Uneabside est une construction de forme arrondie ouverte sur l'extrémité d'un bâtiment. Elle peut être apparente de l'extérieur ou cachée derrière un mur droit. Cette forme architecturale est connue depuis l'antiquité grecque et romaine, elle était alors utilisée dans la construction domestique comme dans celle des monuments. Les chrétiens ont à leur tour adopté cette structure dans la construction des églises.
Une abside est une construction ouverte sur un bâtiment plus important et dont le mur du fond dessine unecourbe plane égale, supérieure ou inférieure à un demi-cercle. Elle peut aussi comporter plusieurs pans de murs dont l'ensemble forme un espace arrondi[3]. Les absides sont dites saillantes quand elles sont visibles de l'extérieur. Mais elles peuvent être intégrées dans un volume carré ou rectangulaire, elles sont alors dites non-saillantes[note 1]
Abside vue de l'extérieur.
Cinq absidioles autour de l'abside principale.
Une absidiole est une petite chapelle absidale accolée à l'abside principale, au transept, aux bas-côtés ou qui s'ouvre sur un déambulatoire.
En Grèce les tout premiers bâtiments à abside font leur apparition à l'âge du bronze au cours de la phase II de l'Helladique ancien c'est-à-dire de 2900 à 2500 av. J.-C.[5]. À l'époque géométrique maisons et bâtiments publics à abside se généralisent, de nombreux temples d'Apollon conservant ce mode de construction jusqu'au début de l'époque archaïque. On trouve même des maisons absidales de cette époque dans la Gaule d'alors comme celle de Bessan dans L'Hérault ou celle deRuscino à Perpignan. La fonction de ce mode de construction est utilitaire dans la mesure où l'arrondi du toit qui abrite l'abside permet d'atténuer l'impact du vent sur le bâtiment[6].
À l'époque de la fin de laRépublique romaine et jusqu'auHaut-Empire de nombreux édifices à abside axiale[note 2] apparaissent. Ils ont ou non une fonction religieuse : temples dédiés à divers dieux, nymphée basilical[7], chambres funéraires, maisons privées, palais, basiliques judiciaires[8]. Jusqu'auIIe siècle les absides sont non saillantes, invisibles de l'extérieur. En position axiale à l'intérieur de lacella, elles sont la partie de l'édifice où convergent les regards : où reposent les mânes, où s'élève la statue d'un dieu ou d'un empereur ou bien c'est l'endroit privilégié où se tiennent Jules César ou d'autres tribuns[9],[10].Lesbasiliques sont de plan rectangulaire mais la plupart sont équipées d'une ou deux absides voutées en cul-de-four ou quart de sphère[7],[11].
AuIVe siècle, par l'édit de Milan, l'empereur romainConstantin Ier autorise alors les chrétiens à célébrer leur culte. La forme absidale est également adoptée par les premiers chrétiens. C'est dans cet espace aux allures de grotte[9] qu'est célébré l'eucharistie. Les premières basiliques chrétiennes de Rome, dont celle duLatran construites par Constantin sur le modèle des basiliques civiles et des palais[12],[13] sont comme elles, encore occidentalisées c'est-à-dire que l'entrée est à l'est et l'abside à l'ouest[14].Leséglises paléochrétiennes de tout l'empire romain sont, dans leur grande majorité, des édifices de plan basilical avec dans l'axe du bâtiment, une abside qui contient le sanctuaire. Ces absides sont semi-circulaires en général, mais aussi : en anse-de-panier, en arc-surhaussé ou polygonales[15].
De l'extérieur, le chevet plat de l'église de Mushabbak (Syrie).
À l'intérieur de Mushabbak, l'abside semi-circulaire et couverte d'un cul-de-four.
Les monuments paléochrétiens du Proche-Orient étaient dotés en général d'une ou plusieurs absides généralement orientées, saillantes ou non saillantes[16]. À Chypre les édifices religieux dont le chevet comporte trois absides semi-circulaires saillantes se multiplient duVe siècle auVIIe siècle[17] tandis qu'en Tunisie et en Algérie, l'abside est surélevée par rapport à la nef et généralement inscrite entre deux autres pièces derrière un mur droit[18].
Dans l'antiquité tardive le chevet des églises prenait toutes les formes. Comme auProche-Orient où il pouvait être plat ou comporter une ou plusieurs absides, saillantes ou non, il présente aussi toutes les combinaisons possibles dans l'Europe du Moyen Âge.
Les absides saillantes sont les plus nombreuses. Elles sontsemi-circulaires, en anse de panier ou formées de plusieurs pans. Couvertes d'uncul-de-four ou d'unevoûte sur croisée d'ogives elles peuvent être éclairées par des fenêtres ou non[20].
Abside semi-circulaire unique du temple protestant d'Autun, ancienne tour de défense de laporte Saint-André.
Les églises à absides opposées comportent uneabside de chœur, celle qui abrite le sanctuaire et unecontre-abside[4], chacune étant disposée à une extrémité de l'édifice. Elles ont apparu auVe siècle en Afrique du Nord[24],[25]. Quelle que soit l'explication de l'existence de ces deux absides ; par exemple la règle pour célébrant et fidèles de prier face à l'est ou la présence de reliques célèbres plaçant l'église sous un double vocable ou encore la nécessité de réserver un emplacement privilégié pour les cérémonies funéraires[26] : l'usage s'en est répandu dans de nombreuses églises de l'empire Carolingien[27],[28]. De grands édifices en Allemagne comme ceux deHildeshein,Mayence,Trèves[29]Worms,Gernrode mais aussi en France et en Belgique ont conservé cette deuxième abside caractéristique du plan roman-rhénan. En France dans lacathédrale de Besançon ; comme à l'origine le chœur liturgique se tient dans l'abside occidentale, la contre-abside romane étant tournée vers le nord-est. Lacathédrale de Nevers est également dotée d'une abside romane à l'ouest et d'une abside gothique élevée auXIIIe siècle dans le but de réorienter le bâtiment[30]. Dans laDrôme l'église romane dela Garde-Adhémar a conservé une contre-abside occidentale. Mais en Belgique les absides axiales opposées de lacollégiale Sainte-Croix de Liège ont été toutes deux construites auXIIIe siècle. En Italie l'église romane deSan Piero a Grado a un chevet à trois absides et une contre-abside.
Les absides de transept peuvent être confondues ou assimilées avec les absides des chevets tréflés encore appeléstriconques comme le fait Viollet-Leduc pour l'église de Saint-Macaire. Les absides sont toutes les trois à peu près de même dimension et sont configurées comme les trois folioles d'une feuille detrèfle. Dans les petits édifices celles qui sont perpendiculaires à la nef servent de transept et le carré du transept est dominé par la tour du clocher. La forme de triconque apparue dès l'Antiquité tardive dans l'architecture domestiquese perpétue dans les chevets des églises de l'ère paléochrétienne[32] jusqu'au Moyen-Âge. Le chevet tréflé de lachapelle Saint-Germain de Querqueville a été construite vers leXe siècle. La petiteéglise de Saint-Martin de Londres date desXIe et XIIe siècles tandis qu'en Allemagne l'église Sainte-Marie-du-Capitole et l'église Saint-Martin de Cologne qui datent de la même époque sont des édifices beaucoup plus importants.
Abside etchevet, l'abside n'étant qu'une des formes du chevet. Elle peut s'inscrire à l'intérieur d'un chevet plat[4].
Abside etexèdre. L'exèdre est un espace semi-circulaire garni d'un banc de pierre accolé au mur. Elle peut être à l'extérieur d'un bâtiment[4]. Elle peut être également quadrangulaire mais toujours garnie de bancs. Pour les Latins, le mot avait le sens très large de chambre garnie de sièges[2].
↑Contrairement à ce qu'en dit Viollet-Leduc , l'abside ne peut avoir un mur droit puisque le terme même de apsis désigne une forme courbe. Quand le chevet n'est pas en abside on le qualifie de chevet plat[4]. dont les petites églises de campagne normandes sont le plus souvent équipées.
↑c'est-à-dire que l'abside est située sur le petit côté du rectangle, dans l'axe de la construction.
↑Balty Jean Ch. Birgitta Tamm, « , Auditorium and Palatium. A study on assembly-rooms in Roman palaces during the Ist century B.C. and the 1st century A.D. In: , Tome 33, fasc. 2, . »,L'antiquité classique,,p. 573-577.(lire en ligne, consulté le).
↑Thirion Jacques, « Origines et extension du chevet plat dans l'architecture religieuse de l'Aquitaine (compte rendu de l'article de Pierre Héliot) »,Bulletin Monumental,vol. 114,no 4,,p. 282(lire en ligne, consulté le).
↑Yannis varalis, « Deux églises à chœur tréflé de l'Illyricum oriental Observations sur leur type architectural. »,Bulletin de correspondance hellénique,vol. 123,no 1,,p. 210 à 218(lire en ligne, consulté le).