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| Accident de Nyonoksa | ||||
Village de Nyonoksa situé à 2 km du lieu de l’accident. | ||||
| Type | Explosion lors de l'essai d’un système de propulsion à propergols liquides | |||
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| Pays | ||||
| Localisation | Oblast d'Arkhangelsk | |||
| Coordonnées | 64° 38′ 51″ nord, 39° 12′ 57″ est | |||
| Date | ||||
Géolocalisation sur la carte :Europe Géolocalisation sur la carte :oblast d'Arkhangelsk Géolocalisation sur la carte :Russie | ||||
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L'accident de Nyonoksa est unaccident nucléaire ayant eu lieu sur une plateforme maritimerusse dépendant de laFlotte du Nord le, à 2 km du village russe deNyonoksa, situé à 40 km de la ville deSeverodvinsk, dans l’oblast d'Arkhangelsk.
Selon la version officielle russe, lors d’essais d’un système de propulsion àpropergols liquides d’un nouveau missile, une explosion se serait produite, faisant plusieurs victimes parmi le personnel de la base participant aux essais. L'accident aurait dispersé une certaine quantité deradionucléides dans l'atmosphère, entraînant une hausse de laradioactivité dans les environs. Selon des experts américains, l'explosion pourrait avoir provoqué la fuite d'un petit réacteur nucléaire (peut-être liée au développement duBurevestnik 9M730, unmissile àpropulsion nucléaire, ou du projet de sous-marin-drone à énergie nucléaire2M39Poseïdon)[1].
L’accident semble s'être produit surun ponton où sont testées de nouvelles armes. Certaines hypothèses évoquent leBurevestnik 9M730 (litt. « oiseau de tempête », nom russe dupétrel), unmissile de croisière qui aurait pu faire partie des tests, et possiblement à l'origine de l'explosion selon certains experts.
Cet accident s’inscrit dans une série d'incidents susceptibles d'avoir des effetsgéopolitiques : explosion dans un dépôt de munitions àAtchinsk une semaine avant[2], incendie dans le sous-marin nucléaireLocharik[2] à un moment où des tensions existent entre laRussie et les États-Unis qui s’accusent mutuellement de violer letraité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). L'explosion a lieu peu après la confirmation du retrait américain du traité INF annoncé en au motif que les services de renseignement américains soupçonnent les russes de fabriquer de nouvelles armes ne respectant pas le traité (depuis 2013, c'est-à-dire avant l'arrivée deDonald Trump à la présidence)[3].
De plus, la série télévisée américaineChernobyl retraçant l'explosion du réacteurno 4 de lacentrale nucléaire de Tchernobyl vient d'être diffusée, notamment en Russie, ravivant les souvenirs laissés par le« nuage » de Tchernobyl.

L'accident aurait eu lieu le, vers6 h du matin (heure proposée par le journalThe Moscow Times, citant un expert ayant interprété les données de radioactivité[4]), dans le cadre d'un essai d'engin balistique dans lamer Blanche (sur une plate-forme en mer, selon la BBC[5]), mais l'accident aurait pu commencer à bord d'un navire selon l'agence Tass, citant elle-même les services d'urgence[6]. Le moteur de l'engin aurait soudainement et accidentellement pris feu et explosé, projetant les opérateurs du test à la mer, alors que selonRosatom, les tests étaient terminés[5].
Les autorités russes évoquent d'abord une explosion depropergol liquide, maisJeffrey Lewis (en), expert sur les questions de contrôle des armements à l’Institut d’études internationalesMiddlebury Institute of International Studies at Monterey (en) (Middlebury College, àMonterey), doute rapidement de cette explication et suggère que l'accident présentait une composante inhabituelle. Il évoque un possible lien avec une photo prise le par une société spécialisée dans l'imagerie satellite (Planet Labs). Cette image montrait la présence duSerebryanka, un navire russe spécialisé dans le transport decombustible nucléaire et d'objets oudéchets radioactifs[7], au large du polygone d'essai demissiles balistiques, decroisière etanti-aériens[8] deNyonoksa. Cette coïncidence avec l'explosion et l'incendie évoqués par les médias a fait penser à Lewis que l'essai pouvait concerner des tests sur un « missile de croisière à propulsion nucléaire »[4]. L'hypothèse lui semble d’autant plus crédible que c'est aussi ce navire qui avait été utilisé pour récupérer une unité de propulsion nucléaire perdue après un essai avorté de missile de croisière à propulsion nucléaire en 2018 au large de laNouvelle-Zemble enmer de Barents, également en Arctique. Huit jours après l'accident (15-), selon sa balise qui peut être suivie en temps réel sur le site Marinetraffic.com, leSerebryanka était à quai à son port d’attache, un peu au nord deMourmansk[7], et à ce même moment il y avait une quinzaine de cargos ou navires équipés de balises d'identification automatique dans la mer Blanche, dont plusieurs sont identifiés comme barges ou remorqueurs (« tugs and special crafts »). Lewis, relayé par CNN et d’autres, suggère que, plutôt qu'un engin à propergol liquide, l'accident a pu survenir sur un missileBurevestnik 9M730 (aussi dénommé « SSC-X-9 Skyfall » par l’OTAN)[6].
Le, soit deux jours après,Rosatom, dont trois membres de son personnel sont hospitalisés, reconnaît que l'explosion revêtait le caractère d'un accident nucléaire[9] ; selon le directeur scientifique du centre militaire affilié àRosatom, Vyacheslav Soloviev, lors de l’accident, un petitréacteur nucléaire aurait été endommagé[10].
Le, un mini sous-marin deClasse Priz (modèle AS-34) de la flotte nordique est signalé dans la zone de l'accident, pour une mission inconnue. Cet engin est conçu pour diverses opérations techniques sous-marines, dont la recherche et sauvetage, disposant même d'une capacité à évacuer des humains enfermés dans un sous-marin ou un bateau coulé[11]. Cet appareil a par exemple été utilisé pour l'opération de sauvetage duKoursk en. Il peut opérer jusqu'à 1 000 m de profondeur.
Le, des médias russes font savoir que le commandant de l'unité militaire 09703 (responsable du terrain d'entraînement et d'essais militaires de Nyonoksa) a averti les habitants du danger relatif aux objets projetés à terre par l'explosion, recommandant de ne pas s'en approcher[12],[13].
Le, une vidéo du rivage de Nyonoksa publiée parNovaya Gazeta montre les deux pontons radioactifs utilisés dans les tests, échoués à l'embouchure de la rivièreVerkhovka sur la grève de sable de laBaie de Dvinskaya, à 4 km de la gare de Nyonoksa. Selon les habitants, l’un des pontons s’est échoué là spontanément et l’autre a été apporté par un remorqueur. Le, le rayonnement de fond ne dépasse pas la norme dans le village voisin mais sur le rivage, à150 mètres des pontons, il atteignait 154 micro-roentgen/heure et des habitants quelques jours plus tôt avaient dit que les dosimètres indiquaient 750 micro-roentgen/heure au même endroit (plus de 10 fois la norme). Dans le même temps, des déchets déposés près des pontons par l’eau sont également radioactifs (150 à 190 micro-roentgen/heure enregistrés ; un dosimètre Radex indique 154 micro-roentgen/heure près de débris et 186 près de la corde de remorquage[14].
L'intensité de l'explosion n'a pas été précisée par les rares communiqués officiels russes. Elle a été assez intense pour provoquer des morts et des blessés, et pour être enregistrée sur trois dessismographes de l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBO), ainsi que par un capteur d'infrasons. Ces informations ont été données par le CTBO après qu'il a été interrogé par la presse. Le CTBO a aussi émis une alerte sur X dans la nuit du, accompagnée des captures d'écran montrant le signal sismique enregistré correspondant[15]. Les signaux sismiques d'une ou plutôt deux explosion(s)[16] ont été enregistrés par le centre sismologique NORSAR (Norvège) et par la station deBardufoss àTroms (Norvège)[17].
Le 8 août, une première information publique est donnée par lesite internet de la mairie deSeverodvinsk qui informe que les capteurs disposés en ville ont« enregistré une brève hausse de laradioactivité »[9].Le lendemain, ce texte est retiré sans explication (le cache de la page a été effacé, mais la page a eu le temps d’être enregistrée par lesarchives du net)[8].
Le 9 août, une autre légère augmentation du rayonnement gamma (de 3-5 μR/h) a été signalée plus à l'ouest par une Agence d'information portuaire, dans la petite ville d'Uma et dans les villagesKashkarantsi etPyatytsa dans ledistrict de Tersky de la région deMourmansk[18].Greenpeace signale de son côté une élévation du niveau ambiant de rayonnement bêta observée les 9, 10 et àArkhangelsk, avec ici une élévation du rayonnement bêta, mais aussi alpha, et sous forme de précipitations, avec un niveau qui a augmenté le entre 10 et11 h, sans que les médias et le public n’aient été informés[19]. Plus à l'ouest, peu après (le), l'Autorité norvégienne de sécurité nucléaire et de radioprotection signale avoir détecté (du 9 au) des traces d'iode radioactif dans l'air du nord de la Norvège, en signalant qu'on ne peut pas relier cet iode avec certitude à l'accident d'Arkhangelsk, car de l'iode radioactif, généralement d'origine inconnue, est détecté six à huit fois par an en Norvège[20].
Les autorités russes n'ont pas caché que l'évènement était couvert par le secret défense. Dmitri Peskov (porte-parole de la présidence) a déclaré après le que les « rapports de sources anonymes » ne seraient pas commentés, et que s'il s'agissait d'un secret d'État, les citoyens seraient tenus de respecter leurs obligations, ce qui a alimenté les spéculations.
Lassina Zerbo (secrétaire exécutive de l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires ou CTBT) a signalé que plusieurs stations russes de surveillance de la radioactivité faisant partie du réseau mondial duTraité d'interdiction complète des essais nucléaires ont été subitement déconnectées du réseau international de suivi. Ces stations sont celles deDoubna et deKirov, qui ont cessé de communiquer leurs données à l'ONU le, deux jours après l'accident ; puis le, ce sont celles deBilibino, dans la région desTchouktches, et du village de Zalesovo, dans l'Altaï qui sont devenues muettes[21]. Lassina Zerbo a déclaré auWall Street Journal que des responsables russes ont expliqué que le manque d'accès à ces stations était dû à des problèmes de réseau et de communication[22]. De nombreux experts se doutent alors qu'un nuage radioactif a touché ces zones ; Lassina Zerbo a même posté sur X une modélisation de propagation d'un nuage radioactif qui aurait pu se produire à partir du point de l'explosion. Au-delà d'informer sur le niveau de radioactivité dans l'air, les capteurs devenus muets identifient aussi les radionucléides en cause[22].
Théoriquement, conformément à laconvention d'Aarhus, comme enEurope, le droit russe ne permet plus que des informations sur la santé humaine et l'environnement soient classifiées.Greenpeace-Russie et plusieurs médias ont officiellement demandé ces informations aux autorités russes, sans réponse au 31 août,23 jours après l'explosion[22].
Les autorités russes ont répondu que l'accident n'avait rien à voir avec l'interdiction des essais et qu'il constituait une affaire interne à la Russie. La publication de ces données est en outre« volontaire » a affirmé le vice-ministre des Affaires étrangères,Sergueï Riabkov le[23]. Il a également estimé que cet épisode n'est« provoqué » par les médias ne présentait aucun risque pour l'environnement, la population et le personnel[24].
Selon les premières informations ensuite données par les médias et autorités locales, le à12 h (9 h GMT), peu après l'explosion,« six des huit capteurs deSeverodvinsk » ont enregistré une augmentation de laradioactivité gamma avec un dépassement de norme (dose mesurée de quatre à seize fois supérieure au fond habituel, d'après un communiqué de l'agence russe de météorologie Rosguidromet[25]). L'accident semble lié aux activités d'une base militaire installée dans le village de Nyonoksa, dite « Unité militaire 09703 » ouverte en1954 et spécialisée dans les essais de missiles de laflotte maritime militaire de Russie, notamment desmissiles balistiques[9]. La ville deSeverodvinsk (la première à signaler une anomalie de radioactivité) est située à une trentaine de kilomètres à l'Est de cette base.
Le, un responsable local de la défense civile, Valentin Magomedov a déclaré à l'agence de presseTass que le niveau de radiation a atteint jusqu'à 2,0 µSv/h pendant trente minutes, lalimite réglementaire étant de 0,6 µSv/h[26], à comparer au niveau habituel pour le rayonnement gamma dans la région d'Arkhangelsk, qui est selon les autorités russes (rapport daté de 2018), de 0,09 μSv/h[27], bien que la région soit fortement concernée par des activités militaires liées au nucléaire. Inquiets, les habitants de Severodvinsk se sont rués sur les stocks d'iode et d'iodifères vendus en pharmacie[28],[29],[30].
Le, une semaine après l'explosion, l'agence officielle Tass confirme le passage à Severodvinsk (à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu de l'accident) d'un nuage qu'elle qualifie de« gaz inertes radioactifs », nuage qui s’est rapidement dissipé grâce aux conditions météorologiques du. L'agence ne précise pas le taux de radioactivité au point d'explosion, ni dans l'air, ni dans l'eau. Elle cite simplement le site de Roshydromet (Service fédéral d'hydrométéorologie et de surveillance de l'environnement de Russie) :« Il est supposé qu'une augmentation du DER(taux de dose équivalent ambiant de rayonnement gamma) […] le est associée au passage d'un nuage de gaz inertes radioactifs. La situation météorologique dans la région d'Arkhangelsk a contribué à la dispersion rapide du nuage ». Selon l'agence Tass, à Severodvinsk, la radioactivité a rapidement atteint0,45 à 1,78 µSv/h, pour des valeurs de fond de0,13 à 0,16 µSv/h. Selon Roshydromet, il y a bien eu deux élévations de la radioactivité ambiante, respectivement enregistrées à8 h et à14 h 30 (heure de Moscou dans les deux cas) puis le niveau est redevenu normal[31]. Ces pics peuvent traduire deux évènements, ou être liés au comportement ou à la direction du vent (ce que les données météo ne confirmeront pas).
Le, le service fédéral d'hydrométéorologie et de surveillance de l'environnement du département du Nord de la Russie,Roshydromet, et son association de recherche Typhoon précisent la composition enradionucléides du nuage qui a touché Severodvinsk dans les heures qui ont suivi l’accident : les échantillons d'air et de pluie ont révélé un mélange d’isotopes technogènes (d’origine artificielle) destrontium, debaryum et delanthane, et de nucléides fils ; tous produits de fission à vie courte : lestrontium 91 a une demi-vie de 9,3 h, celle dubaryum 139 est de 83 min et celle dubaryum 140 est de 12,8 j, et le descendant radioactif du baryum, lelanthanum 140 également retrouvé n’a une demi-vie que de 40 h[1],[32]. La composition isotopique était :strontium 91,baryum 139,baryum 140 etlanthane 140, dont lademi-vie radioactive est de 9,3 h, 83 min, 12,8 j et 40 h respectivement ; Roshidromet a précisé qu'àSeverodvinsk ces isotopes n’étaient pas présents à des niveaux dangereux[33],[34]). Selon Nils Bøhmer (expert norvégien en matière de sécurité nucléaire, chargé de larecherche et développement chez « Norwegian Decommissioning », l’organisme gouvernemental chargé d’étudier les options permettant de manipuler en toute sécurité le combustible irradié issu des réacteurs de recherche du pays qui ont été fermés) cette signature isotopique démontre qu'il y a eu uneréaction en chaine et prouve qu'unréacteur nucléaire a été endommagé dans l'accident (sans probablement avoir explosé car lestrontium 91, lebaryum 139, lebaryum 140 et lelanthane 140 ne sont pas les produits directs des réactions nucléaires en chaîne ; ils sont secondaires à la désintégration nucléaire de gaz rares à courte durée de vie (ex. :krypton etxénon) qui se forment spontanément dans la réaction en chaîne. D'autres experts, y compris dans les revuesScience etNature ont fait la même déduction[35]. Cette réaction aurait pu avoir lieu à partir d'uranium 235 ou à partir de ses oxydes, des éléments qui « étaient considérés comme une source possible de combustible pour un missile à propulsion nucléaire dans lesannées 1960 et 1970 aux États-Unis » selon Meduza[36])[37]. La présence de ces isotopes contredit l'affirmation donnée les jours précédents selon laquelle la radioactivité détectée ne provenait que d’une « source isotopique d'une unité de propulsion fonctionnant au combustible liquide », puis l'information notamment relayée par Ria Novosti qu’il s’agissait d’une batterie nucléaire RTG (générateur thermoélectrique à radioisotope) comme celles utilisées dans certaines sondes spatiales ou satellites et dans certains phares de régions isolées de l’Arctique[1]. Selon Nils Bøhmer la « source d’isotopes » d’un moteur à propergol liquide ayant explosé aurait laissé une tout autre signature isotopique[1]. LesRTG ne peuvent en effet fonctionner qu’avec des radioisotopes à vie longue, qu'on aurait alors dû aussi retrouver dans les analyses[1].
Boris Zhuikov (responsable du laboratoire du complexe de radioisotopes de l'Institut de recherche nucléaire de l'Académie des sciences de Russie à Moscou) arrive à la même conclusion via des calculs montrant que si une explosion endommageait l'enveloppe et non le cœur d'un réacteur nucléaire, ce sont bien des gaz rares radioactifs — issus de la fission — qui vont fuir vers l'extérieur, donnant pour des détecteurs situés à Severodvinsk précisément la signature isotopique qu'on y a observé[38]. En effet quand un cœur de réacteur est endommagé, il libère de l'iode et ducésium radioactifs, rappelle dans le journalNature (le) Marco Kaltofen (scientifique nucléaire auWorcester Polytechnic Institute, et travaillant pour une société d'investigations sur l'environnementBoston Chemical Data Corp, dans le Massachusetts)[38]. Kaltofen, au vu d'indices, estime que le cœur pourrait néanmoins avoir été légèrement endommagé[38].
SelonThe Barents Observer, parmi les nouveaux systèmes d’armes équipés d’un mini-réacteur nucléaire susceptibles d’être testés dans cette région, figurent : le missile de croisière Burevestnik et le drone-torpille nucléaire sous-marinPoseïdon[1].
Il existe au moins un précédent historique avec une telle signature isotopique : l'accident nucléaire de Tokaimura lors duquel en1999, des opérateurs avaient involontairement amorcé une réaction nucléaire en chaîne (en dépassant la masse critique d’un petit stock d'uranium 235 non confiné et d’une solution de sel d'uranium) ; ils ont vu un éclat bleu vif et ressenti une vague de forte chaleur. Et dans ce cas, à la suite d'une petite explosion (qui a fait deux morts et un brûlé), on a retrouvé dustrontium 91, dubaryum 140 et dulanthane 140 sur les vêtements et lescheveux des victimes[36].
SelonScott Ritter, dans un article publié dans le média conservateurThe American Conservative, les deux pics de radioactivité détectés par le système de surveillance automatique du rayonnement (ASKRO) deRoshydromet àSeverodvinsk ont impliqué d’abord desrayonnements gamma, puis desparticules bêta, un « motif » correspondant aux caractéristiques ducésium 137, qui libère des rayons gamma au fur et à mesure de sa désintégration, produisant ainsi dubaryum 137, générateur de particules bêta (information rapportée sur le site web de Roshydromet, avant d'y être effacée)[39].
Hors des risques (élevés) pour les personnes ayant été directement exposé au moment de l'accident, ou qui seraient exposés à des objets directement contaminés, la dose externe reçue lors du passage du nuage dans les villes où il a été détecté est très faible.
Selon les informations disponibles il n'y a pas eu (ou très peu) d'émissions decésium ou d'iode radioactif dans l'air, deuxradionucléides connus pour leur dangerosité. Le nuage contenait dustrontium 91, dubaryum 139, dubaryum 140 et dulanthane 140, des radionucléides qui peuvent être inhalés ou ingérés, mais qui perdent la moitié de leur radioactivité en quelques heures à quelques jours, par contre lestrontium 91 est plus dangereux (plus que lestrontium 90, plus courant, et dont la demi-vie radioactive est de 28,8 ans)[36]. Lebaryum 140 et lelanthane 140 ne sont pas considérés comme persistants dans l’organisme humain car ils sont rapidement excrétés[36].
Selon Boris Zhuykov (directeur d’un laboratoire de l'Institut de recherche nucléaire de l'Académie des sciences de Russie) interrogé par le media lettonMeduza, les victimes directes de l'accident pourraient avoir été exposées à une dose d'isotopes à vie courte » ; peut-être à beaucoup debaryum 140, mais les médecins n'auraient alors pas dû être contaminés par leurs patients[36]. Ces blessés ont été confiés à l’institution fédérale ISTC Burnazyan (Moscou) ; principale institution de la FMBA de Russie dans le domaine de lamédecine nucléaire[40].
Les premières informations sur l'accident ont officiellement fait état de trois blessés (six selon le journalLe Temps) et sept morts, deux chez les militaires (« deux représentants du ministère de la Défense russe »[41]) et cinq parmi le personnel duRFNC-VNIIEF, centre militaire nucléaire fédéral dépendant de l'Agence fédérale de l'énergie atomique Rosatom[42],[43]. Le 12 août, leCourrier international écrit que les ingénieurs ont été projetés dans la mer et que leurs corps n'ont pas été retrouvés[42]. Le,Le Monde, se basant sur un article duWashington Post, écrit que les ingénieurs ont été inhumés le àSarov, qui accueille le principal centre de recherches nucléaires russe[10] et où sont fabriquées les ogives nucléaires du pays[5]. Le journal français souligne que le lieu n'est pas anodin, rappelant que c’est ici que furent conçues les premières bombes atomiques soviétiques, que laville est fermée, sous très haute surveillance, et interdite d’accès aux étrangers sans autorisation[10]. Le directeur du centre nucléaire de Sarov, Valentin Kostyukov, a déclaré que les victimes ont essayé mais n'ont pas réussi à empêcher l'explosion[44].« Nous avons vu qu'ils essayaient de reprendre le contrôle de la situation », a-t-il dit[44].« Les recherches se sont poursuivies jusqu'à ce qu'il y ait un espoir de retrouver des survivants. Seulement après cela, les décès de cinq employés de Rosatom impliqués dans des travaux liés à une source d'énergie radioisotopique faisant partie du missile ont été annoncés » a préciséRIA Novosti[45].
Les cinq scientifiques et ingénieurs tués dans l'accident étaient tous membres du Centre nucléaire de la fédération de Russie -Institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale, ouRFNC-VNIIEF, créé lors de laguerre froide et basé àSarov[46] et ils travaillaient tous depuis un an à un projet tenu secret enmer Blanche[47] :
Ils ont été enterrés à Sarov le (où deux journées de deuil ont été décidées).
La presse officielle présente ces « testeurs » comme des héros qui recevront une récompense posthume pour leur travail, alors que« leurs familles recevront une somme forfaitaire de120 salaires pour les employés décédés. Les enfants de ces familles recevront le revenu moyen des soutiens de famille décédés jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge adulte »[45]. Un monument à leur mémoire a aussi été annoncé, qui devrait être construit à Sarov[45].
D'après leWashington Post, citant le siteDvina Today, dix membres du personnel médical ayant soigné les blessés de l'explosion ont eux aussi été envoyés à Moscou, afin d'être à leur tour pris en charge[48]. Le, on confirme que les premières équipes chargées des blessés à Arkhangelsk n'ont visiblement pas été averties de l'aspect « contamination radioactive » des blessés pris en charge[49].
Le,Novaya Gazeta évoque un bilan de sept morts et six à quinze blessés graves[50].
Une semaine après l'accident qui a eu lieu en mer, non loin du centre d'essais naval central de la marine russe (basé dans le village deSopka), peu d'informations sont disponibles, notamment sur une éventuelle contamination de l'eau de lamer Blanche.Le ministère russe de la Défense avait déjà, avant le test, fermé une partie de la mer Blanche en y créant du au[51] une interdiction debaignade[6] et une zone d’exclusion pour les bateaux de pêche et toute navigation civile (la zone interdite est labaie de la Dvina ; située au nord de la zone d’essai deNyonoksa ; cette baie est longue de 93 km et large d'environ 130 km, et elle abrite et dessert les villes d'Arkhangelsk et deSeverodvinsk)[5]. Un site norvégien consacré à l'Arctique, leBarents Observer, a fait savoir qu'un navire russe transporteur de déchets nucléaires, leSerebryanka, semblait être présent dans la zone d'exclusion le avant et peu après l'accident[5]. Selon sa balise, la semaine suivante il était à quai àMourmansk, son port d'attache.
Concernant la contamination de l'air, laNorvège a fait savoir qu'elle a détecté (du 9 au) des traces d'iode radioactif, àSvanhovd, via unestation de mesure de la qualité de l'air située près de sa frontière avec la Russie[52]. LaSuède et laFinlande n'ont rien signalé.
Alexander Chernyshov (directeur scientifique adjoint du Centre nucléaire fédéral russe affilié àRosatom) explique dans une vidéo diffusée tard dans la soirée du, que le personnel du centre a quant à lui mesuré non pas une mais deux vagues de radiations à la suite de l'accident[47] ; les articles publiés dans la première semaine ne précisaient pas la direction et vitesse des vents ou des courants, ni si des mesures ont été faites dans l'eau.
Le centre hospitalier régional d'Arkhangelsk n'a pas publié d'information sur l'admission et le traitement des victimes de l'explosion de Nyonoksa. LeService fédéral de sécurité (FSB) a convoqué le personnel médical et les médecins chargés de traiter ces patients et leur a fait signer desaccords de non-divulgation[53]. Selon le même journal, trois blessés ont été conduits à l'hôpital en ambulance et y sont arrivés vers16 h 30 (heure locale)« nus et enveloppés dans des sacs en plastique translucides » sans qu'on ait précisé aux médecins et membres de l’hôpital si ces patients pouvaient être radioactifs. Le personnel ne comprend pas pourquoi ils n'ont pas été adressés à un hôpital militaire, plutôt que dans cet hôpital civil non équipé pour ce type d'urgence. Toujours selon des médias russes, un des membres de l'hôpital aurait été contaminé par ducésium 137[54].
Malgré ces morts, l'agence nucléaire russe a assuré vouloir« continuer le travail sur les nouveaux types d'armes », qui sera« poursuivi jusqu'au bout. »[55]. C'est la partie propulsive d’un missile expérimental contenant des liquides radioactifs qui a explosé[56].
Selon des experts américains, l’accident est vraisemblablement lié aux essais d’un missile de croisière à propulsion nucléaire dont la Russie cherche à se doter, leBurevestnik 9M730[57],[58].
Cependant, le, le porte-parole du Kremlin,Dmitri Peskov a refusé de confirmer qu’il s’agit du Burevestnik 9M730, mais assuré que la compétence atteinte par la Russie en matière de missiles à propulsion nucléaire« dépasse significativement le niveau atteint par d’autres pays et est assez unique »[57].
Lors des funérailles des cinq personnes de l'Institut, Alexei Likhachev qui dirigeRosatom, a déclaré :« La meilleure façon de s'en souvenir est de poursuivre nos travaux sur de nouveaux types d'armes, qui seront achevés sans faute »[5].
| Accidents et incidents classés suivant l'échelle INES |
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| Conséquences | |||||||||||||
| Organisations desûreté nucléaire | |||||||||||||
| Autres organisations | |||||||||||||
| Articles liés | |||||||||||||
| *Liste non exhaustive (l'ASN indique qu'il y a en France dans l'industrie nucléaire environ 2 incidents de classe 2 par an). | |||||||||||||