Jeûne du 10Tevet | |
![]() La destruction deJérusalem parNabuchodonosor (enluminuremédiévale). | |
Nom officiel | Assara BeTevet (עשרה בטבת) |
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Autre(s) nom(s) | Jeûne du dixième mois |
Observé par | lejudaïsme rabbinique et lekaraïsme |
Type | jeûne |
Signification | Commémoration du début du siège deJérusalem par Nabuchodonosor. |
Commence | le 10tevet |
Finit | le 10tevet |
Observances | Jeûne du matin au soir. |
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Ledixième jour du mois detevet (hébreu :עשרה בטבתAssara BeTevet) est la date du« jeûne du dixième mois » (Zacharie 8,19). C'est l'un desquatre jeûnes prescrits par lesprophètes d'Israël pour commémorer ladestruction du temple de Salomon par l'armée deNabuchodonosor II, laquelle est suivie de la conquête duroyaume de Juda et de l'exil à Babylone.
EnIsraël, il est institué en1949 « jour dukaddish général » (hébreu :יום הקדיש הכלליYom hakaddish haklali) pour les victimes de laShoah dont la date de décès n'est pas connue. Il constitue de ce fait la première tentative, infructueuse, de consacrerun jour pour commémorer le plus grand massacre des Juifs de l'histoire.
Il a lieu en décembre ou en janvier selon les années ducalendrier grégorien.
Le prophèteJérémie et le chroniqueur duLivre des Rois rapportent, en termes quasi identiques, qu'après queSédécias eut fait le mal aux yeux du dieu d’Israël et est entré en révolte contre Babylone :« dans la neuvième année de son règne, le dixième mois et le dixième jour du mois,Nabuchodonosor, roi de Babylone, marcha avec toute son armée contreJérusalem ; il campa sous ses murs et on éleva des retranchements sur tout son circuit. La ville subit le siège jusqu'à la onzième année du règne de Sédécias[1]. »
Au même moment,Ézéchiel, déjàdéporté en Babylonie avec la suite duroi Joaquin dix ans plus tôt, écrit, enjoint par laparole divine :« le nom de ce jour, du jour même où nous sommes [car] le roi de Babylone prend le contact de Jérusalem aujourd'hui même[2]. »Il compare Jérusalem et ses habitants à une marmite en cuivre remplie de morceaux de viande de choix, brûlant jusqu'à lacarbonisation des os, et le récipient lui-même débarrassé de son impureté et de sacrasse. En effet, la « crasse » qui les imprègne ne saurait être éliminée que par la colère divine, exprimée par l'entregent de l'armée babylonienne[3].
Au cours de la onzième année de règne de Sédécias, un an plus tard, Jérusalem est détruite. Une importante partie de sa population est exilée ou déserte laJudée. Ézéchiel et l'ensemble des Juifs en Babylonie l'apprennent de la bouche de l'un de ceux-ci au 5tevet de l'année suivante[4].
Environ un siècle plus tard, la carte politique duMoyen-Orient a changé : l'empire perse deCyrus II a vaincu Babylone et, autorise les Juifs àrevenir à Sion.Zacharie prophétise alors qu'auxtemps messianiques,« le jeûne du quatrième mois, le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième se changeront pour lamaison de Juda[5] en jours d’allégresse et de joie[6]. »
Il a été déterminé, à l'issue d'une controverse entreRabbi Akiva etRabbi Shimon[7], que « le jeûne du dixième » désigne bien le 10tevet, date du début du siège[3] et non le 5tevet, jour de l'annonce faite àÉzéchiel[4]. De l’emphase placée sur « ce jour » (Ez 24:2), les rabbins déduisent que le jeûne doit être observé le 10 tevet même, quand bien même il aurait lieu le sabbat.
Cependant, la tradition rabbinique ultérieure commémore aussi d'autres évènements qui n'ont pas eu lieu le 10tevet mais dans les jours qui le précèdent :
Les malheurs du 10tevet sont commémorés (avec ceux des jours qui le précèdent) par l'un des quatre jeûnes publics instaurés par les prophètes[8].
Ce jeûne a, commeYom Kippour, pour but d'inciter au repentir[15]. Il est observé de l'aube aucrépuscule[16] et il est permis de manger la nuit[17].
Il marque un tel deuil qu'il doit être observé par les mariés dans la semaine qui suit leur mariage[18] mais les femmes enceintes ou allaitantes et les malades en sont dispensés[19].
Le jeûne du 10tevet a pour particularité d'être observé le jour où il tombe[2], même un vendredi (tout autre jeûne public est repoussé au dimanche suivant ou avancé au jeudi)[20]. Il devrait en être de même si le 10tevet devait avoir lieu unchabbat[21] mais la conformation du calendrier hébreu rend cette situation impossible, le 10tevet ne tombe jamais un chabbat[22] (ni un lundi).
Certains représentants des mouvances non-orthodoxes du judaïsme ont contesté la pertinence de ce jeûne, sur base d'une tradition consignée dans les écrits deMoïse Maïmonide[23] qui envisage l'abolition des jeûnes dans un lointain futurutopique. Cette remise en question n'est pas acceptée dans lejudaïsme orthodoxe et les courants traditionalistes dujudaïsme conservative[24].
Le jeûne du 10tevet, comme jeûne public, donne lieu à une bénédiction particulière aux jours de jeûne,Anenou (« réponds-nous »), intercalée dans laprière lors desoffices de prière du matin etde l'après-midi. Dans la prière individuelle, les orants l’incluent dans la bénédictionshome'a tefila (sanshatima). Au cours de la répétition de la prière par l’officiant, celui-ci la récite après la bénédictiongoël Israël (avechatima)[25].
La prière duTahanoun inclut lesselihot,poèmes liturgiques implorant le pardon divin (les rites ashkénaze et sfard ajoutent en outre la récitation de l’Avinou Malkenou). Trois hommes sont appelés pour lalecture de la Torah dans laparasha (section de lecture)vayehal Moshe (Exode 32:11-14 & 34:1-10), dans laquelleMoïse intercède en faveur de son peuple après la faute duVeau d’or[25].
Lors de l'office de l'après-midi, lesrites ashkénaze,sfard,géorgien etitalien font suivre cette lecture de lahaftara (section de lecture dans les Livres prophétiques)Darshou Hashem (Isaïe 55:7 - 56:8)[25].
Lorsque le jeûne du 10tevet a lieu un vendredi (comme en 2025), il est rompu à la tombée de la nuit, lorsque les gens rentrent de la synagogue[26]. C'est l’unique occasion où uneparasha et unehaftara sont lues un vendredi après-midi ; leTahanoun et l’Avinou Malkenou ne sont cependant pas récités[27].
LesKaraïtes, adeptes d'un courant juifscripturaliste (acceptant comme autorité laBible hébraïque mais non sa tradition orale d'interprétation rabbinique) s'accordent avec lejudaïsme rabbinique sur la date du 10tevet comme jeûne du dixième mois[28] bien que, selon la détermination du calendrier karaïte parobservation directe de la nouvelle lune et de lagermination du blé, le « dixième jour du dixième mois » n'est pas forcément célébré à la même date (grégorienne) que le 10tevet ducalendrier juif[29].
Leur liturgie est cependant différente[30], sans mention des calamités des 8 et 9tevet car elles n'ont pas de base scripturaire.
Peu après ladéclaration d'indépendance de l'état d'Israël, les grands-rabbinsYitzhak HaLevi Herzog etBen-Zion Meir Hai Uziel (en) décrètent conjointement le 10tevet Yom HaKaddish HaKélali (« jour duKaddish public »), à la mémoire des victimes de laShoah, dont la date du décès est pour la plupart inconnue[25],[31].
Cette date est préférée pour plusieurs raisons par le public religieux auYom HaShoah (jour de commémoration de laShoah et dusoulèvement du ghetto de Varsovie), institué en 1951 et officialisé en 1959 par le premier ministreDavid Ben Gourion et le présidentYitzhak Ben-Zvi :
Le jeûne s'accompagne donc en Israël (et dans quelques communautés de laDiaspora[31]) de cérémonies deYahrzeit (anniversaire de décès), avec récitation dukaddish par les endeuillés ayant perdu un proche dans laShoah et allumage denerot haneshama (« bougies pour l'âme »).
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