En 1970, il commence à travailler dans une raffinerie d'État à Sheberghan, où il participe à desactivités syndicales. Il rejoint l'armée afghane en 1978, et combat lesmoudjahidines dans lesannées 1980. En1992, il forme une coalition avecAhmed Shah Massoud, l'Alliance du Nord, pour combattreGulbuddin Hekmatyar. Lestalibans prennentKaboul en 1996, forçant Dostom à se retirer àMazâr-e Charîf[1]. Il devient par la suite vice-président de 2014 à 2020 sous la présidence d'Ashraf Ghani. Après avoir rejoint le gouvernement parallèle du vice-présidentAbdullah Abdullah au début de 2020, au moment de l'accord de partage du pouvoir entre celui-ci et le gouvernement officiel de Ghani, Dostom est nommé chef desForces armées afghanes.
S’il fut communiste, des années 1970 aux années 1980, il est de nos jours plutôt laïc, très marqué par les idées kémalistes, avec des idées proches du socialisme, ou de la social-démocratie. S’il était opposé à ce que l'Islam soit la religion d'État déclarée de la république islamique d'Afghanistan, étant partisan d'un État laïc et séculier, il a fini par accepter ce fait, pour conserver des alliances indispensables et pour continuer à jouer un rôle politique majeur dans la vie politique afghane.
Alors que le gouvernement commençait à armer le personnel des raffineries depétrole et degaz (créant ainsi les « groupes de défense de la révolution »), il a été incité à s'engager, eu égard à sa formation militaire. À la suite de l'aggravation du conflit, son groupe a été déployé dans les zones rurales autour de Sheberghan, sous la tutelle du ministère de la Sécurité nationale.
Au milieu des années 1980, son peloton s'agrandit, atteignant au moins l'effectif d'une compagnie en 1987, et celui d'un régiment - le régiment 734 - en 1988. Alors que son unité avait recruté à travers la région deDjôzdjân (ou Jowzjan) et possédait de ce fait une assise relativement large, de nombreux hommes et chefs de sa troupe d'origine venaient du village natal de Dostom, Khoja Dukoh, et représentaient alors le cœur de cette unité. Il en sera de même lorsqu'elle sera reconstituée après 2001.
Au cours des années 1980, il défend larépublique démocratique d'Afghanistan (communiste) contre les Moujahidins soutenus par lesÉtats-Unis. Bien que simple commandant régional, il a largement amélioré — de son propre chef — la milice qu'il commandait.
La milice Jowzjani, comme elle se fit appeler, a été l'une des rares à être utilisée en dehors de sa région d'origine. Elle a été déployée àKandahar, en 1988, après le retrait des forces soviétiques. Dostom a également soutenu les réformes communistes enAfghanistan à l'époque deMikhaïl Gorbatchev.
Le, il se révolte contre le gouvernement du présidentNajibullah et s'allie avecAhmed Chah Massoud. Ensemble, ils prennentKaboul, la capitale afghane. Il commande la principale milice à Kaboul, qui a évincé Najibullah, donnant lieu à des épisodes d'enlèvements, de pillages et de combats.
En 1994, Dostom change de camp à nouveau en s'alliant avecGulbuddin Hekmatyar, au cours d'un nouveau siège de Kaboul, cette fois contre le gouvernement deBurhanuddin Rabbani et contre Massoud.
En 1996, à la suite de la prise de pouvoir destalibans et de la capture deHerat etKaboul, Dostom change d'allégeance et s'allie à Rabbani contre les talibans. Aux côtés du généralMohammed Fahim et d'Ismail Khan, Dostom est l'un des seigneurs de guerre qui forme l'Alliance du Nord. Face aux revers militaires (morts et enlèvements), Dostom s'exile enTurquie.
Le généralAbdul Malik Pahlawan(en), un subordonné de Dostom, se rebelle contre ce dernier en et rejoint les talibans.
En2006, Rachid Dostom se joint à la coalition d'anciens et actuels hommes forts de l'Afghanistan, commandants de la résistance afghane contre lesSoviétiques, anciens dirigeants communistes et de divers groupes sociaux et ethniques, qui prend le nom deFront national uni, et s'affirme rapidement comme la principale force d'opposition au gouvernement du présidentHamid Karzaï. Rassemblant plusieurs courants antagonistes sur les plans politique (moudjahiddines, anciens communistes et royalistes), ethnique (pachtounes/non pachtounes) et religieux (chiites/sunnites), cette coalition deseigneurs de la guerre semble être le groupement politique le plus significatif apparu enAfghanistan depuis le renversement des talibans en2001.
Le, il devient le vice-président du nouveau présidentAshraf Ghani[5].
En, Dostom s'enfuit enTurquie. Il est alors accusé d'avoir fait séquestrer, torturer et violer un rival politique, l'ancien gouverneur Ahmad Ishchi, en marge d'unbouzkachi, en janvier. Ce dernier aurait notamment été sodomisé par des gardes de Dostom avec un fusil d'assaut AK-47[6],[7].
Le, à l'annonce du résultat de l'élection présidentielle de 2019 selon lesquels le gouvernement sortant Ashraf Ghani ressort vainqueur, le vice-président et candidat opposantAbdullah Abdullah refuse de les reconnaître et monte un gouvernement parallèle, provoquant une crise politique de plusieurs mois[8]. Dostom décide de rejoindre le gouvernement parallèle[9]. Le, le gouvernement officiel et le gouvernement parallèle signent un accord de partage de pouvoir afin de mettre fin à la crise politique, et donc de pouvoir mieux coordonner les négociations et la lutte contre les Talibans (relancée par lesattentats du 12 mai 2020 en Afghanistan bien qu'ils aient probablement été commis par l'État islamique) et lapandémie de Covid-19[8]. L'ancien gouvernement parallèle récupère la moitié des postes du gouvernement officiel, et Dostom est nommé à la tête desForces armées afghanes[9].