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Unobus flèche (OFL, en anglaisArmor-Piercing Fin-Stabilized Discarding Sabot, APFSDS) est un type demunition antichar sous-calibrée hypervéloce.
Lancé à très haute vitesse, un barreau métallique est capable de percer un épaisblindage par sa seuleénergie cinétique, un faible diamètre et une forte densité accroissent la quantité d'énergie par unité de surface.
La flèche, largement sous-calibrée, est maintenue par unsabot de lancement engagé dans la douille, au départ du coup, ce sabot communique la poussée des gaz à la flèche mais grâce à uneceinture dérapante, ne lui transmet qu'une faible partie de la rotation engendrée par lesrayures du canon.
À la sortie du canon, la ceinture dérapante se disloque, la pression des gaz ouvre l'arrière du sabot, la bague de maintien frontale se brise, la pression de l'air sur la face avant écarte les pétales du sabot et la flèche est libérée.
Après l'impact s'ensuit une phase de formage durant laquelle le barreau pénètre dans le blindage en se consumant ; les matériaux qui le composent sont alors refoulés autour du barreau (champignonnage) dont l'extrémité ressemble désormais à un champignon. S'il ne s'est pas consommé entièrement dans un blindage trop épais ou disloqué par unblindage réactif oucomposite, ce qui reste du barreau va exercer une pression d'interface provoquant l'éclatement du blindage résiduel formant la paroi du compartiment de combat.
Le développement des premiers obus flèche commença au début desannées 1950 enUnion Soviétique et auxÉtats-Unis.Les américains développèrent deux obus flèches expérimentaux de 90 mm, la flèche T82E23 pour le canon rayé M3A1 duM48 Patton et la munition T320 pour lecanon lisse T208 du prototype de char moyen T95. Si ces deux munitions flèches affichaient déjà desvitesses initiales non-négligeables (1341 m/s et 1570 m/s respectivement), elles avaient l'inconvénient de posséder un faible allongement dû aux connaissances limitées de l'époque sur lamétallurgie dutungstène[1].
En 1960, la munition flèche 3BM1 entra en dotation pour équiper lecanon antichar à âme lisse T-12 de 100 mm alors en service dans l'armée soviétique.La flèche 3BM1 était faite intégralement enacier à outil à l'exception d'un petit noyau encarbure de tungstène logé sous la coiffe balistique[2]. Ce modèle de flèche, à la fois simple et économique, fut décliné dans d'autres calibres (115 mm et125 mm) au cours des années 60 et 70 pour armer les chars de combat soviétiques.
De leur côté, les américains mirent au point au début des années 60 un prototype d'obus flèche de 120 mm à empennage en forme d'aile delta pour leur canon à âme lisseDelta monté sur le prototype de char moyen T95E8[3]. Le développement de ce canon lisse de 120 mm ne connut pas de suite mais les travaux furent repris plus tard parRheinmetall.
De mars 1964[4] à 1972, l'US Army a mené avec l'arsenal de Picatinny[5] un programme de recherche visant à développer l'obus-flèche XM578 devant être tiré par le canon de 152 mm XM152E5 du char de combatMBT-70 développé conjointement avec l'Allemagne de l'Ouest. Le XM578 était le premier obus flèche à posséder un pénétrateur fait d'alliage de tungstène, plus dense et moins fragile que le carbure de tungstène utilisé précédemment[6]. Afin de limiter la force de rotation imprimée au projectile par les rayures du canon, le sabot du XM578 était équipé d'uneceinture dérapante enplastique.
En décembre 1971, le développement du XM803, alternative moins coûteuse au MBT-70 fut annulé. Néanmoins, en 1973 la flèche de la munition XM578 fut resabotée en vue d'être intégrée dans une cartouche de 105 mm au standard OTAN afin de pouvoir être tirée par le canonM68 devant armer le futur char de combat américainXM815 alors en développement. Appelé XM735, cet obus-flèche incorporait un sabot de conception avant-gardiste enaluminium possédant deux points de contact pour assurer le guidage de la flèche dans le tube canon[7], cette dernière étant ainsi tractée-poussée et non simplement poussée, cela permettant d'éviter le ballotement du projectile dans le canon lors du tir. La dernière version du prototype appelée XM735E2 fut standarisée en 1978 sous l'appellation de M735 et devint le premier obus-flèche dubloc de l'Ouest à êtreproduit en grande série, par la firme Teledyne Firth Sterling.
En France, ce n’est qu’à partir de 1970 que le développement sera mis sur le projectile flèche au titre d’une étude générale initiée par la Direction Technique de l'Armement Terrestre (DTAT) et dont l’Établissement de Fabrication et d'Armement de Bourges (EFAB) est chargé[8].Dès 1972, la DTAT présenta un prototype d'obus-flèche devant leDGA d’abord puisdevant le ministreMichel Debré et leCEMAT.La précision laisse encore à désirer, le passage de la flèche poussée à la flèche tractée-poussée permettra d’atteindre un écart-type de 0,2/1 000 m tant en hauteur qu’en direction et donc de garantir une très bonne probabilité d’atteinte dès le premier coup jusqu’à 2 000 m au moins.La mise au point du premier obus flèche français par les équipes de l’EFAB vaudra à l’ingénieur en chef Moreau et à l’ingénieur principal Sauvestre leprix Chanson en 1979. La première application portera sur la revalorisation de l’armement de l’AMX-30B2 qui recevra en dotation la munition flèche OFL 105 F1 à partir de 1981 avec un prix unitaire de l'ordre de 8 000 F français soit 3 125 € /pièce en 2021[9]. Afin d'augmenter également salétalité contre les blindés légers, la coiffe balistique de l'OFL 105 F1 renferme une centaine de billes métalliques de 0,3 mm maintenues dans de laparaffine solide.
De leur côté, les Britanniques restèrent convaincus de la supériorité de l'obus perforant sous-calibré (APDS) sur l'obus flèche jusqu'en 1973[10], la RARDE deFort Halstead se basait sur la supposition que l'obus flèche était moins précis et perdait plus rapidement sa vélocité (et donc sa capacité de pénétration) avec la distance.Cependant, en 1975, des essais tripartites furent menés enGrande-Bretagne par leRoyaume-Uni, l'Allemagne de l'Ouest et lesÉtats-Unis. Les essais balistiques démontrèrent qu'en dépit de sa vitesse initiale élevée de 1578 m/s, l'obus perforant sous-calibré britannique tiré par le canon expérimental EXP-14 de 110 mm n'avait pas la capacité de perforation d'un obus flèche XM735 de 105 mm[11]. Un obus flèche de 110 mm fut donc développé en urgence la même année afin de prouver le potentiel de développement du canon de 110 mm mais les Britanniques furent écartés de la compétition à la suite de la décision des Américains de vouloir un canon d'un calibre de 120 mm pour armer le futur char de combat XM-1.
Les Israéliens quant à eux, introduisent en 1978 le M111Hetz-6 (flèche 6) en parallèle de l'entrée en service de leur premier char de combat, leMerkava Mk. 1. Le M111 innove par son barreau entièrement fait en alliage de tungstène (conception dite monobloc). Il possède également sous sa coiffe balistique une série de trois tampons cylindriques superposés en tungstène qui réduisent la probabilité de ricochet sur un blindage fortement incliné. En 1982, l'URSS mit la main sur une poignée d'obus-flèche M111, testée àKoubinka, la flèche israélienne se révéla capable de percer le glacis de leur nouveauT-72A à distance de combat[12].
En 1981, l'obus flèche américain M774 est le premier obus flèche enuranium appauvri à être produit en grande série. Fabriqué par Nuclear Metals, Inc. (Primex Technologies), il contient un barreau de conception monobloc fait en alliage d'uranium appauvristaballoy d'une masse de 3,4 kg (la flèche, sans son sabot, pèse 3,61 kg).
Afin d'outrepasser les blindages composites employés sur les nouveaux chars de combatLéopard 2,Abrams etChallenger de l'OTAN, les Soviétiques menèrent un projet de recherche et de développement de 1977 à 1985 visant à concevoir un obus flèche de nouvelle génération. Le fruit de cette recherche fut la munition 3BM32Vant (hauban) de 125 mm conçue enmatériau B, un alliage d'uranium appauvri, dezinc et denickel. LeVant possédait un barreau de conception entièrement monobloc et reprenait le sabot allégé en alliage d'aluminium V-96Ts1 et sa ceinture d'étanchéité en plastique utilisé précédemment par la munition flèche du même calibre 3BM26Nadezhda (espoir) entré en service deux années auparavant[13].
Adopté en 1994 par l'US Army, le M829A2 est le premier obus flèche à posséder un sabot dont les pétales sont faites encarbone-époxy, cette solution composite permet un gain de poids de l'ordre de 35 % par rapport à un sabot enaluminium[14]. La masse de la charge propulsive a également pu être revue à la hausse en ne disposant plus les granules de poudre JA-2 à double base en vrac mais en les empilant à la manière de bâtonnets[15].
En 1990,Royal Ordnance travaillait sur un nouveau modèle d'obus-flèche pour le canon de 120 mmL30 devant armer le futur char de combat britanniqueChallenger 2. BaptiséeCHARM 3, cette munition flèche avait la particularité de ne pas être perturbée par l'explosion d'unblindage réactif explosif[16], elle sera mise en service en 1999 sous l'appellation L27.
En février 2001, leministère fédéral de la Défense commanda27000 obus-flèches DM53 de 120 mm pour le compte de laBundeswehr. Conçu parRheinmetall DeTec, cette munition à la particularité de posséder unecartouche incendiaire à l'arrière de son projectile flèche dans le but d'augmenter sa létalité après avoir traversé un blindage. L'arrière étant habituellement occupé par untraceur.
En 2016, l'US Army adopte le M829A4. Conçu parAlliant Techsystems, il représente la cinquième génération d'obus-flèches américains de 120 mm en uranium appauvri. La cartouche du M829A4 à la particularité d'intégrer dans son culot une bague d'interface permettant d'établir une liaison de données entre la conduite de tir automatisée du charAbrams et la munition[17].
Durant lesannées 1950, l'AAI Corporation a développé, dans le cadre du projet SALVO, une munition flèche XM110 d'un calibre de 5,6 mm pour le prototype defusil d'assaut SPIW. La cartouche renfermait unefléchette de 1,8 mm de diamètre enveloppée dans un sabot de lancement en polyester renforcé de fibres de verre.
Le prototype defusil anti-matérielSteyrIWS 2000 conçu durant lesannées 1980 tirait une munition flèche d'un calibre de 15,2 mm pesant 20 g. Possédant une vitesse initiale de1 450 m/s, le projectile sous-calibré était capable de perforer 40 mm d'acier à blindage à une distance de 1 000 m.
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