Ce nom dérive de l'égyptien antiquePer Ousir, c'est-à-dire lademeure d'Osiris, qui, traduit en grec, donna Bousiris, puis en arabe le nom qu'on lui connaît actuellement[2].
Des quatorze monuments principaux fouillés et partiellement restaurés, dont au moins sept pyramides, seules cinq sont encore visitables : celles des pharaonsSahourê,Niouserrê,Néférirkarê etNéferefrê, ainsi que la pyramide de la reineKhentkaous II.
Les autres font encore l'objet de travaux de dégagement et d'identification.
Un peu au nord du champ des pyramides, une nécropole remontant à laIVe dynastie a été récemment identifiée révélant qu'Abousir était déjà un centre urbain développé au début de l'histoire du pays.
En effet les plus anciensmastaba datent du règne deSnéfrou et le site fut utilisé jusqu'à laVIe dynastie démontrant la longévité d'un établissement pour les vivants situé à proximité. Au vu de la proximité des deux temples solaires identifiés et fouillés, témoins de l'architecture religieuse de l'Ancien Empire, certaines hypothèses placent la ville deSakhebou dans les environs immédiats d'Abousir, rejoignant ainsi la légende conservée sur lepapyrus Westcar, selon laquelle les trois premiers souverains de laVe dynastie seraient issus de l'union du dieuRê avec une prêtresse de cette cité.
Rien ne permet aujourd'hui de valider cette hypothèse situant cette ville à Abousir mais étant donné l'intérêt particulier que lesrois de laVe dynastie ont en effet eu pour ce site, il est probable que le palais royal se situait à proximité du site. Cette partie de larégion memphite était accessible depuis une retenue d'eau du fleuve qui formait un véritable lac relié auNil par des canaux[3].
Une cité royale et de pyramides devait donc exister et fut fondée ou davantage développée à partir du règne deSahourê, qui nous a légué le nom évocateur de cettegrande maison[note 2] :Loués soient les beautés de Sahourê. Le roi a fait représenter sur les murs de son temple funéraire des scènes de la vie intime ou officielle du palais et on sait par des inscriptions officielles de certains hauts dignitaires de la cour que ce palais était toujours utilisé par ses successeurs. Son emplacement n'a pas été à ce jour identifié.
Ces découvertes tendraient donc à prouver que la capitaleMemphis se situait également dans les environs immédiats d'Abousir ou en tous les cas s'étendait jusque-là à l'Ancien Empire. Le site devait alors former le « faubourg » septentrional de lacapitale de l'Égypte.
Les ruines de ces quartiers populaires, avec ses ateliers d'artisans, ses ports et ses magasins royaux et bâtiment administratifs tout comme celles de la résidence royale et de ses dépendances sont probablement encore enfouies sous les cultures qui bordent le désert, non loin du plateau sur lequel a été édifiée la nécropole royale, et seraient à rechercher sous lespalmeraies qui se sont installées sur l'ancien lit du fleuve et ses environs immédiats.
Avec la chute de l'Ancien Empire, si l'activité architecturale royale cesse on trouve encore des tombes remontant auxIXe etXe dynasties. Certaines ont été découvertes intactes, comme la tombe d'un certain Hérichefhotep, dont lemobilier funéraire typique de la période avec ses modèles de barques et petits personnages reproduisant des scènes de la vie quotidienne, trouve des parallèles dans d'autres sites célèbres de cettePremière Période intermédiaire[note 3].
Avec leMoyen Empire la nécropole semble souffrir d'un relatif abandon lié au déplacement de la résidence royale dans d'autres parties du pays. AuNouvel Empire, le temple funéraire deSahourê est le siège d'un culte à la déesseSekhmet, et le prince etgrand prêtre de PtahKhâemouaset, fils préféré deRamsès II s'attache à restaurer, au nom de son divin père, les monuments de ces ancêtres, à l'instar d'autres monuments de l'antique nécropole memphite.
Avec laBasse Époque, la nécropole dans un dernier sursaut, jouit à nouveau de l'intérêt des courtisans des souverains de laXXVIe dynastie, avant de sombrer définitivement dans l'oubli général qui fait suite aux différentes invasions que le pays subit à dater de laXXVIIe dynastie.
On doit encore une fois à laVe dynastie la plupart des édifices monumentaux des environs et avec le site d'Abou Ghorab, ce sont au moins deux temples solaires et au moins six pyramides, certes, de dimensions réduites par rapport à celles deGizeh mais qui s'élevaient à l'horizon occidental avec leurs temples de culte et les quartiers des prêtres qui en dépendaient.
En dehors de ces lieux de cultes dont lesarchives sur papyri retrouvées exceptionnellement sur le site démontrent qu'ils restèrent en activité jusqu'à la fin de l'Ancien Empire, le site comprend une série demastaba destinés à la cour et à la famille royale, dont un, celui dePtahchepsès est sans doute l'un des plus grands édifices du genre.
Cet ensemble à vocation cultuelle et funéraire formait une véritable cité des morts qui prolongeait en quelque sorte celle des vivants.
En partant du nord du site et en allant versSaqqarah les principaux monuments sont :
Enfin au sud du site des tombes à fosses datant de laBasse Époque ont été dégagées là où les anciens relevés des premiers égyptologues voyaient les vestiges d'antiques pyramides inachevées.
Construites sur un modèle déjà connu àSaqqarah pour la même période, c'est surtout l'identité d'un des propriétaires qui étonna lors de la découverte :Oudjahorresné, prêtre deNeith, médecin personnel du roi, grand chambellan, celui-là même qui composa la titulature deCambyse II puis celle deDarius Ier, à la suite de la première invasionPerse, et dont lesMusées du Vatican àRome conserve une statue dite autobiographique, car le texte qu'elle porte relate les exploits de l'homme et notamment le lien étroit qui le rattachait au Roi des Rois.
L'autre découverte majeure de cette partie de la nécropole est celle d'une autre tombe, cette fois-ci intacte avec son mobilier funéraire et sonsarcophage scellé. Elle appartenait à Ioufâa, personnage portant des fonctions analogues mais quelque peu antérieur àOudjahorresné.
1842 : expédition archéologique prussienne dirigée parKarl Richard Lepsius. Inventaire des principaux monuments du site, identifiés comme des pyramides dans laliste de Lepsius.
1976 à 1986 : mission archéologique tchèque, dirigée parMiroslav Verner. Fouilles des complexes funéraires deKhentkaous II et deNéferefrê. Découverte desarchives des temples funéraires ainsi que des statues du jeune roi.
1989 à 1990 : découverte et fouilles par l'équipe d'égyptologues de l'Institut Tchèque d'Égyptologie de la tombe d'Oudjahorresné, dignitaire de laBasse époque.
1996 : découverte et début des fouilles par l'équipe d'égyptologues de l'Institut Tchèque d'Égyptologie de la tombe intacte de Ioufaâ, dignitaire de laBasse époque.
2003 à ce jour : découverte et fouille par l'équipe d'égyptologues de l'Institut Tchèque d'Égyptologie de la tombe de Menekhibnekaou, dignitaire de laBasse époque.
2006 à ce jour : découverte et fouille par l'équipe d'égyptologues de l'Institut Tchèque d'Égyptologie de la tombe intacte de Néferanpou, prêtre de laVe dynastie.
2015 : découverte et fouille par l'équipe d'égyptologues de l'Institut Tchèque d'Égyptologie de la tombe de la reineKhentkaous III de laVe dynastie[5].
↑Plusieurs sites portant le nom d'Abousir existent enÉgypte. On citera dans ledelta le site d'Abousir Bana, l'antiqueDjedou égyptienne
↑Per-âa en égyptien ancien. Plus tard dans l'histoire égyptienne, ce nom finira par désigner la personne royale, nom que les grecs traduiront encore plus tard parpharaon
↑Voir le site d'El-Bersheh pour comparaison, avec ses tombes contemporaines et au mobilier funéraire également intact