L'Agence France-Presse (AFP) est uneagence de presse internationale généraliste et multimédia, fondée en août 1944 àParis pour prendre la suite d'Havas, la plus vieille agence de presse au monde[2]. Elle a pour mission d'assurer une couverture rapide, complète, impartiale et vérifiée de l'actualité mondiale, dans tous les domaines et sous toutes ses formes :vidéo,photographie,texte,infographie etaudio[3].
Elle est chargée de collecter, vérifier, recouper et diffuser l'information, sous une forme neutre, factuelle, destinée à être utilisée directement par tous types demédias (radio,télévision,presse écrite,sites internet) et également à servir de source et d'alerte pour les grandes entreprises et administrations.
Forte d'un réseau de 2 600 collaborateurs dont 1 700 journalistes actifs basés dans260 villes à travers150 pays[3], l’AFP est l'une des plus grandes agences de presse au monde avecReuters etAssociated Press. Elle fournit l'information en six langues : français, anglais, espagnol, portugais, allemand et arabe[3].
En 2022, elle a réalisé un chiffre d'affaires de321,9 millions d'euros[4], porté par la vidéo, l'investigation numérique, l'activité pour les entreprises et les institutions.
Avec l'accord de laCommission européenne, l'État français compense la mission d'intérêt général remplie par l'AFP, pour un montant qui représentait au total en 2023 un tiers de son chiffre d'affaires[5]. Dans le même temps, l'indépendance de l'AFP est garantie par la loi, qui lui interdit de« tenir compte d'influences ou de considérations de nature à compromettre l'exactitude ou l'objectivité de l'information », et qui lui interdit de même de« passer sous le contrôle de droit ou de fait d'un groupement idéologique, politique ou économique »[6].
L'Agence France-Presse (AFP) a repris les locaux et les clients de l'Agence Havas fondée en 1835[2] parCharles-Louis Havas, fils de l'inspecteur royal de la Librairie deRouen et devenunégociant encoton après laRévolution française. Charles-Louis Havas fait fortune dans les ports deNantes etLisbonne lors dutransfert de la cour portugaise au Brésil, puis sur les obligations. Entièrement ruiné par lacrise boursière de 1825, il crée, àParis, le petitBureau de traduction des journaux étrangers, futurBureau de nouvelles puis reprend en 1832 laCorrespondance Garnier, l'ex-Bureau Bornsteïn, fondé en 1811, et sa précieuse clientèle de plusieurs centaines de lecteurs outre-Rhin[7]. Il rachète aussi lacorrespondance Degouve-Denainques et lacorrespondance de Paris, puis créé en 1835 l'agence des Feuilles politiques-Correspondance générale, expédiée dès 1838 auxPays-Bas, enBelgique,Allemagne,Angleterre et« à quelques organes de l'opinion légitimiste dans les départements »[8], en communiquant par letélégraphe de Chappe[9]. Vers 1840, Havas et Delaire diffusent quatre services, dont trois dans le hors-média : uneCorrespondance politique pour les préfets et sous-préfets, une autre pour la presse départementale, et un petit bulletin aux membres du gouvernement, résumant les nouvelles de la veille et de la nuit. Pour les hommes d'affaires, une feuille synthétique résume des extraits de journaux, quelques faits boursiers et la cote des obligations. Les milliers depigeons voyageurs d'Havas relientParis,Londres etBruxelles lors dukrach de 1847.
L'immeuble qui se trouvait en partie à l'emplacement de l'actuelle AFP fut le premier pris par les résistants, lors de laLibération deParis. Le groupe de journalistes clandestins qui s'en empare diffuse la premièredépêche de l'AFP le[12], cinq jours avant l'arrivée des blindés dugénéral Leclerc.
L'AFP reprend le bâtiment de l'OFI, créé parVichy à partir de l'agence Havas, que l'occupant avait transformé en officine de propagande, au mépris d'unehistoire qui remonte à 1835[13]. L'AFP a aussi hérité des structures nées sous l'occupation : l'Agence française d'information (AFI) lancée àLondres en 1940, l'Agence France-Afrique àAlger en1942, et l'Agence d'information et de documentation (AID), créée en1944.
Éric Schwab, l'un des premiers photographes travaillant pour l'AFP après la refondation de l’agence en, a été le témoin des horreurs que les Alliés ont découvert au fur et à mesure de la libération des camps de la mort en Allemagne[14].
Laguerre d'Indochine provoque desremous durables à l'AFP[16]. Dès avril 1947, le rédacteur en chef et futur élu au comité d’entreprise de l'AFPGilles Martinet est écarté malgré le soutien de ses collègues journalistes[17],[16], le directeur généralMaurice Nègre[17],[16] cédant à la demande de l'amiralGeorges Thierry d'Argenlieu, commandant en chef pour l'Indochine, qui lui reproche d'avoir refusé de censurer les déclarations et communiqués du Viêt-Minh[17]. Des dépêches de Pierre Guillain, un des rares occidentaux à avoir passé laSeconde Guerre mondiale àTokyo, au service de l'AFP, auteur de plusieurs scoops annonçant les difficultés françaises[17] en Indochine, ne sont diffusées qu'aux clients étrangers[17] et il part couvrir la décolonisation de l'Inde, où il se fait embaucher parLe Monde[17]. Une grève des salariés de l'AFP ligués contre le PDGMaurice Nègre a obtenu que l'Etat relève ce dernier de ses fonctions[18], mais la décision n'est pas appliquée en raison d'un vice de forme[18], permettant àMaurice Nègre de reprendre ses fonctions au printemps 1950[18].
Le 27 mai 1954, l’AFP diffuse l’extrait d’un article deL’Express consacré au rapport pessimiste de généraux français sur l’avenir des positions françaises enIndochine. Tous les exemplaires del’Express ayant été saisis par la Police, les mesures prises à l’encontre del’Express firent d’autant plus grand bruit que la police n’ayant pas eu connaissance du communiqué adressé à l’A.F.P., la presse française et étrangère du vendredi après-midi fut en mesure de reproduire l’articlesaisi. Sermonné parJoseph Laniel, alors président du Conseil,Maurice Nègre, le directeur général de l’AFP, invoque une réorganisation générale de ses services pour relever de ses fonctions de rédacteur en chefGustave Aucouturier, nommant alorsAndré Barthes à ce poste. Maurice Nègre assure que le licenciement s'opère carGustave Aucouturier s'est vu offrir un poste "très important" au service diplomatique, mais cette version est remise en question parLe Monde qui rapporte qu'il aurait été fait grief àGustave Aucouturier et à son adjoint Georges Bitar d'avoir transmis ou laissé transmettre l'article en question. Selon cette version, c'est à la demande du ministère de l'Information que ce licenciement a eu lieu, sans qu'ils n'aient pu être entendus au préalable[19].
L'AFP se trouve alors plongé en pleine polémique et les critiques à l'endroit de Maurice Nègre fusent de toutes parts.Le Monde du 8 juin 1954 s'émeut dans un article de cette atteinte à l'indépendance éditoriale, constatant combien il paraît difficile de respecter laliberté d’expression des journalistes dans une agence qui dépend des deniers gouvernementaux. Président de la Fédération nationale de la presse française (FNPF),Albert Bayet multiplie les attaques contre ce qu'il surnomme méchamment « l’agence d'État[19]».
L'AFP subit dès 1951 la concurrence de l'ACP, créée par deux groupes de presse de gauche, mais s'allie avec les quotidiens du sud-est qui créent en 1967 l'agenceAigles. Elle affronte surtoutReuters, quiappartient depuis 1941 à la presse britannique, s'est reprise dans les années 1940, triplant son nombre des correspondants et son chiffre d'affaires. La presse anglophone, enInde,Australie etNouvelle-Zélande[20], est associée à sonReuters Trust, créé en1941 pour garantir l'indépendance rédactionnelle. Le gouvernement britannique reste à l'écart, se gardant de rééditer lescensures malheureuses de 1914-1918. Les pertes deReuters sont effacées par les bénéfices d'une nouvelle filiale,Comtelburo (finances, matières premières)[21] qui représente le tiers de son chiffre d'affaires en 1959[22]. Ce succès pousse Reuters à se diversifier dans la finance dès le début de la décennie suivante.
Selon une thèse de doctorat d'histoire, dans un contexte difficile où la censure s’est installée sur de nombreux aspects de la guerre d’Algérie[16], et du fait de sa couverture des « événements » d'Afrique du Nord[16], l'AFP est concurrencée auprès de clients français par l'Agence centrale de presse[16], qui réussit à "avoir tout ce que l’AFP n’a pas", viaGuy Claisse son correspondant à Tunis entre 1960 et 1962[23] et compte de nouveaux clients,Le Figaro etFrance-Soir[23], en plus d'une quarantaine de journaux provinciaux dès 1962[23].
En 1957, l'AFP comptait 25 bureaux en province, mais seulement 59 « outre-mer », dont 13 dans les colonies. Quarante ans après, elle aura 112 bureaux à l'étranger, presque deux fois plus[24], grâce au vote à l'unanimité par le parlement, le, d'uneloi garantissant son indépendance par un statut spécial[25], proche de celui deReuters ou de l'Associated Press américaine, puisque la majorité des administrateurs seront désormais des éditeurs de presse. La clientèle internationale est développée parJean Marin, ex-journaliste deRadio Londres, auteur de la maxime« l'AFP ne peut fonctionner que si celui qui paye ne commande pas ». Artisan du nouveau statut, élu président en 1957, il le reste jusqu'en 1975[26]. Pour consolider l'expansion internationale, il veut un « Manuel de l'agencier », qui codifie les règles professionnelles, en 1971, année de rédaction de lacharte internationale de déontologie. Entre-temps,Michel Debré réclame six représentants de l'État (au lieu de trois) au conseil d'administration de l'AFP, à qui il reproche de trop couvrir leGPRA et leFLN. Face à l'indignation des autres médias, il doit y renoncer[27]. À Alger, Jean Euloge n'en est pas moins le seul journaliste autorisé sur laSemaine des barricades, grâce à ses « amis dans le milieu des activistes » en faveur de l'Algérie française[27].
AFP aiguillonnée par la « Nouvelle Reuters » de la fin des années 1960
Dès le milieu des années 1960, l'écrasante domination du marché mondial par les agences de presse américaines[28], fortes de leur énorme marché intérieur, ne semble plus inéluctable.Reuters vient en effet de réussir une puissante percée commerciale, grâce à l'information économique et auStockmaster, lancé en 1963 avec la start-upUltronics Systems, en pleinesspéculations sur les innovations technologiques, qui permet de lister des centaines de cours boursiers via une ligne téléphonique. LeStockmaster et son réseauADX deviendront leNasdaq en 1973, l'année oùReuters lance leMoney Monitor, forum de données entre banques.Reuters y gagne tellement d'argent, qu'elle peut se permettre de perdre 7 millions de sterling en 1978 sur l'information générale[29], où elle devient un rival redoutable pour AP et l'AFP. Dès 1970, les ventes d'information économique deReuters pèsent deux fois plus que celles d'information générale[29].
L'expansion deReuters se fait en deux vagues : multiplication des ventes par quinze entre 1964 et 1974, puis par quatorze entre 1973 et 1983[33], malgré le refus de la coopérativePress Association d'apporter les250 000 livres sterling réclamées en 1966. Les subventions du gouvernement britannique passent de 5 % du chiffre d'affaires en 1965 à 1,9 % dix ans après[34]. Cette expansion se fait sans à coups, portée une rigoureuse gestion des coûts, et la rentabilité systématique dès 1965, car le PDGGerald Long l'exige[31]. Sa puissance remet en cause les partages de territoire. Dès 1968, Reuters est revenue en Amérique latine avec 32 journalistes[35] et y crée en 1970 la coopérativeLatin, réunissant sept pays. En 1967, elle rompt l'accord d'échange avecAssociated Press (informations Américaines contre Britanniques), pour éviter la soulte de 200 000 dollars qu'AP lui réclame, en raison de la différence de taille entre les deux marchés. Reuters implante alors ses propres équipes aux États-Unis, montrant la voie à l'AFP, qui fera de même plus tard, en résiliant son accord d'échange avec AP. Reuters embauche aussi dansVisnews, qui emploiera 400 personnes dès 1983[36].
En retour,Associated Press implante ses équipes de journalistes en Angleterre, et plus tard en France. Reuters s'implante en Allemagne en 1979, renonçant à l'accord avec VWD[38], et s'attaque au marché français dès 1972, via un contrat d'échange avec l'Agence centrale de presse, rivale française de l'AFP. Jusque-là simple club de quotidiens régionaux, l'ACP en réunit pour la première fois dix en 1973, après avoir obtenu le flux mondial de Reuters[39], créant un manque à gagner de 1,7 million de francs pour l'AFP. Sur son marché intérieur, Reuters casse aussi les prix : en termes réels, les abonnements de la presse anglaise sont divisés par 4 entre 1965 et 1978[40], alors que dès 1984, Reuters emploie 514 journalistes à l'étranger contre 310 pour l'AFP[41].
International, informatique, photo, vidéo et finance, les croissances de l'AFP
L'AFP ouvre un bureau àPékin en 1958 puis acquiert de grands clients comme leWashington Post et leLos Angeles Times, après le scoop deCharles Biétry lors de laPrise d'otages des Jeux olympiques de Munich. L'expansion internationale accompagne celle de grands clients français :Le Monde triple sa diffusion en 20 ans,France-Soir dépasse le million d'exemplaires dans les années 1960. En 1974, la surenchère entre syndicats amène leSNJ à réclamer, sans l'obtenir, une taxe pour financer le changement de dimension de l'AFP[42]. L'expansion se fait parautofinancement.
De 1977 à 1995, en 18 ans, l'AFP quadruple son chiffre d'affaires, tandis que celui du leader mondial, l'américainAssociated Press, ne fait que doubler, malgré la quasi-disparition du rival américainUnited Press, qui avait encore en 1980 un chiffre d'affaires de 90 millions de dollars, 30 % supérieur à celui de l'AFP[43].
Dès 1971, l'AFP utilise la transmission parsatellite pour ses dépêches. En 1973, le conseil d'administration décide d'informatiser la rédaction, mission accomplie en 2 ans. Mais du retard sera pris pour les produits suivants :téléphotographie en 1985,minitel en 1986 etinfographie en 1988.
Après l'arrivée en France, en 1972, de Reuters, allié à l'ACP, l'AFP fait face à une hausse puis une baisse de la contribution de l'État.Valéry Giscard d'Estaing lance une grande réforme de l'ORTF en 1974. Son ministre de l'informationJean-Philippe Lecat reproche aussi àJean Marin la couverture par l'AFP de la campagne présidentielle. Pour obtenir son départ, le gouvernement décide que les abonnements publics ne seront relevés que de 8,1 %, alors que l'inflation explose (13,7 % en 1974). Une partie des patrons de journaux finit par quasiment s'aligner sur la position de l'État. Ils proposent +10 %[a],[42]. Les autres s'indignent de ces pressions. Jean Marin part. Trois ans après, l'État obtient aussi le départ de son successeurClaude Roussel, en utilisant la variable des abonnements publics comme un instrument de coercition : augmentée après l'arrivée de Claude Roussel, leur part dans le budget diminue deux ans après, alors que l'article 13 du statut prévoit qu'ils doivent simplement tenir compte des prix du marché.
Part des abonnements d'organismes publics dans le chiffre d'affaires de l'AFP
Le successeurRoger Bouzinac est lui remplacé après seulement un an parHenri Pigeat, premier énarque à diriger l'AFP et quatrième président de l'entreprise sous le septennat deValéry Giscard d'Estaing. Toutes les agences de presse subissent alors ledeuxième choc pétrolier. Une guerre des prix est lancée par l'américaineUnited Press International, quicumule 24 millions de dollars de pertes en six ans. Arrivé en 1979,Henri Pigeat doit lancer la téléphotographie, mais le processus prendra six ans, l'État promettant une aide très importante sous forme de dotation en capital, puis la divisant par deux au motif qu'Henri Pigeat ne gère pas les coûts de manière assez compétitive. Pour l'AFP, cela se traduit par unegrave crise financière, amenant lesadministrateurs presse à durcir le ton en 1986. Plusieurs menacent de démissionner, pour exiger l'application d'un nouveau « Plan Pigeat », prévoyant trois cents postes supprimés, dont 150 de journalistes, pour la plupart au siège parisien, ainsi que le déménagement à l'étranger de trois des desks. Un choc qui aurait été moins brutal et coûteux si ces suppressions avaient été effectuées plus tôt. Les syndicats, espérant réduire l'addition, s'en prennent alors violemment aux administrateurs représentant la presse et font durer la grève dix jours. En 1987, le concurrentACP disparaît. Entre-temps, l'AFP a investi dans un service photo rénové et un service télématique calibré en écrans de 9 lignes, avec 6 rubriques, après avoir constaté que plusieurs clients pirataient ses dépêches pour leurs services télématiques[50].
Dans les années 1990, l'AFP développe sa couverture de l'économie : son importance quintuple en cinq ans, entre 1991 et 1995, année qui voit les ventes des services économiques dépasser cent millions de francs[51] et s'introduit chez tous les grands distributeurs de cotations et d'analyses boursières à Paris. Au cours de la même période, l'AFP a renforcé son réseau nord- américain, l'année 1995 voyant la fin des accords d'échange de services, vieux de 125, ans entre l'AFP et l'Associated Press pour la couverture de leurs pays respectifs, en raison d'un désaccord sur les tarifs imposés par la partie américaine. Au Brésil, l'AFP voit le nombre de ses clients médias dépasser le nombre de ses clients médias français, grâce à son service en portugais[51].
Dépenses et déficits découlant de la bulle Internet en 1998-2002
Les comptes de l'AFP font ressortir un bénéfice brut d'exploitation qui lui permet d'autofinancer largement ses investissements. Mais à court terme, son bénéfice net est amputé par des coûts de restructuration, en raison des pertes nettes apparues depuis 2000, en violation de l'article 12 de son statut d'indépendance, prévoyant que l'AFP ne peut rester en déficit. Sur fond debulle Internet et deloi sur les 35 heures, les dépenses ont en effet progressé de 25 % entre 1998 et 2000, sous la présidenced'Eric Giuily, accusé par les syndicats d'avoir secrètement tenté de privatiser l’AFP pour « l'adosser àVivendi »[52]. La filialeAFX, qui sera revendue 16 millions d'euros en 2006, affiche un déficit béant en 2002. À partir de 2002, plusieurs plans de préretraites suppriment 110 emplois, pour un coût de 30 millions d'euros[53], qui dévore unbénéfice brut d'exploitation jusque-là consacré à l'autofinancement. Début2004, l'AFP subit le désabonnement duWashington Post et deMetro. Pour donner une explication, son PDG Bertrand Eveno oppose les clients les uns aux autres, au mépris du principe deséconomies d'échelle, en déclarant ne pas vouloir que« la République des Pyrénées paie pour le développement de l’agence en Inde »[54] et refusant le projet de diffuser en chinois et en russe.
En 2003, la cession provisoire de l'immeuble parisien oblige l'AFP à le racheter progressivement jusqu'en 2011, via uncrédit-bail. Une fois payées les annuités, elle consacre le reste de sa marge d'exploitation (19 millions d'euros en 2008 comme en 2007) à investir et réduire sadette. Une provision de 5 millions d'euros est passée en 2008, en prévision d'un autre plan de départs, qui n'aura pas eu lieu. Fin 2008, le PDG est parvenu à ramener l'endettement à 37 millions d'euros (crédit-bail compris), soit seulement six semaines de chiffre d'affaires. Les travaux de déménagement, transformation du siège social et investissement dans un système informatique externalisé ont ensuite pesé sur les comptes. À l'automne 2007, la direction souhaite créer huit postes à l'international pourAFP TV, en supprimant des emplois dans les bureaux de province. Trois syndicats sur 5 réclament une grève puis y renoncent, faute d'une majorité suffisante lors d'un vote du personnel, tandis qu'un compromis est négocié pour répartir l'effort aussi au siège.
États généraux de la presse et projet de privatisation
Selon le livre-enquête[57] en forme de« plaidoyer pour la liberté d’informer »[58] publié en janvier 2022 parJean-Baptiste Rivoire sur la base d'une« masse précise » d'informations« souvent vécues de l’intérieur »[59], les journalistes de l'AFP sont parvenus, au terme d'un« bras de fer »[60], à sauvegarder leur indépendance et à éviter une privatisation pendant le quinquennat deNicolas Sarkozy , contre laquelle les salariés de l'AFP ont réussi à mobiliser opinion et personnalités[61]. Le livre analyse« comment le pouvoir politique et économique tente régulièrement de bâillonner l’info »[62], via« l'intimidation, la menace et l'espionnage des journalistes »[63], notamment les manœuvres deNicolas Sarkozy,François Hollande etEmmanuel Macron, en lien avec quelques oligarques[64], sur fond de concentration des médias[65],[66],[67],[68]. Selon cette enquête, la cheffe du service politique de l'AFP Sylvie Maligorne est en particulier parvenue, au fil du temps, à faire« acte de résistance »[69], et imposer un rapport de force au parti du président[70].
Dès le,Nicolas Sarkozy a annoncé des réformes pour les médias, détaillées les mois suivants[71]. Le, le PDG de l'AFPPierre Louette révèle un projet visant à mettre fin austatut coopératif de l'AFP - qui n'a jamais eu d'actionnaires - pour en faire unesociété par actions, avec un « actionnaire public stable » et des salariés-actionnaires[72]. Les syndicats dénoncent un double risque d'étatisation et deprivatisation. Peu après, débute une polémique[73] sur la couverture par l'AFP, jugée insuffisante, de communiquésUMP réagissant à la condamnation deSégolène Royal dans l'affaire de ses ex-attachées parlementaires[74]. Le[75],Nicolas Sarkozy demande àDanièle Giazzi, députéeUMP, « de formuler des propositions » pour les médias et annonce desétats généraux de la presse écrite[76]. Le rapport deMme Giazzi, publié le, préconise d'ouvrir le capital de l'AFP[77], mais sans guère recueillir de soutien à l'UMP.
Le,Le Canard enchaîné publie la copie d'un devis de 114 400 euros[89] deMedia9[90], société dePierre-Jérôme Hénin, un ami deNicolas Sarkozy[91], qui était jusqu'en 2009 porte-parole adjoint de l'Elysée, détaillant un lobbying via« une cartographie des adversaires/alliés »[92], au sein des différents syndicats de l'AFP, encore divisés au mois de juin[93],[16], afin de leur faire« avaler » la réforme[94]. Le service proposé parPierre-Jérôme Hénin, inclut une charte des« éléments de langage » qui renomme« sérénité intérieure »[95] la« paix sociale »[95],« permettant l’assimilation du changement en interne »[89]. Daté du1er juillet et publié intégralement parMediapart[95],[87], le devis est suivi d'une lettre deMedia9 dix jours après, confirmant au PDG de l'AFPEmmanuel Hoog les tarifs demandés[95]. La direction, qui juge« nécessair » une évolution« pour améliorer la gouvernance de l'agence », et« se mettre en conformité avec les exigences du droit » européen[96], déclare que « des propositions lui sont faites régulièrement », mais qu'elle « n’a pas donné suite »[89]. Mal reçues, ces informations publiées dans plusieurs éditions successives duCanard enchaîné ont " suscité un certain émoi" dans cette entreprise "malgré les démentis de la direction sur la signature d'un contrat"[97] et déclenché un "appel solennel" de laFédération européenne des journalistes à "tous les syndicats nationaux qui la composent pour exiger ensemble l’arrêt immédiat de l’accord avec Média9"[98]. Au sein de l'AFP une motion de défiance est votée par 88% du personnel le 8 septembre[16],[95], avec une participation de 58%,[16],[99],[95], le PDG ayant finalement échoué "à diviser les syndicats"[16]. Après lechangement de majorité au Sénat du 25 septembre 2011, c'est l'abandon de laproposition de loi[16],[100], jusque-là principalement souhaitée par le PDGEmmanuel Hoog[100] qui conserve cependant son poste[100].
Projet de statut de 2014 : deux parlementaires au Conseil supérieur ?
À partir de 2012, le déménagement et l'externalisation du logiciel IRIS[101] pèsent sur les coûts de l'AFP. Le députéMichel Françaix propose que l'État finance le développement de l'AFP par la création d'une société par actions portant le matériel informatique, dont il deviendrait actionnaire. Les capitaux propres ainsi apportés sont cependant très modestes : 8 millions d'euros, soit 3 % du chiffre d'affaires annuel.Michel Françaix propose aussi de réduire de huit à cinq le nombre d'éditeurs de presse au conseil d'administration (sur quinze administrateurs). Pour éviter d'être accusé de renforcer le poids de l'État, qui conserve cinq représentants, dont deux pour l'audiovisuel public[102], il propose que cinq administrateurs soient désignés par le conseil supérieur de l'AFP, jusque-là proche dece qui existe chez le concurrent Reuters.
Mais au passage, l'Assemblée nationale bouleverse les équilibres au sein de ce conseil supérieur, en votant en commission[103] l'entrée en son sein de deux parlementaires (un député et un sénateur) en plus des autres membres. Jusque-là, le conseil supérieur était composé de deux magistrats, élus en assemblée générale duConseil d'État et de laCour de cassation, d'un représentant des syndicats nationaux de journalistes, et de trois patrons de l'audiovisuel et de la presse quotidienne, ainsi que deux membres cooptés par les six autres[104]. Les instances de supervision des grands médias concurrents de l'AFP n'incluent pas de représentation des assemblées politiques, qu'il s'agisse duReuters Trust, duBBC Trust ou du conseil d'administration d'Associated Press, où ne siègent que des représentants des journaux membres de la coopérative américaine.
La proposition de loi augmente le nombre d'administrateurs de l'AFP, de 15 à 18, le nombre d'élus salariés passant de deux à trois[105]. Ce changement de statut a été contesté par quatre syndicats (CGT, FO, SUD, CFE-CGC) de l'AFP, ayant réuni 62 % des voix aux élections professionnelles, qui ont appelé à une grève de 24 heures en estimant que ce projet « vide le statut de 1957 de son essence »[106] et ne correspond pas à ce que préconisait le rapport du député Michel Françaix[106]. Ils dénoncent aussi le fait que le matériel technique utilisé par les journalistes pour leur production d'informations de tous les jours (informatique, réseaux, etc.) sera placé dans une filiale distincte, d'où une perte d'indépendance et une moindreprotection des sources d'information.
L'AFP est condamnée le par la cour d'appel de Toulouse pour discrimination syndicale[107].
Changement de statut en 2015 dans un contexte difficile
L'AFP change de statut au cours de l'année 2015 pour se mettre en conformité avec le droit européen par la loino 2015-433 du[108]. Le financement de l'AFP par l'État est ainsi modifié et se structure en deux composantes :
les compensations financières au titre des missions d'intérêt général (MIG) ;
Entre 2014 et 2017, l'AFP perd dix millions d'euros de recettes et enchaîne en 2018 une cinquième année consécutive en déficit. L'AFP est directement et fortement affectée par la crise traversée par la presse, qui commande globalement moins de contenu ou qui revoit ses abonnements à la baisse[110].
Financement prévu et révisé de l'AFP pour la période 2014-2018 (en millions d'euros)[109]
L'AFP renoue avec les bénéfices en 2019, pour la première fois depuis 2013. Son résultat net a depuis été chaque année positif. Il s'est élevé à 1,1 million d'euros en 2023. La dette, d'un montant de 50,2 millions d'euros début 2017, s'établissait fin 2023 à 26,9 millions d'euros[114].
En juillet 2025, l'AFP annonce une volonté de réaliser entre 12 et 14 millions d'euros d'économies sur 2025 et 2026 avec notamment de nombreux départs non remplacés[115].
L’AFP déclare employer 2 600 personnes de cent nationalités différentes, dont 1 700 journalistes. Elle informe en six langues (français, anglais, espagnol, allemand, portugais et arabe), 24 heures sur 24.
Sur son site dédié aufact-checking, l'AFP publie ses articles en 26 langues, 20 autres venant s'ajouter aux six susmentionnées : bengali, birman, bulgare, catalan, coréen, croate, finlandais, grec, hindi, hongrois, indonésien, malais, néerlandais, polonais, roumain, serbe, slovaque, suédois, tchèque et thaïlandais[117].
Le statut particulier de l'AFP fut créé par laloi du, votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale, à la suite des souhaits deJean Marin (président de l'AFP de 1954 à 1975). La réflexion avait été initialement lancée en au sein de deux groupes de travail, fusionnés en, par décret du président du ConseilPierre Mendès France, en une commission« chargée d'étudier les réformes de l'AFP et de préparer un projet de statut ». Le projet de statut est approuvé en au sein de la commission, puis en août par les employés de l'AFP, mais présenté en séance plénière à l'Assemblée en.
L'AFP est« un organisme autonome doté de la personnalité civile » au« fonctionnement assuré suivant les règles commerciales ». Sa mission est« de rechercher, tant en France qu’à l’étranger, les éléments d’une information complète et objective » et de les« mettre à la disposition des usagers ». Le spécialiste dedroit publicJean Waline y voit unepersonne morale dedroit publicsui generis ou innommée. Mais leConseil d'État l'a qualifiée d'organe dedroit privésui generis, dans un avis d'assemblée du relatif au statut juridique du siège de l’AFP[120].
Une commission financière composée de deux membres de laCour des comptes et d'un expert désigné par le ministre de l’Économie et des Finances surveille sa gestion financière[121].
La loi de a également institué un conseil supérieur de8 membres, inspiré par le modèle duReuters Trust, qui veille au respect par l’AFP de la mission impartie par ses statuts, et reçoit les plaintes des usagers ou des professionnels. Généralement qualifié dejuridiction administrative spéciale (Jean Waline) ou d'autorité administrative indépendante (Rapport 2001 du Conseil d'État), il peut sanctionner lePDG. Le, l'Assemblée nationale examine une proposition de loi prévoyant de modifier en profondeur la composition du conseil supérieur, notamment avec l'arrivée d'un député et d'un sénateur[122], ce qui n'est pas prévu dans leReuters Trust.
Lesarchives Mitrokhine montrent que l'agence France-Presse a été infiltrée avec succès à Paris et à l'étranger. Ses notes identifient six agents et deux contacts confidentiels à l'AFP recrutés entre 1956 et 1980. « Le plus haut gradé, nom de code 'Lan', a été recruté sous fausse bannière par un homme d'affaires, nom de code 'Dragun', en 1969 et payé 1 500 francs par mois, dont on lui a dit qu'ils provenaient de la société italienneOlivetti, soi-disant soucieuse d'avoir à l'intérieur informations sur la politique du gouvernement français », indiquent les archives[123].
En,Arrêt sur images publie un article opinant que l'AFP diffuse des éléments de lapropagande russe via son partenariat avec l'agence de presse d'État russeSputnik. La plateforme AFP Forum propose des clichés deVladimir Poutine pris par des photographes de Sputnik qu'ASI juge« flatteurs, ou du moins conformes à ce qu'en attend Poutine » et les légendes de certaines photographies proposées par l'AFP via son partenariat avec Sputnik reprennent la ligne russe, présentant laCrimée commeun territoire russe ouMarioupol comme une ville de larépublique populaire de Donetsk. L'AFP tente de remédier à ce problème en apposant un avertissement précisant l'origine des images, ce qui est jugé insuffisant par le chroniqueurTristan Mendès France ; et en reversant à laCroix-Rouge la commission qu'elle perçoit sur toute vente de la production de Sputnik jusqu'à l'issue de l'invasion de l'Ukraine par la Russie[129].
En Fabrice Fries, son président, et Phil Chetwynd, son directeur de l'Information, furent invités par lacommission de la Culture duSénat à s'expliquer sur la couverture duconflit entre Israël et le Hamas, et en particulier, concernant cette organisation, sur le choix de l'Agence de ne pas utiliser le terme « terroriste » sans attribuer directement l’utilisation de ce mot ou sans utiliser des guillemets[130]. Fries et Chetwynd ont fait valoir qu'il s'agissait d'une politique éditoriale de longue date de l'Agence.
Fin, un programme de partenariat a été conclu entre l'AFP via AFP Factuel etFacebook portant sur des activités de « fact-checking » dans le cadre du programme de « vérification des informations »[131] mis en place parMeta. Certains syndicats, comme leSyndicat national des journalistes (SNJ) au sein de l'AFP, ont pointé les limites d'un partenariat qui repose« sur le financement d'un seul acteur privé qui utilise qui plus est ce type de partenariat dans le but de redorer son image »[132]. SelonChallenges, en interne, on évoque« un contrat d'1 million d'euros pour la seule année ». Mais,« la direction a fait savoir qu'elle ne communiquait pas sur les chiffres de ce contrat »[132].
En, l’AFP indique compter plus de140 journalistes fact-checkeurs[117] qui travaillent[133] sur les cinq continents en26 langues et autant de sites dédiés[117] — comme en anglais[134] ou espagnol[135] — selon des règles éditoriales et éthiques précises[136][source insuffisante]. Un « Manuel du fact-checking à l'AFP », détaillant les « règles éditoriales » afin de « vérifier les affirmations trompeuses ou mensongères qui circulent de manière virale et qui ont un impact significatif sur la couverture de l'actualité par les médias ainsi que sur le discours public », est également disponible[137].
En janvier 2025, peu avant la prise de pouvoir officielle de Donald Trump, Mark Zuckerberg annonce la fin du programme du fact-checking aux États-Unis[138] en expliquant qu'il a donné lieu à trop d'erreurs[139], à la surprise des partenaires de presse qui contribuaient au programme[140]. Il estime que « les vérificateurs de faits, ont tout simplement fait preuve de trop de partialité politique et ont détruit plus de confiance qu'ils n'en ont créée ». Meta annonce se « débarrasser des fact-checkers » pour « les remplacer par des notes de la communauté, similaires à X »[141].
Le 13 octobre 2023, près de la frontière israélo-libanaise, deux journalistes de l’AFP - Christina Assi et Dylan Collins - sont blessés par des tirs provenant d’Israël alors qu’ils étaient en reportage. Lors de ce même incident, un vidéaste de l'agence Reuters, Issam Abdallah, est tué[142]. Une enquête publiée deux mois après par l'AFP conclu que les journalistes ont été touchés deux tirs de canons de char israéliens[143]. Ces conclusions ont été corroborées par d’autres investigations menées, notamment, parReuters[144], leComité pour la protection des journalistes[145],Human Rights Watch[146] etReporters sans frontières[147]. En juillet 2025, trois élus américains - dont les sénateursPeter Welch etBernie Sanders - exigent des comptes pour cette attaque ciblée contre des journalistes[148]. La photo-reporter Christina Assi a dû être amputée d’une jambe[149]. Deux ans après les faits, l’AFP déplore l’absence totale de réponse ou d’explication de la part de l’armée israélienne[150].
Le 2 novembre 2023, le bureau de l’AFP àGaza-Ville est touché par une frappe[151]. En juin 2025, une enquête coordonnée par le collectifForbidden Stories, impliquant cinquante journalistes de treize médias internationaux, révèle notamment que le bureau de l'agence a été touché par des tirs de chars israéliens[152].
Le film Inside Gaza[153], écrit et réalisé par la documentaristeHélène Lam Trong, co-produit parArte et laRTBF, offre une immersion dans le quotidien des journalistes de l’AFP à Gaza dans les premiers mois qui ont suivi l'attaque du7 octobre 2023. Le film[154], diffusé en Belgique le 24 septembre 2025[155], s’attache à montrer comment, pris au cœur du conflit, ils ont dû concilier leur métier, survie personnelle et protection de leurs familles.
En 2011, l'AFP est condamnée pour l'utilisation de photos pêchées sur Twitter sans le consentement de leur auteur, le photographe haïtien Daniel Morel[156], sur le tremblement de terre en Haïti. L’agence doit verser 1,2 million de dommages et intérêts[157],[158],[159],[160].
En, l'AFP est condamnée pourdiffamation envers leFront national. L'agence avait imputé en 2016 au Front national des pratiques fiscales opaques ou frauduleuses dans le cadre du scandale desPanama Papers[161],[162].
L'AFP est condamnée en 2017 pour « discrimination syndicale » à l'encontre de laCGT[163]. C’est la quatrième fois que l’institution est reconnue coupable du même grief[164][pertinence contestée].
Le 19 septembre 2019, la cour d'appel de Paris (pôle 6 - chambre 2. N° RG 18/00892) impose à l'AFP de réévaluer l'ensemble des salaires et de remettre en cause le grand accord social[165][pertinence contestée].
Le 10 février 2025, l’AFP est visée par une plainte pourharcèlement moral par l’une de ses journalistes ainsi que par un signalement de l’Inspection du travail sur vingt possibles autres cas. La plainte vise l’AFP, une cheffe de service et une responsable des ressources humaines[166],[167],[168]. Le 9 juillet 2025, une dépêche de l'AFP révèle qu'une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris[169].
L'AFP est en délicatesse avec une partie de ses correspondants à l'étranger concernant les cotisations-retraites. Au moins quatre salariés et ex-salariés de l’AFP ont déjà attaqué l’entreprise aux prud’hommes. L’agence a perdu à quatre reprises[170]. Quatre-vingts journalistes ont mis en demeure la direction de régulariser des cotisations retraite non versées jusqu'en 2011[171].
Son statut, défini par une loi de1957 votée à l'unanimité par l’Assemblée nationale française, prévoit une indexation des abonnements des services publics (40 % du chiffre d'affaires en 2004) sur le coût des transmissions télégraphiques et sur le montant des abonnements des clients privés, dans le cadre d'une convention[121] pluriannuelle, afin de limiter les rendez-vous avec l'État. En 2011, les abonnements de l'État représentaient 115 millions d'euros[172].
Avec ce statut, lesjournalistes revendiquent l'indépendance absolue de laligne éditoriale[173] en soulignant que le montant des abonnements est fixé à l'avance, ce qui assure à l'entreprise une visibilité àmoyen terme.
La pérennité de ce mode de financement est garantie par lajurisprudence de laCour de justice de l'Union européenne, via l'Arrêt Altmark, qui autorise le financement d'entreprises privées comme l'AFP, ou comme les écoles privées, à condition de respecter quatre critères, dont l'accomplissement d'unemission d'intérêt général. L'article 14 de la loi de 1957 sur le nouveau statut prévoit que l'AFP ne peut être dissoute[121], avec interdiction de liquider sesactifs, même en cas de pertes, pour éviter tout chantage à lafaillite.
Le rôle de l'État a souvent été critiqué : ainsi, après les pertes financières apparues lors des crises monétaires et pétrolières de la période 1979-1982, l'État a proposé en1982 à l'AFP d'éponger les pertes par un prêt, en échange d'un plan à dix ans ; les projets de restructuration des effectifs sont alors repoussés. Les administrateurs issus de la presse s'inquiètent des hésitations de l'État et poussent l'AFP, entre 1986-1987, à la restructuration des effectifs, soit la suppression de 150 postes[174].
L'AFP développe le secteur de la vidéo. Elle propose en plus de la vidéo de l'actualité nationale et internationale, des flux vidéo « Live » dans le monde entier[175] avec l’ouverture de régies à Paris, Hong Kong et Washington[176] pour une couverture 24h/24 et 7j/7. En 2019, une cellule digitale est aussi créée pour réaliser des formats photo/vidéo à destination des réseaux sociaux[177].
Illustration de cette priorité donnée au journalisme visuel, l’AFP a nommé pour la première fois en 2019 un journaliste issu de la photo,Sylvain Estibal, directeur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord[178], l’une de ses 7 directions régionales, et pour diriger ses bureaux de Bangkok et de Rangoon, l’agence a choisi deux anciens journalistes vidéo. Stéphane Delfour[179], ancien rédacteur en chef vidéo France a été nommé directeur du bureau de Bangkok et à Rangoon, Richard Sargent, ancien rédacteur en chef vidéo Asie qui prend alors la tête du bureau[180].
L'AFP annonce le 10 juin 2024 la nomination de Mehdi Lebouachera, comme son prochain rédacteur en chef central, en succession de Sophie Huet. Mehdi Lebouachera a notamment travaillé en Amérique centrale et à Mexico en tant quejournaliste reporter d'images, avant de devenir rédacteur en chef vidéo pour l’Amérique latine. Il a ensuite été nommé rédacteur en chef central vidéo à Paris, puis depuis septembre 2021 rédacteur en chef de la région Asie-Pacifique[181].
Durant les années 1980 et sous l’impulsion d’Henri Pigeat, l’AFP développe un service à destination desradios associatives etprivées, nommé AFP-Flash[182]. Sous la direction d'Alain Faudeux, ce service se professionnalise et fonctionne comme une entreprise autonome au sein de l'AFP[183]. Depuis 1985 et à défaut de pouvoir diffuser de la publicité, l'AFP audio estdéficitaire accusant une perte de 30 millions de francs, soit entre deux et quatre millions chaque année[184]. Par conséquent, l'AFP se désengage progressivement avec l'arrivée de lapublicité sur les radios locales.
L’AFP Audio est rachetée par legroupe Lagardère avant de devenir l’agenceA2PRL en 2004. L'agence est détenue depuis 2014 par le groupe toulousainMediameeting[185].
Depuis 2021, l'AFP réutilise la marque AFP audio dans le cadre d'une nouvelle offre de services[186].
Le, l'AFP annonce par erreur la mort deMartin Bouygues. L'information sera relayée sur tous les réseaux sociaux avant d'être démentie quelques minutes plus tard par TF1, filiale du groupe Bouygues, dont Martin Bouygues est l'actuel PDG[187].
L’AFP possède deux filiales : MediaConnect[188], un service qui optimise et sécurise la relation entre les émetteurs d’informations – entreprises et organisations – et les médias, et FACTSTORY[189] qui est spécialisée dans la production de contenus audiovisuels, et qui a notamment co-produit le documentaireInside Gaza[190] réalisée parHélène Lam Trong.
Les dix premières années de son existence, l'AFP n'avait qu'un directeur. À partir de 1957, un président est élu pour trois ans.
Cinq des dix présidents de l'AFP ont fait plus d'un mandat.Henri Pigeat est resté 7 ans, tandis queJean Marin, le président à l'origine du statut d'indépendance et de neutralité, 21 ans, soit sept mandats consécutifs. L'élection en 1978 deRoger Bouzinac, ancien des cabinets ministériels et premier non-journaliste à la tête de l'entreprise, avait provoqué la démission d'Hubert Beuve-Méry, patron duMonde pour dénoncer « le fait du prince » : le gouvernement avait d'abord envisagé de nommer un ambassadeur de France, puis des administrateurs représentant des médias publics s'étaient alliés à une partie des éditeurs de presse. Seul PDG à n'avoir pas fini son premier mandat, avecÉric Giuily, il est victime d'une motion de défiance des salariés, sur une question de déontologie. Henri Pigeat est parti après unegrave crise financière et politique, sur fond de dumping de l'agence concurrente,United Press International, disparue peu après.
Christina Assi (1995-), photographe libanaise, grièvement blessée par un tir d'obus, israélien selon une enquête de l'AFP[191], le 13 octobre 2023 dans le sud du Liban. Aux côtés de son collègue Dylan Collins, elle porte la flamme olympique le 21 juillet 2024 à Vincennes (France), pour, dit-elle, « rendre hommage à celles et ceux tombés » en faisant leur métier de journaliste[192],[193].
L’AFP a été élue « meilleure agence de l’année » en2020 et 2021[194] par l’AIB (Association of international broadcasters).
Deux photographes ont remporté unprix Pulitzer pour une photo AFP :Massoud Hossaini en 2012 pour la photo d’une fillette en pleurs après un attentat suicide à Kaboul (1er prix catégorie « Breaking News »)[195],[196], et Javier Manzano en 2013 pour la photo de deux rebelles syriens dans un local éclairé par les rais de lumière filtrant à travers des impacts de balles[197],[198] (1er prix catégorie « Photo Magazine »).
Le « World Press Photo of the Year » est revenu trois fois à un photographe AFP :Hocine Zaourar en 1998 pour la photo d’une femme en pleurs[199] devant un hôpital à Alger[200],Ronaldo Schemidt en 2018 pour le cliché d’un homme en feu[201] lors d’affrontements à Caracas[202], et Yasuyoshi Chiba en 2020 pour la photo de jeunes manifestants[203] à Khartoum[204].
LePrix Albert Londres est revenu cinq fois à des journalistes de l’AFP[205]:Patrick Meney en 1983, Sammy Ketz en 1988, les journalistes du bureau de Moscou de l’AFP en 1995 (Isabelle Astigarraga, Boris Bachorz, Marielle Eudes, Paola Messana, Catherine Triomphe, Stéphane Orjollet, Sebastian Smith, Bertrand Rosenthal et Jean Raffaelli),Michel Moutot en 1999 et Emmanuel Duparcq en 2011[206].
Sept collaborateurs de l’AFP ont remporté le prix Rory Peck : Pacôme Pabandji en 2014[207], Zein Al-Rifai en 2015[208], Will Vassilopoulos en 2016[209], Luis Sequeira en 2019[210], Solan Kolli en 2021[211], puis Belal al-Sabbagh et Youssef Hassouna en 2024[212].
Enfin l’AFP a été distinguée par les « Covering Climate Now journalism awards » en 2021 (photos de Josh Edelson[219]) et en 2022 (collectif, catégorie « vidéo –short feature »[220]).
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↑Jean-Baptiste Rivoire,L’Élysée (et les oligarques) contre l'info, aux Editions "Les Liens qui libèrent", paru le 12 janvier 2022, p. 65
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↑En juin, il annonce sa volonté que le président de France Télévisions soit désormais nommé en Conseil des ministres, après avis conforme du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)[21]
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↑MichaëlSzadkowski, « Après les annonces de Mark Zuckerberg, des médias de fact-checking médusés : « C’est un choc pour nous » »,Le Monde,(lire en ligne)
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