Elle possède une forme allongée similaire à unballon de rugby d'environ 2 100 × 1 700 × 1 100 km, d'après les calculs sur sacourbe de lumière, mais dont les mesures précises ne sont pas certaines. Cette forme particulière est due à sa période de rotation de 3,9 heures, la plus rapide du Système solaire pour un objet enéquilibre hydrostatique. Sa masse est d'environ 4,2 × 1021kg, soit près d'un tiers de la masse dusystème plutonien et 6 % de celle de laLune. Elle présente unalbédo élevé d'environ 0,7, similaire à celui de laneige, en raison de sa fine couche deglace d'eau cristalline en surface, couvrant une structure interne principalement rocheuse. Elle posséderait une large tache rouge.
Après avoir découvert(90377) Sedna en, une équipe duCalifornia Institute of Technology (ou Caltech) conduite parMichael E. Brown commence à chercher d'autresobjets transneptuniens. Le, ils découvrent Hauméa, sur une image qui avait été prise le avec l'outil QUEST de l'observatoire Palomar, enCalifornie[10]. L'équipe lui donne le surnom de « Père Noël » (Santa), la découverte ayant été réalisée juste aprèsNoël[11]. Cependant, ils décident de ne pas rendre publique la découverte, en attendant des observations supplémentaires pour mieux déterminer sa nature, l'objet étant clairement trop petit pour être une planète — faisant notamment un tiers de la taille de Pluton — mais étant tout de même entouré de satellites (surnommés « Rudolf » et « Blitzen », noms de deux desrennes du père Noël) et à la tête d'unefamille collisionnelle[10],[12],[13]. Prévoyant de rendre publique l'existence de Hauméa en lors d'une conférence internationale, l'équipe de Caltech publie le un résumé en ligne annonçant la découverte de l'objet sous lenom de code K40506A où il est décrit comme potentiellement le plus grand et le plus brillant objet connu de la ceinture de Kuiper[10],[14].
La nouvelle de la découverte d'un tel objet est acclamée par les astronomes, mais Mike Brown comprend que l'objet n'est autre queSanta. Déçu d'avoir perdu son scoop, il envoie tout de même un mail pour féliciter les découvreurs[14]. Cependant, il se rend ensuite compte qu'en cherchant le code public 'K40506A' surGoogle, il est possible d'accéder directement aux rapports censés être privés de l'observatoire de Kitt Peak, qui avait été contributeur pour des vérifications sur l'orbite deSanta[12],[18],[19]. Il observe aussi que les positions de deux autres objets transneptuniens dont il n'avait pas encore annoncé l'existence sont accessibles :Éris etMakémaké. Craignant de se faire également doubler pour celles-ci, il envoie le jour même au MPC les informations permettant d'officialiser leur découverte, qui sont aussi publiées le et accompagnées par un fort engouement médiatique, Éris étant présentée comme ladixième planète[19],[20],[21].
Après ces événements, il ne pense un temps plus que l'équipe espagnole ait commis une fraude, car ils auraient eu plus d'intérêt à « voler » Éris, le plus grand objet, et renvoie un message à Ortiz pour s'excuser d'avoir éclipsé sa découverte. Cependant, la rumeur d'un potentiel vol d'informations fait prospérer des accusations defraude scientifique envers l'équipe espagnole, mais ces derniers n'y répondent pas[22]. Début août, Richard Pogge, administrateur du système SMARTS de l'observatoire interaméricain du Cerro Tololo où d'autres observations de vérification avaient été réalisées, parvient à retracer des connexions qui ont été faites aux rapports. Il conclut que la page de K40506A a été consultée le matin du depuis un ordinateur de l'Instituto de Astrofísica de Andalucía, plus précisément le même qui a été utilisé le soir même pour envoyer le rapport au MPC, et de nouveau le[22].
Le, l'équipe de Caltech dépose une plainte officielle auprès de l'UAI, accusant l'équipe de José Luis Ortiz d'une grave violation de l'éthique scientifique en ne reconnaissant pas l'utilisation de leurs données dans l'annonce de la découverte et demandent par ailleurs au MPC de retirer à l'équipe de José Luis Ortiz leur statut de découvreurs[9]. Ils publient également en ligne la « trace électronique » (electronic trail) démontrant ces consultations provenant d'Espagne[23],[14]. Cette plainte n'aboutit à rien et, début septembre, Mike Brown reçoit finalement une réponse de la part de José Luis Ortiz ; ce dernier n'infirme ni ne confirme avoir consulté les rapports de Caltech, mais critique plutôt le comportement de Mike Brown de ne pas envoyer directement ses découvertes au MPC, ce qu'il estime contraire à l'intérêt scientifique[9].
Le, José Luis Ortiz diffuse une lettre et admet pour la première fois avoir bien accédé aux journaux d'observation de Caltech mais nie tout acte répréhensible, affirmant que cela faisait simplement partie de la vérification de la découverte d'un nouvel objet et que ces rapports étaient disponibles en accès public[22],[18]. De plus, selon son récit, ces journaux contenaient trop peu d'informations pour qu'il ait pu déterminer s'il s'agissait du même objet, ce qui justifie l'absence de mention[24],[25],[26].
Représentation de la déesse ibériqueAtaegina, proposition de l'équipe espagnole.
Hauméa reçoit dans le même temps sadésignation provisoire : 2003 EL61, le « 2003 » reposant sur la date de l'image de la découverte avancée par l'équipe espagnole[14],[8]. Le, une fois son orbite déterminée de façon stable, l'objet est numéroté 136108 et admis dans lecatalogue officiel des planètes mineures avec la désignation(136108) 2003 EL61[27],[28].
Le protocole de l'UAI est que le crédit de découverte pour uneplanète mineure va à quiconque soumet d'abord un rapport au MPC avec suffisamment de données de position pour une détermination d'orbite décente, et que le découvreur crédité a la priorité pour le nommer[29]. Ainsi, il revient en théorie à José Luis Ortizet al., qui proposent le nomAtaegina (ou Ataecina), une déesseibérique desenfers[24]. En tant quedivinité chthonienne, Ataegina n'aurait été un nom approprié que si l'objet était dans unerésonance orbitale stable avec Neptune mais larésonance de Hauméa est instable[25].
Suivant les directives établies par l'UAI selon lesquelles les objets classiques de la ceinture de Kuiper (cubewanos) reçoivent des noms d'êtres mythologiques associés à la création, l'équipe de Caltech soumet en des noms de lamythologie hawaïenne pour(136108) 2003 EL61 et ses deux lunes, en référence à l'endroit où se trouve l'observatoire du Mauna Kea et où les satellites ont été découverts[30],[31].Hauméa est la déesse de lafertilité et de l'accouchement tandis que ses deux lunes connues sont nommées d'après deux des filles de Hauméa :Hiʻiaka, ladéesse tutélaire de l'île de Hawaï, etNāmaka, la déesse de l'eau[25],[31],[32].
Le différend sur la paternité de la découverte de l'objet retarde l'acceptation de l'un ou l'autre nom et sur le classement de Hauméa en tant queplanète naine. Le, l'UAI annonce que les organismes chargés de nommer les planètes naines ont décidé de retenir la proposition de Caltech[25],[31]. L'équipe de José Luis Ortiz critique ce choix, suggérant que si Ataegina n'était pas acceptée, l'UAI aurait au moins pu choisir un troisième nom ne favorisant ni l'un ou l'autre des partis[25],[33].
La date de la découverte selon l'annonce est le, le lieu de la découverte indiqué est l'observatoire de Sierra Nevada et le champ pour le nom du découvreur est laissé vide[25],[34].Stephen P. Maran et Laurence A. Marschall commentent que si la controverse n'a jamais été proprement résolue et que le sentiment général a plutôt convergé vers un choixde facto, les chercheurs se concentreront à l'avenir plus sur l'apport scientifique de Hauméa que sur le contexte de sa découverte[14].
Hauméa est uneplanète naine et plus précisément unplutoïde car elle se trouve au-delà de l'orbite deNeptune[34],[36],[37]. Cela signifie qu'elle orbite autour du Soleil et qu'elle est suffisamment massive pour avoir été arrondie par sa propre gravité, mais qu'elle n'est pas parvenue aunettoyage du voisinage de son orbite[38]. Comme elle est loin d'être unsphéroïde, il y a eu un temps un débat afin de déterminer si elle est vraiment enéquilibre hydrostatique. Cependant, le consensus des astronomes est que l'équilibre est bien atteint mais que sa forme atypique est due à sa rotation très rapide[38],[31].
Animation de la rotation rapide de Hauméa en un peu moins de 4 heures, ce qui entraîne son allongement. Elle présente des variations de couleur distinctes, comme la tache rouge foncé ici illustrée sur sa surface.
Hauméa présente de grandes fluctuations de luminosité sur une période de 3,9 heures. Celles-ci ne peuvent s'expliquer que par unepériode de rotation de cette durée[39],[40]. Il s'agit de la rotation la plus rapide de tous les corps en équilibre hydrostatique connus duSystème solaire et de tous les corps connus avec un diamètre supérieur à 100 km[39],[40]. Alors que la plupart des corps en rotation et à l'équilibre sont aplatis ensphéroïdes (ou ellipsoïdes de révolution), Hauméa tourne si rapidement qu'elle est déformée en unellipsoïde triaxial ressemblant à unballon de football américain ou unballon de rugby[41]. Un impact géant serait à l'origine de cette rotation rapide non usuelle, de ses satellites et de safamille collisionnelle[41],[42]. Un autre mécanisme de formation est également proposé pour expliquer cette vitesse de rotation : une fission rotationnelle. L'objet aurait alors ralenti depuis une période de rotation encore plus rapide qui l'aurait poussé à se scinder, formant ses satellites et sa famille collisionnelle plutôt que par un impact[43].
Il se pourrait qu'elle ne soit pas le seul corps de laceinture de Kuiper tournant aussi rapidement sur elle-même. En 2002, Jewitt et Sheppard suggèrent que(20000) Varuna pourrait avoir une forme similaire, sur la base de sa rotation rapide[44].
Le plan de l'équateur de Hauméa est légèrement décalé par rapport aux plans orbitaux de son anneau et de sa lune la plus externe,Hiʻiaka. Bien qu'initialement supposé coplanaire au plan orbital de Hiʻiaka par Ragozzine et Brown en 2009, leurs modèles de la formation collisionnelle des satellites de Hauméa suggèrent systématiquement que le plan équatorial de la planète naine est légèrement décalé du plan orbital[3]. Cela est étayé par des observations d'uneoccultation stellaire par Hauméa en2017 qui révèle la présence d'un anneau coïncidant approximativement avec le plan de l'orbite de Hiʻiaka et l'équateur de Hauméa[45]. Une analyse mathématique des données d'occultation par Kondratyev et Kornoukhov en 2018 permet de contraindre les angles d'inclinaison relatifs de l'équateur de Hauméa aux plans orbitaux de son anneau et de Hiʻiaka, qui s'avèrent ainsi respectivement inclinés de3,2 ± 1,4deg et2,0 ± 1,0deg par rapport à l'équateur de Hauméa. Deux solutions pour l'inclinaison de l'axe de Hauméa sont également obtenues, pointant vers lescoordonnées équatoriales (α,δ) = (282,6°, –13,0°) ou (282,6°, –11,8°)[46].
Comparaison de la taille de Hauméa avec celle des autres plus grands objets transneptuniens.
La taille d'unobjet céleste peut être déduite de samagnitude apparente, de sa distance et de sonalbédo. Les objets semblent brillants aux observateurs de la Terre soit parce qu'ils sont grands, soit parce qu'ils sont hautement réfléchissants[39]. Si leur réflectivité (albédo) peut être déterminée, alors une estimation approximative peut être faite de leur taille ; c'est le cas pour Hauméa, qui est suffisamment grande et brillante pour que sonémission thermique soit mesurée[48],[49]. Cependant, le calcul de ses dimensions est brouillé par sa rotation rapide causant des fluctuations de luminosité du fait de l'alternance de la vue latérale et de la vue des extrémités depuis la Terre[49],[40].
En 2010, une analyse des mesures prises par letélescope spatialHerschel avec les anciennes mesures du télescopeSpitzer donne une nouvelle estimation du diamètre équivalent de Hauméa à environ 1 300 km[4]. En 2013, le télescope spatial Herschel mesure le diamètre circulaire équivalent de Hauméa à environ 1 240+69 −58km[51].
Proposition de structure interne de Hauméa, principalement rocheuse avec une fine couche de glace.
La haute densité de Hauméa couvre les masses volumiques deminéraux silicatés tels que l'olivine et lepyroxène, qui constituent de nombreuxobjets rocheux du Système solaire[54]. Cela suggère que la majeure partie de Hauméa est rocheuse, couverte d'une couche de glace relativement mince. Un manteau de glace épais plus typique des objets de la ceinture de Kuiper aurait potentiellement été détruit lors de l'impact qui a formé sa famille collisionnelle[41],[54],[42]. Cette composition particulière amèneMike Brown à comparer l'objet à une dragéeM&M's[30].
Par ailleurs, la composition d'une hypothétiqueatmosphère de Hauméa est inconnue et les astronomes supposent qu'elle ne possède pas demagnétosphère[55].
De plus, la structure de la glace cristalline est instable sous la pluie constante derayons cosmiques et de particules énergétiques du Soleil qui frappent les objets transneptuniens[54]. Le délai pour que la glace cristalline redevienne de la glace amorphe sous ce bombardement est de l'ordre de dix millions d'années[54], tandis que Hauméa est dans cette zone de température du Système solaire depuis des milliards d'années[57],[58]. Les dommages causés par les radiations assombrissent et rougissent également la surface des objets transneptuniens où les matériaux de surface communs sont des glaces organiques et destholins. Par conséquent, les spectres et l'indice de couleur suggèrent que Hauméa et les membres de sa famille de collision ont subi un resurfaçage récent qui a fait remonter de la glace fraîche[54]. Cependant, aucun mécanisme de resurfaçage plausible n'est suggéré[59]. D'autres mécanismes de réchauffement permettant la présence de cette glace sont proposés, comme unréchauffement par effet de marées grâce aux orbites de ses lunes ou la désintégration d'isotopesradioactifs[60],[61].
Hauméa est aussi brillante que laneige, avec un albédo compris entre 0,6 et 0,8, ce qui correspond à la glace cristalline[40]. D'autres grands objets tels qu'Éris semblent avoir des albédos au moins aussi élevés[62]. La modélisation la mieux adaptée selon les spectres réalisés suggère que 66 % à 80 % de la surface de Hauméa semble être de la glace d'eau cristalline pure, avec possiblement ducyanure d'hydrogène ou desargiles phyllosilicates contribuant à l'albédo élevé. Des sels de cyanure inorganiques tels que le cyanure decuivre et depotassium peuvent également être présents[7].
Cependant, d'autres études des spectres visible et proche infrarouge suggèrent plutôt une surface homogène recouverte d'un mélange 1:1 de glace amorphe et cristalline, avec pas plus de 8 % de matières organiques. L'absence d'hydrate d'ammoniac exclut lecryovolcanisme et les observations confirment que l'événement de collision doit avoir eu lieu il y a plus de 100 millions d'années, en accord avec les études dynamiques[63]. L'absence deméthane mesurable dans les spectres de Hauméa est cohérente avec un impact qui aurait éliminé cessubstances volatiles, contrairement àMakémaké[7],[64].
En plus des grandes fluctuations de la courbe de lumière de Hauméa dues à sa forme, qui affecte toutes les couleurs de manière égale, de plus petites variations de couleur indépendantes observées dans les longueurs d'onde visibles et dans le proche infrarouge montrent une région de la surface qui diffère à la fois en couleur et en albédo[65],[66]. Plus précisément, une grande zone rouge foncé sur la surface blanc brillant de Hauméa est observée en. Il s'agit probablement d'une caractéristique d'impact indiquant une zone riche en minéraux et en composés organiques, ou peut-être une proportion plus élevée de glace cristalline[67],[68].
Tracé de l'orbite de Hauméa (en bleu marine) comparée à celle des planètes et d'autres objets transneptuniens. Elle est notamment similaire à celle deMakémaké (en vert). Les positions des objets sont prises le 01/01/2018.
Hauméa réalise une révolution autour du Soleil avec unepériode orbitale de 284 années terrestres et avec une orbite typique des grandscubewanos (sa classification lors de sa découverte) : assezexcentrique, sonpérihélie est proche de 35 UA et sonaphélie atteint 51 UA[1],[39]. Elle passe pour la dernière à l'aphélie au début de 1992 et se trouve dans lesannées 2020 à plus de 50 AU du Soleil avec un périhélie prévu en 2133[69],[70].
L'orbite de Hauméa possède uneexcentricité légèrement supérieure à celle des autres membres de safamille collisionnelle. Cela serait dû à la faible résonance orbitale 7:12 de Hauméa avec Neptune modifiant progressivement son orbite initiale au cours d'un milliard d'années par le biais dumécanisme de Kozai, un échange entre l'inclinaison d'une orbite et une augmentation de son excentricité[42],[71],[72]. Soninclinaison orbitale reste significative à plus de 28° de l'écliptique[1].
Orbite de Hauméa dans un référentiel en rotation avec Neptune tenue stationnaire (point bleu). On observe lalibration de l'orbite autour de la résonance 12:7. Celle-ci passe du rouge au vert lorsque l'écliptique est traversée. Les orbites d'Uranus, Saturne et Jupiter sont respectivement représentées en vert, jaune, et rose.
Hauméa est dans une faiblerésonance orbitale intermittente 7:12 avec Neptune : toutes les douze orbites de Neptune autour du Soleil, Hauméa en fait sept[42],[39]. Sonnœud ascendant réalise uneprécession avec une période d'environ 4,6 millions d'années. La résonance est interrompue deux fois par cycle de précession, ou tous les 2,3 millions d'années, pour ne revenir que cent mille ans plus tard[73]. Ainsi, la dénomination de cette résonance particulière diffère parmi les astronomes mais elle ne peut pas être considérée comme stable[39]. Par exemple,Marc William Buie ne qualifie pas Hauméa comme en résonance[73].
Avec unemagnitude apparente de 17,3 en 2021[69], Hauméa est le troisième objet le plus brillant de la ceinture de Kuiper après Pluton et Makémaké[40]. Elle est facilement observable avec un grandtélescopeamateur[39],[40].
Malgré sa relative visibilité, sa découverte a été tardive car les premières enquêtes d'objets distants se sont d'abord concentrées sur les régions proches de l'écliptique, une conséquence du fait que les planètes et la plupart despetits corps du Système solaire partagent unplan orbital commun à cause de laformation du Système solaire dans ledisque protoplanétaire. Par ailleurs, étant proche de l'aphélie au moment de sa découverte, elle avait donc une vitesse orbitale moindre permettant plus difficilement de la distinguer d'une étoile[39],[74],[75].
Vue d'artiste de Hauméa avec ses lunes Hiʻiaka et Namaka. La distance avec ses lunes n'est pas à l'échelle.
Hauméa possède au moins deuxsatellites naturels :Hiʻiaka etNamaka. Darin Ragozzine etMichael E. Brown les découvrent tous deux en 2005 grâce aux observations de l'observatoire W. M. Keck[54]. Leur spectre ainsi que leur raies d'absorption similaires à ceux de Hauméa conduisent à conclure qu'un scénario de capture est improbable pour la formation du système et que les lunes se sont probablement formées depuis des fragments provenant de Hauméa elle-même à la suite d'un impact[41],[58],[76]. Un autre mécanisme de formation proposé, la fission rotationnelle, suggère plutôt que Hauméa se serait scindée du fait d'une rotation trop rapide pour former les satellites[43].
Hauméa et ses lunes, pris en image parHubble en 2008.Hiʻiaka est la lune la plus brillante et la plus extérieure, tandis queNamaka est la lune intérieure plus sombre.
Hiʻiaka, officiellement Hauméa I Hiʻiaka, provisoirement S/2005 (136108) 1 et d'abord surnomméeRudolphe (en anglaisRudolph ; d'après un desrennes du père Noël) par l'équipe de Caltech, est découverte le[13],[47]. C'est la lune la plus extérieure et la plus lumineuse des deux[54]. Elle fait environ 310 km de diamètre et orbite autour de Hauméa de façon presque circulaire tous les 49 jours avec undemi-grand axe d'environ 49 500 km[54],[77]. Seule la masse totale du système est connue, mais en supposant que le satellite possède la même densité et le mêmealbédo que Hauméa, sa masse atteindrait 1 % de cette dernière[78]. De fortes caractéristiques d'absorption à 1,5 et 2micromètres dans lespectre infrarouge indiquent qu'une glace d'eau cristalline presque pure recouvre une grande partie de la surface, ce qui est rare pour un objet de la ceinture de Kuiper[79].
Namaka, officiellement Hauméa II Namaka, provisoirement S/2005 (136108) 2 et d'abord surnommée Éclair (en anglaisBlitzen ; d'après un autre renne du père Noël), est découverte le[13],[80]. Elle fait un dixième de la masse de Hiʻiaka et 170 km de diamètre[54],[78]. Elle orbite Hauméa en 18 jours sur une orbite hautement elliptique inclinée de 13° par rapport à l'autre lune, causant uneperturbation de son orbite[54],[3],[77]. L'excentricité relativement importante ainsi que l'inclinaison mutuelle des orbites des satellites sont inattendues car elles auraient dû être amorties par l'accélération par effet de marée. Un passage relativement récent par une résonance 3:1 avec Hiʻiaka pourrait expliquer les orbites actuelles des lunes de Hauméa[3].
En 2009 et 2010, les orbites des lunes apparaissent presque exactement alignées par rapport à la Terre, Namakaocculte périodiquement Hauméa[81],[82]. L'observation de tels transits fournit des informations précises sur la taille et la forme de Hauméa et de ses lunes, comme cela est le cas pour lesystème plutonien[82],[83].
Le, Hauméaocculte l'étoile URAT1 533–182543[84]. Les observations de cet événement par une équipe internationale menée parJosé Luis Ortiz Moreno de l'Instituto de Astrofísica de Andalucía dans un article publié dansNature permettent de déduire la présence d'unanneau planétaire fin et sombre autour de la planète naine[45],[85]. Il s'agissait de la première et unique détection d'un anneau autour d'une planète naine et de façon plus générale autrour d'un objet transneptunien[84],[86], jusqu'à la découverte en février 2023 d'un anneau autour deQuaoar[87].
Simulation de la rotation de Hauméa, entourée de son fin anneau.
L'anneau mesure près de 70 kilomètres de large, a unalbédo géométrique de 0,5 et est situé à 2 287 kilomètres du centre de Hauméa, soit à un peu plus de 1 000 kilomètres de sa surface[45]. Il se rapproche donc plus desanneaux de (10199) Chariclo ou des potentiels anneaux de(2060) Chiron que des anneaux des planètes géantes, qui sont proportionnellement moins éloignés du corps central[88]. L'anneau contribuerait pour 5 % à la luminosité totale de la planète naine[45]. Dans l'étude de 2017, le plan de l'anneau est indiqué comme coplanaire au plan équatorial de Hauméa et coïncidant avec le plan orbital de sa plus grande lune extérieure,Hiʻiaka[45]. L'année suivante, d'autres simulations réalisées grâce à l'occultation arrivent au résultat que l'anneau est incliné de3,2 ± 1,4deg par rapport au plan équatorial de la planète naine[46].
L'anneau est proche de larésonance spin-orbite3:1 avec la rotation de Hauméa (qui correspond à un rayon de 2 285 ± 8 km du centre de Hauméa)[45],[89]. Ainsi, Hauméa fait trois tours sur elle-même lorsque l'anneau réalise une révolution[45]. Dans une étude sur ladynamique des particules de l'anneau publiée en 2019, Othon Cabo Winter et ses collègues démontrent que la résonance3:1 avec la rotation de Hauméa est dynamiquement instable, mais qu'il existe une région stable dans l'espace des phases cohérente avec l'emplacement actuel de l'anneau. Cela indique que les particules de l'anneau proviennent d'orbites circulaires périodiques proches de la résonance, mais pas exactement égales à celle-ci[90]. Par ailleurs, après simulations, l'existence d'anneaux autour d'objets non-axisymétriques comme Hauméa n'est permise que si leur rayon de résonance1:2 est inférieur à leurlimite de Roche, ce qui explique donc qu'elle soit le seul objet transneptunien doté d'un tel système, grâce à sa rotation rapide[88].
Inclinaison d'objets transneptuniens en fonction de leur distance au Soleil. Lafamille de Hauméa est en vert, les autrescubewanos en bleu, lesplutinos en rouge et lesobjets épars en gris.
Michael Brown et ses collègues émettent l'hypothèse que la famille est un produit direct de l'impact qui a enlevé le manteau de glace de Hauméa[42], mais d'autres astronomes suggèrent une origine différente : le matériau éjecté lors de la collision initiale aurait plutôt fusionné en une grande lune de Hauméa qui s'est ensuite brisée lors d'une deuxième collision en dispersant ses éclats vers l'extérieur. Ce deuxième scénario semble produire unedispersion des vitesses pour les fragments correspondant plus étroitement à la dispersion de vitesse mesurée empiriquement[94].
La présence de la famille collisionnelle pourrait impliquer que Hauméa et sa « progéniture » proviendraient dudisque des objets épars[95]. En effet, dans la ceinture de Kuiper aujourd'hui peu peuplée, la probabilité qu'une telle collision se produise au cours d'une durée égale à l'âge du Système solaire est inférieure à 0,1 %[95],[96]. La famille n'aurait pas pu se former dans la ceinture primordiale plus dense de Kuiper car un groupe aussi soudé aurait été perturbé parmigration planétaire deNeptune dans la ceinture, la cause supposée de la faible densité actuelle. Par conséquent, il semble probable que la région du disque épars dynamique, dans laquelle la probabilité d'une telle collision est beaucoup plus élevée, soit le lieu d'origine de l'objet qui a généré Hauméa et sa famille[96]. Finalement, parce qu'il aurait fallu au moins un milliard d'années pour que le groupe se diffuse aussi loin qu'il l'a fait, la collision qui a créé la famille Hauméa s'est produite tôt dans l'histoire du Système solaire[92].
Hauméa n'a jamais été survolée par unesonde spatiale mais dans les années 2010, à la suite du succès du survol de Pluton parNew Horizons, plusieurs études sont menées pour évaluer la faisabilité d'autres missions de suivi pour explorer la ceinture de Kuiper, voire plus loin[97],[98].
Joel Poncy et ses collègues estiment qu'une mission de survol de Hauméa pourrait prendre 14,25 ans en utilisant uneassistance gravitationnelle deJupiter, sur la base d'une date de lancement en. Hauméa serait à 48,18 UA duSoleil à l'arrivée de la sonde. Un temps de vol de 16,45 ans pourrait également être atteint avec des dates de lancement en, et[98].
Des travaux préliminaires d'élaboration de sonde destinée à l'étude du système hauméen existent, la masse de la sonde, la source d'alimentation énergétique et les systèmes de propulsion étant des domaines technologiques clés pour ce type de mission[97],[98],[99],[100].
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