L'Afrique est uncontinent qui couvre 6 % de la surface de laTerre et 20 % de la surface desterres émergées. Sa superficie est de 30 415 873 km2 avec lesîles, ce qui en fait la troisième mondiale si l'on compte l'Amérique comme un seul continent. Sa population de 1,3 milliard d'habitants classe l'Afrique deuxième continent du monde après l'Asie et représente en 2020 17,2 % de la population mondiale.
L'Afrique est traversée presque en son milieu par l'équateur et présente plusieursclimats :chaud et humide au plus près de l'équateur,tropical dans les régions comprises entre l'équateur et lestropiques,chaud et aride autour des tropiques,tempéré dans les zones d'altitude. Le continent est caractérisé par le manque deprécipitations régulières. En l'absence deglaciers ou de systèmes montagneuxaquifères, il n'existe pas de moyen de régulation naturelle duclimat à l’exception de la flore (forêts notamment) et de la proximité de lamer. Les terres arides représentent 60 % du continent, dont l'environnement est néanmoins très riche — on l'a appelé le « paradis de la biodiversité » —. Le continent abrite le secondmassif forestier continu de la planète : laforêt du bassin du Congo, mais qui est menacé par la surexploitation, ladéforestation lafragmentation forestière et la baisse de labiodiversité, conséquences de la pressionanthropique, exacerbée par lechangement climatique. En 2020, les indicateurs climatiques montraient une élévation continue des températures en Afrique, une accélération de l'élévation du niveau de la mer, et des événements météorologiques et climatiques extrêmes plus fréquents (ex : inondations, sécheresses, et leurs effets dévastateurs). Le rétrécissement rapide des derniers glaciers d'Afrique de l'Est, qui devraient fondre entièrement dans un avenir proche, signe aussi la menace d'un changement imminent et irréversible du système Terre[2].
Les pays du continent présentent lacroissance démographique la plus importante de la planète et une situation sanitaire qui s'améliore nettement tout en progressant moins vite que dans les autrespays en développement.
L'Afrique repose sur uneorganisation sociale fondée sur lafamille élargie et l'appartenance ethnique ; on recense un millier d'ethnies sur le continent, lequel possède en parallèle la diversité linguistique la plus élevée du monde avec près de 2 000 langues vivantes.
Économiquement, le commerce intercontinental est soutenu depuis l'époque antique et, à l'époque des grands empires, le continent est le fournisseur d'or de l'Occident et de l'Orient. Plus tard, la colonisation entraîne unespécialisation massive des économies coloniales qui deviennent presque exclusivement extraverties, dévolues à l'exportation desmatières premières, minérales et agricoles, vers les métropoles. Sachant qu'elle possède encore d'importantes réserves minières et pétrolières, cette situation perdure auXXIe siècle, avec, en corollaire, desÉtats rentiers et desoligarchies qui captent les revenus au détriment de populations restées pauvres. Sa place dans la mondialisation économique actuelle est minime, au contraire des siècles passés. Certains pays ont cependant amorcé un tournant économique durant la période récente grâce à la diversification économique, le développement dusecteur tertiaire et la « croissance inclusive ».
LesGrecs de l'Antiquité appellent le continentΛιβύη /Libúē (« Libye »)[3]. Quant au termeAfrique, il dérive directement dulatinAfrica qui vient deafri ouafrou, nom de la déesse de la terre dans lamythologie amazigh. De l'Antiquité romaine jusqu'auMoyen Âge[4], le terme ne désigne que la partie de l'Afrique du Nord entourantCarthage, le sud à majorité noire étant appeléÉthiopie (dugrecΑἰθιοπία /Aithiopía). Ainsi, dans le livre V deHistoire naturelle,Pline l'Ancien mentionne lefleuve Niger, qu'il nommeNigris, comme délimitation[5] :« le fleuve Nigris sépare l'Afrique de l'Éthiopie » et mentionne également les« nations éthiopiennes » qui vivent à ses abords.
L'étymologie d'Africa a fait l'objet de nombreuses hypothèses :
Selon Michèle Fruyt[6], le termeAfrica est apparu dans les langues européennes par l'intermédiaire desRomains qui désignaient ainsi la partie nord du continent car, enCampanie,africus qualifiait le vent pluvieux provenant de la région deCarthage[7].
Selon l'hypothèse de Daniel Don Nanjira, le motlatinAfrica pourrait provenir soit du nomAfridi, une tribu berbère qui vivait enAfrique du Nord près de Carthage, soit du termephénicienAfar signifiant « poussière »[8].
D'autres encore désignent les Banou Ifren comme étant les habitants de l'ancienneifrīqīyāإفريقيا qui désignait jadis enarabe l'actuelleTunisie et que le nom d'Afrique découle de la nomination de la tribu des Banou Ifren[17],[18]. De plus, lesBanou Ifren seraient les Ifuraces, tribu qui rassemble les Afar. Les Ifuraces habitaient l'ancienne Tripolitaine et sont desZénètes berbères, que Corripus a désigné dans son livre par Ifuraces[19].
Climats en Afrique.Position de la ZCIT en janvier (en bleu) et en juillet (en rouge).
Traversée presque en son milieu parl'équateur et comprise pour une majeure partie entre les deux tropiques, l'Afrique est un continent chaud[24], avec une température moyenne supérieure à21 °C neuf mois sur douze[25] ; l'intensité durayonnement solaire y est constamment forte. Les climats et la végétation qui leur correspond se définissent en fonction des variations pluviométriques plutôt que thermiques[26].
Lapluviométrie est essentiellement dépendante desmouvements atmosphériques se produisant dans lazone de convergence intertropicale (ZCIT). Il s’agit, dans une zone comprise entre lestropiques[notes 2] et l'équateur, du mouvement ascendant d'un air humide apporté par lesalizés. La montée en altitude rafraîchit l’air et l’humidité est relâchée sous forme de précipitations à hauteur de l'équateur, ce qui détermine des climats humides,climat équatorial au plus près de l'équateur etclimat tropical de part et d'autre. L'air asséché converge ensuite vers les tropiques nord et sud, ce qui crée un climat aride à ces endroits, aux alentours des20eparallèles nord et sud. Cela correspond auSahara au nord, et auKalahari au sud[25]. Les déserts et les plaines arides prévalent également dans lacorne de l'Afrique.
L'allongement de lasaison sèche, quand on s'éloigne de l'équateur, caractérise le passage duclimat équatorial accompagné de forêt dense auclimat tropical, qui s'accompagne de forêts claires, puis desavanes lorsque la saison sèche est intense. Lorsque la saison sèche est largement dominante, la savane prend un caractère semi-aride avec, néanmoins, une saison des pluies intense mais très courte. C'est le cas duSahel, notamment, où lasavane domine. Ensuite, lesdéserts apparaissent près des tropiques[27].
Lessaisons, alternance entre les saisons sèches et humides, sont liées aux oscillations annuelles de laZCIT. Ces oscillations sont un phénomène majeur pour le continent car il est dépourvu de chaînes montagneuses assez haute et longue pour influencer le climat à grande échelle[25]. Comme la majeure partie du continent est sous l'influence de la ZCIT, il est extrêmement sensible aux perturbations de celle-ci, notamment en Afrique de l'Ouest[28], même lorsque ces perturbations sont faibles[29]. Ainsi, d'une année à l'autre, la saison des pluies peut varier en durée jusqu'à 30 %[30].
Les amplitudes thermiques annuelles et journalières sont faibles en climat humide équatorial et tropical ; elles s'accentuent lorsqu'on s'éloigne de l'équateur[27] et diminuent à proximité des côtes ;« au cœur du Sahara, les variations de température [atmosphérique] entre le jour et la nuit atteignent 20 degrés »[27] (et bien plus au sol où la température peut localement dépasser70 °C plusieurs jours par an, sans toutefois atteindre les records mondiaux[31],[32] enregistrés dans le désert de Lut ou au Mexique ; l'Afrique détient cependant le record d'étendue désertique chaudes, en surface absolue).
D'après une étude scientifique réalisée par plusieurs universités européennes, un Africain citadin sur trois pourrait être soumis chaque jour à des températures avoisinant les41 °C en 2090[35].
Températures en Afrique 1971-2000.Biomes africains.
Légende
Prairies
Forêts sempervirentes subtropicales
Forêts sempervirentes méditerranéennes
Forêts de mousson
Déserts arides
Déserts et broussailles xérophytes
Savane aride
Déserts semi-arides
Savanes
Savanes et forêts claires
Forêts décidues sèches tropicales et subtropicales
Forêts décidues humides tropicales et subtropicales
L'Afrique est une mosaïque de climats et debiomes[36] ; deux de ses principales caractéristiques sont, d'une part, qu'il s’agit du continent le plus chaud[37] et le plus sec de la planète[notes 4],[38] et, d'autre part, d'un des endroits au monde les plus sensibles à la variabilité climatique[39].
Les terres arides représentent plus de 60 % de la surface du continent ; il est donc particulièrement sensible à lapluviométrie et à ses variations qui conditionnent fortement le niveau de production agricole et la biodiversité[38]. En effet, quoique l'eau souterraine soit abondante[40],[41], la difficulté à l'exploiter fait que l'Afrique est et restera encore longtemps dépendante de l'eau pluviale[41],[notes 5] et de l'eau de surface dont l'exploitation est peu rationalisée : 20 % seulement du potentiel d'irrigation du Sahel est exploité[43]. La prévalence de l'onchocercose (cécité des rivières) explique sans doute l'absence d'une tradition d'irrigation (à la notable exception duNil) sur le continent, malgré la présence de fleuves parmi les plus puissants du monde[44].
La problématique de l’eau conditionne largement les conditions du développement humain. Lestress hydrique, défini par l'ONU comme« une insuffisance d’eau de qualité satisfaisante, pour pouvoir répondre aux besoins humains et environnementaux[45] » concerne, par ses conséquences en matière de sécurité alimentaire et de santé, jusqu'à300 millions de personnes[46].
Des conflits, parfois armés, tels celui duDarfour en 2003, sont causés au moins partiellement par l'accès à l'eau[47] ou, plus largement, aux changements climatiques[48],[49],[50],[51].
Même lorsque l'eau n'est pas rare au sens strict, comme enAfrique de l'Ouest, laquelle, globalement, dépasse le volume de 1 700 m3 d'eau disponible par habitant et par an[notes 6], seuil retenu pour caractériser le stress hydrique[53], le contexte de la disponibilité de l'eau rend la région« soudano-sahélienne […] tributaire d’une forte variabilité des précipitations, tant au plan spatial que temporel[52] ». Ce n'est pas l’abondance de la ressource qui est en cause, mais sa variabilité et, par conséquent, la possibilité de l'utiliser au bon endroit et au bon moment.
Autre caractéristique, l'Afrique abrite le second plus grand massif forestier continu du monde[notes 7] : celui dubassin du Congo. Pour l'ensemble du continent, le couvert arboré représente 21,8 %[notes 8] de sa surface[notes 9] quoi qu’avec une répartition très inégale, de zéro pour les déserts à 85 % pour le pays ayant le couvert forestier le plus important[notes 10],[58]. Mais ladéforestation est considérée comme la plus grave menace environnementale[59] car les forêts régressent ; le continent a perdu plus de 10 % de ses forêts intactes (paysage « naturel » considéré comme à la fois non artificiellement morcelé et non dégradé) entre 2000 et 2013[60] et il a perdu 3,4 millions d’hectares de couvert boisé par an entre 2000 et 2010[61] même si l'attrition s'est ralentie (la perte était de 4,1 millions d'hectares par an dans les années 1990)[62]. La pression démographique, l’extension des villes et l'agriculture itinérante, dont la culture sur brûlis[63], participent largement à la régression des milieux naturels. La déforestation a, elle aussi, une influence limitative sur le développement humain puisqu'elle est une des principales causes de dégradation des terres[64]. Celle-ci va jusqu'à ladésertification, sachant que 63 % de la population d'Afrique subsaharienne et 40 % de celle d'Afrique du Nord est rurale[65] et que 90 % desAfricains dépendent du bois et de labiomasse pour leurs besoins énergétiques[66]. Cette utilisation massive de combustibles solides est, de plus, une cause notable demorbidité du fait de la pollution de l'air à l'intérieur des habitations qu'elle entraîne[67].
Un autre aspect environnemental du continent est celui de sabiodiversité, très importante (lePNUE qualifie le continent de« paradis de la biodiversité[58] »)[notes 11] mais menacée[26]. Huit des trente-quatrepoints chauds de biodiversité, zones possédant une grande richesse de biodiversité particulièrement menacée par l'activité humaine, sont situés en Afrique[68],[69]. Trente-quatre pays (sur cinquante-quatre) voient leur biodiversité régresser[69]. Essayant de limiter le phénomène, les pays africains ont créé 1 200aires protégées, recouvrant 2,5 millions de km2 (250 millions d'hectares)[70].
L'ensemble se conjugue pour dessiner une situation où le continent, soumis à la« variabilité et aux extrêmes climatiques[71] » est l'un des plus fragiles et des plus en danger. Le« changement climatique va progressivement menacer la croissance économique de l'Afrique et la sécurité des populations » car« le climat de l'Afrique est déjà en train de changer et les impacts se font déjà sentir[trad 1] », aggravant les causes environnementales[notes 12] de l'insécurité alimentaire qui touche déjà le continent[74].
Malgré laconvention de Bamako, l'Afrique reçoit des déchets occidentaux mais produit également plus de175 millions de tonnes produites par an depuis 2016. Les déchets subsahariens avoisineront les500 millions en 2050. Si les États africains travaillent à construire leurs propres systèmes de gestion et traitement des déchets, le chemin est encore long avant de voir émerger des filières de traitement performantes[75].
ÀBamako, les riverains abandonnent leurs déchets en pleine rue avant de les brûler. Impuissants, ils subissent les conséquences : détritus, fumées, odeurs nauséabondes, ainsi que des rats, cafards et mouches[76].
Du 4 au, s'est tenu au Kenya le premier sommet africain sur le climat. Il a réuni 54 pays africains, dont 20 000 membres de délégations du monde entier. Ce premier sommet africain a abouti à l'adoption par les dirigeants africains de la « déclaration de Nairobi », où ils demandent à la communauté internationale de les aider à financer des projets d'énergies renouvelables, dans le but d'accéder leur transition énergétique[77],[78],[79],[80].
En 1914, du fait de l'essor des empires coloniaux, le « continent noir » ne comptait plus que deux États souverains, l’Abyssinie (ouÉthiopie) et leLiberia. Depuis laSeconde Guerre mondiale, le nombre d'États africains indépendants n'a cessé d'augmenter, passant de 4 en 1945 à 27 en 1960, pour atteindre 53 en 1993 et 54 en 2011[85],[86] (non inclus leSahraouie et leSomaliland).
Lesfrontières desÉtats africains sont en grande partie issues de lacolonisation. Quant au regroupement des différents pays en sous-régions, il est plus utilisé dans un souci pratique qu'en référence à une réalité historique.
Les États africains s'inscrivent dans des frontières largement issues de la colonisation, avalisées et sanctuarisées par l'OUA en1963[89].
Elles sont souvent[90] qualifiées d'artificielles et, du fait, considérées comme causes de conflits[notes 16], d'incohérentes car délimitant des espaces politiques structurellement déficients du point de vue économique[notes 17],[notes 18] et d'illégitimes car ne correspondant pas à des réalités ethniques ou historiques antérieures, sachant qu'en outre,« la notion de frontière dûment bornée[est] culturellement étrangère[à l'Afrique subsaharienne][91] », notamment dans les sociétés à « pouvoir diffus »[92] qui présentent un mode d'organisation sociale où le gouvernement n'est pas centralisé mais partagé[notes 19], où la terre n'est pas un bien que l'on possède[93] et pour lesquelles l'État-nation à l'occidentale est un concept importé[94].
Certains font cependant remarquer que ces frontières ne sont pas entièrement artificielles, la frontièreNiger-Nigeria suivant, par exemple, à peu près les contours d'uncalifat antérieur[95].
La malédiction économique des frontières est, elle aussi, relativisée :« l'affirmation du caractère pénalisant des frontières africaines fait partie d'une des nombreuses idées reçues[96]. » L'appartenance ethnique et les langues véhiculaires partagées sur des territoires qui ne coïncident pas avec les délimitationsde jure, causent une intense circulation interne, notamment des commerces transfrontaliers opérés par les membres d'une même ethnie et qui profitent aux États formels grâce aux recettes douanières qui peuvent représenter jusqu'à 30 voire 70 % du budget de certains États[97],[notes 20]. Le manque d'infrastructure conduit cependant à des « temps d'attente à la frontière » et donc à des coûts de transaction élevés[99]. En définitive, les frontières africaines sont poreuses, faciles à franchir, de manière légale ou illégale, et constituent des opportunités pour les opérateurs économiques.
Quant aux conflits ethniques, ils sont largement indépendants des frontières[100], restant tantôt internes à un pays, tantôt transfrontaliers au gré des configurations locales[101].
Dans les années 2010 et 2020, des conflits frontaliers voient le jour pour le contrôle de ressources naturelles comme entre le Kenya et la Somalie à propos des ressources en poissons ou entre la Guinée équatoriale et le Gabon à propos des hydrocarbures ainsi que des conflits sécessionnistes comme celui concernant leSoudan du Sud[103],[102]. En 2022, de larges territoires n'ont toujours pas de statut définit comme leTriangle d'Ilemi, leTriangle de Halayeb et leSahara occidental. Les anciennes puissances coloniales sont parfois encore en prise avec leurs anciennes colonies. C'est le cas de l'Espagne et du Maroc à propos des villes deMelilla etCeuta, de la France et de Madagascar à propos desîles Éparses ainsi que du Royaume-Uni et de Maurice à propos de l'archipel des Chagos[102].
D'autres migrations de ces humains modernes, à l'intérieur du continent, datent des mêmes époques, avec des traces de peuplement humain précoce enAfrique australe,Afrique du Nord et auSahara[115].
La taille duSahara a considérablement varié au fil du temps, essentiellement du fait des conditions climatiques[116]. À la fin de laglaciation qui a lieu aux alentours de, le Sahara était redevenu un territoire vert et fertile. On trouve, dans leTassili n'Ajjer, des peintures rupestres, datant d'environ, représentant un Sahara fertile et largement peuplé[117]. Plus tard, l'échauffement et l'assèchement du climat, vers 5000av. J.-C., font que le Sahara devient de plus en plus chaud et hostile. À l'occasion d'une évolution qui dure jusqu'aux alentours de 3900av. J.-C., le Sahara connaît une période de désertification[118],[119]. Une récession climatique importante se produit, entraînant une diminution des pluies en Afrique de l'est et du centre. Depuis cette époque, ce sont des conditions sèches qui prédominent enAfrique de l’Est[120]. Le Sahara devient un« hiatus climatique […] qui joue un rôle capital dans le cloisonnement géographique d'une grande partie de l'Afrique[121] ». Cela réduit la quantité de terres propices au peuplement et provoque des migrations des communautés agricoles vers le climat plus tropical de l'Afrique de l'Ouest[120] et vers la vallée duNil, en dessous de laseconde cataracte, où s'établissent des implantations permanentes ou semi-permanentes. Cette émigration a permis l'émergence de sociétés complexes et hautement organisées durant leIVe millénaire av. J.-C.[122], comme en témoigne le site deNabta Playa[notes 21]. Ce hiatus climatique est un obstacle à la circulation nord-sud ;Pierre Gourou[123] parle de« hiatus isolant ». La vallée du Nil devient le couloir privilégié de circulation et l'Égypte suit un processus de développement distinct du reste de l'Afrique[124],[notes 22].
Ladomestication du bétail en Afrique précède l’agriculture et existe parallèlement aux cultures dechasseurs-cueilleurs ; ainsi le bœuf est-il domestiqué depuis 7 500 à 6 000 ans av. J.-C. en Afrique du nord[125],[126]. Dans l'aire nilo-saharienne, de nombreux animaux sont domestiqués, dont l'âne[125].
L'agriculture apparaît selon un processus complexe et multipolaire[127] vers 6 000 ans av. J.-C.[128] Il s'agit d'abord d'une adoption par l'Égypte de plantes venant du sud-ouest asiatique ; ensuite, vers 2 000 ans av. J.-C., il s’agit d'une agriculture autochtone avec la domestication du mil, duriz africain, de l'igname et dusorgho[129].
Des entités politiques notables s'établissent dès avant la période historique[notes 23].
Ainsi, le site deNabta Playa, à l'ouest duNil, dans ledésert de Nubie, est peuplé, quoique de manière saisonnière, depuis leIXe millénaire av. J.-C. jusqu'auIer millénaire av. J.-C. La cuvette où il est situé était, à ce moment, beaucoup plus arrosée et fertile. Le site comporte un important champ mégalithique à vocation astronomique, daté de 6000 à6500 av. J.-C.[notes 24] Les populations, qui pratiquent l'élevage, présentent des signes d'une organisation d'un niveau élevé, plus que celui de l'Égypte à la même époque[notes 25]. On retiendra comme exemples des constructions en pierre, au-dessus et en dessous du niveau du sol, des villages construits selon des plans établis à l'avance et des puits profonds, capables de retenir l'eau tout au long de l'année ainsi que les connaissances, notamment astronomiques, nécessaires à l'érection des mégalithes[130],[131].
Vers3250 av. J.-C. s'ouvre l'ère historique avec l'émergence de l'écriture dans la civilisationpharaonique de l'ancienne Égypte[135],[132]. Cette émergence est probablement liée à la forte concentration de population ainsi qu'au degré d'organisation politique qui en découlait. À cette époque, les autres zones de peuplement du continent sont beaucoup moins denses, ce qui n’entraine pas les mêmes besoins en matière d'organisation sociale[136].
Lacivilisation égyptienne est l'une des plus anciennes et les plus durables : elle perdure jusqu'en343 ap. J.-C[137],[138]. L'influence égyptienne s'est fait profondément sentir dans les territoires qui correspondent à laLibye moderne, au nord de laCrète et deCanaan et, au sud, dans les royaumes, qui lui furent contemporains, deKoush (Nubie) et d'Aksoum (actuelleÉthiopie) notamment[139].
Au moment où l'Égypte atteint son apogée[140], vers1500 av. J.-C., plus au sud, dans l'actuel Nigeria, se développe laculture de Nok, l'une des plus anciennes cultures d'Afrique subsaharienne[141]. Elle est connue pour son art des poteries en terre cuite, mais aussi parce qu'elle atteste de l'utilisation conjointe d'outils lithiques (Later Stone Age) et d'outils en fer, situation représentative de la transition vers l'âge du fer dans cette région[142],[143],[144]. Elle disparaît de manière brutale peu de temps après les débuts de l’ère chrétienne, vers 200 ou300 ap. J.-C. Elle a cependant eu une descendance, notamment artistique, au travers par exemple de la civilisation d'Ife, dont la ville éponyme est peuplée dès leVIe siècle av. J.-C.[145]
1 =3000–1500 av. J.-C., origine 2 =env. 1500 av. J.-C., premières migrations 2.a = Bantou oriental,2.b = Bantou occidental 3 =1000—500 av. J.-C.,Urewe, noyau du Bantou oriental 4–7 = avancée vers le sud 9 =500 av. J.-C.—0, noyau Congo 10 =0—1000 ap. J.-C., dernière phase[146],[147],[148]Aire deslangues bantoues.
Tandis que prospèrent et se développent les civilisations de l'aire nilotique, vers2000 av. J.-C. ou1500 av. J.-C., commence la première migration[notes 26] bantoue[notes 27] vers les forêts tropicales d’Afrique centrale, à partir d'une localisation située au sud-est duNigeria et duCameroun actuels[150]. Il s'agit probablement d'un effet de la pression démographique des populations duSahara qui fuient l’avancée du désert. La seconde phase de migration, environ mille ans plus tard, vers -1000, les amène jusqu’enAfrique australe etorientale[151]. Les bantous, éleveurs et semi-nomades, dans leur mouvement vers le sud, se métissent et s’affrontent aux populations locales dechasseurs-cueilleurs, jusqu'à atteindre l'aire des locuteurskhoïsan, en Afrique australe. Ces évènements expliquent la carteethnolinguistique de l'Afrique actuelle[152].
L’Afrique du Nord est peuplée à l'époque antique par les peuples libyens (Berbères) dispersés dans le vaste territoire de la Libye antique (Maghreb actuel). Elle est dans l'Antiquité partagé entre les royaumes deNumidie et deMaurétanie. Des sites archéologiques tel leMedracen et des inscriptions en alphabetTifinagh témoignent de cette époque. Cette région est en contact avec les autres civilisations de l'aire méditerranéenne, comme lesPhéniciens, lesGrecs et lesRomains.
La prospérité de la civilisationcarthaginoise repose sur le commerce méditerranéen, mais aussi sur celui avec l'intérieur de l'Afrique, avec notamment les villes deSabratha et deLeptis Magna (en actuelle Libye), situées au débouché des pistes transsahariennes[156]. Du point de vue de l'organisation sociale et politique, Carthage ne forme pas un « empire » aussi solide et structuré que celui des Romains, ce qui expliquerait sa défaite[157],[notes 29].
Progressivement, à partir de146 av. J.-C., après la victoire de Rome sur Carthage à l'issue desGuerres puniques[158] qui donnent naissance à la province romaine d'Africa, toute la côte nord du continent est incorporée dans l'Empire romain[notes 30].
EnAfrique subsaharienne, les habitats humains s'établissent et se structurent notamment en fonction de critères géographiques. Les zones de savanes donnent naissance à des organisations qui, partant de lachefferie, croissent jusqu'à devenir desÉtat-nations voire des empires. Les habitats des zones deforêt dense sont plus petits et plus isolés. Certaines de ces zones ont d'ailleurs joué le rôle de refuges pour les populations chassées par les États en expansion :« Les savanes africaines ont donc joué un rôle bénéfique en favorisant, en Afrique, les conditions préliminaires à la naissance des États. […] le corollaire de l’apparition des États dans les zones de savanes a été l’éparpillement des groupes plus faibles, moins bien organisés, dans des environnements répulsifs : zones montagneuses escarpées ; déserts ; forêts épaisses[159]. »
Au moment où les Arabes conquièrent l'Afrique du Nord, grâce au commerce de l'or et dusel, la plus puissante et la plus riche entité politique au sud duSahara est l'empire du Ghana. L'influence de l'islam s'y fait rapidement sentir ; les commerçants sont majoritairement musulmans et il se crée une élite politique islamisée autour d'un roi resté cependant, comme sa population,animiste[169],[170].
L'islamisation de l'Afrique subsaharienne est essentiellement pacifique et, pour une part, superficielle. Il s'agit d'une acculturation et pas d'une colonisation ou d'une conquête. La propagation de la religion est d'ailleurs le fait des Africains subsahariens eux-mêmes (Haoussas,Peuls,Dioulas[notes 34]), qui répandent la religion tout en commerçant[176]. On utilise parfois le terme d'« islam de cour » pour parler des élites musulmanes du commerce, de la science et de la politique qui cohabitent avec les populations restées largement animistes[177],[notes 35],[178].
AuXIe siècle, l'expansion de l'islam en Afrique connaît une deuxième phase, plus guerrière, car justifiée par leDjihad, lorsque les berbères islamisés de la dynastieAlmoravide partent à la conquête du continent, vers le nord et le sud. Au nord, ils fondentMarrakech vers1062, prennentFès en1075 etTlemcen en1080[184]. Au sud, ils s'emparent, en1076, à l'issue d'une« expédition sanglante, ponctuée partout de pillages, de massacres et de chasses à l'homme[185] », de la capitale de l'empire du Ghana,Koumbi Saleh, avec l'aide du royaume deTekrour ; le roi duGhana se convertit à l'islam[169].
L'influence de l'islam ne dépasse pas, dans son expansion vers le sud, le10eparallèle nord, où commence la grande forêt équatoriale, difficile à franchir et peu propice au peuplement dense. On attribue aussi parfois un rôle à lamouche tsé-tsé, vecteur de lamaladie du sommeil, dangereuse pour leschevaux des cavaliers arabes[186],[187]. Mais l'arrêt de l’expansion géographique s’explique aussi par le souci qu'ont les successeurs d'Abou Bakr ben Omar, le vainqueur de l'empire duGhana, de consolider les possessions almoravides en Afrique et ailleurs[188].
Lorsqu'auXIIe siècle lesAlmohades succèdent auxAlmoravides, la carte de l'islam en Afrique est fixée ; cette religion est présente et dominante au nord du continent jusqu'à la frontière septentrionale de la forêt tropicale ainsi que dans la zone côtière Est.
À l'instar d'autres organisations sociales de la même époque, les communautés africaines sont inégalitaires et fondées sur l’esclavage et, à certains endroits, sur unsystème de castes en lien avec les métiers[189] (castes de forgerons, tisserands,griots…). La traite esclavagiste existe depuis longtemps en Afrique :« Ce sont les guerres, nombreuses entre peuples voisins, qui furent les principales pourvoyeuses de prisonniers (et de femmes) incorporés en qualité d'esclaves à la société victorieuse[190]. » Avec la poussée islamique, le commerce transsaharien s'intensifie, faisant circuler entre le nord et le sud du continent, l'or, lesel et les esclaves. Ces derniers forment une part importante des caravanes. La traite arabe prend une dimension supplémentaire en accentuant, outre la traite intra-africaine, un trafic intercontinental soutenu, longtemps avant les Européens. C'est ainsi, par exemple, que la côte est de l'Afrique alimente l'Inde et laChine en esclaves noirs depuis au moins leIXe siècle[191],[192]. La traite arabe a concerné environ dix-sept millions de personnes déportées[193].
L'empire du Mali est aussi connu pour la « Charte du Manden », datant de 1222 ou de 1236, correspondant au serment prononcé par Soundiata Keïta à l'occasion de son intronisation. Considéré comme l'un des plus anciens textes relatifs auxdroits de l'homme, il s'agit d'un contenu oral, « constitutionnel », relatif aux droits de l'homme et à l'organisation formelle et légale régissant les rapports entre les hommes. Il ne fera l'objet d'une transcription écrite qu'auXXe siècle[199],[200].
Après le règne de Mansa Moussa II (vers 1387), l'empire connaît une période de troubles de succession qui l'affaiblissent ; dans le même temps, les berbèrestouareg, restés durablement rebelles, lancent des attaques contre les villes de la zone sahélienne, notammentTombouctou dont ils s'emparent en 1433[201]. Les Portugais, quant à eux, arrivés sur le continent au début duXVe siècle[notes 38], commercent avec l'empire tout en participant à son affaiblissement car, pour favoriser leur négoce, notamment d'esclaves, ils soutiennent les petites communautés côtières et les poussent à s’émanciper[202].
Le commerce des esclaves (traite négrière) se développe massivement avec l'arrivée des Portugais, suivis des autres Européens, qui organisent une « traite atlantique », outre la traite intra-africaine qui continue à emprunter les chemins caravaniers et la traite arabe laquelle transite par laMéditerranée (vers l'Europe) et par l'Océan Indien (vers leMoyen-Orient, l'Inde et l'Asie)[210]. Cette traite atlantique prend la forme du « commerce triangulaire » en Atlantique nord : les navires venus d'Europe, chargés de marchandises (tissus, armes, alcool…) débarquent sur les côtes, échangent ces produits contre des esclaves qui sont ensuite vendus aux Antilles et en Amérique. Les navires rapportent ensuite, notamment, la mélasse issue de la canne à sucre, destinée à fabriquer le sucre et l'alcool dans les distilleries européennes. Dans l'Atlantique sud, c'est le « commerce en droiture », pratiqué par les Portugais, qui domine ; les navires relient directement les côtes africaines aux côtes américaines et antillaises[211].
Cette traite atlantique s'accélère lorsque l'exploitation du continent américain par les Européens s'accompagne d'une forte demande demain-d'œuvre pour les plantations de canne à sucre, café, cacao, coton, tabac… qui se développent massivement dans la seconde moitié duXVIe siècle. La demande concerne aussi, dans une moindre mesure, l'exploitation des mines d'argent et d'or du Pérou et du Mexique[220],[221]. Les implantations portugaises puis, plus largement, européennes, de la côte ouest-africaine deviennent les plaques tournantes de la traite, tandis qu'à l'intérieur du continent, de complexes circuits d'échanges s'établissent, la traite atlantique européenne se conjuguant aux circuits antérieurs qui perdurent, ceux de la traite orientale de la côte est et ceux de la traite transsaharienne orientés vers le nord[222].
Les Européens ne pénètrent pas encore à l'intérieur du continent. Implantés sur le littoral, ils commercent avec les ethnies et les royaumes côtiers qui livrent les esclaves capturés à l'intérieur des terres[226]. Des royaumes africains, à la fois guerriers et commerçants[227], prospèrent ainsi grâce à ce commerce — qui coexiste avec la traite orientale[228] —, tels leroyaume du Dahomey, leroyaume du Kongo, l'Empire ashanti ou leroyaume du Kanem-Bornou[229],[230], au détriment notamment de l'Afrique intérieure,« objet de razzias incessantes »[231].
Le nombre d'esclaves déportés depuis l’Afrique au titre de la traite atlantique est évalué à douze millions environ en400 ans[232],[233],[234].
L'Afrique a, aujourd'hui encore, la réputation d'être un « continent insalubre », touché par des maladies comme lepaludisme (malaria), lafilariose, l'onchocercose (cécité des rivières), latrypanosomiase (maladie du sommeil), lalèpre, ou encore lafièvre jaune[250]. Les voyageurs, avant de se risquer à l'exploration, s'entraînent et s'endurcissent[251]. En 1854, la découverte de laquinine contribue à faciliter la conquête et la colonisation de l'Afrique[252].
Les explorations et les missions n'ont pas que des visées désintéressées, scientifiques et évangélisatrices ; dans les faits, une exploration« précède souvent des prises de possession coloniales[262]. » Notable exemple du phénomène, à la fin duXIXe siècle,Léopold II de Belgique commandite plusieurs expéditions, dont une menée par l'explorateurHenry Morton Stanley[263],[notes 50], lequel crée l'État indépendant du Congo, en 1885, qui sera la propriété personnelle du roi[264].
L'Afrique coloniale en 1914.L'Afrique coloniale en 1930.
Allemagne
Belgique
Espagne
France
Grande-Bretagne
Italie
Portugal
États indépendants
En 1880, à l'aube de la colonisation massive, moins de 20 % du continent est aux mains des Européens. Il s’agit, à l'ouest, de zones côtières[notes 51], tandis que l'Afrique orientale est exempte de présence européenne. Seule l'Afrique australe est significativement occupée, 250 km à l'intérieur des terres[265],[notes 52] ainsi que l'Algérie, conquise par les Français en 1830[266].
Entre 1880 et 1910, en un laps de temps très court du fait de la supériorité technologique des Européens[267],« les changements les plus importants, les plus spectaculaires, les plus tragiques » de l'histoire du continent se produisent et la quasi-totalité de son territoire est conquise et occupée par les puissances impérialistes qui instaurent un système colonial. La période après 1910 est essentiellement celle de la consolidation du système[266].
Ce déferlement entraîne des frictions entre les nations européennes ; c'est notamment le cas pour la zone duCongo où les intérêts belges, portugais et français se confrontent et pour l'Afrique australe, où se combattent Britanniques etAfrikaners[268]. Afin de traiter la situation, les États européens organisent, en l'absence de tout représentant africain, à la fin de 1884 et au début de 1885, laconférence de Berlin qui débouche sur untraité fixant les règles auxquelles les signataires acceptent de se soumettre dans le cadre de leur processus de colonisation. Cela a pour effet d'accélérer la colonisation[269] et donc le déploiement des « 3 C » (commerce, christianisme, civilisation) au nom du « fardeau de l'homme blanc »[270].
Deux pays échappent aupartage de l'Afrique, leLiberia, créé par une société de colonisation américaine en 1822 et ayant proclamé son indépendance le[271] et l'Éthiopie, État souverain depuis l'Antiquité, qui parvient à repousser latentative de colonisation desItaliens auxquels elle inflige une défaite à labataille d'Adoua, le. Il s'agit de la première victoire décisive d'un pays africain sur les colonialistes[272],[273].
Ce que les francophones nomment « partage de l'Afrique », mettant ainsi l'accent sur les conséquences pour le continent, est appeléScramble for Africa (« la ruée vers l'Afrique ») par les anglophones, qui mettent ainsi en exergue les causes. Ce terme est corrélé avec l'analyse économiste qui avance que cette colonisation est déclenchée par les besoins en matières premières des économies européennes, engagées dans la révolution industrielle et dans le commerce international[274]. Le terme fait aussi référence à la compétition économique que se livrent les nations sur le sol africain[275]. Pour l'acception économiste, inspirée parJohn Atkinson Hobson[276], l'impérialisme et la colonisation sont les conséquences de l'exploitation économique pratiquée par les capitalistes et le résultat des rivalités entre les nations[277].
La plupart des régimes coloniaux mettent fin,de jure, à l'esclavage dans leur zone d'influence — quoique la pratique perdurade facto pendant longtemps encore[278] —, assumant ainsi un rôle de « mission civilisatrice »[279],[280]. C'est un second volet explicatif de la « ruée » : le sentiment de supériorité de l'Europe vis-à-vis de l'Afrique, conforté par les théories du darwinisme et de l'atavisme social[281] ainsi que par la période de la traite négrière, laquelle avait vu la montée du sentiment raciste et l'idée de hiérarchie entre les races (courant de pensée ditracialiste, incarné par exemple parGobineau, auteur d'unEssai sur l'inégalité des races humaines en 1855)[282], tout cela justifiant d'apporter la civilisation et le christianisme aux peuples du « continent noir », via le « sabre et le goupillon »[283].
Enfin, le sentiment nationaliste des pays européens joue aussi un rôle, la compétition pour la domination de l'Afrique en étant un des aspects[284].
L'économie coloniale qui se met en place repose principalement sur deux secteurs : l'extraction minière et la traite de produits agricoles[285]. L'activité commerciale internationalisée (économie de traite[286]) est aux mains des Européens via leurs firmes pratiquant l'import-export, lesquelles disposent du capital nécessaire à l'investissement local[287].
Plusieurs dispositifs structurent cette économie : l'impôt decapitation, qui contraint les Africains au travail salarié pour le compte des colons afin d’acquitter l'impôt[288], les plantations obligatoires[288], l'« abject » travail forcé[289] et le travail migratoire, le déplacement des populations, la saisie des terres[290], lecode de l'indigénat sous ses diverses variantes qui excluent les colonisés du droit commun, l'indirect rule britannique. Cela déstabilise fortement les structures sociales en place[291] ainsi que le système productif, ce qui conduit à la pauvreté, à la sous-alimentation, aux famines et aux épidémies[292]. Ces pratiques, déjà brutales par essence, s’aggravent de répressions sanglantes contre les soulèvements et les résistances[293]. La répression desHéréros (1904-1907) est ainsi qualifiée de « premier génocide duXXe siècle »[294],[295]. Les pertes humaines sont telles que la démographie du continent en est affectée :« les deux ou trois premières décennies de l’ère coloniale (1880-1910 environ) […] provoquèrent […] une forte diminution de la population[notes 53]. »
LaPremière Guerre mondiale mobilise 1,5 million de combattants africains et, au total, 2,5 millions de personnes sont touchées, d'une manière ou d'une autre, par l'effort de guerre[297].
La période qui suit, jusqu'à l'aube de laSeconde Guerre mondiale, est qualifiée d'« apogée » de la colonisation ; les puissances coloniales construisent des routes, des voies ferrées, des écoles et des dispensaires[298]. Néanmoins,« la période 1920-1935 resta une période coloniale dure […] Lors de laGrande Dépression[1929], il régnait une misère profonde[299]. » L'Afrique s'intègre de plus en plus à l’économie mondiale[299],[notes 54] et le continent bénéficie jusqu'en 1950 environ, date à laquelle culminent les profits des entreprises, de la reprise — interrompue par laSeconde Guerre mondiale — qui suit la crise de 1929[299].
Pour les Européens, ce conflit est l'occasion de côtoyer des « frères d'armes » africains (plus d'un million d'Africains sont mobilisés[301]), ce qui change leur regard sur eux. Letirailleur sénégalais et letirailleur algérien voisinent avec lepoilu dans le livre desimages d'Épinal militaires françaises[302]. Pour les Africains, la guerre permet de rompre avec le rapport déséquilibré du colonisé à son « maître », à tel point, par exemple, qu'en« Guinée, le retour des anciens combattants fut le prélude de grèves, d’émeutes dans les camps de démobilisation et d’une contestation de l’autorité des chefs[303]. » Letraité de Versailles de 1919 dépouille l'Allemagne de ses colonies, que les vainqueurs se partagent, ce qui trace à peu près les frontières de l'Afrique actuelle[304]. Le sentiment anticolonial continue à se développer en Afrique après la guerre, ainsi que, modestement, dans les pays occidentaux. Le président américainWoodrow Wilson, dans son programme de paix (lesQuatorze points de Wilson), rédigé en amont de laconférence de paix de Paris (1919), mentionne explicitement l'auto-détermination des peuples, ce qui inspire et légitime les mouvements anticolonialistes et nationalistes africains[305]. Ces mouvements se font entendre, comme leWafd, délégation égyptienne qui souhaite participer à la conférence de Paris pour y plaider l'indépendance de l'Égypte et dont les membres sont déportés par les autorités anglaises[notes 56]. Certains obtiennent d'être entendus par laSociété des Nations, tel leNational Congress of British West Africa, mouvement indépendantiste de laGold Coast (actuelGhana), représenté parJ. E. Casely Hayford, qui obtient une audition internationale au début des années 1920[304]. Dans le prolongement, les années 1930 voient la montée des formes de résistance et de syndicalisation qui déboucheront ultérieurement sur les indépendances[307]. Cependant, dans le même temps, en 1931, en France, s'organise l'exposition coloniale, symbole de l'unité de la« plus grande France »[notes 57], faisant suite à laBritish Empire Exhibition de 1924. À cette époque, à l'instar de la France, lesmétropoles ne sont pas prêtes à se détacher de leurs colonies[notes 58]. Les empires ont permis de gagner la guerre, grâce aux hommes, mobilisés de force, et aux ressources, réquisitionnées pour alimenter les mères-patries. En 1935, l'Italie fasciste décide même d'envahir l'Éthiopie, où elle se maintient jusqu'en 1941, faisant preuve de persistance dans l'idéologie colonialiste[308].
LaSeconde Guerre mondiale est un tournant crucial. Durant le conflit, les « coloniaux » s'illustrent à nouveau sur les champs de bataille, mobilisés par centaines de milliers, essentiellement par la France et l'Angleterre[309],[310]. En,Winston Churchill etFranklin D. Roosevelt, signent laCharte de l'Atlantique, laquelle préfigure laCharte des Nations unies (1945) ; ce faisant,« ils signaient du même coup l’arrêt de mort, pour le restant duXXe siècle de l’idée de légitimité du colonialisme[311]. » L'évolution des modes de pensée consécutive à la guerre tend à rendre insupportable l'idée même du colonialisme :« La raison même d’être de la guerre, lutte contre la tyrannie et la conquête, semblait condamner le colonialisme[311]. » L'année 1945, fin de la guerre, est aussi la date ducongrès panafricain de Manchester, qui marque le début du panafricanisme militant[312]. L'après-guerre voit des élites africaines, formées aux États-Unis ou en Europe (Julius Nyerere,Jomo Kenyatta,Kwame Nkrumah,Nnamdi Azikiwe…), prendre en main la contestation du modèle colonial, dénoncé comme étant au service exclusif des Blancs[313]. Des partis politiques sont créés, tels leConvention People's Party (Gold Coast ou Côte-de-l'Or, actuel Ghana, 1949)[314], leRassemblement démocratique africain (fédération de partis politiques des colonies françaises, 1947)[315]… dont les dirigeants seront les principaux hommes politiques des futurs États indépendants. Les revendications d'après la Seconde Guerre mondiale sont plus affirmées : les« mouvements, qui réclamaient auparavant un plus grand rôle dans l’administration, en viennent à exiger les rênes du pouvoir[316]. »
L'après-Seconde Guerre mondiale est aussi le moment où le monde voit les centres de pouvoir se déporter nettement de l'Europe vers lesÉtats-Unis et l'URSS. Succédant à laSDN,« l'O.N.U. devint ainsi la tribune de l'anticolonialisme militant[317]. » La tonalité anti-coloniale de sacharte dérive de l'influence de l'URSS, alors qu'aucun pays européen n'est, à ce moment, sur la même ligne politique[318]. Au contraire, les puissances coloniales se raidissent, effrayées, dans le contexte de laguerre froide, par une possible « subversion communiste » (sic), et elles répriment violemment toutes les manifestations politiques (par exemple, l'insurrection malgache de 1947 ou celle duKenya dans les années 1950). Les États-Unis, pour leur part, encouragent discrètement les mouvements indépendantistes, à condition qu'ils n'aient pas partie liée avec le communisme[319]. L'URSS soutient elle aussi les mouvements indépendantistes[320], en lutte contre « l'Impérialisme, stade suprême du capitalisme ».
Julius Nyerere et des militants indépendantistes, en 1961
Les années 1950 voient une évolution politique mais aussi l'émergence, en France, ducartiérisme, mouvement de pensée qui expose que les colonies, au lieu d'être source de profit, coûtent cher et qu'il vaut mieux financer la mère-patrie. L'analyse se prolonge par la notion decomplexe hollandais, qui entend démontrer que l'abandon des colonies dope l'économie de la métropole, en prenant l'exemple desPays-Bas, qui perdent leur colonie d'Indonésie à la fin des années 1940 et qui connaissent une forte croissance économique dans les années 1950 grâce à une réorientation des dépenses publiques et de l'investissement[321].
En 1951, l'Italie vaincue est forcée par l'ONU d'accorder l'indépendance à laLibye dont le territoire est occupé par les forces françaises et anglaises[notes 60]. Les protectorats français auMaroc et enTunisie accèdent à l'indépendance en 1956. L'Afrique subsaharienne suit, avec l'indépendance de laCôte-de-l'Or, devenueGhana en 1957, début d'une vague d'indépendance, relativement pacifique et négociée, qui dure jusqu'en 1960. À son issue, plus d'une vingtaine de pays ont obtenu leur émancipation politique[323], dont la majeure partie des colonies françaises. De 1960 à 1965, ce sont essentiellement les possessions britanniques (Nigeria,Tanganyika devenueTanzanie,Kenya,Ouganda,Rhodésie du Nord devenueZambie) qui sont concernées. Les négociations y sont plus compliquées du fait de la forte présence de colons blancs (Kenya) ou d'une grande diversité ethnique ou religieuse (Nigeria)[323].
Certaines indépendances sont cependant plus arrachées que négociées. Pour l'Algérie, l'indépendance arrive en 1962 après uneguerre commencée en 1954, laRhodésie du sud devenueRhodésie puisZimbabwe-Rhodésie puisZimbabwe, déclare unilatéralement son indépendance en 1965. Les possessions portugaises (Guinée-Bissau,Cap-Vert,Sao Tomé-et-Principe,Angola etMozambique) font l'objet de guerres qui ne se terminent qu'avec la fin durégime de Salazar, en 1974 et 1975, date qui est aussi celle à laquelle l'Espagne abandonne leSahara espagnol (quoique pour un statut contesté). D'autres territoires obtiennent tardivement leur indépendance de pays non européens. LaNamibie doit attendre la fin de l'apartheid enAfrique du Sud et l'année 1990 pour devenir indépendante[323]. L'Érythrée, réunie à l'Éthiopie à la fin de la Seconde Guerre mondiale, s'en détache en 1993, à l'issue de trente ans de guerre et leSoudan du Sud fait sécession duSoudan en 2011[325].
Les nouveaux États indépendants ont des tâches urgentes à accomplir[326] ; ne voulant pas se lancer dans une recomposition aventureuse, ils décident de conserver les frontières coloniales[327],[notes 61] que l'OUA, nouvellement créée, décrète intangibles en 1963[89]. Ils font de même avec la langue du colonisateur, idiome commun à des citoyens aux parlers nombreux[329]. La situation diffère cependant en Afrique du Nord, où l'arabe reprend le pas sur la langue du colon ainsi qu'en Afrique de l'Est où leswahili l'emporte[330].
Les frontières font fi des réalités ethniques et géographiques du continent[103]. L'unité nationale des nouveaux États ne peut donc pas se fonder sur une base ethno-culturelle ou une histoire commune, elle doit plutôt se baser sur des considérations politiques et économiques, constitutives d'un projet commun[331]. Beaucoup de ces pays prennent, de ce fait, le chemin du parti unique[332], voire de la dictature, les héros de l'indépendance se transformant en despotes telsSékou Touré,Léopold Sédar Senghor,Léon Mba,Fulbert Youlou, parfois à la suite deputschs commeGnassingbé Eyadema etMobutu Sese Seko par exemple ; il s’agit d'imposer à marche forcée une unité à des nations qui en sont dépourvues à l'origine[333]. L'idéologie sert ainsi de vecteur. Certains adoptent une voie « socialiste » ou « marxiste-léniniste », comme l'Algérie, la Tanzanie, le Sénégal, la Guinée, le Mozambique… et les diverses républiques populaires, duCongo, duBénin… Ailleurs, c'est la religion qui sert à souder l'unité nationale comme enrépublique islamique de Mauritanie[330],[333].
Politiquement, l'idéologiepanafricaine, qui inspirait les mouvements de libération en tant que principe unificateur de lutte contre les puissances coloniales, décline après les indépendances[334] malgré la création de l'OUA en 1963. Par ailleurs, dès 1955, l'Afrique était représentée à laconférence de Bandung, fondatrice dumouvement des non-alignés et base de la naissance du concept detiers monde. L'« imaginaire identitaire[notes 62] » africain se construit ainsi de manière composite, entre panafricanisme et volonté d'échapper à la logique des blocs de la guerre froide (non-alignement).
Les nouveaux États ne sont cependant pas débarrassés des structures économiques héritées de la colonisation et les liens avec lesmétropoles ne sont pas rompus. Beaucoup sont signataires d'accords politiques, économiques et militaires, parfois secrets, qui les lient aux anciennes métropoles[335] et la majeure partie des anciennes colonies du Royaume-Uni rejoint leCommonwealth. Les anciennes métropoles entendent conserver ainsi une position privilégiée en échange d'assistance technique et d'aide au développement[336]. De fait, l'immédiat après indépendance est une période dite de « néocolonialisme », concept clé des relations nord-sud à cette époque[notes 63] : les Européens, mais aussi les États-Unis, l'Union soviétique, Cuba, la Chine…, protagonistes de la guerre froide, s'ingèrent largement dans la politique et dans l'économie du continent[notes 64],[339].
Cargo minéralier àNamibe (Angola) en 2010.« L'Afrique concentre environ 30 % des réserves minérales mondiales[340] ».
Entre 1960 et 1980, lePIB des pays africains triple[341] sans pour autant que les conditions de vie des Africains ne s’améliorent sensiblement. La gestion de l'économie, qu'elle s'appuie sur une idéologielibérale ousocialiste, ne permet pas de « décoloniser » le tissu productif des nouveaux États. L'agriculture de subsistance continue à cohabiter avec l'agriculture de rente destinée à l'exportation, et les matières premières sont massivement exportées, sans produire de valeur ajoutée locale. Les débouchés se trouvent dans les pays développés qui, dans le contexte des « Trente Glorieuses », ont besoin des ressources du continent pour nourrir leur croissance. Le continent s'endette massivement durant les années 1970 — à cette époque, les États africains sont considérés comme solvables grâce à la hausse des cours des matières premières et aux faibles taux d'intérêt[342] —, auprès des banques qui recyclent ainsi leurs liquidités en eurodollars puis pétrodollars[343]. Les investissements sont pharaoniques[344] et comprennent quelqueséléphants blancs ; le montant de la dette atteint près du quart du PIB africain en 1980[345].
Mais, alors que depuis les indépendances les recettes d'exportation croissaient,« entre 1979 et 1982 les prix des principales exportations africaines retombent, en termes réels, à leur plus bas niveau depuis 1950[345]. » Simultanément, les taux d'intérêt augmentent de manière « vertigineuse[346] »[notes 65]. Les recettes d'exportation baissent, les taux d'intérêt grimpent ; prise ainsi dans un effet de ciseaux, l'Afrique s’engage dans une spirale de crise[345]. Les possibilités d'investissement décroissent drastiquement, les déficits budgétaires se creusent et la dette devient un boulet financier. En 1990, elle représente 106,1 % du PNB en Afrique subsaharienne et de 52 % (Algérie) à 126 % (Égypte) en Afrique du Nord[348]. Il n'y a plus d'argent pour les projets et l'aide publique au développement sert avant tout à soulager les banques occidentales de leurs créances devenues douteuses[349]. Les bailleurs de fonds internationaux (leFMI et laBanque mondiale essentiellement) accordent des prêts en les conditionnant à la mise en œuvre de politiques d'ajustements structurels visant à réformer l'ensemble de l'économie des pays ou, au minimum, des secteurs entiers (énergie, éducation), ce qui en modifie profondément le fonctionnement. Inspiré par une pensée économique libérale, l'ajustement structurel consiste notamment à privatiser, le plus souvent au profit d'entreprises étrangères, des pans entiers de l'économie, à lever les barrières aux échanges commerciaux, à réduire le poids de l'État y compris les aides aux plus défavorisés[350]. En 1992, presque tous les pays du continent sont concernés par l'ajustement structurel[351]. Au regard des critères libéraux, l'économie s'en trouvera assainie, mais il faudra plus de vingt ans pour cela et le bilan social en est « terrifiant »[352] : chômage, mise à mal des systèmes de santé et d'éducation[notes 66], accroissement des inégalités[notes 67],[355]… Politiquement, les pays sont soutenus même lorsque leurs fondements démocratiques ne sont pas en place[356], confortantde facto des régimes autoritaires ou des démocraties imparfaites.
Au début des années 1990, à la suite de lachute du mur de Berlin, les aspirations démocratiques du continent s'amplifient[357]. C'est la période dudiscours de La Baule, des « conférences nationales » en Afrique francophone — qui instaurent, notamment, le multipartisme —, de la fin de l'apartheid, de l'indépendance de laNamibie et de l'Érythrée. Ladémocratie ne progresse cependant pas massivement dans un contexte de tensions ethniques et régionalistes[358] et de conflits armés. Cela fait qu'encore aujourd'hui le continent présente un visage contrasté, « les jeunes démocraties cohabitant avec les tyrans sanguinaires »[359].
D'un point de vue économique, profitant d'un retournement de cycle, la dette des pays d'Afrique subsaharienne baisse de moitié en quinze ans et redescend à un niveau plus soutenable, passant de 85 % en 2000 à 40 % du PIB à la fin des années 2010[360],[notes 68]. La croissance économique du continent est soutenue depuis le début duXXIe siècle, aux alentours de 5 % par an pour la production réelle[363] et de 4 % pour le PIB[364],[365],[366].
Le continent reste fortement touché par des affrontements violents :« L’Afrique retient l’attention car elle apparaît […] comme le théâtre du plus grand nombre de conflits actuels[367] » et« Les conflits violents durent plus longtemps et sont plus meurtriers en Afrique que dans les autres régions du monde[368] ».« Entre 1989 et 2002, 10 à 15 conflits ont éclaté chaque année, entraînant des conséquences néfastes pour le développement socioéconomique et infrastructurel de l’Afrique. De 1994 à 2003, on a dénombré 9,2 millions de morts en raison des conflits armés, et à partir de 2003, 15,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays[369]. »
En 2008[370], sur 35 conflits graves répertoriés dans le monde, 13 sont situés en Afrique, où15 pays sur 53 sont concernés par une « crise d’intensité moyenne à haute ». La situation ne s'améliore pas au fil du temps ; en, sur seize opérations de maintien de la paix menées par l'ONU, neuf se situent en Afrique[371],[notes 69] et, en, sur dix « situations sous enquêtes » à laCour pénale internationale, neuf concernaient l'Afrique[372]. De même, leconflit du Rwanda a été juridiquement[notes 70] qualifié degénocide[373].
S'il est possible de caractériser globalement les conflits africains (ils sont locaux ou transfrontaliers mais pas inter-étatiques)[notes 71], l'historiographie moderne échoue à trouver des explications partagées à ce sujet[notes 72],[375], chaque situation étant,in fine, considérée comme particulière.
Il existe néanmoins des facteurs de contexte fréquemment évoqués : la faiblesse voire ladéfaillance des États (Burundi, République centrafricaine…)[376],[375],[374], phénomène souvent corrélé à un faible niveau de revenu et à une répartition inégalitaire des revenus sur des bases ethniques ou géographiques. Cela nourrit les antagonismes ethniques (Côte d'Ivoire,Rwanda,Touareg au Mali…)[377],[378] lesquels, parfois, traversent les frontières (Liberia et Sierra Leone, Rwanda, Burundi et Ouganda, Guinée-Bissau etrébellion casamançaise…)[377]. Ces inégalités économiques, pour l'aspect géographique, entraînent des luttes pour l'appropriation des zones où se situent les ressources naturelles, sources des richesses (Soudan du Sud, Somalie, république démocratique du Congo[379],[380]…)
Ces facteurs se conjuguent de manière complexe[notes 73], d'autant que dans un monde globalisé, les diasporas jouent un rôle, par le financement[notes 74], l'appui à l'organisation des rébellions et la propagation des idéaux dans les pays extérieurs au continent (Érythrée…)[382],[383] et que l'Afrique s'inscrit aussi dans une« mondialisation criminelle[384] » des« foyers terroristes […] qui se concentrent dans un croissant s’étirant du Pakistan au Sahel[385]. » Cette mondialisation a aussi pesé de tout son poids dans lesprintemps arabes de 2011 en Égypte et en Tunisie[386],[387], ainsi que, conjuguée à la problématique terroriste, dans le conflit libyen, à dimension internationale[388],[389].
La montée en puissance des mouvements djihadistes et la multiplication des conflits armés sur le continent entraînent plusieurs interventions internationales, notamment celles de la France (au Sahel avec l'opération Serval puisBarkhane) et desÉtats-Unis (opération Enduring Freedom - Trans Sahara). Ces interventions visent à soutenir des gouvernements alliés mais aussi à affaiblir des foyers djihadistes susceptibles de constituer des bases pour des attaques terroristes contre l'Europe[393].
Selon le Global terrorism index, entre 2014 et 2015, le Nigeria est après l'Irak le deuxième pays le plus touché au monde par lesattentats terroristes islamistes, en nombre de morts[394]. L'Afrique subsaharienne possède en outre le sinistre record du plus grand nombre moyen de morts par acte terroriste (6,7 morts)[395] et Boko Haram est le groupe terroriste le plus meurtrier de la planète en 2014[396].
La société africaine est extrêmement jeune. En 2004, un Africain sur deux a moins de 20 ans[402]. En 2012, 70 % de la population du continent avait moins de30 ans[403],[404] et 44 % de sa population avait, en 2006, moins de15 ans, ce qui en fait« incontestablement la plus jeune région du monde »[405],[406]
L’estimation de la population africaine avant 1950 est un problème complexe en raison de l’absence de données fiables pendant la période coloniale et, plus encore, pendant la période précoloniale. Tous les chiffres avant 1950 sont des estimations basées sur des données plus ou moins lacunaires et sur des projections[407].
La fin du commerce des esclaves coïncide avec la conquête coloniale. Il est estimé que les régimes coloniaux, en particulier français et belge, ont provoqué des déclins de population, en grande partie à cause de la propagation de maladies, en particulier par les fonctionnaires coloniaux africains et européens[407]. Dans certaines régions, comme les régions côtières, l'augmentation de la productivité a entraîné une augmentation de la croissance de la population. Lors de la période coloniale, les Africains ont connu des changements dramatiques de leurs conditions de vie, des taux de croissance accélérés, de brusques changements dans les modèles de migration et les débuts spectaculaires de l'urbanisation[407]. L'espérance de vie, bien que faible par rapport à celle des autres régions et changeant peut-être avec un certain retard, s'est néanmoins allongée de façon impressionnante. Entre 20 et 25 ans, au début duXIXe siècle[411], l'espérance de vie à la naissance était passée à 36,7 ans pour la période 1950-1954[412].
L'Afrique est le continent dont la population en pourcentage a le plus augmenté depuis le début duXXe siècle et dont le taux d'accroissement naturel, avec 2,5 % en 2015, est le plus élevé[413]. Estimée à133 millions d'habitants en 1900 soit 8,1 % de lapopulation mondiale, la population de l'Afrique est passée en1950 à228 millions soit 9,1 % puis à808 millions en2000 soit 13,2 %, et à 1,1 milliard en 2012 soit 16 % de la population mondiale[414]. Selon les estimations de l'ONU, la population de l'Afrique pourrait être de 2,5 milliards en 2050, soit 25 % de la population mondiale, et de 4,4 milliards en 2100, soit 39 % de la population mondiale[415],[413],[416]. LeNigeria, larépublique démocratique du Congo et l'Éthiopie seront, en 2050, parmi les dix pays les plus peuplés de la planète[417].
Cette croissance démographique est susceptible d'avoir des effets contrastés selon que l'on adopte un point de vuemalthusien et afro-pessimiste ou non[420]. Ainsi laBanque mondiale présente-t-elle en 2015 un rapport intitulé « La transition démographique africaine : dividende ou désastre[421] ? » Le rapport expose qu'une partie de l'Asie a connu une situation similaire avant sa transition démographique et le décollage économique destigres asiatiques[422],[423]. On peut citer comme exemple positif le fait que la concentration des populations en ville crée des marchés solvables pour les agricultures locales[424]. Ou bien encore constater que l'accroissement démographique est un bienfait pour le développement du marché de la téléphonie mobile[notes 76], ce qui a été à la base de la « bancarisation » (mobile banking) fulgurante du continent[425] qui permet à l'Afrique d'être la« championne du monde du paiement par téléphone mobile[426] ». La croissance de la population est donc aussi celle de la consommation domestique et du développement économique qui l'accompagne[427] notamment grâce aux « classes moyennes »[428] qui croissent plus vite (3,1 %) que la population dans son ensemble (2,6 %)[429].
Dans ce contexte, latransition démographique du continent, entamée dans certains pays (Kenya, Sénégal, Botswana[423]…), si elle se confirme, est une chance potentielle[430],[431] grâce à la baisse dutaux de dépendance qu'elle entraînerait avec une population active plus importante que celle des inactifs. Quelques pays (Ghana, Côte d’Ivoire, Malawi, Mozambique et Namibie) ont déjà été identifiés comme étant sur cette voie[432].
Les positions malthusiennes, à rebours, invitent à considérer la croissance de la population comme un fardeau en parlant de « suicide démographique », avançant que la transition démographique est loin d'être globalement acquise et que les taux de dépendances sont, pour l'heure, extrêmement élevés[433]. De même, les investissements, notamment en éducation, qui devront accompagner la transition démographique pour la transformer en vraie chance, sont considérables[433]. La population, en tout état de cause plus nombreuse, devra s'entasser car même si la densité globale du continent est faible (36 hab/km2), certaines zones sont inhabitables ce qui fait que l'on constate, en certains endroits du Nigeria, pays le plus peuplé du continent, des densités de l'ordre de 190 hab/km2[433] et de 420 hab/km2 au Rwanda[434], et que 62 % des urbains d'Afrique subsaharienne vivent dans des « quartiers précaires[435] ». À l'inverse, l'Afrique du Nord est la région qui connaît la plus faible proportion de population urbaine vivant dans des bidonvilles (13 %)[436].
Une caractéristique principale du continent[437] est que son indiscutable croissance économique ne bénéficie que peu à ses populations. C'est le concept de « la croissance sans le développement », proposé parGeorge Ayittey[438].
Le taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) pour l'Afrique subsaharienne est de 4,7 en 2018, soit le plus élevé au monde[439]. Tous les pays d'Afrique subsaharienne avaient untaux de fécondité (nombre moyen d'enfants) supérieur au seuil de remplacement en 2019 et représentaient 27,1 % des naissances vivantes dans le monde[440]. En 2021, l'Afrique subsaharienne représentera 29 % des naissances mondiales[441].
La croissance démographique est liée autaux de fécondité lequel, en Afrique, est le plus élevé au monde avec 4,7 enfants par femme pour la période 2010-2015, contre une moyenne mondiale de 2,5[442].Si la majeure partie des pays africains ont untaux de natalité élevé, ils font également face à une mortalité infantile très élevée. En 2013, deux pays africains avaient un taux de mortalité infantile supérieur à 100 ‰ et 34 un taux supérieur à 50 ‰[443]. Par ailleurs, les quatre pays ayant l'espérance de vie la plus faible dans le monde en2012 étaient tous africains[444].
Lesida est devenu la première cause de mortalité en Afrique à la fin duXXe siècle[445]. C'était encore le cas en2007, oùONUSIDA estimait à22 millions le nombre de personnes infectées en Afrique[446]. En 2013, sur35 millions de personnes infectées, 24,7 millions vivaient en Afrique subsaharienne, dont 58 % de femmes[447]. LeVIH a fait 1,3 million de morts sur le continent en 2009, mais il en faisait 1,4 million en 2001. Entre 2005 et 2013, les cas de nouvelles contaminations ont cependant baissé de 33 % enAfrique subsaharienne[447].
La mortalité infantile a chuté de 30 % en20 ans et l'espérance de vie s'est accrue de 15,4 ans depuis 1950. Mais, en Afrique subsaharienne, 1 enfant sur 8 meurt avant ses5 ans contre 1 pour 143 dans les pays développés[448].
Les conditions sanitaires sont largement indépendantes de l'économie. Malgré un niveau de revenu cinq fois inférieur, l'Éthiopie, (573 $/hab[449]), grâce à sa politique en la matière, présente de meilleurs indicateurs sanitaires que leNigeria (3 203 $/hab.[449]) : mortalité infantile 47 ‰ (78 ‰ au Nigeria), mortalité maternelle 350 ‰ (630 ‰ au Nigeria)[450]. De la même manière, l'aridité est corrélée avec la malnutrition mais, pour des raisons politiques, cette dernière sévit lourdement enrépublique démocratique du Congo, pourtant un des pays les plus arrosés de la planète[451].
Les migrations volontaires de l'Afrique subsaharienne sont massivement internes, ce qui est sans équivalent sur les autres continents. Les trois-quarts, voire plus[notes 77], des migrations d'Afrique subsahariennes sont intra-continentales. Elles concernent de 20 à70 millions de personnes selon les sources[notes 78]. Les migrations volontaires extra-continentales sont donc fortement minoritaires et,a fortiori, ne représentent qu'un flux et un stock très minoritaire des immigrés dans les pays de l'OCDE : l'Afrique subsaharienne représente« 6 % des flux migratoires vers les pays de l’OCDE, et 5 % du stock de migrants[452] ». En ce qui concerne l'Afrique du Nord, les migrants qui en sont issus représentent 7 % du stock total de migrants de la zone OCDE[452].
Du fait de la conflictualité du continent, aux migrations volontaires, essentiellement économiques (travail, commerce), s’ajoutent les déplacements forcés ; les personnes déplacées internes (dans leur propre pays) et réfugiées (personnes déplacées ayant franchi une frontière internationale), étaient17 millions en 2014[453].
L'urbanisation est massive, rapide[454],[455] et mal contrôlée, d'où la prévalence des bidonvilles[435] ; les nouveaux urbains sont essentiellement des « pauvres », issus de l'exode rural[notes 79]. En ville, les habitants tendent à se regrouper par communauté, région ou village d'origine[457], tentant de préserver une solidarité dans le nouveau contexte urbain[458].
La société africaine est donc de plus en plus constituée de jeunes urbains, lesquels développent une culture spécifique[459] qui, notamment grâce à l'internet, se diffuse au niveau international[460] ; cela concerne principalement la danse et la musique,zouglou,kuduro[461],[460]… Les jeunes sont aussi les premiers concernés par les intenses mouvements de population intra-continentaux qui caractérisent l'Afrique. Mais, exaspérés par le chômage et le mal logement, ils sont aussi les acteurs d'une préoccupante violence urbaine[462],[463],[notes 80].
La jeune population africaine souffre d'un manque d'éducation[466]. Lesprogrammes d'ajustements structurels ont eu tendance à mettre à mal les politiques en la matière du fait des coupes claires effectuées dans les budgets des États concernés :« les taux de scolarisation primaire sont descendus en Afrique subsaharienne à 71 % en 1990 […] loin du maximum de 79 % atteint en 1980[353] ». Les taux de scolarisation secondaire ont, eux, progressé, passant de 14 % des scolarisables à 27 % entre 1980 et 1996. Les disparités sont cependant importantes entre pays et, globalement, ces chiffres sont nettement supérieurs enAfrique du Nord[467].
Pour ce qui concerne l'enseignement supérieur, il y a, selon l'Unesco, en 2012, 4,8 millions d'étudiants dans des établissements d'enseignement supérieur des pays subsahariens, soit près de vingt-cinq fois le chiffre de 1970. La poussée démographique et les moyens déployés par les États pour améliorer l'accès à l'enseignement primaire et secondaire expliquent la hausse de fréquentation des campus africains. Le continent reste en retard sur le reste du monde, avec un taux de scolarisation dans l'enseignement supérieur de 6 % selon l'Unesco, contre 13 % dans le sud et l'ouest de l'Asie et 72 % enAmérique du Nord et enEurope occidentale[468].
Le continent est pauvre, 47 % des Africains vivent en dessous duseuil de pauvreté, avec moins de 1,25 US$PPA par jour[469]. Mais, contrepartie de l'urbanisation, le continent voit aussi émerger une classe moyenne — quoique les contours en soient discutés[470],[471] — de plus en plus importante en nombre et en proportion des habitants[469], aspirant à la démocratie et à la bonne gouvernance, soucieuse de s'inscrire dans la mondialisation culturelle et économique[472]. Elle fut d'ailleurs un acteur important desprintemps arabes[473],[474],[475]. Cette classe moyenne est au cœur du changement de l'Afrique, d'abord par l'effet d'entraînement économique lié à sa consommation. Ensuite, moins féconde que la moyenne[476], elle participe à latransition démographique qui permettra peut-être de concrétiser le « dividende démographique » lié à la baisse dutaux de dépendance (ratio inactifs/actifs) qui ferait de la démographie africaine un atout et non pas un boulet[477],[423],[478]. Une des conditions du dividende démographique est que le niveau d'éducation s'élève ; les classes moyennes et aisées ont plus accès que les autres à un enseignement de qualité, notamment grâce aux établissements privés en plein essor[479].
Malgré quelques progrès[480] depuis la chute du mur de Berlin et les conférences nationales sur le continent[357],[359], 12 % de la population d'Afrique subsaharienne vit dans un pays considéré comme libre selonFreedom House ; les autres Africains vivent dans des pays « non libres » ou « partiellement libres »[481]. L'indice de démocratie, avec des indicateurs différents, donne des tendances très similaires[482].
La famille et l'ethnie sont les deux piliers de la sociologie du continent.
L'Afrique est souvent présentée comme une mosaïque de peuples et de cultures (on compte plus de 1 000ethnies sur le continent[490]), c'est la principale caractéristique de sa sociologie car l'ethnie est le fondement de la solidarité et de la cohésion communautaire bien plus que l'État-nation[491],[492].
L'aspect clé du fait ethnique est le sentiment d'appartenance[notes 83] :« L’ethnie constitue donc un ensemble […] que l’on s’accorde à définir à partir d’un critère empirique : celui de la conscience ethnique[494] » ; elle est la base de l'identité à laquelle se réfèrent les individus, sur le fondement d'une ascendance commune revendiquée, réelle ou mythologique[495]. Multiséculaire ou inventée par le colonisateur, revendiquée par les individus quelle qu'en soit la réalité scientifique, elle peut être mobilisée militairement[496], comme ce fut tragiquement le cas auRwanda[497],[498], ou pour bénéficier de soins à l'hôpital[notes 84] ou, plus pacifiquement encore, pour traiter d'une tradition musicale[500],[501].
L'ascendance commune est relatée dans de grandsmythes fondateurs, qui existent sur tout le continent, certains étant communs à plusieurs ethnies[502]. Ces mythes cosmogoniques servent encore de références à l'époque contemporaine ; ils se transmettent de nos jours au travers de la littérature écrite[503] après l'avoir été oralement[504].
En parallèle, les systèmes deparenté,famille élargie,clans etlignages, sur les mêmes fondements d'ancêtres communs, en principe réels dans ce cas, complètent les bases sociales fondamentales[505],[506] :« Une organisation sociale puissante fondée sur la famille étendue exerce […] une action de premier plan dans la stabilité de la société[507] ».
Les structures sociales pré-coloniales et les modes de gestion qui les caractérisent coexistent aujourd'hui avec les États modernes. Les relations sociales se régulent selon des étages sociaux distincts :« […] il a dans la société africaine des affaires qui relèvent du niveau du lignage, de l'ethnie, de la tribu… et d'autres qui relèvent du niveau de l'État[508] » ; les régulations sociales, y compris dans certains aspects juridiques, échappent à l'autorité étatique.
En effet, l'État-nation et les concepts relatifs ont été brutalement importés via la colonisation, sans qu'il y ait eu un temps de maturation historique, particulièrement dans les sociétéssegmentaires etlignagères :« il est de vastes régions en Afrique qui n’ont connu avant la colonisation ni chefferies ni États, l’organisation sociopolitique étant de type « lignager »[509] »[510],[notes 85]. Même là où existèrent de puissants royaumes ou empires, l'organisation politique ne suivait pas le modèle occidental, la différence essentielle étant l'absence de recouvrement systématique entre le royaume ou l'empire et un territoire délimité[208],[512]. Cette importation ne s'est pas faite sans heurts, y compris dans les consciences individuelles[notes 86] et les institutions préexistantes ont perduréde facto[514] mais ausside jure[515], les États actuels confiants souvent et officiellement des fonctions aux chefs traditionnels aujourd'hui encore[516],[517],[518],[519].
Les deux systèmes ne fonctionnent pourtant pas sur les mêmes bases, les fonctions du chef coutumier étant culturellement très éloignées de celle d'un fonctionnaire d'administration centrale ou locale. Le rapport à la terre et au pouvoir sont notamment très différents de la conception purement juridique et il existe une composante sacrée absente des bureaux administratifs[520].
En certains endroits, l'Afrique de l'Ouest, dans une quinzaine de pays (Mali, Guinée…) et autant d'ethnies (Malinkés,Bambaras…), connaît aussi un système de castes liées au métier, hérité de l'empire du Mali duXIIIe siècle[521]. Les castes les plus typiques sont celles des forgerons (considérés, même dans les sociétés sans castes, comme ayant des relations particulières avec le monde spirituel[522]) et desgriots, porteurs de la culture orale traditionnelle[notes 87],[524],[525].
Le rapport africain à la terre et les formes d'organisation productives agricoles se distinguent de leurs homologues des autres continents[526]. Concernant la production agricole, le lot commun, y compris en Afrique, est l'étape de la société paysanne, organisée autour de l'auto-production familiale[527].
Mais la distinction fondamentale avec les autres parties de la planète, c'est que la terre n'est pas un bien matériel susceptible d'être possédé formellement par un individu, qu'il soit simple citoyen ou dirigeant d'une organisation politique (chefferie ou empire)[notes 88]. Même la monarchie d'essence divine ne s'accompagne pas pour autant, en Afrique, d'une possession formelle de territoires délimités. Le « chef » africain n'est pas essentiellement un dirigeant politique gérant des terres, il était (et reste dans ses formes traditionnelles), un intercesseur entre le sacré et le profane ; dans la conception africaine,« la terre n’est pas un bien matériel au sens où nous l'entendons en Occident, mais le lieu sacré où se rencontrent le visible et l'invisible[93]. » Les figures du propriétaire terrien et de l'aristocrate foncier sont absentes du système de production africain[529] :« la conception que se font de la propriété privée le droit romain, le Code civil et Marx ne s'est développée en Afrique que pour certains biens meubles d'utilisation domestique mais pas pour cet essentiel facteur de production qu'est la terre[530]. » De ce fait, la « tenure » africaine, y compris contemporaine, est originale au regard des conceptions occidentales et asiatiques, et complexe par le fait[531].
Cela ne fut pas sans causer des difficultés au moment de la colonisation. Ainsi, la pratique de l’indirect rule britannique, consistant à s'appuyer sur des leaders indigènes, conduisit à fabriquer des chefs là où il n'y en avait pas. Ce fut le cas au Nigeria par exemple, pour lesIgbos ; leur système social décentralisé, inadapté aux conceptions européennes et aux visées coloniales, lesquelles nécessitaient un chef territorial, amena la création de chefferies artificielles[532].
De cette conception du rapport à la terre découle une problématique foncière. À l'époque actuelle, le droit coutumier et le droit foncier moderne sont encore et toujours en concurrence, le premier étant frontalement attaqué car considéré comme empêchant la modernisation et le développement de l'agriculture sur un continent en proie à l'insécurité alimentaire[533]. Les femmes représentent jusqu'à 70 % des exploitants agricoles en Afrique subsaharienne mais le droit coutumier fait qu'elles n'ont pas de titres de propriété sur les terres qu'elles exploitent[533], la coutume ne concédant que des droits d'usage[534]. Sachant que, par ailleurs, 10 % seulement des terres rurales africaines sont enregistrées, 90 % sont donc gérées de manière informelle et coutumière[533]. Le développement de la propriété foncière et la prise en compte de la place des femmes sont donc considérés comme des leviers indispensables au développement agricole du continent[notes 89],[536],[537].
Cette religion mêle le culte des génies de la nature (génie du blé, déesse des moissons…) à des dieux cosmiques d'importance supérieure, qui se manifestent sous forme de phénomènes physiques (Rê, le soleil,Geb, la Terre…)[540]. Les Égyptiens anciens représentent leurs dieux sous une formezoomorphe, incarnés dans des animaux ou sous des formes mixtes, en partie anthropomorphes.Horus, par exemple, est représenté comme un hommeà tête de faucon.
Les rituels sont pratiqués par des prêtres, délégués de Pharaon, dans destemples qui deviennent monumentaux lorsque leurs constructeurs commencent à utiliser la pierre au lieu de la brique. Les différents dieux sont en général propres à une zone donnée, autour d'une ville principale dont ils sont la divinité tutélaire. Ces zones correspondent à peu près auxnomes (subdivisions administratives) quoique certains cultes aient rayonné plus largement[541].
Dans la civilisation égyptienne, la religion joue un rôle de tout premier plan[538].Pharaon, roi, est aussi l'intermédiaire entre les hommes et les dieux, il est lui-même assimilé à un dieu vivant[542]. Le thème de la vie après la mort, particulièrement important dans l'Égypte antique, conduit à la construction desmastabas puis despyramides, tombeaux monumentaux, ainsi qu'à des rituels de momification (réservés aux couches sociales les plus élevées)[540]. Tout cela s'inscrit dans le contexte d'une société fortement stratifiée, l'une des premières de l'histoire à atteindre le stade de proto-État[543].
Cette religion connaît une résurgence dans la deuxième moitié duXXe siècle sous la forme dukémitisme, le terme désignant soit une revendication politique radicale panafricaniste où lekemet égyptien est considéré comme à la base de toute civilisation, thèse qui se prévaut de celles deCheikh Anta Diop, soit un mouvement spirituel de la mouvance dunéopaganisme[544],[545].
Le fait religieux africain autochtone est vulgarisé typiquement comme une forme d'animisme monothéiste[546],[547]. Cependant, la définition même de l'animisme, due àEdward Tylor dansPrimitive culture en 1871[548], le fait que l'animisme puisse être une religion[549],[550] ou que la définition s'applique aux pratiques africaines sont encore débattus[notes 90]. Symbole de cette difficulté à caractériser ce fait culturel et religieux, la terminologie actuelle de « religions traditionnelles africaines » n'est apparue que récemment, en 1965[552].
Les traits communs des religions traditionnelles africaines sont qu'elles postulent l'existence d'un être suprême, créateur et organisateur de l'univers. Il est en général décrit comme éloigné des hommes et inaccessible. À côté, il existe des esprits, dont ceux des ancêtres, ainsi que des divinités mineures, en lien avec la nature (génie des eaux, par exemple), plus accessibles, qui sont fréquemment invoqués car susceptibles d'intervenir sur Terre[546] pour favoriser ceux qui l'invoquent ou pour rétablir l'ordre troublé (maladie, mauvaises récoltes, etc.) et l'harmonie du monde. En effet, les difficultés de la vie et de la société sont considérées comme causées par la violation des tabous et des règles sociales[553],[554],[555] :« La religion traditionnelle a donc pour double but d'intégrer les individus dans le cosmos et de perpétuer l'ordre social[556]. »
Les rituels, entre autres d'initiation, nombreux et fortement codifiés, sont pratiqués sous l'égide d'experts religieux (oracles, guérisseurs…). Il n'existe pas de corpus dogmatique (« textes sacrés ») écrit, à l'inverse desreligions du Livre, et la transmission des savoirs afférents est orale. Y sont associées de nombreuses et diverses représentations sous forme de statuettes, masques… classiques de l'art africain[546].
Les religions traditionnelles sont le plus souvent propres à une ethnie et à une aire géographique donnée ; cependant les ethnies itinérantes peuvent les propager sur de vastes territoires. Certaines religions ont même essaimé, essentiellement via les esclaves africains, tels levaudou à Haïti, lasanteria à Cuba, lecandomblé au Brésil[557],[558],[553].
La religion traditionnelle conduit à une conception du monde où l'imbrication du sacré et du profane est forte :« La religion africaine traditionnelle était (et reste) inextricablement liée à la culture africaine[559] » ; il n'y a pas de distinction entre religion et culture[notes 91] puisqu'il est toujours possible d'interpréter ce qui se passe dans le monde prosaïque comme étant causé par l'action des divinités ou des esprits[561]. Ainsi, il est coutumier de dire qu'en Afrique, on ne meurt jamais de mort naturelle :« L'expression mort naturelle ne couvre pas le même champ sémantique en Afrique ou en Occident. En Afrique, la mort […] résulte […] d'une intervention (faute du défunt = viol de l'interdit, vengeance de l'ennemi, maléfice du sorcier)[562]. » Entre pratique cultuelle et pratique culturelle, le statut de certains rites est d'ailleurs parfois difficile à définir. En 1972, lebwiti était défini par certains auteurs comme une« société initiatique mixte qui tend de plus en plus à devenir une véritable religion[563]. »
Cette conception du monde a un impact politique. Le dirigeant porte simultanément l'aspect politique, profane, par exemple la gestion des conflits ; dans le même temps, il est intercesseur avec le sacré et il partage le plus souvent son pouvoir avec d'autres intercesseurs[notes 92]. Cela reste vrai à l'époque actuelle, notamment dans les sociétés rurales, quoique pas uniquement[564].
Cette intrication explique les syncrétismes apparus en Afrique subsaharienne à l'occasion de l'implantation des religions importées, islam et christianisme[notes 93].
Le commerce caravanier et l'expansion islamique permettent de nouer de nouvelles relations entre l'Afrique du Nord et le reste du continent[574]. L'islamisation se fait de trois manières : volontaire (les croyants le deviennent par conviction, pacifiquement), contrainte (les populations se convertissent pour ne plus être prises enesclavage et pour échapper à ladouble-imposition) ou forcée (lors des conquêtes militaires, les vaincus n'ont parfois d'autre choix que la conversion ou la mort). L'islamsunnite se répand surtout auMaghreb, l'islamchiite dans certainesoasis sahariennes et enÉgypte, d'où il sera supplanté ultérieurement[575].
Les prêtres et « sorciers » des nombreux cultesanimistes sont parfois les premiers à se convertir, afin de sauvegarder leurs positions sociales et leurs savoirs traditionnels ; ils forment de puissantesconfréries comme lesMourides et lesTidjanes en Afrique occidentale. De ce fait, le christianisme et l'islam présentent parfois des particularitéssyncrétiques etinitiatiques typiquement africaines[576], que lesintégristes de chaque religion et lesmissionnaires combattent.
Les religions traditionnelles africaines ont moins de pratiquants aujourd'hui qu'avant l'arrivée des Européens, mais elles restent importantes dans certains pays, par exemple auBénin[notes 94] et auTogo[588]. Les pratiques religieuses africaines sont syncrétiques ; la chose est du reste parfaitement revendiquée[notes 95], à tel point que l'Afrique subsaharienne a inventé l'aphorisme « 50 % chrétien, 50 % musulman, 100 % animiste »[589],[590],[591],[592],[593] pour caractériser la répartition des religions dans la région.
Dans les pays duMaghreb, l'islam, très majoritaire, est religion officielle[594]. La Tunisie[594] et la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest ont une constitution laïque qui garantit la liberté de religion[595].
Afrique francophone.Carte simplifiée des familles linguistiques en Afrique.Une représentation simplifiée des langues autochtones en Afrique[600]. Leur multiplicité a déterminé la majorité des États à adopter comme langue officielle celle de leur ancienne puissance coloniale.
Les linguistes recensent environ 2 000langues vivantes sur le continent africain[601],[602] (soit environ le tiers des langues du monde), regroupées en quatre grandes familles, exclusion faite deslangues de souche non africaine.
Lafamille Niger Congo compte près de 1 500langues vivantes, ce qui fait d’elle la plus grandefamille linguistique du monde (22 % deslangues de la planète et 71 % des langues africaines)[608]. Elle couvre la plus grande partie du territoireouest-africain et concerne l’immense majorité de la population de la région. Elle compte en son sein un groupe, lebantou, qui couvre à lui seul la quasi-totalité de l’Afrique sub-équatoriale à l’exception de l’aire khoisan[608]. On retrouve dans cette famille la langue swahili (parfois appelée kiswahili).
Beaucoup de spécialistes estiment que le foyer originel desBantous se situe au sud de laBénoué, à la frontière duCameroun et duNigeria. Il y a de cela 4 000 ans, lesBantous entament une longue migration vers l’Afrique centrale, sans doute poussés par l’aridification du climat et le développement de l’agriculture et de l’élevage. Cette expansion prend près de trois millénaires. LesBantous n’atteignent le sud du continent qu’auxXVIe et XVIIe sièclesav. J.-C., fuyant lesMassaï venus de la hautevallée du Nil. Les nombreuses similitudes entre leslangues bantoues ainsi que leur remarquable extension géographique en font une zone linguistique spécifique très souvent distinguée du reste de la famille nigéro-congolaise[608].
Entre 1992 et 2002, le nombre d'apprenants du et enfrançais en Afrique subsaharienne et océan Indien a augmenté de 60,37 %, passant de 22,337 millions à 34,563 millions de personnes. On peut observer une tendance similaire au Maghreb. Cependant, les chiffres fournis par l'Organisation internationale de la francophonie pour leMaghreb ont été réunis avec ceux duMoyen-Orient, le décompte exact pour les pays du Maghreb n'est donc pas possible mais on observe une augmentation de 10,47 millions à18 millions d'apprenants pour cet ensemble, quand bien même le français n'est pas langue officielle (cas de l'Algérie par exemple). D'ores et déjà, il y a plus defrancophones en Afrique qu'enEurope[610].
L'échange de biens économiques apparaît avec le passage de l'économie de prélèvement (ou de prédation) à l'économie de production, au moment de larévolution néolithique et de la sédentarisation[612].
Dès l'Égypte antique voit la naissance d'un État puissant[613] ; à sa tête, lePharaon contrôle le commerce et l'exploitation des mines[614]. Le bois, rare dans la région, est un élément important des échanges[615].
En Afrique subsaharienne, l'échange de biens est attesté au néolithique récent et aux débuts de l'âge du fer, durant leIer millénaire av. J.-C.[616] Il porte sur le fer et la pierre (pour les outils et les armes), le cuir, le sel, les céréales, le poisson séché, les tissus, la céramique, les bois travaillés, les noix de cola et les parures en pierre et en fer[617].
Durant leIer millénaire av. J.-C. et les premiers siècles de l'ère chrétienne, l'Afrique du Nord avec les comptoirs phéniciens, grecs, romains et l'Afrique subsaharienne prospèrent aux deux extrémités des routes ducommerce transsaharien[618] tandis que se continue le commerce vers le Proche-Orient. Un peu avant le début de l'ère chrétienne, l'Afrique du nord, notamment laCyrénaïque, est le grenier du monde antique[619]. Au début de l'ère chrétienne, leroyaume d'Aksoum est une puissance de premier plan du commerce mondial[620] ; les textes font allusion à une large gamme de produits exportés : obsidienne, ivoire, cornes de rhinocéros, peaux d’hippopotames, singes, tortues, poudre d’or, parfums, animaux vivants et esclaves[621].
Les nouveaux États, indépendants à partir des années 1960, reprenant les frontières coloniales, sont majoritairement desÉtats rentiers où desoligarchies captent la rente (pétrolière et/ou minière) mise en place au moment de la colonisation[629],[628]. Les richesses africaines ont permis l'accumulation du capital en Europe, préalable à son industrialisation, mais le continent africain en a été privé. L'économie de l'Afrique reste donc rentière, extravertie et la logique redistributive l'emporte sur celle d'accumulation[629].
Croissance du PIB, investissements étrangers directs et aide publique au développement en Afrique, auXXIe siècle.IDE en Afrique, part dans l'investissement mondial.Aide publique au développement en Afrique, en dollars constants.
La caractéristique la plus générale du continent est que son économie et ses exportations reposent sur les industries extractives[notes 98],[631],[632] :« la moitié environ des pays d’Afrique subsaharienne sont exportateurs nets de produits de base et, contrairement à ce qui s’est passé ailleurs, les exportations de produits des industries extractives ont vu leur importance augmenter depuis les années 1990, ce qui a fait de cette région l’une des parties du monde les plus fortement tributaires des produits de base, plus ou moins à égalité avec la région Moyen-Orient et Afrique du Nord[633]. » Cela entraîne une forte dépendance aux cours internationaux des matières premières[634]. À titre d'exemple, 80 % des exportations de l'Algérie sont constituées de produits pétroliers[635]. En 2014, pour l’ensemble du continent, le pétrole et ses dérivés ajoutés au gaz naturel liquide ou gazeux, représentaient 53,3 % des exportations[636].
S'il est riche en pétrole et le plus riche de la planète en matière de minerais avec 30 % des réserves minérales mondiales[340], il l'est aussi en terres agricoles disponibles, ce qui crée une nouvelle « ruée sur l'Afrique » notamment de la part depays du Golfe et depays émergents comme l'Inde et laChine[637],[638], qui achètent des terres sur le continent. Environ 5 % de la surface du continent appartient ou est louée pour une longue durée à des pays étrangers[639]. Ce phénomène est appelé « accaparement des terres ».
Cependant, le continent est « en retard » (34 des 48pays les moins avancés se situent en Afrique[647]) et présente de faibles performances ; en 2014, le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat est de 3 513 $[648] pour l'Afrique subsaharienne, alors que la moyenne mondiale se situe à 14 956 $[648]. En 2018, lePIB du continent africain est estimé à 2 510 milliards dedollars (USD) par leFMI, cela représente 2,8 % de l'économie mondiale[649].
Partant, de nombreuses études existent sur les causes de ce phénomène, que d'aucuns appellent la « malédiction des tropiques »[650]. On a ainsi mis en avant les facteurs démographiques (fécondité…), politiques (faiblesse des États de droit…), historiques (influence de la colonisation…), infrastructurels (production d'énergie insuffisante…)[641], ou invoqué la malédiction des frontières (États trop petits, enclavés…) ou bien encore, constatant le poids des industries extractives, lesyndrome hollandais (ou « malédiction des matières premières »)[651],[652],[653] et le phénomène d'État rentier qui l'accompagne (captation des revenus de la rente par une oligarchie au détriment de la population)[654].
Le continent n’a donc pas de handicaps géographiques, culturels ou structurels indépassables, de malédiction qui l'accablerait, c'est la politique qui a créé laRising Africa (« l'Afrique montante ») et qui lui permettra de prospérer à l'avenir[666].
Pour l'heure, le retard est bien réel, l'usage même du terme « miracle » indiquant qu'il ne s'agit que de contre-exemples[667] dans une Afrique qui reste le« continent de la pauvreté »[668]. Plus d'un tiers de la population africaine vit en dessous du seuil d'extrême pauvreté, soit 460 millions de personnes, selon la Banque mondiale, et le nombre de personnes pauvres continue d'augmenter[669]. Parmi lesobjectifs du millénaire, les indicateurs concernant l'insécurité alimentaire et lapauvreté sont ceux qui progressent le moins[670].
Le continent reste extrêmement inégalitaire : les quatre milliardaires les plus riches d'Afrique (le NigérianAliko Dangote, les Sud-AfricainsJohann Rupert etNicky Oppenheimer, ainsi que l'ÉgyptienNassef Sawiris) possèdent, en 2025, plus d'argent que la moitié de la population du continent, soit 750 millions de personnes[669]. L'ONGOxfam indique que le creusement des inégalités est en grande partie lié à un manque de volonté politique des dirigeants africains, qui maintiennent des systèmes fiscaux favorables aux plus riches et peu efficaces[669].
D'après lesNations unies, en 2016, les cinq principaux investisseurs étrangers sur le continent africain, en termes de stock d'IDE, étaient lesÉtats-Unis (57 milliards dedollars USD), leRoyaume-Uni (55 milliards), laFrance (49 milliards), laChine (40 milliards) et l'Italie (23 milliards).
Les flux d'investissements étrangers à destination du continent ont chuté de 21 % en 2017 par rapport à l'année 2016. La valeur totale des flux IDE vers l'Afrique pour l'année 2017 s'est élevée à42 milliards de dollars (13 milliards vers l'Afrique du Nord et29 milliards vers l'Afrique subsaharienne). Les flux d'IDE intra-continentaux ont en revanche progressé de 8 %, essentiellement grâce aux entreprises marocaines et sud-africaines[671].
Les années 1980-1990 sont marquées par la crise de la dette[672] ; le relèvement des taux d'intérêt et la baisse des revenus d'exportation plongent le continent dans une crise financière qui amène la mise en place des programmes d'ajustement structurels[673]. Dans le même temps, l’aide publique à l'Afrique diminue notablement, réorientée vers l'Europe de l'est ; c'est l'époque de « AdieuBangui, bonjour Varsovie »[672]. L'organisation politique et économique des États est drastiquement revue notamment par le démantèlement des appareils étatiques jugés coûteux et inefficaces et celui des entreprises para-étatiques à la compétitivité critiquable[673]. Cette purge libérale crée la « génération ajustée » ou « génération déflatée »[674],[notes 102] ; mais, conjuguée au retournement des cycles internationaux en matière de taux d'intérêt, à une reprise des aides publiques vers l'Afrique et à une reprise desinvestissements directs étrangers depuis l'an 2000[676],[677],[678] (avec notamment une forte implication chinoise[679]), cela conduit à une baisse de la charge de la dette dans les finances des États[680]. À la fin de la première décennie duXXIe siècle, l'Afrique est moins endettée que les pays occidentaux développés[681], même si sa dette reste sous surveillance :« La viabilité de la dette est une préoccupation croissante[682] ».
Le continent souffre d'un déficit d'infrastructures (électricité et transport essentiellement) qui lui coûte le chiffre énorme d'environ deux points de croissance annuelle[683] ; or l'investissement en infrastructures est nécessaire à la croissance économique, aux entreprises, mais aussi au bien-être des populations grâce à un accès à l'eau, à laquelle 65 % des africains sont reliés, et surtout à l'électricité, qui présente un taux d'accès de 29 % seulement[684], sachant que« la production cumulée de 48 pays d’Afrique subsaharienne ne dépasse pas les 68 000 mégawatts[68 gigawatts], soit l’équivalent de l’électricité produite par l’Espagne[685] » en 2005, dont 40 gigawatts pour la seule Afrique du Sud[686],[687].
La gouvernance est, avec les infrastructures, l'autre point d'amélioration majeur de l'Afrique[688],[689].
Depuis 2007, l'indice mis en place par la fondationMo Ibrahim évalue l'efficacité de l'action publique des États africains et, avec les notes obtenues (de 1 à 100), établit un classement. La note moyenne du continent a faiblement évolué, passant de 49,9 en 2007 à 50,1 en 2016. La meilleure moyenne régionale se situe enAfrique australe : 58,9 ; et la plus faible enAfrique centrale : 40,9[690].
L'Afrique est l'un des continents où la corruption est la plus répandue selon l'ONGTransparency International :« 3 pays parmi les 10 plus mal classés sont dans la zone Moyen-Orient et Afrique du nord - Irak, Libye et Soudan. […] En Afrique subsaharienne […] 40 des 46 pays de la région montrent de sérieux problèmes de corruption[trad 3],[691]. »
En lien avec la gouvernance, l'économie informelle est une caractéristique importante de l'économie du continent.
L'économie informelle est définie par leBureau international du travail depuis 1993[692], avec une révision en 2003[693], ce qui permet d'avoir des mesures comparables d'un pays à l’autre. Son poids dans l'économie du continent est considérable, compris entre 40 et 75 % du PIB (20 à 37 % en ne considérant que l'activité hors agriculture[694],[695],[notes 103]), causant notamment un manque à gagner fiscal important[697]. La pression fiscale est cependant, en Afrique, une des plus basses du monde et elle est probablement insuffisante[698]. Selon laBanque mondiale« pour déclencher un financement de développement durable, il faut 20 à 24 % de pression fiscale. La moyenne africaine se situe à environ 17 % (35 % dans les pays riches) ; la première puissance économique africaine, le Nigeria, atteint à peine 8 %[699]. »
Macro-économiquement, l'économie informelle est un moyen de la résilience sociale et économique[700] face à une croissance qui n'entraîne pas la création subséquente d'emplois. La proportion d'emplois relevant du secteur informel est estimée à 66 % en Afrique subsaharienne[693].
Au niveau micro-économique, outre l'évitement de l'impôt, l'économie informelle existe aussi par la volonté des opérateurs de contourner la corruption de l’administration et de se désolidariser de la mauvaise gouvernance et du mauvais usage systématique des fonds publics[701]. Pour autant, les entreprises du secteur informel sont soumises aux mêmes mécanismes de corruption que les entreprises du secteur formel, essentiellement le« comportement prédateur des fonctionnaires cherchant des pots-de-vin[702] ».
L'Afrique est inscrite dans la mondialisation économique depuis toujours, notamment par sa façade méditerranéenne et orientale.
Durant l’antiquité, la puissante civilisation égyptienne est, grâce à sa position géographique à la jonction entre le monde méditerranéen et l'Arabie, ainsi qu'au Nil, par lequel transitent les marchandises, au centre d'un important commerce ; ses villes sont les têtes de pont du commerce intercontinental[703]. À la suite, les cités marchandes phéniciennes installées dès leIer millénaire av. J.-C. (fondation d'Utique en, deCarthage vers) sont les vecteurs de l'intégration économique du continent dans la « première mondialisation »[704],[705] ; ainsi et par exemple, auVe siècle av. J.-C., les Carthaginois commercent-ils l'or du désert « au-delà descolonnes d'Hercule »[706]. Un peu plus tard, Carthage vaincue est redevenue une grande ville, une des premières cités de l'empire romain[notes 104].
Après les indépendances, l'Afrique ne prend cependant pas le virage de l'industrialisation. La part en valeur de son économie et de son commerce décroit mécaniquement dans les échanges face à des productions incorporant plus de valeur ajoutée[notes 106].
À l'époque actuelle, la place du continent dans le commerce mondial est minime, environ 3 % en valeur[719] et il ne représente que 1,6 % du PIB mondial (4,5 % en parité de pouvoir d'achat)[720].
Le continent est donc souvent présenté comme « périphérique » ou « en marge »[721],[722].« C'est indéniable si l'on raisonne en termes de PIB[723]. » Cependant, on le considère aussi comme globalement (même historiquement[notes 107]) marginalisé[727] alors que l'étude du temps long montre l'évidence du contraire, y compris à l'époque récente :« c'est faux pour d'innombrables raisons : économiques mais aussi stratégiques, démographiques, culturelles et humaines[723] »[728].
L'Organisation de l'unité africaine (OUA), créée au lendemain des indépendances en 1963, devenueUnion africaine (UA) en 2002, regroupe l'ensemble des pays africains[notes 108]. C'est l'instance la plus large de tout le continent. Il s'agit essentiellement d'un organe politique visant à favoriser la coopération entre les États[731].
À un niveau plus restreint, l'intégration régionale est considérée comme une des clés du développement économique du continent[732],[733],[notes 109],[734],[735],[736]. À cet effet, le continent s'est doté depuis les années 1970 de diverses institutions régionales à vocation intégrative (CEDEAO,UMA,UEMOA,SADC,CEEAC,EAC,IGAD pour les plus importantes[737]) : unions douanières, marché commun, zones de libre échange, etc. Essentiellement tournées vers l'action économique, ces institutions ont aussi, plus tardivement, pris une dimension politique et diplomatique en contribuant notamment à la résolution des conflits ; ainsi, l'ECOMOG, sous l'égide de laCEDAO, est-elle une force d'interposition régionale similaire auxcasques bleus de l'ONU[738].
L'intégration est cependant très en retard ; le commerce intra-africain ne représente que 10 % des échanges et est polarisé autour de quelques pays (Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, Nigeria, Kenya, Zimbabwe et Ghana) et porte pour un tiers sur le pétrole, sachant que, par ailleurs, les échanges informels créent des zones de libre-échangede facto[739],[740].
Le projet panafricain « MAEP » (mécanisme africain d'évaluation par les pairs), quant à lui, vise, sous l'égide duNEPAD, à promouvoir la bonne gouvernance[741].
LeBig Hole, mine de diamant ennoyée en Afrique du Sud.
L'Afrique possède les réserves minérales les plus importantes de la planète, globalement 30 % des réserves mondiales[340], dont 75 % des réserves mondiales de platine, 50 % de celles de diamant et de chrome, 20 % de celles d'or et d'uranium[742], 85 à 95 % des réserves des métaux du groupe du chrome et du platine, 85 % des réserves de phosphate, plus de 50 % des réserves de cobalt, 33 % des réserves de bauxite[743] ainsi que du charbon, du cuivre, du minerai de fer[742]… et aussi 10 % des réserves mondiales de pétrole et 8 % de celles de gaz naturel[340]. Qui plus est, le continent est« l'une des régions géologiques les moins connues de la planète[742] » et, aux réserves prouvées, pourraient donc s'ajouter d'autres découvertes futures.
Ces richesses ont été exploitées durant la période pré-coloniale, notamment le sel, l'or et le cuivre[744], contribuant à créer des empires riches et puissants. Puis, durant la période coloniale, les économies ont été fortement spécialisées pour créer des rentes minières coloniales, léguant aux nouveaux États d'après l'indépendance des économies de rente extraverties et peu diversifiées (État rentier)[745]. À l'heure actuelle, la majeure partie (60 %) des exportations de l'Afrique concernent des matières premières ; elle en est donc fortement dépendante[746]. En outre, elle exporte ses richesses sans les valoriser, faute d'industries locales[747],[748]. C'est lesyndrome hollandais (ou « malédiction des ressources naturelles ») : la rente procurée par les matières premières tend à mettre à mal les industries locales, notamment manufacturières[653],[749]. Le niveau de formation des ressources humaines joue aussi dans la spécialisation africaine car des ressources abondantes et une main-d'œuvre relativement peu qualifiée poussent à exporter des matériaux bruts (ce qui est d'ailleurs aussi le cas pour l'agriculture)[notes 110].
Selon le rapport 2023 de l'Agence internationale de l'énergie sur les investissements dans l'énergie, l'Afrique est la région qui a attiré le plus d'investissements dans legaz naturel liquéfié (GNL) en 2022 derrière l'Amérique du Nord. La région devrait maintenir son niveau dans les prochaines années derrière les États-Unis et le Moyen-Orient. Les investissements dans le raffinage en Afrique devraient excéder ceux au Moyen-Orient en 2023, seulement dépassés par la Chine et l'Inde, avec un total d'une dizaine de milliards de dollars, soit le quart des investissements mondiaux. Les principaux projets dans le pétrole et gaz en Afrique sont « Area 1 LNG (T1-T2) » deTotalEnergies au Mozambique (10 milliards de dollars, 3 milliards de barils équivalent pétrole de GNL, production prévue en 2026), NLNG T7 deNNPC au Nigeria (2,5 milliards de barils équivalent pétrole de GNL, production prévue en 2024),Tilenga de TotalEnergies en Ouganda (1055 millions de barils de pétrole, production prévue en 2026-27), « Area 4 LNG (T1-T2) » d'Exxonmobil au Mozambique (925 millions de barils équivalent pétrole de GNL, production prévue en 2029), « Greater Tortue Ahmeyim FLNG phase 1 » deBP en Mauritanie (915 millions de barils équivalent pétrole de GNL et de pétrole, production prévue en 2023), Waha en Libye (775 millions de barils équivalent pétrole de gaz, production prévue en 2027), A&E Structures de Mellitah en Libye (705 millions de barils équivalent pétrole de gaz et pétrole, production prévue en 2025-26). La république démocratique du Congo estime ses réserves à 22 milliards de barils et n'en exploite que 4,5 % ; elle a lancé le processus de mise aux enchères de 27 blocs pétroliers. La république du Congo vient d'inaugurer sa première unité de liquéfaction de gaz, qui doit produire à terme 3 millions de tonnes par an. Le Sénégal compte commencer à extraire du gaz au plus tard en 2024 ; ses trois projets en cours, GTA exploité avec la Mauritanie, Sangomar et Yakaar Teranga, ont des réserves estimées à 650 millions de barils de pétrole et près de 1 000 milliards de mètres cubes de gaz. Les découvertes se multiplient au large de la Namibie, qui pourrait doubler son PIB en moins de dix ans[759].
Production mondiale de pétrole brut en Afrique 2013[760]
Pays
rang mondial
Nigeria
11
Angola
14
Algérie
18
Libye
21
Égypte
27
Guinée équatoriale
32
République du Congo
33
Soudan et Soudan du Sud
34
Gabon
35
Tchad
42
Produits de l'industrie extractive en volume 2014[761],[762],[763]
Le continent est caractérisé par une insécurité alimentaire persistante. Liste non exhaustive, en 1967-70 leBiafra (Nigeria), en 1983-1985 le Lesotho, en 1972-74 et 1984-85 l'Éthiopie, en 2004 leDarfour (Soudan), en 2005 le Niger, en 2011-2012 lacorne de l'Afrique… ont été touchés par la famine ou la malnutrition[764] ; en 2016, elles sévissent encore, en république démocratique du Congo[765],[766], en Éthiopie, au Malawi[767]… Les deux causes principales sont les événements climatiques et les conflits[notes 113]. Ainsi la sécheresse atteint-elle la corne de l'Afrique[769] tandis que, en république démocratique du Congo, ce sont les conflits qui sont responsables de la situation[770]. Et, parfois, les événements climatiques sont eux-mêmes causes de conflits comme auDarfour[51]… Quoique l'Afrique du Nord soit épargnée et que la prévalence de la sous-alimentation diminue (27,6 % en 1990-92, 20 % en 2014-2016), du fait de la croissance démographique, le nombre de personnes touchées augmente (182 millions en 1990-92,233 millions en 2014-2016), alors qu'à l'échelle planétaire les deux valeurs décroissent[771].
Dans ce contexte, l'agriculture africaine est au centre des préoccupations des économistes et des hommes politiques, car la rendre moins dépendante aux variations du climat[notes 114],[notes 115] et plus performante[notes 116] permettrait de diminuer l'instabilité politique, d'améliorer la santé des populations et de fournir des millions d'emplois. Face à une croissance démographique sans égale, à une population rurale représentant 60 % de la population totale et en croissance constante en valeur absolue ainsi qu'à un secteur agricole proposant 65 % des emplois en Afrique subsaharienne[773], elle est considérée comme une des clés du développement africain[537].
Une agricultrice kényane au travail dans la région dumont Kenya.Culture maraîchère irriguée,Aného,Togo.
L'agriculture africaine n'a cessé de croître, triplant en valeur depuis les années 1980[775] ; cela s’est fait essentiellement par l'extension des superficies consacrées à la production vivrière, prises sur les forêts et la savane[776] :« Au cours des trois dernières décennies, les gains de productivité agricole en Afrique ont été obtenus dans une large mesure par une expansion continue des cultures pluviales, en particulier, les cultures vivrières, sur des terres de plus en plus marginales et/ou par la réduction des périodes traditionnelles de jachère entre deux cycles de culture[777] », ce qui pose des problèmes environnementaux notables[775], sachant qu'en outre les terres s'appauvrissent[778]. Elle est caractérisée par sa faible productivité avec une quantité d'intrants (engrais…) très basse, l'absence d'irrigation et de mécanisation[779],[780] et des exploitations de faible taille. À côté de l'agriculture vivrière, il existe des agricultures de rente et d'exportation (café, cacao, arachide, coton…), reposant sur des exploitations de taille et de productivité largement supérieures. Globalement, les produits agricoles représentent 20 % du commerce international africain en 2006[781], et 30 % du montant des exportations[782].
Les pays les plus urbanisés sont ceux où la valeur ajoutée et les prix payés aux producteurs sont les plus élevés[783], les marchés urbains denses créant une demande solvable permettant l'écoulement des surplus[424]. La pauvreté et l'insécurité alimentaire concernent donc plus particulièrement les populations rurales des pays où le poids de l'agriculture dans l'économie est le plus élevé[784],[785] ; les agriculteurs pauvres des pays ruraux ne peuvent valoriser leur production et sont insérés dans un système d'échanges faiblement monétarisés[786] et, par conséquent, peinent à avoir accès au marché des intrants qui permettraient d'augmenter leur productivité[787].
Contrairement à une idée reçue, globalement, le continent« ne souffre pas d'une insuffisance de la production alimentaire[788] ». Même les agriculteurs pauvres des pays ruraux ont vu leur disponibilité alimentaire augmenter[787]. Les « émeutes de la faim » qui touchèrent le continent (et le reste de la planète) en 2008 étaient dues à des hausses de prix, pas à des quantités disponibles insuffisantes[789]. Ce sont les politiques de prix et de distribution[790] ainsi que les droits fonciers[791] qui sont en cause dans l’insécurité alimentaire africaine[782]. Pour ce qui concerne les prix, les politiques libérales ont mis l'agriculture africaine en concurrence avec celles des pays développés, largement subventionnées[792] et l'ont soumise à une instabilité des prix qui fait que le continent, faute d'intégration régionale qui permettrait une répartition intra-continentale[793], en vient à importer des produits qui sont en concurrence avec ses propres productions[notes 117]. Quant au droit foncier, le droit coutumier qui concerne 90 % des terres agricoles exclut les femmes de la propriété de la terre[794] alors qu'elles représentent la majorité, jusqu'à 70 % des exploitants agricole d'Afrique subsaharienne[533],[notes 118].
L'Afrique est le deuxième continent, loin derrière l'Asie, par le nombre de bâtiments de pêche[800] mais cette flottille est la plus faiblement motorisée de la planète,1⁄3 des embarcations seulement possèdent un moteur[801]. Le continent ne place donc qu'un pays, le Maroc, à la17e place mondiale des25 pays représentant 82 % de la pêche mondiale[802].
Il s'agit, de la part des Africains, d'une pêche vivrière et artisanale occupant de nombreux actifs ; en 2014, les pêcheurs et aquaculteurs d'Afrique sont 5,7 millions[notes 120],[803], et« le poisson assure des moyens d’existence à quelque 30 à 45 millions d’Africains[804]. »
Cette activité montre cependant de faibles performances : l'offre de poisson par habitant (en kg/an) est la deuxième plus faible du monde à 9,8 kg/hab/an alors que la moyenne mondiale s'établit à 19,7[805]. La performance n'est pas meilleure en matière de transformation :« en Afrique, certaines estimations donnent des pertes après capture comprises entre 20 et 25 pour cent, et allant même jusqu’à 50 pour cent[806]. » La pêche continentale quant à elle, hormis pour partie dans les grands lacs d'Afrique de l'Est (lac Victoria,lac Tanganyika etlac Malawi), est peu industrialisée[807]. À l'instar de la pêche en mer, la pêche continentale voit le nombre de captures baisser, du fait de la pollution, de la dégradation de l'environnement et d'une tendance à la surexploitation[808]. Quant aux produits aquacoles, leur production, exprimée en kg/personne est, en Afrique, la plus faible du monde. La zone la plus productive de ce point de vue est l'Afrique du Nord, avec un peu plus de 5 kg/personne ; les autres sous-régions de l'Afrique étant à moins d'1 kg/personne[809].
La pêche en mer est, elle, industrialisée. Mais l'exploitation est le fait de compagnies européennes[810],[811] et chinoises[812] qui tendent à épuiser les ressources[813]. Ainsi,« la production totale des pêches de capture dans l’Atlantique Sud-Est est restée stable ces dix dernières années, à environ 1,4 million de tonnes par an. La majeure partie de ces captures provient maintenant desZEE des trois pays côtiers Angola, Namibie et Afrique du Sud, les prises en haute mer d’espèces autres que les thonidés ayant chuté pour s’établir à quelques centaines de tonnes ces dernières années[814]. » Outre le problème de lasurpêche industrielle, se pose celui de la pêche illégale qui représente un manque à gagner important pour les économies africaines[815],[816],[817].
La pêche concourt au solde positif des échanges car,« en valeur, l’Afrique est un exportateur net depuis 1985 (sauf en 2011). En revanche, en volume, le continent est depuis longtemps un importateur net, ce qui traduit la valeur unitaire plus faible des importations (surtout pour les petites espèces pélagiques)[818]. »
Le poisson est très important dans la sécurité alimentaire du continent. Il représente 22 % des apports protéiques animaux en Afrique subsaharienne[819] et ce taux peut atteindre 50 % lorsque les autres sources de protéines sont rares ou chères et, dans les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest,« la proportion de protéine animale provenant du poisson est extrêmement élevée : 47 % au Sénégal, 62 % en Gambie et 63 % en Sierra Léone et au Ghana[820] »[821]. Pour l'Afrique intérieure, c'est la pêche continentale qui est vitale :« En Afrique[…] les vastes habitats aquatiques intérieurs et les pêches continentales fournissent une alimentation et des moyens d’existence essentiels aux communautés qui vivent près des cours d’eau et des zones humides[822]. » Plus étonnamment, le poisson est aussi un aliment clé pour les zones arides du continent[823].
L'industrie de transformationmanufacturière est, de tout temps, le parent pauvre de l'économie africaine. L'accumulation du capital ayant manqué, car le continent a vu ses ressources servir à l'accumulation européenne mais pas à la sienne[824],[825],[826], l'industrie de transformation ne s'est jamais vraiment mise en place[827]. Pire encore, au cours des décennies allant des années 1990 à 2010, la part de l'activité manufacturière dans la valeur ajoutée produite n'a cessé de baisser, passant de 13 % en 1990 à 10 % en 2011[827].
Quelques pays ont cependant réussi, partant d'une situation de rente minière ou agricole, à créer des filières de transformation significatives, générant plus de valeur ajoutée : laCôte d'Ivoire avec la transformation du poisson et du bois, leSénégal et la transformation du poisson, leBotswana, riche de ses diamants, avec la transformation de la viande, le traitement de peaux animales, les aliments pour animaux…,Maurice avec l'industrie textile[828],[660], laTunisie, pour laquelle l'industrie représente 30 % de son PIB[829]… Il convient de faire une place particulière au géant économique qu'est l'Afrique du Sud, qui représente à elle seule entre 20[830] et 30 % du PIB continental[831] et est dotée d'une industrie diversifiée[notes 121] qui emploie près du quart de la population active et représente près de 30 % de son PIB[832].
La désindustrialisation n'est cependant peut-être pas inéluctable car, faute d'accumulation locale, le capital pourrait provenir de l'étranger. Lesinvestissements directs à l'étranger, qui reprennent en Afrique au début duxxie siècle[676], notamment ceux en provenance de Chine[833], sont plus diversifiés qu'auparavant ; ils concernent moins le secteur primaire (agriculture et industries d'extraction)[notes 122] et plus l'industrie manufacturière[notes 123] ; ainsi, depuis 2008, le principal investisseur dans le secteur manufacturier éthiopien est la Chine et, au Rwanda, les IDE chinois ont comme cible, après le secteur tertiaire, les activités de transformation[834].
Pour l'heure, cependant, l'industrie manufacturière est globalement« au point mort »[notes 124], selon l'expression employée par leforum économique mondial en 2015[835].
Quoiqu'on caractérise l'Afrique par l'abondance de ses ressources naturelles, les services représentent plus de 50 % du PIB des pays concernés[836] et le secteur est en croissance constante[837].
Le continent présente un profil de transformation structurelle atypique. Contrairement aux économies occidentales et à celles de l'Asie du Sud et duSud-Est, la régression tendancielle de l'agriculture n’a pas profité à l'industrie puis aux services ; il y a eu « de moins en moins d'agriculture » et « de plus en plus de services » dans l'économie africaine sans qu'elle passe par une phase intermédiaire d'industrialisation[838]. Au contraire, l'activité manufacturière a décliné alors que croissait la part des services[839].
Les services accompagnent principalement les activités d'exportation y compris agricoles ; par exemple,« les services comptent pour 83 pour cent du prix de vente des roses éthiopiennes[notes 125] aux Pays-Bas[841]. » Mais, parmi les exportations, ce sont celles des biens manufacturés qui sont le plus associées aux services ; pour leLesotho et laTunisie, exportateurs de tels biens, le poids des services dans leur économie (61,7 %), est supérieur à la moyenne. Les pays les moins concernés sont les exportateurs de pétrole, chez qui les services représentent 33,9 % du PIB[842] (mais c'est dans ces mêmes pays que la croissance des services est la plus forte)[843]. Certains petits pays sont fortement dépendants de ce secteur, car essentiellement tournés vers des services de voyage et de tourisme[notes 126] ; en 2013, les services représentaient 75 % du PIB du Cap Vert[845] et 74 % de celui de Maurice[846].
La croissance des services, outre les exportations, est aussi causée par la consommation intérieure. L'accroissement démographique a entraîné une forte demande, notamment en matière de télécommunications, malgré l'insuffisance des infrastructures[847]. Le secteur des télécommunications a attiré 74 % de l’investissement privé dans les infrastructures durant la période 1990-2013[848].
En termes de ressources humaines, le secteur des services représente 32,4 % de l’emploi total en Afrique au cours de la période 2009-2012[849] (56,5 % pour l’agriculture et 11 % pour l’industrie[850]) soit largement moins que sa proportion dans le PIB. L'importance de l'emploi informel en est la cause, sachant que l'essentiel des services est assuré par de petites entreprises informelles, notamment dans les sous-secteurs du commerce de gros et de détail ainsi que dans la restauration et les transports[849].
Les pays africains sont quelques-uns à avoir identifié explicitement les services comme priorité économique : le Botswana pour la saisie et l'analyse de données informatiques ; le Cameroun mise sur les centres d'appel et le télétraitement des données à l'instar du Rwanda, lequel promeut aussi les services financiers ; la Namibie vise à devenir un hub régional de transport. Enfin, certains pays sont massivement dépendants du tourisme : Cap Vert, Comores, Ghana, Kenya, Lesotho, Seychelles[851]…
Sur le plan international, l’Afrique est un acteur mineur du marché des services ; elle représente 2,2 % des exportations mondiales de services, et 4 % des importations totales mondiales[852] ; sa compétitivité est faible, freinée par des réglementations et des politiques inefficaces et par le déficit d’infrastructures[853].
Le tourisme en Afrique ne cesse de croître. Les visiteurs internationaux du continent étaient37 millions en 2003, ils sont 65,3 millions en 2014[854] ; le chiffre d'affaires correspondant est de 43,9 milliards de$ en 2013. Les premières destinations touristiques du continent sont, dans cet ordre, leMaroc, l'Égypte, l'Afrique du Sud, laTunisie et leZimbabwe[855],[856].
L'Afrique est le « berceau de l'humanité »[857],[858],[859] et, peut-être, le berceau de l'émergence de la pensée symbolique chez l'homme moderne[860]. Le continent abrite environ 200 000sites préhistoriques, grottes et abris sous roche[861] ; c'est le plus riche de la planète en la matière[notes 127]. Des représentations artistiques parmi les plus anciennes qui soient[863],[864],[865], tels que des objets de parure et des gravures abstraites, marqueurs de la pensée symbolique[863],[866],[867], y ont été trouvées.
Ainsi, au début des années 2000[notes 128], dans lagrotte de Blombos en Afrique du Sud, on découvre desperles d'ornement[869], faites de coquilles deNassarius, datées de 72 000 à 75 000 ans ainsi que des plaquettes d'ocre gravées, datant de 100 000 ans[870]. Il s’agit des représentations artistiques parmi les plus anciennes au monde[871] avec celles d'Oued Djebbana, en Algérie, qui recelait aussi des perles ornementales datées de 100 000 ans[872],[873], et celles de lagrotte des pigeons à Taforalt, au Maroc, qui a livré des perles deNassarius gibbosulus datant de 82 000 ans[874],[notes 129].
Cela tend à faire reculer la date de l'émergence d'artefacts artistiques d'au moins trente millénaires car« bien longtemps, il a été admis que les plus anciennes parures, alors datées autour de 40 000 ans, provenaient d'Europe et du Proche-Orient. Mais, depuis la découverte, en Afrique du Sud, de parures et d'ocres gravées âgées de 75 000 ans, cette idée est remise en cause[874] ».
Art et architecture proto-historiques et historiques
L'Égypte antique, puissante et durable civilisation dans laquelle la religion occupe une place importante, produit de nombreuses œuvres dont beaucoup représentent des divinités ou des pharaons, sous forme de peintures, bas-reliefs, hauts-reliefs, sculptures, poteries décorées, bijoux métalliques… L'écriture y apparaît vers3200 av. J.-C.[132] et sa littérature, faite de textes religieux et profanes[876], est l'une des plus anciennes qui soient[877], attestée dès2700 av. J.-C. par des textes complexes sur papyrus[878]. L'architecture est aussi un témoin majeur de l'art égyptien[878],[notes 130], surtout l'art des pyramides qui lui confère une réputation universelle. Lapyramide de Khéops (vers2560 av. J.-C.) est l'une desSept Merveilles du monde antique, la seule qui soit parvenue jusqu'à nous ; elle fut la plus hauteconstruction humaine durant 4 000 ans[880],[notes 131].
« Les arts africains, principalement la sculpture, sont connus en Europe depuis la fin duXVe siècle[890] » grâce aux premiers explorateurs portugais qui rapportent des pièces d'ivoire sculptées, dont certaines réalisées à leur demande[891]. Les pièces rejoignent lescabinets de curiosité puis les musées qui leur succèdent à partir duXVIIe siècle[892]. Mais l'art africain n'est pas reconnu en tant que tel, les Européens de laRenaissance, férus d'art gréco-romain, considèrent les productions africaines avec mépris, utilisant le terme « fétiche » — mot venant duportugais duXVe siècle, servant à désigner les objets de culte desreligions traditionnelles —, lequel connote la notion d'artificiel, de magique et de grossier[893],[894].
La pénétration coloniale, à la fin duXIXe siècle et au début duXXe siècle, permet de découvrir desartefacts, et les objets recueillis commencent à être étudiés sous l'angle archéologique et ethnologique[897]. Ainsi et par exemple, l'art rupestre des grottes deTsodilo au Botswana (site occupé depuis100 000 ans av. J.-C.[898]) est-il connu depuis le milieu duXIXe siècle[notes 133] ; l'art rupestre du Sahara (6000±900 ans av. J.-C.) est étudié depuis la même époque[900].Les premières sculptures d'Ife (avant800 av. J.-C. —XVIIe siècle) sont mises au jour en 1911[901], à peu près en même temps que les têtes sculptées de la culture deNok ( —300apr. J.-C.), lesquelles commencent à être étudiées dans les années 1910 et 1930[902]. Parmi les premiers à rédiger des monographies sur le sujet,Marcel Griaule étudie lesmasques dogon dans les années 1930… C'est la sculpture, notamment la sculpture sur bois — dont les masques —, qui mobilise l'attention au détriment d'autres représentations, considérées comme subsidiaires[903].
Marcel Mauss disait :« Un objet d'art, par définition, est l'objet reconnu comme tel par un groupe[904] ». C'est donc à la même époque, vers 1906, que les arts africains commencent à être traités en tant que tels sous l'angle artistique et esthétique :« les arts africains n'ont acquis leur qualité d'expression artistique authentique qu'après 1906[890] », lorsqu'ils commencent à intéresser, sous le vocable d'« art nègre » — l'expression apparaît en 1912[905] —,Picasso etGuillaume Apollinaire, notamment, et qu'ils inspirent lefauvisme et lecubisme[906],[907] puis, au début des années 1920, le sculpteurAlberto Giacometti[908].
Même si le jugement artistique a évolué, l'« enchantement » de Livingstone continue à être invoqué auXXe siècle[notes 134] car l'intrication du sacré et du profane, caractéristique de la culture africaine, se retrouve tout particulièrement dans l'art[notes 135], tel celui des masques et des sculptures qui intéresse particulièrement les Européens :« L’un des principaux traits communs à l’ensemble de l’Afrique noire, dans le domaine de la sculpture, est que les masques sculptés ne sont pas conçus pour être contemplés comme œuvres d’art, mais pour être utilisés à l’occasion de cérémonies rituelles sociales ou religieuses[911] » ; on considère donc que« l’art africain et, plus généralement l’ensemble des arts premiers, se définissent non pas à partir de leur esthétique, mais à partir de leur rôle. L’art animiste possède en tout premier lieu une fonction : la communication avec les esprits[897]. » L'Occident postule en conséquence qu'on ne peut étudier un objet sans examiner son contexte socio-historique. L'art africain est donc analysé par les Occidentaux sous le double angle esthétique et ethnologique :« le rapport entre le matériel conservé et la connaissance de sa réalité contextuelle doit être recherché par un effort particulier et assidu de documentation, bien au-delà du premier regard esthétique[912]. » Des expéditions ethnologiques, telle lamission Dakar-Djibouti qui, en 1931-1933, ramène 3 500 objets, partent étudier la culture africainein situ, filmant les danses et les chants qui accompagnent l'exposition des masques et consignant des témoignages de la culture orale[913],[914].
À l'instar du regard esthétique, le regard ethnologique sur l'art africain n'est cependant pas toujours dépourvu de préjugés ou de biais méthodologiques. L'association entre l'art et le sacré renvoie l'art africain au « primitif » :« L'image de la sculpture africaine comme « primitive » et comme associée à des rituels secrets et dangereux continue à influencer la perception de « l'art africain »[915] », surtout lorsque les connotations (relation avec la mort, sacrifice…) véhiculées par les objets sont prises au pied de la lettre :« Est-ce que l'historien de l'art de la Renaissance oserait parler des images de la Crucifixion comme des représentations d'un sacrifice humain ? Ou des représentations du Saint Sacrement comme centrées sur l'image du cannibalisme[916] ? »
Présentation (au Brésil), du Festival des arts nègres de 2009, tenu à Dakar, Sénégal.
Le discours sur l'art africain est monopolisé par l'Occident depuis sa découverte par les Blancs[917] ; le discours africain sur l'art africain apparaît avec des mouvements tels que celui, littéraire, de la « négritude » qui émerge durant l'entre-deux-guerres[918] et les mouvements politiques de l'afrocentrisme — mené par des universitaires, dontMolefi Kete Asante — et de laRenaissance africaine — avec à sa tête l'ancien président d'Afrique du SudThabo Mbeki —, ainsi que via la reconnaissance croissante de la spiritualité traditionnelle au travers de la décriminalisation duvaudou[919] et des autres formes de spiritualité, qui visent à faire (re)découvrir et (re)valoriser les cultures africaines traditionnelles.
D'un point de vue plus directement artistique, des rencontres mettant en avant la culture et les artistes du continent sont organisées dès 1956 avec le congrès des intellectuels noirs[920]. En 1966, à Dakar, le premierfestival mondial des arts nègres est un symbole de la volonté d'appropriation de l'art par les Africains eux-mêmes ; la problématique de la restitution aux pays d'origine des œuvres présentes dans les musées et chez les collectionneurs occidentaux y est déjà présente. C'est aussi l'occasion de montrer la diversité de l'art (peinture, sculpture, littérature…) au-delà des masques et des fétiches[921],[922]. Il est suivi du premierfestival panafricain d'Alger en 1969, considéré par certains comme le symbole de la« renaissance culturelle de l’Afrique »[923].
Marché de l’art et spoliation des biens culturels de l'Afrique
La présence de ces œuvres africaines dans les collections et musées occidentaux pose, par ailleurs, le sujet de laspoliation des biens culturels des pays africains[notes 136]. Les puissances coloniales ont prélevé de nombreuses pièces archéologiques et artistiques à l'époque de la colonisation[928] et le florissant marché contemporain de l'art africain contribue à entretenir des pratiques contestables[929] qui amènent la communauté internationale à légiférer[notes 137]. Acte marquant, durant l'été 2016, le Bénin dépose auprès de la France une demande officielle, une première pour une ancienne colonie d'Afrique francophone, celle de lui restituer les œuvres emportées à l'époque de la colonisation ; la demande porte sur environ 5 000 pièces[931],[932].
Outre les masques, les danses et les chants qui, souvent, les accompagnent, ont conféré à l'Afrique subsaharienne une identité propre[933]. Avec mille ethnies et un milliard d'habitants, l'Afrique est culturellement multiple, mais les musiques et les danses africaines partagent quelques traits distinctifs. Dans la culture traditionnelle, musique, danse et exposition des masques forment fréquemment un triptyque. La musique est essentiellement rythmique et centrée sur la transmission orale, d'où la grande importance du texte[934]. Les instruments sont très divers mais la rythmique fait la part belle aux percussions et, notamment, aux tambours[935].
Malgré une rencontre « traumatique »[trad 6] entre les cultures, l'Afrique a aussi influencé certaines musiques occidentales, tels lejazz, directement inspiré par les rythmes de l'Afrique de l'Ouest et créé par les esclaves noirs déportés en Amérique[937], l'afrobeat (années 1970), créée parFela Kuti, lehighlife (années 1920)[887]… Ses propres musiques de l'époque contemporaine,rumba congolaise,soukous,coupé-décalé par exemple, s’exportent dans le monde entier à partir des années 1960[938], et encore plus avec les métissages croisés de laworld music[939],[940] qui naît en 1986 avec l'albumGraceland dePaul Simon[941],[942],[940].« L’art nègre a inspiré Picasso et d’autres artistes ; et les rythmes syncopés de la musique et des danses africaines résonnent aujourd’hui dans le monde entier[943]. »
L'Afrique du nord, quant à elle, propose essentiellement lamusique berbère, prolongement de la culture des premiers habitantslibyques, suivie de la musiquearabo-andalouse[944].
« D’une manière générale, toutes les traditions africaines postulent une vision religieuse du monde[945] ». Dans la culture typique de l'Afrique[notes 138], la parole est considérée comme possédant une puissance qui permet d'agir sur le maintien ou la rupture de l'harmonie du monde[947]. Il y a donc un« grand respect de la parole[…] particulièrement lorsqu’il s’agit de transmettre les paroles héritées des ancêtres ou des aînés[947]. » Dans des sociétés aux langues non-écrites, l'oralité est donc un élément culturel, notamment pédagogique, fondamental.
Le récit oral africain prend les deux formes principales de l'épopée et duconte[948]. L'épopée raconte la vie de héros fondateurs, plus ou moins historiques, comme dans l'épopée de Soundiata[949] et celle deSilâmaka et Poullôri, ou bien relate le mythe fondateur d'un peuple, comme dans leMvett, légende des origines du peupleFang[950],[951]. Leconte, quant à lui, véhicule une morale et un système de valeurs[952],[953]. Les deux mettent l'accent sur le poids des actes mais aussi des paroles qui peuvent changer le monde pour le bien ou le mal. L'épopée (chant épique) et le conte sont le plus souvent chantés[954],[notes 139].
Certains récits sont consignés par écrit assez tôt, dès 1828[955], et d'abord examinés sous l'angle de l'ethnologie (le texte considéré comme « reflet de la culture ») et de la linguistique (phonologie, commentaires linguistiques)[956].
Il faut attendre longtemps, jusqu'aux alentours des années 1970, pour qu'apparaisse l'étude critique, au sens « critique littéraire », des œuvres (stylistique…)[957],[958]. C'est ainsi que paraît, en 1970,Oral litterature in Africa de Ruth Finnegan, ouvrage important en la matière[959],[960]. Cette évolution dans le regard porté sur la littérature orale se produit au moment où la littérature négro-africaine, écrite dans la langue du colonisateur, commence à obtenir de la visibilité, avec, par exemple pour l'aire culturelle francophone,Léopold Sédar Senghor,Mongo Beti,Ferdinand Oyono,Ousmane Sembène (Sénégal)[961],Guillaume Oyônô Mbia, … Certains auteurs, tel Léopold Sédar Senghor, se déclarent, du reste, explicitement héritiers de la culture orale africaine et, en particulier, de sa poésie[962].
Amicale desLegoffiennes (Mariama Bâ à gauche) dans les années 1970 Unesco Domaine public
La SénégalaiseMariama Bâ est la première romancière africaine francophone à décrire la place faite aux femmes dans sa société dans son livreUne si longue lettre[963],[964]
La représentation publique est commune en Afrique depuis longtemps ; lesmascarades au sens premier, c'est-à-dire des spectacles où l'on montre des masques, avec accompagnement de danses et de chants, sont consubstantielles à la culture africaine[notes 140]. Même dans le cas d'initiations secrètes, certaines parties des rites sont publiques comme dans lamascarade Makishi en Zambie, inscrite aupatrimoine culturel immatériel de l'humanité[969], tout comme est publique l'invocation des esprits (danse de la pluie…), occasion typique des mascarades. Les danses et chants traditionnels ont même été promus par les colonisateurs — à l'inverse de leur attitude générale au regard de la culture africaine — car leur potentiel touristique — avec des danses devenues « folkloriques » car dépouillées de leur connivence culturelle (ne fût-ce que la langue) et religieuse entre les acteurs et les spectateurs[970] — a été perçu dès la fin de la Seconde Guerre mondiale[971]. La littérature orale, quant à elle, par définition, est destinée à un public écoutant le texte en direct[972].
Les acteurs, danseurs, chanteurs, conteurs ne sont pas nécessairement des professionnels du spectacle[notes 141] — sauf à la cour des rois et, pour la partie concernée de l'Afrique de l'Ouest, la caste desgriots — et les troupes de danseurs professionnels rémunérés se créent pendant la colonisation dans les années 1930[974].
Le théâtre« consistant à jouer une intrigue sur une scène[…] en utilisant un texte appris par cœur » est absent de la culture traditionnelle. Propre à la culture urbaine, il est importé par les Occidentaux et s'implante progressivement à l'époque moderne[971].
Portrait d'une favorite du roiNjoya (Cameroun), vers 1911-1915.Femme de l'ethnieMursi, Éthiopie, 2013, portant unlabret.
L'art des costumes, des bijoux et parures diverses, des coiffures, des peintures corporelles et desscarifications est aussi varié que peut l'être la culture africaine aux mille ethnies. L'art corporel servait à matérialiser l'appartenance à une ethnie, une religion, était typique d'un sexe, d'une classe d'âge, d'une situation matrimoniale, de la situation sociale[975]…
Le régime colonial était fortement opposé à ces pratiques et d'incessantes campagnes furent menées pour mener à de « saines habitudes de décence » en matière d'habillement et éliminer tout art corporel. Les études sur le sujet sont donc rares et tardives. Les gouvernements d'après l'indépendance n'ont pas eu plus de tolérance de ce point de vue, certains régimes créant même de toutes pièces des « costumes nationaux » dont le port était censé refléter l'adhésion à l'identité nationale du nouvel État[975],[976].
Les artistes contemporains sont, pour beaucoup, porteurs d'une culture « hybride »[980],[notes 142], certains tournant même les stéréotypes culturels en pastiches[982] afin de s’en démarquer. L'art africain n'est plus et ne veut plus être celui de la tradition, de la contestation coloniale, de la critique sociale ou de la négritude[notes 143], mais un art « inséré dans l’art contemporain universel », qui veut être jugé uniquement sur ses qualités à l'instar de tous les autres[984].
Depuis les années 1990, il est constaté « une mondialisation de la scène artistique qui se traduit par une extension multiculturelle de l’offre ». Les espaces de diffusion connaissent donc une plus grande expansion geographique et des manifestations culturelles de rang international, telles que laBiennale de Dakar, lesÉcrans noirs, leMASA et bien d’autres, se multiplient chaque année et attirent des milliers de visiteurs ainsi que des experts et acteurs culturels originaires du continent africain et d’ailleurs[985].
Les premières séances de cinéma en Afrique datent de 1905 en Égypte et des années 1920 en Afrique subsaharienne ; les séances ont lieu dans des théâtres urbains et sous forme de projections itinérantes dans les zones rurales. Concernant la création,« le premier film tourné par un Africain est sans douteZohra (1922), une production tunisienne, bientôt suivie deLa Fille de Carthage (1924),Leila (1926) et deZainab (1926) »[986].
Lecinéma égyptien et lecinéma tunisien sont parmi les plus anciens du monde. Le cinéma égyptien, en particulier, est une industrie établie et florissante en Afrique. Les pionniers Auguste et Louis Lumière ont projeté leurs films àAlexandrie, auCaire, àTunis, àSuse, enLibye, et àHammam-Lif, enTunisie, en 1896.Albert Samama Chikly est souvent cité comme le premier producteur de cinéma africain indigène, projetant ses propres courts métrages documentaires au casino de Tunis dès. Aux côtés de sa filleHaydée Tamzali, Chikly produira d'importants films d'époque tels queLa fille de Carthage (1924). En 1927, l'Égypte produitLaila, le premier long métrage d'Aziza Amir, considérée comme la marraine du cinéma africain[987].
En 1935, le Studio Misr du Caire commence à produire des comédies et des comédies musicales, mais aussi des films comme The Will (1939) de Kamal Selim. Le cinéma égyptien a prospéré dans les années 1940, 1950 et 1960, considérées comme son âge d'or. Le film phare deYoussef Chahine,Gare centrale (film) (1958), a jeté les bases du cinéma arabe.
Malgré ces débuts pionniers, les réticences des gouvernements coloniaux et le manque de moyens font cependant que la majeure partie du continent ne voit réellement émerger des réalisations locales qu'à partir des années 1970[986] et il est, jusqu'à nos jours, financé par des fonds occidentaux[988] ; son développement reste cependant modeste[989].
Il existe cependant l'exception nigériane deNollywood. Le Nigeria produit près de deux mille films par an, et est ainsi le deuxième producteur mondial en quantité, derrière l'Inde etBollywood et devant les États-Unis[993]. Il s'agit de sorties directes enVCD de productions à petits budgets, pour plus de la moitié en langues locales, dont la qualité artistique est jugée « contestable »[994],[993] et la qualité technique trop basse pour une exploitation ne fût-ce qu'à la télévision[995].
La production africaine est cependant capable de briller sur la scène internationale, comme dans les autres domaines artistiques, lorsque« la qualité, le genre, les thèmes des films prennent le pas sur des critères géographiques ou politiques », comme en témoigne sa présence dans les festivals internationaux tel celui deSundance[996].
Lerugby à XV est populaire en Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe et au Kenya[notes 144]. Neuf équipes africaines figurent parmi les cinquante premières du classementWorld Rugby[notes 145]. La compétition continentale est lacoupe d'Afrique de rugby à XV, créée en 2000 ; en 2016, les équipes les plus titrées sont la Namibie (6 titres), l'Afrique du Sud (3 titres, mais n'a participé qu'à cinq reprises en raison de sa trop grande supériorité), le Maroc et le Kenya (2 titres), l'Ouganda et le Zimbabwe (1 titre). Il existe aussi une compétition, l'Africa Cup 2, pour les équipes de seconde division[1003].
La place du continent sur la scène sportive internationale est mineure si l'on considère sa place auxJeux olympiques[1010],[1011].
Le sport, moderne et codifié, se développe sur le continent à l'initiative des États plutôt que de celui de la société civile (à l'inverse de l'Occident). Sous la coupe des politiques, il sert de levier et est, par exemple, un moyen dupanafricanisme[1012],[1013]. Le sport est aussi un élément de politique internationale en Afrique, par exemple via la construction de stades par les Chinois[1014]. Un exemple, parmi les plus connus, de la rencontre du sport et de la politique est le rugby, qui fut un outil de l'unité de l'Afrique du Sud post-apartheid en même temps qu'un symbole du rayonnement international du pays, avec l'organisation de laCoupe du monde 1995[1015],[1016]. Le sport est par ailleurs considéré comme un moyen du développement social de la population et, à ce titre, bénéficie de l'aide internationale[1017],[1018],[1019].
↑À titre d'exemple, la richesse et l'endémisme floristique deMadagascar sont exceptionnels ; l'île accueille 6 400 des 7 900 phanérogames connus.
↑Auxquelles on peut rajouter les déplacements de population et les conflits[73].
↑L'Égypte est généralement considérée comme unpays transcontinental entre l'Afrique du Nord et l'Ouest de l'Asie.
↑Le premier drapeau est celui utilisé par les révolutionnaires dont le gouvernement occupe une partie du territoire libyen, et qui est reconnu par une partie de la communauté internationale.
↑Christian Bouquet, « L’artificialité des frontières en Afrique subsaharienne »,Les Cahiers d’Outre-Mer,no 222,(DOI10.4000/com.870,lire en ligne, consulté le) —« Le tracé des frontières, avalisé aux indépendances par l’Organisation de l’Unité Africaine, est donc une construction largement artificielle. Il en a résulté des conflits frontaliers qui, s’ils se généralisaient, pourraient rapidement déboucher sur une recomposition territoriale inédite, mais aussi une dynamique économique très florissante autour de la contrebande et de la corruption (p. 181). ».
↑Paul Collier,Les performances de l'Afrique sont-elles les conséquences de sa géographie ?, Centre for the Study of African Economies, Department of Economies, Oxford University,(lire en ligne[PDF]) —« En comparaison de ce que l’on peut observer dans d’autres régions du monde, la part relativement élevée des pays à la fois pauvres en ressources et enclavés contribue à une perte de croissance de l’ordre d’un point de croissance du PIB régional (p. 2). ».
↑« Politique. Le pouvoir politique. 3 - degrés et modes d'organisation », Encycloædia Universalis en ligne(consulté le) —« Dans les sociétés à pouvoir diffus, les rôles politiques ne sont pas spécialisés : ils sont mêlés à divers autres rôles sociaux et, pour ainsi dire, dilués. Il n'y avait pas de gouvernants chez les Lobi de la Haute-Volta, mais certaines décisions souveraines étaient prises par le prêtre de la Terre, d'autres par les chefs de marchés, d'autres encore par les magiciens des différentes confréries ou par les prêtres des funérailles. ».
↑Ainsi et par exemple :« Les recettes douanières et fiscales[sont les] principales sources de revenus du Bénin[98] ».
↑L'Empire romain comptera jusqu'à huit provinces en Afrique, La Tripolitaine, la Byzacène, l'Afrique Proconsulaire, la Numidie Cirtéenne, la Numidie militaire, la Maurétanie Césarienne, la Maurétanie Sitifienne et la Maurétanie Tingitane.
↑Les dates de l'utilisation du dromadaire en tant qu'animal domestique ne font pas consensus. Du plus récent au plus ancien, il aurait été introduit soit par les romains, soit il proviendrait duMoyen-Orient et aurait été introduit avant l'arrivée des romains, soit il résulterait d'une domestication très ancienne du chameau sauvage du Sahara, dont la présence est attestée dès lepléistocène. Cf.Rachid Bellil,Les oasis du Gourara (Sahara algérien), Peeters Publishers,, 307 p.(lire en ligne),p. 70-71 etG. Camps, M. Peyron et S. Chaker,« Dromadaire », dans Gabriel Camps (éd.),Encyclopédie berbère,vol. 17 :Douiret – Eropaei, Aix-en-Provence, Edisud /Peeters Publishers, (1reéd. 1996)(lire en ligne).
↑Orthographié aussi « Manden » ou encore « Manding ».
↑La richesse de l'empire repose sur l'or. En 1324, à l'apogée de l'empire, lemansa (roi des rois),Kanga Moussa, à l'occasion d'un pèlerinage àLa Mecque, déverse tant d'or — une dizaine de tonnes semble-t-il — dans l'économie moyen-orientale qu'il fait baisser pour plusieurs années le cours du métal précieux. Cf.« Kankan Musa ou Mansa Musa, empereur du Mali (1312-1337) », Encyclopædia Universalis etHistoire générale de l'Afrique,vol. 4,p. 173.
↑Les Portugais prennent pied sur le continent dès 1415, avec la prise deCeuta.
↑Par ailleurs, la traite africaine est précocement et paradoxalement justifiée par ceux qui défendent les droits desAmérindiens ; ainsiBartolomé de las Casas (1474 ou 1484-1566), prêtre aumônier des conquistadores, fut accusé, en ayant pris la défense des indigènes, d'avoir favorisé l'utilisation d'esclaves noirs à la place[217],[218],[219].
↑L'article « esclavage » dit ainsi« Les peuples qui ont traité les esclaves comme un bien dont ils pouvoient disposer à leur gré, n’ont été que des barbares »in L’Encyclopédie,1re éd. 1751 (Tome 5,p. 937).
↑« La carte d’Afrique publiée par Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville en 1749 […] [montre] des tracés hydrographiques assortis de notes exposant les hypothèses établies à leur sujet à partir des géographes grecs et arabes[258]. »
↑« Le nombre des habitants du Congo belge fut réduit de moitié pendant les quarante premières années de la domination coloniale, celui des Herero des quatre cinquièmes, celui des Nama de moitié et celui de la Libye d’environ 750 000[296]. »
↑L'empire colonial britannique, qui s'étend d'ailleurs largement au-delà du continent africain, est un exemple type du concept d'économie-monde, forgé parFernand Braudel en 1949[300].
↑L'Union d'Afrique du Sud reste cependant sous domination des blancs d'origine européenne, qui mettront en place la politique d'apartheid.
↑L'indépendance de l'Égype, obtenuede jure du Royaume-Uni en 1922, est toute relative, voire factice[306], les Britanniques conservant notamment le contrôle duCanal de Suez.
↑« la valorisation idéologique et affective des empires coloniaux atteint son zénith dans les années trente —Bernard Droz,Histoire de la décolonisation auXXe siècle,Seuil,,p. 17 »
↑Les Britanniques avaient, dès 1947, eu à gérer la décolonisation de l'Inde et étaient conscients que le même mouvement allait toucher l'Afrique[322].
↑C'est cependant une indépendance toute relative, car l'ingérence européenne reste prépondérante[324]
↑Selon l'expression de Catherine Coquery-Vidrovitch.
↑La paternité du mot « néocolonialisme » est attribuée àJean-Paul Sartre, qui l'utilisa dans la revueLes Temps modernes en 1956. C'estKwame Nkrumah, père de l'indépendance du Ghana, qui popularise le terme à partir de 1965[337].
↑Alors qu'en 1974-75 les taux réels étaient négatifs[347].
↑« […] les taux de scolarisation primaire sont descendus en Afrique subsaharienne à 71 % en 1990[…] loin du maximum de 79 % atteint en 1980[353]. »
↑Severino et Ray donnent cet exemple pour la Côte-d'Ivoire :« Alors que la pauvreté touchait en 1985 moins de 1 % de la population urbaine, un urbain sur cinq vivait en dessous du seuil de pauvreté en 1995[354]. »
↑À titre de comparaison, la dette publique française représente 95 % de son PIB en 2014[361]. Plus largement, dette publique des États duG7 en[362] : Japon : 243,2 % du PIB, Italie : 132,5 % du PIB, États-Unis : 104,5 % du PIB, France : 93,9 % du PIB, Royaume-Uni : 90,1 % du PIB, Canada : 89,1 % du PIB, Allemagne : 78,1 % du PIB.
↑« Aux conflits de la période de la guerre froide, caractérisés par des oppositions idéologiques et le soutien des grands blocs, ont succédé des guérillas multiformes davantage intranationales avec retrait partiel des grandes puissances. […] Les conflits africains diffèrent selon leur dimension territoriale : les guerres opposent rarement des armées nationales, exception faite entre l’Érythrée et l’Éthiopie où il s’agit de guerres westphaliennes avec guerres de tranchées et de blindés et revendications territoriales. Internes aux États, ils s’articulent aux réseaux régionaux et internationaux, notamment à la mondialisation criminelle ; il y a emboîtement d’échelles du local au global. Tel est le cas des trois grands conflits duDarfour, de laSomalie et de laRDC[101] ».
↑« Les études empiriques qui cherchent à expliquer les guerres civiles se multiplient depuis quelques années, mais sont généralement très contestées en ce qui concerne la méthodologie, les données et l’interprétation des résultats[374]. »
↑Ce qui est une cause dans un cas est la conséquence dans un autre…
↑Philippe Hugon emploie le terme de « diaspora sponsor »[381].
↑« l'Afrique n'est en fait qu'en train de rattraper un retard démographique qu'elle avait lentement accumulé au cours des trois derniers siècles de traite et de colonisation. […] vers 1650 l'Afrique représentait alors 20 % de la population mondiale[419]. »
↑Le continent africain est celui où les opérateurs européens voient leur chiffre d'affaires progresser le plus[425].
↑82 % selonAlain Dubresson, Sophie Moreau, Jean-Pierre Raison et Jean-Fabien Steck,L'Afrique subsaharienne : Une géographie du changement,Armand Colin,, 256 p.,p. 54, 75 % selon« Migrations subsahariennes : les idées reçues à l’épreuve des chiffres »,Questions de développement,(lire en ligne).
↑70 millions selonChristophe Daum et Isaïe Dougnon, « Les migrations internes au continent africain »,Hommes et Migrations,no 1279 « L'Afrique en mouvement »,,p. 6-11, 20 millions selonAlain Dubresson, Sophie Moreau, Jean-Pierre Raison et Jean-Fabien Steck,L'Afrique subsaharienne : Une géographie du changement,Armand Colin,, 256 p.,p. 54.
↑« L’urbanisation africaine est un processus engendré par la pauvreté, et non la transition socioéconomique, induite par l’industrialisation, comme cela a été le cas dans les autres grandes régions du monde[trad 2],[456]. »
↑« Dans l'histoire africaine précoloniale, toutes les constructions étatiques étaient à base ethnique. Mieux : quand elles débouchèrent sur des ensembles pluriethniques, ce furent des entreprises sans lendemain(1). 1) Il y a quelques contre-exemples, mais ils sont rares, l'entitétoucouleur ; et, dans un autre esprit, les empires musulmans, nés des djihad, qui furent parfois des "agglomérateurs" ethniques ».
↑« C'est bien plutôt la colonisation qui a figé et cristallisé les sociétés africaines sous le label ethnique, qui les a identifiées et cartographiées en fonction de ses exigences administratives et économiques. On se rend compte aujourd'hui que nombre d'entités ethniques n'avaient pas de réels équivalents dans l'univers précolonial, ou plutôt que les sociétés qui sont censées leur correspondre ne s'identifiaient pas aux noms et aux territoires qui leur sont dévolus désormais[485]. »
↑« ethnie - nom féminin (grec ethnos) : Groupement humain qui possède une structure familiale, économique et sociale homogène, et dont l'unité repose sur une communauté de langue, de culture et de conscience de groupe[493]. »
↑« Des fois, avant de se faire soigner, des gens regardaients discrètement si l'infirmier ou l'infirmière était de son ethnie ou pas[499]. »
↑« l'État est volontiers considéré comme un “ pur produit d’importation ” en Afrique et en Asie, selon l’expression désormais classique de Bertrand Badie et de Pierre Birnbaum[511]. »
↑« Prenons par exemple un chirurgien qui doit précipitamment quitter l'hôpital parce que l'enfant d'un parent est en train de mourir. En tant que directeur de sa clinique, il est un professionnel moderne responsable de centaines de patients. Mais en tant qu'un des quelques chanceux qui ont pu accéder à une éducation supérieure grâce à l'aide de sa famille élargie, il est obligé de soutenir les nombreux membres de son clan et d'être leur docteur. Ne pas être là dans l’une ou l’autre situation aura pour conséquence de lourdes sanctions de la part des deux systèmes[513]. »
↑« Quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle », disaitAmadou Hampâté Bâ[523]
↑Par exemple,« chez lesBakoko[du Cameroun], l'idée d'appropriation individuelle de la terre est inconcevable, la terre appartenant au Ngué, force créatrice habitant dans la terre[528]. »
↑« Les États africains désormais indépendants recueillent donc de la période coloniale un système foncier double, constitué par la coexistence d‘un droit moderne hérité de la puissance colonisatrice et d’un droit coutumier assez modifié. D’impérieuses raisons économiques et sociales commandent de doter ces États d’un droit foncier conforme aux exigences du développement[535]. »
↑« Nous éviterons l'appellation d'animisme qui[…] ne sied nullement aux religions des terroirs, aux cultes ancestraux et aux cultes de possession qui existent en Afrique[551]. »
↑« pour de nombreux islamisés il est difficile de distinguer ce qui est proprement islamique de ce qui relève de la culture swahili au sens profane du terme[560]. »
↑« En Afrique, la religion informe tout. Son emprise s'étend à la vie politique, sociale, familiale[558]. »
↑Par exemple :« Les prophètes duBwiti fang ont cependant transformé à partir des années 50 ce dispositif en utilisant les ressources des visions d’eboga pour « aller voir » les héros chrétiens (Jésus, Marie, St Michel, etc.)[565] »
↑Chaque année, à l'occasion d'un jour férié[586], le Bénin fête les religions traditionnelles[587].
↑Par exemple,« tout chrétien que je suis, je n'ai jamais cessé d'être animiste ; je continue à croire que mes ancêtres sont mes intercesseurs auprès de l'Être suprême et qu'ils continuent de veiller sur moi. Tout chrétien que je suis, je n'ai jamais cessé de croire que l'homme peut se transformer en arbre, en animal, en pierre, et que dans ce monde, l'essentiel est invisible pour les yeux »,inFrançois Kabasele Lumbala,Renouer avec ses racines : chemins d'inculturation,Karthala,(lire en ligne),p. 192-193
↑Ces villes sont aujourd'hui mineures voire en ruines, le commerce avec l'Europe et la traite négrière ayant privilégié le commerce maritime et les villes portuaires.
↑À son apogée, l'empire du Mali est une puissance internationale, jouant un rôle diplomatique, reconnue et écoutée en Orient comme en Occident
↑« Outre les huit pays exportateurs de pétrole,[l'Afrique subsaharienne] compte aussi quinze pays où les exportations de ressources non renouvelables représentent plus de 25 % des exportations de marchandises, la proportion dépassant même 50 % pour neuf d’entre eux[630]. »
↑« Rwanda is clinically dead as a nation » disait en 1996 le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan[663].
↑Définition de la croissance inclusive, selon l'OCDE :« La croissance inclusive est fondée sur l’idée selon laquelle la croissance économique est importante mais pas suffisante pour générer une augmentation durable du bien-être, qui suppose un partage équitable des dividendes de la croissance entre individus et groupes sociaux[665]. »
↑SAPped generation en anglais, en allusion auxStructured Adjustment Programs[675].
↑À titre de comparaison, la part de l'« économie non observée » en Europe variait de 1 % (Norvège) à 17,5 % (Italie), selon une enquête de l'OCDE datant de 2012[696].
↑« La nouvelle Carthage (Colonia Julia), port du blé d'Afrique exporté vers Rome, siège du proconsul d'Afrique, a été une des plus grandes villes du monde romain[707] ».
↑Cela atteste aussi de la capacité à la navigation en haute mer, les embarcations africaines s’aventurant au large[708].
↑« L’émergence économique de l'Afrique et la transition d'un continent d’économies à faible revenu à des économies à revenu intermédiaire, nécessite la transformation de la structure économique des activités à prédominance agraire et d'extraction à des secteurs industriels plus dynamiques et à valeur ajoutée plus élevée tels que la transformation et la fabrication[718]. »
↑Hegel parle de« continent sans histoire »[724] :« ce que nous comprenons en somme sous le nom d’Afrique, c’est un monde anhistorique non-développé, entièrement prisonnier de l’esprit naturel et dont la place se trouve encore au seuil de l’histoire universelle[725] », texte reproduit dans« L'Afrique »,Le Monde diplomatique,(lire en ligne).Nicolas Sarkozy, quant à lui, tient en 2007, dans sondiscours de Dakar, les propos suivants :« Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. » Ces propos ont d'ailleurs été parfois rapprochés de ceux d'Hegel[726].
↑LeMaroc avait quitté l'OUA en 1984, en signe de protestation contre l’adhésion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ; c'était le seul pays africain qui n'était pas membre de l'UA[729]. Le, à l'occasion du sommet d'Adis-Abeba, le Maroc réintègre l'organisation[730].
↑En 2016, l'intégration est une priorité explicite de la Banque africaine de développement :« « Intégrer l'Afrique », « industrialiser l'Afrique », « éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie », « nourrir l'Afrique » et « améliorer la qualité de vie des populations africaines », sont les cinq grandes priorités stratégiques de la Banque »,UA,BAfD,ONU-CEA,Indice de l'intégration régionale en Afrique : rapport 2016(lire en ligne),p. 5.
↑« Nous avons vu que l’Afrique était riche en terres et pauvre en compétences par rapport aux autres régions. Elle affiche ainsi un ratio terres/compétences élevé. En comparant les régions au cours du temps, Wood et Mayer (2001) montrent que les pays présentant des ratios terres/compétences élevés tendent à exporter principalement des produits primaires[750] »
↑En Algérie, les hydrocarbures représentent 30 % du PIB, 60 % des recettes du budget et 95 % des recettes d'exportation[756].
↑« L'économie de la Libye repose presque entièrement sur l'exportation de gaz et de pétrole[trad 4],[757]. »
↑« La malnutrition est certes en liaison avec la pauvreté, la faible productivité agricole, les défaillances des marchés, mais ce sont les conflits et les logiques de prédation qui constituent le facteur déterminant[768]. »
↑« L’agriculture africaine est une agriculture essentiellement pluviale, et la dépendance de l’Afrique à l’égard de l’agriculture ainsi que ses très faibles niveaux d’irrigation la rendent particulièrement vulnérable aux aléas de son climat extrêmement variable et changeant[772] ».
↑« De 1970 à 1995, la pluviométrie a baissé de 30 à 50 % au Sahel[764]. »
↑« les écarts de productivité entre les agricultures africaines et celles des pays industrialisés sont de l'ordre de 1 à 100[764]. »
↑« Le continent importe notamment des produits qui sont en concurrence avec sa propre production : de la viande, des produits laitiers, des céréales et des huiles[775]. »
↑« dans de nombreuses régions de l’Afrique rurale, les femmes sont au cœur de la production agricole et sont pourtant incapables de posséder des terres ou d’en hériter[795]. »
↑Les aquaculteurs représentant une proportion très faible avec 284 000 personnes.
↑L'Afrique du Sud est même leader mondial dans le secteur des matériaux roulants ferroviaires, des combustibles synthétiques, des équipements et des machines pour mines[832].
↑« ces dernières années, les pays africains ont drainé d’importants flux d’IED dans le secteur manufacturier et le secteur des services[753] »
↑« de nombreux pays n’ont pas encore amorcé un processus normal de transformation structurelle se caractérisant par l’abandon d’activités à faible productivité au profit d’activités à forte productivité, une diminution de la part de l’agriculture dans la production et l’emploi, et une augmentation de la part des industries manufacturières et des services modernes[827]. »
↑L'Éthiopie est le quatrième producteur mondial de roses[840].
↑« L'Afrique présente la plus grande variété ainsi que quelques-unes des plus anciennes formes d'art[trad 5] »[862]
↑« Une découverte importante, faite en 2002, est venue apporter un solide argument en faveur du second modèle[de l'émergence de la modernité culturelle en Afrique]. Il s’agit de deux fragments d’ocre retrouvés dans la grotte de Blombos en Afrique du sud. Ces deux fragments, datés de −75 000 ans, et d’autres découverts depuis, portent des motifs géométriques gravés. Dans les mêmes couches archéologiques ont été découvertes, en 2001, des pointes de sagaies et des poinçons en os soigneusement façonnés et, en 2004, des nombreux coquillages percés et ocrés, utilisés comme objets de parure[868]. »
↑Hors d'Afrique, on a trouvé des perles d'ornement datant de 100 000 ans sur le site deSkhul, en Israël[875].
↑« L'élaboration de la statue n'est pas finie quand le sculpteur l'a achevée[…] il va falloir la charger de puissance magique, la consacrer[909]. »
↑« La danse, la musique instrumentale, le chant, la poésie, la parure, l'architecture, la décoration et la sculpture se manifestent en vue d'atteindre à une certaine maîtrise du milieu cosmique[910]. »
↑En 1969, Matala Mukadi Tshiakatumba écrit un poème dans lequel il adjure leMusée royal de l'Afrique centrale, dit aussi musée deTervuren, de restituer les œuvres spoliées :
« Tervuren rends-moi mes sculptures […] Tervuren rends-moi mon songho […] Tervuren sans rancune, je réclame mon héritage[927]. »
.
↑« Le pillage des objets culturels africains fait partie de la face sombre des rapports entre les pays africains et de nombreux pays d’Europe[930]. »
↑« nulle tentative de pénétrer l’histoire et l’âme des peuples africains ne saurait être valable si elle ne s’appuie pas sur cet héritage de connaissances de tous ordres patiemment transmis de bouche à oreille et de maître à disciple à travers les âges[946]. »
↑« Mvett » désigne ainsi non seulement le récit, mais aussi la harpe qui l’accompagne.
↑« Les défilés, les pantomimes et même les dialogues montés sur scène entre danseurs masqués étaient très courants dans l’Afrique précoloniale et souvent situés dans des contextes sacrés ou cérémoniels. Beaucoup de ces traditions ont survécu[968]. »
↑« la tradition orale africaine ne se limite pas, en effet, à des contes et légendes ou même à des récits mythiques ou historiques, et les « griots » sont loin d’en être les seuls et uniques conservateurs et transmetteurs qualifiés[973]. »
↑Un article du Magazine littéraire présente ainsi l'ouvrageAnthologie de l'art africain duXXe siècle :« Raison de plus pour lire ce livre qui est sans l'ombre d'un doute l'un des rares, si ce n'est le seul, à permettre de découvrir cet art, sa diversité et la complexité de son histoire. Celle-ci n'a plus grand-chose à voir avec le temps où Léopold Sédar Senghor, dans les années 60, a défini la négritude comme la « somme des valeurs culturelles du monde noir[983]. » »
↑Nombre de licenciés, rugby à quinze : Afrique du Sud, 418 509 ; Namibie, 11 850 ; Zimbabwe, 33 935 ; Kenya, 29 707[1001].
↑Place dans le classement au 14 septembre 2015 : Afrique du Sud, 3 ; Namibie, 20 ; Zimbabwe, 27 ; Kenya, 28 ; Tunisie, 40 ; Madagascar, 41 ; Ouganda, 48 ; Sénégal, 49 ; Côte d'Ivoire, 50[1002].
↑Archives des missions scientifiques et littéraires de France, Commission des missions scientifiques et littéraires, France(présentation en ligne),p. 481.
↑Foudil Cheriguen, « Barbaros ou Amazigh. Ethnonymes et histoire politique en Afrique du Nord »,Mots, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques,no 15,,p. 9(lire en ligne).
↑Samuel Louvet,Modulations intrasaisonnières de la mousson d'Afrique de l'ouest et impacts sur les vecteurs du paludisme à Ndiop (Sénégal) : diagnostics et prévisibilité (thèse de doctorat en géographie, option climatologie), Université de Bourgogne,(lire en ligne),p. 20.
↑Benjamin Sultan,L’étude des variations et du changement climatique en Afrique de l’Ouest et ses retombées sociétales (Mémoire pour l'habilitation à diriger des recherches),Université Pierre-et-Marie-Curie,(lire en ligne[PDF]),p. 24.
↑OCDE, Sahel and West Africa Club,Cahiers de l'Afrique de l'Ouest : Atlas régional de l'Afrique de l'Ouest, OECD Publishing,(lire en ligne),p. 261.
↑Mathieu Mérino, « L’eau : quels enjeux pour l’Afrique subsaharienne ? »,Note de la FRS, Fondation pour la recherche stratégique,no 20,(lire en ligne[PDF]).
↑Alexis Carles,État des lieux de la situation hydrique en Afrique : Conférence internationale "Faire la paix avec l'eau",(lire en ligne[PDF]),p. 20.
↑Dorsouma Al Hamndou et Mélanie Requier-Desjardins, « Variabilité climatique, désertification et biodiversité en afrique : s’adapter, une approche intégrée »,Vertigo,vol. 8,no 1,(DOI10.4000/vertigo.5356,lire en ligne).
↑G. Mokhtar et J. Vercoutter (collab.),« Introduction générale », dans G. Mokhtar (dir.),Histoire générale de l'Afrique,vol. 2 :Afrique ancienne, UNESCO,,p. 13.
↑Edme François Jomard,Notice historique sur la vie et les voyages de René Caillié : accompagnée d'un portrait, Delaunay,, 70 p., epub(lire en ligne),p. 16.
↑Jean Bruno Rakotamalala,Le FMI et la crise financière internationale depuis les années 80 (mémoire de DEA), Université Montesquieu Bordeaux IV,(lire en ligne), chap. 2.1.
↑a etbAgence française de développement, « Migrations subsahariennes : les idées reçues à l’épreuve des chiffres »,Questions de développement,(lire en ligne).
↑« Infographies : en Afrique, le nombre de réfugiés et de déplacés en très forte hausse »,Jeune Afrique,(lire en ligne).
↑Georges Hérault (dir.) et Pius Adesanmi (dir.),Jeunes, culture de la rue et violence urbaine en Afrique : Youth, Street Culture and Urban Violence in Africa (Actes du symposium international d’Abidjan, 5- / Proceedings of the International Symposium held in Abidjan, 5-7 May, 1997), Institut français de recherche en Afrique,(ISBN979-10-92312-01-0,lire en ligne), « Jeunes, culture de la rue et violence urbaine en Afrique : invariants, paramètres et stratégies du changement »,p. 1-8.
↑Roger Pasquier,La jeunesse ouvrière chrétienne en Afrique noire (1930-1950),Karthala,(lire en ligne),p. 48.
↑Émile Le Bris (dir.),L'appropriation de la terre en Afrique noire : manuel d'analyse, de décision et de gestion foncières,Karthala,(lire en ligne),p. 240.
↑Laurence Caramel, « Éducation : l’Afrique toujours dans le peloton de queue »,Le Monde,(lire en ligne).
↑Mathilde Golla, « L'Afrique, portée par ses classes moyennes »,Le Figaro,(lire en ligne).
↑Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP),Jeunesse, classes moyennes et transition démographique et politique en Afrique équatoriale et centrale (note n°10), Ministère de la Défense de la République française ; Délégation aux Affaires Stratégiques,(lire en ligne).
↑Rohen d’Aiglepierre, « L’enseignement privé en Afrique subsaharienne. Enjeux, situations et perspectives de partenariats public-privé »,À savoir, Agence française de développement,no 22,,p. 67(lire en ligne).
↑Jean-PierreChrétien,Le défi de l'ethnisme. Rwanda et Burundi : 1990 – 1996 (fiche bibliographique du centre de documentation du CNRS),Karthala,(présentation en ligne).
↑Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri,Burundi, la fracture identitaire : logiques de violence et certitudes ethniques, 1993-1996,Karthala,(présentation en ligne),p. 201.
↑H. Jeanmaire, « André Schaeffner. Les Kissi, une société noire et ses instruments de musique [compte rendu] »,Revue de l'histoire des religions,vol. 141,no 2,,p. 248-249.
↑Lilyan Kesteloot, « Mythes et épopées en Afrique sahélienne : état des lieux »,Ethiopiques,no 84,.
↑Francis Akindès,« Le lien social dans une Afrique en mutation », dans Josiane Boulad-Ayoub et Luc Bonneville,Souverainetés en crise, Presses de l'Université Laval - L'Harmattan,, 569 p.(lire en ligne),p. 379-403 (p. 15 de l'extrait en ligne).
↑Jacques Binet, « Nature et limites de la famille en Afrique noire »,Études scientifiques, ORSTOM,,p. 7(lire en ligne).
↑Bertrand Badie,L'État importé : L'occidentalisation de l'ordre politique,Fayard,, 334 p. — Présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur :« L'État importé. ».
↑Thierno Bah, « Perrot, Claude-Hélène et Fauvelle-Aymar, François-Xavier (éds.), Le retour des rois. Les autorités traditionnelles et l’État en Afrique Contemporain, Paris, Karthala, 2003, 568 pages [compte-rendu] »,Journal des africanistes,vol. 74,nos 1-2,,p. 520-522(lire en ligne).
↑GermaineDieterlen, « Contribution à l'étude des forgerons en Afrique Occidentale. »,École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire 1965-1966,t. 73,,p. 3-28(DOI10.3406/ephe.1964.18185,lire en ligne).
↑Jean-Francis Ekoungoun, « Archives Amadou Hampâté Bâ. Vers une politique de conservation cohérente »,Continents manuscrits,no 1,(lire en ligne).
↑En français, redessinée d'après les fonds de carte de la CIA etJeanSellier, Bertrand de Brun (cartographie) et Anne Le Fur (cartographie),Atlas des peuples d'Afrique, Paris,La Découverte,, 207 p.(ISBN2-7071-4129-1 et978-2-707-14129-3,BNF39082002).
↑Sylvain Ozainne,Un néolithique ouest-africain : cadre chrono-culturel, économique et environnemental de l'Holocène récent en Pays dogon, Mali, Africa Magna Verlag,, 304 p.,p. 208.
↑Jean Comte, « L’Afrique attire de plus en plus d’investissements »,La Croix,(lire en ligne) — Depuis les années 2000, l’Afrique attire de nombreux investissements étrangers dont beaucoup proviennent des pays émergents.
↑Alassane Bâ, « Pourquoi la question des infrastructures est incontournable en Afrique »,Le Monde,(lire en ligne).
↑Kingsley Ighobor, « Énergie : bientôt la lumière au bout du tunnel ? Les initiatives se multiplient autour du secteur énergétique africain »,Afrique Renouveau, Nations unies,(lire en ligne).
↑Olivier Lumenganeso, « L’Afrique doit d’abord investir dans ses infrastructures »,Les Afriques,(lire en ligne)
↑État de l'intégration régionale en Afrique IV : Développer le commerce infra-africain, United Nations Publications,, 563 p.(lire en ligne),p. 365.
↑André-Michel Essoungou, « La bonne gouvernance, clé du progrès »,Afrique Renouveau,(lire en ligne).
↑OECD, International Labour Office, International Monetary Fund, International Statistical Committee of the Commonwealth of Independent States,Manuel sur la mesure de l'économie non observée, OECD Publishing,, 276 p.(lire en ligne),p. 147.
↑François Lequiller,L’économie souterraine dans le PIB : avancées et limites, Ministère de finances et des comptes publics, Ministère de l'économie, de l'industrie et du numérique (France).(lire en ligne[PDF]),p. 7.
↑Carlos Maldonado et B. Gaufryau,L'économie informelle en Afrique francophone : structure, dynamiques et politiques, Bureau international du travail,, 504 p.(lire en ligne),p. 212.
↑Emeline Wuilbercq, « Les impôts sont-ils (vraiment) nécessaires au développement de l’Afrique ? »,Le Monde,(lire en ligne).
↑Jean-Philippe Berrou et Claire Gondard-Delcroix, « Dynamique des réseaux sociaux et résilience socio-économique des micro-entrepreneurs informels en milieu urbain africain »,Mondes en développement,vol. 4,no 156,,p. 73-88 (p. 85)(DOI10.3917/med.156.0073).
↑Philippe Norel, Claire Aslangul, Paloma Moreno, Carina Van Vliet et Olivier Bouba-Olga,L'Invention du marché. Une histoire économique de la mondialisation,Seuil,, 592 p.(lire en ligne),p. 85.
↑Olivier Pironet, « Les sources hégéliennes du discours de Nicolas Sarkozy à Dakar. Le philosophe et le président : une certaine vision de l’Afrique »,Le Monde diplomatique,(lire en ligne).
↑LambertOpara Opimba,L’impact de la dynamique de l'intégration régionale sur les pays de la SADC : une analyse théorique et empirique (thèse de doctorat en sciences économiques), Université Montesquieu, Bordeaux IV,(lire en ligne),p. 259.
↑PierreJanin, « Les « émeutes de la faim » : une lecture (géopolitique) du changement (social) »,Politique étrangère,,p. 251-263(DOI10.3917/pe.092.0251,lire en ligne) —« Les « émeutes » de l’année 2008 ne renvoient pas à des situations de pénurie alimentaire aggravée (§ 12) ».
↑Gaëlle Beaujean-Baltzer,Vers l’Afrique : au rythme d’une promenade (Journée d'étude,, INHA - Université Paris 1 - HiCSA « Voir, ne pas voir. Les expositions en question »), Université Paris 1(lire en ligne).
↑Pierre Larousse,Grand dictionnaire universel duXIXe siècle,t. 11, 1866-1876,p. 191, cité parJosué Muscadin,La représentation de l'Afrique et des Africains dans les écrits d'un missionnaire poitevin. Le père Joseph Auzanneau à Kibouendé (Congo français) 1926-1941, Université de Poitiers,(lire en ligne).
↑André Blanchet, « Le premier Festival mondial des arts nègres fut un rendez-vous d’une évidente portée politique »,Le Monde diplomatique,,p. 4(présentation en ligne).
↑Jérôme Rousseaux,Les musiques africaines (Dossier d’accompagnement de la conférence / concert du vendredi proposée dans le cadre du projet d’éducation artistique des Trans et des Champs Libres),(lire en ligne),p. 2.
↑Jean Derive,Collecte et traduction des littératures orales : un exemple négro-africain : les contes ngbaka-ma'bo de R.C.A., Peeters Publishers,(lire en ligne),p. 45.
↑« La vie après un Nobel. L'écrivain discret et constant J. M. Coetzee, 74 ans, Sud-Africain naturalisé Australien en 2006 Prix Nobel de littérature en 2003 »,La Croix,(lire en ligne).
↑Alexis Billebault et Rémy Darras, « Clubs africains : populaires, pas encore millionnaires »,Jeune Afrique « Le business du sport en Afrique »,(lire en ligne).
↑Julien Migozzi, « Le rugby en Afrique du Sud face au défi de transformation : jeu de pouvoir, outil de développement et force symbolique »,Les Cahiers d’Outre-Mer,no 250,(DOI10.4000/com.5975,lire en ligne).
↑Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (société allemande pour la coopération internationale),Sport et développement en Afrique, Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement,(lire en ligne).
Philippe Lavachery,« À la lisière de la forêt : 10 000 ans d'interactions entre l'homme et l'environnement dans les Grassfields (Cameroun) », dans Alain Froment et Jean Guffroy (éds.),Peuplements anciens et actuels des forêts tropicales : actes du séminaire-atelier, IRD,(ISSN0767-2896,lire en ligne),p. 89-102 — Colloque « Peuplements Anciens et Actuels des Forêts Tropicales : Séminaire-Atelier », 15 et 16 oct. 1998, Orléans
António de Almeida Mendes, « Les réseaux de la traite ibérique dans l'Atlantique nord (1440-1640) »,Annales. Histoire, Sciences Sociales,no 4,,p. 739-768(lire en ligne)
(en)Patrick Manning,« African population: projections, 1850-1960 », dansThe demographics of empire: the colonial order and the creation of knowledge,, 245-275 p.(lire en ligne)
C. de Wasseige, J. Flynn, D. Louppe, F. Hiol et Ph. Mayaux (éds.),Les forêts du bassin du Congo – État des Forêts 2013, Belgique, Weyrich,, 328 p.(ISBN978-2-87489-298-1,lire en ligne)
Rapport annuel 2014 de la Banque mondiale, Banque mondiale(lire en ligne)
Le développement économique en Afrique 2012 : transformation structurelle et développement durable en Afrique,CNUCED(lire en ligne)
Le développement économique en Afrique 2013 : commerce intra-africain : libérer le dynamisme du secteur privé,CNUCED(lire en ligne)
Le développement économique en Afrique 2014 : catalyser l'investissement pour une croissance transformatrice en Afrique,CNUCED(lire en ligne)
Le développement économique en Afrique 2015 : libérer le potentiel du commerce des services en Afrique pour la croissance et le développement,CNUCED(lire en ligne)
Le développement économique en Afrique 2016 : dynamique de la dette et financement du développement en Afrique,CNUCED(lire en ligne)
Rapport OMD 2014 : Évaluation des progrès accomplis en Afrique dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Analyse de la Position commune africaine sur le programme de développement pour l’après-2015,ONU -Union africaine -BAFD -PNUD,(lire en ligne[PDF])
Rapport OMD 2015. Évaluation des progrès réalisés en Afrique pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement,ONU (commission économique pour l'Afrique) -BAFD -Union africaine -PNUD,(lire en ligne[PDF])
Perspectives économiques en Afrique 2011, OECD, African Development Bank, United Nations Economic Commission for Africa, United Nations Development Programme,(lire en ligne)
Perspectives économiques en Afrique 2013, BAFD, OCDE, PNUD(lire en ligne[PDF])
Perspectives économiques en Afrique 2016, BAFD, OCDE, PNUD(lire en ligne[PDF])
Bureau international du travail,« 2. Mesure de l'économie informelle », dansÉconomie informelle et travail décent : guide de ressources sur les politiques, soutenir les transitions vers la formalité(lire en ligne)
Daniel AmaraCissé,Histoire économique de l'Afrique noire. Des origines à 1794, L'Harmattan - Presses universitaires et scolaires d'Afrique,, epub
Gareth Austin, « Développement économique et legs coloniaux en Afrique »,International Development Policy - Revue internationale de politique de développement,no 1,(DOI10.4000/poldev.135,lire en ligne)
Ladji Ouattara, « Frontières africaines 1964-2014. Le défi de l'intangibilité »,Diploweb,(lire en ligne)
Georges Balandier, « Réflexions sur le fait politique : le cas des sociétés africaines »,Cahiers internationaux de sociologie, Les Presses universitaires de France,vol. 37,,p. 23-50(lire en ligne)
Carlos Lopes, « Miser sur l’industrie extractive en Afrique pour une transformation économique inclusive »,Passerelles,ICTSD,vol. 16,no 2,(lire en ligne)
Henry Veltmeyer,Des outils pour le changement : Une approche critique en études du développement, University of Ottawa Press,(présentation en ligne)
Philippe Hugon,« L’agriculture en Afrique subsaharienne restituée dans son environnement institutionnel », dans Claude Auroi et Jean-Luc Maurer (éds.),Tradition et modernisation des économies rurales : Asie-Afrique-Amérique latine, Graduate Institute Publications,(lire en ligne),p. 205-237
Christian Bouquet, « L’État en Afrique. Géographie politique de la maîtrise des territoires »,L’Espace Politique,vol. 1,no 7,(lire en ligne, consulté le)
NEPAD,Les agricultures africaines, transformations et perspectives,(lire en ligne)
Suffyan Koroma, Victor Mosoti, Henry Mutai, Adama Coulibaly et Massimo Iafrate,Vers un marché commun africain pour les produits agricoles, Rome, FAO,, 231 p.(ISBN978-92-5-206028-4,lire en ligne[PDF])
Honorat Aguessy,Cadre théorique : Les concepts de tribu, ethnie, clan, pays, peuple, nation, État, etc. et les sociétés africaines (Colloque « Problématique de l'État en Afrique noire », Dakar, 30 novembre -), UNESCO,(lire en ligne)
Jean Derive,« L'Afrique : mythes et littérature », dans D. Chauvin, A. Siganos et P. Walter,Questions de mythocritique, Imago,(lire en ligne),p. 11-20
Georg Lutz et Wolf Linder,Structures traditionnelles dans la gouvernance locale pour le développement local, Université de Berne - Banque mondiale,(lire en ligne)
Olivier Bonfait, « Collectionnisme », Encyclopædia Universalis en ligne(consulté le)
Léo Pajon, « Peinture : Picasso envoûté par les fétiches »,Jeune Afrique,(lire en ligne)
János Riesz,« Le discours sur l’« art nègre » : modèle de la réception de la future littérature nègre ? », dansLittératures noires (Actes du Colloque international de littérature, musée du quai Branly et Bibliothèque nationale de France, 29-),coll. « Les actes »,(lire en ligne)
Ola Balogun, Pathé Diagne, Honorat Aguessy et Alpha I. Sow,Introduction à la culture africaine, UNESCO, 10/18,(lire en ligne)
Nadine Martinez,Formes et sens de l'art africain : Les surfaces planes dans les œuvres d'art des Dogon, Bamana et Sénoufo du Mali, de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso,L'Harmattan,(lire en ligne),p. 6
Louis Perrois,« Pour une anthropologie des arts de l'Afrique noire », dans W. Schmalenbach (dir.),Arts de l'Afrique noire dans la collection Barbier-Mueller, Nathan,(lire en ligne),p. 27-43
Éloi Rousseau et Johann Protais,Chefs-d'œuvre de l'art africain, Larousse,
Henri de Lumley, « Les grandes étapes de l’aventure culturelle de l’Homme. Émergence de la conscience »,Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,vol. 152,no 1,,p. 253-259(lire en ligne)
Patrick Paillet, « Art et comportements symboliques au Paléolithique : quelques points de vue actuels »,Collection de tirés-à-part de la bibliothèque de l'I.P.H.,(lire en ligne)
Altaïr Despres, « Visibilité et légitimation de l’Afrique dans le champ de la danse contemporaine »,Homme et migrations,no 1297,,p. 116-126(lire en ligne)