
Leformat 70 mm est leformat de pellicule cinématographique de 70 mm de largeur enprojection et de 65 mm enprise de vues. Après quelques essais sans suite dans lesannées 1930 il sera popularisé au cinéma à partir desannées 1950.
La différence de largeur est due à l’absence de piste sonores sur lenégatif.
En outre l’avance à chaque image est de cinq perforations contre quatre pour leformat 35 mm traditionnel.
Cette plus grande surface de film permet d’obtenir plus de détails et une meilleure qualité par rapport à une copie 35 mm. Les 5 mm supplémentaires sur les copies d’exploitation permettent de remplacer lapiste optique (qui resteramonophonique jusqu’à l’apparition des réducteurs de bruit) par six pistes magnétiques. Finalement le 70 mm six pistes offre une richesse visuelle et sonore inégalée.
Le format 70 mm est encore utilisé par le procédéIMAX (dans le sens horizontal), leShowscan (en 60 images par seconde) ainsi que par des formats plus confidentiels destinés aux parcs d’attraction.
Les premières prises de vues en grand format (65 mm) datent de1884. Dès1896, plus de mille films sont tournés en 62 mm. Dans les années 1920, apparait le systèmeMagnapax qui permet la projection sur des écrans géants de près de 600 mètres carrés.
Le développement de latélévision dans lesannées 1950 est peut-être à l’origine du regain d’intérêt de l’industrie cinématographique pour les formats larges.
En1952, le procédéCinérama est inventé. Il est complexe car composé de trois films35 mm projetés côte à côte pour obtenir une image unique très large. De nombreux problèmes tant à la prise de vue, qu’au tirage des films ou à la projection rendent ce procédé délicat à mettre en œuvre et limitent son développement.
En1953, leCinemaScope apparaît, utilisant toujours un film 35 mm, mais avec une optique permettant de comprimer horizontalement l’image pour obtenir un rapport allant de 2,35:1 à 2,66:1.
En1954, laVistaVision naît. C’est toujours un film de 35 mm qui est utilisé, mais cette fois-ci horizontalement donc en utilisant une plus large surface de pellicule pour chaque image qui avance sur huit perforations.
En 1955,Michael Todd, qui avait participé au Cinérama, contacte leDrBrian O'Brien de la American Optical Company pour mettre au point un procédé plus simple, n’utilisant qu’un seul film, donc une seule caméra et un seul projecteur. C’est la naissance duTodd-AO, un vrai format 70 mm à 30 images par seconde et qui sera finalement ramené à 24 images par seconde.
Oklahoma ! est le premier film projeté en 70 mm Todd-AO au Rivoli àNew York fin1955.
Procédé lourd et coûteux, nécessitant descaméras, du film et desprojecteurs spécifiques, ce sont surtout trois pays qui ont pu se permettre de s'engager dans l'aventure du 70 mm : lesÉtats-Unis, l'URSS et laRépublique démocratique allemande. Aux États-Unis, diverses formules ont été développées par des fabricants pour les studios comme laMGM Camera 65, laPanavision 70, l'Ultra-Panavision 70, le Super-Technirama 70 en1958, laSuper Panavision 70 en1962, leMCS-70 Superpanorama en1962 également, leDimension 150 en1966. En Union soviétique, des tournages ont régulièrement fait appel au 70 mm de la fin des années 1950 à 1990, avec des procédés plus durables commeKinopanorama 70 (qui utilise un négatif 70 mm) et le Sovscope 70 (1960-1990), avec lequel sont tournés de nombreux longs-métrages, partiellement ou non, (commeDerzou Ouzala). En RDA, un système est également mis sur pieds avec des filmsOrwo, leDEFA 70, utilisé essentiellement entre1967 et 1973 pour quelques films de prestige (Goya, l'hérétique), ou de science-fiction (Eolomea). EnAllemagne de l'Ouest, enfin, une nouvelle tentative voit le jour à la fin des années 1980, leARRI 765 (en1989).
Les films sont pour la majorité tournés en 70 mm, des années 1950 à 1970. Le premier film français tourné en 70 mm estLa Tulipe noire deChristian-Jaque, suivi entre autres parPlaytime de Jacques Tati (tourné de 1964 à 1967).
Pour la projection 70 mm, leKinopanorama, situé à Paris, a été l'une des salles de référence au niveau international avant d'être racheté par le circuitGaumont qui le conduisit à sa fermeture.
Très peu de films sont encore tournés en 70 mm pour des raisons essentiellement économiques, mais les projections de tirages 70 mm à partir de négatifs 35 mm (technique appelée « gonflage », ou « blow-up » en anglais) se sont poursuivies régulièrement. Plus de 300 films ont ainsi bénéficié de ce traitement de faveur, commeApocalypse Now (1979) deFrancis Ford Coppola. Du côté du son, les copies 70 mm offrent une bande son composée de six pistes magnétiques distinctes offrant une qualité et des possibilités comparables aux systèmes de son numérique utilisés actuellement au cinéma et surDVD. L’apparition du son numérique dans les cabines de projection dans lesannées 2000 permet d’offrir une bande son équivalente, si ce n’est meilleure, en 35 mm et en 70 mm. Dès lors, les surcoûts induits par le tirage de copies 70 mm, la gestion d’un parc de copies hétérogènes et le durcissement des réglementations liées à l’environnement eurent raison des gonflages 70 mm.
Après leur restauration, des films plus anciens tournés en 70 mm ont aussi été projetés en 70 mm dans le cadre de projections de prestige, commeLawrence d’Arabie (1962) deDavid Lean ouPlaytime (1967) deJacques Tati.
Faubourg 36, une comédie deChristophe Barratier sortie en, a pu bénéficier de quelques copies en 70 mm.
En,Quentin Tarantino tente le pari de remettre au goût du jour le format 70 mm anamorphosé avec le tournage et la sortie en salles de son filmLes Huit Salopards. Pour cela il fit rénover lesMGM caméra 65Ultra Panavision 70ratio :2,76:1 mises au point pour le tournage deBen-Hur réalisé en 1959 parWilliam Wyler. Aux États-Unis, le film sera diffusé dans ce format dans 100 salles uniquement, du fait de la raréfaction du matériel de projection approprié.
En dehors du coût prohibitif des copies 70 mm, un autre problème est celui de l'usure extrêmement rapide des pistes sonores magnétiques et de l'encrassement des têtes de lecture. En,Dunkerque, film réalisé parChristopher Nolan, est disponible en 70 mm dans certaines salles, mais les copies tirées en 70 mm disposent dorénavant du son numériqueDTS : le son est lu par un disque dur synchronisé avec letimecode inscrit sur la pellicule.
En France, quelques salles sont encore équipées pour la projection en 70mm:
Films tournés en 70 mm disponible enDCP (cinéma numérique) après restauration :
En1970,IMAX Corporation, utilise le format 70 mm horizontalement et passe d’une surface de 48 × 22 mm à une surface record de 69 × 48 mm, soit trois fois plus grande. Dans ce format, le son sera placé sur un support séparé. Ce format est en train de disparaître dans les sallesIMAX au profit de la projection numérique 2K. À partir de2013, les sallesIMAX commenceront à s'équiper en projecteurs4K Laser, seule projection numérique capable de retranscrire les émotions de la projection 70 mm. Concernant les sallesIMAX Dôme (Omnimax), de la projection 8K est à l'étude pour un équipement des salles à partir de2014.
Le procédéShowscan utilise aussi un film 70 mm à défilement vertical sur cinq perforations, projeté à 60 images par seconde. Il était utilisé par exemple dans quelques salles duFuturoscope (remplacées depuis par des dispositifs numériques)
Certains effets spéciaux ont utilisé le 70 mm pour maintenir une haute qualité à l’image malgré les nombreux traitements photographiques (par exemple,Rencontres du troisième type en 1977,Blade Runner en 1982, etc.). Cette utilisation a tendance à disparaître avec la généralisation des effets spéciaux numériques.
Quelques films de science-fiction ont par ailleurs été entièrement tournés en 70 mm, comme2001, l'Odyssée de l'espace (Super-Panavision 70 et Todd-AO, 1968) ouSignal, une aventure dans l'espace (DEFA 70, 1970).