La distinction entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne est historiquement et écologiquement significative en raison de la barrière naturelle créée par le désert duSahara pour une grande partie de l'Histoire moderne. L'Afrique du Nord est peuplée d'Arabes et deBerbères, tandis que l'Afrique subsaharienne est peuplée deNoirs. À partir de 4000-3600av. J.-C., à la suite de ladésertification abrupte du Sahara due aux changements graduels de l'orbite terrestre, cette barrière a séparé culturellement le Nord du reste du continent[5]. Comme les civilisations maritimes desPhéniciens, desGrecs, desRomains, desmusulmans et d'autres facilitaient la communication et la migration à travers lamer Méditerranée, les cultures nord-africaines étaient plus étroitement liées à l'Asie du Sud-Ouest et à l'Europe qu'à l'Afrique subsaharienne. L'influence islamique dans la région est également importante, et l'Afrique du Nord est une part majeure dumonde musulman.
Un nombre croissant de chercheurs ont postulé que l'Afrique du Nord, plutôt que l'Afrique de l'Est, servait de point de sortie pour leshumains modernes qui ont d'abord quitté le continent lors de la migrationhors d'Afrique[6],[7],[8].
Dénominations
On retrouve d'autres dénominations désignant l'Afrique du Nord :Afrique arabe, Afrique méditerranéenne[9],[10],Afrique blanche[11].
L'expression « Afrique arabe » est un terme qui désigne l'espace géographique et culturel conquis et gouverné par lesArabes à partir duVIIe siècle où la languearabe est devenue unelangue officielle ou est parlée par une part significative de la population[12],[13],[14].
L'expression « Afrique méditerranéenne » est due aux liens historiques et culturels rattachant l'Afrique du Nord aumonde méditerranéen, mais aussi à des critères géographiques et climatiques : leclimat méditerranéen.
L'expression Afrique blanche fait référence soit, géographiquement, au nord du Sahara[17] soit, ethniquement, aux minorités « blanches » de l'Afrique « noire » :Touaregs auSahel,Afrikaners au sud.
Géographie
Les montagnes de l'Atlas s'étendent sur une grande partie duMaroc, le nord de l'Algérie et laTunisie, et font partie du système de montagnes de pli qui traverse également une grande partie de l'Europe du Sud. Elles reculent vers le sud et l'est, devenant un paysage desteppe avant de rencontrer le désert duSahara, qui couvre plus de75 % de la région. Lessédiments du Sahara recouvrent un ancien plateau deroche cristalline, dont certains ont plus de quatre milliards d'années.
Au sud de l'Atlas se trouve l'étendue aride et désertique du désert duSahara, le plus grand désert de sable au monde[18]. Par endroits, le désert est coupé par des cours d'eau irréguliers appelésoueds (ou wadis) qui ne s'écoulent qu'après les précipitations mais sont généralement secs. Les principaux reliefs du Sahara comprennent desergs, de grandes mers de sable qui forment parfois d'immenses dunes ; la hammada, un plateau rocailleux plat sans sol ni sable ; et lereg, une surface plate constituée de gravier ou de petites pierres. Le Sahara couvre la partie sud du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie, et la majeure partie de laLibye. Seules deux régions de la Libye sont en dehors du désert : laTripolitaine au nord-ouest et laCyrénaïque au nord-est. La plus grande partie de l'Égypte est également désertique, à l'exception du Nil et des terres irriguées le long de ses rives. Lavallée du Nil forme un fil fertile étroit qui s'étend sur toute la longueur du pays.
Les vallées abritées dans les montagnes de l'Atlas, la vallée et ledelta du Nil, et lamer Méditerranée sont les principales sources de terres agricoles fertiles. Une grande variété de cultures précieuses, y compris les céréales, le riz et le coton, et des bois tels que le cèdre et le liège, sont cultivées. Les cultures méditerranéennes typiques, telles que les olives, les figues, les dattes et les agrumes, prospèrent également dans ces régions. La vallée du Nil est particulièrement fertile, et la plupart de la population enÉgypte vit près du fleuve. Ailleurs, l'irrigation est essentielle pour améliorer les rendements des cultures sur les marges du désert.
Le climat d'Afrique du Nord est influencé par lamer Méditerranée au nord, l'océan Atlantique à l'ouest, leSahara au centre sud et dans une moindre mesure leSahel à l'extrême sud de la zone. Avec ces influences climatiques, on peut donc citer les climats généraux d'Afrique du Nord :
En mai 2025, l’Organisation météorologique mondiale, dans son rapport sur l’état du climat en Afrique en 2024, a indiqué que l’Afrique du Nord avait enregistré l’anomalie de température de l’air près de la surface terrestre la plus élevée, avec +1,28 °C par rapport à la moyenne de la période 1991-2020. C’est ainsi la sous-région du continent qui se réchauffe le plus rapidement[22].
L’évolution du climat à généré unedésertification rapide duSahara environ 3 500 av[24]. Cela conduisit à une barrière qui limitait le contact entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne.
Cette région qu'est l'Afrique du Nord est peuplée dès laPréhistoire par plusieurs peuples :
LesIbéromaurusiens (proto-berbères) entre 25 000 à 10 000 ans, ils sont les plus anciens habitants de la région et sont considérés comme étant indigènes à l'Afrique du nord.
Lesfermiers anatoliens à partir de 6.500 - 3000 av. n-è, lesIbéromaurusien vont être confrontés à une vague d'immigration defermiers anatoliens immigrés d'Europe. Ces fermiers anatoliens vont entrer en conflit partiel avec lesproto-berbères jusqu'à même changer la démographie de l'époque[25],[26].
LesNatoufiens présents essentiellement enÉgypte mais on retrouve leurs traces partout en Afrique du nord. Ils sont les ancêtres directs desArabes on retrouve notamment leurs ADN parmi les populationsnumides[27].
À partir du début de l'Antiquité, l'Afrique du nord est très diverse, plusieurs peuples coexistent, lesberbères, les égyptiens, lesarabes, lespuniques ou encore lesgrecs, mais avant l'arrivée des Romains, les Berbères ne se sont jamais définis eux-mêmes comme unpeuple : durant toute leur histoire, ils ont été divisés en plusieurs tribus, et devaient plutôt s'identifier en référence à ces dernières[33]. Ce sont les Romains qui désignent ces peuples par le termebarbarus, puis récupéré par lesArabes en barbar. À partir duVIIIe siècle av. J.-C., lesPhéniciens un peuple sémitique immigré duMoyen-Orient installent descomptoirs partout à travers l'Afrique du nord dont le plus prospère estCarthage, et colonisent les peuplesberbères. Le mythe romain veut queDidon, une princesse phénicienne ait fondé la ville deCarthage à la suite d'un accord pacifique avec un seigneur local. Demandé en mariage parHiarbas, un roi berbère, Didon préféra rester fidèle à son mariSychée et fit bâtir un bucher sur lequel elle se jeta. D'aprèsOvide,Hiarbas se serait vengé du refus de la reine en envahissant son royaume[34].
LesPhéniciens vont immigrer massivement et leurs poids démographique et culturel vont se faire ressentir ; en parallèle, ils vont se métisser avec les populations berbères, ce qui va donner naissance aux Lybo-phéniciens, ils ont été mentionnés pour la première fois parHécatée de Millet, cité parÉtienne de Byzance. Un texte très controversé,Le Périple d'Hannon, les mentionne.Polybe les considère comme des sujets desCarthaginois ayant les mêmes lois qu'eux en tant que métis phénicien-berbère. PourDiodore de Sicile (XX, 55, 4), il s'agirait d'habitants des villes maritimes qui possédaient leconubium (le droit de mariage) avec les Carthaginois et devaient leur nom à ce mélange d'ethnies[35],Tite-Live les considère comme un mélange dePuniques et d'Africains.Strabon, (XVII, 3, 19) place leur origine entre le littoral carthaginois et les montagnes deGétulie.Pline (Histoire naturelle, V, 24) dit qu'ils habitent leBuzakion. Ce que précise peut-êtrePtolémée qui les situe au sud de la région deCarthage et au nord de laBuzakitis. En fait cesLibuphoinikès (locuteurs d'une langue libyenne) étaient limités au sud de Carthage[36]. Leur influence culturelle fut importante puisqu'ils ont été les intermédiaires culturels entre la civilisation phénicienne et lesBerbères.
Les Phéniciens créeront les premières villes de l'ouest de l'Afrique du Nord commeVolubilis,Utique,Carthage, etc.
La première invasion arabe en Afrique du Nord, dirigée parAbdallah Ibn Saad, résulte en des pillages survenant après labataille de Sufétula, affaiblissant grandement les forces deGrégoire le Patrice.Gennadios II assure le retrait des arabes qui acceptèrent de partir en échange du paiement d'un lourd tribut en or[39]
Les années 665 à 689 voient une nouvelle invasion arabe de l'Afrique du Nord sous le commandement d'Oqba Ibn Nafi al-Fihri. L'expédition mène à la fondation deKairouan dans l'actuelleTunisie, première implantation de l'islam dans la région[40],[38]. Après cela, comme l'écritEdward Gibbon, Oqba Ibn Nafi « pénétra dans l’intérieur des terres ; il traversa le désert où ses successeurs ont élevé les brillantes capitales de Fez et de Maroc ; et il arriva enfin au rivage de la mer Atlantique et à la frontière du grand désert ». Le général assiège plusieurs villes côtières mais est arrêté et partiellement repoussé.
À son retour d'expédition l'armée d'Uqba Ibn Nafi estprise en embuscade par une armée berbéro-byzantine dirigé par le roi berbèreKoceila. Oqba Ibn Nafi et son lieutenantAbou al-Mouhajir Dinar sont tués ainsi que le gros des troupes arabes. LesOmeyyades sont expulsés de la région de l'actuelleTunisie, ou au moins jusqu'au-delà deGabès[41], tandis queKoceïla se rend maître deKairouan[42]. Le territoire n'en reste pas moins disputé.
La troisième invasion entraine un retour de l'influence omeyyade sur l'Afrique du nord sous le commandementd'Hassan Ibn Numan. Les Omeyyades ont dû faire face à une population majoritairement chrétienne en Afrique proconsulaire (devenue l'Ifriqiya, l'actuelle Tunisie) et païenne au Maghreb al-Aqsa (aujourd'hui Maroc) avec des minorités juives. Certains Berbères du Maghreb se sont rapidement convertis mais les autorités arabes ont continué à les traiter comme des personnes de seconde zone, en prélevant sur eux ladjizia et lekharaj des impôts initialement collecté sur lesdhimmi, en violation direct avec la loi islamique. Bien que les Berbères aient entrepris une grande partie des combats lors de laconquête omeyyade de l'Hispanie, ils reçurent une part moindre du butin et furent fréquemment affectés à des tâches plus dures. Toutes ces injustices contribuèrent à la montée dukharidjisme, forme puritaine de l'Islam, promettant un nouvel ordre politique, dans lequel tous les musulmans seraient égaux, et plus tard à laGrande révolte berbère qui morcellera le Maghreb occidental en plusieurs états indépendants.
AuXIe siècle, début desinvasions hilaliennes de l'Ifriqiya le pouvoir desFatimides envoya, dans le but de réprimer desdynasties berbères ayant proclamé leur indépendance, de nombreusestribus arabes. La plus importante d'entre elles est celle desHilaliens accompagnée desBanu Sulaym et desBanu Maqil. Les estimations en termes de déplacement de population varient selon les historiens 250 000[43] à 500 000[44] a 700 000[45]. SelonLuis del Mármol Carvajal les Hilaliens auraient été plus d'un million à immigrer, et il estime la population hilalienne à son époque à 4 000 000 en1573[46],[47],[48].
LaBerbérie, du mot « berbère », terme correspondant au territoire habité par les populationsberbères, autochtones d'Afrique du Nord. Donnant l'équivalentTamazgha en berbère. De même, laLibye antique désignait le territoire desLibyens, ancêtre des Berbères.
Dans l'Antiquité,Africa désignait la région deCarthage (surement tiré d'Ifri une déesse berbère) qui correspond à l'actuelle Tunisie, une partie du nord-est de l'Algérie et à laTripolitaine. L’Africa a constitué plusieursprovinces de l'Empire romain. Après laconquête musulmane du Maghreb, le nom s'est perpétué sous la forme arabisée d'Ifriqiya, pour ensuite servir à nommer l'ensemble du continent.
Notes et références
Notes
↑Territoire disputé, en partie sous contrôlemarocain.
↑Langue officielle partout en Afrique du Nord sauf dans les dépendances espagnoles, portugaises et italiennes.
↑LeFrançais n'est la langue officielle d'aucun pays d'Afrique du Nord mais il est compris et parlé par la majorité des populations algérienne, marocaine et tunisienne.
↑Charles AndréJulien,Histoire de l'Afrique blanche, des origines à 1945, Presses universitaires de France,(lire en ligne).
↑Robert Cornevin et Marianne Cornevin,Histoire de l'Afrique des origines à nos jours, Payot, 1956. Le chapitre 3 est consacré à l'Afrique arabebooks.google.fr
↑World Meteorological Organization,État du climat en Afrique 2024, United Nations,(ISBN978-92-63-21370-9)
↑D'après Henri J. Hugot,Le Sahara avant le désert, éd. des Hespérides, Toulouse 1974 ; Gabriel Camps, « Tableau chronologique de la Préhistoire récente du Nord de l'Afrique : 2-e synthèse des datations obtenues par le carbone 14 » in :Bulletin de la Société préhistorique française vol. 71, n° 1, Paris 1974, p. 261-278 etJean Gagnepain.
↑« Les Africanus envahissent aussitôt ce royaume sans défenseur; l’Africain Iarbas s'établit dans le palais qu'il vient de conquérir, et, se rappelant les dédains de la reine: "Je commande enfin, dit-il, dans cette chambre nuptiale, d'où Élissa m'a tant de fois repoussé!" »Ovide,Fastes, III, 552. Texte surItinera electronica
↑Luis del (1520?-1600) Auteur du texteMarmol y Carvajal et Diego de (15-158) Auteur du texteTorres,L'Afrique de Marmol. 1 / de la traduction de Nicolas Perrot, sieur d'Ablancourt… avec l'Histoire des chérifs, traduite de l'espagnol de Diego Torrès par le duc d'Angoulème le père, revue et retouchée par P. R. A. [Pierre Richelet],(lire en ligne)