18 - 19 janvier : Devant l'alourdissement de la dette publique et sous influence du FMI, le président égyptienAnouar el Sadate supprime les subventions gouvernementales sur les produits de première nécessité, provoquant une augmentation de 50 % des produits alimentaires, notamment le pain. La population égyptienne manifeste violemment son refus de la décision présidentielle : les "émeutes du pain" touchent les principales villes du pays et occasionnent de nombreux dégâts matériels. Le gouvernement répond par la répression en déployant l'armée dans les rues. Les militaires tirent alors sur la foule, provoquant plus de 70 morts[1] et des milliers de blessés.
10–11 mai :sommet de l’OTAN à Londres.Jimmy Carter préconise l’élaboration d’un programme à long terme sur la modernisation des armements et demande aux pays membres de porter leur budget de défense à 3 % du PIB[3].
18 mai : signature à Genève de laconvention ENMOD sur l’interdiction de la manipulation de l’environnement à des fins militaires, entrée en vigueur le[4].
7 février : grève des élèves et étudiants de Bamako pour protester contre la mise en place d’un concours d’entrée pour accéder à l’enseignement supérieur. Malgré un accord passé le9 février entre l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM) et la junte militaire au pouvoir (CMLN), l’agitation estudiantine continue jusqu’à la fin du mois de mai[9].
2 mars : publication enLibye de laDéclaration sur l’avènement du Pouvoir du Peuple, par laquelle leColonel Kadhafi fait officiellement du pays uneJamahiriya, soit un « État des masses », théoriquement gouverné via un système dedémocratie directe[11].
Les troupes zaïroises au Shaba en avril 1977.
8 mars -26 mai : première « guerre du Shaba » auZaïre[12]. Le, des rebelles duFNLC, partis d’Angola envahissent le Shaba (ancienKatanga). Le2 avril,Mobutu accuse les troupes cubaines et demande une aide extérieure ; le10 avril l’armée zaïroise reçoit l’aide d’un contingent de 1500 soldats marocains transportés par des avions français pour lutter contre les rebelles[13].
27 avril : devant l’orientation marxiste prise par le régime éthiopien, les États-Unis suspendent toutes les livraisons d’armes à Addis-Abeba. Ils sont aussitôt remplacés par l’Union soviétique ; en réaction, la Somalie expulse les conseillers militaires soviétiques[7].
10 juin : auMali, la Cour de sûreté de l’État condamne à mort 7 sous-officiers et soldats et 5 nomades accusés d’« avoir tenté un coup d’État en 1976 »[10].
Le territoire éthiopien occupé par la Somalie en 1977.
23 juillet : début de laguerre de l’Ogaden. LaSomalie appuie la revendication des nomades pasteurs somaliens de l’Ogaden qui refusent le tracé arbitraire de la frontière héritée du colonialisme italien et anglais. Elle envoie des troupes qui avancent jusqu’àJijiga sans rencontrer de résistance[24]. L’Union soviétique ayant décidé de défendre son nouvel allié éthiopien, la Somalie expulse les 6 000 experts soviétiques qui séjournent sur son territoire et récupère la base deBerbera qu’elle concède aux États-Unis. Moscou compense cette perte en étendant son influence en Éthiopie ; grâce à son aide militaire et aux soldats cubains,Addis-Abeba a l’avantage (1977-1978, 1980). La Somalie, battue, sombre dans la guerre civile.
4 décembre : àBangui, sacre de l’empereur de Centrafrique,BokassaIer[28]. Le dictateur a érigé la peur en système de gouvernement depuis 1966. Cette cérémonie fastueuse a coûté au pays environ 20 millions de dollars et plus de cinq mille invités y ont participé, mais aucun chef d’État. LaFrance était représentée par son ministre de la coopération. Revêtu de sa grande tenue de maréchal, copie de celle que portait leMaréchal Ney lors dusacre de NapoléonIer, le nouvel empereur auto-proclamé, qui s’était accordé le titre de président à vie en 1972, atteint ce jour-là le sommet de son délire mégalomane.
11 mars : le Brésil dénonce l’accord militaire conclu avec les États-Unis en du fait du lien établi par Washington entre assistance militaire et respect des droits de l’homme[12].
9 juillet,Chili :Pinochet annonce le plan Chacarillas[35] ; un projet de Constitution est rédigé pour répondre aux pressions internationales (Carter) et à celle de l’Église catholique. Il prévoit un processus d’institutionnalisation sur la période1978-1985 avec pour objectif le transfert du pouvoir au civil dans le cadre d’une démocratie contrôlée par les militaires. Ce plan ne sera jamais adopté[36].
19 juillet : une grève générale paralyse lePérou ; le dictateurMorales fait arrêter plus de 700 dirigeants syndicaux. Le pouvoir se heurte à une agitation sociale croissante provoquée par une baisse du niveau de vie des Péruviens. La répression employée ne fait que nourrir le mécontentement. Soumis à la pression de la rue et des organisations financières internationales, devant faire face à des divisions au sein de l’armée, pressé par le président Carter, le dictateur annonce le28 juillet son intention d’engager une transition vers la démocratie[36].
7 septembre :accords Carter-Torrijos, qui abolissent letraité inégal de 1903 entre lesÉtats-Unis etPanama et prévoient un transfert progressif des responsabilités ducanal de Panama jusqu’à la fin1999. lesÉtats-Unis obtiennent le droit unilatéral de défendre la voie d’eau. LeSénat des États-Unis fait rajouter, lors du vote de ratification (), une clause précisant que si les Américains renoncent au droit d’intervention dans les affaires intérieures de Panama, ils se réservent le droit de rouvrir le canal, au besoin par la force, au cas où il serait fermé par suite de troubles[37]. Les accords sont accueillis triomphalement àPanama et dans toute l’Amérique latine.
4 octobre : le dictateurMorales annonce le planTúpac Amaru auPérou[38], destiné à renforcer une « démocratie sociale pleinement participative ». Il signifie un retour en arrière dans le sens de l’austérité économique et des conditions favorables aux investissements étrangers[36].
9 novembre : le président bolivienBanzer engage une ouverture politique, et des élections sont programmées pourjuillet 1978[40].
25 novembre : « Loi de défense et garantie de l’ordre public » auSalvador (abrogée enfévrier 1979) qui permet au gouvernement de mener une campagne de répression contre toute contestation et contre l’Église, ce qui affecte ses relations avec les États-Unis qui suspendent leur assistance militaire[41].
9 novembre : en Bolivie, les pressions du présidentJimmy Carter et de tous les secteurs sociaux contraignent le généralBanzer à chercher une issue politique ; il annonce que des élections générales auront lieu le[42],[43].
25 décembre : le quotidien brésilienFolha de S.Paulo publie un rapport confidentiel remis au généralVidela par le secrétaire d’État nord-américainCyrus Vance qui fait état de près de six mille exécutions sommaires et douze mille à dix-sept mille prisonniers politiques incarcérés enArgentine pendant les premiers 18 mois de ladictature[45].
28 décembre,Bolivie : des femmes de mineurs emprisonnés commencent une grève de la faim pour réclamer la libération des prisonniers politiques. Le mouvement prend rapidement de l’ampleur, remettant en question le contrôle du régime sur le mouvement syndical[43]. Il cède après 22 jours de grève et annonce des élections pour[46].
16-20 mars :échec électoral[49] et démission d’Indira Gandhi enInde. LeJanata Party (parti du peuple), coalition hétéroclite de conservateurs prend le pouvoir après sa victoire aux élections générales. Le Premier ministreMorarji Desai, Président duCongress Organization, rétablit la démocratie. Il annonce sa volonté de rompre avec la ligne duCongrès : décentraliser, rétablir les libertés fondamentales, renouer avec le véritable non-alignement. La famille Gandhi fait l’objet d’attaques pour des affaires de malversations diverses, excès de pouvoir, népotisme, etc.Charan Singh, ministre de l’Intérieur, réclame un procès : les agents du CBI (Central Bureau of Investigation) arrêtent Indira Gandhi et la conduisent en prison. Cet épisode contribue à en faire une victime aux yeux de l’opinion, d’autant qu’elle décide d’agir en faveur des plus défavorisés.
30 avril : à l’occasion du deuxième anniversaire de la réunification du Vietnam, lesKhmers rouges, appuyés par de l’artillerie lourde et des mortiers, pénètrent d’une dizaine de kilomètres à l’intérieur de laprovince frontalière de Châu dôc[51].
5 juillet : le Premier ministre pakistanaisZulfikar Ali Bhutto est renversé par uncoup d’État militaire et emprisonné ; la loi martiale est proclamée et les élections sont annoncées pour octobre. Le6 juillet le généralZia Ul Haq, administrateur de la loi martiale, suspend la constitution[48].
18 juillet : des accords frontaliers et un traité d’amitié et de coopération pour une durée de vingt-cinq ans sont signés à Vientiane entre le Laos et le Viêt Nam[54].
3 septembre : l’ancien Premier ministre pakistanaisAli Bhutto, relâché le28 juillet, est a nouveau arrêté en raison de sa participation supposée au meurtre en 1974 de l’opposant Ahmed Raza Kasuri. Il est condamné à mort le par la Haute Cour de Lahore mais fait appel. Il est pendu dans la prison deRawalpindi le[48].
20 octobre : le gouvernement thaïlandais deTanin Kraivixien est renversé par l’amiralSangad Chaloryu(en) et son groupe. Le11 novembre Sangad instaure un nouveau cabinet dirigé par le généralKriangsak Chomanan[60] pour essayer de panser les divisions de la société thaïlandaise et améliorer les relations avec les régimes communistes des pays voisins.
23 novembre : lePathet Lao ses alliés vietnamiens lancent une offensive massive contre la résistance anticommuniste desHmongs duLaos. Plus de 30 000 soldats communistes appuyés par l’aviation attaquent la région montagneuse entreLuang Prabang etVientiane en utilisant dunapalm et de lapluie jaune, un agent chimique très mortel. Bilan : 13 000 morts, 800 blessés et plus de 5 000 prisonniers parmi les montagnards selon les services de renseignement thaïlandais. Plusieurs dizaines de milliers de réfugiés s’enfuient vers laThaïlande[62].
18 janvier : violentes émeutes en Égypte pour protester contre l’augmentation du prix des denrées alimentaires (+ 50 % pour le pain, + 67 % pour la farine)[66], à la suite de la réduction des subventions sur les produits de base décidée par le président égyptienAnouar el-Sadate sous la pression duFMI[67]. Les émeutiers s’en prennent aux bâtiments administratifs, aux postes de police ainsi qu’a certains symboles du pouvoir dans plusieurs villes. Le gouvernement mobilise alors l’armée. Des unités blindés se déploient très rapidement dans les rues des grandes villes. L’armée tire sur la foule au Caire et à Alexandrie. 160 personnes sont tuées et 600 blessées. On compte plusieurs milliers d’arrestations à travers le pays.
àClinton, dans le Massachusetts,Jimmy Carter répond àIsraël que la questionpalestinienne doit être résolue et que les réfugiés doivent avoir une terre (homeland)[69]. Réuni auCaire, entre le12 et le20 mars, leXIIIeCNP examine la question de la participation de l’OLP à la conférence deGenève. Le refus de larésolution 242 est rappelé. Toutefois l’OLP affirme son intention d’être à Genève et laisse entendre qu’elle pourrait envisager la création d’unÉtat palestinien dans les territoires occupés, signifiant l’acceptation d’une coexistence possible avec Israël[70].
Liban : assassinat deKamal Joumblatt. Son filsWalid le remplace à la tête de lacommunauté druze[68]. Le Mouvement national se désagrège au profit de l’OLP, seule organisation capable de mettre sur pied une administration semblable à celle du secteur chrétien.Israël soutient les milices chrétiennes auLiban Sud et enétablit une ligne rouge (le fleuveLitani) que les Syriens ne doivent pas franchir.
1er mai : Massacre de laplace Taksim àIstanbul (Turquie). Des snipers appartenant à la milice d'extrême-droite desLoups gris tirent sur la foule de 500 000 personnes fêtant le 1er mai. On compte 38 morts et plusieurs centaines de blessés[71]..
3-4 mai : conversations de Prague entre l’OLP et le Parti communiste israélien (Rakah)[70].
17 mai :Menahem Begin arrive au pouvoir enIsraël. Il accepte le principe de la conférence de Genève mais refuse la participation des Palestiniens. LeLikoud au pouvoir n’entend céder aucune conquête aux Palestiniens en vue de réaliser un « Grand Israël »[70].
29 juin : le sommet duConseil européen réuni à Londres déclare que les « Neuf » sont « convaincus qu’une solution du conflit au Proche-Orient ne sera possible que si le droit légitime du peuple palestinien à donner une expression effective à son identité nationale se trouve traduit dans la réalité, ce qui tiendrait compte de la nécessité d’une patrie pour le peuple palestinien »[70].
1er octobre : un communiqué américano-soviétique appelle à la tenue de la conférence de Genève, au retrait des forces israéliennes desterritoires occupés en1967, au respect des droits légitime des Palestiniens[70]. Carter doit reconnaître un droit de veto à Israël sur la participation des Palestiniens à la conférence.
19-21 novembre : visite historique deAnouar el-Sadate enIsraël, àJérusalem, il prononce un discours à laKnesset[70]. Il y réaffirme son désir de paix et le droit des Palestiniens. Cette visite reconnaît de facto l’État d’Israël, ce qui entraîne l’hostilité des autres pays arabes.
1er-5 décembre : au sommet arabe deTripoli, le front du refus palestinien et l’Irak s’opposent à laSyrie et à l’OLP qui souhaitent un règlement négocié avecIsraël[70]. Les participants gèlent leurs relations avec l’Égypte, qui obtient le soutien deJimmy Carter.
2-3 décembre : deuxième rencontre confidentielle, entre le Ministre de la Défense d’IsraëlMoshe Dayan et le Premier ministre égyptienHassan Tuhami(en) au palais royal de Marrakech au Maroc ; Israël fait connaître ses propositions : évacuation du Sinaï, maintien des colons sous la protection de l’ONU et d’Israël, report de toute discussion sur les territoires occupés. Le14 décembre s’ouvre la première conférence égypto-israélienne à l’hôtel Mena House, au pied des Pyramides, sans résultat[74]. Le25 décembre, une rencontre entreSadate etBegin àIsmaïlia aboutit à une impasse[75].
manifeste de la « Charte 77 » enRépublique socialiste tchécoslovaque[76], signé par 242 dissidents parmi lesquelsVáclav Havel, suivis par six cents personnes à la fin de l’année, mille deux cents en 1980 (intellectuels, hommes d’Église, ouvriers, etc.)[77]. Elle accuse le gouvernement deGustáv Husák de graves violations envers les droits de l’homme. Elle ne parvient pas à infléchir la politique du gouvernement particulièrement hostile à toute évolution.
28 février : annonce de mesures d’austérité auPortugal. Dévaluation de l’escudo de 15 %[82]. Vente de 110 tonnes d’or accumulé parSalazar. Augmentation du loyer de l’argent et des tarifs publics. Hausse du prix des carburants.
8 juillet : loi n° 46/77 relative à la délimitation des secteurs publics et privés auPortugal[97], votée à l’issue d’un débat en vue de la « reprivatisation de l’économie ».
12 juillet : dévaluation de lapeseta de 20 %[98]. L’Espagne qui bénéficie de la part de la CEE d’un statut privilégié de pays en voie de développement espère un coup de fouet supplémentaire à ses exportations.
4 septembre : déploiement des premiersSS-20 soviétiques en Europe de l’Est. Début de lacrise des euromissiles[100] ; à partir de 1977, l’URSS déploie 396 missiles mobiles tactiques portant trois têtes nucléaires de 150 kilotonnes chacune, les SS-20 de portée intermédiaire, capables de frapper tous les centres urbains de l’Europe occidentale.
25 octobre :pacte de la Moncloa signé par toutes les formations parlementaires en Espagne et voté par lesCortes le27 octobre[105]. Il annonce le rétablissement de la démocratie, un plan économique et social devant l’ampleur de la crise (35 % d’inflation, un million de chômeurs…).
↑Najeeb M. Al-Nauimi, Richard Meese,International legal issues arising under the United Nations decade of international law, Martinus Nijhoff Publishers,, 1 p.(ISBN978-90-411-0107-5,présentation en ligne)
↑Xavier Luccioni, « Le rétablissement du « cours normal des choses » »,Le Monde diplomatique,,p. 24(présentation en ligne)
↑Dominique Demont, Jean-François Guédon et Hélène Sorez,QRC - Connaissance du monde : Concours administratifs de catégorie A, B et C : Examens universitaires,Eyrolles,, 208 p.(ISBN978-2-212-04315-0,présentation en ligne)
↑Harold Alderman, Joachim Von Braun, Sakr Ahmed Sakr,Egypt's Food Subsidy and Rationing System : A Description, Intl Food Policy Res Inst,(ISBN978-0-89629-035-8,présentation en ligne)
↑Dermot Keogh,Twentieth-Century Ireland (New Gill History of Ireland 6) : Revolution and State-Building – The Partition of Ireland, the Troubles and the Celtic Tiger, Gill & Macmillan Ltd,, 624 p.(ISBN978-0-7171-5943-7,présentation en ligne)
↑Michel Drain et Bernard Doménech,Occupations de terres et expropriations dans les campagnes portugaises, Éditions du Centre national de la recherche scientifique,, 227 p.(ISBN978-2-222-03052-2,présentation en ligne)