| Abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Luxeuil | ||||
Le palais abbatial deLuxeuil. | ||||
| Ordre | règle de saint Benoît (bénédictin) | |||
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| Fondation | 590 | |||
| Fermeture | 1789 | |||
| Diocèse | archevêché de Besançon | |||
| Fondateur | saint Colomban | |||
| Style(s) dominant(s) | architecture gothique | |||
| Protection | ||||
| Site web | https://www.amisaintcolomban.org/abbatiale.html | |||
| Localisation | ||||
| Pays | ||||
| Région | Bourgogne-Franche-Comté | |||
| département | Haute-Saône | |||
| Commune | Luxeuil-les-Bains | |||
| Coordonnées | 47° 48′ 59″ nord, 6° 22′ 53″ est | |||
Géolocalisation sur la carte :Haute-Saône Géolocalisation sur la carte :Franche-Comté Géolocalisation sur la carte :France | ||||
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L'abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Luxeuil est située àLuxeuil-les-Bains au sud-est des Vosges. Elle a été fondée en590[1] parsaint Colomban, ce qui a permis àLuxovium, importante cité à l'époque romaine mais déserte car complètement ruinée par les invasions barbares, de revivre. LesSarrasins la pillent en732, mais Charlemagne la relève et la règle desaint Benoît remplace celle de saint Colomban.
Cette abbaye était renommée pour sonscriptorium, actif dès le milieu duVIIe siècle, et probablement le lieu de naissance de la première écriturecalligraphique en minuscules, l'« écriture de Luxeuil » mérovingienne avec une ornementation marginale empruntée à la grammaire décorative de l'Irlande, issue de la cursive romaine. Un de ses manuscrits le plus célèbre est leLectionnaire deLuxeuil composé à la fin duVIIe siècle).
L'abbaye est en partie classée (en 1846, 1875 et 1980 : église Saint-Pierre, cloître, etc.) et en partie inscrite (en 1934 : chapelle duXIXe siècle) au titre desmonuments historiques[2].

Le monastère a été fondé vers585-590 par le missionnaireirlandaissaint Colomban. Columban et ses disciples avaient d'abord bâti des communs au lieu-dit Annegray, sur la commune deLa Voivre. En quête d'un lieu plus propice à l'établissement permanent de sa communauté, Columban porta son choix sur les ruines d'un bourggallo-romain : Luxovium, à 12 km de là, dont les fortifications étaient encore visibles. Cette petite ville, ravagée parAttila en451, gisait alors perdue au milieu des bois qui, depuis un siècle, avaient recouvert les lieux, mais au fond d'une vallée, lesthermes (« construits avec un soin peu ordinaire » selonJonas de Bobbio, premier biographe de Columban) étaient toujours debout : ce souvenir est préservé dans le nom de la ville,Luxeuil-les-Bains. Jonas de Bobbio donne une description précise de l'édifice :« Là, des statues de pierre, que les païens adoraient selon leur misérable croyance, se dressaient au milieu de la végétation »[3].
Grâce aux dons d'un dignitaire de la cour deChildebert II, les moines édifièrent en lieu et place des ruines une abbaye chrétienne, comme un défi aux croyances païennes antérieures[4].
Sous l'impulsion intellectuelle et spirituelle desmoines irlandais, l'abbaye de Luxeuil, consacrée àsaint Pierre, devint rapidement l'un des monastères les plus importants et les plus dynamiques de toute la Gaule. La communauté était si nombreuse que, les chœurs pouvant prendre le relais l'un de l'autre pour l'office, lalaus perennis, importée à Luxeuil depuis le monastère d'Agaunum, résonnait jour et nuit.

Si l'essentiel des premiers rites observés à Luxeuil étaient issus destraditions monastiques celtiques, qu'ils soient ou non l'œuvre de Columban, ils furent graduellement supplantés par larègle de saint Benoît, plus formelle. Cette obédience, qui s'imposait alors dans tout l'Occident chrétien, édictait des règles précises sur le choix de l'abbé, sur les relations de l'abbé avec les moines composant la communauté, ainsi que sur les différentes charges qui pouvaient être déléguées à des moines au sein des monastères. En603, un synode accusa Columban de célébrerPâques selon le calendrier liturgique celte ; en réalité, il est probable que ce sont sa sévérité et le caractère inflexible de la règle qu'il avait imposée qui lui valurent d'être cité à comparaître devant le roi des Burgondes.
Columban futexilé de Luxeuil sur ordre deThierry II et de ladouairièreBrunehaut. Son successeur à la tête de l'abbaye futEustache de Luxeuil, responsable du séminaire, une école devenue célèbre sous la direction d'Eustache lui-même puis de son successeursaint Gaubert. Le rayonnement de l'école, ainsi que l'autorité morale de l'abbaye de Luxeuil, contribuèrent grandement à la conversion desBurgondes. Luxeuil missionna trois délégations : l'une vers des ruines qui se trouvaient entreMilan etGênes, àBobbio, où Columban se proposa comme nouvel abbé ; les deux autres àSaint-Valery-sur-Somme et àRemiremont. Parmi les religieux célèbres qui fréquentèrent l'abbaye de Luxeuil, il y a lieu de mentionner Conon, abbé deLérins, qui vint y préparer la réforme de son monastère,saint Wandrille etsaint Philibert, fondateurs respectifs des abbayes deFontenelle et deJumièges enNormandie, qui y méditèrent la règle qui devait devenir celle des monastères de la tradition de Luxeuil.
LesSarrasins, au cours de leur équipée à travers l'Ouest de la Gaule en731, s'emparèrent de Luxeuil et massacrèrent l'essentiel de la communauté[5]. Les rares survivants entreprirent de réparer les édifices, mais le monastère et la petite bourgade qui s'était établie à l'entour ne résistèrent pas à l'attaque desNormands auIXe siècle, et fut à nouveau pillée plusieurs fois. Par la suite, tandis que le dix-huitième abbé,Anségise de Fontenelle, réformait le monastère,Louis le Pieux réaffirma sa charte, ordonna la réparation de l'église et du cloître, et contribua au renfort de la discipline.
À partir duXVe siècle, l'institution d'abbés commendataires favorisa la décadence de l'observance de la règle.Charles Quint restreignit alors le pouvoir des abbés de Luxeuil.
Mais en1634, la charge d'abbé commendataire fut supprimée, et Luxeuil fusionna avec lacongrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe. À en croire un rapport de la Commission des Réguliers, rédigé en 1768, la communauté semble être redevenue florissante, et la règle respectée.
Les moines furent chassés après laRévolution. Vendus commebiens nationaux, les bâtiments du monastère ont pour l'essentiel disparu sous la ville actuelle, à l'exception de la chapelle duXIVe siècle, à l'architecture gothique, et du cloître et des dépendances conventuelles qui, jusqu'à laloi sur les associations et à la loi deSéparation des Églises et de l'État en 1905, servirent de séminaire pour l’archevêché de Besançon, et ont été maintenus en état. La chapelle elle-même avait servi pendant des décennies d'église diocésaine à la ville de Luxeuil-les-Bains.
L'abbaye accueille unpetit séminaire jusqu'en 1985 et, de nos jours, un centre pastoral et culturel et un collège[6].

D'aprèsGallia Christiana :

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