Cet article concerne l'homme politique français. Pour le réalisateur, voirAbel Ferry (réalisateur). Pour les autres homonymes, voirFerry.
| Abel Ferry | |
Portrait d’Abel Ferry paru dansExcelsior (1911). | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères[1] | |
| – (1 an, 4 mois et 15 jours) | |
| Président | Raymond Poincaré |
| Président du Conseil | René Viviani |
| Gouvernement | Viviani I etII |
| Prédécesseur | Eugène Spuller(indirectement) |
| Successeur | Charles Daniélou(indirectement) |
| Conseiller général des Vosges | |
| – (8 ans, 1 mois et 22 jours) | |
| Circonscription | Canton de Bruyères |
| Prédécesseur | Henry Boucher |
| Successeur | Louis Divoux |
| Député français | |
| – (9 ans, 5 mois et 10 jours) | |
| Élection | (partielle) |
| Réélection | 24 avril 1910 26 avril 1914 |
| Circonscription | Vosges |
| Législature | IXe,Xe etXIe(Troisième République) |
| Groupe politique | Gauche radicale |
| Prédécesseur | Henry Boucher |
| Successeur | Circonscription supprimée |
| Biographie | |
| Nom de naissance | Abel Édouard Jules Ferry |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Paris (France) |
| Date de décès | (à 37 ans) |
| Lieu de décès | Jaulzy (France) |
| Nature du décès | Blessures de guerre |
| Sépulture | Cimetière rive droite de Saint-Dié-des-Vosges |
| Nationalité | Française |
| Parti politique | Parti républicain radical et radical-socialiste(1907) Radicaux indépendants |
| Père | Charles Ferry |
| Mère | Geneviève Allain-Taré |
| Enfants | Fresnette Pisani-Ferry |
| Famille | Jules Ferry(oncle) François Allain-Targé(grand-père) |
| Profession | Avocat |
| Distinctions | Croix de guerre 1914-1918 Chevalier de la Légion d'honneur |
| modifier | |
Abel Ferry, né le àParis etmort pour la France le àJaulzy (Oise), est unhomme politiquefrançais.
Neveu deJules Ferry et fils deCharles Ferry, il estdéputé desVosges de 1909 à sa mort etsous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères entre 1914 et 1915. Il meurt peu avant la fin de laGrande Guerre après avoir été blessé au combat.
Né le dans le16e arrondissement de Paris[2], Abel Ferry est issu d'une famille d’originelorraine[3] qui compte de nombreux hommes politiques importants de laTroisième République, notamment :
Abel Ferry fait partie de l'aristocratie républicaine et possède un héritage culturel, politique et symbolique fort.
Sa mère Geneviève Allain-Targé meurt en 1883 alors qu'il n'a que deux ans. Il est élevé par sa tante, Eugénie Ferry[5].
Abel Ferry étudie aulycée Janson-de-Sailly à Paris, l'un des plus prestigieux de la capitale. Il y rencontreRobert Debré dont il devient un ami proche[5]. Après avoir obtenu une licence en droit à laSorbonne en 1902[6], il poursuit ses études et obtient en 1904, après une licence ès lettres, un diplôme d'études supérieures en histoire avec pour sujet de recherche « le Commerce en Espagne et le ministère Colbert ». Il suit aussi épisodiquement des enseignements à l'École des hautes études sociales[5]. Abel Ferry devient brièvementavocat à Paris en s'inscrivant au barreau en mars 1908 mais démissionne dès décembre et ne plaide donc jamais. Son service militaire est effectué à Rouen[6]. Il écrit ponctuellement dansLe Siècle et participe aussi à laConférence Molé-Tocqueville en s'inscrivant au sein du groupe de la Gauche démocratique et en y devenant secrétaire pour l'année 1906[5].
Durant ses études, il voyage beaucoup en Europe, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne. En 1911, il effectue un voyage d'étude au Maroc avec Robert Debré où ils furent reçus parThami El Glaoui[5].
Le, Abel Ferry épouse Hélène Berger (1887-1972), avec qui il a une fille,Fresnette, née le. Son prénom est un hommage au village deFresnes-en-Woëvre, l’une des difficiles batailles auxquelles Abel Ferry a participé en 1915 avec le166e R.I.[7] (dans lequel combattait également l'écrivainLouis Pergaud). Abel Ferry meurt moins de trois mois après sa naissance.

Abel Ferry adhère auParti républicain radical et radical-socialiste avant 1907, après avoir siégé à plusieurs congrès et au comité exécutif en 1901-1902. Cependant, il n'y est plus très impliqué. Il ne fait pas partie de l'Alliance démocratique contrairement aux autres membres de laGauche radicale. Abel Ferry est marqué par une indépendance politique et s'oppose aux grandes positions du parti sur la question de la réforme électorale. En effet, Abel est favorable à l'instauration de la proportionnelle et continue d'y militer activement après 1907 et dans le reste des années 1910. Il s'inscrit notamment au groupe proportionnaliste de la Chambre et dans la Ligue d'union républicaine pour la réforme électorale deLouis Martin. Il soutient aussi une politique extérieure hostile à l'Allemagne[5].
Abel Ferry se présente en juin 1907 aux élections cantonales àRambervillers. Le canton est fermement tenu par lesrépublicains progressistes dont le candidat, Paulin Lahalle, maire depuis 1904 de Rambervillers, est patronné par le députéHenry Boucher et avec l'appui de son journal. Abel Ferry est impréparé à la campagne électorale puisqu'il ne commence que tardivement à faire la tournée des comités politiques républicains. Le journalL'Écho des Vosges l'attaque frontalement sur sa fortune et le déclare radical-socialiste pour effrayer les ruraux. Ferry accélère sa campagne mais commet plusieurs erreurs de communications. Il échoue à 90 voix de son adversaire qui lui donne rendez-vous aux prochaines élections. Malgré cette défaire, Abel Ferry, s'installe à Rambervillers[5].
Abel Ferry retrouve Paulin Lahalle pour une nouvelle épreuve démocratique en 1909 lors de l'élection législative partielle dans la deuxième circonscription d'Épinal pour remplacer Henry Boucher devenu sénateur[6]. Cette fois, Abel Ferry à la soutien d'un journal, l'Union républicaine, et il fait une campagne beaucoup plus offensive en accusant son adversaire d'être proche de la réaction et contre les intérêts des ouvriers. En réponse, les progressistes le qualifient de « jeune blocard sans programme défini » et le présentent comme proche des grands industriels. La campagne est assez houleuse, certaines réunions publiques étant affectées par des troubles. C'est notamment le cas lorsqu'Abel Ferry cherche la contradiction en s'invitant dans les réunions publiques de son adversaire. Celui-ci parvient à l'aiguillonner sur un point délicat, son service militaire a été écourté en raison d'unetuberculose. Malgré cela, Abel Ferry parvient à être en tête avec 48,45 % des voix. Les socialistes étaient aussi présents au premier tour, au second, ils appelèrent à voter contre la "réaction" et donc pour Abel Ferry. Ce dernier parvint à être élu en gagnant 521 voix tandis que son adversaire seulement 163. Mais si Abel Ferry est majoritaire dans les moyennes communes, il peine toujours à s'implanter dans les petites et les très petites communes[5].
Abel Ferry est réélu dès le premier tour en, puis une nouvelle fois, mais au second tour, en[8]. Il est égalementconseiller général des Vosges pour lecanton de Bruyères de 1910 à sa mort.
Radical indépendant, il siège à laChambre des députés dans le groupe de laGauche radicale. Comme le décrit l'analyste politiqueAndré Siegfried, ce groupe républicain est constitué de « députés socialement conservateurs qui voudraient ne pas rompre avec la gauche et qui votent donc, à droite sur les questions d'intérêts, à gauche sur les questions politiques ». La Gauche radicale, par sa position centriste, est souvent l'arbitre des différentes majorités.
Du fait de son histoire familiale, Abel Ferry se mobilise sur les grands débats et en particulier en politique étrangère. Par exemple, après lecoup d'Agadir, il intervient en décembre 1911 lors du débat sur la ratification de la convention franco-allemande[5]. Partisan d'une armée forte, il appuieClemenceau contreJaurès, et vote en faveur de laloi de 1913 instituant leservice militaire de trois ans. Cette même année, il fait casser la décision de réformeno 2 pour latuberculose, qu'il avait contractée en service en 1903 et qui l'avait fait verser dans le cadre de réserve[9]. Il est pour la proportionnelle avec aussi une certaine décentralisation et un statut pour les fonctionnaires. Il travaille aussi à l'organisation de la Chambre, participant à la mise en place en 1911 une conférence mensuelle des présidents des grandes commissions et des représentants de groupes pour fixer l'ordre du jour.
Après le congrès de Pau de 1913 et lesélections législatives de 1914, le Parti radical décide d'imposer l'inscription au sein dugroupe républicain radical-socialiste. Cependant, Abel Ferry décide de rester dans le groupe de la Gauche Radicale. En rejetant cette directive, il cesse de militer au sein du Parti radical.
À33 ans, Abel Ferry est nommésous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères dans lepremier gouvernement que formeRené Viviani. Il n'est pas un spécialiste des relations internationales et le ministère ne l'accueille qu'avec peu d'enthousiasme, notamment le directeur politique et chef du cabinet du ministre,Pierre de Margerie[5]. C'est à ce titre qu'il reçoit, auquai d'Orsay, Jean Jaurès, venu demander à Viviani et au gouvernement français de ne pas entrer en guerre, le, juste avantson assassinat.
Dès le début de son engagement dans la Première Guerre mondiale, il présente sa démission du gouvernement, qui est refusée. Le, René Viviani, formant unnouveau ministère, le confirme dans ses fonctions ministérielles, qu'Abel Ferry conserve jusqu’à la chute de Viviani, le.

Le, Abel Ferry rejoint le166e régiment d'infanterie de ligne àVerdun comme caporal. Il fait le trajet pour Verdun en voiture, conduite par sa femme, avecAlbert Lebrun[10]. Monté aufront, il se voit nommésous-lieutenant parAdolphe Messimy, ministre de la Guerre.
Avec son régiment, Abel Ferry participe aux combats enWoëvre, sur lacrête des Éparges, enArgonne, jusqu'en, tout en contribuant aux travaux gouvernementaux puis parlementaires après la chute de Viviani. Il reçoit deux citations à titre militaire, en et.
Le, à la suite de la réunion du comité secret de la commission de la Guerre dont il fait partie depuis 1915, il est désigné délégué au contrôle, commissaire aux armées. Il entreprend alors un intense travail de pression sur le Parlement et le gouvernement pour améliorer le sort des combattants, la force des armées, l'unité desAlliés. Pour jouer ce rôle, il lui faut vaincre la méfiance des parlementaires vis-à-vis des états-majors et combattre simultanément l'hostilité de la bureaucratie militaire, majoritairement convertie à l'antiparlementarisme, à l'encontre de tout contrôle civil[6]. En dehors des assemblées, il parcourt régulièrement le front et conduit ses missions d'inspections aux armées de façon à pouvoir apporter aux séances de la Chambre« une vision de la guerre vue des tranchées »[6].
Le, il est en mission de contrôle du fonctionnement d'un nouveaufusil mitrailleur dans les premières lignes dans l'Aisne, avec un député d'Angers,Gaston Dumesnil, et un lieutenant. Un obus fauche alors la délégation qui se rend au poste de commandement du17e bataillon de chasseurs à pied[6]. Les deux accompagnants sont tués ; Ferry est évacué, gravement blessé au poumon et à la cuisse[6]. Clemenceau vient lui remettre lui-même laLégion d'honneur et une citation comportant lacroix de guerre avec palme. Abel Ferry meurt sept jours plus tard, àJaulzy, dans l'Oise[11].
Ses obsèques ont lieu à Paris le, au domicile de larue Bayard, en présence du président de la République,Raymond Poincaré[12]. Sa dépouille est transportée àSaint-Dié (Vosges) le pour y être inhumée[13].

Sur la tombe de Jules Ferry, aucimetière rive droite de Saint-Dié-des-Vosges[14], il est inscrit la citation suivante de Jules Ferry :« Je désire reposer en face de cetteligne bleue des Vosges d'où monte jusqu'à mon cœur fidèle la plainte touchante des vaincus. »
Sur celle d'Abel Ferry, gravé dans le bronze, il est inscrit cet extrait de la Chambre des députés, en date du 17 septembre 1918 : « Ce n'est pas la plainte des vaincus qui monte vers Toi ; c'est le cri de la France victorieuse que Toi et tes pareils vous avez faite de votre sang ».
De nombreuses villes de France, particulièrement enLorraine, ont donné le nom d'Abel Ferry à des rues, dontÉpinal[6], ou des établissements scolaires. Unerue àParis 16e porte son nom depuis 1928.
Suivant sa volonté, sa femme, Hélène Ferry, publie à titre posthume les ouvrages suivants[15] :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
GouvernementsRené Viviani I etII (13 juin 1914 - 29 octobre 1915) | |||||
|---|---|---|---|---|---|
| Sous la présidence deRaymond Poincaré | |||||
| Affaires étrangères | René Viviani Président du Conseil | ||||
| Guerre | |||||
| Instruction publique et Beaux-Arts | |||||
| Intérieur | Louis Malvy | ||||
| Justice | |||||
| Marine | |||||
| Agriculture | Fernand David | ||||
| Finances | |||||
| Travaux publics | |||||
| Commerce, Industrie etPTT | Gaston Thomson | ||||
| Colonies | |||||
| Travail et Prévoyance sociale | |||||
| Ministre sans portefeuille | Jules Guesde | ||||
| |||||
| (← RIBOT IV) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (BRIAND V →) | |||||