Pour les articles homonymes, voirBoumédiène (homonymie).
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| Activités | Théologien, Qutb,poète |
| Maîtres | Ali ibn Harzihim(en), Abu Yaaza(en),Abd al Qadir al-Jilani |
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| Influencé par | Abul Abbas al-Mursi(en),Abdeslam Ben Mchich Alami,Sidi Bou Saïd,Abou Hassan al-Chadhili |
Abou Madyane, de son nom completChoaïb Abou Madyane El Ansari El Andaloussi (enarabe :شعيب أبو مدين الأندلسيي), SidiBoumediène, né en 1126 àCantillana dans l'actuelleEspagne et mort en 1196 àTlemcen dans l'actuelleAlgérie, est un professeur et poète dusoufisme.
Il est considéré comme un pôle du soufisme enAlgérie et auMaghreb d'une manière générale[1]. On lui doit d'avoir introduit le soufisme enAfrique du Nord.
Il se forme au soufisme àFès où il acquiert ses premières expérience de maitre spirituel[2], avant de voir son influence s'épanouir àBéjaïa où il vécut de 1166-1197. Il est le saint patron de la ville de Tlemcen en Algérie[1].
Issu d'une famille arabo-andalouse, Abou Madyane étudie àSéville puis après la mort prématuée de son père, il arrive auMaghreb pour étudier àTanger[3] puis àFès[4],[5] mais avant cela, il se rend àMarrakech où il intègre le corps militaire andalou de l'arméealmoravide avant de trouver àFès un maître en la personne d'Abu l-Hassan Ali b.Hirzihim chez qui il étudia à l'Université Al Quaraouiyine. Abou Madyane étudie ensuite chez le grand savant, originaire deSijilmassa auTafilalet, avec le mystique Abou Abdallah Al Daggag[6].

Abou Madyane se rend ensuite auMachreq, pour lehajj, il passe parTlemcen. Les profondes connaissances qu'il avait acquises le firent recevoir avec les honneurs de la population[7]. Il rencontreAbd al Qadir al-Jilani àLa Mecque, la rencontre eut lieu la première fois sur lemont Arafat. Les deux saints avaient accompli le pèlerinage ensemble, Abu Madyan étudia un grand nombre de hadiths sous sa direction[8].
Sur le chemin du retour, il fait un détour enPalestine où il participe avecSaladin à une bataille importante (bataille de Hattin) contre les Croisés, il y perdit une main[1]. Après son pèlerinage et ses études auMoyen-Orient, il s'installe et enseigne àBéjaïa, ancienne capitale florissante et lettrée desHammadides[1]. C'est à Béjaïa que le saint prit pour épouse une femme noire qui lui donna un fils nommé Mohammad. C'est dans cette ville que s'était constituée, sous l'impulsion du maître, une école de spiritualité orthodoxe, qui allait compenser, par son aspect populaire, les doctrines desAlmohades[9].
Son enseignement connut un succès rapide. Il touchait une population bien plus étendue que celle acquise au soufisme[10]. Il est surnommé « al qutb » (le pôle, la sommité), il a été inspiré parAl-Jilani etAl-Ghazâlî[11]. Abou Madyane transmit leur enseignement par Ibn Machich et par Chadili à la plupart destariqas duMaghreb. Savant, mystique, professeur, poète, il disait :« Quand la Vérité apparaît, elle fait tout disparaître ». Sa réputation de science et de sainteté lui valurent, venant deBéjaia en compagnie de ses disciples, il s'installe au village de Takbalet (commune deBensekrane) situé à environ 30 km de Tlemcen, où il enseigne la théologie et la science mystique[1].
Considéré comme le saint patron de la ville deTlemcen, Sidi Boumédiène n'y avait jamais vécu. Convoqué par le sultanalmohadeYacoub El Mansour qui avait pris ombrage de son enseignement et s'inquiétait de sa réputation, celui-ci l'avait fait appeler à Marrakech, sa capitale, pour l'interroger. Boumediene accéda à ces injonctions et s'était mis en route depuisBejaia pour se rendre àMarrakech, il est mort des suites d'une maladie, sur le chemin au lieu-dit El Eubbad[12]. le[1]. Ses disciples l'ont enterré à El Eubbad, lieu de méditation et de piété situé sur les hauteurs de la ville de Tlemcen[12]. C'est là que l'on édifia son mausolée devenu lieu de pèlerinage des Tlemcéniens et l'un des plus fréquentés au Maghreb[11].
D'après le chroniqueur Zerkechi, un sultan deConstantine étant venu rendre une visite pieuse auXIVe siècle, et s'étant arrêté devant lecatafalque du saint, avait posé dessus sa main en prêtant le serment solennel de ne plus rien faire d'autre, à partir de ce jour-là, que rendre le bien pour le mal[13].Ibn Arabî a appelé Abou Madyane « le professeur des professeurs ».

Le mausolée d'Abou Madyane, dénomméal-Ghawth (le salut des affligés), est situé dans le faubourg d'El Eubbad àTlemcen[14]. Il a été construit par le califealmohadeMuhammad an-Nasir, honorant la mémoire du saint au début duXIIIe siècle[15]. Il est restauré et embelli par le sultanzianideYaghmurasen, puis par le sultanmérinide Abu al-Hasan Ali (le sultan noir) qui lui adjoignit, mis à part un petit palais, unemosquée dans laquelle Sarmachik, l'architecte dubey d'OranMohamed el Kebir, entreprit des travaux, et à laquelle l'Emir Abdelkader fait don d'unminbar[16].
Ce monument qui existe encore, est devenu un lieu de pèlerinage. Il a subi des actes de vandalisme dans lesannées 1990 mais a été récemment restauré[15].
Symbole de la libération deJérusalem des Croisés, lewaqf de Sidi Boumediène remonte à labataille de Hattin en 1187. Il est offert parSaladin à Sidi Boumediène. Le waqf est composé de plusieurs immeubles, une mosquée et une zaouïa destinée à l'hébergement des pèlerins maghrébins, du domaine d'Ein Kerem, renfermant des terres incultes et de labours, des locaux d'habitation pour les fermiers, des jardins avec sources et puits pour l'irrigation[17].
Depuis leXIVe siècle, les revenus qui s'y rattachent sont destinés aux Maghrébins résidant dans la ville sainte ou de passage, se rendant aux Hedjaz, et le cas échéant aux Maghrébins nécessiteux résidant à la Mecque et à Médine, et le cas échéant au profit des deux villes saintes. De plus, il est stipulé « qu’aucun gouverné, aucune autorité exerçant un pouvoir absolu ne pourront modifier le présent waqf, l’annuler, le méconnaître, (…)»[17].
Le quartier est décrit par l'historienVincent Lemire comme « le pivot d'un ensemble de liens spirituels et matériels tissés sur la durée entre le Maghreb et Jérusalem »[18].
Ce quartier maghrébin est détruit dans la nuit du 10 au après la victoire israélienne lors de laguerre des Six Jours[18].
Un film documentaire consacré à cette célèbre personnalité historique a été réalisé par le cinéaste algérien Yahia Mouzahem, dans le cadre de la manifestation « Tlemcen capitale islamique 2011 »[19].