Pour la revue mensuelle française consacrée à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, voir39-45 (magazine).
Seconde Guerre mondiale
Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du haut à gauche : troupes duCommonwealth dans le désert ; civils chinois enterrés vivants par des soldats japonais ; centre deStalingrad après sa libération ; avions de combat japonais prêts à s'envoler sur le pont du porte-avionsShōkaku ; prise de Berlin par les soldats de l'Armée rouge ;sous-marin allemand subissant une attaque.
La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l'humanité ait connu, mobilisant plus de100 millions decombattants de61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de kilomètres carrés[4], ettuant environ62 millions de personnes, dont une majorité decivils. La Seconde Guerre mondiale est aussi la plus grande guerre idéologique de l'Histoire, ce qui explique que les forces decollaboration en Europe et en Asie occupées aient pu être solidaires de pays envahisseurs ou ennemis, ou qu'unerésistance ait pu exister jusqu'en plein cœur de l'Allemagne nazie en guerre.Guerre totale, elle gomme presque entièrement la séparation entre espaces civils et militaires et donne lieu dans les deux camps à une mobilisation massive des ressources non seulement matérielles — économiques et scientifiques — mais aussi morales et politiques, dans un engagement des sociétés tout entières.
La somme des dégâts matériels n'est pas évaluée avec certitude. Les pertes en vies humaines et les traumatismes collectifs et individuels sont considérables, la violence ayant pris des proportions inédites. Le conflit donne en effet lieu à de multiplescrimes de guerre, crimes favorisés et banalisés par une violence militaire et policière d'une intensité et d'une profondeur inégalées, cette violence notamment contre les civils étant parfois un élément de la stratégie militaire. On assiste ainsi à l'émergence, à une échelle inconnue jusqu'alors, de crimes de masse particulièrement atroces et pour certains sans précédent, tout particulièrement à l'instigation de l'Allemagne nazie et du Japon impérial. Parmi ces crimes figurent desmassacres génocidaires allant jusqu'à une organisation industrielle s'appuyant sur ladéportation encamps de concentration,camps de travail etcentres d'extermination, comportant deschambres à gaz à des fins d'extermination de populations entières (Juifs,Slaves,Tziganes) ou de catégories particulières d'individus (communistes,homosexuels,handicapés,Témoins de Jéhovah, etc.) particulièrement à l'instigation du régimenazi. L'ampleur des crimes des vaincus suscite la définition d'une incrimination nouvelle par les vainqueurs : lecrime contre l'humanité, appliquée notamment augénocide des juifs d'Europe. Le régimeShōwa n'est nullement en reste en Asie avec, à son actif, dix millions de civils chinois enrôlés de force par laKōa-in auMandchoukouo, environ 200 000 « femmes de réconfort » enrôlées enCorée et dans tout l'Extrême-Orient, ainsi que l'annihilation systématique de civils, principalement enChine.
Colonies et territoires occupés des Alliés occidentaux
Alliés de l'Est (URSS et États satellites)
Autres :
Empire du Japon et États satellites (avant de rejoindre l'Axe)
URSS et États satellites (avant de rejoindre les Alliés)
France de Vichy et ses colonies (officiellement neutre, mais collaboratrice de l'Axe)
Pays neutres
(Image animée, cliquez dessus pour voir l'évolution)
Les traités deVersailles,Saint-Germain-en-Laye,Trianon etNeuilly avaient suscité rancœurs, frustrations et désirs de reconquête chez lesAllemands, lesAutrichiens-Hongrois et lesBulgares[5]. L'humiliation de la défaite de 1918 et la signature du traité de Versailles sont vécues comme undiktat en Allemagne. C'est l'idée que la classe politique allemande est à l'origine de cette défaite qui entraine un sentiment de rancœur au sein de l'armée qui rejoindra les nazis dans leur ascension au pouvoir[6].
Lacrise de 1929 conduit les différents États à adopter desmesures protectionnistes et à se placer en rivaux. Alors que l'agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont adopter une stricteautarcie et, naturellement, penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, des politiques d'armement sont mises en place pour sortir du marasme économique[7].
Ceci pourrait expliquer une guerre dans un contexte où la politique de l'Allemagne aurait été inspirée par les classes dominantes traditionnelles. La guerre en Europe est toutefois directement issue des ambitions expansionnistes duparti nazi — au pouvoir en Allemagne le — exprimées dès 1924 parAdolf Hitler dansMein Kampf. Sur ces ambitions visant à conquérir unespace vital pour le peuple germanique se sont greffées les velléités expansionnistes du régimefascisteitalien qui tenta tant bien que mal de se constituer unempire colonial enÉthiopie et enEurope du Sud.
Cette idée d'espace vital, désiré par Hitler, s'est concrétisée à la suite des pertes des colonies allemandes en Afrique et de la fin de son royaume militaire de l'Est, leOber Ost[8]. À la suite de la signature du traité de Versailles, l'Allemagne perd les acquisitions territoriales qu'elle avait fait durant le 19e et le 20e siècle[9].
Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini sur le point de signer les accords de Munich, 1938.
Bien qu'appartenant au camp desAlliés de la Première Guerre mondiale et ayant signé, en 1922, letraité naval de Washington, le Japon en a contesté certaines clauses en 1936 lors des négociations dutraité naval de Londres. De nombreuses personnalités politiques et militaires japonaises, telsFumimaro Konoe etSadao Araki, réactualisant la doctrine duhakkō ichiu (« les huit coins du monde sous un seul toit »), mettent en place une idéologie fondée sur la suprématie de la race japonaise et son droit à dominer l'Asie. Cette idéologieraciste présente le Japon comme le centre du monde et prend assise sur l'institution impériale et l'empereur, être divin et descendant de la déesseAmaterasu Omikami. Elle donne lieu à une tentative de restaurationShōwa.
Porté par l'influence des factions militaires, le Japon envahit laMandchourie en 1931 puis lereste de la Chine à partir de 1937. La plupart des historiens considèrent comme point de départ de cette seconde guerre sino-japonaise l'incident du pont Marco-Polo, intervenu le et marquant le véritable début de la Seconde Guerre mondiale, le Japon et la Chine en étant deux des principaux acteurs en Asie[10].
Après avoir gagné labataille de Nankin, lesJaponais se livrent à six semaines de viols, de pillages et de carnages[11]. Ils incendient les maisons et magasins au hasard, parfois simplement pour se réchauffer[11]. Plusieurs dizaines de milliers de civils s'agglutinent dans la zone de sécurité mise en place par la petite colonie occidentale[11].
Les Japonais reçoivent l'ordre d'exécuter lessoldats chinois restés en ville[11]. Laconvention de Genève protégeant lesprisonniers de guerre n'est pas appliquée étant donné que pour le commandant japonais, le conflit est un « incident » et non une guerre[11]. Des milliers de prisonniers chinois sont exécutés par des mitrailleuses, leurs cadavres sont jetés dans leYang-Tsé-Kiang, d'autres sont brûlés à l'essence[12]. Certains soldats sont décapités ou transpercés à la baïonnette[12]. Certains soldats chinois trouvent refuge dans la zone de sécurité, mais sont traqués[12]. Les Japonais arrêtent tous les hommes en âge de combattre et les exécutent sommairement[12]. Au total, on estime que très peu de prisonniers chinois ont réussi à échapper au massacre[12]. Le nombre de morts peut être évalué entre 60 000 et 80 000 hommes[12].
Les Japonais se livrent aussi au massacre des civils qui n'ont pas pu se placer sous la protection des Occidentaux[12]. Ce sont entre 20 000 et 30 000 civils qui sont tués au cours du massacre[12]. Les femmes ne sont pas épargnées puisque 20 000 d'entre elles sontviolées, y compris des fillettes[12]. Celles qui s'y opposent sont tuées[12]. Si aucun ordre criminel n'a été donné au sujet des civils, le haut commandement ― qui n'ignorait rien du sort qui leur était réservé ― n'est pas intervenu[13].
Le bilan global du massacre est difficile à établir[14]. À la fin de la guerre, le bilan établi par letribunal international de Tokyo fait état de 200 000 victimes, tandis que les Chinois en dénombrent 300 000[14]. Pendant l'année 1938, l'armée japonaise continue sa progression dans la grande plaine, entre le Yang-Tsé-Kiang et leHuáng hé[14]. Malgré un cinglant revers infligé par les Chinois à Hsuchow, l'avancée japonaise se poursuit, notamment grâce à l'arrivée constante de nouvelles unités[14]. Le 9 juin, leKuomintang ordonne la destruction des digues du fleuve Jaune dans leHenan, provoquant desinondations, qui entraînent desnoyades et des épidémies tuant des centaines de milliers de personnes[14].
La marche à la guerre en Europe a été rythmée de façon constante par les initiatives allemandes. Selon les mots d'Yves Durand,« La responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale incombe indubitablement à l'Allemagne hitlérienne »[16].
Le a lieu à Berlin la signature dupacte tripartite par lequel le Japon reconnaît la prédominance de l'Allemagne et de l'Italie en Europe, et ces deux derniers États la suprématie du Japon en Asie orientale : les trois pays signent un pacte d'assistance mutuelle. Quant à l'Italie, théoriquement alliée de l'Allemagne depuis 1936, elle n'a déclaré la guerre à laFrance et auRoyaume-Uni que le et attaque leroyaume de Grèce sans consulter les Allemands le.
L'alliance de laHongrie avec l'Allemagne à partir de 1938 lui vaut des agrandissements territoriaux aux dépens de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie, mais le pays n'est pas belligérant lorsqu'il rejoint l'Axe le. La Hongrie n'intervient militairement que lors de l'invasion de la Yougoslavie en, puis lors de l'attaque contre l'URSS en juin. Le Royaume-Uni et lesÉtats-Unis lui déclarent la guerre le.
Après avoir été attaquée par l'URSS le lors de laguerre d'Hiver, laFinlande s'allie de facto à l'Allemagne[18] (sans rejoindre l'Axe) et déclare la guerre à l'URSS le, dans le cadre de la « guerre de Continuation ». Cependant, le maréchal finlandaisMannerheim borne explicitement ses objectifs à la reprise des terres annexées à l'Union soviétique par letraité de Moscou du.
Après avoir dû céder un cinquième de son territoire à l'URSS le, laRoumanie subit lecoup d'État du maréchal pronaziIon Antonescu le, l'occupation par les troupes allemandes le et rejoint l'Axe le. Le, elle participe à l'attaque allemande contre l'URSS pour récupérer les territoires, perdus un an plus tôt, mais contrairement à l'armée finlandaise, l'armée roumaine est engagée dans les opérations jusqu'àStalingrad et participe à des atrocités :massacre de civils à Odessa, déportation etextermination de Juifs enTransnistrie. LeRoyaume-Uni et les États-Unis lui déclarent la guerre le.
LaHongrie et laRoumanie ont envoyé plusieurs centaines de milliers d'hommes combattre aux côtés de l'Allemagne enURSS.
LaBulgarie rejoint l'Axe le puis laisse laWehrmacht traverser son territoire pour envahir la Grèce. La Bulgarie profite de cette alliance pour s'agrandir aux dépens de ses voisins, mais ne participe pas à l'invasion de l'URSS. Le Royaume-Uni et les États-Unis lui déclarent la guerre le. Elle n'est en guerre contre l'URSS que pendant vingt-quatre heures, les 5 et.
En détruisant une partie de la flotte des États-Unis àPearl Harbor le et en envahissant laMalaisie, possession britannique, leJapon entre résolument dans la guerre contre les États-Unis et le Royaume-Uni.
Le, laThaïlande signe un pacte défensif avec le Japon et déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni. La chute du gouvernement dePlaek Pibulsonggram en ne rompt pas officiellement l'alliance mais la Thaïlande se retire du conflit en évacuant les territoires pris aux Britanniques et des contacts sont pris avec les Alliés.
Le,Badoglio, qui a remplacéMussolini, rompt l'alliance avec l'Allemagne en signant unarmistice avec lesAlliés. Hitler envahit aussitôt la péninsule qu'il occupe jusqu'àNaples.
De l'invasion de la Pologne à la bataille de France
Monument aux combattants polonais à Paris.
Comme l'armée tchécoslovaque n'avait pas opposé de résistance lors de l'invasion de la Bohême-Moravie, le, on peut considérer que laPologne est le premier adversaire de l'Allemagne belligérant à partir du lorsqu'elle résiste à son invasion par l'Allemagne. L'invasion de la Pologne provoque les déclarations de guerre duRoyaume-Uni et de laFrance le, à respectivement 11 et17 h.
Le Royaume-Uni justifiait sa déclaration de guerre à l'Allemagne par la garantie qu'elle avait donnée à la Pologne le. Après la guerre,Alexander Cadogan, qui, lors des évènements, étaitsous-secrétaire d'État permanent aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, déclara au sujet de cette garantie :
« Et ce fut cela, finalement, qui amenaChamberlain à prendre la soudaine et surprenante décision de garantir la Pologne. Certes, notre garantie ne pouvait donner aucune protection à la Pologne en cas d'attaque imminente contre elle. Mais par cette garantie, Chamberlain plantait un poteau indicateur pour lui-même. Il était engagé, et, dans le cas d'une attaque allemande contre la Pologne, les tourments du doute et de l'indécision lui seraient épargnés. On dira peut-être que c'était cruel pour la Pologne. Je ne serais pas d'accord là-dessus, parce que notre situation militaire aurait dû être connue des Polonais et qu'ils auraient dû être assez conscients de l'imminence du péril qui les menaçait. On dira peut-être que c'était cynique. À courte vue, ce l'était peut-être. Mais cela eut l'effet de nous mettre en guerre… Et finalement, avec nos alliés, nous avons gagné la guerre. Même si, bien sûr, on ne peut pas attendre des malheureux Polonais qu'ils se félicitent des conséquences qu'il y eut pour eux[19]. »
En, lorsque l'Allemagneenvahit le Danemark etla Norvège, la Norvège oppose une résistance armée alors que le Danemark, trop faible militairement, tente plusieurs contre-attaques sans succès puis se place« sous la protection de l'Allemagne », selon les paroles de son roi.
Le, labataille de France démarre par l'invasion par les Allemands duLuxembourg, de laBelgique et desPays-Bas, jusqu'alors tousneutres. Les autorités du Luxembourg, lequel ne possède pas de véritable armée[20], opposent une protestation de pure forme à leurs envahisseurs[21], qui s'emparent du pays dans la journée.
Pour les Belges, c'est lacampagne des dix-huit jours, qui se termine par la reddition de l'armée le. Le gouvernement se réfugie en France, puis au Royaume-Uni aprèsl'armistice du 22 juin. Avec les forces qui ont pu échapper à l'ennemi, il poursuit la guerre au service ou aux côtés des Alliés, utilisant notamment sa colonie duCongo.
Labataille de France entraine la destruction de l'essentiel des armées françaises en mai et juin 1940, ce qui pousse legouvernement français à demander l'armistice, qui est signé le 22 juin. Le 18 juin, depuis Londres, refusant de cesser le combat, le général françaisde Gaulle lanceun appel à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne aux côtés de l'Empire britannique. Par l'armistice, la France s'est retirée de la guerre, entreprenant avec l'Allemagne une collaboration économique forcée qui englobe tout sonempire colonial.
Malgré cela, les dirigeants de l'Empire britannique écartent toute perspective de paix avec l'Allemagne. La Grande-Bretagne héberge d'ailleurs un certain nombre de gouvernements en exil ou dissidents qui rangent ce qui reste de leurs forces armées – notamment polonaises, tchèques, yougoslaves, belges, néerlandaises et françaises – plus ou moins importantes, aux côtés du Royaume-Uni.
L'entrée en guerre des États-Unis puis de l'empire colonial français
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne et ses alliés, l'Italie et le Japon, étaient unis selon les termes dupacte tripartite. Depuis de nombreuses années, il existait déjà entre les États-Unis et le Troisième Reich certaines tensions telles que des provocations orales ou destorpillages de navires de la marine américaine par des sous-marins allemands (par exemple leRobin Moor le). Cet incident exacerbe ces tensions etRoosevelt assure dans un discours, six jours plus tard, qu'il ne laisserait pas les Allemands dominer l'Atlantique[22]. Cependant, ni l'un ni l'autre des deux pays n'est prêt à s'engager dans la guerre dans l'Atlantique ; ce sont les évènements qui vont se dérouler dans l'océan Pacifique qui amènent l'Allemagne à déclarer la guerre aux États-Unis[23].
Par ailleurs, les relations entre le Japon et les États-Unis sont également tendues.Hitler souhaite une attaque japonaise envers les Américains afin de les distraire du front à l'Est de l'Europe entre laWehrmacht et les Russes[24]. Il commence à douter, à l'automne 1941, lorsqu'il comprend qu'une attaque japonaise majeure contre la flotte américaine n'est pas prévue parHideki Tōjō, le nouveau Premier ministre japonais, arrivé récemment au pouvoir[25]. Malgré le scepticisme d'Hitler, les affaires entre le Japon et les Allemands commencent à se concrétiser. Hitler annonce aux Japonais que s'ils attaquent les États-Unis, les Allemands seront les premiers à rejoindre la guerre[26].
Un nouvel accord remplaçant le pacte tripartite a été rédigé au début du mois de décembre 1941 et présenté au Japon et à l'Italie, mais il n'a pas été signé tout de suite[27]. Ce pacte créait une aide réciproque en cas de guerre entre l'un d'eux et les États-Unis, et conditionnait toute demande de paix ou d'armistice avec les États-Unis et le Royaume-Uni à l'accord de tous les signataires[27].
Au début du mois de, les tensions entre le Japon et les États-Unis commencent sérieusement à s'intensifier et à devenir aux yeux des chefs militaires allemands, le signe d'un conflit imminent entre les deux parties[28].
Churchill, Roosevelt et Staline à la conférence de Yalta.
Le, le souhait duTroisième Reich se réalise à la surprise générale :les Japonais attaquent Pearl Harbor. Cette attaque surprend les dirigeants allemands et nombreux s'en réjouissent. Hitler avait l'occasion de déclarer la guerre aux États-Unis en ayant le soutien du Japon et il prit sa décision très rapidement[29]. Mais Hitler aurait pu ne pas attaquer les États-Unis, puisque le nouvel accord n'était pas encore signé lorsque Pearl Harbor fut annoncé. Rien ne l'obligeait à le faire et il aurait pu simplement laisser le Japon détourner l'attention des États-Unis dans le Pacifique[30]. Il aurait aussi pu se concentrer sur lefront de l'Est, mais déclare la guerre pour obliger les États-Unis à se battre sur deux fronts et donc à ne pas pouvoir utiliser leur pleine puissance militaire contre l'Allemagne ou le Japon, car il pensait que leur puissance militaire maximale serait atteinte en 1942 et il fallait donc les vaincre avant[31].
Hitler avait aussi prévu d'utiliser cette déclaration de guerre comme un moyen depropagande afin de se montrer comme un pays fort et puissant qui déclare la guerre au lieu de la subir. Il ne voulait pas rester passif, mais il aurait également pu attendre que les États-Unis lui déclarent la guerre afin d'utiliser cela comme un moyen de propagande[32].
Après l'attaque de Pearl Harbor, le, lesÉtats-Unis sont entrés en guerre contre le Japon ; et de fait contre l'Allemagne et l'Italie, puisque les deux États déclarent la guerre aux États-Unis le en guise de soutien affiché au régime japonais. Lors de la conférence de Washington, au début de l'année 1942, les États-Unis et le Royaume-Uni décident que l'objectif prioritaire pour remporter la guerre est de vaincre l'Allemagne (« L'Allemagne d'abord »).
Larépublique de Chine, en guerre avec le Japon depuis 1937, se retrouve dès lors dans le camp des puissances alliées. De nombreux pays d'Amérique latine déclarent la guerre à l'Allemagne, notamment leBrésil en[33] et leMexique en mai de la même année.
En le gouvernement italienBadoglio déclare la guerre à l'Allemagne, mettant l'armée italienne, grossie de nombreux engagés venus de larésistance, au service des Alliés. D'autres États auparavant membres de l'Axe, tels que laFinlande ou laRoumanie qui, amputées territorialement par l'URSS en 1940, avaient participé à l'attaque allemande contre l'URSS en 1941 pour récupérer les territoires perdus (respectivementCarélie etBessarabie), rejoignent à leur tour lesAlliés lorsque l'Armée rouge revient sur leurs frontières, la première en (guerre de Laponie), la seconde le[34] (en outre, la Roumanie avait eudeux divisions engagées du côté allié dès 1941). Dans la nuit du 8 au, laBulgarie, occupée par l'Armée rouge depuis trois jours, déclare à son tour la guerre à l'Allemagne. Toutefois, ces ralliements tardifs et contraints ne permettent pas à ces trois pays de participer à la fondation de l'Organisation des Nations unies. À l'ouest, l'effondrement durégime de Vichy enFrance métropolitaine met toutes les ressources du pays et de nombreux engagés au service de laFrance libre.
En 1945, les Alliés avertissent tous les États que ceux qui auront déclaré la guerre à l'Allemagne seront admis à la conférence fondatrice de l'ONU. Ce qui entraine, au printemps 1945, une cascade de nouvelles déclarations de guerre auTroisième Reich, qui pour la plupart restent sans aucun effet militaire : il s'agit de pays sud-américains tels que leParaguay, l'Équateur, lePérou, l'Argentine, ou duMoyen-Orient tels que l'Égypte, laSyrie, leLiban, laTurquie (le) et quelques autres. En tout, 51 États se sont trouvés en état de guerre avec l'Allemagne hitlérienne, sans pour autant être admis auxconférences interalliées, réservées aux « trois grands » (États-Unis, Empire britannique, URSS et, après l'été 1944, France), état de guerre auquel aucun traité de paix après 1945 n'est jamais venu mettre juridiquement fin.
Le, lendemain de lacapitulation allemande, les dernières délégations diplomatiques nazies sont expulsées des États neutres : laSuisse, la république d'Irlande, l'Espagne, lePortugal, l'Afghanistan et leChili.
Lorsque l'URSS attaque la Pologne le, conformément au protocole secret duPacte germano-soviétique, elle est, d'un point de vue polonais, dans le même camp que l'Allemagne, sans pour autant être en état de guerre déclarée avec la France et le Royaume-Uni[35]. Lorsque l'URSS attaque laFinlande en, la Finlande se trouve plutôt du côté de la France et du Royaume-Uni. Cette agression vaut par ailleurs à l'URSS de se voir expulsée de laSDN fin 1939. Pendant la durée du pacte, Staline livre ponctuellement et à crédit du pétrole, des matières premières et des céréales permettant au Reich de contourner partiellement le blocus des Alliés. Il lui livre aussi plusieurs dizaines de communistes allemands réfugiés en URSS.
À partir du, l'URSS, attaquée par l'Allemagne, se retrouve dans le camp des Alliés. Elle bénéficie duprêt-bail américain en échange des réserves en or de laBanque d'État d'URSS. À défaut de pouvoir ouvrir avant 1944 le second front instamment réclamé par Moscou, les Alliés fournissent à l'URSS une aide importante, qui transite notamment par la dangereusevoie de navigation arctique.
La défaite allemande est impensable sans l'Armée rouge, qui fixe en les deux tiers de la Wehrmacht, en général les troupes les plus jeunes et les mieux équipées.
Récapitulatif
Effectifs des armées des principaux belligérants[36]. Les chiffres pour l'Allemagne sont donnés au 31 mai de chaque année
La majorité des historiens[41] situent le début de la Seconde Guerre mondiale le, lorsque après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne en vertu d'un traité de février 1921 les liant à la Pologne.
L'historien marxisteEric Hobsbawm, dans son ouvrageL'Âge des extrêmes (1994), arguë cependant que les gouvernements britannique et français étaient enclins à négocier malgré l'invasion de la Pologne et que c'est sous la pression de leur population qu'ils furent contraints de ne pas reculer[42].
Sur le front ouest, une fois passée la démonstration sans lendemain deGamelin dans laSarre allemande (6-13), les troupes franco-britanniques, sous commandement français, ne prennent aucune initiative militaire et ne mènent aucune opération offensive pendant plusieurs mois, restant retranchées derrière laligne Maginot.
Au printemps 1940, les Alliés se préparent à couper l'approvisionnement en fer de l'Allemagne, qui transite de laSuède vers le Reich par la Norvège, mais l'opération tourne au fiasco : c'est l'incident de Narvik. L'Allemagne envahit alors leDanemark et laNorvège le. Une majorité du corps expéditionnaire du Royaume-Uni et de la France doit rembarquer précipitamment, ce qui entraine la chute deChamberlain et son remplacement parChurchill le. Le, les Français deBéthouart s'emparent deNarvik, mais ils doivent l'abandonner quelques jours plus tard car, en France même, la victoire allemande est alors pratiquement acquise.
En effet, en mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l'invasion foudroyante desPays-Bas, duLuxembourg, de laBelgique et de laFrance. Dans cette campagne fulgurante les Allemands mettent en œuvre leur doctrine de percée et d'avance par l'usage coordonné des forces blindées, mécanisées et aériennes : laBlitzkrieg ou guerre-éclair. Malgré les avertissements des attachés militaires alliés à l'étranger et la communication des Belges au général en chef françaisMaurice Gamelin des plans allemands d'attaque par l'Ardenne[43], la surprise devant la tactique allemande est complète.
Dès le 25 mai, la défaite des armées franco-belgo-britanniques du nord se précise après 18 jours de combat au cours desquels lesChasseurs ardennais, troupe d'élite de l'armée belge, ont retardé la percée allemande en Ardenne pendant deux jours et que les Français percés à Sedan se soient provisoirement rendus maîtres du terrain àGembloux, au sud deBruxelles, dans une bataille de chars sous les ordres du généralPrioux. Le fort belge d'Ében-Émael étant tombé le 11 mai en 24 heures et l'armée hollandaise ayant battu en retraite précipitamment vers le réduit de Zélande, découvrant ainsi la gauche de l'armée belge, celle-ci finit par livrer une bataille d'arrêt de quatre jours sur laLys du 24 au 27 mai. Cet affrontement fait suite à des retraites successives sur laMeuse et laDendre, en coordination plus ou moins réussie avec les armées française et britannique du nord devant les percées profondes des armées allemandes, alors que le front belge est tourné sur sa gauche par la reddition néerlandaise du 14 mai. Leroi des BelgesLéopold III sait que les Britanniques préparent un rapatriement àDunkerque et ne prévoient pas de sauver ce qui reste des combattants belges, comme l'avoue Lord Keyes, attaché militaire britannique auprès du roi[44],[45]. Le, l'armée belge étant à court de munitions et de moyens logistiques, le roi donne un ordre dereddition — après avoir prévenu le gouvernement de Londres par une lettre personnelle àGeorge VI et l'envoi de messages radios aux généraux français[46] — acte purement militaire qui ne concerne pas la force armée duCongo belge et laisse intact le pouvoir du gouvernement civil qui se réfugie en France porteur de toute sa légitimité, puis qui gagne la Grande-Bretagne lors de la défaite française. Dès le, le gouverneur général du Congo belge déclare que le Congo poursuit la guerre[47] en accord avec le ministre des coloniesAlbert de Vleeschauwer. C'est la première réaction anti-allemande d'un territoire européen d'outre-mer (avant même le ralliement de quelques colonies françaises au général de Gaulle).
Les troupes alliées attendant l'évacuation à Dunkerque entre le et le.
Le, Hitler reprend l'offensive en France et perce les lignes de défense du nouveau généralissimeWeygand sur la Somme et l'Aisne. L'Italie se joint alors à l'Allemagne et déclare la guerre à la France le. Puis, en France, le nouveau gouvernementPétain demande l'armistice le 17 et en accepte les conditions le 22. Après l'armistice franco-italien qui suit, le 24, les combats cessent le. À la surprise générale, l'armée française, réputée depuis 1918 la meilleure du monde[48], s'est effondrée en quelques semaines.
Contre l'attente des stratèges nazis et des généraux français battus, le Royaume-Uni résiste avec succès à l'aviation allemande, car, malgré la faiblesse de son armée de terre, il dispose d'une flotte puissante (qui ne semble pas menacée par une mainmise allemande sur la flotte française, grâce aux clauses de l'armistice et après la destruction de quelques-unes de ses unités àMers El Kebir) et d'une aviation bien organisée. En outre, le premier ministreChurchill, qui a remplacéChamberlain, parvient à galvaniser le pays. Soumis d'abord à des attaques aériennes sur des cibles stratégiques, le Royaume-Uni fait face de à au bombardement de ses villes : ce« Blitz », qui détruit notamment laCity de Londres et la ville deCoventry, ne parvient ni à entamer la résolution britannique ni à compenser les pertes de laLuftwaffe deGöring, vaincue par les pilotes de laRoyal Air Force.
Pour tenir seul face à Hitler, le Royaume-Uni dispose de l'aide d'abord économique desÉtats-Unis, puisque ceux-ci, bien qu'officiellement neutres, l'approvisionnent en armes et en ravitaillement.Roosevelt obtient duCongrès en le vote de la « loi Prêt-Bail », qui lui permet d'apporter une aide matérielle illimitée au Royaume-Uni et à ses alliés.
En septembre 1940, les forces italiennes avaient attaqué l'Égypte, pays alors sous influence britannique. Mais dès le mois de décembre, les Britanniques, appuyés par les forces duCommonwealth, passent à la contre-attaque, et les Allemands doivent envoyer ce que l'on appelle l'Afrika Korps en renfort pour secourir leurs alliés italiens. En, l'Afrika Korps deRommel n'est plus qu'à quelques dizaines de kilomètres d'Alexandrie.
Hitler, désespérant de prendre le Royaume-Uni et de l'amener à faire la paix, érige une puissante chaîne de fortifications, surnommée « mur de l'Atlantique », sur les côtes de l'Atlantique et de laManche, et décide d'attaquer l'URSS. Mais l'Italie fasciste vient elle-même d'agresser, à partir de l'Albanie, laGrèce qu'elle croyait sans défense. Or ce sont les forces grecques du dictateur nationalisteMetaxás qui sont victorieuses : après avoir contenu l'attaque des troupes deMussolini, l'armée grecque et un corps expéditionnaire britannique, australien, néo-zélandais, indien et sud-africain les repousse et envahit à son tour l'Albanie italienne.
C'est alors que, pour prêter main-forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines son opération contre l'URSS et envoie en ses troupes vers la Grèce, à travers laHongrie sympathisante et après avoirenvahi au passage la Yougoslavie. Les nazis battent les armées yougoslave et grecque, ce qui leur permet d'occuper tout le sud de l'Europe. Mais, du même coup, ils viennent de créer un front supplémentaire en Yougoslavie, où les résistances monarchiste deDraža Mihailović (Tchetniks) et communiste deTito (Partisans), allaient immobiliser de 13 à 20 divisions allemandes jusqu'à la fin de la guerre. De plus, l'invasion de l'URSS est différée, du 15 mai au 22 juin.
Avenue de Moscou au début du siège de Léningrad en.
Le, laWehrmacht envahit l'URSS dans le cadre de l'opérationBarbarossa. Elle mobilise 3,2 millions de soldats allemands et 600 000 soldats des États alliés de Hongrie, de Roumanie, de Finlande, de Slovaquie et d'Italie. C'est la plus grande offensive militaire de l'histoire[49].
Malgré une avance foudroyante et la capture ou lemassacre de plusieurs millions de Soviétiques, la Wehrmacht est stoppée en, à une trentaine de kilomètres deMoscou dans un froid glacial et sans équipement adéquat. Pour la seconde fois depuis lacampagne de Russie de 1812, les Russes sont sauvés par larigueur de leur hiver, et aussi par un appel pressant aupatriotisme et au sacrifice face à des combats très meurtriers. Les Allemands restent également bloqués devantLeningrad, délibérément soumise par Hitler à unsiège de 900 jours (jusqu'au), qui fait périr de faim 700 000 habitants.
Conquêtes allemandes (bleu) pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dès lors, la campagne de Russie mobilise l'essentiel des efforts militaires allemands.
Malgré leurs pertes énormes, les Soviétiques ont pu replier leur potentiel industriel dans l'ordre, plus de 10 millions de travailleurs et des milliers d'usines démontées étant réinstallées à l'est de l'Oural. La réintégration de l'URSS dans le camp allié lui permet aussi de recevoir une forte aide américano-britannique en matériel de qualité et en ravitaillement.Staline proclame aussi l'union sacrée et galvanise les énergies, tout en maintenant intacte la terreur contre les soldats défaillants ou les officiers vaincus. Enfin, les Soviétiques ont encore des réserves : la trentaine de divisions qu'ils ont pu rapatrier d'Extrême-Orient, après confirmation en fin par leur espion établi à TokyoRichard Sorge que les Japonais, conformément aupacte nippo-soviétique de non-agression signé le précédent, n'attaqueront pas l'Union soviétique mais bien les États-Unis. C'est ainsi que, redéployées par le maréchalJoukov au cours de l'hiver 1941-42, ces troupes sibériennes fraîches contre-attaquent devant Moscou et obligent l'envahisseur allemand à reculer.
Désireux de venger l'affront fait par la France au royaume deSiam en 1893 et 1904, la Thaïlande profite de l'invasion de celle-ci par l'Allemagne et se lance en dans une série d'attaques contre l'Indochine française, déclenchant laguerre franco-thaïlandaise. Aucun camp n'étant en mesure de s'imposer, le litige est tranché par le Japon, présent au nord de l'Indochine depuis et qui octroie à la Thaïlande une partie duLaos et duCambodge.
L'attaque de Pearl Harbor provoque l'entrée en guerre des États-Unis, bientôt suivis par leMexique et par d'autres États latino-américains. Affaiblis par l'attaque japonaise, les États-Unis mettent toute leur puissance industrielle au service de la guerre et sont bientôt en mesure de porter des coups. En mai lors de labataille de la mer de Corail, en dépit d'une défaite tactique, ils empêchent le débarquement japonais enNouvelle-Guinée, puis au début de, la bataille aéronavale des îlesMidway coûte quatre porte-avions au Japon, désormais placé sur la défensive dans le Pacifique. Les États-Unis commencent la reconquête de l'océan Pacifique, île par île.
En Europe, l'Union soviétique supporte l'effort de guerre terrestre contre l'Allemagne nazie. Après avoir été défaits devantMoscou fin 1941, les Allemands ont relancé en avec succès leur offensive vers l'est, en direction duDon et de laVolga et plus au sud vers leCaucase et son pétrole mais les troupes allemandes sont encerclées fin 1942 à Stalingrad avant d'y être défaites début 1943.
En Afrique du Nord, les Britanniques ont repris l'initiative à partir de. Ils remportent une victoire décisive àEl-Alamein et commencent à repousser l'Afrika Korps vers l'ouest.
Staline presse ses alliés d'ouvrir un deuxième front à l'ouest. Après des hésitations,Churchill etRoosevelt se décident pour l'Afrique du Nord. C'est l'opérationTorch, qui se traduit par le débarquement des forces alliées auMaroc et enAlgérie, le. Le à Alger, l'amiral Darlan engage l'Afrique à reprendre le combat aux côtés des Alliés. Il est officiellement désavoué par le maréchal Pétain. Cependant, les Allemands considèrent que l'armistice de est rompu etenvahissent alors le lazone sud de la France que cet armistice avait prévu non occupée. L'armée française d'Afrique se joint aux armées alliées. En Afrique du Nord, les Allemands sont alors pris en tenaille entre les Britanniques à l'est et les Franco-Américains à l'ouest.
Au cours de l'année 1942, l'entrée en guerre des États-Unis avait entraîné une extension à tout l'océan Atlantique de la lutte des sous-marins allemands contre les navires alliés qui assurent l'approvisionnement de la Grande-Bretagne. Les convois alliés subissent de très lourdes pertes tout au long de l'année mais à partir de la fin de l'année 1942 et plus encore au début de 1943, de nouveaux moyens techniques — décryptage des communications ennemies,radars,sonars — permettent aux Alliés de détruire de plus en plus de sous-marins allemands et les pertes alliées décroissent inexorablement.
Au début de l'année 1943, les Allemands subissent sur le front oriental une très lourde défaite à Stalingrad. Après les capitulations du et du, les Soviétiques font 91 000 prisonniers, dont le maréchalPaulus, premier militaire allemand de ce rang capturé depuis 1806. Après avoir libéré le Caucase, les Soviétiques tentent de libérer l'Ukraine alors que les Allemands et leurs alliés sont à bout de souffle, mais une contre-attaque allemande àKharkov (Ukraine orientale) stoppe l'Armée rouge. Les Allemands mènent une offensive d'été limitée àKoursk (en Russie, au nord deKharkov), en compensant leur manque d'infanterie, à la suite de la bataille de Stalingrad, par un fort déploiement de chars avec de nouveaux matériels. Attendus par les Soviétiques qui fortifient la région et amassent de grande quantité de blindés, les Allemands sont de nouveau défaits. Sans attendre, les Soviétiques déploient leurs chars et reprennent leurs offensives pour la libération de l'Ukraine.
Avec la prise deTunis, le et la reddition des troupes allemandes et italiennes, lesAlliés sont maîtres de toute l'Afrique du Nord. Le, ilsdébarquent en Sicile et prennent pied sur la péninsule italienne en septembre, le jour même oùBadoglio, le successeur deMussolini, évincé du pouvoir, annonce un armistice qui préfigure un retournement d'alliance. Les Allemands envahissent le territoire de leur ancien partenaire et bloquent de longs mois les troupes alliées de onze nationalités aumont Cassin.Rome n'est libérée que le, laToscane en. La plaine duPô n'est atteinte qu'en.
Pour la première fois depuis le début de la guerre, les trois dirigeants alliés,Churchill,Roosevelt etStaline se rencontrent àTéhéran à la fin du mois de pour esquisser ce que sera le monde de l'après-guerre.
Sur le front oriental, l'Armée rouge ne cesse de progresser vers l'ouest.Elle entre à Kiev, en Ukraine, en, dégage Leningrad en. Le, alors qu'un front à l'ouesta été ouvert en Normandie, elle lance la plus grande offensive de son histoire : l'opérationBagration, qui libère laBiélorussie en quelques semaines et occupe laPrusse-Orientale et la Pologne jusqu'aux faubourgs deVarsovie. Toutefois, l'Armée rouge s'arrête tant pour des raisons militaires notamment « l'épuisement de la dynamique de l'offensive » face à la « contre-offensive de3 divisions panzer SS »[50] que politiques, en laissant écraser l'insurrection de Varsovie (-), Staline élimine en pratique la résistance non communiste du jeu politique d'après guerre[51]. Du au, lefront roumain cède,Roumanie etBulgarie passent dans le camp des Alliés, mais,en occupant le sonalliée la Hongrie, Hitler empêche le régentMiklós Horthy d'en faire autant, et il faut ensuite aux Soviétiques cinq mois de siège deBudapest pour s'ouvrir en la route deVienne. En Yougoslavie, les partisans deTito libèrent une grande partie du pays et entrent dansBelgrade en sans l'aide de l'Armée rouge.
Le, 4 126 navires alliés réussissentle plus grand débarquement de l'Histoire sur les plages deNormandie, prenant les Allemands par surprise et ouvrant enfin le second front. Malgré l'exploit logistique, l'armée hitlérienne parvient à contenir les Anglo-Saxons en Normandie pendant plus de dix semaines dans une longue bataille d'usure (bataille des Haies,bataille de Caen), jusqu'à ce que lapercée d'Avranches () ouvre la voie de laBretagne et prenne les troupes allemandes à revers en les encerclant dans lapoche de Falaise. Paris insurgée est libérée le. Auparavant, le, des troupes américaines et françaises avaient débarqué enProvence, sur la côte méditerranéenne.
La progression se fait alors rapidement et, à la mi-septembre, presque toute la France et la Belgique sont libérées par lesarmées alliées. Mais alors que les Alliés espéraient une fin du conflit avant la fin 1944, la résistance nazie allemande va s'intensifier. L'opération aéroportée pour tenter une percée vers l'Allemagne par les Pays-Bas échoue (). La pénurie d'essence et les problèmes logistiques obligent à une bataille sur les abords de l'Escaut (novembre 1944) menée par les Canadiens pour libérer les accès maritimes du port d'Anvers. Dans l'est de la France, les Américains et les Français, d'abord à court de carburant, n'avancent que lentement face à une défense allemande qui s'est renforcée. Lacontre-attaque allemande dans lesArdennes (Noël 1944) surprend totalement les Américains, mais s'essouffle au bout d'une dizaine de jours. Elle contribue toutefois à retarder le passage du Rhin jusqu'à fin. Une largefamine touche les Pays-Bas durant l'hiver de 1944, tuant plus de 20 000 personnes. L'opérationManna est déclenchée par les Alliés pour parachuter des vivres à la population.
Écrasée sous les bombes, assaillie de tous côtés, l'Allemagne nazie voit sa capitale Berlin investie le par les Soviétiques.Hitler s'y donne la mort dans son bunker le même jour. Le àReims au QG du SHAEF, le colonel généralAlfred Jodl signe l'acte de reddition inconditionnelle des forces armées allemandes. Pour des questions de prestige, Staline exige cependant une capitulation signée à Berlin par les plus hauts représentants de laWehrmacht et des alliés. Un embargo est posé sur l'annonce de la capitulation de Reims[52]. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, à Berlin, le maréchalWilhelm Keitel, l'amiralvon Friedeburg et le généralStumpff signent à leur tour la capitulation du Troisième Reich en présence des représentants des Alliés, le maréchalJoukov, le maréchalTedder, le généralde Lattre de Tassigny et le généralSpaatz. C'est donc officiellement le que l'Allemagne capitule, ce qui met fin à la guerre en Europe. Il est communément admis que la signature a lieu peu avant minuit (peu après à l'heure de Moscou)[53] ; néanmoins, certains historiens la situent peu après minuit, antidatée du 8 mai, afin de se conformer à ce qui a été signé à Reims[54].
De l'attaque nazie aux résistances anglaises et grecques
Après s'être assuré de ne pas risquer une guerre avec l'URSS en signant lePacte germano-soviétique, Hitler lance ses armées sur la Pologne, le, sans déclaration de guerre (voir :incident de Gleiwitz). En application de leur alliance, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne le. En particulier, la France a garanti après 1918 par des traités d'assistance mutuelle l'existence de la plupart des pays nouvellement créés enEurope centrale. Cependant, malgré la pression deChamberlain, pas plus qu'elle n'a respecté ses engagements envers les précédentes victimes d'Hitler, la France rechigne à ses obligations envers la Pologne : celles-ci prévoyaient que la France attaquerait l'Allemagne15 jours après le début de lamobilisation générale[55]. Mais mise à part une brèveoffensive limitée en Sarre du 6 au, les Français restent l'arme au pied, alors que la Pologne fait seule face à l'agression allemande puis soviétique. Les Allemands utilisent pour la première fois leurs tactiques innovantes, communément appelées « guerre éclair » (Blitzkrieg), qui assurent à laWehrmacht une victoire rapide, essentielle pour elle puisqu'elle écarte ainsi le risque d'avoir à mener une guerre sur deux fronts. Conformément aux clauses du pacte signé, l'URSS prend sa part de la Pologne en l'attaquant le.
Le, toujours suivant ce pacte, l'URSSattaque la Finlande pour lui prendre la région frontalière deCarélie, près deLeningrad, malgré les protestations des Franco-Britanniques qui menacent d'intervenir. Les Finlandais se battirent cinq mois, puis finissent par céder. À l'été 1940, l'URSS intègre lesÉtats baltes et laMoldavie, sans combats.
Relève dans un gros ouvrage de la ligne Maginot en 1939.
Après sa première campagne victorieuse, Hitler se tourne vers l'ouest, mais rien ne se passe sur ce front pendant plusieurs mois. Retranchés derrière laligne Maginot, une partie des soldats français attend l'assaut allemand pour l'endiguer. C'est ce que les Français appellent laDrôle de guerre. Legénéralissime Gamelin, s'attendant à une réitération de 1914, où les Allemands étaient passés par la Belgique neutre, une partie de l'armée française se prépare à s'avancer en Belgique, et éventuellement aux Pays-Bas, si les Allemands les attaquaient.
Enfin, le, l'Allemagne lance l'opérationFall Gelb une vaste offensive sur lesPays-Bas, laBelgique et leLuxembourg, violant laneutralité de ces États. Une partie importante des armées françaises se déploient alors vers la Belgique et les Pays-Bas, mais elles sont prises à revers par les blindés allemands qui passent par lesArdennes – lapercée de Sedan –, jugées infranchissables par les Français et malgré des batailles de retardement livrés par lesChasseurs ardennais belges aux frontières et dans les forêts. Après une victoire éphémère des blindés français du généralPrioux à Gembloux, au sud deBruxelles, et des reculs successifs des franco-belgo-britannique sur laMeuse et laDendre, les blindés allemands atteignent alorsla Manche le puis remontent vers le nord, encerclant les Belges et les Franco-Britanniques, dos à la mer.
Les Belges, tournés sur leur gauche après l'effondrement de l'armée néerlandaise le et n'ayant plus de réserves au terme d'une ultime résistance de quatre jours, lors de la bataille d'arrêt de laLys, cessent le combat le à court de munitions et après que les troupes britanniques qui occupaient la droite belge eurent précipitamment fait retraite versDunkerque.
En France, le généralGamelin, commandant en chef des armées alliées, est révoqué par le gouvernement français. Sa stratégie consistant à tenter sans cesse de recréer un front continu franco-belgo-britannique s'est révélée impuissante face au système allemand de guerre éclair dit « blitzkrieg » fait de percées profondes par des chars suivis de troupes motorisées qui désarticulent les armées alliées. Le, Gamelin est remplacé par le généralMaxime Weygand. Mais, faute de réserves suffisantes, les Franco-Britanniques, qui n'ont jamais pu mener de contre-offensive satisfaisante, sont repoussés dans une poche autour deDunkerque.
[[Fichier:British troops retreat dunkerque.png|vignette|upright=0.8|L'[[Évacuation de Dunkerque|opérationDynamo]].]]
La Royal Navy et les bateaux de plaisance britanniques parviennent à évacuer les troupes britanniques et une petite partie des forces françaises à Dunkerque (opérationDynamo) en perdant leurs équipements lourds et sans rien préparer pour évacuer ce qui reste de l'armée belge qui, faute de munitions et sans presque plus de territoire à défendre, tombe dans les mains allemandes par la reddition du. Il s'agit d'un acte purement militaire conclu sous la contrainte des évènements et dans lequel le lâchage de l'aile droite belge par les Britanniques joue un rôle déterminant. Ce n'est pas une capitulation comme celle à laquelle les Français vont se résigner en juin, engageant leur gouvernement et tout l'empire français dans la voie d'une tentative de collaboration avec l'Allemagne. Leroi des BelgesLéopold III est prisonnier, mais le gouvernement belge, qui refuse de baisser les bras, se réfugie en France avant, à l'armistice franco-allemand, de gagner le Royaume-Uni pour y représenter la Belgique à la tête de quelques forces militaires et duCongo belge avec sa force armée et son potentiel minier et agricole.
Ayant perdu tout le nord de la France, les Franco-Britanniques entreprennent d'établir une ligne de défense le long de laSomme, de l'Aisne, jusqu'à la ligne Maginot. Ayant perdu beaucoup de leurs moyens dans la bataille qui a précédé, les Alliés ne peuvent empêcher une nouvelle percée allemande début juin. L'armée allemande se répand alors sur toute la France, prenantParis le. Le président du ConseilPaul Reynaud démissionne et le nouveau gouvernement du maréchalPhilippe Pétain choisit de demander l'armistice le 17 juin, contre l'avis de l'allié britannique. Il est signé le : l'Allemagne occupe la partie nord et ouest de la France.
En France, Pétain instaure un régimeautoritaire etcollaborateur, désigné sous le nom officiel d'État français, dit plus couramment« régime de Vichy ».
En Belgique, c'est un gouverneur militaire qui exerce le pouvoir en concurrence avec lesSS. Le roiLéopold III, considéré prisonnier, n'a plus aucun pouvoir et est ensuite déporté. Mais quelques ministres et parlementaires sous l'autorité des principaux ministres du gouvernement,Pierlot,Spaak etGutt se sont réfugiés à Londres après l'effondrement de la France et sont reconnus par toutes les puissances belligérantes comme représentant légalement la Belgique. Le ministreAlbert de Vleeschauwer, chargé des finances de la Belgique et du Grand Duché de Luxembourg (unies en vertu de l'accord économique de 1920) est aussi en possession de larges pouvoirs auCongo belge, avec sa puissance économique et sa force armée. Les Belges exilés et les Belges d'Afrique continuent donc la guerre en allant remporter une victoire sur les Italiens d'Abyssinie, tandis que les militaires qui ont pu atteindre l'Angleterre continuent la guerre dans l'aviation et la marine.
Occupation d'Athènes en.
Voyant les succès de l'Allemagne,Mussolini avait voulu aussi lancer son pays dans les conquêtes. Il avait déjàoccupé l'Albanie au début de 1939 et, le, il attaque également la France, mais ne progresse que de quelques kilomètres.
N'ayant pu obtenir de paix avec la Grande-Bretagne, Hitler lance une offensive aérienne sur celle-ci,préparant un débarquement. Mais l'Allemagne ne parvient pas à vaincre laRoyal Air Force dans labataille d'Angleterre. Ainsi, elle ne peut obtenir la supériorité aérienne nécessaire pour envahir les îles Britanniques. Afin de pousser les Britanniques à la paix, Hitler commence en septembre une campagne de bombardement sur les villes britanniques (dite leBlitz,l'éclair), principalement surLondres et intensifie sonblocus (ditbataille de l'Atlantique), essentiellement parsous-marins, pour affaiblir le Royaume-Uni. Mais c'est un échec, l'Allemagne ne parvient pas à briser rapidement la résistance britannique, qui réussit grâce à des pilotes de la RAF. Après la Seconde Guerre mondiale, Churchill écrit : « Dans l'histoire des luttes humaines, il n'y avait jamais tant de gens qui étaient tellement obligés à si peu de gens[56]. »
Le, sans consulter son allié allemand, Mussolini décide d'attaquer laGrèce. Maisla résistance de l'armée grecque du dictateurMetaxás parvient à arrêter les Italiens et à passer à la contre-offensive, avec succès : les Grecs occupent alors le quart sud de l'Albanie italienne. Pour prêter main-forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines l'opération contre l'URSS, etenvoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce, à travers son allié laHongrie, et laYougoslavie, envahie car refusant de laisser le passage, et où les Allemands sont aidés par lesOustachis, croates nationalistes d'Ante Pavelić. Les armées yougoslave et grecque sont écrasées en trois semaines, ce qui permet à Hitler d'occuper tout le sud de l'Europe. La Résistance armée est plus vigoureuse en Yougoslavie que partout ailleurs en Europe : les résistances nationaliste deDraža Mihailović (Tchetniks) et communiste deTito (Partisans), vont immobiliser de nombreuses troupes depuis la fin de 1942 jusqu'à la fin de la guerre.
Les opérations dans les Balkans ont retardé l'invasion de l'URSS connue sous le nom d'opérationBarbarossa. Celle-ci ne commence que le. L'Allemagne, en attaquant par surprise l'Union soviétique, s'empare de grandes portions de territoires et capture de nombreux soldats.
Ils le font d'autant plus facilement queStaline a choisi de faire confiance à Hitler, alors qu'il reçoit depuis des mois des informations précises et concordantes de ses agents à l'étranger. « Pour des raisons politiques, Staline s'abstient d'utiliser leurs informations. Jusqu'au dernier moment, il s'attend à une réouverture des négociations avec les Allemands… Les généraux soviétiques partagent souvent ce point de vue[57]… » De plus, aux premières heures de l'attaque, Staline, dans l'espoir d'arranger les choses avec Hitler, interdit même aux forces soviétiques de traverser la frontière en cas de contre-attaque victorieuse, et initialement celles-ci n'osent pas ouvrir le feu alors qu'elles sont martelées par les bombes allemandes.
Cependant, pour la première fois, une armée ne s'effondre pas devant laWehrmacht : en dépit de ses lourdes défaites, l'Armée rouge ne cesse dès le premier jour de multiplier les contre-attaques, à la surprise des officiers allemands. L'avance considérable des troupes hitlériennes se révèle en même temps plus lente que prévu, le nombre de divisions et de chars soviétiques nettement supérieurs aux estimations des services secrets. Les Soviétiques déplacent leur base industrielle dans l'Oural, reçoivent l‘aide alliée par les ports arctiques toujours en leurs mains, et produisent dès 1942 plus d'armes que l'Allemagne, tandis que l'Armée rouge oppose une défense héroïque qui, aidée par unhiver éprouvant, leur permet de défendre notammentMoscou etLeningrad.
Panzer IV en concentration dans les plaines devant le saillant deKoursk, le.
Staline a par ailleurs su réveiller lenationalisme russe et organiser l'union sacrée face à l'agresseur : il reçoit le soutien des Églises, met en veilleuse lecollectivisme agraire et une partie du contrôle policier sur la société, et substitue les références patriotiques à celles au communisme, dès son discours du où il s'adresse habilement à ses « frères et sœurs » soviétiques. Il ne néglige pas non plus de maintenir une réelle terreur contre ses officiers et ses généraux, dont beaucoup sont fusillés pour « incompétence » dans les premiers mois de la guerre, tandis que les millions de prisonniers sont officiellement reniés et considérés comme des traîtres (et leurs familles avec eux), et les soldats défaillants exposés à l'exécution ou à la déportation auGoulag : au front, des équipes spéciales duNKVD se chargent même, en 1941 comme àStalingrad, de mitrailler les soldats qui refluent vers l'arrière.
En 1943, après ledébarquement en Sicile, puis un autre dans la péninsule italienne, les Alliés entament lacampagne d'Italie.Mussolini chassé, le pays capitule et se range du côté desAlliés. Néanmoins, l'Allemagne peut tenir une ligne de défense dans les montagnes qui freine cette progression dans la péninsule. Il faut attendre début 1945 pour que les nazis soient complètement repoussés d'Italie.
Fin, lesAlliés peuvent enfinfranchir le Rhin et occuper de vastes secteurs de l'Ouest et du Sud de l'Allemagne, tandis que, à l'Est, lesSoviétiques progressent de façon continue, libérant l'Europe centrale puis atteignantBerlin. Dans les rues de Vienne et Berlin assaillies par l'Armée rouge, des escadrons SS font encore régner la terreur en pendant en public ceux qui refusent de continuer un combat sans espoirs.Hitler se suicide le30 avril d'une balle dans la tête dans leFührerbunker de lachancellerie du Reich. Le même jour, les Soviétiques plantent leur drapeau sur le toit dupalais du Reichstag, l'ancien siège duParlement allemand, dans un Berlin en ruines. Labataille de Berlin continue jusqu'au. L'Allemagnecapitule sans condition le. LeTroisième Reich pour lequel Hitler prédisait une durée d'un millénaire n'aura finalement duré qu'un peu plus de 12 ans.
En, l'armée italienne, partant de sacolonie de Libye, attaque les troupes britanniques et duCommonwealth enÉgypte, mais est mise en déroute jusqu'à ce que l'Allemagne la renforce. Des combats se succèdent alors, dans le désert d'Afrique du Nord, entre les forces italiennes appuyées par l'Afrika-Korps d'Erwin Rommel et la8e armée britannique.
EnAbyssinie, une armée britannique venant du nord accompagnée par un contingent français, et, au sud, une force belge venant duCongo Belge prennent les Italiens en tenaille et les battent. LeNegus est réinstallé sur son trône àAddis-Abeba.
Le, pour soulager l'Union soviétique qui résiste seule à l'assaut allemand, les forces américaines et britanniques débarquent au Maroc et en Algérie, contrôlés par legouvernement de Vichy : c'est l'opérationTorch. Les troupes françaises de Vichy ripostent et s'opposent aux alliés débarqués jusqu'à ce qu'un accord négocié avec l'amiral Darlan mette fin aux combats[58].Les alliés chassent finalement l'Axe du continent africain, avec l'aide de l'armée d'Afrique retournée et desForces françaises libres. Depuis l'Afrique du Nord, les Alliés peuvent alors organiser les débarquements enSicile (opérationHusky) puis en Italie (opérationsBaytown etSlapstick) à l'été 1943, et enProvence (opérationAnvil) à l'été 1944.
Enlisée en Chine, l'Armée impériale japonaise a systématiquement recours, dès 1937, à l'utilisation d'armes chimiques. Selon les historiens Matsuno et Yoshimi, celles-ci furent notamment utilisées à 375 reprises lors de labataille de Wuhan à l'automne 1938. L'emploi d'armes bactériologiques est quant à lui autorisé par leQuartier général impérial à compter de 1940, mais jamais contre des Occidentaux.
Soumis à compter de 1941 à un embargo sur lepétrole après son occupation de l'Indochine, le Japon ne peut plus désormais réaliser sapolitique expansionniste sans détruire la principale menace qui peut encore s'opposer à lui dans le Pacifique : la force navale des États-Unis basée à Hawaï. Employant à nouveau la stratégie qui lui a réussi contre la Russie, le Japon décide de bombarderPearl Harbor le par surprise, débutant ainsi laguerre du Pacifique. La flotte est fortement endommagée, mais les porte-avions sont en mer.
Carte des débarquements américains dans l'océan Pacifique de 1942 à 1945.
Leraid de Doolittle en marque le début de la riposte américaine. En mai 1942, la bataille entre porte-avions de lamer de Corail tourne à l'avantage des alliés. Un mois plus tard, celui-ci est accentué par celle deMidway.
À partir du début de 1942, l'Armée impériale japonaise tente de neutraliser la résistance communiste chinoise en lançant lapolitique des Trois Tout(三光作戦,Sankō Sakusen?,« tue tout, brûle tout, pille tout »), une stratégie de laterre brûlée, dans le Nord de la Chine, tandis que des attaques répétées sont lancées contre les place-fortes des nationalistes chinois.
En dépit de la détermination de l'armée japonaise, les Alliés reprennent peu à peu les îles du Pacifique comme àGuadalcanal, lesSalomon puis lesPhilippines après labataille du golfe de Leyte (octobre 1944), cette dernière restant la plus grande bataille aéronavale jamais survenue[59]. Soumis à blocus et coupé progressivement de ses ravitaillements en matières premières, le Japon est au bord de l'asphyxie économique à l'été 1945.
Le site d'Hiroshima, après le bombardement nucléaire.
L'engagement en 1944 des premierskamikazes de l'histoire — ces avions-suicides qui se jettent sur les navires ennemis — ne peut freiner la reconquête américaine mais prouve la détermination des Japonais.
L'effort de guerre des belligérants porte principalement sur l'industrie de l'armement. Il consacre la supérioritéindustrielle des États-Unis. Dès le, le président américain Roosevelt annonce qu'il veut faire de son pays« le plus grandarsenal de la démocratie » et y parvient grâce auVictory Program : en 1944, la production des États-Unis atteint plus du double de celle de l'Axe. L'Amérique fournit les deux tiers de l'équipement militaire des Alliés, leur assurant 40 % de l'armement mondial et 60 % des munitions[60].
« Guerre de mouvement sur de vastes espaces, la Deuxième Guerre mondiale a été une guerre du moteur »[61].
L'usage généralisé des chars est une première illustration de cette tendance à la motorisation. Alors que l'armée française fait le choix d'une dispersion des chars, mis au service des unités d'infanterie, les Allemands en adoptant une tactique basée sur l'utilisation des chars groupés sortent vainqueurs de labataille de France. La conception du char lui-même oscille entre deux tendances : la puissance et la maniabilité. L'expérience de la guerre d'Espagne a montré que le blindage est moins important que la silhouette basse, moins vulnérable, la tourelle mobile à 360° et la puissance du canon. Mais au cours de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une croissance en poids, en blindage et en puissance de feu. Ainsi, le char allemandTigre I fait 57 tonnes. L'américainSherman M4 et le soviétiqueT-34, utilisés jusqu'à la fin de la guerre restent dans la gamme des 30 tonnes. La concentration de chars dans des divisions blindées permettent de mener des guerres éclairs (Blitzkrieg), comme laBataille de France en mai-juin 1940 remportée par les Allemands. L'Allemagne nazie commet l'erreur d'envahir l'URSS en sous-estimant le nombre de ses chars et la qualité des nouveaux, comme leT-34, rustique et endurant. La plus grande concentration de chars a eu lieu lors de labataille de Koursk[62], en Russie, enjuillet 1943.
Les progrès des chars vont de pair avec les progrès de l'armement antichar : l'usage de lacharge creuse permet de percer des blindages de plus en plus épais. Des tubes lance-roquettes comme lebazooka permettent au fantassin de disposer contre les chars de la puissance d'un artilleur[63].
Aviation
Parallèlement à l'utilisation de chars, on assiste tout au long de la guerre à un accroissement des transports motorisés des troupes, au détriment des chevaux, encore très présents tant du côté français que du côté allemand lors de la bataille de France ou encore sur lefront de l'Est, principalement pour des raisons logistiques. La division blindée américaine de 1944, sera, elle, entièrement motorisée.
Les immenses progrès de l'aviation réalisés entre les deux guerres vont donner aux différents avions de guerre une place de première importance. L'amélioration des structures de l'avion permet aux chasseurs-bombardiers comme leStuka d'opérer desbombardements en piqué et de prendre ainsi toute leur part dans les combats terrestres. Les bombardiers lourds comme laforteresse volante américaine, dont le rayon d'action atteint, à la fin de la guerre, 5 000 kilomètres, sont utilisés dans des raids massifs de mille avions et plus, mettant ainsi en œuvre le concept debombardement stratégique. Pour contrer les bombardiers, les belligérants font usage de leursavions de chasse et de canons de défense contre avions (DCA). C'est l'efficacité de la DCA qui oblige à organiser les opérations de bombardement la nuit. On demande aux avions de chasse d'assurer la maîtrise de l'espace aérien sur un champ de bataille ou sur un front donné[64].
Dominés par l'aviation alliée dans la seconde partie de la guerre, les Allemands auraient pu retrouver un certain avantage dans la bataille aérienne, grâce à la première construction en série d'avions à réaction parMesserschmitt. Mais Hitler gâche cette chance en exigeant d'en faire des bombardiers, contre l'avis de ses officiers, et non des avions de chasse, ce qui aurait été bien plus approprié[65].
LaDCA doit son efficacité aux progrès techniques desradars qui surveillent le ciel et guident le tir des canons anti-aériens. À partir de 1942, les bombardiers alliés sont équipés de radars, des chasseurs de nuit allemands également. Grâce à leurs qualités croissantes, les radars sont également utilisés dans les navires alliés pour la direction des tirs. D'une façon générale, les télécommunications font partie intégrante de l'arsenal militaire. Les blindés allemands sont reliés entre eux par radio dès 1939 en liaison avec les avions, alors que leurs adversaires français ne le sont que très partiellement. Les techniques de chiffrage et de déchiffrage suivent l'évolution des techniques. Les Allemands utilisent la machine de codageEnigma, mais ledéchiffrement d'Enigma par les alliés occidentaux est un facteur fondamental qui leur permet d'inverser le cours de labataille de l'Atlantique et d'assurer finalement leur victoire finale.
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B-17 "flying fortress" bombardant Nuremberg en.
Formation de Junkers Ju 87 Stuka allemands sur le front Russe en.
Troupes américaines parachutées sur les Pays-Bas lors de l'opérationMarket Garden, 1944.
Sur mer, après la Première Guerre mondiale, le choix guidant la construction desnavires de ligne consistait en un compromis entre le blindage et la vitesse. Lescroiseurs de bataille, plus rapides que lescuirassés étaient moins bien protégés. Ce n'est qu'à la fin des années 1930 qu'apparurent les premiers cuirassés rapides. Mais ces bâtiments constituaient des cibles idéales pour l'aviation embarquée à bord des porte-avions, notamment les bombardiers en piqué et les avions torpilleurs. Malgré une puissante défense aérienne, disposant parfois de conduite de tir radar, le cuirassé reste vulnérable et cesse d'être le « capital ship » de la guerre sur mer. Le porte-avions, qui peut disposer d'un parc aérien de 50 à 60 appareils, prend un rôle de plus en plus déterminant, surtout grâce à « l'allonge » que lui permet ses escadrilles embarquées, lorsque le théâtre des opérations est éloigné de toute base terrestre, comme c'est le cas pour les États-Unis ou le Japon dans lesbatailles du Pacifique. Le porte-avions devient la pièce centrale d'un dispositif que les Américains appellent « Task force » et où les autres navires lui servent le plus souvent d'escorteurs[66].
Comme lors de la Première Guerre mondiale, les sous-marins sont largement employés pour bloquer l'approvisionnement ennemi, mais lalutte anti-sous-marine a fait d'énormes progrès depuis la Première Guerre mondiale, d'abord avec l'asdic puis avec lesonar. Lesdestroyers, lesfrégates et lescorvettes sont spécialisées dans la lutte anti-sous marine et assurent l'escorte desconvois. Dans les derniers jours de la guerre, laKriegsmarine lance de toutnouveau type de sous-marins.
Les mines sous marines constituent un autre danger pour les navires. Elles se sont considérablement perfectionnées depuis la fin du premier conflit mondial. D'abord « de contact », explosant au choc, elles sont mises à feu par le champ magnétique et les bruits rayonnants des bateaux de guerre ou de commerce. Ce sont les mines à influences magnétiques et acoustiques. Les navires s'en protègent grâce à des circuits d'immunisation magnétique (degaussing) et une meilleure signature acoustique. Des petites unités spécialisées, lesdragueurs de mines sont construites pour neutraliser ces millions d'engins de mort mouillés partout où le trafic maritime est important. Les mines sont particulièrement efficaces pour un coût modeste.
Wunderwaffe
À la fin de la Seconde Guerre, denouvelles armes font apparition sur le champ de bataille, comme l'avion sans piloteV1 lancé pour la première fois par les Allemands sur l'Angleterre dans la nuit du 13 au 14 ou le missileV2 lancé pour la première fois sur Londres le 8septembre 1944[66]. Contrairement aux craintes des alliés, les Allemands n'avaient pas de projet debombe atomique[67]. Les Américains, au contraire, avaient mis à partir de de gigantesques ressources dans leprojet Manhattan qui aboutit le 16juillet 1945, après la reddition de l'Allemagne, à la première explosion nucléaire dans le désert duNouveau-Mexique et auxbombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Drogues
L'usage desdrogues durant la Seconde Guerre mondiale est le fait à la fois despuissances alliées et desforces de l'Axe[68]. L'objectif était de rendre les soldats plus combatifs en résistant mieux à la faim et la fatigue[69], mais créera de graves complications et des effets secondaires pour la santé des troupes[70].
Les soldats de laWehrmacht recevaient des quantités importantes deméthamphétamine et decocaïne contenues dans unepilule d'attaque[71] produite dès 1938[72]. Cette dernière se présentait sous la forme de barre chocolatée qui était fournie avec la ration militaire de base[73]. Au mois de, le nombre de pilules consommées baissa considérablement passant de 12,4 millions à 1,2 million par mois[74]. Lors de lapercée de Sedan, legénéralHeinz Guderian fit donner environ 20 000 comprimés de Pervitin pour la1er Panzerdivision[75]. Les aviateurs de laLuftwaffe, recevaient quant à eux, une formule modifiée qui servait à atténuer leur sentiment d'anxiété, à augmenter leurs performances en vol, à se concentrer tout en augmentant l'estime de soi[76]. À partir de 1944, les nazis mettent au point une nouvelle pilule nomméeD-IX.
EnAsie, l'Armée Impériale japonaise commercialisa dès 1941 des pilules d'amphétamine sous le nom dePhilopon, la présentant comme un stimulant[77] et distribua également des injections de méthamphétamine[78]. À la fin de la guerre, le Japon connaît une importante crise de consommation de drogue parmi sa population[79].
Les Alliés ont quant à eux privilégié lesamphétamine à travers des cachets de benzédrine, l'Armée Britannique en distribuant jusqu'à 72 millions de cachets[80] et l'Armée américaine entre 250 et 500 millions de pilules[81]. Les pilotes de la Royal Air Force recevront notamment de la méthédrine[82].
À partir de la victoire éclair de l'Allemagne sur la France, et plus encore à partir de 1941, avec l'invasion des Balkans et de l'Union soviétique, et jusqu'à la fin 1944, la presque totalité de l'Europe est sous domination Allemande. Certains pays et certaines régions ont carrément été rattachés auGrand Reich, comme l'Autriche, leProtectorat de Bohême-Moravie, ou l'ouest de la Pologne. D'autres pays se sont alliés volontairement à l'Allemagne, il s'agit de laBulgarie, de laRoumanie et de laHongrie, mais ils sont complètement dépendants de l'Allemagne. Certains pays, comme laSlovaquie et laCroatie, doivent leur indépendance à l'Allemagne nazie. D'autres sont occupés à la suite de victoires allemandes. C'est le cas desPays-Bas, de laBelgique, de laNorvège, duDanemark, de laFrance, de laSerbie, de laGrèce[83].
La domination allemande en Europe revêt un caractère différent à l'est et à l'ouest. Les pays de l'Est européens, au peuplement slave sont considérés par les nazis comme un « espace vital » (Lebensraum) revenant à la « Race des Seigneurs ». Dans cet espace immense, il s'agit à la fois d'implanter des colons allemands, de germaniser de force les populations qui peuvent l'être, de déplacer, stériliser ou faire mourir des millions de « sous-hommes » : Polonais, Slaves soviétiques ou Tziganes, en utilisant les survivants comme esclaves, allant jusqu'à lasolution finale pour les juifs.
L'Ouest n'est pas considéré comme un espace vital à vider pour que des Allemands puissent y prendre place. Dans le nouvel ordre européen, un pays comme la France garde sa place, mais à un rang inférieur à celui de l'Allemagne. Si l'occupant allemand exerce une terreur moindre, il n'en soumet pas moins les ressources des pays conquis au pillage systématique.
En effet, sur le plan économique, le continent européen est soumis à l'hégémonie duReich. Pour l'Allemagne, il s'agit d'abord de mettre l'ensemble des ressources et capacités économiques du continent au service duReich en guerre. D'autre part, des jalons sont posés pour une intégration de toutes les économies nationales dans un grand espace économique dominé par l'Allemagne[84]. En France, on appelle les soldats allemands « doryphores », qui ravagent tout[85].
Dans la pratique, les différents moyens pour mettre l'économie de l'Europe au service de l'Allemagne vont des accords de compensation avec taux de change avantageux pour les pays alliés au pillage massif pour les pays comme la Pologne ou l'Union soviétique en passant par le paiement d'indemnités pour un pays comme la France. La mise au travail des prisonniers de guerre et les déplacements en Allemagne de millions de travailleurs représentent une forme encore plus directe de l'exploitation des ressources.
PourYves Durand,« Les occupations engendrent parmi les occupés, des comportements qui vont de la collaboration à la résistance en passant par toute une gamme d'attitudes qui ne peuvent être réduites ni à l'une ni à l'autre »[86].
Tous les pays vaincus doivent accepter au moins une forme de collaboration minimale qui permet aux peuples de survivre en acceptant au moins temporairement les conditions du vainqueur. C'est ce que Werner Rings appelle la collaboration neutre qui est typiquement pratiquée auxPays-Bas et enBelgique dont les gouvernements ont quitté le pays, mais dont les administrations font le nécessaire pour permettre aux habitants de survivre et à l'économie de tourner en étant réquisitionnée au service de l'effort de guerre allemand[87].
AuxPays-Bas, la résistance est surtout urbaine, vu la géographie du pays qui n'offre pas de sites isolés et difficiles d'accès où l'on puisse organiser une activité clandestine. Il s'agit d'espionnage et de presse clandestine. EnBelgique, l'espionnage se manifeste à travers des agents britanniques et belges recrutés et formés directement par les Britanniques et aussi par des réseaux derésistance intérieure belge dont le réseauClarence deWalthère Dewé et des réseaux d'évasion dont leRéseau Comète. À partir de 1942, les sabotages vont commencer, notamment ceux duGroupe G, une organisation d'ingénieurs qui entravent scientifiquement le potentiel militaire allemand en détruisant les équipements stratégiques comme les lignes à haute tension et des stations électriques dans le but de paralyser la production de guerre des usines réquisitionnées. Mais, en Ardenne belge, dans laprovince de Luxembourg, région accidentée et boisée, se développent des groupes demaquisards. Des parachutages d'armes depuis l'Angleterre les équiperont au fur et à mesure des années en vue des combats de la Libération. En 1944, beaucoup de ces résistants s'engageront dans les troupes belges participant à la libération de la Belgique et iront combattre avec elles aux Pays-Bas et en Allemagne avec les alliés.
Dans certains pays, comme pour laNorvège deQuisling à partir de 1942, ce sont les partisans des nazis qui gouvernent directement le pays. Les historiens les appellent généralement des « collaborationnistes ».
Dans d'autres pays, l'Allemagne préfère favoriser des dirigeants conservateurs commePétain enFrance ouNedić enSerbie qui sont présumés mieux gérer leur gouvernement. En Serbie, enCroatie, ou auMonténégro, les séparatismes locaux sont encouragés pour installer des gouvernements favorables à l'Allemagne et à ses alliés.
En France, les différents gouvernements vichystes proposent d'eux-mêmes une collaboration qui va au-delà de ce qui est prévu par l'armistice de en espérant obtenir pour le pays une meilleure place dans l'Europe allemande. Selon les termes de Paxton,« Hitler repousse la main tendue »[88]. C'est lui qui choisit ses alliés. Devant les compromissions de plus en plus graves du gouvernementLaval, une résistance s'organise, déjà à partir de l'été 1940. Dans le courant de la guerre, à cause des déportations d'ouvriers, des réseaux de réfractaires s'organisent qui deviennent desmaquisards combattants. Grâce aux parachutages d'armes depuis Londres, ils entreprennent des sabotages et attaqueront les troupes allemandes en retraite en 1944.
En Pologne, gouvernée directement par les Allemands pour être pillée et complètement asservie, il ne peut y avoir ni collaborationnistes ni collaborateurs.
L'engagement dans la « résistance » permet aux peuples dominés de continuer à s'opposer au vainqueur, à participer à l'effort de guerre des Alliés et éventuellement à la libération de leur pays. La résistance s'organise par la création de mouvements, de réseaux et demaquis, regroupant une minorité de la population et souvent en liaison avec les gouvernements en exil ou les services de renseignement britannique, soviétique ou américain.
La guerre et la domination de l'Europe qui en a résulté ont permis au régime nazi de pousser à l'extrême son idéologie raciste. Selon les termes deGoebbels : « La guerre nous offre toutes sortes de possibilités que la paix nous refusait[89]. »
Parmi ces possibilités figure un plan de nettoyage ethnique visant les populations d'Europe de l'Est : leSchéma directeur pour l'Est ; son application dans les terres conquises aura pour effet de les désorganiser en profondeur.
Le jour même de l'entrée en guerre, en, Hitler autorise l'extermination des handicapés mentaux allemands et autres malades incurables. Officiellement stoppée en août 1941 grâce à un mouvement d'opinion, l'aktion T4 conduit à « l'euthanasie » par le gaz de plus de 150 000 handicapés, nombre de techniciens de l'opération étant ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs dans les camps de la mort.
Dès 1939, les Juifs sont concentrés de force dans desghettos misérables, surpeuplés et délibérément affamés, notamment dans leGouvernement général de Pologne (voir :ghettos en Pologne occupée). Leur extermination systématique, que l'on désigne sous le nom deShoah, est d'abord mise en œuvre par des exécutions de masse pratiquées par laWehrmacht puis par lesEinsatzgruppen dans les territoires polonais et soviétiques. En URSS et dans une partie de la Pologne, la « Shoah par balles » cède en 1942 le pas à l'emploi méthodique decamions à gaz. Après laconférence de Wannsee (), la politique d'extermination (« lasolution finale de laquestion juive » dans la terminologie nazie) vise les Juifs de tous les pays occupés et prend un tour industriel. Les Juifs sont déportés dans descamps d'exterminations dans lesquels les victimes sontgazées en masse, et leurs corps réduits en cendres dans desfours crématoires. Au total, environ les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée, totalisant selonRaul Hilberg au minimum 5 100 000 personnes, sont exterminées[90]. 3 000 000 d'entre-eux étaient Polonais, soit 90 % de lapopulation juive du pays, et périront lors de la« Shoah polonaise »[91].
Prisonniers deBuchenwald, lors de la libération du camp.
Les Tziganes sont également victimes de la politique raciale des nazis. L'extermination des Tziganes est connue sous le nom dePorajmos. En décembre 1942,Himmler prend la décision de déporter vers Auschwitz tous les Tziganes d'Europe, mais se désintéresse rapidement du sujet qui ne constitue pas un enjeu stratégique de première importance. On peut estimer que pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 50 000 et 80 000 Tziganes sont morts à la suite des mesures de persécution nazies[92].
En plus descamps d'extermination dont la finalité est l'élimination immédiate des Juifs et autres catégories qualifiées de « sous-hommes », les nazis multiplient lescamps de concentration et leurs commandos pour enfermer, et généralementexterminer par le travail forcé, les opposants réels ou présumés, ou des droits communs. Les conditions particulièrement déshumanisantes de la détention et les traitements brutaux desSS et deskapo y entrainent une mortalité extrêmement forte (40 % des déportés français ne survivent pas). Au départ, ce sont des unités mobiles qui sont chargées d'exterminer les Juifs — ainsi que les Tziganes, les cadrescommunistes, voire les handicapés et les homosexuels.
Envahie en 1931, laMandchourie est devenue l'État duMandchoukouo, où l'ancien empereur de ChinePuyi exerce une autorité de façade, et qui garantit au Japon d'importantes ressources naturelles.
Des prisonniers de guerre australiens et néerlandais à Tarsau, enThaïlande en 1943.
Disséminés sur tout le territoire de la Sphère, les camps de prisonniers japonais connurent un taux important de décès car la majorité d'entre eux impliquaient le travail forcé des prisonniers. Selon letribunal de Tokyo, le taux de mortalité des occidentaux y était de 27,1 %, sept fois celui des prisonniers des camps allemands ou italiens[93]. Le taux de mortalité des prisonniers chinois était bien supérieur en raison d'une directive ratifiée le 5 août 1937 parHirohito qui éliminait les mesures de protection du droit international à l'égard de ces prisonniers[94]. Ainsi, si 37 583 prisonniers britanniques, 28 500 néerlandais et 14 473 américains furent relâchés après lacapitulation du Japon, le nombre de Chinois libérés ne fut que de 56[93],[95].
En Amérique du Nord, à la suite de l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais et à l'entrée en guerre contre l'Allemagne et l'Italie, le présidentFranklin Delano Roosevelt autorise le l'internement de dizaines de milliers d'Américains d'origine japonaise, italienne et allemande :enemy alien(en). Le Canada, dans une moindre mesure, a également détenu des citoyens originaires de ces pays dans des camps.
Conservé à la Bildarchiv der Österreichischen Nationalbibliothek deVienne, le fameux accord des « zones d'influence » contresigné par Churchill et Staline à Moscou le.
L'Allemagne est soumise àplusieurs années d'occupation. En 1949, elle est séparée en deux États, désignés des noms d'Allemagne de l'Ouest (démocratie libérale, dans la zone occupée précédemment par les Américains, les Britanniques et les Français) et d'Allemagne de l'Est (régime communiste, dans la zone occupée par les Soviétiques). Laréunification allemande n'aura lieu qu'en 1990.
L'Allemagne de l'Ouest et le Japon sont démilitarisés et démocratisés par les Occidentaux. Les principaux dignitaires de la hiérarchie nazie sont jugés, et la plupart condamnés pourcrime contre l'humanité (une notion nouvelle, juridiquement définie à la suite des crimes nazis) ou pourcrime de guerre lors d'unprocès international à Nuremberg. Les chefs militaires japonais répondent de leurs exactions devant le tribunal international de Tokyo, mais l'empereurHirohito et des criminels de guerre commeShirō Ishii, ancien chef de l'unité 731, sont exempts de toute poursuite pour leur coopération avec les États-Unis. Un certain nombre d'ex-responsables nazis obtiennent aussi l'impunité grâce à des initiatives américaines comme l'opérationPaperclip et retrouvent plus tard des postes de responsabilité.
EnEurope centrale et enEurope de l'Est, zones investies en 1944-1945 par l'Armée rouge, les partis communistes locaux prennent le pouvoir entre 1945 et 1948 sous influence de l'Union soviétique. Dès mars 1946,Winston Churchill, qui, pour garder la Grèce dans le giron occidental, avait consenti à un partage de l'Europe en « zones d'influence » par l'accord de Moscou du, déclare qu'« unrideau de fer s'est abattu à travers le continent ». EnGrèce, malgré l'absence de soutien de l'URSS aux communistes grecs, majoritaires dans larésistance locale, uneguerre civile se prolonge jusqu'en 1949 et manque de faire basculer la Grèce dans le camp communiste, avant que le gouvernement monarchique ne remporte à grand-peine la victoire grâce au soutien duRoyaume-Uni. EnPologne,Tchécoslovaquie,Hongrie,Roumanie,Bulgarie,Yougoslavie etAlbanie, où les communistes étaient largement minoritaires, des régimes communistes sont mis en place : lebloc de l'Est se constitue en Europe, signant le début de laguerre froide. Seul le régime communiste deTito, qui avait en Yougoslavie une certaine assise populaire, surtout chez lesSerbes, prend en 1948 uneposition indépendante vis-à-vis de l'URSS.
Les institutions d'avant-guerre ne perdurent que dans une minorité d'États européens et asiatiques. Toutes les monarchies d'Europe de l'Est sont abolies par la construction rapide desrégimes communistes, qui balayent également les entreprises, le tissu syndical et associatif, et les libertés publiques de ces pays. Un référendum abolit la royauté en Italie () ; elle ne se maintient en Grèce qu'au prix d'uneguerre civile, et en Belgique la « question royale » posée par l'attitude deLéopold III pendant la guerre, ne trouve de réponse qu'avec son abdication en 1951. Au Japon, les Américains maintiennent l'empereurHirohito, pourtant constamment tenu informé des crimes commis par ses armées, mais imposent l'abolition du culte impérial qui le proclamait d'essence divine. En France, laIIIe République, rendue responsable de la défaite, cède la place à une nouvelle constitution.
Partout à l'Ouest, les gouvernements s'engagent dans la construction duWelfare State ou État-Providence : nationalisations, planification, intervention de l'État, lois de protection sociale sont désormais à l'ordre du jour pour une trentaine d'années. Nationalisations, planification et intervention de l'État prennent des formes extrêmes à l'Est, où la sphère privée se réduit désormais aux seules familles et à leurs biens meubles.
La recherche scientifique et technique, dans l'ensemble, bénéficient d'une forte impulsion, en particulier pour la maîtrise de l'atome dans leprojet Manhattan et la recherche sur les fusées qui permettra des programmes spatiaux. La guerre a aussi vu le premier usage massif desantibiotiques dont lapénicilline inventée par les Britanniques, ou encore duDDT, utile aux Américains dans les marais du Pacifique. Mais, pendant quarante ans, laguerre froide entre « zones d'influence » empêche les scientifiques de communiquer librement entre eux et draine de nombreuses ressources et technologies vers la sphère militaro-industrielle, au détriment du développement civil.
Conséquences au Royaume-Uni
V forVictory, Churchill au balcon deWhitehall, le8 mai 1945 (jour V-E)Carte de l'Europe publiée en Angleterre parThe National Savings en 1946.
Les autres alliés en effet, et si l'on excepte le Royaume-Uni, ont un rôle mineur ou bien sont écartés des négociations qui aboutissent à la mise en place de deux zones d'influence, suivant les accords deYalta et dePotsdam. Cette situation, qui porte en elle les germes de laguerre froide, dure jusqu'en 1989.
Le Royaume-Uni sort considérablement affaibli de la guerre. Celle-ci, en effet, a consacré le déclin des puissances coloniales : le mouvementQuit India s'est développé durant le conflit auxIndes britanniques, les indépendantismes indien et birman ayant pris des formes parfois violentes. L'Indian Independence Act de 1947 prend effet à l'été 1947, immédiatement suivi par lapartition des Indes. LaBirmanie obtient son indépendance en 1948. Par la suite, les îles britanniques connaissent une crise sans précédent, due à la reconstruction et à la restructuration de son économie.
En 1939, enGrande-Bretagne, entre 450 000 et 750 000 chiens et chats — selon les sources — ont étéeuthanasiés en quelques jours seulement. Cela s'est produit en raison de la peur des pénuries alimentaires et des bombardements imminents[98],[99],[100].
Lalibération de la France s'accompagne de l'épuration d'une partie des personnes suspectées d'avoircollaboré. Les Allemands et leurs collaborateurs ont multiplié les atrocités sous l'Occupation, puis pendant leur retraite. Aussi dans les territoires libérés par les résistants, et malgré les efforts de la plupart de leurs chefs et descommissaires de la République pour instaurer au plus vite une épuration légale et judiciaire, de nombreuses exécutions sont expéditives et pas toujours précédées de jugements. Environ 20 000 femmes sonttondues pour « collaboration horizontale[101] ». De ce fait, des erreurs sont commises dans cette libération rapide et des innocents injustement assassinés. Les historiens estiment qu'environ 11 000 exécutions sommaires ont lieu, aux trois quarts pendant les combats. L'épuration sauvage a pu être d'autant plus brutale que la population peut avoir envie de se venger des exactions de la milice et des Allemands dans leur déroute et que le gonflement des effectifs de la Résistance a permis à certains résistants de la24e heure de se dédouaner ainsi à peu de frais.
À l'opposé, certains collaborateurs sont parfois acquittés ou condamnés à de faibles peines (malgré la gravité de leurs crimes) par les tribunaux réguliers dont la majorité des juges ont prêté serment àPétain. D'autres furent jugés par la Haute Cour composée de résistants, mais l'importance des condamnations décrut avec le temps. C'est ainsi qu'en 1949, le dernier accusé jugé est acquitté : le secrétaire d'État à l'Intérieur de Pétain,René Bousquet (qui mit la police et la gendarmerie françaises à la disposition des occupants pour faire la chasse aux résistants et déporter près de 60 000 Juifs) est acquitté. Les collaborateurs n'ont été poursuivis que pourtrahison et non pourcrime contre l'humanité.
De Gaulle empêche le développement d'une situation arméeinsurrectionnelle (voirHistoire de France), en amalgamant les mouvements ayant participé à la Résistance à l'armée régulière issue de l'armée d'armistice cantonnée en Afrique (dont nombre de cadres avaient été vichystes avant de se rallier en 1942). Non sans mal, les résistants desForces françaises de l'intérieur (FFI) et desFrancs-tireurs et partisans (FTP) sont intégrés dans l'armée régulière sans trop d'à-coups. L'intégration des milices patriotiques duPCF est négociée contre leur participation au gouvernement et l'amnistie deMaurice Thorez.
Humiliation des femmes tondues, soupçonnées d'avoir collaboré.
Au nom de lareconstruction du pays, qui s'effectue via une forte croissance et afin de permettre à la France de tenir son rang nouvellement restauré aux côtés des Alliés, l'épuration de l'administration est limitée. Certains hauts fonctionnaires invoquent la continuité de l'État comme acte de résistance. Les policiers dont une partie a poursuivi les résistants se dédouanent par une insurrection à Paris à la veille de la Libération. Certains collaborateurs se font oublier en intégrant des régiments de FFI ou en s'engageant dans le corps expéditionnaire d'Extrême-Orient (engagé en Indochine), ce qui est par la suite exploité par la propagandeViệt Minh.
La France oublie qu'elle fut anglophobe et pétainiste après lebombardement de Mers el-Kébir, que des gendarmes français gardèrent lecamp de concentration de Drancy et convoyèrent les convois de déportés jusqu'à la frontière. La proportion de Juifs d'avant-guerre ayant survécu n'est pas la plus importante de tous les pays occupés, les Juifs dit apatrides ont été bien moins protégés que les Juifs français. Pour un temps, la législation française considéra que seuls les Allemands peuvent être poursuivis pourcrime contre l'humanité. Le procès manqué deBousquet ainsi que les procès tardifs dePaul Touvier etMaurice Papon sont emblématiques de cette politique.
Conséquences en Belgique
Le différend né le entre leroiLéopold III et legouvernement ne sera apaisé qu'en 1950 avec l'abdication du roi revenu d'exil. Voulant rester avec l'armée prisonnière, Léopold III n'avait fait signer qu'une reddition limitée aux troupes sur le terrain, ce qui permit au gouvernement parti à Londres de continuer la guerre avec les troupes duCongo belge et celles qu'il put reconstituer en Angleterre (armée, aviation, marine). Le reproche du gouvernement et d'une partie de la population était que le roi n'aurait pas dû se marier en pleine guerre alors qu'il avait promis de partager le sort de ses soldats, puis plus tard de ne pas s'être réfugié à l'étranger pour prendre la tête de la résistance à l'Allemagne ; enfin, à la Libération, la découverte de son "Testament politique" peu favorable à la cause alliée et d'un ton rancunier envers le gouvernement réfugié à Londres le discrédita dans une partie de la classe politique et de la population. La division de l'opinion publique à ce sujet donna lieu, après la guerre, à des affrontements allant jusqu'à des manifestations violentes entre défenseurs du roi et partisans de son abdication. Des violences avaient déjà atteint le pays pendant l'occupation allemande, les collaborateurs de l'ennemi ayant perpétré des attentats contre la population (entre autres latuerie de Courcelles) et l'exécution de personnalités politiques et économiques abattues en pleine rue car suspectées d'être en faveur des alliés et de la résistance intérieure.
Les actions derésistance intérieure belge se manifestèrent d'abord par de l'espionnage, notamment par le réseauClarence organisé dès 1939 parWalthère Dewé (qui avait déjà dirigé le réseau de laDame Blanche en 1914-18). Dès 1942, commencèrent des actions de sabotage de voies ferrées, la destruction de lignes à haute tension alimentant l'industrie allemande avec de l'électricité belge par leGroupe G. Il en résulta des représailles sous la forme de prises d'otages et l'exécution de résistants arrêtés. Le roi lui-même, auteur de lettres à Hitler pour protester contre les déportations, reçut en réponse une menace de déportation, ce qui arriva lorsqu'il fut emmené en Allemagne avec sa famille en 1944. D'autre part, après la guerre, des centaines de procès entrainèrent l'exécution capitale par fusillade de collaborateurs de l'ennemi, mais aussi de dénonciateurs désignant aux autorités allemandes des résistants, voire des personnes innocentes dont d'aucuns voulaient se débarrasser pour des raisons privées.
Furent, entre autres, exécutés des tortionnaires du camp de concentration installé àBreendonk, entreBruxelles etAnvers et des collaborateurs de la police allemande. Le gouverneur allemand de la Belgique, le généralAlexander von Falkenhausen fut tenu prisonnier jusqu'en 1949, puis jugé, condamné à vingt ans de prison, les juges militaires belges ayant tenu compte de son opposition aux nazis -qui lui valut d'être arrêtés par ceux-ci- Après quelques années, il fut libéré et rentra en Allemagne où il épousa une ancienne résistante. Sur divers plans, la guerre et l'occupation allemande eurent des suites durables dans l'évolution historique de la Belgique. C'est surtout sur le plan des communautés linguistiques et culturelles que la politique allemande de division entre flamands etwallons s'est faite sentir. Déjà, pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands, qui occupaient les neuf dixièmes du territoire belge, avaient imposé la scission des administrations belges en deux autorités séparées, l'une àNamur pour laWallonie, l'autre àBruxelles pour laFlandre, cette région étant considérée comme germanique pour la seule raison de la langue parlée par la majorité de sa population. D'aucuns affirment que la présence en Belgique occupée du roiLéopold III a empêché l'Allemagne de reprendre cette politique entre 1940 et 1944. Ce serait sous l'influence du gouverneur général allemand Von Falkenhausen hostile aux nazis (et que ceux-ci arrêtèrent en 1944).
L'action de diplomates allemands traditionalistes non nazis aurait eu également une influence dans la relative modération politique du Reich à l'égard du régime politique de la Belgique. Modération qui prit fin en 1944 avec la division de la Belgique en deuxgaus allemands, Flandre et Wallonie, sous l'égide desSS tandis que le roi était déporté avec sa famille. Quant à l'activité économique, elle subit des atteintes telles que la reconstruction d'après-guerre et les procès d'épuration ne purent en effacer complètement les conséquences. Ce qui restait d'industrie automobile et aéronautique nationale indépendante de sociétés étrangères disparut dans les bombardements. Les destructions industrielles, pillages et déportations (entre autres dans les charbonnages duHainaut) ne furent pas compensées par la modernisation qu'il aurait fallu mettre en œuvre après la guerre. Sur le plan culturel, des journaux disparurent, d'autres apparurent dont beaucoup ne tinrent pas longtemps.
De nombreuses personnes des milieux de presse, du cinéma et de la culture qui avaient cru pouvoir travailler sous l'égide allemande furent condamnées ou s'enfuirent ou, à tout le moins, furent mises à l'index. On peut citer quelques cinéastes dontHenri Storck avec sa symphonie paysanne, hymne dédié à l'idéologie du retour à la terre dans l'esprit mis à l'honneur en France sous le régime du gouvernementPétain. Storck n'eut pas d'ennui à la libération, étant considéré comme un brave homme étranger aux malheurs de son époque, malgré la lettre dans laquelle il se décrivait comme étant d'ascendance pure aryenne afin de pouvoir devenir membre de la corporation du cinéma créée par l'occupant allemand. Avec un documentaire à la gloire de l'Allemagne,Deutsche Grosse, Jan Meeuwissen se montra beaucoup plus engagé en 1943. En 1943 encore, Frans Develter produisit un film de long métrage en trois partiesVlaanderen te Weer destiné à montrer que la Flandre, martyrisée par la Belgique, avait retrouvé sa grandeur grâce au national-socialisme. À Anvers, Jan Vanderheyden, par ailleurs cheville ouvrière de la corporation du film, "Führer" de la branche production-distribution[102], produisit plusieurs courts métrages et longs métrages purement distractifs, ce qui lui valut seulement quelques critiques après la guerre. En Wallonie, le peintre liégeoisAuguste Mambour fut condamné parce qu'on lui reprochait sa sympathie pour l'ordre nouveau installé par les amis de l'Allemagne, notamment un voyage culturel en Allemagne comme ceux qu'organisait le ministre naziJoseph Goebbels à l'intention d'artistes des pays occupés.
Dans le domaine de la presse et de la littérature, le dessinateur de pressePaul Jamin, collaborateur du journal d'extrême droiteLe Pays Réel, d'abord condamné à mort puis, finalement, sorti de prison après une commutation de peine, devint le dessinateur attitré du journal satirique belgePan fondé par unLéo Campion anarchiste et résistant. Le dessinateur et auteur de bandes dessinées Georges Remi, plus connu sous son pseudonymeHergé, créateur deTintin, ne passa qu'une nuit en prison pour avoir publié dans le journalLe Soir alors que ce plus important organe de la presse belge de l'époque avait été réquisitionné par les collaborateurs des Allemands, ce qui, depuis, fait désigner ce journal sous le nom deSoir volé. Ce journal fut imité dans un pastiche resté célèbre en Belgique sous le nom defaux Soir. Les auteurs parvinrent à distribuer dans les kiosques cette imitation du journal collaborateur. Ils y avaient imprimé plaisanteries anti-allemandes et articles contre la collaboration qui mettaient en cause des journalistes ralliés aux occupants. Parmi ces écrivains et journalistes qui soutenaient l'Allemagne dans la presse,Robert Poulet avait fondé un quotidienle Nouveau Journal soutien des occupants et qui, plus tard, prétendit qu'il était« couvert par la couronne ». Prenant ses distances en 1943 avec la politique pro-allemande, il fut cependant condamné à mort par la justice belge, peine commuée en détention à perpétuité suivie d'une grâce avec expulsion en France où il entama une carrière de penseur et philosophe. De même,Félicien Marceau, pseudonyme de Louis Carette, journaliste à la radio sous contrôle allemand qui démissionna en 1942 pour devenir éditeur indépendant et réfugié en France en 1945, étant poursuivi notamment pour des émissions qui parurent favorables à l'appel au travail volontaire en Allemagne. Sous son pseudonyme de Félicien Marceau, il poursuivit à Paris une carrière d'écrivain et d'homme de théâtre qui lui valut le prix Goncourt et une place à l'Académie française avant de mourir à 98 ans.
L'indulgence à l'égard des artistes et intellectuels de la collaboration ne fut pas toujours la règle. On peut citer le cas emblématique du brillant essayiste et critique d'artPaul Colin, qui fut apparemment de gauche comme le révèlent ses écrits d'avant-guerre en faveur dusurréalisme, mais qui, dès 1940, se rallia aux idées des collaborateurs de l'ennemi partisans d'un régime autoritaire. En 1942, il était abattu en pleine rue par de jeunes résistants, malgré la présence de gardes du corps allemands.
Conséquences aux États-Unis
Les États-Unis prennent l'initiative d'avoir une attitudepositive. Ils imposent la démocratie, particulièrement enAllemagne de l'Ouest et auJapon, à travers une épuration et un contrôle des rouages de l'État et de l'éducation. Parallèlement, ils fournissent à partir de 1947 une aide économique à la reconstruction de l'Europe, connue sous le nom deplan Marshall. Celle-ci permet une reconstruction rapide des économies occidentales, achevée au début des années 1950, et évite aux populations la tentation de s'abandonner au communisme ou aux néo-fascismes.
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont avec l'URSS l'une des deux plus grandes puissances mondiales. Les États-Unis possèdent la première flotte de guerre, la première flotte de commerce, ils détiennent 75 % des stocks d'or du monde (d'où la devise « dollar as good as gold », le dollar est aussi sûr que l'or).
16 millions d'Américains furent incorporés dans lesforces armées des États-Unis, 407 000 y périrent, dont 292 000 sur le champ de bataille.
Conséquences en Italie
Après 1945, l'Italie accuse le coup de la défaite des puissances de l'Axe : le référendum constitutionnel de 1946 signe le passage du régime monarchique, qui avait survécu tout au long de la guerre, au régime républicain. Grâce à la stabilité et aux politiques keynésiennes des nouveaux gouvernements républicains, l'Italie connaît ensuiteune très forte expansion[103],[104], phénomène appelé lesTrente Glorieuses. Le constructeur automobileFiat devient le symbole dumiracle italien, dont la période va des élections d'avril 1948 auxJeux Olympiques de Rome en 1960 : 700 000 automobiles en 1955, 10 millions cinq ans après[105]. Le fabricant descootersVespa n'est pas en reste ; entre 1945 et 1965, il en vend 3,5 millions enItalie. Dans le sillage de son expansion économique et de son retour à un statut de puissance de moyenne taille, l'Italie adhère en 1949 à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en 1955, elle est admise auxNations unies.
Conséquences en URSS
Graphique représentant les pertes militaires en Europe selon le front de combat, à droite les pertes sur le front de l'Est.
Staline n'est pas en reste et fut l'un des grands gagnants du conflit. Le prestige et le rôle de l'Union soviétique sortent grandis bien au-delà des seuls cercles communistes. Réintégrée dans le concert des nations, l'URSS est membre permanent du Conseil de Sécurité.
Pour les Russes, cettegrande guerre patriotique menée sur lefront de l'Est invoqua lasurvie de la nation. En portant un toast au peuple russe lors du défilé de la victoire, le 24 juin 1945, Staline confirmait le retour de l'URSS à une forme plus accentuée de nationalisme grand-russe voire de chauvinisme, aux dépens des minorités nationales et, bien vite, des Juifs « cosmopolites ».
Les annexions de 1939-1940 sont confirmées, et d'autres sont venues s'ajouter à la victoire. L'URSS a augmenté sa superficie de 475 000 km2 et sa population de 24 millions d'habitants, aussitôt soumis à une très brutalesoviétisation par la terreur. Derrière lerideau de fer, le système stalinien est progressivement imposé pour des décennies à un empire immense allant de Berlin-Est à la Corée du Nord, en attendant le basculement de la Chine et du Viêt Nam dans le camp communiste.
Cependant, l'URSS sort considérablement appauvrie de la guerre, qui lui a coûté plus de 25 millions de morts, ainsi que les pires destructions jamais subies par un belligérant dans l'histoire humaine. En 1945, une commission officielle estime que le coût des destructions équivaut au double des investissements consentis lors des deux premiersplans quinquennaux des années 1930. Enfin, technologiquement, l'Union soviétique accuse un retard sur l'Amérique, dont elle ne brise le monopole nucléaire qu'en 1949.
Environ38 millions de civils ont été tués par les nazis et leurs alliés :
En Europe, entre 8,8 et 10,7 millions de militaires soviétiques[106], 5,3 millions de militaires allemands[107],[108], six millions de Polonais, dont trois millions de Juifs et trois millions de catholiques ; trois millions de Juifs des autres pays d'Europe ; deux millions de Tziganes, handicapés, homosexuels et autres. Concernant les seules pertes militaires en Europe, selon les estimations, environ 17 877 000 militaires sont morts sur les champs de bataille européens, dont 10 774 000 du côté des alliés et 7 103 000 du côté des forces de l'Axe. Les tués de l'Armée rouge constituent 53 % du total des pertes militaires connues en Europe, ceux de la Wehrmacht 31 %, ceux du Royaume-Uni 1,8 %, ceux de la France 1,4 % et ceux de l'armée nord-américaine 1,3 %. Les pertes militaires de l'Union soviétique représentent 88 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3 %, France 2,3 % et États-Unis 2,2 %). Le total des pertes militaires seules de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent 84 % du total de toutes les pertes militaires subies en Europe. Les pertes militaires du conflit germano-russe seul sont de 13 876 400 soit 78 % du total des pertes militaires subies en Europe ;
En Asie, les historiens évaluent entre 10 et 30 millions le nombre de morts causées par les exactions japonaises, dont 2,7 millions pour la seule opération de lapolitique des Trois Tout(三光作戦,Sankō Sakusen?) menée dans le Nord de la Chine par le généralYasuji Okamura.
Exactions et crimes de guerre
Comme le montre ce graphique, plus de la moitié des victimes furent des civils.
De nombreux massacres de civils ou crimes de guerre ont été perpétrés au cours du conflit, en particulier par lesEinsatzgruppen sur le front de l'Est, mais aussi de façon plus généralepar la Wehrmacht et lesSS. Dès le, les Alliés mettaient en place la « Commission des crimes de guerre des Nations unies » chargée d'enquêter sur les crimes de guerre commis par l'Axe. Une semaine plus tard, laDéclaration de Moscou énonçait la volonté de traquer les criminels de guerre nazis « jusqu'aux confins de la Terre ». Non lié à l'ONU (qui ne fut fondée qu'en 1945), celle-là fut assistée à partir de mars 1945 parCROWCASS, chargé par leSHAEF d'établir une liste des criminels de guerre nazis. Cette volonté présida à l'instauration dutribunal de Nuremberg, jugeant les plus hauts responsables nazis encore vivants. CROWCASS fut cependant rapidement dépassé, la volonté initiale de traque contre les criminels de guerre cédant dès 1945 à d'autres priorités, marquées en particulier par l'éclatement de laguerre froide en 1947.
Parmi les divers crimes de guerre, on peut citer :
les expériences pseudo-médicales de nombreux médecins nazis dans les camps de concentration, notamment du docteurMengele ;
en France (massacres commis par les nazis, ayant touché plus de 30 000 personnes) :
exécutions d'otages par les Allemands àChâteaubriant, à Paris, à Lyon, à Limoges, etc. à partir de l'automne 1941. L'historienSerge Klarsfeld a établi la liste de 1007 otages et résistants fusillés auMont-Valérien près de Paris, dont 117 étaient juifs ;
persécutions sur les membres de familles de Français partis combattre ou restés au pays, commeGeneviève de Gaulle, nièce du général, envoyée en camp de concentration.
déportation de juifs et de résistants dans les camps de concentration allemands, révocation et arrestation de hauts fonctionnaires et d'autorités communales,
persécutions meurtrières exercées sur la population par les collaborateurs de l'Allemagne, entre autres le massacre de familles àCourcelles, dans laprovince de Hainaut, la persécution sur des parents des ministresHubert Pierlot etSpaak du gouvernement belge libre de Londres dont certains membres seront fusillés, exécutions de notables comme le gouverneur de la Société Générale de Belgique et le bâtonnier Braffort,
déportation en Allemagne du roi, de son épouse et des enfants royaux.
Le, des civils allemands sont contraints de marcher à côté des cadavres de trente femmes juives (Tchécoslovaquie).
« nettoyage » du ghetto de Varsovie par lesSS après l'insurrection des derniers survivants ;
extermination de 50 000 membres des élites polonaises par lesSS et laGestapo (prêtres, aristocrates, professeurs, officiers). L'enseignement secondaire, les séminaires et les universités furent fermés, tout comme les théâtres par exemple, et ce n'est qu'à un système remarquable de cours clandestins — leskomplety — que les Polonais parvinrent à instruire et à sauver cinq classes d'âge de bacheliers[109],
massacre de 5 000 officiers polonais àKatyń, par l'armée soviétique (l'URSS a reconnu sa responsabilité après plusieurs décennies, ayant longtemps accusé les nazis d'être responsables de ce massacre),
massacre de 10 000 autres officiers polonais en d'autres lieux, soit 15 000 personnes tuées froidement d'une balle dans la nuque par leNKVD, ancêtre duKGB,
destruction à 90 % deVarsovie par l'armée allemande après le soulèvement de l'Armia Krajowa du1er août au. La répression de l'insurrection parHimmler fit de 150 000 à 200 000 morts. Manquant de moyens pour franchir la Vistule et immobilisée par ordre de Staline pour des raisons politiques, l'Armée rouge laissa les Allemands écraser la rébellion polonaise et ne lui apporta ni armes ni aide,
massacre de civils polonais par l'UPA. Les historiens estiment qu'à cette occasion jusqu'à 100 000 civils polonais ont été tués.
Prisonniers de guerre soviétiques. Camp de Mauthausen.
famine délibérée des civils de la cité deLeningrad assiégée (700 000 victimes),
20 millions de citoyens de l'Union soviétique sont tués, dont un très grand nombre de prisonniers de guerre exécutés par les Allemands, et aussi des civils dont les villages et villes sont anéantis,
2 230 000 personnes furent tuées enBiélorussie pendant les trois années d'occupation allemande. Plus de 600 villages commeKhatyn furent totalement rasés et leurs populations massacrées.
en Yougoslavie :
déportation de dizaines de milliers deSerbes,Juifs etRoms dans les camps de la mort (notamment dans leCamp de concentration de Jasenovac) par lesOustachi croates. Ceux-ci sont responsables du massacre global de 300 000 à 400 000 personnes, ainsi que de multiples conversions forcées au catholicisme.
Il faut encore mentionner l'exécution sommaire de civils et de soldats alliés en uniforme (en particulier certains paras parachutés par leSOE afin d'encadrer les maquis ainsi que de certains pilotes, dontMartin Bormann autorisa et encouragea le lynchage en 1944).
Bombardements de villes
Amas de cadavres après lebombardement de Dresde. La plupart des corps furent regroupés ainsi afin d'être incinérés sur place, souvent sans même avoir été identifiés, pour éviter les épidémies.
Certaines opérations de bombardement de villes ont causé de nombreusesvictimes civiles. Le nombre de victimes civiles était parfois un but recherché pour affaiblir le « moral » de l'adversaire.
En Allemagne :
le bombardement de la ville deHambourg, nom de codeopérationGomorrhe est estimé avoir fait 40 000 victimes, le plus lourd bilan humain en Europe pour ce type d'opération ;
l'estimation du nombre de victimes dubombardement de Dresde a considérablement fluctué, de 25 000 selon la ville de Dresde en mars 1945 jusqu'à 250 000 selon la propagande nazie dans les pays neutres à la même époque, puis des chiffres similaires selon la propagande soviétique dans le contexte de la guerre froide[110]. Une commission d'historiens réunis en 2004-2010 à l'initiative de la ville de Dresde en a finalement fixé le bilan maximum à 25 000 morts[111].
En France, en Belgique et aux Pays-Bas, après les bombardements allemands de 1940 et, durant les années de l'occupation allemande, les bombardements alliés des installations industrielles dont la production est réquisitionnée pour l'effort de guerre du Reich, surviennent les bombardements de la campagne de libération de l'Europe qui meurtrissent les régions de Normandie, des villes comme Paris, Bruxelles, Liège et Anvers victimes de l'offensive allemande des avions sans pilote V1 et des missiles V2, et encore l'Ardenne belge victime de l'ultime offensive allemande. Entre 1940 et 1945, la France reçoit 550 000 tonnes de bombes des Anglo-Américains, soit 22 % du total déversé sur le continent. L'estimation du nombre de victimes varie de 50 000 à 70 000[112].
En Grande-Bretagne, le bombardement de villes britanniques, et deLondres en particulier, nom de code « Blitz » est estimé avoir fait 14 500 victimes.
Xuzhou,Chine, 1938.Chinois tués par l'armée japonaise dans un fossé.Les troupes japonaises massacrent environ 200 000 Chinois lors dumassacre de Nankin.
La décision prise en août 1937 parHirohito d'approuver une directive de son état-major supprimant l'application des traités internationaux sur la protection des prisonniers de guerre entraina la mort de plusieurs millions de civils en Chine. Étendue à compter de 1941 aux autres pays conquis, cette mesure causa la mort d'une quantité phénoménale de civils et de prisonniers alliés détenus dans des conditions atroces (témoignage de Roger Cyr des Royal rifles[113]).
environ 200 000 « femmes de réconfort », majoritairement coréennes, ont été victimes du système d'esclavage sexuel de masse organisé à travers l'Asie par et pour l'armée et la marine impériales japonaises.
en Chine :
Massacre de Nankin au cours duquel les troupes japonaises pillent la ville pourtant évacuée par les troupes chinoises et massacrent entre 150 000 et 300 000 civils après avoir commis diverses exactions dont des viols en série ;
Opérations de laPolitique des Trois Tout(三光作戦,Sankō Sakusen?), une stratégie de laterre brûlée mise en œuvre à partir de mai 1942 dans le nord de la Chine et ayant entrainé la mort d'environ 2,7 millions de civils[114] ;
Massacre d'environ 250 000 civils duZhejiang et duJiangxi, d'avril à août 1942, en représailles auraid de Doolittle sur le sol japonais le 18 avril ;
expérimentation d'armes bactériologiques sur des milliers de prisonniers chinois, coréens et russes par l'unité 731.
àLaha, exécution de 55 prisonniers australiens et 30 prisonniers néerlandais le ;
àBangka, massacre de 65 infirmières australiennes le ;
àAndaman, massacre de 2 000 à 3 000 civils àPort Blair du à, dont 800 le.
Cannibalisme
Plusieurs rapports écrits et témoignages colligés par la Section australienne des Crimes de guerre duTribunal de Tokyo et analysés par l'enquêteurWilliam Webb(en) (le futur juge en chef du Tribunal), démontrent que les soldats japonais commirent des actes decannibalisme à l'encontre des prisonniers alliés. Dans bien des cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l'historien Yuki Tanaka,« le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers »[120].
Selon le témoignage de nombreux prisonniers comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué le cannibalisme sont le lieutenant-généralYoshio Tachibana, qui avec 11 membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945[121],[122],[123].
Leservice aérien de l'Armée impériale japonaise et celui de lamarine menèrent, de 1937 à 1945, une campagne systématique de bombardements contre des objectifs civils enExtrême-Orient et même contre la ville deDarwin en Australie (voir :raids aériens sur l'Australie). Les zones les plus éprouvées furent les grandes villes chinoises commeShanghai etChongqing. Plus de 5 000 Chinois périrent au cours des deux premiers jours de bombardement en 1939[124]. À l'automne 1937, la violence des bombardements deNankin et deCanton entraina une résolution de blâme du Comité aviseur de l'Extrême-Orient de laSociété des Nations à l'encontre du Japon. Lord Cranborne, lesous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne, émit sa propre déclaration d'indignation :« Les mots ne peuvent exprimer le sentiment de profonde horreur avec lequel la nouvelle de ces raids a été reçue par le monde civilisé. Ils sont souvent dirigés contre des endroits éloignés de la zone d'hostilité réelle. L'objectif militaire, s'il existe, semble prendre une place secondaire. Le but principal semble être d'inspirer la terreur par le massacre des civils… »[125].
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité l'arme nucléaire est utilisée par lesÉtats-Unis pour lesbombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Le nombre de victimes immédiates est estiméà 70 000 pourHiroshima et30 000 pourNagasaki. Le nombre d'habitants étant très mal connu à cause des mouvements de population en temps de guerre, d'autres estimations montent à 237 000 victimes[126].
Armes chimiques et bactériologiques
En Europe, lesgaz de combat ne furent pas utilisés dans les combats entre belligérants, mais « seulement » contre les civils déportés, dans les camps d'extermination nazis. Des réserves importantes de gaztabun etsarin furent retrouvées en Allemagne en 1945, suffisantes pour tuer des millions de personnes. Elles furent immergées dans des caissons de béton sous la Manche. On s'inquiète de leur état de conservation aujourd'hui.
En Asie toutefois, les travaux des historiensYoshiaki Yoshimi et Seiya Matsuno[127], démontrent queHirohito permettait dès juillet 1937 l'utilisation systématique de gaz toxiques contre l'armée chinoise et les populations civiles. Par peur des représailles et afin de s'assurer que ces armes ne soient jamais employées contre des intérêts occidentaux, chaque utilisation faisait l'objet d'une directive spécifique approuvée par l'empereur et transmise par le chef d'état-major de l'armée, le princeKotohito Kan'in (le généralHajime Sugiyama à compter de 1940)[128]. Dès 1939, lesarmes chimiques furent employées en URSS et enMongolie puis auxPhilippines en 1942.
En 2004, Yoshimi découvrit toutefois dans les archives nationales australiennes des documents démontrant que des gaz toxiques avaient été testés sur des prisonniers australiens et néerlandais en 1944 en Indonésie[129].
Toutes les troupes belligérantes de laGrande Guerre avaient commis ou laissé commettre de nombreuxviols de guerre[130]. Les historiensIan Kershaw etRees rapportent que contrairement à la propagande de la Wehrmacht qui défendait le mythe d'une armée saine, des viols à grande échelle ont été commis par l'armée allemande[131].
Les estimations concernant le nombre de viols de femmessoviétiques par laWehrmacht atteintles 10 000 000, avec entre 750 000 et 1 000 000 d'enfants nés du fait de ces viols[132],[133],[134],[135].
L'Armée rouge fut explicitement encouragée[136], en représailles auxexactions massives du Reich en URSS, à terroriser les populations allemandes par le viol et les pillages à grande échelle : selon Hanna Schissler, de nombreuses Allemandes de l'Est envahi ont subi en 1945 les violences systématiques des soldats soviétiques[137]. En Yougoslavie théoriquement alliée,Milovan Djilas se plaignit en personne àStaline de milliers de viols, le dictateur soviétique lui répondant cyniquement que l'Armée rouge avait assez enduré pour ne pas devoir s'attarder à ce genre de récriminations[138].
Selon l'historien Robert J. Lilly, environ 14 000 femmes ont été violées par les troupes américaines en Angleterre puis en Normandie. Quant au nombre de victimes en Allemagne, territoire ennemi, il est inconnu[139]. Certains militaires coupables ont été exécutés, comme dans l'Affaire Clarence Whitfield, condamné à mort par pendaison le 20 juin 1944 àCanisy par la cour martiale. Vingt-et-un GIs furent condamnés en France pour viol, et les autorités militaires américaines invitèrent les victimes à assister à la pendaison des coupables[140].
L'historien Peter Schrijvers estime que plus de 10 000 femmes ont été violées par les troupes américaines à l'occasion de labataille d'Okinawa[141].
Au fil du conflit, plusieurs politiques de la faim furent majoritairement dirigées par des hommes de haut rang comme le secrétaire d'État au ministère du Reich de l'alimentation et de l'agricultureHerbert Backe mais aussiHans-Joachim Riecke, directeur ministériel et successeur de Backe. Ainsi, c'est par le biais des appareils bureaucratiques que ces mouvements de masse raciale prirent leur pleine envolée[142]. Avec la politique d'extermination, incluant leHungerplan, l'historien allemandChristian Gerlach estime qu'entre 10 et 20 millions de personnes ont trouvé la mort par la faim en 1947 et ce, bien au-delà du territoire d'influence nazi[142].
De plus, les tensions, les problèmes de transport sur le front de l'Est et les besoins en ressources par les armées allemandes forcèrent la prise de ravitaillement russe qui, au détriment des civils locaux, allait permettre de poursuivre les affrontements et fortifier le moral nazi. Parmi les gens considérés comme« improductifs », donc les civils, près de 200 000 sont morts de faim, dans les secteurs où les ravitaillements furent confisqués[142].
Dès avant-guerre,Staline considère les minorités vivant aux frontières de l'URSS comme suspectes d'anti-stalinisme par définition et, dans l'éventualité d'un conflit, ordonne pendant lesGrandes Purges de 1937-1938 ladéportation« préventive » de centaines de milliers dePolonais, deCaréliens, deLettons, mais aussi, à la frontière asiatique, de près de 230 000 Chinois,Bouriates,Mongols etCoréens qui se retrouvent tous enSibérie et auKazakhstan[143]. Lors dupacte germano-soviétique, l'URSS brise toute résistance à lasoviétisation en déportant de l'automne 1939 à l'été 1941 plus d'un million de citoyens nouvellement annexés,Polonais,Moldaves,Baltes,Finlandais et autres, soit plus de 1 500 par jour au total. Selon les rapports du commissaire Krouglov à Staline cités par l'historien russe Nikolaï Bougaï, la moitié meurent en déportation dans l'année de leur arrivée à destination, faute de structures adéquates pour permettre leur survie sur place[144].
Des forces non négligeables sont ensuite distraites du front en pleine offensive allemande de l'été 1941, afin de déporter la totalité desAllemands de la Volga et du reste de l'URSS, descendants de colons présents depuis deux siècles. Au printemps 1944, sous la fausse accusation de collaboration, quatorze peuples représentant deux millions de victimes, dont l'intégralité desTchétchènes-Ingouches, desTatars de Crimée, desKalmouks, desKaratchaïs, etc. sont déportés collectivement en Sibérie et en Asie centrale. La déportation des 600 000 Tchétchènes, femmes, enfants, militants communistes et soldats décorés compris, fut accomplie en six jours par leNKVD en mars 1944, ce qui reste la plus rapide déportation de l'histoire[145]. Les biens des peuples déportés furent cédés à des colons russes. Leurs républiques autonomes souvent supprimées et leurs villes débaptisées, et en 1949, un décret du Soviet Suprême déclara que les peuples « punis » resteraient exilés à perpétuité. Ces mesures ne furent abrogées que sous Khrouchtchev puis sousGorbatchev.
À la reprise des Pays baltes, de l'Ukraine, de la Moldavie et de la Pologne orientale (1945), de nouvelles déportations massives auGoulag frappèrent bien sûr les collaborateurs locaux des nazis, mais aussi les résistants non communistes et ceux qui après s'être battus contre les nazis ou leurs équivalents locaux, refusèrent de déposer les armes, enfin les populations civiles accusées à tort ou à raison de soutenir ces derniers. SelonAnne Applebaum etJean-Jacques Marie, 6 à 10 % des populations baltes, polonaise, ouest-ukrainienne ou moldave se trouvent ainsi endéportation à la fin des années 1940. Des rafles massives de "suspects" ont également lieu au fur et à mesure de l'avancée de l'Armée rouge en Europe de l'Est, emportant sans retour des milliers d'intellectuels, démocrates, francs-maçons, réseaux juifs de résistance, prêtres ou étrangers : ainsi disparut en février 1945 àBudapest, le héros du sauvetage des Juifs hongrois,Raoul Wallenberg.
Il faut leur ajouter les centaines de milliers de soldats soviétiques déportés pendant la guerre pour « défaillance » ou pour esprit critique, telAlexandre Soljenitsyne arrêté sur le front dePrusse-Orientale en février 1945 pour avoir mis en doute, dans une lettre privée, le génie militaire de Staline. De nombreux anciens prisonniers de guerre des Allemands (avoir été capturés faisait d'eux des « traîtres »), travailleurs civils volontaires ou forcés en Allemagne, furent également traités en coupables à leur retour (souvent forcé) au pays, au même titre que les débris de l'arméeVlassov, et allèrent former la génération d'après-guerre des captifs duGoulag. Quant aux centaines de milliers de prisonniers de guerre, les derniers Allemands ne furent relâchés qu'au milieu des années 1950, beaucoup périrent en détention, et les Japonais survivants furent définitivement assignés auKazakhstan parmi les 170 000 Coréens déjà déportés là depuis les années 1930[146].
Expulsion des minorités des pays de l'Axe en Europe et au Pacifique
L'existence de ces implantations avait joué un rôle dans l'enclenchement des hostilités. Ainsi la demande de rattachement à l'Allemagne pour lesAllemands des Sudètes avait servi de prétexte au démantèlement de la Tchécoslovaquie, validé par lesaccords de Munich en 1938. De la même façon le gouvernement nazi s'était appuyé sur l'isolement géographique des populations de Prusse-Orientale pour réclamer l'annexion ducorridor de Dantzig et préparer ainsi la guerre contre la Pologne.
Durant la guerre, le ralliement de ces minorités allemandes à l'occupation nazie, et la colonisation de zones conquises à l'Est, combinées aux atrocités imputables aux troupes nazies, créèrent ou renforcèrent à l'égard des populations civiles allemandes un sentiment de rejet parmi les populations autochtones. De plus, les populations civiles allemandes à l'est des territoires du Reich, redoutaient les exactions des troupes soviétiques en représailles des atrocités commises en URSS par les troupes nazies.
Enfin à l'issue de la guerre, les frontières furent redessinées, réduisant globalement l'espace de l'Allemagne d'avant-guerre.
L'ensemble de ces éléments conduit à la fin de la guerre et dans les années qui suivent à d'importants transferts de populations d'est en ouest, notamment de nombreux germanophones. En tout, 8 millions d'Allemands ont été expulsés en 1945 de l'Europe centrale et orientale, dont 2 millions des anciens territoires du Reich situés de l'est de la ligne Oder-Neisse, et cédés à la Pologne. Ces populations ont dû chercher refuge au sein de l'Allemagne occupée où des camps de réfugiés, lesGrenzdurchgangslager, ont dû être construits à la hâte pour les héberger.
Des consistantes minorités italiennes existaient avant la guerre dans les Balkans, et notamment enDalmatie et enIstrie. Entre 1945 et 1947, à la suite de la cession de l'Istrie et de la ville deZadar à laYougoslavie, plus de 300 000 Italiens d'Istrie et Dalmatie furent obligés de quitter ces régions et de rejoindre l'Italie. De même, pour les 35 000 Italiens qui habitaient les anciennes colonies italiennes deRhodes et duDodécanèse, cédées à laGrèce.
Dans les pays occupés, les nazis ont volé d'innombrables œuvres d'art, collections juives en tête. Ce pillage est orchestré particulièrement parHermann Göring etAlfred Rosenberg suivant le principe duKunstschutz. Selon l'historien Marc Mazower[147], les agents de Rosenberg, rien qu'en Europe occidentale, ont pillé pour 674 trains de marchandises, meubles et objets saisis dans les appartements des Juifs déportés.
Le centre-ville deStalingrad après sa libération, photo prise le.
Sur le territoire soviétique, près de 1 710 villes et plus de 70 000 villages, 32 000 entreprises industrielles, 100 000 fermes collectives et étatiques, 4 700 000 maisons, 127 000 écoles, universités et bibliothèques publiques ont été détruits. Dans l'ensemble, les pertes matérielles ont été estimées à 600 milliards d'euros[148].
LaShoah est aussi une catastrophe culturelle irréparable. Leyiddishland d'Europe centrale et orientale, les derniersromaniotes de Grèce sont pratiquement anéantis, et l'on estime que les trois quarts des locuteurs duyiddish et les cinq sixièmes duyévanique ont disparu pendant la guerre. Si le monde israélite français a survécu malgré la perte d'un quart de la population juive, en revanche, les communautés juives d'Amsterdam, Berlin, Vienne, Budapest ou Vilnius ont été éradiquées sans retour, à plus de 90 %. Les nazis ont aussi cherché à effacer toute trace du passé juif multiséculaire en spoliant leurs victimes de tous leurs biens et œuvres d'art (aryanisation), en détruisant les synagogues, en brûlant des livres de prières, en retournant les cimetières.
Les Allemands ont aussi emmené de nombreuses archives privées et publiques de toute sorte, dont beaucoup ont été perdues, ou récupérées par les Russes qui les dissimulèrent pendant un demi-siècle[149]. Si une partie des trésors volés est découverte par les Alliés à la chute du Reich et rendue aux musées et aux propriétaires légitimes de France, de Belgique et des Pays-Bas, l'URSS puis la Russie ont toujours refusé de restituer certains chefs-d'œuvre figurant dans le butin de l'Armée rouge en 1945, ainsi le célèbre « trésor de Priam[150] ». Les nazis ont aussi, çà et là, détruit des toiles représentatives de ce qu'ils qualifiaient d'« art dégénéré ». Par exemple, ils ont organisé au jardin des Tuileries, le 27 mai 1943, unautodafé de 500 œuvres de Picasso, Léger, Klee et Ernst. Quant aux Soviétiques, ils ont aussi emmené de nombreuses archives et œuvres d'art privées dans les pays qu'ils ont libérés ou occupés en 1944-45, dont fort peu ont revu, après 1990, leur pays d'origine[151].
L'historienJörg Friedrich[152] a établi la liste des dégâts patrimoniaux subis par les villes allemandes : ainsi ont été radicalement dévastées des villes tellesBerlin,Hambourg,Cologne,Dresde,Nuremberg,Breslau, ou encore bon nombre de villes moyennes au passé très prestigieux tellesPotsdam,Fribourg,Ulm,Wurtzbourg, ouBayreuth. Les 28 villes de la Ruhr ont aussi été durement bombardées et inondées. En sus de divers cathédrales, palais et centres historiques, ont par exemple flambé les maisons natales de Goethe, de Kleist, de Martin Luther ou des frères Grimm.
Jörg Friedrich établit aussi que quelque 40 % des archives allemandes totales ont été perdues, ainsi que quelque 8 millions d'ouvrages des bibliothèques publiques, dont des milliers de thèses irremplaçables, desincunables et des manuscrits précieux. À titre d'exemple, la bibliothèque nationale bavaroise de Munich a perdu 500 000 volumes, celle de Hambourg 650 000, celle de l'université de Münster 360 000. Selon l'historien, « on n'avait jamais brûlé autant de livres de l'histoire de l'Humanité ». Toutefois, la majorité des ouvrages, documents et œuvres d'art amovibles, dissimulés dans des mines, des bunkers ou des fermes, ont été préservés.
John Keegan relève que lesbombardements allemands ont détruit toute la vieille ville de Varsovie, le centre Renaissance de Rotterdam (détruit en mai 1940) et une grande partie de laCity deLondres. Beaucoup de villes biélorusses (Minsk), ukrainiennes (Kiev,Kherson,Kharkov) et russes (Tsarskoïe Selo près dePetrograd/Leningrad,Tsaristyne/Stalingrad,Koursk) ont été sévèrement endommagées et ont perdu leurs centres anciens lors de leur conquête par les Allemands ou de leur reconquête par l'Armée rouge. En France, Bordeaux est le seul grand port de la côte atlantique française à sortir à peu près indemne de la guerre, mais les centres médiévaux deCaen et deRouen ont été ravagés par les bombardements américains et les combats de rue. Vienne et Budapest ont été endommagées lors de leur conquête par les Soviétiques. Cependant, relève-t-il, des joyaux telsOxford etCambridge n'ont jamais été bombardées, ni Athènes ou Venise. Paris a peu souffert dans son patrimoine, alors que les Allemands ont fait sauter tous les ponts deFlorence en août 1944, sauf lePonte Vecchio, le plus ancien et le plus prestigieux (en fait le seul trop étroit pour les blindés).
Après la guerre, beaucoup de centres-villes et de monuments ont dû être reconstruits à l'identique. Quelques-uns sont restés en l'état à titre de mémorial, telle l'église du souvenir sur leKurfürstendamm de Berlin, d'autres ont simplement disparu. Des impacts de balles sont encore visibles sur certaines façades de monuments parisiens et normands, ainsi à l'École militaire, à l'École des Mines ou sur lepalais de Justice à Paris, également sur lePalais de justice de Rouen. D'autres cités ravagées ont été après-guerre le laboratoire de l'urbanisme moderne, ainsi la reconstruction duHavre confiée à l'architecteAuguste Perret.
Beaucoup de villes ou villages ont perdu leurs quartiers historiques, tels que ceux situés enNormandie, notamment durant le printemps 1940 et en 1944. Dans cette région seule, en plus des pertes civiles d'au moins 20 000 victimes, des pertes et dégâts culturels sont à déplorer.
Situation des colonies en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale : ladécolonisation s'opère avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deuxsuperpuissances de la guerre froide en devenir (États-Unis et URSS).
Après la Seconde Guerre mondiale se sont dessinés les rapports de forces qui ont caractérisé laguerre froide, mais aussi un grand nombre de situations géopolitiques actuelles.
Le travail de reconstitution historique de cette période est toujours en cours, et sujet à de nombreuses controverses, propres à exacerber les sensibilités nationales : la collaboration française sous Vichy en est un exemple. Les affrontements violents entre collaborateurs et résistants en France, en Italie ou dans les Balkans, ont causé des traumatismes durables, et le conflit meurtrier en ex-Yougoslavie (1991-1995) a vu ressurgir explicitement bien des vieilles rancunes. En Asie, les habitants des pays limitrophes du Japon (particulièrement la Chine et la Corée) restent inquiets durévisionnisme japonais, d'autant que le gouvernement du Japon d'après-guerre a toujours fait preuve d'ambiguité concernant son rôle pendant la période impérialiste (qui commence en 1910 avec la colonisation de la Corée, c'est-à-dire bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale) à l'image des visites répétées de personnalités politiques japonaises au très controversésanctuaire Yasukuni ou encore duproblème des manuels scolaires japonais, qui tendent à embellir le passé du Japon.
Ce conflit fut le plus coûteux en vies humaines de toute l'histoire de l'humanité. On recense plus de 55 millions de morts (dont 39 millions d'Européens)[153] avec plus devictimes civiles que militaires. L'URSS a payé le plus lourd tribut avec plus de 26 millions de victimes (26 600 000 en réalité), civils et militaires (14 % de sa population).
Des peuples entiers sont presque décimés : les trois quarts desJuifs d'Europe ont péri par suite du génocide. Le plus terrible s'est produit en Europe centrale et orientale : laPologne a perdu 18 % de sa population, la Yougoslavie plus de 10,6 %, et laBiélorussie (au sein de l'URSS), entre 25 et 33 % de sa population. Combats, pillages, terres brûlées et sabotages ont ravagé l'économie. Les populations en sortent démunies.
Telle qu'illustrée par cette affiche du Bureau d'information sur la guerre du gouvernement américain, la propagande joua un rôle important dans la mobilisation des populations.
Laradio fut pendant toute la guerre une arme depropagande fondamentale. Sous l'occupation nazie, des millions d'Européens écoutèrent chaque jour en cachette laBBC, dont les émissions en toutes les langues entretenaient l'espoir.Winston Churchill galvanisa le Parlement, la nation britannique et les peuples occupés à coup de discours radiodiffusés, etCharles de Gaulle, surnommé le "général Micro" par lapropagande vichyste, ne fut longtemps qu'une voix pour beaucoup de Français.
Les BelgesJan Moedwil etVictor de Laveleye parlent au nom de leur gouvernement en exil, de Laveleye inventant un signe de propagande qui devient vite fameux. Il s'agit du signe V exécuté, pour signifier la première lettre du mot Victoire/Victory, avec l'index et le majeur de la main, signe que peuvent exécuter, par défi, les habitants des pays occupés et qui devient vite mondialement connu grâce au premier ministre britannique Winston Churchill à qui on en attribue souvent et à tort la paternité.
Sont également passées à la postérité les émissions antinazies deThomas Mann — qui joutait avecGoebbels par-delà l'Atlantique — ou les chroniques deGeorge Orwell en Grande-Bretagne. Avides de nouvelles impartiales, beaucoup de francophones appréciaient aussi la radio suisse et notamment les éditoriaux réputés deRené Payot.
Chaque camp utilisa à ses micros des ressortissants du pays ennemi pour saper le moral de ses civils et de ses soldats. Dès la Drôle de Guerre,Goebbels fit parler au micro de Radio-Stuttgart, non sans succès, un animateur francophone identifié comme étant le journaliste pronaziPaul Ferdonnet.William Joyce, dit « Lord Haw-Haw », un Américain d'originenord-irlandaise, anima des émissions de propagande pro-allemande à destination duRoyaume-Uni, que captèrent des millions d'auditeurs. Les Japonais utilisèrent également les services de diverses speakerines nippo-américaines ou anglophones, désignées par lesGI sous le nom collectif deTokyo Rose (« la Rose de Tokyo »). Inversement, le MlPaulus, le vaincu de Stalingrad, parla à la radio de Moscou.
Cinq volumes de chroniques françaises de laBBC ont été éditées parJean-Louis Crémieux-Brilhac sous le titreLes voix de la liberté. Ici Londres, La Documentation française, 1975.
Journalisme
Deux jeunes femmes lisant laune duMontreal Daily Star annonçant la capitulation allemande et la fin imminente de la deuxième guerre mondiale,.
Étroitement censurée par les Allemands et leurs collaborateurs, et souvent compromise, lapresse fut soumise à une sévère épuration en France libérée, l'historien Patrick Eveno estimant que 90 % des titres ont disparu ou changé de main.
LaV-J Day in Times Square, photo emblématique du "V-J Day" (Victory over Japan) reste celle qui fit la couverture deLife Magazine, prise àTimes Square le 14 août 1945 (heure de la Côte Est) ; on la doit au photojournaliste allemandAlfred Eisenstaedt.
De la même manière quele jour le plus long, les photographes de presse ont tenté d'immortaliser par le cliché captant le mieux les évènements suivants :Elbe Day(jonction des troupes alliées américaines et soviétiques sur le sol allemand),Jour V-E(victoire en Europe) etJour V-J(victoire sur le Japon).
Fondées dans la clandestinité,les Éditions de Minuit entretinrent la résistance intellectuelle en France, publiant notammentLe Silence de la mer deVercors (1941), un appel à opposer un mutisme digne aux tentatives de séduction de l'occupant.
Des recueils collectifs tels queLe Cahier noir ouL'Honneur des Poètes (1943) répliquèrent aux écrivains collaborationnistes tels queCéline,Brasillach,Lucien Rebatet. Des auteurs célèbres tels le prix Nobel norvégienKnut Hamsun ou le philosophe italienGiovanni Gentile mirent aussi leur plume au service de la cause allemande.
L'une des premières bandes dessinées destinées à édifier la jeunesse sur le déroulement du conflit futLa bête est morte ! par Calvo (juin 1945).Maus, composée parArt Spiegelman, aborde la Shoah.
Beaucoup d'écrivains choisirent de ne pas publier pendant la durée de la guerre pour ne pas devoir passer par les services d'éditeurs contrôlés par l'occupant, ainsiAndré Malraux ouRoger Martin du Gard. Cependant, en France, où la vie culturelle fut particulièrement animée et brillante pendant la guerre, une très large partie de la production théâtrale, littéraire ou philosophique ne fit aucune allusion au conflit en cours, bien des créateurs semblant s'accommoder plus ou moins de la mainmise allemande sur leurs éditeurs en particulier et sur la vie culturelle en général (Philippe Burrin,La France à l'heure allemande 1940-1944, Seuil, 1995).
De nombreux poètes écrivirent pour laRésistance, ainsiLouis Aragon composantLa Rose et le Réséda pour exalter l'union de « celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas », ouPaul Éluard composantLiberté ou chantant le martyre deGabriel Péri. Ils furent parfois victimes de la répression, ainsiRobert Desnos en France, Kak Munj au Danemark.
Des témoins cherchant à analyser les causes de la guerre et de la défaite produisirent des œuvres que leur lucidité reconnue et leur finesse d'écriture rendent toujours utilisables aujourd'hui, ainsi l'historienMarc Bloch (fusillé pour Résistance par les nazis) rédigeantL'Étrange Défaite dès l'été 1940, ou le philosophe catholiqueJacques Maritain, militant de laFrance libre, publiantÀ travers le désastre à New York.
De nombreux contemporains tinrent des journaux intimes souvent de grande qualité, telsErnst Jünger, affecté dans les forces d'occupation à Paris, le professeur résistantJean Guéhenno en France, ou à Amsterdam la très jeuneAnne Frank, victime de laShoah.
Le traumatisme immense causé par la Déportation se reflète dès l'immédiat après-guerre dans les nombreux récits aussitôt produits par des rescapés descamps de concentration, qu'ils soient politiques (L'Espèce humaine deRobert Antelme,L'Univers concentrationnaire deDavid Rousset, prix Renaudot 1946) ou juifs (ainsiPrimo Levi).
Après sa conclusion, la Seconde Guerre mondiale n'allait pas cesser d'être une source intarissable d'inspiration et de réflexion pour les auteurs, qu'ils aient ou non vécu les évènements. En témoignerait encore, tout récemment, le succès en librairie desBienveillantes de Johnattan Littel (2006).
Divers chants patriotiques soviétiques ont aussi marqué cette guerre, et notammentMoskva (Moscou) etStalingrad, évoquant la résistance de ces deux villes, ainsi quePlaine Oh ma Plaine…. En outre, un chant communiste plus ancien revint alors à l'actualité, lechant russe des Partisans(« À l'appel du Grand Lénine, se levaient les partisans…[154]»).
Fanny de Laninon, dePierre Mac Orlan : une histoire d'amour (« … c'était elle ma bonne amie… »), la guerre en trois vers (« … Tonnerre de Brest est tombé, pas du bon côté, tout s'est écroulé… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … J'n'ai plus rien en survivance… »).
Barbara, deJacques Prévert : une histoire d'amour (« … Ruisselante ravie épanouie… »), la guerre en trois vers (« … Sous cette pluie de fer de feu d'acier de sang… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé… »).
Si l'on produit sans surprise un certain nombre de films depropagande pendant la guerre, beaucoup de réalisations visent d'abord à détendre les spectateurs dans une période très dure.Goebbels fit ainsi délibérément produire beaucoup plus de comédies musicales ou de films de style hollywoodien[155] que d'œuvres proprement nazies (Le Juif Süss) ; cela dit, la contribution deLeni Riefenstahl auTriomphe de la volonté lui sera reprochée régulièrement dans l'Allemagne d'après-guerre.
Aux États-Unis, ce sont les personnages de dessin animé qui prennent parti dans le conflit ; projetés avant les actualités cinématographiques, ces dessins animés avaient un fort impact sur l'opinion.Blitz Wolf est particulièrement représentatif, parTex Avery.
↑Y. Yoshimi and S. Matsuno,Dokugasusen Kankei shiryo II, Kaisetsu, Jugonen senso gokuhi shiryoshu 1997,p. 27-29.
↑L'Allemagne fournit des conseils militaires et des armes, et Hitler déclare qu'ils sont alliés ; cependant, aucune déclaration officielle finlandaise n'a eu lieu.
↑Commentaire d'Alexander Cadogan sur des notes de 1939 de son journal. Ce commentaire est reproduit dans Alexander Cadogan,The diaries of Sir Alexander Cadogan, O.M., 1938-1945, Londres, Cassell, 1971,p. 167, consultable fragmentairement par recherches de mots surSir Alexander Cadogan. Cité par John L. Heineman,The Road to War, III, surle site du Boston College. « And it was that in the end that drove Chamberlain to take a sudden and surprising decision to guarantee Poland. Of course our guarantee could give no possible protection to Poland in any imminent attack upon her. But it set up a signpost for himself. He was committed, and in the event of a German attack on Poland he would be spared the agonizing doubts and indecisions. You might say that this was cruel to Poland. I wouldn't agree with that, because our military situation must have been known to them and they should have been quite aware of the imminence of the peril that threatened them. You might say that it was cynical. On a short view, perhaps it was. But itdid bring us into the war… And in the end we, with our Allies, won it. Though of course the poor Poles cannot be expected to appreciate the results for them. ».
« Un conflit entre le Japon et les États-Unis dans le Pacifique était infiniment plus souhaitable de son point de vue. »
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↑Ian Kershaw,Choix Fatidiques, Éditions du Seuil,,p. 584 :
« Il est très douteux, observa-t-il, que Tojo se décide à une action déterminante. Peut-être le Führer a raison d'être sceptique. »
.
↑Ian Kershaw,Choix Fatidiques, Éditions du Seuil,,p. 587 :
« Si le Japon s'engageait dans une guerre avec les États-Unis, il va de soi que l'Allemagne se joindrait à la guerre sans délai. Il est totalement exclu que l'Allemagne conclue une paix séparée avec les États-Unis dans de telles circonstances. Le Führer est déterminé sur ce point. »
« En vertu des deux premiers articles vitaux, tous les partenaires s'engageaient à intervenir si la guerre éclatait entre l'un d'eux et les États-Unis, et à ne conclure ni paix ni armistice avec les États-Unis ou la Grande-Bretagne autrement qu'avec leur consentement mutuel total. »
« Le 6 décembre, le général Halder se laissa dire que le conflit entre le Japon et les États-Unis était “peut-être imminent”. Goebbels, qui était hors du circuit d'information relatif au ballet diplomatique entre Tokyo et Berlin, nota à maintes reprises la montée de la tension. »
« Depuis des semaines, les tractations avec les Japonais reposaient sur l'idée que l'Allemagne entrerait dans une guerre contre les États-Unis déclenchée par des faits sur lesquels elle n'avait aucune prise. Apprenant Pearl Harbor, Hitler n'hésita pas un instant. »
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↑Ian Kershaw,Choix Fatidiques, Éditions du Seuil,,p. 594 :
« Ni le Pacte tripartite ni aucun autre traité n'obligeait donc Hitler à faire quoi que ce soit. Il avait ce qu'il voulait - l'engagement du Japon dans la guerre contre les États-Unis dans le Pacifique - et il aurait pu se satisfaire de l'idée que grâce à l'aubaine de Pearl Harbor, l'Amérique devrait détourner ses énergies vers le Pacifique. »
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↑Ian Kershaw,Choix Fatidiques, Éditions du Seuil,,p. 597 :
« De la sorte, le poids des armes américaines, dont Hitler prévoyait qu'il atteindrait son plus haut dans le courant de l'année 1942, ne pourrait être pleinement déployé ni contre le Japon, pour le contraindre le cas échéant à demander la paix, ni contre l'Allemagne avant que la guerre de l'Est ne fût gagnée et que l'Europe ne fût à ses pieds. »
« S'il avait obtenu sa déclaration de guerre, il eût été facile à la propagande allemande de l'exploiter à son avantage : voici que la ploutocratie américaine imposait au pays une guerre dont l'Allemagne n'avait pas voulu et qu'elle avait tout fait pour éviter, l'obligeant à se défendre dos au mur. »
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↑YannisKadaris,Le Brésil et la Seconde Guerre mondiale(lire en ligne).
↑L'évasion du sous-marin polonaisOrzel,interné àTallinn, est officiellement uncasus belli de la part de l'Estonie aux yeux de Moscou, montrant que l'URSS se considérait alors en état de guerre avec la Pologne : Tarvel Tannberg,Documents on the Soviet Military Occupation of Estonia, éd. Trames 2006.
↑Forces armées reconstituées en Angleterre, aviation : trois escadrilles, marine, forces de terre, logistique. En Afrique, Force publique du Congo Belge. Au total, de 1941 à 1945, en Europe et en Afrique, forces progressivement reconstituées.
↑Effectifs militaires des Forces armées canadiennes [« Canada Total des effectifs militaires »](lire en ligne).
↑« C'est au fond l'occupation allemande de la Tchécoslovaquie en mars 1939 qui convertit l'opinion publique britannique à la résistance et, ce faisant, força la main d'un gouvernement réticent ; lequel, à son tour, contraignit un gouvernement français qui n'avait d'autre solution que d'emboiter le pas à son seul véritable allié. »inEric Hobsbawm,L'Âge des extrêmes [« The Age of Extremes »], Complexe,,p. 210.
↑« Les relations militaires franco-belges », Paris, 1968.
↑Liddell Hart,Histoire de la Seconde Guerre mondiale,p. 586.
↑(en)Jan Karski,Story of a secret state, Safety Harbor, FL, Simon Publications,, 391 p.(ISBN978-1-931541-39-8,OCLC50806861) (publié en français sous le titre « Mon témoignage devant le monde ») ; Miron Bialoszewski,Mémoire de l'insurrection de Varsovie (traduction française Érik Veaux), éd. Calmann-Lévy, 2002 ; Alexandra Kwiatkowska-Viatteau,L'insurrection de Varsovie : la bataille de 1944, éd. PU Paris-Sorbonne, 2003(ISBN2-84050-271-2 et978-2-84050-271-5) ; Elisabeth G. Sledziewski, Varsovie 44, récit d'insurrection, ed. Autrement, 2004.
↑Pour l'avoir rompu, un journaliste de l'AP a été licencié. Consulter« Licencié, l'auteur du scoop du siècle obtient des excuses 67 ans après »,Le Monde,(lire en ligne).
↑"Les années 1950 à l'italienne", par Pierre de Gasquet dansLes Échos du 04 mars 2005 * page 104[2].
↑Vadim Erlikman,Poteri narodonaseleniia v XX veke : spravochnik, Moscow, 2004.
↑Rűdiger Overmans,Deutsche militärische Verluste im Zweiten Weltkrieg, Oldenbourg, 2000.
↑Rűdiger Overmans, duGerman Armed Forces Military History Research Office, a conclu récemment que les statistiques collectées durant la guerre par l'armée allemande étaient imprécises et incomplètes, il détaille ainsi les pertes militaires allemandes par théâtre d'opérations :
Afrique : 16 066
Balkans : 103 693
Europe du Nord : 30 165
Europe de l'Ouest jusqu'au 31/12/1944 : 339 957
Italie : 150 660
URSS jusqu'au 31/12/1944 : 2 742 909
Batailles finales en Allemagne en 1945 : 1 230 045
Autres (dont pertes aériennes et sur mer) : 245 561
Prisonniers de guerre morts en captivité : 459 475
Total 5 318 000.
↑JacquesSémelin,Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe,Payot,.
↑Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker,14-18. Retrouver la guerre,.
↑Ian Kershaw et Laurence Rees dansWar of the Century: When Hitler Fought Stalin, éditeur : New Press (2000),(ISBN978-1-56584-599-2).
↑Gertjejanssen, Wendy Jo (2004) (PhD diss.). Victims, Heroes, Survivors: Sexual Violence on the Eastern Front during World War II (Thesis). University of Minnesota.
↑« Un document daté de 1942 émanant de la Wehrmacht suggère que les chefs nazis avaient envisagé d'appliquer une politique particulière pour le front de l'est dont il apparaît que les 750 000 bébés issus des relations sexuelles entre des soldats allemands et des femmes russes (une estimation considérée comme minimale) pourraient être identifiés et réputés être racialement germains. On suggéra d'ajouter les seconds prénoms de Friedrich ou de Louise sur les certificats de naissance des bébés en fonction de leur sexe. Bien que ce plan ne fut pas mis en œuvre, ces documents laissent entendre que les naissances résultant de viols et d'autres formes de rapports sexuels été considérés comme utiles, en ce sens qu'elles accroissaient le nombre d'individus racialement « aryens » plutôt que celui des individus appartenant à la race slave jugée inférieurs. L'idéologie sous-jacente suggère que le viol par des Germains et d'autres formes de relations sexuelles devraient être vues comme s'inscrivant dans une stratégie militaire plus large de domination raciale et territoriale. » Pascale R. Bos,Feminists Interpreting the Politics of Wartime Rape: Berlin, 1945; Yugoslavia, 1992–1993 Journal of Women in Culture and Society, 2006, vol. 31, no. 4,p. 996-1025).
↑Atina Grossmann,Jews, Germans, and Allies: Close Encounters in Occupied Germany,p. 290.
↑Robert J. Lilly dansLa Face cachée des GI'S : Les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, (Payot 2004),(ISBN978-2-228-89755-6).
↑Li Woo He (Vladimir Fedorovich Lee), Kim Young Woong,The White Book about Deportations of Korean Population in Russia in 30-40s (Белая книга о депортации корейского населения России в 30-40-х годах) Moscou, 1992 (vol. 1), 1997 (vol. 2).
↑Nikolai Fedorovich Bugai,About the Deportation of the Chechen and Ingush Peoples, Institute of History of the USSR, USSR Academy of Sciences, Vol. 30,no 2, 1991,p. 66-82.
↑Peter Bruhn:Beutekunst - Bibliographie des internationalen Schrifttums über das Schicksal des im Zweiten Weltkrieg von der Roten Armee in Deutschland erbeuteten Kulturgutes (Museums-, Archiv- und Bibliotheksbestände) 4.ed. Vol.1-2. Munich, 2003(ISBN978-3-87690-835-9); voir aussiDatabase bibliographique.
↑Le butin de l'Armée rouge dans les pays de l'Est a été prélevé, puis conservé, à titre d'avance sur lesdommages de guerre dus par laHongrie ou par laRoumanie (300 millions de dollars chacune auTraité de paix de Paris) : voir par exemple Stefan Lache et Gh. Tutui :La Roumanie et la conférence de paix de Paris de 1946, éd. Dacia, Cluj, 1978.
↑JörgFriedrich,L'Incendie : l'Allemagne sous les bombes,.
↑Lacitation du journal duDr Goebbels à propos de la production cinématographique française laisse entendre que cette apparente indolence n'était pas dénuée d'arrière-pensées.
Contre-Amiral P. Barjot, Maurice Baumont, J.B. Duroselle, Jean-Galbert, Colonel Hautcœur, Frédéric Jenny, Henri le Masson,Camille Rougeron,Le Deuxième Conflit mondial,vol. 2, Paris,Éditions G. P.,, 616 p.
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