Westminster signifie « abbaye de l'Ouest » car celle-ci se situait à l'ouest de laCity (en opposition àEastminster, monastère cistercien qui se trouvait à l'est, au-delà de latour de Londres, sur le site de l'actuelleRoyal Mint). Enancien français, l'abbaye de Westminster se nommaitOuestmoustier (enlatinwest-monasterio[1]).
Selon la légende, l'abbaye aurait été fondée en616, sur le site d'un ancien îlot de laTamise baptiséThorn Ey (« île de Thorn »). Un pêcheur nommé Aldrich y aurait été témoin de visions de l'apôtrePierre.
Par la suite, au milieu duXIe siècle, le roi anglo-saxonÉdouard le Confesseur fait construire son palais sur les rives de laTamise à proximité dumonastère, qu'il décide alors de construire avec des dimensions plus grandes, et qu'il dédie à saint Pierre. L'abbatiale est consacrée le, peu avant la mort du souverain le[3]. Le, Édouard le Confesseur est enterré dans l'église ; neuf ans plus tard son épouse,Édith de Wessex, est enterrée à ses côtés[4].
AuXIIIe siècle,Henri III (1207-1272) décide de reconstruire l'église dans lestyle gothique. Il s'agit pour lui de suivre la mode architecturale et de donner un écrin splendide à lasépulture d'Édouard le Confesseur : son corps est exhumé et placé dans un nouveau tombeau en 1269. Les plans sont dessinés par Henry de Reynes (mort en 1254)[6]. Afin de valoriser le lieu et d'en faire un centre de pèlerinage, il adjoint à la dépouille de l'ancien roi unerelique contenant lePrécieux-Sang du Christ. Uneprocession, où le roi Henri III porte lui même le vase en cristal contenant le sang du Christ, est organisée en 1247. L'installation de cette relique procède aussi de la volonté du roi de concurrencer laSainte-Chapelle deSaint-Louis où se trouve notamment laCouronne d'épines[7].
Entre 1503 et 1519, sous les règnes d'Henri VII et d'Henri VIII, on construit laLady Chapel, aujourd'hui connue sous le nom de chapelle Henri-VII. LaRenaissance artistique influence l'édification de cette partie de l'abbatiale et des artistes italiens y travaillent, comme le sculpteurPietro Torrigiano. En 1540, les moines bénédictins doivent quitter le monastère lors de la réformeanglicane. Vingt ans plus tard,Élisabeth Ire refonde le monastère en lui donnant un statut différent : il n'y a plus d'abbé, le chapitre étant présidé par ledoyen de Westminster.
DepuisGuillaume le Conquérant, le jour de Noël 1066, tous les rois d'Angleterre, puis duRoyaume-Uni, sont couronnés dans l'abbatiale, à l'exception d'Édouard V et d'Édouard VIII. LaKing Edward's Chair (« Chaise du roi Édouard »), aussi appeléeCoronation Chair (« Chaise du couronnement »), qui sert à l'intronisation des souverains britanniques depuisÉdouard Ier, est aujourd'hui entreposée dans la chapelle Édouard-le-Confesseur. Mais dans l'hypothèse d'un prochain couronnement, le cérémonial veut qu'elle soit à nouveau placée dans lechœur de l'église face à l'autel.
Jusqu'en 1996, elle était accompagnée de lapierre du destin (ou pierre de Scone), qui était placée sous le siège et servait autrefois lors du couronnement desrois d'Écosse. Cette dernière est, depuis cette date, exposée auchâteau d'Édimbourg.
Le, la cérémonie ducouronnement de Charles III et de la reine Camilla subit quelques modifications par rapport aux couronnements précédents afin de représenter d'autres dénominations chrétiennes, cultures et communautés à travers leRoyaume-Uni, et est plus courte que celle de la reineÉlisabeth II en 1953.
Plus de 3 300 personnes sont également inhumées dans l'église dont 16 ou17 monarques britanniques[8], accompagnés pour certains d'entre eux de leurs conjoints, et de nombreuses autres personnages illustres, dont six Premiers ministres britanniques, des écrivains, des poètes, des scientifiques, des acteurs ou encore des explorateurs.
Latombe du Soldat inconnu se trouve près de la porte occidentale, enterré parmi les rois parce qu'il« avait agi pour le bien, pour la cause de Dieu et de son foyer ».
Plan de l'abbaye, montrant les chapelles latérales et les principales tombes royales.
L'édifice est principalement construit dans le stylegothique géométrique, utilisant pour les parements la pierre de Reigate. L'église possède une nef à onze travées avec des bas-côtés, un transept et un chœur avec un déambulatoire et des chapelles rayonnantes. Le bâtiment est soutenu par deux niveaux d'arcs-boutants.
L'extrémité ouest de la nef et la façade ouest ont été conçues parHenry Yevele dans le stylegothique perpendiculaire. La chapelle Henry VII a été construite en style perpendiculaire tardif, en pierre de Huddlestone, probablement par Robert et William Vertue. Les tours occidentales, conçues parNicholas Hawksmoor, mêlent le style gothique de l'abbaye au style baroque à la mode à cette époque.
L'entrée nord possède trois porches, le porche central comportant un tympan finement sculpté[10], ce qui lui a valu le surnom de « porche de Salomon » en référence au temple légendaire de Jérusalem[11].
La partie la plus récente de l'abbaye est la tour Weston, achevée en 2018 et conçue par Ptolémée Dean. Elle se trouve entre la salle capitulaire et la chapelle Henri VII, et contient une cage d'ascenseur et un escalier en colimaçon pour permettre l'accès du public au triforium, qui comprend les galeries du jubilé de diamant de la reine[17]. La tour a un plan en forme d'étoile et des fenêtres à plombs avec un toit élaboré, en couronne. La cage d'ascenseur, à l'intérieur, est revêtue de seize types de pierre marquant l'histoire de l'abbaye, dont le marbre de Purbeck, la pierre de Reigate et la pierre de Portland. Le projet a duré cinq ans ; les galeries ont été conçues par McInnes Usher McKnight[18].
Porte nord de l'abbaye, surmontée d'une rosace et d'arcs-boutants.
Tympan au-dessus de l'entrée nord.
La tour Weston, nichée derrière un arc-boutant.
Le Petit Cloître de l'abbaye.
Le cloître nord, à l'usage des moines pour l'étude privée.
L'abbatiale a un plan encroix latine, mais elle a subi plusieurs transformations au cours des siècles ; l'ajout de laLady Chapel l'agrandit considérablement vers l'est auXVIe siècle.
Lanef est l'endroit où se rassemblent les fidèles au moment des offices et des cérémonies. Celle de Westminster est relativement étroite (10 mètres) mais s'élève à 31 mètres au-dessus du sol.
David Livingstone (1813-1873), le célèbre explorateur qui découvrit la vallée duZambèze et consacra une partie de sa vie à rechercher les sources duNil, repose également dans l'allée centrale.
Benjamin de Rohan, duc de Frontenay et baron de Soubise (1583-1642) : frère du duc de Rohan, il est le dernier chef militaire de la résistance calviniste en France ;
François de La Rochefoucauld, marquis de Montendre (1672-1739), de la branche La Rochefoucauld-Doudeauville : huguenot, il doit fuir en Angleterre, où il s'engage dans l'armée et termine maréchal de Grande-Bretagne (Field Marshal of Great Britain) et chef d'état-major des armées anglaises.
↑Eric Fernie, « Edward the Confessor's Westminster Abbey », dans : Richard Mortimer (éd.),Edward the Confessor: The Man and the Legend, The Boydell Press, 2009, p. 139-143.
↑Pauline Stafford, « Edith, Edward's Wife and Queen », dans : Richard Mortimer (éd.),Edward the Confessor: The Man and the Legend, The Boydell Press, 2009, p. 137.
↑« History », surl'abbaye de Westminster(consulté le).
↑LucileTran-Duc, « De l’usage politique du Précieux Sang dans l’Europe médiévale »,Tabularia. Sources écrites des mondes normands médiévaux,(ISSN1630-7364,DOI10.4000/tabularia.306,lire en ligne, consulté le)
↑Il n'a jamais été démontré que les restes retrouvés en 1674 et inhumés à Westminster sur ordre de Charles II sont bien ceux d'Édouard V.
↑P. Binski et A. Massing (éds.) avec l'assistance de M. L. Sauerberg,The Westminster Retable: History, Technique, Conservation, The Hamilton Kerr Institute, University of Cambridge, Harvey Miller Publishers, 2009.