênes truffiers ne sont pas admissibles mais le couvert entre les chênes pourra être déclaré en application des règles « parcelles boisées ».

Une parcelle boisée est considérée commeagricole dès lors que le nombre d’arbres parhectare est inférieur ou égal à 30[35]. Elle est alors éligible aux aides couplées, pour la totalité de sa surface, y compris l’emprise des arbres (quelle que soit leur disposition au sein de la parcelle cultivée mais hors cas de peuplement sous la forme de bosquet) et y compris l’espace intercalaire non cultivé situé entre les arbres d’une même ligne ou rangée.

S'il y a plus de30 arbres/ha,« seule la surface intercalaire cultivée sera admissible et le cas échéant éligible », mais pour les cultures fourragères, une densité supérieure d’arbres d’essences forestières est admise (« fixée par arrêté préfectoral, lorsque des motifs écologiques ou environnementaux déterminés par cet arrêté le justifient. Le fait de définir ces parcelles comme agricoles, permettra d’activer des DPU avec les surfaces correspondantes »).

La règle des50 arbres/ha ne concerne pas les surfaces occupées par des éléments pris en compte comme particularitétopographique[36], comme l'agroforesterie.

Pour l'agrosylviculture, il n'y a plus de limite de50 arbres/ha au-delà de laquelle il faut décompter les surfaces !

En outre, l'article 34[37] prévoit (« sans préjudice de l’article 34 (2) du règlement (CE) n°73/2009 relatif aux parcelles ayant bénéficié des aides au boisement (cf. point 4.1. couverts admissibles) », qu'une parcelle boisée est considérée comme une parcelle agricole aux fins du régime d’aide « surfaces » sous réserve que les activités agricoles visées à l’article 2 c) du règlement (CE) n°73/2009 ou, le cas échéant, que la production envisagée, puissent se dérouler comme elles se dérouleraient sur des parcelles non boisées situées dans la même zone[38].

Notes et références

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  1. C. Dupraz et A. Capillon, L’agroforesterie : une voie de diversification écologique de l’agriculture européenne ?, Cahier d’étude DEMETER - Économie et Stratégies agricoles, Paris, 2005, 11 p.
  2. (en) A.M. Gordon, S.M. Newman,Temperate Agroforestry Systems, CAB International, 1997, 269 p.
  3. « Agroforesterie : des arbres pour une agriculture durable », surINRAE Institutionnel(consulté le).
  4. source: Centre mondial de l’agroforesterie, Nairobi, cité par laLettre des agriculteurs de Franceno 431.
  5. Léopold Migeotte,L'Économie des cités grecques, Ellipses, 2007,p. 61.
  6. LeTacuinum sanitatis,manuscrit conservé à la bibliothèque nationale d’Autriche (Codex vindobonensis series nova 2644). L’ensemble du manuscrit a été publié dans les années 1990 :Daniel Poirion, Claude Thomasset,L’Art de vivre au Moyen Âge, Éditions du félin, Paris, 1995(ISBN 978-2-86645-206-3).
  7. « Interroge - Je recherche des renseignements sur la conduite de vergers en hutins qui se pratiquait autrefois », surinstitutions.ville-geneve.ch(consulté le)
  8. Etat deGenève, « 4. Les premiers cadastres et la révision des impôts | Archives - République et canton de Genève (Suisse) - ge.ch », surge.ch(consulté le)
  9. Rapport d'étape du Sénat français :La Biodiversité, l'autre choc[PDF],OPECST, 33 p.
  10. Christian Dupraz interviewé par Ruth Stégassi dans l'émissionTerre à terre, de France-culture (1re diffusion : 2008/08/30).
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  38. circulaire de mai 2010 (pages 6-7) et site Internet AGROOF

Voir aussi

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Bibliographie

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Guide de bonnes pratiques

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Vidéographie

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