| Aber-Wrac'h | |
Cours de l'Aber-Wrac'h. | |
| Caractéristiques | |
|---|---|
| Longueur | 33,3 km[1] |
| Bassin | 147 km2 |
| Bassin collecteur | l'Aber-Vrac'h |
| Débit moyen | 2,22 m3/s |
| Régime | pluvialocéanique |
| Cours | |
| Source | Lestréonec enPloudaniel |
| · Localisation | Tremaouezan |
| · Coordonnées | 48° 30′ 42″ N, 4° 14′ 42″ O |
| Embouchure | lamer Celtique |
| · Localisation | entreLannilis,Landéda etPlouguerneau |
| · Altitude | 0 m |
| · Coordonnées | 48° 36′ 39″ N, 4° 35′ 12″ O |
| Géographie | |
| Pays traversés | |
| Département | Finistère |
| Régions traversées | Bretagne |
| Sources :SANDRE:J3204000,Géoportail | |
| modifier | |
L’Aber-Wrac'h est unfleuve côtier et unaber du pays deLéon dans le nord-ouest duFinistère, enrégion Bretagne. L'Aber-Wrac'h est le plus long et le plusseptentrional des abers de la Côte des Abers. C'est également le nom du hameau deLandéda abritant le port du même nom.
Les formes anciennes attestées sontportu qui Achim (XIe siècle),abergroach (1521),Abrah (1543),Abrah (1548),Obenrac (1585),Obeurac (1608),Breurac (1625),Obrurac (1629-1631),Abrirac (1635),Rivière de Wrakh (1636),Abrirac (1660),Aberache (1706),LAberache (1720),Abergrach (1721-1745),Obreverac (1763),Baie d'Obreverac (1763),Havre de l'Abbrevrak (1764),Havre de l'Abbre Vrak (1773),Abreverac (XVII-XVIII),Abervrach (1832),l'Aber-vrac'h (1842),Le Vrac'h Rivière (1842),l'Abervrac'h (1843),L'Aberwrac'h (1889)[réf. souhaitée].
Si la première partie fait simplement référence au mot français d’origine bretonne Aber, l'origine du motWrac’h est sujette à discussion. En bretonAber Ac'h, désignerait l'aber duPays d'Ac'h (en bretonBro Ac'h, ancien nom duBas-Léon, partie occidentale duPays de Léon). Ce dernier terme vient du latinPagus Achmensis, et serait une altération dePagus Osismiensis, du nom de la tribu celte desOsismes[2],[3].
L'appellation "Aber Wrac'h" par contre semble contenir le mot bretongwrac'h. S'agit-il d'une déformation populaire du mot Ac'h ou bien véritablement de ce mot qui désigne en breton une vieille femme, une sorcière ou une fée ? Selon certains, il s'agirait d'une référence à une vieille déesse ou à sorcière honorée dans un sanctuaire païen local avant la christianisation[4],[réf. à confirmer]. LaWrac'h ouGwarc'h serait un avatar de ladéesse mère primitive, d'une conception de la divinité remontant aunéolithique dont on retrouve la trace dans toutes lescultures indo-européennes sous des noms variés :Ana,Anna,Anu,Dana,Danu, etc. Pour les peuples d'Armorique elle est devenue laMamm-Goz, la vieille mère des bretons, christianisée sous le nom desainte Anne. La dernière nuit du mois de janvier est appeléeNoz ar Wrac'h et marquait la fête celtique du renouveau de la nature. EnIrlande cette déesse estBrigit (christianisée sous le nom desainte Brigitte) fêtée àImbolc, c'est-à-dire au début du mois de février. L'expressionGwrac'h an Diaoul ("la vieille femme du diable") désigne traditionnellement une sorcière. Destoponymes présents le long de l'Aber-Wrac'h (le "pont Krac'h" ou "pont du diable", l'Enfer) illustrent aussi ces anciennes croyances[5].

La source principale de l'Aber-Wrac'h (qui portait également le nom de rivière Doëna) se trouve àTrémaouézan dans la tourbière de Langazel. Néanmoins, on trouve d'autres sources. Les autres sources sont situées en grande partie àPloudaniel dans le quartier de Lestréonec où l'on dénombre pas moins de quatre sources, etSaint-Thonan; la longueur du cours d'eau est de 33,6 km[1]. La plus grande partie de l'Aber-Wrac'h est une ria ou aber qui se jette dans laMer Celtique[1].
Son tracé actuel sinueux, en « baïonnette », est un héritage de latectoniquehercynienne de la région. Tantôt, il emprunte des failles méridiennes, tantôt des failles N 100-110, parallèles à la faille de Kerforne[6].
La Doëna arrosePloudaniel,Le Folgoët,Lannilis etPlouguerneau et se termine en un long estuaire, l'aber Vrac'h, entre la presqu'île Sainte Marguerite (Landéda) et lephare de l'Île Vierge de 82,5 m de hauteur, où l'on trouve quelques îles.
L'Aber-Wrac'h cesse d'être navigable au niveau du hameau de Paluden, à 4 km environ à l'intérieur des terres. Par le passé, les bateaux desservant Plouguerneau et Lannilis déchargeaient leurs cargaisons à cet endroit où une cale fut aménagée. Cette cale est toujours utilisée pour le débarquement de cargaisons de bois d'Europe du Nord. Lepont suspendu de Paluden permet de rejoindre les deux rives et est désormais doublé par un pont récent situé plus en amont.
Le port de l'Aber-Wrac'h, anciennement dénommé « Havre de la Palud » est désormais unport de plaisance offrant plus de 300 mouillages. Il est géré par laChambre de commerce et d'industrie de Brest. Il accueille en saison touristique de nombreux plaisanciers français et étrangers, principalement britanniques[7].

Elles sont aussi appeléesarchipel des îles de Lilia (Lilia : nom d'un bourg dePlouguerneau).
Une voie venant deTours et d'Angers et allant jusqu'à l'Aber-Wrac'h, passait parRieux,Castennec,Carhaix[8].
Uneépave dite"Aber Wrac'h 1" est la seule épave médiévale retrouvée à ce jour sur la côte nord de la Bretagne. Il pourrait s'agir d'un bateau naufragé en 1435, évoqué dans la correspondance du ducJeanV de Bretagne[9].
Le manoir de Kerouartz enLannilis, est situé sur les rives de l'Aber-Wrac'h. Ce fut le fief de lafamille de Kerouartz.
De tout temps, l'Aber Wrac'h a été un abri, un port de relâche disposant dehavres et de zones d'échouage naturellement protégés. Le "Journal d'Olivier Mazéas", seigneur de Lesmel (enPlouguerneau) qui, entre 1464 et 1467, était receveur des ports de port pour l'Aber Wrac'h ("Contrôleur des Ports de l'Aber-Vrac'h, de Corredou et de Porz-Moalleuc"), montre un trafic d'importance notable : les navires emportent blé, poissons séchés, viandes salées et reviennent avec du vin deBordeaux ou du sel deLa Rochelle. Une des tombes de l'ancien cimetière de Tremenec'h (ancienne paroisse disparue sous les sables, désormais en Plouguerneau) porte une gravure représentant un bateau datant de la fin du Moyen-Âge.
Benjamin Girard décrit ainsi le port de l'Aber-Wrac'h en 1889 :
« L'Aberwrac'h (qui, enbreton signifie "Havre de la Fée") n'est qu'un village formant une section de la commune de Landéda, et qui n'a d'importance que par son port, réputé un des meilleurs du littoral breton commelieu de relâche ; aussi l'administration desPonts et Chaussées a-t-elle beaucoup fait pour en faciliter l'accès aux nombreux navigateurs venant y chercher un refuge pendant la mauvaise saison, ce qui n'était pas sans difficultés, à cause des rochers dont ses abords sont hérissés. C'est elle qui, outre lephare de l'Île Vierge, intéressant la navigation générale, et dont l'allumage a eu lieu en 1845, a fait successivement construire, dans le chenal extérieur et au mouillage de l'Aberwrac'h, quatre feux de cinquième ordre qui sont ceux de l'île Vrac'h, de Lanvaon, de la Palue et de l'anse Saint-Antoine, et placer desamers (tourelles et bouées) sur les écueils les plus dangereux ; elle y a aussi fait construire unmôle-débarcadère qui sépare la rade et le port et a 208 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur avec une élévation de 4 mètres au-dessus des plus hautes marées, et assez récemment uneaiguade. Le port est situé à l'entrée de la rivière qui porte son nom, entre l'anse des Anges et celle de Saint-Antoine ; la vaste rade qui le précède peut recevoir une très grande quantité de navires ; lemouillage y est très sur et la profondeur d'eau dans lechenal àmer basse n'est pas inférieure à 10 mètres[10]. »
« Le commerce maritime de l'Aberwrac'h est peu considérable : il consiste, comme importation, encharbon de terre pour la consommation locale et l'alimentation d'une usine de produits chimiques, qui y est établie depuis quelques années, et, comme exportation, en poissons,soudes provenant dugoémon brûlé, etc. Voici quels ont été en 1885 les mouvements du port de l'Aberwrac'h, où unestation de sauvetage a été établie en 1867 : Entrées : 134 navires, dont 20 au lest et 15 chargés, soit 35 venant de l'étranger et 90, dont 50 au lest et 40 chargés venant de divers ports français. Tonnage :5 063 tonneaux. Équipages : 508 hommes. (...) Sorties : 133 navires, dont 43 allant à l'étranger, et 90, dont 50 au lest et 40 chargés pour divers ports français. (...) Dans cette statistique ne sont pas compris les navires qui ont relâché dans le dit port, pendant la même année. Le port de l'Aberwrac'h, le seul accessible aux grands navires sur toute la partie du littoral qui s'étend deBrest àMorlaix, serait appelé à un grand développement s'il était relié à laligne ferrée de l'Ouest par un embranchement partant deLanderneau et desservant les riches contrées de la côte en passant parLesneven etLannilis. L'entrée du port de l'Aberwrac'h est défendu par le fort Cézon, dontVauban renouvela les fortifications en 1695. (...)[10] »
Le port de l'Aber Wrac'h était très actif : « Actuellement [en 1898] trois cents barques s'y livrent, chaque année, à la pêche du poisson et du goémon : elles sont montées par 900 hommes »[11].
Laligne ferroviaire àvoie métrique desChemins de fer départementaux du Finistère reliantPlabennec à l'Aber-Wrac'h viaPlouvien,Lannilis etLandéda ouvrit en deux temps (en 1894 pour le tronçon Plabennec-Lannilis, long de 24 km, et en 1900 pour le tronçon Lannilis-L'Aber-Wrac'h, long de 6 km) ; elle ferma en 1932.
Charles Le Goffic décrit ainsi L'Aber-Wrac'h en 1900 : « Le pays (...) est extrêmement pauvre. La culture maraîchère aurait pu y réussir comme àRoscoff ; mais les débouchés manquaient ; tout le sol est souslande ou sousblé noir. Une seule industrie : la fabrication de lasoude. Lesgoémons coupés au large ou rejetés par la tempête sont d'abord mis en meules et séchés ; puis on les incinère dans des auges à fond de pierre, où les sels de potasse mêles à la cendre forment des sortes de grands pains qui sont vendus aux usines de l'Abervrach et dePorsal. Ces pains de soude, lessivés, servent à la fabrication de l'iode. Malheureusement le prix de l'iode, par suite de la concurrence chilienne, écossaise, norvégienne, allemande et même japonaise, a baissé dans des proportions énormes : de 150 fr le kg en est descendu à 12fr.50 ! Aussi l'existence des Abervranchins est-elle bien précaire. La pêche au large leur vient en aide depuis quelques années, surtout la pêche deslangoustes et deshomards qui est particulièrement abondante en ces parages. De grands viviers flottants à claire-voie ont été établis près du môle ; le prolongement jusqu'à l'Abervrach du petit chemin de fer de Brest à Lannilis ouvrira peut-être de nouveaux débouchés à cette industrie grandissante »[12].
Le journalLa Lanterne écrit le : « Les conseils [municipaux] dePloudalmézeau, dePlouguerneau et deLannilis signalent une profonde misère. Les pêcheurs dePortsall, Plouguerneau, L'Aber Wrac'h demandent que des secours immédiats leur soient accordés »[13].
Le, le canot de sauvetageMadeleine (canot à avirons de dix mètres de long lancé en 1901 et en service jusqu’en 1953, année où il fut remplacé par leFrançois Rolland), de l’Aber-Wrac’h, sauva deuxgoémonières menacées de la noyade sur la roche deKarreg a Khéré et un homme et deux femmes qui étaient à bord dusloop ""Lilia"", qui venait de sombrer, et qui s’étaient réfugiés sur la roche deKarreg Barzin à un demi mille nautique au sud-ouest de l’Île Vierge[14].
Le, le sloopArquebuse, de l'Aber Wrac'h, avec son équipage de trois goémoniers, disparut par gros temps au large dePortsall (trois noyés)[15].
En 1921, un projet d'usine marémotrice faillit aboutir, décrit ainsi par le journalOuest-Éclair, sous le titre "La houille bleue dans l'Ouest" :
« Il consiste en l'établissement de deux barrages, l'un à Beg an Toul à 500 mètres en aval du pont de Paluden. Le barrage comprendra un pertuis de 9,50 mètres de large pour laisser passer les bateaux. Si leConseil général du Finistère donne la subvention nécessaire, ce passage pourra permettre l'établissement d'une voie ferrée. Le deuxième barrage projeté est entre le Diouris et le Pont Créach, face au village de Kerandraon. Il doit régulariser l'action de la marée et permettre [à l'autre barrage] de fonctionner lorsque la mer sera étale. Ce barrage, destiné à recevoir l'eau douce, aura30 mètres de hauteur et formera un réservoir de sept kilomètres de long qui dépassera le pont deLoc-Brévalaire et ira jusqu'au moulin de Guiziou (ce pont devra être surélevé). Un passage est prévu à hauteur du moulin actuel de Carman, pour joindre les communes deKernilis et dePlouvien. (...)[16]. »
Le projet de ce barrage, lequel aurait eu 142 mètres de long, fut finalement abandonné en 1930, faute de financement.
Le journalL'Ouest-Éclair écrit le :
« Les hôtels de l'Aberwrac'h ont été littéralement sur les dents pendant le mois d'août. Il s'est passé un fait qu'on n'avait encore jamais vu : un certain nombre de touristes de l'Aberwrac'h ont dû venir coucher dans les hôtelslannilisiens, et cependant les hôteliers de cette jolie plage avaient "réquisitionné" bon nombre de maisons particulières pour loger leurs clients. S'il fallait donner une proportion, nous indiquerions qu'il y eût environ trois fois plus de touristes que l'an dernier[17]. »
Selon Jean Péron[18], pendant l'Entre-deux-guerres, deux plaisanciers américains avaient l'habitude de fréquenter le restaurant "La Baie des Anges" à l'Aber-Wrac'h pour y déguster du homard mayonnaise. Mais un jour ils arrivèrent à l'improviste sans avoir prévenu ; l'aubergiste décida alors de poêler et flamber les homards et de les accompagner d'une garniture de légumes. Il dit à ses clients qu'il baptisait en leur honneur sa nouvelle recette "homard à l'américaine"' même si par la suite l'expression "homard à l'armoricaine" a prévalu[19].
Toutefois cette histoire est très contestée ; l'hypothèse la plus retenue attribue la création du homard à l’américaine à Pierre Fraysse, un cuisinier natif deSète qui, de retour des États-Unis, ouvrit en 1854 un restaurant dénomméChez Peter's.
En 1939,Yvonne Pagniez, dans un roman,Pêcheur de goémon, a décrit la vie des goémoniers dePlouguerneau, l'Aber-Wrac'h etKerlouan coupant letali, « cegoémon particulièrement riche en iode, dont le thalle brun et lisse, froid au toucher comme une peau de batracien, peut atteindre plusieurs mètres de longueur », à l'aide d'une faucille emmanchée d'un long bâton, le retour des barques, les charrettes attendant sur la plage pour emporter la cargaison d'algues, les chevaux entrant dans l'eau jusqu'au poitrail, la récolte du goémon d'épave après les tempêtes qu'il est interdit de ramasser avant que « les phares n'aient éteint leurs feux », l'opération qui consiste à brûler, sur des foyers de fortune, le goémon, pour en recueillir les cendres dont les usines se chargeront d'extraire l'iode[20].
Le, l’Aber-Wrac'h est bombardé[21].
Le, le chavirage d'une barque dans l'Aber Wrac'h près de Saint-Antoine provoque la noyade de trois jeunes gens[22].
La ville est un endroit et une base populaires pour naviguer, pratiquer le windsurfing et le kitesurfing.
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