Il existe un autre symbole diacritique similaire à l'accent circonflexe, lecaron. Ce dernier ressemble à un circonflexe avec la pointe vers le bas, et est surtout présent dans les langues slaves et dans les langues tonales.
Lettresa,e,i,o etu minuscules portant un accent circonflexe.
Le circonflexe est un diacritique très utilisé. Il est principalement en usage dans les langues àécriture latine suivantes (cette liste n’est bien sûr pas exhaustive) :
Êê [ɛː],Îî, [iː],Ôô [ɔː],Ûû [yː].L’afrikaans, outre dans les mots d’emprunt, se sert du circonflexe sure eto pour marquer la quantité longue ainsi que le caractère ouvert. Par exemple :wêreld, « monde »,goeiemôre « bonjour ». Ailleurs, il note la seule quantité longue :wîe, « cale »,brûe, « ponts».
L’utilisation du circonflexe est assez rare pourê etô, très rare pourî etû, l’orthographe prévoyant d’autres graphies plus communes pour noter les mêmes sons.
Êê. Introduit dans lagraphie dite universitaire pour remplacer la diphtongueae, dont la prononciation diffère selon les dialectes ([ɛː], [aɛ], [ae], [ea]).
L'accent circonflexe en français est une notation graphique suscrite voisine de l'accent aigu et de l'accent grave. Il permet de marquer toutes les voyelles mais n'indique pas systématiquement une modification de la prononciation. Il est toutefois courant d'indiquer que les voyelles avec accent circonflexe se prononcent de la sorte :Â â pour[ɑ],Ê ê pour[ɛ],Î î pour[i],Ô ô pour[o] etÛ û pour[y][2].
Historiquement, l'accent circonflexe a été utilisé par différents auteurs dès leXVIe siècle sans que son usage ne soit régulé. Il a été introduit progressivement par l'Académie française dans l'orthographe normale, et ce dès la 3e édition de sondictionnaire en 1740. Son utilisation a été régulièrement remise en question, de sorte que lesrectifications orthographiques de 1990 ont permis que les accents circonflexes superflus sur les lettresi etu soient retirés. Cependant, si l'accent permet de discriminer par l'orthographe deux homophones, il doit rester en place, à l'exemple de l'adjectifsûr (en regard de la prépositionsur).
Selon la graphie Faggin-Nazzi, le circonflexe s’utilise notamment sur la voyelle d’unesyllabe de fin de mot quand elle est longue. Par exemple :fîl [fiːl], « fils »,clamâ [klamaː], « appeler »[3].
Un circonflexe indique que la voyelle qui en est affectée est longue alors que le contraire était attendu, ce qui arrive notamment dans les mots d’emprunt. Les voyelles longues ne sont autrement pas distinguées, mais peuvent être largement déduites des représentations orthographiques fonction des consonnes environnantes et de l’accentuation, selon des règles assez complexes.
Le circonflexe permet aussi préciser la prononciation de la diphtonguewy :ŵy = [uɨ̯] maiswŷ = [wɨː].
Dans une transcription fine de l’hébreu, il est possible de noter par le circonflexe les voyelles longues écrites dans le texte original au moyen desmatres lectionis tandis que lemacron frappe les voyelles longues qui ne sont pas écrites. Par exemple :בְּעֵינֶיךָ (sans les signes de vocalisation : (בעיניך)bəʿênêḵā, « dans tes yeux ».
Dans les transcriptions plus courantes, de même que pour un très grand nombre de langues, le circonflexe remplace simplement le macron et note la quantité longue, quelle que soit son origine.
En italien, dans une écriture soignée, quand il s'agit de distinguer deux i contractés (par exemple pour distinguer au plurielgene (gène) etgenio (génie), on a le doublongeni/genî ou encoreprincipe (prince) etprincipio (principe), qui donnent principi/principî).
Dans lesromanisationsKunrei etNippon-shiki, les voyelles longues (saufi) sont normalement marquées par le circonflexe :ローマ字rômazi, « romanisation ». Dans la méthode Hepburn, c’est lemacron qui est utilisé : le même mot japonais se romaniserōmaji. Cependant, pour des raisons de facilité, le circonflexe remplace souvent ce macron ou est simplement omis[4],[5].
Ôô,Êê.Ces deux lettres, outre dans desemprunts, sont employées dans de très rares mots issus duvieux norrois (ainsi que leursdérivés) :fôr et le verbefôre (norroisfóðr), « nourriture pour animaux » et « donner de la nourriture aux animaux »,vêr, « temps (qu’il fait) » ou « bélier » (norroisveðr),lêr, « peau » (norroisleðr).
Ââ, ['ɐ]Êê, ['e]Ôô ['o].En portugais, l’accent circonflexe joue deux rôles : outre qu’il indique la qualité plus fermée de la voyelle, il marque aussi le fait qu’elle esttonique dans le mot. Il s’oppose en cela à l’accent aigu, qui ne frappe aussi que les voyelles toniques mais indique une qualité ouverte. Par exemple :câmara ['kɐmɐɾɐ] « chambre »,quê ['ke] « (lettre)q »,pôde « il/elle a pu ».
Ââ, [ɨ]Îî [ɨ].Les deuxgraphèmes représentent le mêmephonème. ne s’emploie qu’en milieu de mot,î à l’initiale et à la finale deradicaux (c’est-à-dire qu’on peut trouverî en milieu de mot composé). Ainsi :în română [ɨn romɨnə], « en roumain ». Avant une récente réforme de l’orthographe, seul le motromân, « roumain », et ses dérivés utilisaient leâ.
Ââ, [ɑː]/[ʲɑ]Îî, [iː]Ûû, [uː]/[ʲu].L’accent circonflexe sert principalement à deux usages. Tout d’abord, il indique la quantité longue vocalique dans desmots d’empruntarabo-persans :âdet [ɑːdɛt], « coutume »,ilmî [ilmiː], « scientifique »,sükût [sykuːt], « silence ». Son emploi n’est pas obligatoire mais il est souvent conservé quand il permet de distinguer des homographes :tarihî [tɑɾihiː], « historique » maistarihi, « son histoire ».
D’autre part,â etû servent à indiquer qu’un /k/, /g/ ou /l/ précédents dans un mot d’emprunt estpalatalisé (ou, pour le phonème /l/, qu’il n’est pasvélarisé), ce qui est normalement réservé aux mêmes consonnes devant les graphèmese,i,ö etü. Dans ce cas, la voyelle n’est pas allongée :gâvur [gʲavuɾ], « infidèle »,mahkûm [mɑkʲum], « condamnée »,plâj [plɑʒ], « plage ». Encore une fois, le circonflexe n’est pas obligatoire mais se conserve surtout quand il évite des confusions dues à une homographie potentielle :kâr [kʲɑɾ], « profit » maiskar [kɑɾ], « neige ».
Ses deux rôles, quantité longue de /a/ et /u/ et palatalisation de la consonne précédente, l’empêchent de permettre la notation de consonnes non palatalisées suivies d’un /a/ ou /u/ longs :katil se prononce [katil] quand le mot signifie « tuant » (de l’arabeqatl) mais [kɑːtil] quand le mot signifie « tueur » (de l’arabeqātil). La graphiekâtil pour cette dernière forme serait fausse : le /k/ n’est pas palatalisé.
Ââ, [ɐ]Êê, [e]Ôô [o].Enquốc ngữ, le circonflexe indique que la voyelle est plus fermée que sa variante non diacritée. En fait, ce sont les mêmes usages qu’enportugais, ce qui s’explique quand on sait qu’Alexandre de Rhodes écrivait en portugais et s’est inspiré des travaux de missionnaires d’origine portugaise pour mettre au point la romanisation du vietnamien.
Au circonflexe peuvent s’ajouter les diacritiquestonaux :
Enchinantèque de Comaltepec, la lettre modificative circonflexe ‹ ˆ ›, avec chasse, est utilisé pour indiquer un ton haut sur la syllabe qui le précède ; par exemple : ‹júˆ›, ‹mɨnooˆ›, ‹júuˆ›, ‹uꞌˆ›, ‹júꞌˆ›, ‹niijɨ́ɨꞌˆ›.
Enmbugwe, le circonflexe avec chasse ‹ ˆ › est utilisé devant les verbes au présent ou au passé par opposition aux verbes au futur.
L’accent circonflexe avec chasse, mais avec le caractèreASCII ‹ ^ › au lieu de la lettre modificative ‹ ˆ ›, est utilisé comme lettre dans l’écriture de certaines variantes de l’amis àTaïwan.
Un double accent circonflexe a été utilisé dans l’orthographe duféroïen de Jens Christian Svabo dans les digrammes e᷍a et e᷍u[6]. Il a aussi été utilisé par Friedrich Klaeber pour transcrire ‹Līffre᷍a› (Seigneur de la vie) dansBeowulf[6],[7].
En API, l’accent circonflexe marque lestonèmes mélodiques ou modulés descendants. Il peut se placer sur n’importe quel symbole vocalique ou bien consonantiquevocalisé. Par exemple, enngbaka, [kpâ], « feuille », enmandarin 四sì [ŝ̩] (/s/ vocalisé descendant), « quatre ».
Le circonflexe est souvent utilisé, dans les transcriptions, en remplacement dumacron pour noter, sur les voyelles, la quantité longue. C’est le cas dans la transcription, par exemple, de l’arabe ou dusanskrit.
Unicode prévoit un grand nombre de caractères précomposés comprenant un accent circonflexe. Cependant, plusieurs caractères ne sont pas définis comme caractères précomposés, comme lex accent circonflexe de l’aléoute, l’o ouvert circonflexe ou l’epsilon circonflexe. Pour ces derniers caractères, il est nécessaire d’utiliser un accent circonflexe sanschasse (bloc de caractères des diacritiques), qui se combinera à tout autre caractère latin : il est situé à l’emplacement U+0302. Par exemple,=̂ est une composition utilisant ce caractère au-dessus du signeégal. Il existe aussi un accent circonflexe chassant,ˆ U+02C6 (bloc des lettres modificatives avec chasse). Ce dernier ne doit pas être confondu avec la pointe de flèche orientée vers le haut,˄ U+02C4, présente dans le même bloc.
Mentionnons aussi l’existence de l’accent chassant circonflexe enASCII,^ (U+005E), aussi appelécaret (enlatin « il est privé de » ou « il manque »), qui signale eninformatique un point d’insertion ou de remplacement (cf.caractères de contrôle) . Le caret est aussi présent dans le bloc de la ponctuation générale,‸ U+2038 (chevron d’insertion). Le signetypographique correspondant est le lambda d’insertion,⁁ U+2041 (même bloc).
L’ASCII de base (caractères 0 à 127) ne contient pas de lettre accentuée. À l’époque où c’était la seulepage de code disponible, certains simulaient l’accent circonflexe en plaçant uneapostrophe devant la lettre et une apostrophe inversée derrière : par exemple, ils écrivaient « 'e`tre » pour « être ». Pour leVIQR, la solution retenue est de mettre un accent circonflexe vierge derrière la lettre, par exemple écrire « e^ » pour « ê ».
Cet accent circonflexe chassant ‹ ^ › (ASCII : 0x54), est disponible sur plusieursagencements de clavier, soit directement à l’aide d’une touche même, soit comme à l’aide d’unetouche morte formant une lettre accentué (^ + a donne ‹ â ›) avec laquelle il peut être obtenu en le suivant d’une combinaison non existante comme elle-même ou l’espace (^ + ^ donne ‹ ^ › ou^ + espace donne ‹ ^ ›). Sur Windows, il peut aussi être obtenu en tapantAlt + 94.
L’accent circonflexe est parfois utilisé pour désigner latoucheContrôle d’un clavier d’ordinateur. Ainsi, « ^A » signifiera la combinaison de touchesCtrl + A.
Utilisé dans lanotation caret, l'accent circonflexe, plus précisément le caret (l'accent chassant circonflexe en ASCII, ^ (U+005E)), permet de représenter les 33 caractères de contrôle non affichables de la tableASCII. Ainsi^A représente le caractèreSOH (Start of Header).
Enmathématiques, l'accent circonflexe peut servir à dénoter un objet introduit secondairement à un premier objet dans le but de mettre en valeur la relation entre les deux objets. À l'oral, on lira, par exemple, en « x circonflexe » ou « x chapeau ». Un exemple similaire de recours à une diacritique en mathématiques est letilde.
Par exemple, l'accent circonflexe est souvent utilisé pour dénoter latransformée de Fourier d'une fonction.
En particulier, enstatistique, l'accent circonflexe sert généralement à désigner unestimateur (ou la valeur estimée) d'une variable donnée. Par exemple, dans l'expression, il désigne lerésidu de la quantité théorique qu'est l'erreur statistique,.
Enmathématiques ensemblistes, un élément noté avec accent circonflexe signifie que cet élément a été retiré de l'ensemble de référence.
Engéométrie, dans la notation vectorielle, l'accent circonflexe peut désigner unvecteur unitaire (i.e. de magnitude égale à 1). Dans la notation usuel d'un système decoordonnées cartésiennes, désigne ainsi le vecteur unité selon l'axe horizontal (axe).