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Unalphabet consonantique, aussi appeléabjad, est unalphabet dont lesgraphèmes (unités de base) sont desconsonnes. Les voyelles dans un alphabet consonantique sontimplicitement dictées par laphonologie : le lecteur doit connaître la langue pour en rétablir toutes lesvoyelles.
Tous les alphabets consonantiques connus s'écrivent de droite à gauche, à l'exception de l'alphabet ougaritique, qui s'écrit de gauche à droite. Cependant, certains alphabets consonantiques anciens comme le phénicien ou le protosinaïtique pouvaient s'écrire enboustrophédon.
Dans leslangues sémitiques, on utilise un alphabet consonantique où les voyelleslongues sont notées à l'aide desmatres lectionis, mais pas les voyellesbrèves. Bien qu'il existe dessignes diacritiques qui notent les voyelles brèves — comme lesnikkudot pour l'hébreu ou lesḥarakāt pour l'arabe —, leur utilisation est optionnelle et ils n'apparaissent que dans des cas restreints.
Dans les alphabets consonantiques, il est fréquent que les lettres changent plus ou moins de forme selon leur place dans le mot : une lettre en début, milieu et fin de mot n'a pas nécessairement la même graphie, c'est un cas devariante contextuelle.
desalphasyllabaires (ouabugidas) qui notent les syllabes, mais notent toutes les voyelles lorsqu'elles diffèrent de lavoyelle inhérente aux syllabes notées ;
dessyllabaires, où les graphèmes sont une liste de toutes les syllabes possibles : il n'y a besoin que d'un glyphe pour une syllabe ;
dans les systèmes àlogogrammes, les mots sont notés en partie par des glyphes portant le sens et non le son du mot. Beaucoup d'alphabets sont dérivés d'un système logographique originel.
Un alphabet consonantique est unescriptio defectiva, « écriture défective » : la graphie nécessite du lecteur qu'il connaisse déjà la phonologie de la langue pour lire correctement. La majorité des écritures sont d'ailleurs défectives d'un certain point de vue : l'orthographe de l'anglais et celui dufrançais, par exemple, sont si imprévisibles qu'il est difficile, même pour un natif, de connaître l'orthographe d'un mot qu'il utilise à l'oral, ou de prononcer correctement des mots nouveaux ou rares lus pour la première fois ; seules quelques langues ont un système d'écriture parfaitement phonétique.
Le motabjad (en arabe : أَبْجَد) vient des quatre premières lettres (alif,bāʾ, jīm etdāl) de l'ordre Abjad, mode d'ordonnancement archaïque des lettres de l'alphabet arabe selon l'ordre levantin. L'ordre Abjad a été remplacé au cours des siècles par l'ordreHijā’ī, basé sur lerasm des lettres, qui commence par les lettresalif,bāʾ,tāʾ etthāʾ. Le motabjad fut choisi comme une transposition dealphabet, qui vient quant à lui des deux premières lettres de l'alphabet grec,alpha etbêta.
On utilise toutefois dans cet article le termealphabet consonantique pour lever toute ambiguïté, car abjad est un terme qui a désigné au cours de l'histoire un type denumération arabe, ainsi que l'ordre Abjad de l'alphabet arabe en opposition à d'autres modes d'ordonnancement concurrents.
Les signes de vocalisation sont des aides à la lecture de textes rédigées en alphabet consonantique, souvent desdiacritiques ajoutés aux glyphes principaux. Ils servent à aider les débutants qui ne sont pas encore familiarisés avec la langue cible, comme les enfants ou les locuteurs non-natifs. En dehors des textes pour débutants, ils sont optionnels et souvent omis.
Cependant, dans un cadre religieux, ils répondent à la demande d'exactitude, et sont ajoutés pour ne pas trahir l'intention première d'un texte sacré. Les signes de vocalisation et decantillation sont donc aujourd'hui presque systématiquement présents dans la littérature sacrée.
al-ʿarabīyah, qui signifie «arabe» : un exemple en alphabet arabe, alphabet consonantique impur. La transcription exacte lettre par lettre est "A-l-ʿ-r-b-y-h" : il n'y a qu'une seule voyelle écrite au début du mot, tandis qu'à l'oral il y en a cinq.
Un alphabet consonantique pur n'indique aucune voyelle. La majorité des alphabets consonantiques sont impurs : on y note quelques voyelles, au moyen dediacritiques ou deglyphes à part entière. C'est le cas de l'alphabet arabe, l'alphabet hébreu, l'alphabet araméen, l'alphabet pehlevi et bien d'autres. Dans ces alphabets, il existe des glyphes à part entière pour les voyelles, mais ces glyphes sont aussi utilisées pour des consonnes, souvent desconsonnes spirantes dont le son se rapproche d'une voyelle longue. Ce sont lesmatres lectionis.
Un exemple d'alphabet consonantique pur est (peut-être) les formes premières de l'alphabet phénicien, mais au moins à partir duIXe siècle av. J.-C. des voyelles s'immiscent dans cet alphabet.
La classification fine des alphabets a été proposée par Peter T. Daniels en 2009. Préalablement, on distinguait seulement les alphabets des syllabaires. Daniels a proposé d'ajouter lesabjads et lesabugidas, appelés ici alphabets consonantiques et alphasyllabaires. Cette classification est décriée par Reinhard G. Lehmann[1] d'abord pour son choix de vocabulaire, puis comme étant eurocentrée, car il s'agirait pour Daniels d'établir là un critère d'évolution positive où les abjads seraient des alphabets «incomplets», affirmant la suprématie de l'Occident.
Un spécimen de l'alphabet protosinaïtique contenant une phrase qui pourrait signifier «àBaalat». La ligne qui court du haut gauche jusqu'en bas à droite signifiemt l bclt.
Cet alphabet consonantique était une simplification drastique du système d'écriture phonétique égyptien, où les mots étrangers étaient écrits en associant à chaque syllabe un hiéroglyphe (pas toujours le même) dont le son initial se rapprochait de la syllabe voulue. L'innovation est de toujours prendre les mêmes logogrammes pour désigner un ensemble réduit de sons : les logogrammes choisis deviennent un alphabet. On retrouve la même idée derrière le systèmeman'yōgana au Japon avant l'invention deskanas.
L'alphabet phénicien donna naissance à de nombreux alphabets, dont l'alphabet araméen et l'alphabet grec. L'alphabet araméen est l'ancêtre de nombreux alphabets consonantiques et alphasyllabaires modernes, tandis que l'alphabet vocalique grec, qui donne un statut égal aux voyelles et aux consonnes, est à la base de tous les alphabets occidentaux, dont l'alphabet latin et l'alphabet cyrillique.
Itamar Ben-Avi, premier locuteur natif d'hébreu moderne et fils deEliezer Ben-Yehuda, proposa, sans succès, un alphabet romanisé de l’hébreu[2].
Les alphabets consonantiques et les langues sémitiques
Les langues sémitiques ont la particularité de posséder un système deracines consonantiques : la majorité des mots est dérivée d'un ensemble restreint de racines constituées de trois consonnes. Le principe de l'alphabet consonantique (ne pas noter toutes les voyelles) permet donc aux locuteurs d'identifier rapidement les trois consonnes à la base des mots. C'est la raison pour laquelle les langues sémitiques notent majoritairement leur langue avec un tel alphabet.
Par exemple, enarabe classique et enarabe standard moderne, on peut dériver à partir de la racine sémitiqueذ ب حDh-B-Ḥ (abattre, sacrifier) des mots dont les voyelles sont très différentes, tout en conservant les consonnes :
Lexiao'erjing et l'écriture ouïghoure arabisée sont des exemples d'alphabets vocaliques issus de l'alphabet consonantique arabe, ils possèdent des lettres supplémentaires pour indiquer toutes les voyelles. L'alphabet duyiddish est quant à lui un exemple d'alphabet vocalique issu de l'alphabet consonantique hébraïque.
Toutes les adaptations de l'alphabet arabe ne sont pas des alphabets vocaliques, par exemple l'alphabet persan et l'alphabet jawi sont consonantiques. Comme les langues écrites avec ces alphabets ne sont pas sémitiques, elles ne possèdent pas le système deracines trilittères, ce qui rend les voyelles plus difficiles à déduire, lire ces langues demande donc davantage de mémorisation.
Le système Prevost-Delaunay desténographie française est un abjad impur : on y omet volontairement plusieurs voyelles pour noter plus rapidement les mots. Ainsi «rave» et «rêve» se notent à l'aide du même sténogramme.