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| 1er régiment d'infanterie provisoire | |
| Création | 1871 |
|---|---|
| Dissolution | 1872 |
| Pays | |
| Branche | Armée de terre |
| Type | Régiment d'Infanterie |
| Rôle | Infanterie |
| Batailles | Semaine sanglante |
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Le1er régiment d'infanterie provisoire est unrégiment d'infanterie françaiscréé en 1871 devenu en 1872 le101e régiment d'infanterie de ligne.
« L'an mil huit cent soixante et onze, le huit avril, Vul'instruction ministérielle du 27 mars 1871, prescrivant l'organisation du régiment d'infanterie provisoire par la réunion des militaires rentrant desprisons de l'ennemi, le général de division chargé de l'organisation desdits régiments a fait réunir les officiers devant composer les cadres du1er régiment provisoire ».
Conformément à l’instruction ministérielle du 27 mars 1871, le1er régiment provisoire comprend :
« Sous-officiers, caporaux et soldats, vous allez former le1er régiment provisoire.Pendant que vous subissiez lesrigueurs de l'exil et de la captivité, desmisérables ont surpris un instant la France désarmée et ont ajouté le fléau de la guerre civile à tous nos malheurs.
D'accord avec l’étranger, ils veulent plonger notre chère patrie dans l'abîme.
Dans les circonstances suprêmes où nous nous trouvons, il est de toute nécessité que les gens de cœur mettent leur bras au service du gouvernement.
On va donc vous donner des habits, des équipements et des armes, et vous demander un effort pour sauver le pays ; cinqcorps d’armée, formés sur différents points du territoire avec lessoldats qui reviennent d'Allemagne, vont, aller se joindre à l'armée de Versaillespour écraser à Paris ceux qui n'ont pas craint derenverser le drapeau tricolore, pour leur substituer le drapeau rouge qui est celui du sang et de l'assassinat.
Vous aviez besoin de repos ; déjà depuis longtemps, beaucoup d’entre vous seraient rendus à leurs foyers, sans lesmauvais citoyens qui se sont insurgés dans la capitale ; oneût déjà aussi commencé à se réorganiser, à guérir, dans la paix, les blessures de la patrie ; les droits de chacun de vous auraient été satisfaits ; vos médailles, vos pensions, vos primes de rengagement auraient été réglées en temps utile.
Pour cela, il faut l'ordre ; c’est par votre courage que nous l'obtiendrons.
Vous serez impitoyables envers les insurgés ainsi qu'envers les traîtres, qui ont eu l'infamie de quitter les rangs pour tirer sur l'armée.
Vous êtes commandés par des généraux et des officiers qui, tous sans exception, viennent de partager avec vous les douleurs de la captivité et qui, au premier cri d'alarme, se sont empressés de mettre leur épée au service du gouvernement.
Rappelez-vous que la discipline fait la force des armées ; obéissez sans arrière-pensée aux ordres de vos chefs, et bientôt la patrie sera sauvée et vous aurez acquis de nouveaux titres à la reconnaissance du pays.
Cambrai, le 10 avril 1871. Le colonel, Signé : de la Hayrie. »
Le 18 avril 1871, le régiment reçoit ordre de venir prendre, àVersailles, sa place dans l'armée de Paris, commandée par lemaréchal de Mac-Mahon.
Il quitteCambrai le 18 avril, en deux colonnes, par les voies ferrées, et arrive le 19 aucamp de Satory.Il fait partie du5e corps,général Clinchant,1re division sous les ordres dugénéral Duplessis,1re brigade sous les ordres dugénéral de Courcy rassemblée pour rétablir l'ordre dans Paris et réprimer l'insurrection de laCommune.
Le 2 mai, le régiment quitte le camp de Satory pour aller, avec tout le corps d'armée, concourir aux travaux du second siège de Paris (forts de la rive gauche) et arrive aubivouac de Bel-Air[2], près deBièvre, le même jour.
Du 2 au 10 mai, ilprend part aux travaux et attaques qui ont pour objectif la chute dufort d'Issy, sur une ligne s'étendant deBagneux àClamart.
Le 11 mai, le5e corps d'armée quitte les attaques de la rive gauche et va renforcer, au camp dubois de Boulogne[3], les attaques de droite, dirigées par leGénéral de Ladmirault, commandant le1er corps. Il prend part à toutes les opérations qui ont pour but la prise de Paris, jusqu'au 22 au matin.
Le 22 mai, à5 heures du matin, le régiment entre dansParis par laporte de Passy, sauf la2e section de la6e compagnie du3e bataillon, qui reste de garde à lapoudrière de lacascade dubois de Boulogne.
Le régiment, formé en colonne par demi-section, suit lesremparts jusqu'à laporte Dauphine, entre dans l'avenue de l'Impératrice et s'arrête au pied de l'arc de triomphe de l'Étoile, en attendant le reste de la1re brigade. Lorsque celle-ci est arrivée tout entière, les5e et6e compagnies du2e bataillon, descendent l'avenue de la Grande-Armée et s'emparent des barricades de la porte Maillot et des ouvrages avancés, malgré la résistance d'un millier d'insurgés (zouaves de la commune), qui sont refoulés jusque dansNeuilly.
Ledrapeau rouge est enlevé du sommet de la barricade, et l'étendard aux trois couleurs y est planté, au milieu d’une grêle de balles. Vers7 heures, à laporte de Villiers, les fils télégraphiques reliant le centre de Parisà Neuilly est coupé et le2e bataillon capture71 pièces de tout calibre, canons et mitrailleuses, 200 fusils ainsi qu'un matériel considérable
Pendant ce temps, le1er bataillon, suivi des 2 premières compagnies du2e bataillon, recevait l'ordre de fouiller avec soin toute la portion du17e arrondissement comprise entre l'avenue de la Grande-Armée, les fortifications et l'avenue de Wagram, ayant pour objectif les défenses formidables établies par les insurgésplace Pereire,portes Bineau,de la Révolte,Courcelles etd'Asnières et le parc Wagram.
Le3e bataillon, suivant l'avenue de Wagram, puis leboulevard de Courcelles jusqu'auparc Monceau, appuyait ainsi le mouvement général du régiment.
Étant arrivé au point d'intersection de l'avenue d'Essling avec la route des Ternes et de larue de Villiers, le colonel, sachant que lesportes des Ternes etde Villiers étaient occupées par les compagnies de gauche du2e bataillon, jeta une section sur la droite dans la direction de laplace Pereire par larue Pierre-Demours, ainsi qu'une compagnie se dirigeant sur le même point par larue de Louvain, le reste de la colonne marchant sur laporte Bineau par larue Bayen. Au point de rencontre du boulevard intérieur et de larue Bayen, un feu terrible de mousqueterie, partant du poste-caserne du bastion 49 et des ouvrages en terre de laporte Bineau, accueillit la tête de la colonne. À la sonnerie de la charge, le1er bataillon s'élança sur les ouvrages des communards, pendant que la1re compagnie du2e bataillon enlevait le poste-caserne dubastion 49. L'assaut du1er bataillon fut irrésistible, en quelques minutes la porte Bineau avec toutes ses défenses était tombée et les cadavres des insurgés couvraient le terrain, de nombreux prisonniers étaient faits, et les communards éperdus fuyaient à toutes jambes, cherchant un refuge dans le village deLevallois, vive ment accompagné par un feu à volonté dirigé par les hommes du1er bataillon qui, instinctivement, avaient gravi lerempart et couronné lesparapets.
En même temps, les formidables défenses de laplace Pereire tournées par la droite et par la gauche, en même temps qu'abordées de front par les2e et6e compagnies du1er bataillon, tombaient également. La prise de cette importante position amena celle du parc d'artillerie de Courcelles, où l'on trouva plus de20 pièces de canon, dont quelques mitrailleuses, un matériel considérable et des munitions de guerre en grandequantité, 238 prisonniers de l'armée, faits le18 mars, et qui n’avaient pas voulu servir laCommune, sont délivrés.
Lesponts-levis desportes Bineau etde la Révolte furent levés, et la2e compagnie du2e bataillon occupa cette position. Le reste du2e bataillon suivit les remparts, s’empara de laporte de Courcelles et continua à s'avancer jusqu'au poste-caserne dubastion 46, occupé par quelques insurgés, et s'en empara.

Le1er bataillon, arrivait au même moment au pas de course, par l'avenue Gourgaud et leboulevard Berthier, et, après avoir essuyé une vive fusillade, s'emparait de laporte d'Asnières et de l'ouvrage en terre qui défendait larue d'Asnières, lequel fut occupé aussitôt par la3e compagnie du1er bataillon, pendant que 2 compagnies, se prolongeaient le long des remparts en prenant position sur le chemin de fer et dans les magasins de la gare pour prévenir tout retour offensif.
11 canons ou obusiers à âme lisse, dont plusieurs encore chargés, ainsi qu'un grand nombre de pièces de position, furent pris.
L'irruption du régiment dans l'intérieur des fortifications avait été si prompte, que les insurgés qui défendaient le village d'Asnières n'avaient pas eu le temps d'abandonner leurs positions. Ils voulurent rentrer par laporte d'Asnières au moment où le1er régiment d'infanterie provisoire venait de la prendre. Deux compagnies déployées le long des remparts ouvrirent sur eux un feu des plus nourris. Ilss’enfuirent à toutes jambes vers laporte de Clichy et lechemin de fer de l'Ouest, laissant un grand nombre de morts sur le terrain.
Les compagnies qui avaient pris laplace Pereire avaient placé des avant-postes jusqu'auboulevard Malesherbes et laplace de Wagram. Le3e bataillon avait déblayé le terrain jusqu'auparc Monceau, malgré une fusillade assez vive sur leboulevard de Courcelles, avait occupé le parc et se reliait avec le gros du régiment par sa gauche. Il resta une heure environ dans cette position et revint ensuite se rallier au régimentplace Pereire.
Il était11 heures environ; le1er provisoire était maître de la moitié du17e arrondissement, et fortement retranché sur les positions conquises.
Le reste des troupes du5e corps d'armée, à partir de l'Arc de triomphe, avait occupé pendant ce temps-là lefaubourg Saint-Honoré jusqu’auboulevard Haussmann, l'avenue de Messine, leparc Monceau, leboulevard Malesherbes jusqu'àSaint-Augustin, et avait enlevé lecollège Chaptal sur leboulevard des Batignolles, position fortement retranchée sur laquelle les insurgés comptaient pour défendre le17e arrondissement et la barricade de labarrière de Clichy, une des principales avancées deMontmartre.
Vers5 heures du soir, le régiment est relevé par destroupes de la divisionGrenier (corps Ladmirault) et va bivouaquer boulevard de Neuilly et y passe la nuit du 22 au 23.
Le mardi 23 mai, à4 heures du matin, le régiment était formé en avant duparc Monceau. Il resta en réserve, opérant le désarmement desBatignolles et de nombreuses arrestations.
À midi, le3e bataillon fut envoyé pour soutenir le2e régiment d'infanterie provisoire aucollège Chaptal et prit part aux diverses opérations de laplace de Clichy sous les ordres dugénéral de Courcy.
Le soir, le régiment rejoignit lereste de la brigade,place de Clichy, et vint s'établir ensuiterue Blanche, où il bivouaque. En y arrivant, les deux premières compagnies du1er bataillon prêtent la main aux troupes qui attaquaient lesbarricades de larue de la Chaussée-d'Antin et occupent militairement l'église de la Trinité.

Le 24 mai, à midi, le régiment tout entier (sauf la6e compagnie du1er bataillon, qui reste pour occuper lecollège Chaptal,rue Blanche) prend les armes, suit larue de Châteaudun jusqu'à son point d'intersection avec larue Lafayette ou, les1re et2e compagnies occupent rapidement les deux dernières maisons et dirigent immédiatement, des étages supérieurs, un feu nourri et d'enfilade sur les barricades qui défendent larue Lafayette, et qui sont soutenues par lacaserne de la Nouvelle-France à droite, l'église Saint-Vincent-de-Paul à gauche, et la maison solidement établie deDebain (facteur de pianos-orgues) en face,place Lafayette.
Un feu nourri part de toutes les positions des insurgés. Le régiment s'élance alors au pas de charge et enlève à labaïonnette toutes les barricades qui étaient devant lui jusqu'à laplace Lafayette, et s'y maintient en continuant le feu contre les défenses plus avancées, qui finissent par tomber par suite des mouvements tournants exécutés sur la gauche et sur la droite par desrégiments du5e corps.
Le3e bataillon reçut l'ordre dugénéral Clinchant d'aller occuper larue du Faubourg-Montmartre. La5e compagnie de ce bataillon prit position sur leboulevard Poissonnière et prit une part active à la prise de la barricade de laporte Saint-Denis, une autre garda le débouché de larue Bergère, une troisième surveilla lefaubourg Montmartre, une autre section fut placéerue de Montyon, et les1re et4e compagnies du bataillon formèrent la réserve.
À8 heures du soir, le3e bataillon releva divers postes occupés par les13e et14e régiments d'infanterie provisoire et eut pendant lanuit jusqu’au lendemain à midi une situation sérieuse et difficile pour protéger les travaux d’approche et de communications faits pour l'attaque duChâteau-d'Eau.
Le régiment (1er et2e bataillons) passe la nuitrue du Faubourg-Poissonnière.
Le 25 mai, le régiment se porte sur leboulevard de Strasbourg, dégage toutes les rues avoisinantes, ainsi que lamairie du10e arrondissement, et campeboulevard de Strasbourg, entre larue du Château-d'Eau et leboulevard Saint-Martin.
Le régiment est au complet par suite de la rentrée du3e bataillon :
On commence le désarmement du quartier et l'on opère un grand nombre d'arrestations.
Le soir, vers6 heures, le2e bataillon est détaché en entier et va occuper larue Albouy, en réserve derrière le2e régiment d'infanterie provisoire qui occupe lacaserne du Prince-Eugène,place de la République.Ce bataillon a pour mission de surveiller lecanal Saint-Martin, de désarmer la portion du10e arrondissement comprise entre larue du Château-d'Eau et lecanal Saint-Martin.
Le 28 mai, rien n'est changé dans la situation du corps.
Le 29 mai, le régiment rentre àVersailles au milieu des acclamations de la population.
La6e compagnie du1er bataillon reste plusieurs jours aucollège Chaptal,rue Blanche et opère et termine complètement le désarmement du quartier et y fait un grand nombre d'arrestations.
Les pertes éprouvées, tant pendant le siège de Paris que pendant l'action dans la capitale, s’élèvent à 94 :
Un décret duprésident de la République en date du 10 avril1872 ayant prescrit que les régiments provisoires devenaient définitifs et prendraient la dénomination de régiment de ligne avec un numéro de série, le « 1er régiment d'infanterie provisoire » prend la dénomination de101e régiment d'infanterie de ligne.