R-60 (OTAN : AA-8« Aphid ») | |
![]() Deux missiles R-60 montés sous l'aile (repliée) d'un chasseurMiG-29K. | |
Présentation | |
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Type de missile | Missile air-air à courte portée |
Constructeur | ![]() (devenu Vympel) |
Déploiement | 1974 - auj. |
Caractéristiques | |
Moteurs | Moteur-fusée à carburant solide |
Masse au lancement | R-60 : 44 kg R-60M : 45 kg |
Longueur | R-60 : 2,09 m R-60M : 2,13 m |
Diamètre | 12 cm |
Envergure | 39 cm |
Vitesse | Mach 2,7 |
Portée | annoncée : 8 000 m constatée : ~ 4 000 m |
Altitude de croisière | maxi : 20 000 m |
Charge utile | 3 kg HE à fragmentation annulaire (R-60M : 3,5 kg) |
Guidage | passif, àinfrarouge |
Détonation | fusée de proximité (optique ou radar) |
Plateforme de lancement | chasseurs soviétiques (voir section« Vecteurs » de l'article) |
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LeR-60 (enrusse :« Р-60 »),code OTANAA-8 « Aphid », est unmissile air-air légersoviétique, conçu par les bureaux d'étudesMolnia (désormais appelésVympel) et prévu pour être utilisé par leschasseurs soviétiques.
Il a été exporté en quantité et demeure encore en service à l'heure actuelle, aussi bien au-sein des pays de laCEI que d'autres pays étrangers.
Le R-60 fut développé initialement pour équiper leMiG-23.
Les travaux sur la conception de l'arme commencèrent vers la fin desannées 1960, désignée alors K-60 ou parfoisIzdeliye-62 (enrusse :« изделие 62 », signifiant « objet-62 »). La production en série commença en1973 et il entra en service sous la désignationR-60, codé par l'OTAN « Aphid-A ». Le missile russe de combat rapproché actuel est leR-73 (OTAN : AA-11« Archer »), mais des quantités importantes de R-60 sont toujours en service.
Quand il apparut pour la première fois, le R-60 était l'un des plus petits missiles air-air existants, avec une masse au lancement de seulement 44 kg. Il était doté d'unguidage à infrarouge, sous la forme d'une tête chercheuseKomar (moustique) non réfrigérée, et son contrôle en vol s'effectuait par les gouvernes situées à l'avant, les plans arrière étant des stabilisateurs fixes. Lesempennages canard distinctifs sur le nez sont appelés des« déstabilisateurs », permettant d'améliorer l'efficacité des gouvernes lors de manœuvres sous fortesincidences.
Il était doté d'une petitecharge militaire, constituée de 3 kg de charge hautement explosive (HE) à fragmentation annulaire (avec une vingtaine d'ogives rondes) ainsi que d'un câble entungstène enroulé en spirale autour de la charge explosive principale. En explosant, le câble se détend en forme de cercle et cisaille ce qui se trouve dans les parages. Deux différents types defusées de proximité pouvaient être montées : le modèle « standard », une fusée optique de typeStriz (martinet), ou un modèle à radar actifKolibri. Les missiles équipés de la dernière version étaient désignés R-60K[1].
D'après des sources russes, la portée d'engagement pratique se situerait aux alentours des 4 000 m, même si les données du constructeur sur la brochure publicitaire affirment une valeur de 8 000 m. Jusqu'à récemment, il était considéré comme le missile air-air le plus agile du monde, capable d'engager sous un facteur de charge de 9g des appareils manœuvrant à 8g. Un autre avantage en sa faveur était la valeur de sa distance minimale d'engagement : à peine 300 m[Note 1].
Étant donné les pratiques habituelles de l'Union soviétique concernant les missiles air-air, qu'ils fabriquaient souvent avec l'éventualité de devoir permuter entre plusieurs autodirecteurs (IR ouradars semi actifs), l'OTAN spécula sur le fait qu'il devait probablement exister une version« antiradar » de l'Aphid, dotée d'unautodirecteur à radar passif. Il devint pourtant assez rapidement évident qu'un si petit missile n'aurait pas pu emporter une antenne suffisamment performante pour accomplir cette mission, et d'ailleurs aucune version de ce genre ne fut jamais découverte.
Il en fut construit une version inerte d'entraînement, désignée UZ-62 et UZR-60.
Une version améliorée, le R-60M, fut introduite en1982. Désignée par l'OTAN « Aphid-B », il employait un autodirecteur refroidi à l'azote doté d'un champ de vision étendu de ±20°.
Même si cette tête chercheuse était bien plus sensible que l'ancienne, il n'en demeurait pas moins que le missile n'avait toujours que des capacités d'engagement « tous-aspects »[Note 2] plutôt limitées. Sa portée minimale d'engagement était encore diminuée, tombant à 200 m[2]. Les fusées de proximité étaient dotées d'une meilleure résistance auxcontre-mesures électroniques, même si les anciennes versions optique et radar restaient disponibles (Les R-60M dotée de fusées-radarKolibri-M étaient désignésR-60KM).
Le R-60M était plus long de 42 mm que son aîné et était doté d'une charge militaire plus lourde, de 3,5 kg, faisant grimper sa masse au lancement à 45 kg. Apparemment, quelques versions du missile auraient eu une charge militaire entourée d'une épaisseur d'uranium appauvri, afin d'augmenter l'effet pénétrant et destructeur de la charge explosive[3].
La version d'entraînement inerte du R-60M est le R-60MU.
Depuis1999, une version modifiée de l'arme était employée par le systèmesol-airyougoslave M55A3B1. Elle avait été aussi emportée par un lanceur double adapté sur un ancien canon antiaérien autotractéM53/59 Praga (en) tchécoslovaque.
Ces missiles avaient été modifiés par l'ajout d'unétage accélérateur à poudre, faisant du propulseur du missile un étage de vol soutenu. Cette solution fut préférée à celle de la modification du moteur principal du missile, comme ce fut par exemple le cas avec leMIM-72 Chaparral.
Le, près deMourmansk, l'avion de ligne duvol 902 Korean Air Lines, après avoir violé l'espace aérien soviétique et ignoré les messages de la patrouille d'interception, était pris pour cible par desintercepteurs soviétiques. Le capitaine Alexander, pilote deSu-15, tira deux R-60, l'un des deux ratant de peu l'avion, mais le deuxième explosant dans l'aile gauche. Deux passagers furent tués, les débris (câbles torsadés) du missile ayant perforé lefuselage au niveau des hublots. Malgré une aile à moitié arrachée et une dépressurisation violente, l'avion put se poser en catastrophe sur un lac gelé, et 107 personnes survécurent tout de même à cette mésaventure[4].
Le, unMiG-23M de laPVO, piloté par le capitaine V. Schkinder abattit deux hélicoptèresCH-47 Chinookiraniens qui avaient pénétré l'espace aérien soviétique. L'un des deux hélicoptères fut abattu par deux missiles R-60, l'autre fut détruit aucanon.
De nombreux rapports russes affirment que l'AA-8 fut beaucoup utilisé au cours de laguerre du Liban de1982, étant même le principal missile syrien utilisé lors des combats aériens. Certains rapports russes affirment même qu'il était le missile le plus efficace employé par les Syriens au-dessus de lavallée de Bekaa en 1982[5],[6].
D'après lesIsraéliens, la grande majorité des combats air-air étaient des engagements rapprochés à portée visuelle, et ce fut également ce que confirmèrent les Russes. Les Russes mentionnèrent également que plusieursF-4,F-16 etKfir furent détruits, parmi d'autres appareils. Même si quelques F-4 etKfir avaient été perdus en 1982, les Israéliens ont toujours assuré que toutes leurs pertes n'étaient le fruit que d'attaques demissiles sol-air.
Le, au-cours de laguerre de la frontière sud-africaine, une tentative fut effectuée d'intercepter deuxMiG-23ML desforces révolutionnaires cubaines.
LeMirage F1CZ du capitaine sud-africain Arthur Piercy fut endommagé par unR-23 ou un R-60 tiré de face par le major Alberto Ley Rivas. L'explosion de la charge militaire détruisit le compartiment duparachute de freinage et endommagea les circuits hydrauliques. Piercy parvint malgré-tout à rentrer à la base aérienne de Rundu, mais l'appareil dépassa la piste. L'impact avec le terrain irrégulier déclencha lesiège éjectable mais le pilote ne parvint pas à se séparer du siège et endura de graves traumatismes de la moelle épinière[7],[8].
Le, unBAe 125 du gouvernement duBotswana transportait le président du pays,Quett Masire, et son personnel vers une réunion à Luanda. Le pilote d'unMiG-23 angolais tira deux R-60 vers l'avion. L'un des deux missiles toucha le moteurno 2, le détachant de l'appareil, alors que le deuxième missile explosa dans le moteur en pleine chute. L'équipage de l'avion réussit à effectuer unatterrissage d'urgence sur une bande de brousse à Cutio Bie[9].
En1999, unMiG-21 de laforce aérienne indienne utilisa un missile R-60, pour abattre unBreguet Atlanticpakistanais qui avait pénétré sonespace aérien. Le missile toucha le moteur gauche et l'avion partit en vrille, avant de s'écraser dans des marécages, tuant les seize occupants, dont quatre étaient des officiers pakistanais.
Une partie de la carcasse fut trouvée en territoire contesté. Cet accident est connu sous le nom de « l'incident de l'Atlantic ».
Un grand nombre d'appareils peuvent employer ce missile, parmi lesquels:
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