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Uneîle (ouile dans l'orthographe de 1990[1]) est une surface de terre entourée d'eau[2] de manière permanente ou parfois de manière temporaire en fonction desmarées[3]. Les îles peuvent être baignées par leseaux d'unocéan[4], d'uncours d'eau[5], d'unlac[6],...
Une île peut être continentale lorsque c'est le niveau de la mer qui isole un point haut du reste des terres ou que la dérive continentale détache l'île du reste des terres,volcanique,sédimentaire (alluvions,corallienne, précipitation chimique, etc),tectonique (émersion du plancher marin) ouartificielle. Elle peut prendre l'aspect d'un véritable continent comme l'Australie ou bien être réduite au simple aspect d'unécueil ou d'unrécif.
LaConvention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 définit ainsi une île :« Une île est une étendue naturelle de terre entourée d'eau qui reste découverte à marée haute »[8] qui reprenait la définition qu'en donnait, dans son article 10, laConvention sur la mer territoriale et la zone contiguë[9], signée àGenève en 1958. S'il existe une limite pour distinguer une île d'uncontinent, généralement, elle est fixée à l'Australie. Mais la question de savoir si l'Australie est l'un ou l'autre reste ouverte. Certaines terres océaniques ne sont entourées d'eau que lors desgrandes marées ; il est abusif de les qualifier d'îles.
Plusieurs îles proches les unes des autres forment unarchipel.
Certaines îles sontaccessibles à marée basse, perdant temporairement leur caractère insulaire. Là encore, il est possible de les considérer ou non comme des îles à part entière. On continue à parler d'île, même si l'insularité n'est effective que quelques jours par an, durant les grandes marées (cas notamment duMont Saint-Michel depuis 2012)[11]. On les qualifie detidal islands, terme anglais équivalant à "île accessible à marée basse" ou "île de marée" ou "îleintertidale"[12].
La superficie d'une île est sa surface en vue de haut ; si elle est soumise à des marées, c'est sontrait de côte (rivage à marée haute), qui figure sur les cartes et qui définit sa surface.
Sonétymologielatine,insula, a donné l'adjectif « insulaire » ; on dit aussi « îlien ». Au pluriel, le terme « îles » désigne couramment les îles des mers chaudes comme lesAntilles ou des archipels d'Océanie. L'ancienne orthographe étaitisle[13]) Par extension, le substantif « des îles » désigne quelqu'un ou quelque chose originaire des Antilles[14], bien que l'utilisation de ce terme n'ait aucune cohérence géographique.
Les toponymes peuvent conserver la trace d'une ancienne île, commeLille enFrance, ou procéder par analogie, telle la région française d'Île-de-France, extension de l'ancien domaine royal desCapétiens, qui n'est pas une île et dont les habitants sont appelés les « Franciliens ».
Lesrectifications orthographiques de 1990 rendent facultatif cet accent circonflexe, on peut donc écrireile.« Si l’accent circonflexe placé sur les lettres a, o et e peut indiquer utilement des distinctions de timbre [...] placé sur i et u il est d’une utilité nettement plus restreinte », toutefois,« aucune modification n’est apportée aux noms propres »[15]. AinsiBelle-Île-en-Mer n'est pas modifié, ni ses habitants lesBellîlois[16]
Les îles continentales sont appelées ainsi car elles sont situées sur le mêmeplateau continental que lecontinent qui leur est proche. Il s'agit donc en fait d'une partie du même continent : c'est la hauteur du niveau de la mer qui fait qu'il s'agit d'une île (c'est le cas de laGrande-Bretagne qui lors de la dernièreglaciation n'était pas une île). Certaines îles ne le sont d'ailleurs qu'àmarée haute (lemont Saint-Michel ou l'île de Noirmoutier par exemple). Dans ces cas-là, la profondeur de la mer autour d'elles est (relativement) faible.(Voir à ce sujet l'articleÎle accessible à marée basse.)
Là, ce sont les laves accumulées par un ou plusieursvolcans qui émergent, par l'accumulation deproduits volcaniques, formant l'île. La profondeur de la mer aux alentours peut alors être très grande (plusieurs milliers de mètres). Les exemples au milieu de l'océan ne font partiegéologiquement d'aucun continent.
Unatoll est une île formée à partir d'unrécif corallien qui s'est construit sur une île volcanique érodée et submergée. Par l'accumulation de coraux et polypes sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, le récif émerge à la surface de l'eau et forme une nouvelle île. Les atolls ont souvent la forme d'un anneau avec unlagon central et peu profond. Des exemples sont lesMaldives dans l'océan Indien etRangiroa dans le Pacifique.
Lesîles fluviales apparaissent dans lesdeltas et dans lescours d'eau. Elles se forment par le dépôt desédiments à des endroits où le courant perd une partie de son intensité. Certaines sont éphémères et peuvent disparaître lorsque le volume d'eau ou la vitesse du cours d'eau changent tandis que d'autres sont stables et d'une grande longévité.
Les îles à l'ouest deSumatra sont unprisme d'accrétion qui émerge. Si les mouvements continuent ces îles vont s'agrandir et augmenter la surface de Sumatra.
Au niveau des zones de subduction où deux plaques tectoniques convergent, des failles inverses et des plis se forment, ce qui épaissit la croûte terrestre et fait remonter le fond de la mer. Ainsi, l'île de laBarbade dans lesAntilles est unprisme d'accrétion qui émerge. C'est la même chose pour les îles à l'ouest deSumatra :Simeulue,Nias… Pour l'île deNias, leséisme de 2005 à Sumatra a soulevé une partie de l'île, augmentant encore un peu plus sa surface.
Au niveau de lamer Baltique et desfjords, la fonte, il y a 10 000 ans, d'unglacier qui la recouvrait, a fait remonter la lithosphère (rebond isostatique) faisant émerger de nouvelles terres et des îles commeBornholm.
La définition de l'île comme une étendue de terre entourée d'eau conduit à rassembler dans la même catégorie des terres très dissemblables, de l'îlot au continent, dont le degré d'insularité est très variable. Ce degré d'insularité est difficile à définir et s'apprécie différemment selon qu'on s'intéresse à lagéographie physique ou humaine, à l'économie et auxtransports, ou à labiologie ou à l'écologie.
Sous l'angle de la géographie physique, un auteur,François Doumenge, a défini des critères mesurables pour apprécier le degré d'insularité :
l'« indice côtier » qui se définit comme le rapport entre la longueur des côtes et la surface de l'île. Cet indice est maximum, deux ou plus, dans le cas desatolls pour lesquels la présence d'un lagon central augmente sensiblement la longueur des côtes. Selon le relief (massif ou très découpé) et la forme générale de l'île (plus ou moins circulaire ou allongée) cet indice varie fortement. Il considère qu'en dessous de 1/25 (un kilomètre de côtes pour 25 km2), l'île a un caractère fortementcontinental.
Cet auteur définit aussi un « indice d'endémisme » qui est le rapport du nombre total detaxons (genres, espèces et sous-espèces) du peuplement insulaire par le nombre des taxons endémiques. Cet indice donne une idée de l'importance de l'endémismevégétal etanimal, c'est-à-dire de l'isolement biologique, qui caractérise une île donnée.
L'indice d'isolement duProgramme des Nations unies pour l'environnement (PNUE, 1998), est plus complexe. Il consiste à additionner la racine carrée de la distance de l'île de taille équivalente ou supérieure la plus proche, la racine carrée de la distance de l'archipel le plus proche et laracine carrée de la distance du pays continental le plus proche. Cet indice est le plus élevé (149) pour l'île de Pâques. Il est de 102 pourTahiti et de 23 pour laCorse.
Ces indices ne tiennent pas compte des activités humaines, de l'importance de la population et de l'accessibilité (par exemple présence d'un aéroport international).
On peut aussi s'interroger sur la pertinence de l'île en tant qu'objet géographique spécifique. Un chercheur,François Taglioni, a conduit une étude sur les petits espaces insulaires[18] dans le monde afin de revisiter les concepts qui touchent aux îles et aux dynamiques territoriales que cette catégorie d'espaces entretiennent entre eux.
Le nombre d'îles dans le monde serait évalué à près de 300 000 en prenant en compte leur variabilité de taille allant de celle d'un continent, comme l'Australie, à quelques kilomètres carrés comme les îlots coralliens.
Les îles vraies ne peuvent abriter que peu d'espèces quand elles sont petites. À partir d'une certaine étendue, des facteurs importants debiodiversité, notamment par l'endémisme, peuvent permettre d'abriter une multitude d'espèces.
Dans unréseau écologique, elles peuvent servir de « gué » pour les espèces qui savent voler ou qui ont de bonnes capacités colonisatrices sur l'eau ou dans l'air. Les espèces qui y vivent y sont souvent plus petites - des éléphants nains vivaient par exemple enCorse et enSardaigne jusqu'à ce que ces îles soient colonisées par l'Homme.
Le concept d'île est également utilisé pourmétaphoriquement décrire tout « isolatbiogéographique » dans lequel des populations d'êtres vivants se trouvent isolés, formant des îles au sens biologique du terme. Quand ce processus est en cours dans un contexte defragmentation écologique, on parle d'« insularisation écologique ».
Un partenariat international a été initié pour aider les îles à échanger et se faire entendre en matière d'environnement, dans le cadre de laconvention mondiale sur la biodiversité (Rio, juin 1991), dit « Global Island Partnership » (ouGLISPA)[21].
Les systèmes écologiques insulaires ou insularisés (îles vraies ou prises au sens de l'écologie du paysage) sont souvent simplifiés, et donc plus vulnérables aux perturbations, notamment anthropiques[22]. En particulier les introductions d'espèces (volontaires ou involontaires) y sont souvent cause d'invasion biologique perturbant gravement les équilibres écologiques insulaires[23] ce qui a entraîné la disparition de nombreuses espèces depuis quelques siècles. Höner et Greuter ont montré en 1988 que ces invasions n'affectent pas que les îlots, mais aussi les grandes îles comme Madagascar[24], la Nouvelle-Zélande[25] ou l'Australie.
En Europe de l'Ouest, vers 3000av. J.-C., des agriculteurs ont colonisé la plupart des petites îles du nord-ouest de l'Europe. Ils ont dû transporter par mer leurs graines, plants et animaux domestiques et l'ont parfois fait sur de longues distances. Ils ont adapté aux îles et à l'environnement marin certaines techniques d'élevage[26]. Au Mésolithique, beaucoup des îles européennes étaient déjà cultivées ou exploitées par des éleveurs, de manière très différente selon les cas[26]. Des analyses isotopiques zooarchéologiques laissent penser que l'alimentation humaine a d'abord été fortement tributaire d'aliments d'origine marine (poissons, fruits de mer (des amas coquillers le montrent), mammifères marins...), puis auNéolithique les cas sont plus contrastés (des amas de coquillages sont encore trouvés, de même que des restes de poissons, oiseaux et mammifères marins, mais des preuves isotopiques montrent qu'ils n'étaient plus qu'une contribution mineure à l'alimentation, soit que les progrès de l'agriculture aient permis des reports vers les fruits, légumes et viandes d'élevage, soit que les ressources marines les plus faciles à atteindre aient déjà été surexploitées[26]. Les bovins, ovins et porcins sont les plus présents parmi les animaux élevés. À la fin du Néolithique, même les îles les plus périphériques du nord-ouest de l'Europe ont été exploitées, et elles l'ont principalement été pour leurs ressources terrestres, plus que marines[26]. Ce document présente des données à partir de sites sélectionnés dans l'ouest de la France et dans les Orcades et tente ensuite de donner quelques explications possibles pour les modèles observés d'utilisation de petites îles à l'époque néolithique[26].
L'isolement, terme dont l'étymologie est rattachée à « île » par l'intermédiaire de l'italienisola, et la solitude sont souvent recherchés dans les îles, que ce soit volontaire ou non :
L'île paradisiaque est un concept très ancien. Dans lescivilisations antiques, comme chez lesGrecs ou chez lesCeltes (île d'Avalon), si les dieux vivent dans une île, c'est bien qu'il s'agit d'un lieu privilégié. L'île est ainsi devenue le support duParadis. AuMoyen Âge, on situe lejardin d’Éden sur une île et on part à la recherche du Paradis sur Terre. Sa recherche est le cadre de nombreuses légendes et histoires. AuXVIe siècle, l'être humain se sert du cadre de l'île afin d'y décrire une société idéale, l'Utopie. Ultérieurement, les romanciers utiliseront l'île comme cadre de leurs romans pour que leurRobinson Crusoé y aborde et y vive en retrait de la société durant une certaine période. Ce concept desrobinsonades a été repris de nos jours par letourisme, pour en faire le lieu privilégié pour nosvacances qui font de nous de nouveaux Robinsons modernes. L'île support du rêve est ainsi devenue un des thèmes récurrents despublicités.