En grec ancien, le iota sert également à la formation dediphtongues. À la suite de voyelles courtes, il est prononcé et écrit normalement (αι,ει,οι). Après une voyelle longue, sa prononciation s'est perdue après l'époque classique ; en orthographe polytonique, cette ancienne présence d'un iota devenu muet est notée par uniota souscrit, un petit « ι » écrit sous la voyelle, par exemple : « ᾳ » (alpha minuscule long + iota souscrit), « ῃ » (êta minuscule + iota souscrit), « ῳ » (oméga minuscule + iota souscrit). En majuscule, on peut aussi mettre un iota souscrit :ᾼ,ῌ,ῼ, mais, le plus souvent, le iota est placé à côté de la majuscule (Αι,Ηι ouΩι). Il est alors dit « iota adscrit ».
Περί ζῴων ἱστορίας en lettres capitales avec un iota souscrit dans l’édition de 1863 publiée chez Firmin Didot frères.
Τραγική κωμῳδία en lettres capitales avec un iota adscrit dans le journalΘάρρος du1er mai 1911.
Enfrançais, la lettre iota est utilisée pour décrire une petite quantité négligeable. L'expression « pas un iota », c'est-à-dire « pas la plus petite quantité » fait référence à une phrase duNouveau Testament (Matthieu 5:18) : « tant que le ciel et la terre ne passeront pas, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé ».
La lettre iota tire son origine de la lettre correspondante de l'alphabet phénicien,. Celle-ci provient peut-être de l'alphabet protosinaïtique, une écriture utilisée dans leSinaï il y a plus de 3 500 ans, elle-même probablement dérivée de certainshiéroglyphes égyptiens ; le hiéroglyphe sur lequel la lettre phénicienne est basée signifierait « main » ou « bras ». L'alphabet phénicien atteint une forme plus ou moins standard vers leXIe siècle av. J.-C. Sa10e lettre est uneconsonne (l'alphabet phénicien est unabjad qui ne note pas les voyelles) correspondant probablement au son [j].
La lettre correspondante de l'alphabet sudarabique est, y, correspondant à la lettreየ, yämän, de l'alphasyllabaire guèze. Dans les alphabets sémitiques, la lettre phénicienne a conduit au syriaqueܝ, à l'hébreuי, à l'araméen, à l'arabeي et au berbèreⵉ.
Alphabet grec peint sur la panse d'une coupe attique à figures noires ; le iota est écrit sous la forme d'un trait vertical.
À l'époque archaïque, les peuples grecs adaptent l'alphabet phénicien pour écrire leur propre langue. Le yod phénicien est utilisé pour noter le son/i/, proche. Les différentesalphabets grecs archaïques utilisent des symboles divers pour noter le iota, principalement sous la forme d'une ligne verticale droite ou une courbée avec trois ou quatre lignes angulaires, voire plus. La forme courbée est une forme plus ancienne et reste commune dans les variétés de grec où elle ne peut pas être confondue avecsigma, celui-ci étant remplacé parsan[2].
En résumé, le iota prend des formes diverses comme[3],[4] :
La forme actuelle de la lettre provient de l'alphabet utilisé enIonie, qui est progressivement adopté par le reste du monde grec antique (Athènes passe un décret formel pour son adoption officielle en 403 av. J.-C. ; son usage est commun dans les cités grecques avant le milieu duIVe siècle av. J.-C.).
Tout comme la plupart des noms des autres lettres, « iota » ne signifie rien de particulier en grec et n'est qu'un emprunt direct au nom de la lettre enphénicien. Il est supposé que le nom de la lettre phénicienne correspondante signifierait « main ».
En grec, la lettre est appeléeιώτα (iốta), prononcée /ióta/. En grec ancien, elle est nomméeἰῶτα (iỗta), prononcée /ˈiɔːˌ.ta/.
Le souvenir de la controverse survenue au cours duPremier concile de Nicée est resté dans l'expression« ne pas bouger d'un iota », laquelle utilisait une citation duNouveau Testament :« Pas un iota, pas un détail de la loi ne passeront avant que tout soit accompli »,Mt 5. 18. Les Nicéens soutenaient que le Fils était« de même substance » (ὁμοούσιος,homoousios) que le Père, tandis que les (semi-)ariens, qui furent excommuniés, soutenaient que le Fils était« de substance semblable » (ὁμοιούσιος,homoiousios) au Père. Les deux termes ne se distinguaient en effet que par un iota, mais étaient de sens très différent.