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| Chefs d'accusation | agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité |
|---|---|
| Pays | |
| Ville | Sombernon |
| Nombre de victimes | 4 |
| Jugement | |
| Statut | Affaire non jugée |
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L'affaire Yves Grosjean est une affaire judiciaire mettant en cause un prêtre de l'archidiocèse de Dijon, Yves Grosjean, accusé en 2024 d'agressions sexuelles sur quatre mineurs, dont l'un était âgé de 12 ans en 2010.
Un collectif constitué après lamise en examen du prêtre et sonincarcération en mai 2025 dit avoir recueilli les témoignages de 16 autres victimes présumées, toutes mineures dans les années 2000 et 2010 au moment des faits allégués.
Yves Grosjean, né le àNancy[1], est ordonné prêtre en 1993[2]. Après plusieurs affectations àChâtillon-sur-Seine,Montbard etAuxonne enCôte-d'Or[3], il exerce de 2001 à 2013 dans la paroisse deSombernon[2] et parallèlement àVitteaux entre 2010 et 2012[4]. En 2007, il devient aumônier diocésain duMouvement eucharistique des jeunes (MEJ)[5]. Il est nommé en 2013 curé des paroisses deBligny-sur-Ouche etArnay-le-Duc[6]. Il effectue deux séjours enRépublique démocratique du Congo, le premier en 2014[2],[7].
Le prêtre est apprécié par les jeunes des paroisses où il a exercé. Il organise des soirées cinéma au presbytère, des déplacements dans des parcs d'attraction, leur distribue des cigarettes et les laisse utiliser son téléphone et son ordinateur[8]. Après un signalement en 2016 à l'évêque,Roland Minnerath, il fait l'objet d'une enquête préliminaire qui est classée sans suite pourprescription[9],[10].
En juin 2016, le prêtre quitte soudainement sa paroisse sans explications. Son départ pour« une année de formation » est annoncé dix jours plus tard sur le site dudiocèse de Dijon[6],[11],[12]. Il est accueilli en 2017 commeprêtreFidei Donum dans l'archidiocèse de Rabat auMaroc[13] où il exerce des responsabilités auprès de jeunes, notamment comme aumônier scout[10]. À la demande de l'archevêque de Rabat, il revient en France en 2024« pour une période d’un an afin de pouvoir bénéficier d’un suivi psychologique ». Les causes de son départ auraient été, selon les déclarations d'Yves Grosjean, des relations « problématiques » avec de jeunes garçons[1] pour lesquelles il aurait fait l'objet au Maroc d'une enquête de police[14].
Il est affecté en septembre 2024 comme prêtre coopérateur à l'église Saint-Pierre de Dijon[15],[13], proche de l'école Saint-Pierre dont il est l'aumônier[8]. Interrogé en juillet 2025 par le quotidienLa Croix, le prêtre chargé de veiller à l'application des restrictions tenues secrètes touchant Yves Grosjean, son ami depuis 30 ans, fait valoir que« Saint-Pierre est une école primaire [et que] le problème des relations ne s’est posé qu’avec des adolescents »[10].
En octobre 2024, le prêtre envoie unSMS à sa victime présumée qu'il avait connue à Sombernon, Jean Jedrysek, pour prendre de ses nouvelles[16]. Ce message inattendu provoque chez le jeune homme, âgé de 27 ans, le retour d'un souvenir remontant à ses 12 ans, en 2010, quand Yves Grosjean l'avait emmené auFuturoscope. Seul avec le prêtre, qui lui caresse la cuisse lors du voyage, il est contraint de dormir avec lui dans une chambre d'hôtel[9]. Yves Grosjean reconnaît, dans l'échange de messages qui suit, lui avoir« caressé le corps »[14].
Quelques jours après ces aveux, Jean Jedrysek dépose une plainte à la gendarmerie de Sombernon[14]. L'archevêque de Dijon,Antoine Hérouard, reçoit par l'intermédiaire de laConférence des évêques de France une lettre de Jean Jedrysek qui l'amène à prendre des mesures conservatoires en interdisant au prêtre le toute activité auprès de mineurs[17],[14],[Note 1] et tout contact avec les paroisses où il a été en fonction, interdiction qu'Yves Grosjean n'aurait pas respectée en se rendant àArnay-le-Duc en avril 2025[12].
Une enquête est ouverte au cours de laquelle apparaissent des faits nouveaux, concernant une autre personne, qui sont classés sans suite pour cause de prescription[14]. Yves Grosjean estmis en examen le pour « agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité » et placé endétention préventive àBourges dans leCher[9]. Antoine Hérouard révèle l'information dans un communiqué[15] paru le lendemain[13].
Un collectif se constitue le, la « Parole accueillie », soutenu par la journaliste Emmanuelle Dancourt de l'associationMeTooMedia[18]. Il dit avoir reçu 16 plaintes[19] ayant pour auteurs de jeunes hommes, âgés de 25 à 40 ans, qui ont côtoyé Yves Grosjean dans les années 2000 et 2010, tous mineurs au moment des faits présumés[9]. Le collectif demande àAntoine Hérouard de lui transmettre les coordonnées des anciensconfirmands d'Yves Grosjean et les archives du diocèse le concernant, ce que l'archevêque refuse[20],[18]. L'affaire suscite l'incompréhension et un sentiment de trahison parmi les familles du diocèse de Dijon, qui n'ont pas été mises au courant des accusations pesant sur Yves Grosjean jusqu'à sa mise en examen[10],[21].
L’audience du à lachambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon révèle qu'Yves Grosjean a avoué lors de sagarde à vue avoir agressé trois autres mineurs[19] et eu des« relations consenties » avec deux adolescents. Le prêtre évoque également« une relation proche, mais sans rapports sexuels, avec un jeune Marocain qui a profité de [s]a confiance pour voler de l’argent appartenant au diocèse », ce qui serait la cause de son départ en 2024 dudiocèse de Rabat. Il reconnaît avoir« une attirance pour les jeunes garçons dans l’après-puberté » et affirme avoir été lui-même agressé dans sa jeunesse par son frère aîné[1]. Sa demande de remise en liberté est rejetée[22].
Dans une lettre ouverte publiée le, le collectif interpelle sur leur silence les évêques émérites et en fonction à Dijon et à Rabat. Il leur demande de fournir la liste de toutes les affectations d'Yves Grosjean en France et au Maroc et les interroge sur la communication des antécédents du prêtre à la commission nationale d'expertise sur la pédophilie et à Rome[19],[23]. Antoine Hérouard s'interroge sur les motivations du collectif qui semble vouloir mener« une enquête parallèle »[24],[3].
La demande de remise en liberté d'Yves Grosjean est à nouveau rejetée le[25],[26]. Le prêtre reconnaît cinq agressions sur des mineurs, mais laisse entendre qu'il aurait fait d'autres victimes :« Ce n'est pas impossible, mais je ne saurais dresser une liste et donner les noms [...] Ce sont les seules dont je me suis souvenu au moment de mon audition, peut-être qu'il y en a d'autres concernées par mes mauvaises attitudes »[27]. L'enquête s'oriente également du côté du Maroc à la recherche d'un adolescent qui aurait pu être abusé par le prêtre[26],[27].