Tuamotu signifie entahitien « les îles au large », l'archipel se trouvant à l'est deTahiti. Leshabitants des Tuamotu sont lesPa'umotu, mot qui désigne égalementleur langue. L'archipel était appelé aussiîles Pomotou etîles Basses ou encoreArchipel Dangereux[6],[7].
Le peuplement des Tuamotu, consécutif à celui de la Polynésie par despopulations austranésiennes installées auxFidji vers -1500, s'est le plus probablement déroulé à partir de 300 de notre ère en provenance de l'archipel de la Société, dont les îles ont servi de base de dispersion dans les siècles qui ont suivi aux populations de navigateurs s'aventurant, d'atoll en atoll, vers l'est et s'établissant là où les conditions de vie étaient favorables, avant d'essaimer à nouveau. Le peuplement polynésien de l'essentiel de l'archipel des Tuamotu aurait été réalisé entre l'an 300 et l'an 1100[8].
Première carte des Tuamotu publiée en 1768 parBougainville lors de son passage. Apparaissent Les Quatre Facardins (actuelVahitahi), l'île des Lanciers (actuelAkiaki) et l'île de la Harpe (actuelHao).
Ces atolls passent sous protectorat français en1844. Ils figurent sous plusieurs noms : « Touamotou » (graphie française), « Pōmotu »[9], « Pau Motu » (pau : « soumises » etmotu : « îles »[10]) en raison de leur conquête historique par lesTahitiens, et Tuamotu signifiant « îles Lointaines », nom que les députés de l'archipel à l'assemblée de Papeete font valoir entre 1850 et 1851, et qui est finalement entériné par le protectorat français en 1852[11]. Elles sont définitivement annexées par laFrance en1880.
Certainsatolls (eux-mêmes souvent composés de plusieurs îles émergentes et ilots, récifs ou bancs) et îles isolées sont groupés géographiquement, et forment des groupes et sous-groupes. Les principaux atolls sontAnaa,Fakarava,Hao,Makemo,Manihi,Rangiroa,Tikehau etMataiva.
Sauf mention contraire, les noms cités dans les listes ci-dessous désignent des atolls et donnent souvent leur nom à leur île principale (et non des îles isolées ou des îles secondaires des atolls auxquelles elles se rattachent géologiquement).
Les îles Gambier sont désignées souvent comme un archipel séparé de celui des Tuamotu. Il s'agit en fait de deux atolls proches (ainsi qu'un atoll submergé en faible profondeur formant des récifs dangereux pour la navigation), formant la partie sud-est habitée de la commune deGambier (qui comprend aussi plusieurs atolls inhabités au sud-est des Tuamotu, listés dans la section précédente) :
Atoll de Gambier, qui comprend au centre du lagon (en dehors desmotus de la couronne récifale) plusieurs îles hautes (et plusieurs îlots rocheux rattachés) dont :
Toutes les îles des Tuamotu (saufMakatea etTikei qui cependant se sont formées à l’origine de cette façon) sont formées d'un étroit banc de sable (partiellement émergé) recouvrant une double barrière decorail formée sur l’atoll d’un ancienvolcan, dont le cratère central s’est effondré mais dont les pentes internes et externes ont vu naître les récifs coralliens. Ces anciens volcans se sont formés au-dessus des nombreux points chauds qui bordent les fractures tout autour de la profonde mais fineplaque tectonique du Pacifique Sud[12].
Parfois, seul le massif corallien interne (de formation plus récente) a pu émerger, protégé des courants océaniques par le massif corallien externe constamment battu par les flots, alors qu’entre les deux se sont accumulés les sables, pris à ces massifs coralliens ou aux plus anciennes roches volcaniques. Progressivement, ces sables recouvrent le massif corallien interne dont le rayon va se réduire autour de la cheminée centrale de plus en plus abrupte alors que leur niveau s’élève, tandis que le massif corallien externe peut aussi voir son rayon se réduire par l’érosion des vagues amenant les sables (ou par la mort des coraux causée par l’acidification des eaux océaniques).
Souvent des passes maritimes se sont formées avec lelagon central, où peuvent subsister encore des bancs de sable ou îlots secondaires. Ces passes font souvent l’objet de puissants courants demarée (essentiels à la vie du lagon, d'une part pour les oxygéner, et d’autre part pour le fragile massif corallien intérieur, très sensible aux variations d'acidité des eaux) qui ne renouvellent cependant que partiellement les eaux (souvent profondes et acides) de l’ancienne cheminée volcanique au centre des plus grands lagons (même si subsistent aussi des fractures sous-marines plus profondes traversant les flancs externes de l’ancien cratère formé de roches volcaniques accumulées et spongieuses).
Il est même possible que le massif corallien interne ne puisse jamais parvenir à se développer si ces passes marines sont insuffisantes (ou si les émissions acides dans la cheminée effondrée remontent de façon trop importante) et le lagon ne peut subsister que si l’effondrement du volcan ne se poursuit pas avant que les flancs aient été renforcés par le massif corallien externe. De tels cas se produisent avec des atolls aujourd'hui complètement submergés presque en permanence (hormis quelques récifs) et dont ne subsistent que des bancs de sable peu profonds et instables, où parviennent difficilement à se fixer les coraux (condamnant alors l’ancien atoll à une érosion rapide et un effondrement en grande profondeur si rien ne vient les soulever par une reprise de la poussée volcanique).
Toutes les îles émergées des atolls forment aussi de précieux refuges pour de nombreux oiseaux (à cause des distances importantes qui les séparent) : elles ont ainsi vu s’accumuler des dépôts parfois importants deguano, très riches enphosphates (notamment à Makatea) qui basifient et élèvent les anciens sols acides (et mêlés des squelettes d‘autres espèces marines vivant sur les sols émergés ou dans le lagon).
En raison de la très faible altitude des terres émergées, elles sont facilement submergées partiellement par l’élévation temporaire du niveau marin (lors de tempêtes,cyclones tropicaux outsunamis d’origine tellurique), ce qui maintient une salinité importante des sols que ne submergent pas les marées, et qui peut raser certains bancs de sable ou agrandir ou déplacer les passes marines entre eux. De plus les ressources en eau douce (d’origine atmosphérique) y sont très rares car elles ne peuvent pas facilement être accumulées sur ces sols spongieux gorgés de sel.
Les anciens atolls de Makatea et Tikei (issus de volcans les plus anciens ou plus petits) ont vu leur lagon se combler (presque totalement pour Tikei) après l’élévation du corail et l’accumulation des sables puis des guanos (qui ont imperméabilisé certains sols et permis la conservation de quelques ressources en eau douce). Makatea a pu ainsi voir se développer une maigre (mais fragile) couche fertile au-dessus, couvrant presque toute l’île et propice à une vie aérienne plus dense et à l’accumulation de dépôts végétaux.
Lesîles Gambier ont une origine géologique différente.
Le maigre sol des îles de corail ne favorise pas la diversité végétale et ne permet généralement qu’une agriculture de subsistance. Les cocotiers, à partir desquels est extrait lecoprah, ont une grande importance économique pour ces îles. Sur certaines d’entre elles on cultive aussi la vanille. Les principales cultures sont l’igname, letaro et l’arbre à pain ainsi que d’autresfruits tropicaux.
La feuille dupandanus est traditionnellement utilisée pour faire des chapeaux et couvrir les toits des habitations (mais elle est de plus en plus remplacée par latôle ondulée.)
La faune est essentiellement composée d’oiseaux, d’insectes et de quelques reptiles. Il n’y a que 57 espèces d’oiseaux dont dix sont endémiques et treize sont menacées. En revanche les fonds marins sont d'une exceptionnelle richesse. Les lagons grouillent de vie ; plus de 400 espèces de poissons peuplent ces lieux magiques. Cette variété a fait des Tuamotu une des plus belles destinations du monde pour la plongée sous-marine. Les eaux cristallines permettent d'y cultiver les célèbresperles noires[13], rares et uniques au monde.
Au recensement de 2007, il y avait 15 510 habitants aux îles Tuamotu[1] soit une densité de 18 hab/km². La population était de 14 876 en 2002 et 8 100 en 1983. En 2002, 769 habitants vivaient à moins de 400 kilomètres des îlesMoruroa etFangataufa (ancienne base d’essais nucléaires).
L'archipel est dirigé par une principauté depuis plus de 120 ans. On raconte qu'en 1892, le roi Rangiroa, en raison de la mauvaise entente qui régnait entre la population paumotu, a fui le territoire, sans avoir décidé de sa succession. Il était du devoir de son fils de se manifester pour reprendre le contrôle des terres polynésiennes, ce qu'il a fait.
La division des Tuamotu-Gambier (au sein de laPolynésie française) se compose de seizecommunes couvrant la plus grande partie des atolls dans l'Archipel des Tuamotu et une commune couvrant les deux atolls récents desîles Gambier (ainsi que les quatre atolls duGroupe Actéon et les trois atolls isolés deMaria Est,Marutea Sud etMorane, tous situés au sud-est des Tuamotu). Ces communes prennent souvent leur nom de l’île principale des atolls qu’elles administrent, alors que de nombreux petits atolls sont aujourd’hui inhabités de façon permanente mais convertis en espaces naturels protégés :
Vue du lagon intérieur de Fakarava depuis un ponton proche du village de Rotoava
Les îles Tuamotu forment deux des six circonscriptions électorales de l’Assemblée de la Polynésie française. À l’est de l’archipel, la circonscription électorale des « îles Gambier et Tuamotu » compte la commune de Gambier et onze autres communes : Anaa, Fangatau, Hao, Hikueru, Makemo, Napuka, Nukutavake, Pukapuka, Reao, Tatakoto et Tureia. À l’ouest, la circonscription électorale des « îles Tuamotu ouest » compte cinq communes : Arutua, Fakarava, Manihi, Rangiroa et Takaroa.