
L'accusation de meurtre rituel portée à l'encontre desJuifs, également nomméelégende de sang (enhébreu : עלילת דם’alilat dam « accusation de sang »), est uneallégation d'antijudaïsme et d'antisémitisme selon laquelle les Juifs assassineraient des enfantsnon-juifs à des finsrituelles, l'utilisation de leur sang pour la confection depains azymes pour laPâque étant la plus fréquemment citée.
Il s'agit de l'une desallégations antijuives les plus anciennes de l'Histoire puisqu'elle précède lechristianisme. Il y aurait eu plus de 150 accusations et, probablement, des milliers derumeurs sous ce même chef[1].
Le premier cas connu d'accusation demeurtres rituels envers les Juifs émane d'Apion, un écrivain égyptienhellénisé ayant vécu auIer siècle àAlexandrie, où eurent lieu en l'an 38 apr. J.-C desémeutes antijuives. Il nous est parvenu via l'historien judéenFlavius Josèphe qui les réfute dans son livre écrit vers 93 apr. J.-CContre Apion (Sur l'antiquité du peuple juif).

Toutefois, et bien que lesénateur romainCassiodore ait recommandé la traduction des œuvres de Josèphe en latin auVIe siècle, l'accusation ne fut jamais réitérée avant leXIIe siècle, y compris par les plus âpres adversaires du judaïsme, dontAgobard, l'évêque de Lyon (IXe siècle), le moinecistercien Rudolphe deRhénanie (qui invectiva les Juifs en1146, les qualifiant d'« ennemis de la religion chrétienne » et incitant ses contemporains à les tuer[2]), ni parBernard de Clairvaux (1091-1153)[3] qui a pour sa part pris leur défense et tenté notamment de restreindre les discours de son ancien disciple Rudolphe[4],[2], ni parPierre le Vénérable qui conseilla àLouis VII de considérer les Juifs comme « les pires ennemis de la foi », plus haïssables encore que lesSarrasins[5].
L'affaire deGuillaume de Norwich est le premier cas connu d’accusation de meurtre rituel lancée par unmoine chrétien,Thomas de Monmouth, en1144[6]. L’enfant, affirme-t-il sur base d’une information transmise par un Juifbaptisé, aurait été assassiné car uneprophétie annoncerait que les Juifs regagneraient le contrôle de laPalestine s’ils immolaient un enfant chrétien chaque année. Il n’est toutefois pas fait mention dans ce premier cas d’un quelconque usage dusang.
Après cette première affaire, les accusations se multiplient dans lachrétienté. De nombreuses disparitions inexpliquées d'enfants et de nombreuxinfanticides sont expliqués par ce biais. Une explicationthéologique est même avancée parThomas de Cantimpré (vers1260), affirmant que le sang des chrétiens, particulièrement celui des enfants, serait convoité par les Juifs pour ses « propriétés curatives »[7]. Selon lui,« il est tout à fait certain que les Juifs de chaque province tirent au sort annuellement quelle est la communauté ou ville qui enverra le sang chrétien aux autres communautés. »
Thomas de Cantimpré ajoute qu'il s'entretient fréquemment avec un « Juif très instruit, qui s'est depuis converti à la foi chrétienne » (peut-êtreNicolas Donin deLa Rochelle, qui initia en1240 unedisputation sur leTalmud avecYehiel de Paris, laquelle aboutit à lacrémation en1242 d'un nombre important de manuscrits duTalmud àParis). Ce converti lui laisse entendre qu'« un des leurs, jouissant de la réputation de prophète, vers la fin de sa vie » leur a prédit que leshémorragies (dont les Juifs sont censés souffrir depuis le temps où ils ont interpelléPonce Pilate,« Que son sang soit sur nous, et sur nos enfants »[8], passage de l'évangile attribué à Matthieu appelé « libelle de sang »), ne peuvent être soulagés que par le « sang chrétien » (« solo sanguine christiano »). Selon Thomas de Cantimpré toujours, les Juifs « toujours aveugles et impies » ont donc pris les paroles de leur « prophète » à la lettre et institué la coutume de répandre chaque année du « sang chrétien » dans chaque province afin de guérir de leur maladie. Cependant, ajoute Cantimpré, ils ont mal compris son propos : par « solo sanguine Christiano », le « prophète » n'entendait pas le sang de chaque chrétien, mais de celui deJésus le Christ ; le seul vrai remède pour toutes les souffrances physiques et spirituelles des Juifs serait donc laconversion au christianisme.

En1255, le chroniqueur du meurtre rituel duPetit saint Hugues de Lincoln fait mention de rites demagie noire pratiqués sur le cadavrepost mortem. En1475, le rituel sacrificiel prétendument pratiqué surSimon de Trente comporte l'ensemble de ces éléments, décrits de façon précise.
Les victimes prétendues, voire dans certains cas imaginaires, dusacrifice humain, qu'elles soient enfants ou adultes, font souvent l'objet d'un culte local commemartyr et sont, dans un petit nombre de cas,canonisées par l'Église.
Les Juifs ont tant à craindre de ces accusations et de leurs retombées, que leGolem dePrague, l'une des grandes figures des légendes juives d'Europe centrale, aurait été créé par leMaharal de Prague pour protéger les Juifs des rumeurs malveillantes en faisant peur aux médisants. L'humour juif en garde également quelques traces amères[9].
Les tenants et aboutissants des accusations évoluèrent dans le temps, et si les premières étaient motivées par le zèle religieux à « châtier » les Juifs qui persistaient dans leur « perfidie », les suivantes se doublaient souvent d'une visée sous-jacente d'ordre économique ou politique.
AuMoyen-Orient, ces accusations étaient largement inconnues, jusqu'à l'affaire de Damas en1840. Elles se sont fortement répandues ensuite, dans les milieux chrétiens commemusulmans.
Bien que largement discréditées, ces accusations persistent de nos jours dans la frangeintégriste de croyants chrétiens et musulmans (voirinfra).


À la question de savoir quel événement a marqué les esprits chrétiens au point de ressortir une vieille fable qui n'avait jusque-là trouvé aucun écho y compris parmi les détracteurs les plus incisifs du judaïsme, le professeurIsraël Jacob Yuval de l'université hébraïque de Jérusalem répond dans un article publié en 1993, suggérant que les chrétiens pourraient avoir vu auXIIe siècle, lors des massacres des communautés juives rhénanes à la suite de l'appel à lapremière croisade, des Juifs égorger leurs propres enfants pour leur éviter des tortures, le viol ou l'esclavage, avant de mourir eux-mêmes en martyrs, ensanctifiant le Nom divin. Cette façon d'agir extrême était connue de la tradition juive, lesZélotes s'étant suicidés en masse àMassada en 74 de notre ère, etRabbi Akiva ayant lui aussi choisi la voie dukiddoush hashem en135 de notre ère. Mais, tel que la perçoit le chroniqueur chrétien :« les Juifs, voyant les chrétiens s'armer en ennemis contre eux et leurs enfants, sans aucun respect pour la faiblesse de l'âge, s'armèrent de leur côté contre eux-mêmes, contre leurs coreligionnaires, contre leurs femmes et leurs enfants, leurs mères et leurs sœurs, et se massacrèrent entre eux. […] Les mères […] coupaient la gorge aux enfants qu'elles allaitaient, aimant mieux se détruire de leurs propres mains que de succomber sous les coups des incirconcis »[11].
Cependant, le professeur Yuval a estimé, en analysant les rapports chrétiens de ces évènements, qu'ils étaient déformés, et de nature à suggérer que si les Juifs peuvent tuer leurs propres enfants, ils peuvent aussi sans problème tuer des enfants chrétiens. Il rejette quant à lui la possibilité des histoires de crime rituel, d'une part parce que de tels sacrifices n'existent pas dans la tradition juive, Dieu lui-même arrêtant la main d'Abraham après avoir éprouvé sa foi, et d'autre part en raison de la nature précaire de l'existence de la minorité juive dans l'Europe chrétienne, précarité qui l'incitait à la discrétion et à la modération. Pour le professeur Yuval il s'agit d'une invention chrétienne[12],[13].
LeShevet Yehouda, une chronique duXVIe siècle rédigée en Italie parSalomon ibn Verga raconte une histoire permettant de comprendre les mécanismes de l'accusation. Un jour, le roi de France reçut une plainte au sujet d'un Juif accusé de « crime rituel ». On l'a torturé, il a avoué, tout est en « ordre ». Demandant à un ambassadeur musulman« si de telles choses arrivent dans son royaume », le roi s'attire alors une cinglante réplique : de« tels enfantillages sont dépourvus de tout fondement rationnel ou religieux ». Le souverain s'emporte :« Mais quelle importance que ce soit irrationnel puisqu'il a avoué ? ». Un témoin avance alors une autre explication au fait que les Juifs ne s'adonnent pas aux crimes rituels enislam :« Honorable seigneur, si cela n'arrive pas dans votre royaume, c'est que les juifs n'ont aucune raison d'en vouloir aux musulmans. Mais ils en ont pour en vouloir aux chrétiens, à cause de Jésus »[14].
Les descriptions de torture et desacrifice humain, dans les accusations antisémites de rituel sanglant vont totalement à l'encontre de l'enseignement réel dujudaïsme et du culte. De la façon la plus évidente, lesDix Commandements dans laTorah interdisent le meurtre. De plus, l'utilisation du sang dans lacuisine juive est strictement interdite par les règles alimentaires de lacacheroute. Le sang des animaux abattus ne doit jamais être consommé. Il doit justement être vidé de l'animal et jeté aux ordures ou recouvert de sable (Lévitique 17:12-13[15]). SelonVayiqra, le Livre duPentateuque qui décrit en détail les rituels sacrificiels, le sang obtenu des animaux sacrifiés peut uniquement être placé sur l'autel duGrand Temple de Jérusalem (qui n'existait déjà plus à l'époque des premières accusations de meurtres rituels par les chrétiens). De plus, l'homme n'est pas considéré comme un « animal cacher ».
Alors que le sacrifice animal était une pratique dujudaïsme ancien, leTanakh (Ancien Testament) et l'Halakha (l'ensemble des lois et prescriptions religieuses) interdisent formellement le sacrifice humain et le considèrent comme l'un despéchés qui différencient lespaïens deCanaan desHébreux (Deutéronome 12:31[16]), (2 Rois 16:3[17]). Les Juifs avaient justement l'interdiction de pratiquer de tels rituels et étaient punis en cas detransgression (Exode 34:15[18]), (Lévitique 20:2[19]), (Deutéronome 18:12[20]), (Jérémie 7:31[21]). En outre, la pureté rituelle dans le judaïsme interdisait à un prêtre de se trouver dans la même pièce qu'un cadavre humain (Lévitique 21:11[22]).
Les partisans des accusations de meurtres rituels, comme lefasciste britanniqueArnold Leese, auteur, en 1938, de « Jewish Ritual Murder », et ses sympathisants contemporains, prétendent que la preuve des meurtres rituels est contenue dans les textes sacrés juifs. Un sitenéonazi mentionne lePsaume 137 comme preuve que les Juifs pratiquaient le meurtre rituel de jeunes enfants en citant de façon isolée le vers :« Heureux qui saisit tes petits enfants, et les écrase sur le roc ! » Cependant, en se basant sur le contexte du reste du psaume 137, ce vers exprime un désir de vengeance à la suite des massacres babyloniens de Juifs. Si on reprend le vers dans son contexte, on comprend alors la véritable signification : « Fille de Babylone, la dévastée, heureux qui te rend la pareille, le mal que tu nous as fait ! Heureux qui saisit tes enfants, et les écrase sur le roc ! » (Psaumes 137:8[23]).
SelonWalter Laqueur,
« En tout, environ 150 cas d'accusations de meurtres rituels ont été répertoriés (sans compter les milliers de rumeurs) qui ont conduit à l'arrestation et au meurtre de Juifs, la plupart durant le Moyen Âge. Dans la majorité des cas, des Juifs étaient tués soit par la foule, soit après un procès précédé de tortures[1]. »
Les exemples présentés ci-dessous ne reprennent que les accusations les plus connues, qui ont contribué à forger le mythe.
On apprend de la polémique deFlavius Josèphecontre Apion[24] que celui-ci aurait accusé les Juifs d'engraisser chaque année unGrec dansleur temple, avant de le tuer afin de l'offrir en sacrifice, de manger ses organes internes et de prononcer un serment d'inimitié contre tous les Grecs.Cette accusation dans la Grèce ancienne, avant l'arrivée du christianisme, est généralement considérée comme un acte d'antisémitisme[réf. nécessaire]. Elle est peut-être la base de l'assertion d'un certain Damocrite (uniquement mentionné par laSouda grecque) selon laquelle les Juifs capturent un étranger tous les sept ans et l'offrent en sacrifice en lacérant sa chair[3].
Socrate le Scolastique rapporte dans sonHistoria Ecclesiastica (Constantinople,415) que des Juifs ivres auraient accidentellement tué un enfant chrétien en le pendant àPourim en dérision deHaman[3]. Selon une autre version, ils auraient attaché l'enfant sur une croix et flagellé à mort[25].

La première accusation de meurtre rituel contre les Juifs a lieu enAngleterre le, jour dela Pâque juive[6]. Les Juifs deNorwich sont accusés à la fois de meurtre rituel et d'avoir saigné le jeuneGuillaume âgé de 12 ans, après la découverte dans un bois de son corps criblé de coups de couteau, où une lumière aurait guidé jusqu'à lui. Le biographe dit tenir tous les détails de l'accusation d’une servante chrétienne travaillant chez des Juifs.
La légende se transforme en culte, Guillaume obtient le statut demartyr et des foules de pèlerins se pressent apportant richesse à l'église locale. En1189, la députation juive venue pour le couronnement deRichard cœur de Lion est attaquée par la foule. Unpogrom s'ensuit à Londres et s'étend à travers toute l'Angleterre. Le, tous les Juifs de Norwich sont massacrés dans leurs maisons, sauf quelques-uns qui réussissent à trouver refuge au château.
Un siècle plus tard (en1290), les Juifs sontexpulsés de toute l'Angleterre. Ils ne seront autorisés à y revenir qu'après1655.
En mars1171, àBlois enFrance, un valet chrétien affirme avoir vu un Juif jeter le corps d'un enfant dans laLoire[26]. Selon l'historienJohn Tolan, c'est l'abbé du monastère duMont-Saint-Michel, historien et conseiller privé d'Henri II d'Angleterre,Robert de Torigni qui affirme qu’àPâques, des Juifs de Blois auraient crucifié un enfant puis déposé son corps dans un sac jeté ensuite dans la Loire[27].
Les autorités ne retrouvent aucun corps. Ceci n'empêche pas les quelques dizaines de Juifs de la ville d'être emprisonnés. Trente-huit Juifs, dont dix-sept femmes et enfants, sont brûlés vifs (32[27] ou 40 selon d'autres écrits), le26 mai de la même année, sur ordre du comteThibaut V[26],[28]. Il semble avoir utilisé le prétexte de meurtre rituel afin de conforter sa situation politique, étant alors en perte de pouvoir face à son frère, et financière, en s'appropriant les biens des victimes[27]. « Blois devint ainsi la première ville européenne... à être le théâtre de la mise à mort de juifs sous le chef d’accusation de meurtre rituel »[27].

Le, mercredi de lasemaine sainte, une petite chrétienne est trouvée morte àValréas enProvence. Cela donne lieu à une nouvelle rumeur de « crime rituel » et entraîne vers latorture puis lebûcher la totalité de la petite communauté[29],[30]. Par la suite, d'autres Juifs de la région sont eux aussi persécutés et il faut l'intervention du papeInnocent IV pour arrêter cette flambée d'antijudaïsme[30].
Vers1250, unenfant de chœur deSaragosse en Espagne,Dominguito del Val, aurait été enlevé et crucifié par des Juifs qui lui auraient ensuite arraché le cœur mais une lumière s'échappant de son tombeau aurait permis que l'on découvre ce crime[31]. Les persécutions qui s'ensuivirent sur lapopulation juive firent que beaucoup durent se convertir[31]. Dominguito, canonisé, a été fêté le avant que l'Église catholique réexamine les faits et supprime ce culte. Il n'est même pas certain que Dominguito ait existé. La seule trace documentaire est constituée par le récit rapportant des rumeurs qu'en a donnéAlphonse X de Castille.
En1255, se produit le cas duPetit Saint-Hugues de Lincoln en Grande-Bretagne, qui nous est parvenu notamment par la mention qu'en fait 150 ans plus tardGeoffrey Chaucer : un enfant de 8 ans, dénommé Hugh, fils d'une femme nommée Béatrice, disparaît le àLincoln[32]. Son corps est retrouvé le29 août, couvert d'immondices, dans une fosse ou un puits appartenant à un Juif dénommé Copin ou Koppin de Lincoln, aidé des accusations de la mère et du juge et officier du roi,(en)John de Lexinton[33]. À la suite de la promesse faite à Copin par John de Lexinton de lui laisser la vie sauve, Copin confesse que le garçon a été crucifié par les Juifs, qui se sont rassemblés à Lincoln dans ce but[34]. Le roiHenri III, arrivé à Lincoln cinq semaines plus tard, refuse de respecter la promesse faite par Lexinton et fait exécuter Copin. 99 juifs de Lincoln sont arrêtés et envoyés àLondres, où 18 d'entre eux sont exécutés[6]. Les autres doivent leur salut à l'intercession desfranciscains ou deRichard de Cornouailles, frère du roi[35].
En1267, le corps d'une fillette de sept ans est découvert àPforzheim,pays de Bade, dans une rivière par un pêcheur. Les Juifs sont suspectés. Lorsqu'ils sont conduits devant le corps de la fillette, on raconte que le sang commence à couler des blessures ; conduits une seconde fois devant le corps, le visage de l'enfant se met à rougir, et ses deux bras s'élèvent. Outre ces « miracles », la fille d'une « méchante femme » témoigne que sa mère aurait vendu l'enfant aux Juifs. Il n'y a pas eu de procès équitable et il est fort probable que la « méchante femme » ait été la meurtrière. Il est évident qu'un meurtre judiciaire a alors été commis à l'encontre des Juifs à la suite de cette accusation, de la façon dont est relaté cet événement dans le « Memorbuch » deNuremberg et les poèmes de la synagogue[36].
En1270, un autre « miracle » sera retenu comme preuve de la culpabilité des Juifs àWissembourg (Alsace) : selon l'accusation, les Juifs auraient suspendu par les pieds un enfant (dont le corps a été retrouvé dans laLauter) et ouvert chacune de ses artères afin de recueillir tout son sang. Les blessures de l'enfant auraient cependant continué à saigner pendant cinq jours.

En1287, àOberwesel (Allemagne), d'autres « miracles » accusent les Juifs : le corps du jeuneWerner, âgé de seize ans, aurait flotté sur leRhin à contre-courant jusqu'àBacharach, émettant un rayonnement et doué de pouvoirs de guérison. Pour cette raison, les Juifs d'Oberwesel et de nombreuses autres localités voisines sont sévèrement persécutés pendant les années1286-1289. L'empereurRodolpheIer à qui les Juifs ont fait appel pour leur protection, publie une proclamation publique affirmant qu'un grand tort a été commis à l'encontre des Juifs, et que le corps de Werner doit être brûlé et ses cendres dispersées au vent. Werner est considéré comme unmartyr à qui on attribue des miracles ; plusieurs lieux notamment en France (Auvergne,Franche-Comté) rappellent le culte de saint Vernier, dont les dernières représentations datent duXIXe siècle.
ÀTroyes, enChampagne, en 1288, les Juifs sont accusés d'un meurtre rituel : pour sauver les juifs de la cité, 15 membres d’une famille juive se sacrifient en s’accusant d’un délit qu’ils n’ont pas commis, ils sont brûlés[37].

Konrad Justinger dans sa « Chronique » de1423 affirme qu'àBerne (Suisse) en1294, les Juifs ont torturé et assassiné un petit enfant appelé Rodolphe (ou(de)Rudolf de Berne) pour leur « crime rituel ». Unpogrom s'ensuit à Berne puis les autorités décident d'expulser tous les Juifs de la ville devant abandonner leurs biens et leurs créances, afin de calmer la colère populaire et éviter de rembourser les dettes dues aux financiers juifs. Les documents montrent que ni le roi, ni la cour, ni le maire de la ville ne croyaient en ce meurtre rituel, ni même le juge d'alors qui parle d'un meurtre « présumé »[38]. L'impossibilité historique de cette histoire largement accréditée fut démontrée par Jakob Stammler, unpasteur de Berne, en1888[39]. Iconographiquement, Rodolphe est représenté avec les attributs desaint, palme, croix et couteau ; parfois, on le trouve blessé au sol[40].
LeMemorbuch deNuremberg est écrit à la fin duXIIIe siècle. Il raconte entre autres qu'en 1285, la communauté juive deMunich a été accusée de meurtre rituel. 180 juifs, hommes, femmes, enfants furent alors enfermés dans la synagogue et brûlés avec elle[41].
Les accusations de meurtres rituels semblent avoir été si nombreuses auXIIIe siècle dans l'Europe chrétienne, bien que peu d'informations ne nous soient parvenues, que le DucBoleslas V le Pudique en1264, dans laCharte de Kalisz, chargée de protéger les Juifs de Pologne, ait été obligé de mentionnertexto dans l'article 31 de cette charte :
« Il est strictement interdit d'accuser les Juifs de boire du sang humain. Cependant, si un Juif est accusé du meurtre d'un enfant chrétien, cette accusation devra être prouvée par le témoignage de trois Chrétiens et de trois Juifs avant que la condamnation du Juif puisse être prononcée. Néanmoins, si ces témoins prouvent l'innocence du Juif, le dénonciateur subira le châtiment qu'eut subi le Juif. »
À Rinn, près d'Innsbruck dans leTyrol, un garçon du nom d'Andreas Oxner (connu aussi sous le nom d'Anderl von Rinn) aurait été acheté par des marchands juifs et assassiné avec cruauté dans une forêt proche de la cité en1462 ; son sang aurait été soigneusement recueilli dans des bassines (l'accusation d'avoir vidé l'enfant de son sang n'est faite qu'au début duXVIIe siècle, lors de l'établissement du culte). L'inscription la plus ancienne dans l'église deRinn, datant de1575, est altérée par des embellissements fabuleux ; il est, par exemple, rapporté que l'argent qui servit à acheter le garçon à son parrain s'était transformé en feuilles, ou qu'un lis avait fleuri sur sa tombe. Le culte continua jusqu'à ce qu'il soit officiellement interdit en1994 par l'évêque d'Innsbruck[42].

En 1470, àEndingen, dans lepays de Bade, les paroissiens découvrent lors de travaux dans l'ossuaire de l'église, le corps d'un homme et d'une femme ainsi que les restes de deux enfants décapités. Aussitôt, ils sont identifiés par la rumeur publique à une famille pauvre, disparue huit ans plus tôt après avoir été vue pour la dernière fois entrant dans la maison d'un Juif. Un procès pour meurtre rituel s'ensuit. Malgré l'absence de preuves, les Juifs de la ville sont condamnés et exécutés[43].
En1475,Simon de Trente, âgé de deux ou trois ans, disparaît. Son père affirme qu'il a été enlevé et assassiné par la communauté juive locale. Quinze Juifs sont condamnés à mort et brûlés. Le verdict est approuvé dans la bulle papale XII Kal. de juillet 1478. Cent ans plus tard, le papeGrégoire XIII reconnaît Simon comme unmartyr et visite son sanctuaire. Simon est canonisé par le papeSixte V en1588, qui régularise son culte populaire.Benoît XIV ratifie Simon en tant quesaint en 1755 dans sa bulleBeatus Andreas. L'enfant est déchu de son statut de saint en1965 par le papePaul VI. Son meurtre est cependant toujours considéré par certains comme le fait d'une poignée d'extrémistes.
En 1480, trois Juifs subissent un procès, sont condamnés et exécutés pour « crime rituel » àVenise[44].
En1491, deux Juifs et troisconversos (Juifs convertis auchristianisme) sont accusés du meurtre de Christophe (ou Cristóbal) deTolède en Espagne, un enfant chrétien de quatre ans, leditSanto Ninò[45] (Affaire du Saint Enfant de La Guardia). Au total, huit personnes sont brûlées (deux Juifs, Yucef/Jucé Franco et Moshe Abenamias, et six convertis, Alonso, Lope, Garcia et Jean Franco, Jean de Ocaña et Benito García)[45]. L'affaire du Saint Enfant de La Guardia est une première dans l'Inquisition espagnole, qui ne s'en prend plus uniquement à des convertis, mais aux Juifs eux-mêmes. On sait de nos jours qu'elle forgea ce procès de toutes pièces afin fournir un argument majeur pour faciliter l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492[45]. Les biens confisqués aux inculpés servent àfinancer laconstruction dumonastère de Saint Thomas d'Avila, qui sera achevé le. Quant à l'enfant, il fut l'objet d'une grandedévotion puiscanonisé par le papePie VII en1805, et enfin retiré du canon, bien que, là aussi, une poignée d'individus revendique la validité du procès.
En1494, il se produisit une autre accusation de meurtre rituel d'un garçon saigné à blanc et tué à Tyrnau (Nagyszombat, aujourd'huiTrnava,Slovaquie) dont on ne sait pas grand-chose. Cependant, l'absurdité, et même l'impossibilité des aveux obtenus sous la torture de femmes et d'enfants démontrent que les accusés préfèrent la mort comme moyen d'échapper à la torture, et admettent tout ce qu'on veut leur faire dire. Ils ont entre autres confirmé que les hommes juifs ont desrègles, et qu'ils doivent boire du sang de chrétiens comme remède[46][source insuffisante].
À Bösing enHongrie (Bazin, aujourd'huiPezinok,Slovaquie), les Juifs sont accusés en1529 d'avoir infligé des tortures atroces et saigné à mort un jeune garçon de neuf ans. Trente Juifs dont des enfants avouent leur crime et sont brûlés en place publique. La vérité sera connue plus tard, lorsqu'on retrouve le jeune garçon, vivant, àVienne. Son rapt avait été organisé par l'accusateur, le comte Wolf de Bazin, afin de se débarrasser de ses créanciers juifs[réf. nécessaire].
En 1543, àWurtzbourg, cinq Juifs accusés de meurtre rituel ont été emprisonnés et torturés. Après avoir personnellement intercédé en faveur de ces prisonniers,Josel de Rosheim à la fin obtient leur pardon de l'empereurCharles Quint[réf. nécessaire].

Dans larépublique des Deux Nations en1690,Gabriel de Białystok, le seul enfant saint de l'Église orthodoxe russe âgé de six ans est, selon la légende soutenue par l'église, enlevé chez lui pendant la Pâque juive, alors que ses parents sont absents.
Shutko, un Juif deBiałystok, est accusé d'avoir emmené l'enfant à Białystok, de l'avoir transpercé avec des objets pointus, de l'avoir saigné pendant neuf jours, puis d'avoir ramené le corps à Zverki et l'avoir jeté dans un champ du village. Un culte se développe encouragé par l'église, et l'enfant est canonisé en1820[47]. Ses reliques font encore l'objet de pèlerinages. Le, la télévision étatique biélorusse a diffusé un film alléguant que l'histoire est véridique[48]. La relance de ce culte enBiélorussie est considérée comme une dangereuse expression d'antisémitisme dans les rapports internationaux sur les droits de l'homme et les libertés religieuses[49],[50],[51],[52],[53] qui ont été transmis auHCR[54].
Le mercredi,Raphaël Lévy, un paisible marchand de bestiaux deBoulay, se rend àMetz acheter unshofar. Ce même jour, le fils de Mangeotte Villemin, habitant un village entre Boulay et Metz, disparaît. Raphaël Levy est rapidement accusé d'avoir enlevé l'enfant. Lors de son procès à Metz, de nombreux témoins défilent. Si la plupart témoignent à charge, certains mettent en avant les incohérences des accusations. Le petit garçon était encore vivant à 15 heures alors que Levy avait déjà entamé le chemin de retour. La couleur de son cheval n'est pas celle décrite par les accusés. Rien n'y fait. Des villages alentour, des gens viennent dénoncer d'autres meurtres rituels, des profanations d'hosties. D'autres Juifs sont ainsi jetés en prison. Malgré les effroyables tortures auxquelles il est soumis, Raphaël Levy continue de proclamer son innocence et la fidélité à sa foi. Il est brûlé vif le[55]. Ceci n'empêche pasLouis XIV d'accorder à 96 familles juives l'autorisation de s'installer à Metz[56].
Un procès a lieu àPrzemysl enPologne contre sept Juifs deStupnica (comtéDobromil) pour le présumé assassinat à des fins rituelles d'un enfant de 3 ans. Les accusés sont soumis à latorture. Six sont condamnés à mort et une femme est laissée en vie mais envoyée à la prison de la ville[57].

Le en Russie à Velizh, dans l'oblast deSmolensk, un garçon de trois ans prénommé Fedor termine son déjeuner et part jouer à l'extérieur. Fedor n'est jamais rentré chez lui après sa marche. Quelques jours plus tard, un voisin a trouvé son corps mutilé drainé de sang et percé à plusieurs reprises. Il ne fallut pas longtemps avant que des rumeurs ne commencent à circuler selon lesquelles des Juifs auraient assassiné le petit garçon[58],[59].
La première accusation de meurtre rituel auMoyen-Orient fut également le fait d'un chrétien d'Europe àDamas, à l'époque sous juridiction égyptienne. En1840, lorsque le frère Tomasso et son serviteur sont retrouvés assassinés, leconsul de France à Damas en accuse les Juifs. Les suspects (dont des enfants) dont les confessions sont, là aussi, obtenues sous la torture — certaines les menant à la mort[60] — seront libérés à la suite de l'intercession deMéhémet Ali, vice-roi d'Égypte, par l'entregent d'une délégation juive menée parSir Montefiore.
Cetteaffaire de Damas, ainsi que l'affaire Mortara enItalie sont à l'origine de la création de l'Alliance israélite universelle (AIU).

En1840 également, mais àRhodes, alors partie de l'empire ottoman, les Juifs sont accusés du meurtre d'un garçon chrétien. Les accusations sont soutenues par le gouverneur local et par les consuls européens en poste à Rhodes. Plusieurs Juifs sont arrêtés et torturés. Le quartier juif est bouclé pendant douze jours. Une enquête menée par le gouvernement central ottoman démontre l'innocence des Juifs.
En1882, àTiszaeszlár (Hongrie), à la suite de la disparition d'Eszter Solymosi, une jeune chrétienne de 14 ans, des Juifs (hommes, femmes, enfants) de la ville et alentour sont accusés et jugés pour meurtre rituel. L'affaire de Tiszaeszlár provoque une vague d'agitation antisémite dans tout le pays, qui redoublera après l'annonce du verdict d'acquittement[61]. Le héros nationalLajos Kossuth, exilé àTurin, critique violemment le gouvernement hongrois pour son implication dans ces troubles antisémites, les considérant comme indigne d'une nation civilisée.
EnBohême, en1899,Léopold Hilsner, un vagabond juif, est accusé d'avoir tué une jeune femme chrétienne de dix-neuf ans, Anežka Hrůzová, en lui tailladant la gorge. En dépit de l'absurdité de l'accusation et de la nature relativement progressiste de la société austro-hongroise, Hilsner est déclaré coupable et condamné à mort. Il est même reconnu coupable ultérieurement du meurtre jusqu'alors non élucidé, d'une autre femme chrétienne. En1901, sa sentence est commuée en prison à vie.Tomáš Masaryk, célèbre professeur de philosophie austro-tchèque et futur président de laTchécoslovaquie, organise la défense d'Hilsner. Les médias lui en feront plus tard le reproche.
En, Hilsner est gracié par l'empereur d'AutricheCharlesIer. Il n'a cependant jamais été disculpé, et les véritables coupables n'ont jamais été découverts.
D'autres accusations de « meurtres rituels » attribués aux Juifs ont lieu : en 1882, àTiszla-Eszlar (Hongrie) ; en 1886, àDohilew (Biélorussie) et àGrozno (Tchétchénie) ; en 1887, àConstantinople (Turquie/empire ottoman), àCaïffa (Royaume de Jérusalem), àBudapest (Hongrie) et àPresbourg (Slovaquie) ; en 1888, àSalonique (Macédoine/empire ottoman), àSamacoff (Bulgarie), àKaschau (Slovaquie) et encore à Presbourg ; en 1889, àVarna et àKustendil (Bulgarie), àAlep (Syrie), encore à Presbourg ; en 1890, àDamas (Syrie), àBeyrouth (Liban) et àMustapha, banlieue d'Alger (Algérie) ; en 1891, àPhilipopolis ; en 1891, àYamboli (Bulgarie), encore à Alep, àSmyrne (Turquie/empire ottoman), àBudapest (Hongrie), àCorfou (Grèce), àXanten (Allemagne) et même àIngrandes (France)[62] - où quelques mois plus tard, la mère de l'enfant assassiné est reconnue coupable d'infanticide[63].

En1910, lepogrom de Chiraz enIran contre les Juifs de la ville, fait suite à une première accusation de meurtre rituel, dont les accusateurs et la victime supposée sont musulmans. Tout le quartier juif est pillé et lepogrom fait12 morts et plus de50 blessés parmi la population juive.
En1911, le surintendant juif d'une fabrique de briques deKiev enUkraine,Mendel Beilis, est accusé du meurtre d'un enfant chrétien et de l'avoir saigné pour préparer desmatzot (pains azymes) avec son sang. Il est acquitté en1913 par un jury entièrement composé de chrétiens, après un procès à sensation.

Deux ans plus tard, en1913,Leo Frank, le directeur juif d'une fabrique de crayons d'Atlanta (enGéorgie,États-Unis) est accusé de viol et de meurtre sur la jeune Mary Phagan âgée de 13 ans[64]. Bien que l'aspect rituel soit absent de l'accusation, y compris dans la presse à scandale, une violente campagne le décrit comme pervers et sadique. Lorsque Frank est gracié par le gouverneur en1915, c'est aux cris de« Hang the Jew » qu'il estlynché par un groupe se faisant appeler les Chevaliers de Mary Phagan, qui deviendra plus tard le noyau central du secondKu Klux Klan[réf. nécessaire], le premier ayant été dissous par le gouvernement fédéral depuis lesannées 1870. Le lynchage de Leo Frank est aussi lié aux tensions racistes et politiques en Géorgie, où de nombreuses autres personnes ont été lynchées.
Cette affaire, révélatrice du climat d'antisémitisme qui régnait alors aux États-Unis, mena à la création de l'Anti-Defamation League[65].
PourPierre-André Taguieff[66], l'exécution de la famille impériale de Russie àIekaterinbourg, le — dont le principal responsable est un officier juif de laTchéka,Iakov Iourovski — est une occasion pour lesRusses blancs de dénoncer un mythique« complot judéo-bolchévique » fondé sur la réactivation de« l'imaginaire du crime rituel juif ».
En1946, des Juifs deKielce, enPologne, ayant survécu à laShoah demandent à leur retour à leurs voisins non-Juifs de leur restituer leurs terres et leurs biens spoliés au cours de la guerre. La réponse ne se fait pas attendre : sur base d'une accusation de meurtre rituel lancée pour le principe, les Polonais déclenchent lepogrom de Kielce afin de régler la question à leur façon[réf. nécessaire].
Des accusations de crime rituel apparaissent dans certains médias arabo-musulmans contrôlés, dont les programmes télévisés, les sites internet et les livres :
« En1883, environ 150 enfants français sont assassinés de façon horrible dans les faubourgs de Paris, avant la Pâque juive. L'enquête a montré que les Juifs avaient tué les enfants pour recueillir leur sang… Un fait similaire s'est déroulé à Londres où beaucoup d'enfants ont été égorgés par des rabbins juifs[72],[73]… »
Quelques écrivains arabes ont condamné ces accusations de meurtre rituel. Le journalégyptienAl-Ahram a publié une série d'articles de Osam Al-Baz, un conseiller du président égyptienHosni Moubarak. Osam Al-Baz explique entre autres les origines de ces accusations portées contre les Juifs. Il dit que les Arabes et les musulmans n'ont jamais été antisémites, en tant que groupe, mais ont accepté que quelques écrivains et personnalités des médias attaquent les Juifs « sur la base des raisonnements et des mythes racistes originaires d'Europe ». Il conseille vivement de ne pas succomber à des mythes comme ceux des crimes rituels[82].

Début, enRussie, quelque20 membres de laDouma d'État accusent publiquement les Juifs de crimes rituels. Ils demandent au procureur général « d'interdire toutes les organisations juives ». Ils accusent les groupes juifs d'être extrémistes et d'être « antichrétiens et inhumains avec des pratiques allant jusqu'au meurtre rituel ».
En faisant allusion à des décrets antisémites anciens des tribunaux russes qui accusaient les Juifs de meurtre rituel, ils écrivent que « de nombreux faits de cetextrémisme religieux ont été prouvés devant la cour ». Les accusations reprennent les traditionnelles rengaines antisémites telles que « la totalité du monde démocratique actuel est sous la domination politique et financière de la Juiverie internationale. Et nous ne voulons pas que la Russie fasse partie de ces pays asservis ».
Cette demande est publiée en tant que lettre ouverte au procureur général dansRus Pravoslavnaïa (Russie orthodoxe), un journal conservateur d'extrême droite. Ce groupe de députés se compose de membres du Parti démocratique libéral ultranationaliste, de membres duParti communiste de la fédération de Russie et de membres du parti nationalisteRodina (Patrie), avec quelque500 supporters. Parmi leurs supporteurs, plusieurs éditeurs et journalistes de journaux nationalistes. Fin janvier, devant les nombreuses critiques virulentes contre leur démarche, le groupe retire sa demande.
Enmars2008, « des centaines de posters antisémites ont été placardés dans la ville deNovossibirsk dans le sud-ouest de laSibérie (Russie). Ils mettent en garde les parents contre les Juifs qui trempent lesmatzot dans le sang d’enfants »[83].
En 2017, c'est le Comité d'enquête sur les circonstances de l’assassinat du tsarNicolas II, de son épouse et de ses cinq enfants qui étudie la possibilité que cela ait été un « meurtre rituel », bien que plusieurs historiens aient dénoncé le « caractère farfelu » de cette hypothèse[84].
La position de l'Église catholique envers ces accusations et les cultes vénérant des enfants supposément tués par des Juifs, varie selon le lieu et l'époque.
Le papeInnocent IV interdit de porter contre des Juifs l'accusation de meurtre rituel dans une lettre à l'archevêque deVienne datée du puis dans labulle pontificale du[85].Grégoire X réitère l'interdiction, sous peine d'excommunication, dans labulle du[86] et publie une lettre rejetant les accusations de crime rituel portées contre les Juifs[87].Martin V réitère l'interdiction à son tour à l'intention des prédicateurs dans labulle du. Elle est encore renouvelée parPaul III avec labulle du[88].
Le papeBenoît XIV a permis dans la bulleBeatus Andreas la poursuite du culte d'Anderl von Rinn en tant que culte local, mais refusa sacanonisation. Le PapePie X disait dans ses lettres que les accusations de meutre rituel étaient une malheureuse superstition[89].
En 2007, le professeurAriel Toaff rédige une thèse sur ce sujet,Pasque di sangue : Ebrei d'Europa e omicidi rituali (« Pâques sanglantes : Juifs d'Europe et meurtres rituels »). Dans ce livre, il avance la thèse que le crime rituel aurait pu avoir été commis àTrente contreSimon de Trente dont la communauté juive était accusée. Une thèse en contradiction avec tous les historiens duXXe siècle pour qui les meurtres rituels attribués aux Juifs étaient sans fondement. La controverse violente le fait quitter Israël pour l'Italie, et en 2008, Ariel Toaff se rétracte :« Les Juifs n'ont pas été impliqués dans le meurtre rituel, qui était un stéréotype entièrement chrétien », écrit-il dans la seconde édition de son livre dont il a accepté de changer l'illustration de couverture, mais pas le titre provocateur[90].
Des maisons d'édition d'extrême droite (dechrétiens fondamentalistes ouneo-nazis) continuent de publier de telles accusations étayées d'exemples et deminutes de procès, parfois disponibles à la lecture sur internet, ainsi l'ouvrage réédité dufasciste britanniqueArnold S. Leese[91],[92].
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