17 janvier : 44 représentants duDahomey, de laHaute-Volta, duSénégal et duSoudan français votent à Dakar la Constitution de laFédération du Mali. L’Assemblée législative soudanaise ratifie la Constitution fédérale à l’unanimité le21 janvier, l’Assemblée législative du Sénégal le22 janvier[5]. En Haute-Volta, l’Assemblée législative voltaïque ratifie le texte le28 janvier, mais un référendum constitutionnel rejette la Fédération le15 mars[6]. Au Dahomey, de violents incidents éclatent àPorto-Novo près de l’assemblée nationale que les opposants à la Fédération du Mali tentent d’investir, faisant une quinzaine de blessés (14 février[7]). Le Premier ministreSourou Migan Apithy, s’oppose à la Fédération dans les termes proposés et constitue le parti républicain du Dahomey (PRD), qui se déclare prêt à envisager une nouvelle formule d’association avec le Mali. Les fédéralistes dahoméens sont vaincus aux législatives les2 et23 avril[8]. Le président de l’Assemblée nationale deMauritanie,N’Diaye Sidi el Moktar, esquisse un rapprochement avec la Fédération du Mali en janvier, mais le projet avorte.
20 février-13 mars : session spéciale de l’ONU consacrée auCameroun[12]. Les États africains unanimes réclament à laFrance l’établissement des libertés démocratiques avant l’indépendance.
3 mars : état d’urgence en Rhodésie et au Nyassaland
3 mars : déclaration de l’état d’urgence au Nyassaland[10]. La répression accentue les antagonismes entre Blancs et Noirs.
9 mars : boycott des boutiques tenues par des Indiens enOuganda initié par le Mouvement national ougandais(Uganda National Movement) fondé par Augustine Kamya (fin enavril 1960)[14].
29 mars : arrestation de plusieurs centaines de militants et leaders duMPLA enAngola[15]. Multiplication des arrestations sous prétexte de subversion dans lescolonies portugaises (1959-1960).
4 avril : le congrès du Parti de la Fédération africaine (PFA) proclame que leSénégal et leSoudan français sont prêts à ne former qu’un seul État au sein de laCommunauté. Une assemblée fédérale de 15 membres par État est élue le3 avril. Après la défection duDahomey et de laHaute-Volta,Léopold Sédar Senghor est élu à l’unanimité président de l’Assemblée fédérale du Mali etModibo Keïta (avec 23 voix sur 24) président du gouvernement.Mamadou Dia devient vice-président[7].
27 mars : création par la France du Fonds d’aide et de coopération (FAC), en remplacement duFIDES[25]. La France signera 138 conventions ou accords de coopération avec les nouveaux États de l’Afrique noire et 164 conventions ou accords de coopération avec les États duMaghreb, dont 72 pour l’Algérie, 49 pour leMaroc et 44 pour laTunisie entrejuillet 1959 et le.
3 août : la grève des dockers du port de Pidjiguiti, enGuinée-Bissau, est réprimée dans le sang par l’armée portugaise (58 morts)[26].
4 août : création de l’Union nationale mauritanienne, section locale du PFA[27].
27 -31 août : le généralDe Gaulle fait sa première « tournée des popotes » pour expliquer aux officiers de l’armée française la nouvelle orientation de sa politique algérienne[29].
17-27 avril : tandis que des exécutions sommaires détériorent l’image du nouveau régime cubain, Castro se rend aux États-Unis pour rassurer l’administrationEisenhower sur ses intentions[1]. Il se proclame anticommuniste et souligne la nécessité de réformes, notamment agraires, mais n’a pas de succès et une incompréhension mutuelle s’installe.
17 mai : Castro proclame laréforme agraire[1]. Elle interdit la grande propriété et aux étrangers de posséder des terres à Cuba, ce qui nuit aux intérêts nord-américains, notamment aux grandes compagnies qui exploitent la canne à sucre. Plus de 400 000 ha de terre sont confisquées à trois entreprises américaines, dont laUnited Fruit Company. Les critiques se font pressantes aux États-Unis, relayées à Cuba par le président Urriata. La réponse de Castro aux accusations de dérive communiste engage le pays dans une voie autoritaire.
3-4 juin : des émeutes provoquées par les difficultés économiques éclatent àGuayaquil. La répression brutale par la police fait au moins 500 morts[40].
Mobilisation des ouvriers et des étudiants à Buenos Aires
23 juin : Álvaro Alsogaray devient ministre de l’économie enArgentine[41]. Le présidentArturo Frondizi souhaite accélérer l’industrialisation du pays, mais doit affronter une situation économique difficile et applique le traitement de choc recommandé par leFMI. Les résultats sont encourageants, la croissance revient (8 % en 1959, 7 % en 1960) et l’inflation est ramenée de 113 % en 1959 à 27 % en 1960 et 13,5 % en 1961. De nombreuses industries nouvelles apparaissent (automobile, sidérurgie, etc.). Mais le coût social est important et le pouvoir d’achat des travailleurs diminue de plus de 25 % en 1959, ce qui occasionne de nombreuses grèves et fait passer dans l’opposition les tenants du justicialismepéroniste. L’ouverture aux capitaux étrangers (exploitation dupétrole) indispose fortement les milieux nationalistes.
4 juillet : constitution en Jamaïque lui conférant une autonomie interne complète[42].
16 juillet, Cuba : Castro dénonce les ennemis de la révolution et, assuré de sa popularité, démissionne. D’impressionnantes manifestations réclament immédiatement son retour, et alors qu’Urriata se retire le18, Castro reprend triomphalement les rênes du pouvoir[43].
21 octobre, Cuba : Castro fait arrêter le commandant de l’armée de l’air, le majorHuberto Matos, qui s’était plaint de l’influence croissante des communistes[44]. Il est condamné à vingt ans de prison.
29 octobre : le gouvernement castriste rétablit les tribunaux révolutionnaires[45] et suspend certains droits civils à Cuba. Les derniers mois de 1959 sont rythmés par des tentatives de rébellion et des menaces d’intervention nord-américaines plus ou moins fondées pour rétablirBatista.
10 mars :révolte des Tibétains àLhassa contre l’occupation chinoise du Tibet. Le12 mars, des manifestations dans les rues de Lhassa réclament l’indépendance[52]. En1956 a débuté àLitang dans leKham une révolte des Tibétains contre l’occupant chinois, qui s’est étendue aux autres secteurs duKham, puis en 1957 et 1958 dans les secteurs de l’Amdo, puis en 1958 et 1959 dans leÜ-Tsang, avant de s’étendre à l’ensemble du territoire.
Ravitaillement clandestin des insurgés tibétains en 1959.
19 mars : répression de l’insurrection tibétaine à Lhassa par les Chinois[53]. 10 000 à 15 000 personnes sont tuées. Selon un rapport militaire chinois officiel, 87 000 Tibétains seront tués entremars 1959 etoctobre 1960 durant l’action militaire dans le secteur deLhassa. D’autres le seront dans l’Amdo et leKham, régions plus peuplées[55]. Les Chinois écrasent la révolte et nomment lepanchen-lama à la tête de l’État. Des tribus khampas poursuivent leurs opérations de guérilla avant d’être écrasées.
11 avril : laguerre civile laotienne reprend. Le ministre de la Défense du LaosPhoumi Nosavan, chef d’état-major général de l’armée royale, fait encercler à Xieng-Ngeun et dans laplaine des Jarres les deux bataillons du Front patriotique lao (NLHX) qui refusent d’intégrer l’armée régulière. Le15 avril, les huit anciens ministres du NLHX ainsi que le princeSouphanouvong, sont mis en résidence surveillée à Vientiane[57].
6 mai : promulgation de la loi 10/59 parDiem, président de laRépublique du Viêt Nam, créant des tribunaux militaires spéciaux pour juger toute personne impliquée dans des activités communistes[49]. Les autorités duNord Viêt Nam réagissent en rendant publique leur décision de reprendre la lutte armée.
19 mai : création du groupe de transport militaire 559 chargé d’ouvrir lapiste Hô Chi Minh, couloir de circulation à travers leLaos et leCambodge pour permettre aux troupes et aux armements du Nord Viêt Nam d’atteindre le Sud. Les premiers chargements d’armes arrivent le20 août[60].
5 juillet,Indonésie :Soekarno dissout l’Assemblée constituante de1955 qui ne parvient pas à rédiger une Constitution et rétablit la Constitution de1945. La désorganisation de l’économie et la corruption amènent Soekarno à proposer une « démocratie dirigée » seule capable à ses yeux de refaire l’unité du pays. Son discours du17 août devient le manifeste politique du régime, leManipol, qui préconise la création d’un Conseil consultatif suprême et d’un Conseil national de planification[64]. Dès l’année suivante, uneAssemblée consultative populaire temporaire, dont les membres sont nommés par Soekarno, remplace la Chambre des représentants, ce qui marque le début de ce que Soekarno appelle la « démocratie dirigée » (1959-1965). Dans son désir de soutenir l’idée d’unité dans la diversité, le gouvernement développe une idéologie d’État appeléePancasila, qui comprend cinq principes fondamentaux : la foi en un Dieu, une humanité juste et civilisée, l’unité de l’Indonésie, la justice sociale pour tous et la démocratie guidée par le consensus. L’objectif de Soekarno est leNasakom, c’est-à-dire la participation à un même mouvement de trois courants : le nationalisme (nas), les forces religieuses (agama) et les communistes (Komunism)[65].
4 août : à la suite de l'aggravation de lasituation dans le Nord le gouvernement duLaos proclame l’état d’urgence et fait appel à l’arbitrage de l’ONU face aux incursions duViet Minh[57].
27 novembre :Nehru déclare devant leParlement indien que toute agression contre le Népal et le Bhoutan serait considérée comme une agression envers l’Inde[74]. Les revendications territoriales de la Chine et la querelle au sujet des réfugiés tibétains consolident les relations entre leBhoutan et l’Inde[75] (aides économiques, assistance militaire, représentation diplomatique).
19 février : leRoyaume-Uni accorde àChypre son indépendance, effective en1960 selon l’accord signé à Londres par les Premiers ministres de la Grèce et de la Turquie[79].
Février :Shell etBritish Petroleum (BP) décident de baisser unilatéralement de 9 % les prix du pétrole entraînant une baisse des revenus pétroliers dans les états producteurs[80].
16 -22 avril : face à la chute des cours et aux restrictions d’importation pétrolière sur le marché américain, laLigue arabe réunit auCaire le premier congrès arabe du pétrole, qui propose de mettre en place une politique de concertation et de coordination entre les pays producteurs. Sont présents les représentants duVenezuela, de l’Iran, de l’Arabie saoudite, duKoweït et de laRépublique arabe unie[82]. Cinq pays (Arabie saoudite,Koweït,Irak,Iran etVenezuela) contrôlent alors 90 % de la production mondiale[83].
30 mai : après s’être retiré dupacte de Bagdad le24 mars, l’Irak dénonce l’accord du, avec la Grande-Bretagne et les accords d’assistance militaires et économiques passés avec lesÉtats-Unis[84].
28 octobre : le gouvernement turc accepte l’implantation sur son territoire d’une base de lancement de 15 fusées américainesJupiter de l’OTAN[92].
9 novembre : l’ex-mufti de Jérusalem,Amin al-Husseini adresse un memorandum à tous les États de laLigue arabe au nom duHaut Comité arabe[93]. Il y demande que le sort des réfugiés ne soit pas réglé en dehors d’eux et, rappelant aux dirigeants arabes leurs devoirs envers leurs frères, les invite « à redonner vie à l’entité palestinienne et à lui venir en aide par les armes, l'argent et tous les autres moyens de lutte ». Dès le24 novembre, puis le15, le18 et le21 décembre, le généralKassem se range dans le camp du mufti[94]. L’Irak propose la proclamation d’une République Palestinienne sur l’intégralité de laPalestine mandataire (suppression de l’administration égyptienne deGaza et détachement de laCisjordanie à laJordanie).Kassem forme en Irak enaoût 1960 unearmée de libération de la Palestine sur le modèle algérien[95]. La RAU répond par la formation d’une Union nationale palestinienne.
Décembre,Syrie : les cinq ministres baasistes, dontHourani etBitar, quittent le gouvernement de laRépublique arabe unie. L’Égypte s’appuie sur les modérés syriens, qui passeront à leur tour dans l’opposition après les nationalisations. LeParti Baas, dissout au moment de la création de la RAU, se reconstitue clandestinement. C’est le seul parti syrien à posséder un programme : refus de toute ingérence étrangère, réforme agraire, législation du travail. Une organisation militaire de tendance ba’thiste, le Comité militaire, se constitue enoctobre autour de jeunes officiers, dontHafez el-Assad etSalah Jedid[98].
Mars,République populaire roumaine : le travail salarié est interdit dans l’agriculture à l'exception des fermes d’état et les terres que les paysans ne peuvent cultiver sont confisquées[106].
13 avril : par un échange de lettres, le président américainEisenhower et le premier ministre britanniqueHarold Macmillan se disent intéressés par la proposition du Premier ministre soviétiqueNikita Khrouchtchev d’interdire tout essai nucléaire[107].
30 septembre : visite de Khrouchtchev en Chine. Devant les dirigeants chinois, il plaide pour lacoexistence pacifique des systèmes capitaliste et communiste et s’oppose à la ligne défendue par Pékin[112].
4 octobre : lancement deLuna 3, premier engin spatial à transmettre des photographies de la face cachée de la Lune[100].
14 décembre : les statuts duCAEM (Comecon) sont signés à Sofia[113]. Égalité absolue des pays membres, respect de la souveraineté et des intérêts nationaux.
1er janvier : première entrée en vigueur duMarché commun, avec la première baisse effective des droits de douane dans la construction de laCEE[114].
7 janvier,Portugal : le généralHumberto Delgado est exclu de l’armée et interdit de sortie du territoire. Prenant de court ses accusateurs, il se réfugie le12 janvier à l’ambassade duBrésil et demande l’asile politique, qu’il obtient[115].
10 janvier : nouvelle note du gouvernement soviétique auxAlliés et aux deux gouvernements allemands. Elle propose un traité de paix avec la RFA qui reconnaisse deux États allemands et un statut de ville-libre pourBerlin, qui serait démilitarisée. Les Occidentaux refusent immédiatement[111].
26 mars : accord entre les gouvernements italien et américain pour le déploiement de 30 fuséesJupiter dans le sud-est de l’Italie[92].
11 mai -5 juillet : échec de la conférence de Genève réunissant les quatre ministres des Affaires étrangères (URSS, États-Unis, France, Royaume-Uni) sur laquestion de Berlin[111].
6 juillet : le land deSarre, géré au point de vue économique et douanier par la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, revient dans le giron de la République fédérale d’Allemagne[122].
20 juillet : l’Espagne entre dans l’OECE[123] qui lui octroie un prêt de 420 millions de dollars[124].
21 juillet,Espagne : décret d’application du plan de stabilisation et d’assainissement financier : redressement du budget de l’état par la réduction des dépenses et l’augmentation de la fiscalité, dévaluation de la monnaie de 30 %, libéralisation du commerce extérieur[125].
31 juillet : création de l’organisation séparatiste basqueETA (Euzkadi ta Azkatasuna, Pays basque et liberté)[126].
29 août : révision constitutionnelle auPortugal. L’élection présidentielle est réservée à un corps restreint de 602 électeurs[127]. Le président du Conseil peut désigner en toute quiétude le président de la République.
21 décembre : Francisco Franco et Dwight D. Eisenhower à Madrid[130].
15 novembre,RFA : au congrès extraordinaire deBad Godesberg, leSPD adopte un nouveauprogramme, qui rompt avec lemarxisme en acceptant les principes de l’économie libérale, en renonçant à la séparation de l’Église et de l’État et en se prononçant en faveur de la politique de défense nationale[131].
2 décembre : rupture dubarrage de Malpasset dans leVar à la suite de pluies diluviennes, entraînant la mort de 423 personnes et des dégâts matériels considérables.
↑Grupo Cubano de Investigaciones Económicas,A study on Cuba : the colonial and republican periods, the socialist experiment, economic structure, institutional development, socialism and collectivization=, University of Miami Press,(présentation en ligne)
↑Catherine Coquery-Vidrovitch, Alain Forest,Décolonisations et nouvelles dépendances : Modèles et contre-modèles idéologiques et culturels dans le Tiers-Monde, Presses Univ. Septentrion,, 282 p.(ISBN978-2-85939-287-1,présentation en ligne)
↑Jean-Michel Lacroix et Jean Cazemajou,La Guerre du Vietnam et l'opinion publique américaine : 1961-1973, Presses Sorbonne Nouvelle,, 199 p.(ISBN978-2-87854-020-8,présentation en ligne)
↑Mordechai Abir et Aryeh Yodfat,In the Direction of the Gulf : The Soviet Union and the Persian Gulf,Routledge, 2.0139781135164e+16(présentation en ligne)
↑Francesco Malgeri,La stagione del centrismo : politica e società nell'Italia del secondo dopoguerra (1945-1960), 2002, Rubbettino Editore,, 416 p.(ISBN978-88-498-0335-8,présentation en ligne)
↑a etbPublic Papers of the Presidents of the United States, Dwight D. Eisenhower, 1959 : Containing the Public Messages, Speeches, and Statements of the President, January 1 to December 31, 1959, Government Printing Office,, 1014 p.(ISBN978-0-16-058853-2,présentation en ligne)