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Afrique romaine

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Afrique romaine
(la) Africa Romana

av. J.-C. – 

Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Lelimes africanus au sein de l'Empire romain, incluant lesprovinces deMaurétanie tingitane,Maurétanie césarienne,Afrique proconsulaire,Crète et Cyrénaïque etÉgypte.
Informations générales
Statut
Langue(s)Latin,punique etlangues berbères
Religion
MonnaieMonnaie romaine
Histoire et événements
Début de la conquête romaine

Entités précédentes :

Entités suivantes :

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L'expressionAfrique romaine peut désigner soit les terres d'Afrique du Nord dominées parRome de l'Atlantique à lamer Rouge, soit la partromanisée de l'Afrique (côtes de l'Afrique du Nord occidentale à l'ouest de laPetite Syrte, actuelMaghreb).

Image d'une peinture montrant Virgile, entouré de Clio et Melpomène, tient un volumen où l'on peut lire le huitième vers de l'Énéide.
Mosaïque dite deVirgile et les Muses, expression de la latinité à l'œuvre dans l'art africain.
Mosaïque découverte àHadrumète en 1895, datée du début duIIIe siècle - conservée aumusée du Bardo, à Tunis.

Cadre géographique et humain

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Provinces de l'Afrique romaine après laréforme de Dioclétien.

Géographie

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L’Afrique romaine occidentale s'étend, d'ouest en est, des côtes atlantiques de l'actuelMaroc aux déserts de laGrande Syrte. Après la réforme territoriale et administrative de Dioclétien en, elle comprend huitprovinces romaines (d'ouest en est) : laMaurétanie tingitane, laMaurétanie césarienne, laMaurétanie sétifienne, la Numidie militaire, laNumidie cirtéenne, l'Afrique proconsulaire, laByzacène et laTripolitaine dans la continuité territoriale de l'Africa punique[1].

L’Afrique romaine orientale comprend les provinces deCyrénaïque et d'Égypte, qui n'ont pas étéromanisées et reçoivent un traitement à part dans les sources antiques[2]. Situées à l'est de laGrande Syrte, elles sont culturellement rattachées à l'aire hellénistique, clairement distincte de la zonepunique puisromaine. Administrativement, l'Égypte a toujours été un cas à part dans l'Empire romain[3] ; quant à la Cyrénaïque, elle a été plusieurs fois rattachée à laCrète, terre habitée la plus proche[4],[5],[6].

Peuplement

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Les habitants de l'Afrique romaine peuvent être sédentaires, tels lesMaures, localisés dans la partie occidentale, lesNumides au centre et lesÉgyptiens à l'est, ou biennomades, tels lesGétules, lesGaramantes et lesLibyens dans les régions plus désertiques[C 1]. Les nomades, auxquels les Romains, au début de leur avancée, n'accordent que peu d'intérêt, vivent principalement de l'élevage qui nécessite desdéplacements saisonniers afin que les troupeaux puissent paître et s'abreuver, et decommerce transsaharien[C 2]. Les successeurs d'Auguste, jusqu'à Septime Sévère, vont repousser toujours plus loin vers le sud et l'ouest les nomades en offrant leurs terres aux peuples sédentaires[C 3].

En Afrique du Nord, les sources anciennes, grecques et romaines (Hérodote,Strabon, Pline etPomponius Mela), distinguent une zone urbanisée, une zone tribale où domine lepastoralisme, et une zone méridionale peuplée de nomades, nomméeGétulie[7],[8].

Pline l'Ancien dénombre 516 peuples entre l'Ampsaga et les « Autels desPhilènes »[7], dans la grande Proconsulaire. L'importance numérique et la place de ces tribus dans les sources sont très variables.

Histoire

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États d'Afrique à la veille de la conquête romaine

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Article détaillé :Deuxième guerre punique.
Zones d'influence de Rome et Carthage en Méditerranée avant les guerres puniques en.

Pour maintenir son emprise sur la région, Rome cherche à entretenir, dès la fin de ladeuxième guerre punique (218-202), les divisions entre les différents royaumes d'Afrique du Nord (Massyli,Numidae,Mauri,Getulae) qui sont souvent en conflit[9].

En,Massinissa, roi desMassyles, s'allie à laRépublique romaine contreCarthage et le roiSyphax. Son apport est décisif dans la victoire romaine mais la puissance de son royaume, à l'instar de celle de la république carthaginoise, est incompatible avec les intérêts romains. Pendant une cinquantaine d'années, Rome entretient des relations diplomatiques et commerciales avec Massinissa et Carthage, et leur achète du blé en cas de besoin[10]. Massinissa unifie leroyaume numide en -148 et a des vues sur le territoire carthaginois, mais sa mort met fin à cette volonté expansionniste[11].

De la conquête au Haut-Empire

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De la conquête à la fin de la République romaine

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Marcel Le Glay constate : « Punico-romaine jusqu'à César, romano-punique ensuite, l'Afrique du Nord ne devint vraiment romaine que sous lesFlaviens »[A 1].

Évolution administrative des provinces africaines
Avant la conquêteCarthageRoyaume de Numidie orientaleRoyaume de Numidie occidentaleRoyaume de Maurétanie
AfricaNumidieMaurétanie
AfricaNumidieMaurétanie orientaleMaurétanie occidentale
Africa VetusAfrica NovaMaurétanie orientaleMaurétanie occidentale
Afrique proconsulaireRoyaume de Maurétanie
Afrique proconsulaireMaurétanie
avantAfrique proconsulaireNumidieMaurétanie césarienneMaurétanie tingitane
Après la réforme deDioclétienProconsulaire (Nord)Byzacène (Centre)Tripolitaine (Sud-Est)Numidie
(partagée entre et)
Maurétanie césarienneMaurétanie sétifienne
(-)
Maurétanie tingitane

Conquête romaine et lois agraires

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Articles détaillés :Troisième guerre punique,Province d'Afrique,Fossa regia etGuerre de Jugurtha.
Lafossa regia qui marque la frontière entre les deux provinces romaines d'Africa vetus et d'Africa nova.

À l'issue de latroisième guerre punique, après la victoire de -146, « l'Afrique fut le prix de la victoire ; et le monde ne tarda pas à suivre le sort de l'Afrique » comme le fait remarquerFlorus, historien aux origines africaines[12].

Après la chute de Carthage,Scipion Émilien est chargé par leSénat de fixer les frontières du nouveau territoire[A 2]. Le général romain fait délimiter la frontière par un fossé lafossa regia sur l'ancienne frontière entre le territoire carthaginois et le territoire numide[A 3]. Lapremière province romaine en Afrique est ainsi créée sous le nom d'Africa[C 4]. C'est une province de taille modeste, moins de 25 000 km2, mais riche[13]. Sept villes gagnent leur autonomie pour avoir pris position contre Carthage :Utique,Hadrumète,Thapsus,Leptis Minor,Acholla, Theudalis et Uzalis[C 5].

En -123, lalex Rubria autorise 6 000 colons d'origine romaine et italienne à s'installer dans les territoires romains d'Afrique[C 6], mais c'est un échec politique pour son initiateurCaius Gracchus, bien que des colons italiens soient recensés jusqu'au territoire du roi numideMicipsa[C 7]. Peu de temps après, à la mort de ce dernier en -118, Rome arbitre à plusieurs reprises les problèmes de succession et, à chaque fois, dans le sens d'une division en plusieurs royaumes[14].

Jugurtha, petit-fils deMassinissa, ami etclient de Rome, provoque la colère romaine après avoir fait massacrer des marchands de céréales italiens et des citoyens romains deCirta[B 1]. LeSénat lui déclare la guerre en -112[15] et l'année suivante laLex Baebia agraria définit le devenir des terres africaines de Rome[C 8].

En -105, la fin de laguerre de Jugurtha sanctionne l'échec de la politique numide en Afrique[B 1]. Le royaume de Numidie est partagé entre un royaume réduit sous le contrôle de Rome et la Maurétanie ; l'ager publicus est agrandi[16].

De nombreux vétérans issus des légions deCaius Marius s'installent en Afrique après le vote de laLex Saturnina agraria en -103 qui leur accorde à chacun 100 iugera de terre à Thibaris,Thuburnica etUchi Maius[B 1],[C 9]. Des auxiliaires gétules obtiennent également ledroit de cité de la part du général romain[C 9].

Consolidation à la fin de la République

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Article détaillé :Publius Sittius.

Après labataille de Thapsus en -46 et la défaite des pompéiens alliés àJuba Ier, roi de Numidie,Jules César annexe le royaume numide[A 3]. La province d'Africa nova est créée à côté de la première province, nommée dès lorsAfrica vetus[A 3]. La limite entre les deux provinces est toujours marquée par lafossa regia[A 3]. Les royaumes indigènes se trouvent confrontés à un nouvel État et à l'extension des possessions romaines, c'est ainsi que disparaît laNumidie en tant que royaume[17],[B 2].

La frontière ouest de la province est protégée par un territoire dénomméSittiani, entre la Numidie du Nord,Cirta et la côte. Ce territoire est attribué àPublius Sittius, un aventurier campanien deNucérie allié de Jules César[18],[C 10]. Cela permet à Jules César de s'acquitter d'une dette, tout en protégeant l'Africa nova etAfrica vetus avec des soldats originaires d'Italie[C 11]. Quatrecolonies romaines : Cirta[B 3],Rusicade,Milev etChullu restent dépendantes de la province romaine après la mort de Jules César mais elles gardent des privilèges de ce passé[C 11].

À cette période, des Romains sont déjà installés en Afrique : des commerçants dans les villes côtières, des propriétaires à titre individuel ou des colons placés par Rome lors des décennies précédentes[C 12]. Jules César poursuit la politique de colonisation en fondant les colonies de Carthage,Clupea,Curubis et prépare l'emplacement pour les futures colonies de l'ère augustéenne (Carpis, Hippo Diarrhytus etNéapolis)[C 13].

Haut Empire romain

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Conquête sous les Julio-Claudiens
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Articles détaillés :Royaume de Maurétanie etCampagnes d'Auguste en Afrique et en Arabie.
Carte de l'Empire romain en 37 à l'avènement deCaligula.
Vestiges àAmmaedara (aujourd'hui Haïdra), premier cantonnement de lalegio III Augusta établi sous le règne d'Auguste.

En, les provinces romaines d'Africa Vetus et d'Africa Nova sont regroupées en une seule et même province confié à un sénateur à pouvoir proconsulaire[A 4]. La Numidie est rattachée à cette province[C 14]. LaLegio III Augusta voit son maintien confirmé sur le sol africain, alors que les provinces sénatoriales sont dépourvues de légions romaines[A 5]. Les intérêts économiques de la classe sénatoriale en Afrique sont trop importants pour qu'Auguste ne confie pas son administration auSénat[C 15].

Pendant le règne d'Auguste et de ses successeurs, Rome ne se contente pas de « veiller sur la dépouille » du royaume punique, selon la formule deTheodor Mommsen[A 6]. Une véritable politique d'urbanisation et de contrôle du territoire est mis en place par les premiers empereurs romains[A 6].

Ainsi, le premier espace contrôlé par les Romains est un espace avec un haut degré de civilisation urbaine : les régions deCarthage,Cirta,Sicca Veneria[C 16]. Dans l'ancienneAfrica Vetus, Auguste complète la ceinture de nouvelles colonies destinées à entourer la ville de Carthage reconstruite : Maxula, Tertiadecima, Thuburbo Minus etUthina[C 17]. Dans l'ancienneAfrica Nova, les sites d'implantation choisis par Auguste correspondent à une volonté de maîtriser le territoire :Assuras,Sicca Veneria, Simitthu et Thabraca[C 16]. Douze colonies de vétérans sont également créées parAuguste enMaurétanie : six colonies en bord de mer (CartennaeGunugu,Igilgili, Rusazus,Rusguniae etSaldae), trois sont créées à l'intérieur des terres (Aquae Calidae,Tubusuptu etZuccabar) et trois sur l'emplacement de villes préexistantes[C 18]. Elles sont confiées à son protégéJuba II et assignées à la défense de l’Afrique du Nord[C 19]. La Maurétanie devient, à partir de, un royaume client dirigé par Juba II, fils deJuba Ier, défait en par Jules César[C 19].

Sous le règne d'Auguste, les progrès de la romanisation sont longs et de nombreuses révoltes éclatent comme celle de réprimée par Lucius Sempronius Aratinus, ou celle desGaramantes et desGétules entre etav. J.-C. contrôlée parLucius Cornelius Balbus, ou encore celle de 3 maîtrisée par Lucius Passienus Rufus ou de l'année suivante qui concernent à nouveau les Gétules et lesMusulames[A 7]. Pour mettre fin aux révoltes dans ce secteur, lalegio III Augusta est stationnée àAmmaedara[A 8]. Parallèlement à ces révoltes locales, pendant les « périodes de calme », les Romains poursuivent la colonisation du territoire[C 20].

Sous le règne deTibère, la révolte menée parTacfarinas, un ancien auxiliaire numide de l'armée romaine, et par les Musulames en montrent que la région n'est pas encore pacifiée[A 8],[B 4]. Dès la première année, les Romains remportent une importante victoire, mais subissent la perte d'une forteresse l'année suivante[C 21]. Ce revers oblige Tibère à détacher une nouvelle légion en Afrique : laLegio IX Hispana venant dePannonie[C 22]. Après l'échec de la prise d'une forteresse romaine en, Tacfarinas change de tactique en se tournant vers la guérilla[C 22]. En, l'arrivée au pouvoir dePtolémée en Maurétanie mécontente les Maures qui rejoignent la guerre avec les Garamantes, laLegio IX Hispana doit également être rappelée en Pannonie[C 23]. La révolte se termine par la mort de Tacfarinas en lors d'une embuscade tendue par lesRomains[B 4].

En, l'empereurCaligula nomme unlégat pour diriger lalegio III Augusta, qui dépend désormais directement de l'empereur pour les questions militaires mais reste subordonné au proconsul de la province installé à Carthage[A 9]. Mais en, Caligula fait assassinerPtolémée, roi deMaurétanie et annexe son royaume, transformant le protectorat romain en domination directe et amenant à de nouvelles révoltes des Musulames[A 10]. Les Maures se révoltent alors sous la conduite d'Aedemon, et du blé et des renforts romains doivent être envoyés en Afrique, probablement laLegio IIII Macedonica, laLegio VI Victrix et laLegio X Gemina avec des contingents d'auxiliaires hispaniques[C 24]. La révolte ne se termine que sous le règne deClaude[C 25].

En, l'empereur Claude, après avoir célébré son triomphe sur la révolte des Maures, divise la Maurétanie en deux provinces procuratoriennes de rang équestre séparées par le fleuveMulucha : laMaurétanie tingitane à l'ouest et laMaurétanie césarienne à l'est[B 5],[C 26]. En 44, il envoie Sergius Sulpicius Galba pour rétablir l'ordre et pacifier l'Afrique, mission réussie qui permet à Rome de maintenir son approvisionnement en blé africain[A 11].

L'empereurNéron se contente pendant son règne de confisquer une partie des terres africaines appartenant aux grands propriétaires[C 27].

Sous les Flaviens
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Article détaillé :Année des quatre empereurs.
Denier avecgalère et portrait deLucius Clodius Macer.
Frise chronologique de l'année des quatre empereurs.

Le règne des Flaviens constitue pour l'Afrique une période de stabilisation après les troubles et les acquisitions territoriales. PourMarcel Le Glay, c'est « sous le règne des Flaviens que, préparées de loin par les actes desJulio-Claudiens, mais précipitées par l'œuvre même deVespasien et de ses fils, se sont opérées, lourdes de conséquences pour l'avenir, les grandes mutations qui ont affecté des domaines essentiels de la vie publique et privée des Africains »[A 6].

À son avènement, Vespasien, ancien proconsul de la province, est mal accueilli par les habitants des provinces d'Afrique romaine[A 12]. Les provinces ont connu précédemment une période de troubles lors des incursions desGaramantes) et desMusulames[A 13]. L'année précédant l'arrivée de Vespasien au pouvoir impérial, lors de l'année des quatre empereurs, le légat de laLegio III Augusta,Lucius Clodius Macer, se révolte contre Rome et menace de priver Rome du blé africain en créant une nouvelle légion dénomméelegio I Macriana liberatrix[A 14].Galba, empereur du moment, confie au procurateurLucceius Albinus le soin de mater la révolte et fait assassiner le légat[A 14]. Lucceius Albinus tente à son tour de faire de l'Afrique romaine un État indépendant, maisCluvius Rufus, légat deTarraconaise intervient au nom deVitellius[C 28]. Lucceius Albinus est assassiné, tout comme l'empereur Vitellius peu de temps après, le nouvel empereur de Rome se nomme Vespasien[C 29].

La priorité de Vespasien est la mise en ordre des provinces. À cette fin, il renouvelle le personnel dirigeant, en choisissant les proconsuls au sein des riches familles italiennes[A 15]. L'étape suivante consiste sur le long terme à supprimer la culture punique chez les peuples berbères[A 16]. C'est ainsi que la romanisation s'accélère et les communautés du sud sont soumises à un plus grand contrôle, voire à une mise sous tutelle[C 30]. Dans la même logique, on constate une multiplication du nombre de promotions juridiques sur le territoire de l'Africa nova et même au-delà, comme le prouve la création de diverses colonies qui servent également à pacifier le sud du territoire :Ammaedara,Kasserine (Cillium),Sbeïtla, (Sufetula) etThélepte[A 17]. L'Ouest de l'Afrique connaît également quelques promotions de cités commeM'daourouch (Madaure) aux confins de laNumidie entre la fin du règne de Vespasien et le règne deNerva, ou encoreHammam Essalihine (Aquae Flavianae),Khenchela (Mascula),Icosium,Vazaivi[A 17]. Sur le plan militaire, laLegio III Augusta est déplacée à Théveste en[C 31]. Sur les plans administratif et fiscal, dans la région de lafossa regia, le cadastre est mis à jour[C 32].

SousTitus, le premier fils de Vespasien, laLex Manciana deTitus Curtilius Mancia permet à l’administration impériale de confier des terres vierges à des habitants souhaitant les cultiver[C 33]. Lestablettes Albertini révèlent que cette loi sera appliquée en Afrique romaine jusqu'à l'invasion des Vandales[C 33].

Domitien, le second fils de Vespasien, doit faire face à une révolte desNasamons qui refusent de payer letribut dû à Rome[C 34]. Cette révolte matée, les Romains multiplient les expéditions vers des zones plus méridionales de l'Afrique du Nord[C 35]. Deux expéditions romaines sont menées pour découvrir de nouveaux territoires[C 36]. La première est militaire, dirigée par le légat de laLegio III Augusta Septimius Flaccus vers le « pays des Éthiopiens » ; elle permet de découvrir et ramener desrhinocéros bicornes qui seront utilisés pour les jeux du cirque[C 37]. La seconde est une expédition pacifique vers le « pays d'Agisymba »[C 38].

Sous les Antonins
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L'Empire romain pendant le règne d'Hadrien en.
Limes africain auIIe siècle.
Plan des fortifications de la cité deVolubilis.

Comme le remarqueMarcel Le Glay, « les Antonins ont récolté en Afrique ce que les Flaviens avaient semé[A 18] » et de nombreux signes sont réunis pour parler d'un apogée africaine[C 39]. L'Africa connaît sous la dynastie desAntonins un essor urbain sans précédent[C 40]. La dynastie, favorable aux promotions provinciales, devait de manière générale rendre plus aisée l'intégration municipale[D 1].

Dès l'avènement deNerva, le pouvoir romain développe la route reliant l'Afrique romaine à la province deCyrénaïque et àAlexandrie enÉgypte romaine[C 33]. Des défenses sont construites dans la partie occidentale de la Numidie et de nouvelles colonies sont créées à l'emplacement de localités indigènes (Cuicul sur un éperon rocheux, Mopth etSitifis au milieu d'une plaine céréalière)[C 41].

Trajan poursuit l'œuvre de son père adoptif en créant des colonies commeThéveste ouThamugadi afin de mieux contrôler le massif de l'Aurès[C 42]. D'autres colonies romaines sont créées à partir de lieux indigènes commeHadrumète,Leptis Magna etThélepte, mais aussi élevées au rang demunicipes comme Calama etCapsa[C 43]. Lucius Minicius Natalis reçoit l'ordre de développer les défenses au sud de l'Aurès en y améliorant principalement le réseau routier et laLegio III Augusta est définitivement transférée àLambèse[C 44].

Hadrien, fils adoptif de Trajan, doit affronter une révolte des Maurétaniens dès le début de son règne à la fin de l'année qui dure jusqu'au printemps suivant[C 45]. Cette nouvelle révolte encourage les Romains à construire de nouveaux postes de défense dans les deux Maurétanie[C 46]. Un nouveau soulèvement enMaurétanie césarienne est attesté en et contraint le pouvoir romain à construire un système défensif dans l'ensemble de la province centré les camps de Rapidum en, de Gemellae en et de petits fortins, ainsi que sur un réseau de voies efficace terminé en[C 47]. En parallèle, la voie romaine qui relieCarthage, capitale de laprovince de Proconsulaire, au camp légionnaire de Lambèse en passant par Théveste est pavée en[C 48]. C'est sous le règne d'Hadrien que la première visite impériale a lieu en Afrique en, à cette occasion plus d'une dizaine de cités en Proconsulaire et en Maurétanie reçoivent ledroit latin dontTipasa etUtique[C 49].

Antonin le Pieux, son fils adoptif lui succède. Il doit faire face à des troubles enMaurétanie tingitane dans les années qui nécessitent l'envoi devexillations et detroupes auxiliaires issues d'une grande partie des légions de l'Empire romain[C 50]. Ces unités envoyées en renfort sont débarquées dans les différents ports de l'Afrique romaine en raison du caractère montagneux de l'arrière-pays des ports africains qui limitent les déplacements[C 51]. Les opérations militaires prennent fin en 150 et les détachements de légions rejoignent leur cantonnement aux frontières de l'Empire[C 52].

Marc Aurèle qui succède à Antonin le Pieux, commence des tractations avec des tribus telles que lesMacénites et lesBaquates car l'armée romaine est fort occupée, à cette époque, sur lelimes danubien contre lesQuades et lesMarcomans[C 53]. Son action n'empêche pas la partie occidentale de l'Afrique romaine de connaître des troubles comme le montre la fortification deVolubilis en ou les raids des tribus maures enBétique en[C 54]. À Rome, le parti africain gagne en importance et son influence auSénat est indéniable avec15 % de l'ensemble des sénateurs et des chevaliers[19],[C 40].Fronton a ainsi la charge de l'éducation de Marc-Aurèle dans sa jeunesse[20].

À la fin duIIe siècle, l'Afrique assure un quasi-monopole sur le marché romain du blé et de l'huile[B 6]. C'est le moment oùCommode, fils de Marc Aurèle, crée une flotte dénomméeclassis Africana Commodiana gérée par l'État afin de se substituer à lacorporation chargée de ce transport pour ravitailler Rome en blé[B 6]. Dans le domaine militaire, les défenses sont renforcées en Maurétanie[C 55], en Numidie et en Tripolitaine. Le réseau routier se développe et de nouvelles cités sont créées[C 56]. Des offensives sont menées dans le sud de la Numidie et de la Tripolitaine, par delà lelimes[C 57]. Des villes deviennent également colonies commePupput et Thuburdo Maius ou des municipes à l'image deLambèse[C 40].

À la fin duHaut-Empire romain, la croissance démographique est forte et l'Afrique compte entre sept et huit millions d'habitants[21].

Rome et les tribus

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Système défensif romain : armée etlimes

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Articles détaillés :Legio III Augusta etSystèmes défensifs de l'Afrique romaine.
Lelimes enMaurétanie tingitane pendant leHaut-Empire romain.
En brun foncé, le territoire romain à la fin duIer siècle. En brun clair, l'extension dulimes sous le règne deSeptime Sévère. En brun très clair, l'occupation du territoire des Garamantes en 203.
Route longeant lelimes Tripolitanus auIIIe siècle.

La défense de l’Afrique romaine est assurée durant la période républicaine par le maintien de troupes[réf. nécessaire].

Dès, l'empereurAuguste confirme le maintien en Afrique de laLegio III Augusta alors que l'Afrique est une province sénatoriale[A 5]. Une route est aménagée entre le camp de légionnaires etCapsa, puisTacape[C 58]. Puis, les aménagements en profondeur commencent à la fin du règne d’Auguste lorsque les Romains construisent des routes qui pénètrent le pays numide à partir deCarthage, et une rocade est créée allant deLeptis Minor àCirta[22]. Lelimes commence à être édifié dans le secteur : lelimes Tubunensis, lelimes Gemellensis et lelimes Badensis permettent de compléter les obstacles naturels[C 59].

L'annexion inopinée duroyaume de Maurétanie n'est pas immédiatement suivie d’une prise de contrôle : les Romains se limitent d'abord à aménager une route côtière allant deIgilgili àMelilla[23].

À l'époque flavienne, en Afrique, l'attention des empereurs dans le domaine militaire se porte sur le sud et l'ouest[A 19]. Au Sud, les Garamandes, qui inquiètent régulièrement jusqu'à cette époque les villes cotîères de la côte tripolitaine et la cité deLeptis Magna, sont pacifiés lors de la prise deGarama par Valerius Festus[A 20]. Les prisonniers finiront aux jeux du cirque et ce peuple reste fidèle à Rome jusqu'à la fin de l'Empire romain[A 21]. À l'Ouest, les Musulames ne sont pas encore pacifiées, ce qui nécessite le transfert de lalegio III Augusta qui installe son commandement au nœud routier deThéveste en 75, surveillant les tribus desAurès et celles de la région duChott el-Jérid[A 22]. Un détachement de la légion, puis le quartier général de la légion est ensuite déplacée progressivement à partir de 81 àLambèse[A 23]. Sous le règne deVespasien, des archers montés dénommésChalcideni, originaires de laprovince de Syrie, sont stationnés sur lelimes dès 78[A 24].

À l'époque antonine, lalegio III Augusta établit définitivement son camp à Lambèse[B 5].Nerva, fait construire des défenses dans l'Ouest de la Numidie[C 41]. Son successeur,Trajan ordonne l'occupation des montagnes de l'Aurès par des garnisons et des vétérans[C 60]. En effet, l’allongement est-ouest du relief de laMaurétanie césarienne impose une avancée parallèle à cet axe : une première route est construite sousTrajan etHadrien[réf. nécessaire]. Rome y contrôle une bande de territoires de 50 à 100 km de la côte jusqu'aux chaînes montagneuses de l'arrière-pays[B 5]. Hadrien renforce le système défensif de l'Afrique avec la création d'unités d'archers palmyréens[A 24].

Sous lesSévères, lelimes se développe dans les provinces de Maurétanie avec un système bien défini : les plus riches participent en finançant les constructions et les plus pauvres en apportant leur main-d'œuvre[B 5].Septime Sévère créée l'annone militaire[B 5]. Cet empereur romain fait construire une nouvelle rocade jusqu’àNumerus Syrorum (Maghnia) élargit vers les sud le contrôle de la Maurétanie Césarienne, tandis qu’une route périphérique, lelimes Tripolitanus entoure le secteur de Leptis Magna. Enfin, des postes avancés dans le désert surveillent les tribus nomades :Castellum Dimmidi (oasis deMessaad),Cydamus (Ghadamès),Bu Njem (Libye actuelle). Les forces armées permanentes consistent en une unique légion, toujours laLegion III Augusta, complétée par de nombreuses unités auxiliaires réparties sur la Maurétanie Césarienne, et renforcée en Maurétaine Tingitane par des alliances avec les tribus maures[24],[25]. Les successeurs de Septime Sévère étendent lelimes au sud des régions montagneuses[C 60].[C 59]

AuIVe siècle, lelimes maurétanien n'est plus que l'ombre de lui-même et de nombreuses tribus arrivent dans les Maurétanies[B 7].

Rapports avec les tribus

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Article détaillé :Tabula Banasitana.

Les relations des tribus avec les représentants de Rome sont nombreuses et complexes du fait de la diversité et de la spécificité des tribus et donc des attitudes du pouvoir romain. Une séparation entre les régions orientales - plus intégrées et romanisées et où l'influence des cités est prépondérante - et occidentales semble toutefois être marquée dans les rapports qu'entretiennent Rome avec les communautés tribales. On ne peut pas sérieusement analyser les révoltes indigènes sans prendre en compte l’hétérogénéité des situations africaines. Le phénomène est vécu sensiblement différemment selon les provinces. Cette disparité amène Rome à traiter diversement selon les soulèvements.

La donnée majeure qui devait bouleverser la relation des tribus avec l'État romain, est le statut juridique de la terre dans la doctrine juridique romaine : « in eo (provinciali) solo dominium populi Romani est vel Caesaris »[26]. L'ensemble des terres de l'Africa est intégré à l'ager publicus, ce qui bouleverse les rapports traditionnels et les coutumes, en particulier pour les tribus nomades. Quand un pouvoir royal est présent localement, s'établit un rapport de fidélité direct qui se traduit par des redevances en nature ou en argent, ou par un service armé, et non par l'attribution ou le contrôle des terres. C’est le rapport du groupe à la terre qui est menacé. Car en vertu de la doctrine romaine, le pouvoir romain peut décider de la propriété des terres, et n’hésite pas à limiter les territoires occupés.

Les terres font l'objet d'arpentage dès le règne de Jules César et sont ainsi soumises à la juridiction romaine. Des politiques de cantonnement, determinatio (bornage) de et de délimitation suivent généralement. En découle une nouvelle donne institutionnelle : la tribu peut se voir reconnaître un statut, être rattaché à une cité voisine, où lacivitas peut être accordée partiellement à certains membres de la tribu. La question du déplacement de populations est cependant discutée.

Si le droit des tribus et la nature des liens qui unissait les membres d'une même tribu nous sont inconnus, très rapidement, les Romains ont ressenti le besoin de contrôler les hommes grâce à des intermédiaires : lespréfets des tribus ou de tribu (praefectus gentis) souvent issu de l'ordre équestre. Les chefs intégrés pouvaient aussi recevoir le titre deprinceps. Ces intermédiaires permettent parfois l'émergence d'une aristocratie mixte et ouvrent la voie à la municipalisation.

De la crise duIIIe siècle à la réorganisation sous la Tétrarchie

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Sous les Sévères

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Article détaillé :Numidie (province romaine).
Arc de Septime Sévère àLeptis Magna.

Autre illustration du poids de l'approvisionnement africain, la révolte populaire de est probablement suscitée par le successeur de Commode,Pertinax, ancien proconsul d'Afrique et, à l'époque,Préfet de Rome, qui aurait volontairement suscité la disette en jugulant l'annone, soutenu par le « parti africain »[réf. nécessaire].

L'empereurSeptime Sévère se fixe comme objectif de supprimer les dernières résistances à la romanisation en Afrique[C 39]. Laprovince de Numidie devient autonome avant, ce qui met fin à la situation étrange où légat et proconsul se côtoient au sein d'une même province[C 61]. Cette création permet de sécuriser le trône impérial en détachant le légat de la légion du pouvoir du gouverneur de province, à l'image de laBretagne ou de laSyrie qui bénéficient d'une certaine autonomie à cause de leur importance militaire ou économique[C 62].

L'expansion territoriale se poursuit avec lelimes qui progresse vers le sud et l'ouest[C 63].

Les hauts plateaux de laMaurétanie césarienne font l'objet d'un contrôle accru, tout particulièrement les points d'eau et les axes detranshumance[C 64].

Ces avancées militaires nécessitent l'envoi devexillations de laLegio III Gallica habituée aux combats dans le désert syrien et detroupes auxiliaires de laAla I Pannoniorum.

Sur le plan économique, les campagnes et leurscastellae connaissent une certaine prospérité et le réseau routier se développe[C 65].

Pour pacifier les Maurétanies, les Romains emploient les mêmes méthodes que dans le désert syrien avec succès et renouent leur alliance avec lesBaquates en 200[C 66].

L'empereur n'hésite pas pendant son règne à se rendre en Afrique, notamment àLeptis Magna[C 67].

À la fin de son règne, l'enrichissement général des provinces africaines stimule l'évergétisme et le développement urbain :Carthage, Leptis Magna etUtique reçoivent l'honneur de l'octroi duius italicum qui assimile le sol de ces cités au sol italien[C 68].

Les dépenses supplémentaires contraignent l'empereur à créer un nouvel impôt extraordinaire en nature[C 69].

Son filsCaracalla est aussi, après son père, l'artisan d'une politique municipale déterminée. Les grandes familles deLeptis Magna accèdent à l'ordre sénatorial[réf. nécessaire]. Au début de son règne, les efforts de Caracalla portent principalement sur la restauration des différentes voies romaines africaines dulimes et à fort intérêt économique[C 70].

Sévère Alexandre, dernier de la dynastie des Sévères, les villes des Maurétanies se dotent de murailles afin de se protéger de troubles intérieurs en dans le secteur[C 71]. La doctrine défensive dulimes va évoluer : les troupes légionnaires dans certains secteurs sont remplacées par des unités plus mobiles et les colons doivent commencer à créer leur propre défense[C 72].

Crises duIIIe siècle

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Crise qui débute en Afrique
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Article détaillé :Crise du troisième siècle.
Amphithéâtre de Thysdrus àEl Jem.
Marbre de GordienIer entre 220 et 230.

Dans l'ensemble de l'empire, la crise est due à la conjonction de deux facteurs : tout d'abord, l'instabilité politique chronique, ponctuée par une longue série d'usurpations et de guerres civiles, notamment en 238[réf. nécessaire]. Puis, la pression sur lelimes (Rhin, haut Danube et Danube inférieur, frontière orientale) qui se traduit par des invasions difficilement jugulées, en parallèle se développent des foyers en dissidence deAfrica[réf. nécessaire].

En 235, dans un contexte de grave conflit avec lesAlamans, un coup d'État amène au pouvoirMaximin le Thrace, issu deshumiliores[réf. nécessaire]. Il est mal accepté par le Sénat et il le lui rend bien en adoptant une politique hostile envers les sénateurs, pour une partie d'origine africaine[C 73]. Brillant militaire, il est populaire auprès des soldats[C 74]. Il consacre tous ses soins au réseau routier et sa politique répond exclusivement aux impératifs militaires. Cette politique défensive exige une fiscalité accrue, pression fiscale dont le poids explique pour partie la révolte africaine[C 69].

La crise, qui marque profondément l'Empire romain, survient en janvier 238 enAfrique proconsulaire àThysdrus et àCarthage[C 75]. Le contexte est particulier la bourgeoisie s'est enrichie et accède désormais aux plus hautes fonctions politiques et gouvernementales[C 76]. SelonHérodien, très critique vis-à-vis deMaximin, les révoltés sont essentiellement des jeunes de la région, définis par certains historiens comme appartenant à l'aristocratie de la cité ou émanant de la grande propriété foncière, soutenus par des membres des classes populaires liés à eux par des relations de patronage, ou des petits propriétaires terriens[C 77]. La principale raison est économique : les dépenses de l'empire sont de plus en plus importantes, ce qui nécessite une hausse des impôts[C 69]. Le procurateur en place, qui s'est rendu odieux aux yeux des contribuables, est assassiné et, le, la population proclame co-empereursGordien, un riche sénateur etproconsul d'Afrique[C 76], etson fils[27],[B 6].

Capellianus,légat de Numidie fidèle à l'empereur Maximin, marche sur Carthage afin de mater la révolte[C 78]. Il commande laLegio III Augusta, basée en Numidie pour contenir la présence desMaures nombreux dans la région[C 74].Hérodien souligne la cruauté de la répression de Capellianus et rend compte de la gravité de la crise interne : « Capellianus, entré dans Carthage, fit périr tous ceux des premiers citoyens de cette ville qui s'étaient échappés du combat. Il n'épargna point les temples, qu'il pilla, ainsi que toutes les fortunes privées et les trésors publics. Il parcourut ensuite les autres cités qui avaient renversé les statues de Maximin, punit de mort les principaux habitants et de l'exil les citoyens obscurs »[28],[C 74]. L'auteur ne manque pas de préciser que ces actes barbares ne sont pas sans arrière-pensée politique : possédant une armée qui lui est dévouée, il pourrait selon les circonstances devenir empereur[C 79].

À Rome, sous la pression populaire,Gordien III, petit-fils de Gordien[C 74], est nommé par le Sénat, à treize ans, comme héritier de l'empire[29]. Maximin meurt peu de temps après et l'avènement de Gordien III met un terme à la crise. Le nouvel empereur ramène l'équilibre dans l'empire, sa nomination n'est pas sans conséquence pour l'Afrique[C 74]. Sous son règne, laLegio III Augusta est dissoute[30]. Les deux motivations de Gordien III sont la participation de la légion considérée comme responsable de la mort des deux premiers Gordien et la volonté de ne plus octroyer de troupes légionnaires à la défense de l'Afrique[C 80]. La légion est donc remplacée par un « système plus défensif » fondé sur la mobilisation de troupes auxiliaires[31], ce qui a pour conséquence de diminuer l'influence romaine dans la région[C 74].

Soulèvements des tribus maures
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Depuis leIIe siècle, malgré la présence de camps militaires permanents et l'envoi de détachements de légions romaines, les révoltes des populations maures sont récurrentes[A 24].

Ces évènements vont prendre une nouvelle dimension en 253-254, une vague insurrectionnelle part de laMaurétanie césarienne et atteint la Proconsulaire. Les acteurs de cette révolte sont généralement des peuples qui, venant de l'intérieur des terres, ont été beaucoup moins touchés par la romanisation. Le soulèvement est vite réprimé[C 81].

C'est à l'ouest de l'Afrique Romaine que l'empire rencontre le plus de problèmes. EnMaurétanie tingitane, il fait preuve de diplomatie en signant des traités de paix -fœdus, i - avec les tribus. Le gouverneur de la province rencontre régulièrement lesBaquates, principale tribu de la région. Cette dernière, associée auxMacénites ou encore auxBavares, constitue un important rempart contre la romanité. L'empire perd peu à peu la maîtrise de certains territoires, ne contrôlant plus que le littoral et le nord de la province[réf. nécessaire].

Un peu plus à l'est, enMaurétanie césarienne et enNumidie, l'insurrection est plus forte encore et menace la région d'Auzia. La tentative d'imposer des préfets aux tribus n'est pas suffisante. Pour remédier à cette conjoncture défavorable, laLegio III Augusta est reconstituée (entre 253 et 258 selon les sources), mais elle provoque un regain de brigandage et d'instabilité. Le gouverneur de Césarienne obtient la charge dedux pour l'ensemble des provinces romaines, ce qui montre la gravité de la situation[C 82].

Un nouveau gouverneur de Numidie, Cornelius Macrinius Decianus[32], tente, vers 260, de mettre fin à la crise et se trouve confronté à des alliances de tribus. Il parvient toutefois à repousser lesBavares qui s'étaient alliés à des rois locaux, lesQuinquegentiens qui, établis dans le massif montagneux de laDjurdjura, avaient envahi laNumidie en 253, ainsi que lesFraxinenses. Les raids barbares qui ont dévasté une bonne partie de laNumidie sont finalement contenus, et les opposants à l'hégémonie romaine doivent se résoudre peu à peu à reculer[C 81].

L'Afrique Proconsulaire a été moins touchée par les révoltes mais la domination directe des Romains y est moindre. Comme en Tripolitaine, c'est généralement le système de délégation qui fait acte. Subissant, à l'ouest, à des attaques violentes, les Romains préfèrent laisser une certaine autonomie aux autochtones, tout en préservant leur influence sur la région. Dans certains régions, comme enByzacène, Rome a gardé un contrôle quasi total[réf. nécessaire].

Réorganisation des provinces sous la Tétrarchie
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Le règne des premierstétrarques est marqué par lapersécution de Dioclétien, une profonde réorganisation des provinces africaines et des révoltes locales[réf. nécessaire].

L'accélération au milieu duIIIe siècle des mouvements d'insoumission et de révolte des tribus africaines provoque la restructuration des effectifs militaires romains[réf. nécessaire]. L'hégémonie de l'empire n'est pas remis en cause[réf. nécessaire]. Hormis la révolte desMaures deGrande Kabylie et les nombreuses invasions enMaurétanie césarienne etNumidie rendues possibles par la disparition momentanée de la légion, Rome a pu maîtriser la situation[réf. nécessaire].

Valérien recrée laLegio III Augusta, dissoute auparavant parGordien III[C 74].

Le retour à l'ordre marque, en 284, l'affermissement du pouvoir deDioclétien[réf. nécessaire].Dioclétien engage une profonde réforme administrative des provinces africaines. LaMaurétanie sétifienne (ou Tabienne) est d'abord créée entre 284 et 288, se séparant ainsi de laMaurétanie césarienne mais lepraeses de Maurétanie Césarienne est toujours responsable de la défense régionale[réf. nécessaire].

Les autres changements interviennent en 303[réf. nécessaire]. La Numidie est brièvement partagée en deux provinces : laNumidie Cirtéenne (capitaleCirta) et laNumidie Militienne (ou Militaire). Ces deux provinces sont à nouveau réunies en 314[réf. nécessaire].

Enfin, la Proconsulaire est divisée en trois unités administratives : la Proconsulaire (au nord), laByzacène (au centre) et laTripolitaine (au sud-est). Le commandement militaire est remis pour tout lediocèse d'Afrique à uncomte (excepté la Maurétanie Tingitane, rattachée au diocèse d'Hispanie)[33]. Levicaire d’Afrique devient le chef hiérarchique de tous les gouverneurs à l'exception du proconsul d'Afrique qui dépend de l'empereur[34].

Usurpations, révoltes et invasions

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Usurpations et révoltes auxIVe et Ve siècles

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  • Diocèse d'Afrique, 400
    Diocèse d'Afrique, 400
  • Hispanie et Maurétanie, 400
    Hispanie et Maurétanie, 400
  • Afrique du Nord-Est, provinces de Cyrénaïque et d'Égypte, vers 400
    Afrique du Nord-Est, provinces de Cyrénaïque et d'Égypte, vers 400
  • Follis frappé dans les ateliers de Cirta par Domitius Alexander. Au revers, effigie de Carthage tenant dans chaque main des fruits.
    Follis frappé dans les ateliers de Cirta parDomitius Alexander. Au revers, effigie de Carthage tenant dans chaque main des fruits.

Les provinces africaines connaissent au Bas-Empire une suite d'usurpations et de rébellions « qui ont longtemps illustré, pour certains historiens, le déclin ou la décadence, caractéristique principale, selon eux, de ce temps » bien que la recherche récente a mis en avant la prospérité relative de la région[35]. Il est possible de procéder à un recensement de ces mouvements, mais nous ne disposons sur ce sujet que d'une documentation inégale. Chronologiquement, cinq épisodes sont plus ou moins bien identifiés :

De l'invasion vandale à l'invasion arabe

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Articles détaillés :Royaume vandale,Exarchat de Carthage etIfriqiya.
Royaume vandale
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L'Afrique romaine a échappé aux grandes invasions duVe siècle jusqu'en 429, lorsque lesVandales deGenséric débarquent sur les côtes de Maurétanie[réf. nécessaire]. En 439, ils s'emparent de Carthage et créent unroyaume qui domine l'Afrique proconsulaire, laByzacène, laNumidie, laMaurétanie sétifienne et une partie de la côte de laMaurétanie césarienne[réf. nécessaire]. Les Vandales, peu nombreux, s'installent autour de Carthage et, sur ce territoire, confisquent une partie des domaines des grands propriétaires et des biens de l'église, qu'ils donnent à leurs évêquesariens[réf. nécessaire]. L'opposition religieuse d'un clergé africainnicéen, peu enclin au compromis, est vive et la répression vandale culmine par des déportations d'évêques et la confiscation de tous les biens d'Église en 484, qui sont restitués en 495 en mesure d'apaisement[37].

Malgré ce conflit avec les élites locales, les Vandales ne détruisent pas la culture romaine : en témoignent lestablettes Albertini, recueillies en 1928 à une centaine de kilomètres au sud de Tebassa[réf. nécessaire]. Cette série d'actes notariés établis entre 493 et 496 sont rédigées selon les formules du droit romain, dans un latin mêlé de mots berbères et emploient les unités monétaires romaines. Les parties et les témoins qui savent signer le font en latin, et certains portent des titres romains :magister,flamine perpétuel,presbyter[25].

Le reste de la Maurétanie hors de la domination vandale se fractionne rapidement en une série de principautés berbères indépendants : royaume d'Altava, royaume de l'Ouarsenis, royaume duHodna, royaume desAurès, où romanité et chrétienté se perpétuent en vase clos[25]. Au début des années 480, la notice des provinces et cités d'Afrique recense 166 évêchés pour les Maurétanies Sitifienne et Césarienne[38].

Reconquête auVIe siècle et Afrique byzantine
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La reconquête partielle de l'Afrique romaine par l'empereur byzantinJustinien et la place de l'Exarchat d'Afrique.

Lucien Musset dresse ce bilan du siècle de domination vandale qui prend fin en 533-534 :« l'Afrique romaine perd le meilleur de ses forces spirituelles et de sa classe dirigeante, ainsi qu'une bonne partie de ses territoires périphériques »[37]. L'Afrique revient dans le monde romain sous le règne de l'empereurJustinien, par l'alliance entreBélisaire et lesberbères deNumidie et de la côtemaurétanienne jusqu'àCésarée etTingis[39]. Cette nouvelle Afrique romaine se couvre de fortifications byzantines et revient à la prospérité économique durant leVIe siècle mais sur un territoire plus réduit qu'avant les Vandales : les principautés maures de l'Atlas conservent leur indépendance. Le christianisme y est actif : des textes mentionnent des conciles locaux en 525 et 646, desépigraphies chrétiennes apparaissent à Altava jusqu'en 599, à Tlemcen jusqu'en 651, à Volubilis jusqu'en 655[38].

Fin de l'Antiquité et naissance de l'Ifriqiya
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Après un premier raid surSbeïtla en 643, la conquête et l’occupation arabe débute par la fondation deKairouan en 670[réf. nécessaire]. Carthage tombe en 698,Ceuta à l’autre bout de l’Afrique en 709], l'ancienne province d'Afrique devient l'Ifriqiya[réf. nécessaire]. Les berbères christianisés, dirigées notamment par laDihya (Kahena), résistent vigoureusement, s'emparant même de Kairouan de 683 à 686[réf. nécessaire].

À partir duVIIIe siècle, après la conquête arabe, les données sur la survivance de la culture et de la religion romaine sont très rares[B 11]. Les populations se convertissent à l'islam, religion du pouvoir dominant, mais l'on ignore à quel rythme. SelonAntonino Di Vita, la persistance du punique dans les campagnes, signalée du temps d'Augustin d'Hippone, expliquerait en partie une rapide assimilation par des conquérants partageant un fond culturel chamito-sémitique commun[40]. Néanmoins, cette conversion est chaotique : selonIbn Khaldoun, les Berbères apostasièrent jusqu'à douze fois en 70 ans, tandis que d'autres embrassaient auVIIIe siècle lekharidjisme, une forme d'islam dissidente, puritaine et égalitaire, rebelle aucalifat. Des populations chrétiennes subsistent, et l'on trouve encore des épitaphes duXe siècle et duXIe siècle rédigées en latin en Tripolitaine et à Kairouan, mais des lettres de papesLéon IX etGrégoire VII ne dénombrent plus que cinq évêques africains en 1053, et deux en 1076[38]. À la fin duXIe siècle, les dernières traces romaines s'éteignent[41].

De l'Afrique romaine, subsistent essentiellement de très nombreux vestiges archéologiques, allant des spectaculaires monuments deEl Jem,Leptis Magna etSabratha aux plus modestes sites dispersés dans les campagnes d'Afrique du nord[réf. nécessaire].

Romanisation, culture urbaine, lettres et arts

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Culture romaine

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Article détaillé :Romanisation (histoire).

De nombreux vestiges montrent la propagation de la culture romaine en Afrique :art, monuments funéraires, monuments votifs,onomastique oureligion[A 18].

Les Berbères mettent près de deux siècles et demi à abandonner les noms libyco-puniques[A 25]. Si dès la fin duIer siècle, lestria nomina semblent être adoptés par la population de l'Afrique proconsulaire, il faut atteindre leIIe siècle pour que cet usage le soit dans les deux provinces de Maurétanie et en Numidie[A 25]. Plus globalement, la romanisation est plus ou moins lente selon les secteurs de l'Afrique romaine[A 26]. Les centres urbains côtiers, tels queHadrumète ouCarthage, se sont très vite romanisés, comme les colonies fondées parCaius Marius en Numidie alors que les anciens comptoirs puniques sur le littoral ou les territoires numides ont connu une romanisation plus lente[A 27]. Les centres ruraux ont peu bénéficié de l'influence romaine[A 27].

Lesguerres civiles romaines duIer siècle permettent à Caius Marius et à Jules César de faire progresser la romanisation en installant de nombreux vétérans de leurs légions sur le sol africain[B 12]. La majorité des terres confisquées aux rois africains qui avaient engagé leurs troupes aux côtés des généraux vaincus (Sylla,Pompée le Grand) sont désormais entre les mains de l'aristocratie sénatoriale[B 12]. La romanisation va connaître une accélération sous le Haut-Empire romain[B 11].

AuIIe siècle, lescités pérégrines de l'Afrique du nord vont recevoir peu à peu le statut demunicipe de droit latin ou romain, permettant ainsi une promotion plus rapide à la citoyenneté romaine sous certaines conditions[B 6]. Les aristocrates peuvent ainsi commencer une carrière dans l'administration ou accéder au rang dechevalier ou bien devenirsénateur[B 6].

L'Afrique du Nord restera fortement romanisée jusqu'aux invasions arabes[B 11].

Civilisation urbaine

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Développement urbain

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Articles détaillés :Site archéologique de Carthage etTimgad.
Ruines deVolubilis.

La diffusion d’une culture urbaine et civique enAfrica est entamée bien avant la conquête romaine. Elle nous est connue par des témoignages archéologiques et épigraphiques aussi riches que diversifiés à propos desquels on a pu parler d'« Afriques » et du caractère pluriel de son urbanisation[42].

Cependant, à l’origine de ce développement se trouve un facteur commun, la conquête et les nouveaux rapports - politiques mais aussi économiques et sociaux - qu’elle suscite. On peut situer l’apogée de la civilisation urbaine dans l’Afrique du nord au second et au premier tiers duIIIe siècle. Elle est liée à la prospérité que connaissent les provinces jusqu'à l'époque sévérienne, due en partie au développement du marché de l'huile africaine.

Il est nécessaire de distinguer le développement et la densification du réseau urbain et la romanisation juridique, octroi d’unstatut juridique par décision impériale à des communautés plus ou moins intégrées à l'empire[43].

La ville des cités africaines est caractérisée par une intense activité de ses élites, en particulier dans le cadre de politiques d'évergétisme[44]. Cette pratique a permis de mesurer la permanence des cités jusqu'à la seconde moitié duIIIe siècle, quand l'Empire connaît lui une série de crises structurelles[45].

Émergence d’une élite municipale

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Dès leIer siècle, il existe en Afrique une « bourgeoisie » municipale riche et puissante. Mais c’est seulement à partir de la période flavienne qu’elle apparaît au grand jour et l’essentiel de son expansion se place auIIe siècle et au début duIIIe siècle, périodisation que l’on retrouve dans d'autres provinces occidentales.

Plus que dans n'importe quelles régions de l'empire, les cités africaines convoitent et s'enorgueillissent des promotions municipales et ce même après l'édit de Caracalla[46] en212. La romanisation des modes de vie va s'illustrer dans une architecture urbaine audacieuse[D 2] et une pratique des institutions (assemblée du peuple, curies et sénat local) et des magistratures latines.

Principales villes

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Article détaillé :Liste des noms latins des villes d'Afrique.
Villes et camps d'Afrique romaine.

Lettres et arts en Afrique romaine

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Mosaïque de laDomus Africa deThysdrus.

L’Africa avait à Rome une réputation de terre de culture. Les excès d'ornementation de la prose africaine (tumor Africus, littéralement l'« enflure africaine ») ont été raillés mais l'archéologie et l'histoire littéraire confirment et appuient le fait que les provinces d'Afrique avaient en leur sein une population soucieuse des arts et des lettres, de leur enseignement et de leur diffusion[48].

Baroque africain

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Dans les stèles et les arcs triomphaux, les sarcophages et les arts décoratifs triomphent un style nouveau, étranger aux canons gréco-romain et que Gilbert Charles Picard a nommé le « baroque africain » (en 1959[49]) ; ces formes où se conjuguent sensualisme et traits pathétiques devaient inspirer l'art byzantin[50].

Art de la mosaïque

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L'Afrique romaine a développé un goût prononcé pour la mosaïque, cet « art particulièrement africain, car en aucune autre région l'habitude des pavements historiés n'a été si répandue »[51]. Aux reproductions de la vie courante, bucoliques, des activités artisanales et agricoles[52], se mêlent dans les nombreuses œuvres dont on a pu conserver la trace, la vigueur des emprunts littéraires au monde latin et oriental[53].

Architecture

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Architecture domestique
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Architecture publique
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Sculpture

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De la littérature païenne à la littérature chrétienne

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Articles détaillés :Térence,Apulée,Augustin d'Hippone etLittérature latine d'Afrique romaine.

La vigueur des Lettres en Afrique est telle qu'entre leIIe siècle et leIVe siècle, Carthage apparaît comme unecapitale culturelle dont les productions littéraires insufflent nouveautés et fraîcheur dans l'ensemble du monderomain. C'est là le résultat de longues années de pratiques desbibliothèques[54], des lectures publiques, d'échanges incessants avec le cœur de l'Empire et d'influences helléniques. Les Carthaginois ont ainsi diffusé leur goût pour lagrammaire et larhétorique dans la plupart des provinces africaines. Les plus dignes représentants de ce courant sontFlorus,Sulpice Apollinaire,Nonius Marcellus,Terentianus dit le Maure etFronton[réf. nécessaire].

Économie africaine

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Agriculture

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Article détaillé :Annone (ravitaillement).
Pressoir à huile ou à vin deSufetula.

L'Afrique du Nord est considérée de longue date comme une terre particulièrement riche et comme une terre de talentueuxagronomes à l'exemple deMagon. Sa divinité tutélaire,Africa, a pour emblèmes lacorne d'abondance et leboisseau deblé (modius) à ses pieds.

Dès le règne deMassinissa, une agriculture commerciale se développe en Afrique. Aux yeux des conquérants, cette terre de céréales doit nourrir le peuple romain. Après la conquête romaine, dès leIer siècle, l'Afrique devient déjà l'un des trois principaux fournisseurs de la ville de Rome[C 83]. Jules César développe particulièrement l'Africa vestus principalement pour ses ressources en blé[C 13].

La production devient rapidement excédentaire, fortement encouragée qu'elle est par Auguste et ses successeurs. Les terres de l'ouest exportent leur production vers le reste du bassin méditerranéen et le blé africain fournit les deux-tiers de l'annone destiné au ravitaillement de Rome[A 28]. L'Afrique est aussi pourvue d'une arboriculture riche et variée où l'on trouvevignes,oliviers,grenadiers et des plantations d'oasis[A 29]. Les cultures locales sont tout aussi importantes (truffes, pois, légumes) mais la polyculture est souvent sacrifiée au profit de la culture du blé nécessaire à l'Urbs[C 84]. La vallée de laMedjerda, l'arrière-pays d’Hadrumète, les terroirs deCirta, de Numidie Sitifienne et les plaines deVolubilis sont dévolus à la culture céréalière.

Les riches terres céréalières duBagradas sont des terres agricoles mises en valeur avant l'arrivée des Romains[C 16]. Après l'arrivée des Romains, les terres africaines voient leurs rendements croître et les terres du sud et de l'ouest furent mises en valeur. Les plus anciennes zones de cultures -emporia de Tripoliatine et territoire de Carthage - sont aussi transformées par le développement de cultures d'exportations fortement rémunératrice. Ainsi, la production frumentaire passa pour la Proconsulaire d'environ 840 000 quintaux de blé par an à l'époque césarienne à près de neuf millions de quintaux sous Néron (soit environ 126 000 000modi)[A 3],[55],[56]. Cependant, il semble que la prospérité commerciale africaine ne voit véritablement le jour qu'à la fin duIer siècle avec l'essor de l'oléiculture et dans une moindre mesure de la viticulture[A 30]. La production d'huile d'olive se développe dans des centres urbains commeHadrumète et atteint son apogée auIIIe siècle lorsque Septime Sévère décide d'augmenter les importations d'huile africaine[B 8],[C 85].

Ces terres sont mises en valeur par des tenanciers -conductores - liés à Rome par les redevances de l'ager publicus. Les cités possèdent aussi de nombreux domaines, à l'instar deTimgad[D 3]. Lesaltus des hauts plateaux, soumis au régime du colonat, est cultivé par une population indigène réduite au servage[57]. AuIIe siècle, l'activité des tenanciers est encadrée par leconsuetudo manciana oulex manciana - permettant de mettre en valeur des terres incultes sans imposition - qui demeure en vigueur jusqu'à l'époque vandale, comme en témoignent lestablettes Albertini[C 33].

Les convois de blé étaient déposés àOstie par une corporation d'armateurs privés, le collège des naviculaires d'Afrique (navicularii africani), réorganisé parCommode à la fin duIIe siècle enclassis Africana Commodia[B 6]. L'importance du blé africain et de son transport est mise en avant sur une émission de monnaies datée de 186 où figure un navire avec la mentionProvidentia Augusti[C 86]. Commode accorde un intérêt important aux grands propriétaires terriens en Afrique[C 87]. Le collège, créé par Commode, élève à Ostie des bâtiments honorifiques[58].

Pendant son règne, Septime Sévère encourage le développement des petits propriétaires terriens et les protège des procurateurs, tout en réaffirmant les principes de lalex manciana[C 88]. Des confiscations de terre ont lieu, elles permettent d'étendre les propriétés foncières impériales[C 68]. Une attention particulière est apportée par cet empereur envers les aménagements hydrauliques[C 72].

L'Afrique romaine possède des gisements de pierre, comme les carrières de marbre situées près de Simitthu qui sont mises en exploitation par Auguste[C 16].

Artisanat et échanges

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À l'époque flavienne, entre la Gaule du Sud et l'Afrique se met en place un intense réseau d'échanges dont lacéramique constitue le produit phare[A 30].

La production d'amphores - pour le commerce de l'huile et du vin - et de vaisselle est aussi attestée mais la documentation est lacunaire hors de l'Afrique proconsulaire. Elle est la preuve du dynamisme des échanges mais aussi des productions agricoles africaines, et ce jusqu'à l'époque vandale car les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour un grand nombre d'artefacts de Byzacène des ports méditerranéens jusqu'aulimes rhénan. L'analysestratigraphique du MonteTestaccio d'Ostie signale que les amphores africaines dépassent en nombre celles de Bétique à partir des années 170[59].

Routes commerciales

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Routes commerciales romaines vers 180.
Corbita, bateau de cabotage à deux mâts. Relief en marbre, vers 200, Afrique proconsulaire.

À la fin duIer siècle, l'Afrique romaine et en particulier laTripolitaine connaît un essor du commerce provenant des caravanes[A 31]. Deux pistes permettent un renouveau économique dans le secteur, il s'agit des pistes reliantSabratha àCidamus etLeptis Magna àThamusida[A 31].

À la fin duIIe siècle, sous le règne deCommode, une flotte gérée par l'État est créée sous le nom declassis Africana Commodiana et se substitue à la corporation des marchands pour le transport du blé entre les provinces d'Afrique et la ville de Rome[B 6].

Thabraca et son port, fondation augustéenne, se spécialise dans l'exportation du marbre provenant de Simitthu[C 89]. Une autre cité portuaire,Hadrumète, se spécialise dans l'exportation d'huile d'olive et devient le principal port duSahel[C 90].

Cultes et pratiques rituelles

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Paganisme en Afrique

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Articles détaillés :Religion de la Rome antique etAfrica (déesse).
Stèles dutophet de Carthage.
As d'Hadrien (136), représentant sur l'avers ladivinité Africa, portant une dépouille d'éléphant, tenant un scorpion et une corne d'abondance, unmodius de blé à ses pieds.

Substrat libyco-berbère et punique

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La religion libyque se maintient jusqu'auIVe siècle : elle se manifeste dans des temples constitués de cercles de pierre oumzarras. Les divinités étaient souvent liées à la nature. Les morts faisaient l'objet de cultes et de rites[D 4]. Le panthéon libyque figure sur un relief daté de l'époque romaine retrouvé près de Vaga, avec des dieux puniques[D 5]. Le panthéon libyque, très nombreux, a été dénomméDii Mauri et il a été enrichi par les apports de la civilisation punique avant d'être assimilé par les Romains[D 6]. On a retrouvé des inscriptions datées duIIIe siècle consacrées à ces divinités[D 7].

Le panthéon punique était dominé en Afrique parTanit, première divinité à Carthage etBa'al Hammon,« Maître des autels embrasés ». Une troisième divinité était importante,Eshmoun, dieu guérisseur[D 8]. Après le pillage du sanctuaire de Déméter et Koré à Syracuse en 396 av. J.-C. le culte desCereres s'implante[D 9].

L'Afrique romaine passe aux yeux de ses contemporains pour une terre demagie ; les pratiques magiques y sont répandues comme dans tout l'empire mais entretiennent des rapports privilégiés avec de nombreux aspects sociaux[60].Dion Cassius évoque ainsi l'apparition d'une abondante pluie dans le désert en 42 au moment où les Romains commandés parCnaeus Hosidius Geta pourchassent le chef maure Salab, alors que ces derniers manquent d'eau et prient les dieux locaux[C 91].

Terre de syncrétisme

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Il est délicat de recenser l'ensemble des cultes traditionnels présents en Afrique romaine[réf. nécessaire]. Avec la conquête romaine, lareligion romaine antique et les religions traditionnelles d'Afrique,libyques etpuniques, font faire l'objet de réinterprétation et de manifestation d'un« syncrétisme durable »[D 10].

Rome vénère certaines divinités locales afin de s'attirer leurs bonnes grâces[D 11]. L'interpretatio romana permet au panthéon romain de grandir : les dieux étrangers prennent« une forme romaine tout en conservant leur fonction »[D 12].

Lastèle Boglio au musée national du Bardo.

Une manifestation de ces phénomènes est illustrée par le culte africain par excellence, celui deBa'al Saturne dit l'Africain qui occupe une place centrale dans le panthéon[A 32]. Le culte deSaturne a laissé une importante documentation épigraphique et archéologique[A 18]. Il représente selonMarcel Le Glay et pour l'Afrique romaine, « la meilleure expression de sonafricitas »[61]. Saturne africain a des caractères chtoniens mais aussi« garant des moissons », et au-delà« dieu suprême et universel ». C'est un exemple d'hénothéisme et concerne la zone anciennement punique, la Tripolitaine est donc exclue[D 13]. Une stèle consacrée le 8 novembre 323 témoigne du« maintien tardif du culte »[D 14]. Tanit est assimilée à Junon Caelestis[D 12] mais le culte est décrit parsaint Augustin« avec une évidente mauvaise foi »[D 15]. Hercule connaît un culte important en Maurétanie et Tripolitaine[D 16].

Le culte de Saturne africain était très répandu et possède« un caractère populaire et indigène », les donateurs étaient des Africains« puniques ou berbères »[D 17]. Dans les villes deux temples à Saturne étaient présents, l'un en périphérie et l'autre au« cœur de l'espace urbain »[D 18].

Les sanctuaires ouverts de typetophet sont remplacés par des temples à cour ouverte munie de portiques[D 19].

De par son importance en termes de recrues pour l'armée romaine et économique pour la fourniture de blé et d'huile à l'empire, l'Afrique est divinisée sous les traits de la déesseAfrica[C 69].

L'Afrique romaine connaît« un puissant syncrétisme » et un paganisme fort jusqu'à la fin duIIIe siècle lié à la civilisation urbaine[D 20].

Divinités gréco-romaines, mysticisme et magie

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Statue de l'Hercule de Massicault conservée au Musée national du Bardo.

À l'exemple du grand dieu africain, les divinités gréco-romaines ont été assimilées tout en conservant des caractéristiques « nationales ». La place faite aux cultes agraires,ouraniens etchtoniens, l'importance accordée aux dieux locaux et domestiques ont marqué la religiosité africaine[62]. Les échanges dans le domaine religieux sont particulièrement nombreux et l'on a pu constater des résurgences puniques dans des cultes de populations romanisés[C 11].

Les Romains ont amené en Afrique leur panthéon et également le culte domestique au sein des laraires[D 21]. Vénus connaît un grand succès en Maurétanie, sans lien avec l'importance du culte de l'Astarté phénico-punique. Le même phénomène se remarque pour Apollon, dont le culte n'a pas de relation avec Reshef, comme àBulla Regia : est attesté« le succès des dieux romains en Afrique » ainsi que des magistratures comme lespontifes ouaugures y compris jusqu'auIIIe siècle[D 22].

Les cultes orientaux ont eu un moindre succès en Afrique qu'ailleurs, en particulier leculte de Mithra et même celui de Cybèle. Le culte d'Isis et Sérapis eut un grand succès,« syncrétisme d'assimilation cumulative qui se nourrissait des cultes traditionnels »[D 23].

Le mysticisme africain aurait été orienté vers les cultes à mystères grecs, dont celui desCereres avec un aspect issu desmystères d'Éleusis[D 24]. La statue diteHercule de Massicault aurait été une représentation d'un initié[D 25]. Le mysticisme dionysiaque aurait été un signe également selon Charles-Picard, cette interprétation est toutefois battue en brèche selon les recherches récentes, le décor dionysiaque ayant une finalité décorative en particulier à Thysdrus. Il n'y a pas de« crise des cultes païens traditionnels » en particulier auIIIe siècle[D 26].

Les Africains ont laissé des traces de superstition et magie, la crainte du mauvais œil entraînait une profusion de symboles en particulier sur les mosaïques[D 27]. L'Afrique a livré des tablettes dedéfixion, témoignages de magie, portant des imprécations destinées à accomplir des vœux[D 28].

Culte impérial

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Article détaillé :Culte impérial dans la Rome antique.

Sous Auguste, leculte impérial connaît une grande vigueur[B 11] dans la région parallèlement au culte africain, les Romains s'appuyant sur le culte des rois morts pratiqués dans cette partie du monde depuis plusieurs siècles[B 11]. Les Romains ne font que suivre cette pratique tout en l'orientant vers le culte des empereurs vivants et morts[B 11].

Au siècle suivant,Vespasien va intensifier la pratique duculte impérial dans cette partie de l'Empire romain avec la création du titre deflamen Augusti provinciae[A 32].

Essor et affirmation du christianisme africain

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Début et essor du christianisme africain

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Articles détaillés :Donatisme,Liste de saints chrétiens d'Afrique du Nord etÉglise de Carthage.

Le christianisme se diffuse tôt en Afrique[D 29]. SelonClaude Lepelley, le christianisme occidental latin est né en Afrique du Nord. Au milieu duIIe siècle, les communautés chrétiennes y étaient déjà très nombreuses et dynamiques[réf. nécessaire].

Faute de documentation assez complète, il est difficile de reconstituer les étapes et les lieux de diffusion qui ont précédé l'arrivée des chrétiens dans les provinces africaines. De plus, ce sont essentiellement les sources chrétiennes – notamment celles deTertullien - qui permettent de retracer l'histoire de l'Église africaine auIIIe siècle, ceci posant évidemment un problème d'objectivité. Au-delà, la majorité de sources de l'époque sont carthaginoises[63].

On situe l'apparition en Afrique des premiers chrétiens avant l'an 180. Le premier document qui nous permet d'appréhender le christianisme en Afrique sont les Actes desmartyrs scillitains[64]. Largement minoritaires, les chrétiens adoptent dès le départ une attitude offensive pour propager leur foi et se dirigent sans trop d'appréhension vers un conflit ouvert avec le pouvoir impérial polythéiste[réf. nécessaire].

L'histoire des débuts du christianisme en Afrique est étroitement liée à la personne deTertullien. Né de parents païens, il entre dans la communauté chrétienne de Carthage vers 195 et devient proche de l'élite municipale qui saura le protéger contre la répression des autorités. Ayant reçu la prêtrise, il s'emploie dans ses premiers écrits à lutter pour que l'Église chrétienne soit reconnue officiellement par l'empire[réf. nécessaire].

On peut parler, à la suite de Tertullien, de « christianisme africain » tant ce dernier adopte un caractère spécifique, se faisant remarquer par son intransigeance[D 29]. Afin de s'ancrer dans la vie africaine, la doctrine chrétienne, à travers les écrits de Tertullien, cherche à s'émanciper de toutes les institutions païennes qui structurent la société romaine de l'époque. Il faut voir dans ce travail d'écriture plus une transcription et une mise en valeur des problèmes spécifiques d'une nouvelle communauté que la volonté d'un homme d'imposer à de fervents croyants une doctrine qui ne leur convient pas[réf. nécessaire].

Les chrétiens refusent donc de participer aux nombreuses cérémonies fondant la vie civique. Dans son œuvreDe l’idolâtrie, Tertullien précise la nature des activités déconseillées aux chrétiens : ils doivent, pour les plus riches, refuser de participer à la vie politique de la cité en tenant un quelconque poste, refuser tout métier agricole qui pourrait fournir des produits et animaux aux séances de sacrifices. Les chrétiens ne doivent pas non plus exercer le professorat qui les obligerait à enseigner les mythes et cultes païens[65].

Ce qui sépare et oppose le plus les autorités romaines et la communauté de chrétiens, c'est le fait que ces derniers refusent de servir au sein de l'armée de l’Empire. Tertullien souligne la difficulté de concilier le serment militaire avec celui prononcé lors du baptême[66]. Outre l'omniprésence des rites païens dans la vie militaire, le plus grand dilemme pour les chrétiens est la probabilité de tuer des adversaires pendant les combats, chose incompatible avec le message évangélique.

Ce choix politico-religieux a été à l'origine de conflits parfois violents, les chrétiens étant accusés de mettre en péril la cité quand leur refus de service militaire se faisait pendant une période qui nécessitait un besoin accru de soldats. Il a amené des sanctions qui ont parfois été jusqu'à la mise à mort, créant la situation demartyr très spécifique à la religion chrétienne[67].

Du fait d'« un idéal héroïque exalté »[D 29], la multiplication des martyrs, de leurs cultes et de leurs récits, comme le martyre dePerpétue et Félicité, fut l'un des traits marquants du christianisme africain[68].Tertullien lui-même prône la souffrance et le martyre comme issue vers le salut[69]. Le système pénal du début des persécutions requérant la soumission aux animaux ou aux combats dans l'arène, introduit dans les premiers écrits chrétiens (actes des martyrs ouécrits patristiques) la construction d'une identité de combattant ou de compétiteur pour la foi dans la longue tradition hellénistique des compétitions organisées en l'honneur des dieux[70]. Le martyre devenait un acte de résistance et de mémoire, inscrit dans un calendrier commémoratif, socle du calendrier chrétien[réf. nécessaire].

Mosaïque des quatre évangélistes, trouvée dans la maison duvicus castrorum de CarthageMusée national de Carthage.

À travers cette base doctrinale extrêmement stricte et difficile à défendre devant une population qui ne comprend pas la plupart du temps les choix des chrétiens, Tertullien cherche à éviter à sa communauté de se mélanger aux rites et coutumes païens afin de garder toute sa spécificité et de préserver ses chances d'éclosion. Pour autant, il ne veut pas s’éloigner de la vie de la cité, encore moins de celle de l'empire[71]. Il aime l'empire et est convaincu de ses bienfaits dans les provinces africaines[réf. nécessaire].

Les chrétiens ont cependant aidé, via leur intransigeant besoin à la fois de démarcation et d'affirmation au sein de la société africaine, à instaurer un climat de tension entre eux et le reste de la population, mais surtout avec le pouvoir impérial qui devant cette menace de division, ne tarde pas à réagir[réf. nécessaire].

La doctrine chrétienne, qui a pris pied en premier lieu sur les côtes africaines, s'est développée par la suite à l'intérieur des terres. Si l'on ne situe pas précisément la ville dont sont originaires les martyrs scillitains (Scillium, Scillitium ? dans la région de Carthage), ceux deMadaure, Miggin etNamphamon sont attestés à la même époque : les chrétiens connaissent leurs premiers martyrs dans un contexte politico-religieux en constante évolution[réf. nécessaire].

AuIIIe siècle, entre fragilisation et persécution

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LeIIIe siècle connaît une fragilisation importante des fondements religieux du pouvoir impérial. Censé être protégé des dieux, le mythe de l'empereur qui se situe au-dessus des hommes est remis en doute par les païens, en particulier après la mort deDèce au combat, en 251. Les coupables sont vite trouvés : par leur impiété, les chrétiens sont accusés d’avoir provoqué la colère des dieux[réf. nécessaire].

Dèce lui-même avait déjà instauré cette notion de « bouc émissaire » pendant la « persécution de Dèce », de 249 à 251. La persécution romaine, la première attaque officielle contre l'Église africaine, est entérinée par un édit promulgué dès 249 qui oblige les chrétiens à prier pour le salut de l'empereur et à procéder à des sacrifices ou des libations[réf. nécessaire].

Les chrétiens doivent choisir. Plusieurs attitudes sont relevées : certains suivent les consignes des autorités (relayées par les cités africaines) et se plient à l'édit, allant jusqu'aux sacrifices d'animaux - chose formellement interdite par leur dogme - ; d'autres, pour qui il est inconcevable de renier l'Évangile, préfèrent fuir ; d'autres encore choisissent de déclarer ouvertement leur mécontentement à la population, mettant leur vie en péril[réf. nécessaire].

L'autorité romaine, en formulant cet édit, a divisé la communauté chrétienne qui, à la suite de cette crise, montre encore une fois toute son intransigeance. Ceux qui ont cédé aux demandes de Dèce et ont participé aux supplications – leslapsi - se voient très mal accueillis par les « résistants » quand vient l'heure de leur réintégration. Les évêques qui ont « péché » sont pour la plupart pardonnés mais se voient refuser le retour à leur fonction. La persécution a engendré une telle crise au sein de l'Église africaine que le concile de Carthage propose, en 256, de rebaptiser les fauteurs afin qu'ils redeviennent purs. Il se heurte violemment à l'évêque de Rome pour qui ce double baptême est tout bonnement inconcevable car il discréditerait le rite sacré et unique de l’évêque[réf. nécessaire].

Après une brève période de calme, les persécutions recommencent en 257 sous l'impulsion deValérien. Ce sénateur romain, proche des élites hostiles au christianisme, emploie une nouvelle tactique pour affaiblir les chrétiens. Il décide de couper l'élite chrétienne de sa base. Les gouverneurs de province ont pour ordre d'exiler tout évêque ou clerc qui refuserait de s'adonner aux rites sacrificatoires.

AinsiCyprien de Carthage, grande figure du christianisme africain est exilé ; d'autres sont condamnés aux mines. La persécution devient sanglante un an plus tard quand Cyprien et d'autres clercs, victimes des nouvelles mesures romaines, sont condamnés à mort et décapités[réf. nécessaire].

Il faut attendre la mort deValérien en 260 pour que le calme revienne en Afrique. Son filsGallien se montre beaucoup plus conciliant : il arrête les poursuites contre les chrétiens et promulgue un édit de tolérance qui débute la période de lapetite paix de l'Église[72]. Cette cohabitation pacifique permet à l'Église africaine de se développer dans les provinces et d'augmenter le nombre de ses fidèles.Dioclétien, à la fin de laTétrarchie, devait provoquer le retour despersécutions (303-304), qui elles-mêmes, si elles furent appliquées avec moins de zèle que dans certaines régions de l'empire, devait confronter le christianisme africain à la crise donatiste[73].

Triomphe duIVe siècle et crise donatiste

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L'édit de Milan de 312 devait cependant permettre aux Églises locales de se développer.

En 312, apparaît à Carthage ledonatisme du nom de son initiateurDonat le Grand[B 13]. Ce « grand schisme africain » dénommé ainsi par Tadeusz Kotula dure un siècle et est rejoint par une majorité des Africains d'Afrique du Nord malgré les persécutions du pouvoir romain[B 13].

AuIVe siècle, l'Afrique vit la naissance d'Augustin d'Hippone, père de l'Église dont la pensée devait avoir une influence déterminante sur l'Occident chrétien auMoyen Âge et à l'époque moderne[74].

Débats historiographiques et sources

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L'histoire de l'implantation romaine enAfrique est complexe et l'historiographie de l'Afrique romaine a longtemps souffert d'une comparaison établie entre colonisation antique et colonisation moderne[C 81] analogie parfois « inversée » selon la formule d'Yvon Thébert[75].

Les sources épigraphiques et littéraires manquent parfois pour des périodes et sujets comme la réaction romaine face aux révoltes de la finIer siècle av. J.-C., à l'exception de l'énumération des triomphes des généraux romains, mais sans que l'on puisse connaître sa source[C 92]. Lestablettes Albertini apportent de précieux renseignements sur les actes de vente à l'époque vandale[C 33].

Avant leXIXe siècle

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Les sources antiques sont nombreuses, mais parcellaires et souvent très partiales[C 93]. Il possible de citer des sources grecques commeClaude Ptolémée, géographe grec d'Alexandrie duIIe siècle dans son ouvrageGéographie qui s'inspire d'auteurs plus anciens commeMarin de Tyr, astronome et géographe phénicien duIer et IIe sièclesav. J.-C., ou dePausanias le Périégète, géographe duIIe siècle et auteur dePériégèse[C 94].

L'Histoire Auguste qui commence avec le règne d'Hadrien écrit par Aelius Spartianus, nous apporte des éléments sur les empereurs et les usurpateurs durant lacrise du troisième siècle[C 95]. Les évènements de la crise duIIIe siècle sont complétés par une littérature abondante d'Hérodien[C 69].

Pour l'époque sévérienne, les sources de l'époque sont peu nombreuses, très partiales et écrites longtemps après les faits[C 61].Tertullien, écrivain berbère de langue latine duIer et IIe sièclesav. J.-C., évoque les révoltes en Afrique à cette époque dans son œuvreContre les juifs ainsi que l'Histoire Auguste qui reprend les écrits d'Aurelius Victor pour cette période[C 96].

Une des sources médiévales est celle d'Eustathe de Thessalonique, érudit et ecclésiastique byzantin duXIIe siècle, qui évoque les évènements qui se déroulent au début duIer siècle av. J.-C. lors des révoltes des Garamandes et des Musulames qui amènent à la mort de deux généraux romains[C 97].

XIXe siècle

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Dans les années 1830, dans un contexte colonial, l'étude du passé romain dans la région est la chasse gardée de chercheurs, diplomates, militaires et religieux français soucieux de l'étude du patrimoine romain[réf. nécessaire]. Cette historiographie volontiers colonialiste révèle d'emblée ses enjeux idéologiques et politiques, même si les arrière-pensées idéologiques ont été exagérées[D 30]. Les Français se veulent les héritiers du pouvoir romain dans la région et avec l'aide des chercheurs, tentent de construire un modèle de conquête dans une terre à la réputation d'indocilité[réf. nécessaire].

Certains travaux historiques se présentent alors comme une justification de la colonisation. Il s'agit de se placer sur un pied d'égalité avec le conquérant romain. L'histoire militaire occupe donc une place de choix dans les études sur la région et nombre d'essais et de monographies sont le fait de d'officiers français[76].

Pour les membres du clergé catholique, l'Africa est une terre de mission autant que le berceau d'un christianisme marqué par la présence d'Augustin d'Hippone. L'archéologie et l'épigraphie se développent avec le soutien de l'armée, des érudits et des autorités locales pour concurrencer dans ses colonies l'historiographie allemande. Ainsi en 1855,Louis Rénier, bibliothécaire de laSorbonne, livre lesInscriptions latines d'Algérie, corpus de 4 400 documents épigraphiques[77].

XXe siècle

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Capitole deThuburbo Majus, vers 1930.

Après ladécolonisation de l'Afrique, le discours historique, les thèmes et les objectifs de son écriture, semblent « s'inverser » dans les travaux universitaires français et maghrébins, pour prendre le parti « africain », sans toutefois se départir entièrement des problématiques précédentes. Le combattant algérien est comparé au résistant berbère. Le sous-développement du pays est mis en parallèle avec la richesse de Rome ou de la France qui exploitent la région. Le terme de résistant, connoté positivement à la suite de laSeconde Guerre mondiale, joue son rôle. L'étude des formes de résistance à la romanisation se développe, en particulier, la « résistance religieuse » africaine[C 81].

La thématique est ainsi traitée sous un angle différent parPietro Romanelli dans sonHistoire des provinces romaines d'Afrique (Storia delle Provincie Romane dell'Africa) en 1959 ou par Gilbert Charles Picard dansLa civilisation de l'Afrique romaine en 1959 en mettant en avant les actions entreprises par ladynastie flavienne[A 6]. L'historiographie commence à faire la distinction entre les provinces romaines de l'Afrique et occupation romaine de l'Afrique en trois zones différentes[B 14]. La question de la répartition géographique des tribus et peuples a suscité une importante bibliographie mais aucune carte ne semble pouvoir prétendre à l'exhaustivité ni à la précision absolue[réf. nécessaire].

XXIe siècle

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AuXXIe siècle, la recherche historique tente de sortir de ces discours antagonistes et souvent manichéens pour mesurer la profondeur de la romanisation. La civilisation romaine est vue sous un angle universel,« qui unit les deux rives de la Méditerranée »[D 30]. Comme le remarque Paul Corbier, « étudier l’impérialisme romain comme un modèle qui préfigurerait l’impérialisme contemporain, c’est naturellement fausser les perspectives de la recherche et nier toute spécificité à l’histoire africaine »[78]. La recherche travaille désormais plus sur les complémentarités que les strictes oppositions[79].Jacques Frémeaux loue ainsi le travail réalisé parYann Le Bohec dans son livreL’Afrique romaine (146 avant J.-C. - 439 après J.-C.) tant pour l'exploitation des nouvelles sources archéologiques qu'épigraphiques[80].

Les recherches récentes cherchent d'une part à replacer l'histoire de ces territoires dans un contexteméditerranéen et d'autre part à évaluer la spécificité des cultures africaines dans le cadre impérial[81].

Notes et références

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Notes

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Références

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  42. Paul-Albert Février, « Urbanisation et urbanisme de l'Afrique romaine »,Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II.10.2, 1982,p. 322.
  43. Voir par exemple,Hans-Georg Pflaum, « La Romanisation de l'ancien territoire de Carthage punique à la lumière des découvertes épigraphiques récentes »,Antiquités africaines, IV, 1970,p. 75-117.
  44. Lepelley 1998.
  45. Xavier Dupuis,« À propos d'une inscription de Thugga : un témoignage sur la vitalité des cités africaines pendant la «crise» duIIIe siècle », Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, 1993,no 105-1,p. 73.
  46. (de) Ernst Kornemann, « Municipium »,Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, XVI, 1933.
  47. « Alors que l'empereur César Auguste, fils du divin Jules César, grand pontife, père de la patrie, exerçait la puissance tribunicienne pour la vingt-quatrième fois et le consulat pour la treizième, Annobal Rufus, fils de Himilchon Tapapus, flamen, suffète, responsable des cérémonies sacrées, a fait construire et dédier cet édifice à ses frais pour embellir sa patrie dans l'amour de la concorde. »« http://www3.dfj.vd.ch/~latin/Images/Lybie/dedicace-traduction.htm »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
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  51. Eugène Albertini,L'Afrique romaine,chapitre V, Alger, 1955.
  52. « Battage du blé » à Dar Buk Ammera, « Travaux des champs » à Cherchell, « Scène de chasse » à Thysdrus, « mosaïque des saisons » à Lambèse.
  53. Dossiers d'Archéologie, « Mosaïque romaine en Afrique du Nord »,no 31, novembre 1978.
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  59. José Remesal Rodríguez, « L’Afrique au Testaccio »,L’Africa romana XV, Tozeur 2002, Roma 2004,p. 1077-1090.
  60. Michaël Martin, « Sous le signe de Didon : Magie et superstitions en Afrique romaine »,Folia Electronica Classica, 10, 2005.
  61. Marcel Le Glay,Saturne africain. Histoire, éditions de Boccard,.
  62. Pour une synthèse sur ce point voirLouis Foucher, « Le Paganisme en Afrique proconsulaire sous l'Empire romain. Bilan d'un demi-siècle de recherche »
  63. Yvette Duval,Densité et répartition des évêchés dans les provinces africaines au temps de Cyprien, dansMélanges de l'École française de Rome. Antiquité, 1984, 96,p. 493-521. Cependant, Paul-Albert Février a pu montrer, en s'appuyant sur les témoignages épigraphiques, le dynamisme du christianisme en Afrique maurétanienne ;Aux origines du christianisme en Maurétanie césarienne dansMélanges de l'École française de Rome. Antiquité, 1986, 98,p. 767-809
  64. Il s'agit du procès-verbal de la comparution d'une dizaine de chrétiens, le 17 juillet 180 dans une bourgade de Proconsulaire non-localisée, devant le proconsul d'Afrique.LES MARTYRS I
  65. Tertullien,De idololatria,De spectaculis
  66. Tertullien,De corona militis, I.
  67. En 298, le centurionMarcellus de Tanger, lors d'une parade officielle, jette son glaive et son insigne devant le front de l'armée impériale, et refuse désormais de « servir deux maîtres » ; il est exécuté. Marcellus, martyr à Tanger, 36 octobre 298,Acta prim. martyr.,p. 311.
  68. Voir sur cette question l'ouvrage de Victor Saxer,Morts, martyrs, reliques en Afrique chrétienne aux premiers siècles. Les témoignages de Tertullien, Cyprien et Augustin à la lumière de l'archéologie africaine, Paris, Beauchesne, 1980, 340 p.
  69. Tertullien,Ad Martyras
  70. ChristopheHugoniot,« Évolution du système pénal au Bas Empire et imaginaire chrétien du martyre », dansLes victimes, des oubliées de l'histoire ?, Presses universitaires de Rennes,coll. « Histoire »,(ISBN 978-2-7535-2332-6,lire en ligne),p. 181-189.
  71. « Nous ne nous séparons pas du monde : marins, soldats, laboureurs, négociants, acheteurs, gens d'art ou de métier nous vivons comme vous et de notre commerce avec vous ; l'excès, l'abus, voilà seulement ce que nous fuyons », Tertullien, Apologétique, XLII, cité parEdmond Le Blant,Les chrétiens dans la société païenne aux premiers âges de l'Église dansMélanges d'archéologie et d'histoire, 1888, 8,p. 46-53
  72. Decret 2018, chap. VI, 2.
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  74. Alain Corbin (sous la direction),Histoire du christianisme, t.p. 120, (Saint Augustin), éd. Seuil, 2007
  75. « Romanisation et déromanisation en Afrique : histoire décolonisée ou histoire inversée ? »,Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1978, 33,no 1,p. 64-82.
  76. L'Algérie, histoire des guerres des Romains, des Byzantins et des Vandales, accompagnés sur les moyens employés anciennement pour la conquête et la soumission de l'Afrique septentrionale nommée aujourd'hui Algérie (Paris, Didot, 1852) d'Adolphe Dureau de la Malle, illustre cette tendance au déterminisme géographique dans un ouvrage qui fait de l'Afrique romaine, une terre éternellement rebelle. René Cagnat est l'auteur d'uneArmée romaine d’Afrique dédiée « À l’armée française d’Afrique ». La place qu'occupent les membres de laRevue africaine lors de sa création confirme encore cette présence militairephp4arab.info.
  77. Sur ces questions, voirMonique Dondin-Payre, « La découverte de l'Afrique antique : l'influence des acteurs et de l'idéologie sur l'élaboration de l'histoire »,Pallas,no 68,‎,p. 35-46(lire en ligne).
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Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Romanité

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