Affaire Jessyca Sarmiento | |
![]() Manifestation d'Acceptess-T en hommage à Jessyca Sarmiento en. | |
Fait reproché | Homicide |
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Chefs d'accusation | Homicide volontaire (puisinvolontaire) |
Pays | ![]() |
Ville | Paris |
Lieu | Bois de Boulogne (16e arrondissement de Paris) |
Nature de l'arme | Automobile |
Type d'arme | Renault Clio |
Date | |
Nombre de victimes | 1 |
Jugement | |
Date du jugement | |
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L'affaire Jessyca Sarmiento est une affaire criminelle française concernant la mort d'uneprostituéepéruvienne, renversée par une voiture conduite par trois hommes dans lebois de Boulogne àParis le matin du, six mois après son arrivée enFrance.
Son décès intervient dix-huit mois après celui de sa compatrioteVanesa Campos, dans un contexte d'augmentation des violences contre lestravailleuses du sexe qui est, selon les associations, une conséquence directe de laloi de 2016 pénalisant leurs clients.
Jessyca Sarmiento est née le dans laprovince de Cañete, au sud deLima[1]. Elle est fille unique d'une seconde union et grandit dans une situation très précaire[1]. Elle est victime de violentes agressions[2]. Elle se prostitue plusieurs années enArgentine, avant d'arriver en France en[1]. Elle est accueillie par une compatriote àColombes[1]. Elle travaille aubois de Boulogne, suffisamment pour payer son loyer et envoyer un peu d'argent à son demi-frère, dont la fille est égalementtrans, pour chercher à l'encourager à rester à l'école[1]. Mais Jessyca Sarmiento rêve de devenir cuisinière, et pour ce projet elle se fait aider par l'associationAcceptess-T ; elle y prépare son recours contre uneobligation de quitter le territoire française notifiée en, et prend des cours de français[1]. Elle est« studieuse, appliquée, et généreuse, apportant à chaque séance le repas pour ses camarades »[3]. Son professeur de français la décrit comme« discrète et timide » mais déterminée à s'exprimer en français[4].
Le matin du, sur l’Allée de la Reine-Marguerite, Jessyca Sarmiento est fauchée par une voiture[5]. Deux témoins préviennent la police. Selon eux, une Renault Clio avec trois personnes à bord aurait volontairement foncé sur la victime, avant de fuir sans même s'arrêter[5],[6],[7],[8],[9]. Des témoins expliquent que Jessyca Sarmiento pourrait avoir été visée en aveugle, après des altercations entre ses assaillants et d'autres personnes trans le soir même[10]. Elle décède vers 2h40, malgré l'intervention des pompiers[5].
Image externe | |
![]() | Hommage à Jessyca Sarmiento, photographie Gérard Bottino (Getty Images) |
Une manifestation est organisée le samedi, avec un départ de l’allée de la Reine Marguerite[11]. Une centaine de personnes sont présentes[12]. Le frère de Jessyca, Severino, venu du Pérou grâce à la générosité d'un donateur d'Acceptess-T[2], prend la parole[12], de même que les représentants d'Acceptess-T, duSTRASS et duprojet Jasmine[13]. Les slogans dénoncent l'inaction de l’État et celle deMarlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité femmes/hommes :« Jessyca assassinée, Schiappa complice ! »[11].Act Up-Paris réunit la somme nécessaire aux frais funéraires et au rapatriement du corps au Pérou[11].
Un an après le meurtre, au moment où l'on apprend le renvoi aux assises de neuf hommes accusés d'avoir tuéVanesa Campos, Acceptess-T appelle à un rassemblement en mémoire de Jessyca Sarmiento[14].
Ce décès survient dans un contexte d'augmentation des violences contre les travailleuses du sexe[15],[16], un an et demi après celui deVanesa Campos, une autre travailleuse du sexe trans péruvienne, tuée par balle en au Bois de Boulogne[17]. SelonAcceptess-T, 10 travailleuses du sexe auraient été assassinées en 2019 en France[12], chacun de ces meurtres entrainant« une forme d’intériorisation, de normalisation des violences », selonGiovanna Rincon[17].
Depuis 2016, les personnes achetant des services sexuels peuvent être sanctionnées d'une amende allant de 1 500 à 3 500 €. D'après lestravailleuses du sexe, les conséquences sont nombreuses : le nombre de clients et leurs revenus diminuent, et les violences augmentent[18] parce que les clients profitent de leur précarité accrue. Giovanna Rincon explique que« depuis l'assassinat deVanesa Campos, les agressions, parfois quasi-mortelles, se répètent »[9]. Selon leSTRASS, depuis la mort de Vanesa Campos,Marlène Schiappa aurait réaffirmé son soutien aux associationsabolitionnistes[11]. Le syndicat déplore le silence du gouvernement :« On attend toujours le rapport d'évaluation de la loi de 2016 ! Un décès de plus et le gouvernement ne nous répond toujours pas ! »[12]. SelonGiovanna Rincon :« On nous dit que la loi garantit la dignité des personnes, or nous les personnes concernées, nous les femmes trans migrantes, avons la preuve avec le sang des morts que c'est faux »[10].
Le1er district de police judiciaire de Paris est chargé de l’enquête[3]. La nuit du meurtre, uneClio pouvant correspondre au signalement donné par les témoins est retrouvée abandonnée dans leXXe arrondissement de Paris[5]. Une enquête pourhomicide volontaire est ouverte[1]. Un jeune homme est interpellé en octobre 2020[19].
Le meurtrier présumé, Abdoulaye D., un homme de 21 ans, comparait devant le tribunal judiciaire de Paris le 8 février 2022. Il est condamné pour homicide involontaire à cinq ans de prison, dont quatre ferme[19],[20]. Il ne fait pas appel, son avocat considérant que« l'institution judiciaire a su rester mesurée »[19].
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