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L’étymologie est lascience qui a pour objet la recherche de l'origine des mots d'une langue donnée, et la reconstitution de l'ascendance de ces mots. L' étymologie s’appuie sur des lois de laphonétique historique et sur l’évolution sémantique des termes envisagés. Unétymon est un« mot attesté ou reconstitué qui sert de base à l'étymologie d'un terme donné »[1].
Étymologie est unmot composé et savant issu dugrec ancien,ἐτυμολογία /etumología, lui-même formé sur le mot dugrec ancienἔτυμov /étumon, « vrai sens, sens étymologique », et sur la base-λογια /-logia, dérivée deλόγος /lógos, « discours, raison », qui sert à fournir les noms de disciplines. C'est donc, à l'origine, l'étude de la vraie signification d'un mot.La définition doit cependant être dépassée : l’étymologie étudie sinon l’origine, du moins un état, le plus ancien possible, des mots. On considère que les mots d’une langue peuvent, d’un point de vuediachronique, avoir principalement quatre origines :
ce sont des mots hérités d’un état plus ancien de la même langue ou d’une langue-mère, à la suite d'un usage constant ; ces mots ont donc subi le processus d'évolution phonétique de la langue ; le terme ancien à l’origine du mot nouveau est nomméétymon. Par exemplele Petit Robert donne les étymologies suivantes :
pourbœuf : latin classiquebos,bovis ; en ancien français,buef (XIe siècle)
pouralouette : ancien françaisaloue, emprunté au gauloisalauda ;
ce sont desmots empruntés à une autre langue, qui se sont adaptés au système phonologique et graphique de la langue réceptrice ;
ce sont des mots et des noms qui ont subi une longue et lente évolution selon les lieux et les époques à des rythmes et des modes plus ou moins soutenus. Un mot ou un nom en Île de France n'est pas un mot ou un nom en Pays Basque, en Provence, en Bretagne, en Alsace, ou encore au Québec ;
ce sont des créations ou « néologismes » (souvent formés à partir de racinesgrecques etlatines pour les langues européennes, parfois à partir de racines propres à la langue elle-même, comme pour l'islandais).
Quand, dans unelangue, un même étymon a été hérité et emprunté ultérieurement, les deux mots obtenus sont nommésdoublets lexicaux. On en trouve un grand nombre en français : la plupart des mots français proviennent en effet dulatin ; certains se sont transmis depuis lelatin vulgaire en se modifiant phonétiquement, ce sont les mots hérités ; le même étymon a parfois aussi été emprunté postérieurement, dans le vocabulaire savant ; les deux mots issus du même seul étymon latin mais ayant suivi deux voies différentes se nomment respectivementdoublet populaire etdoublet savant. Leurs sens sont généralement différents, le doublet savant gardant une acception plus proche du sens étymologique. Ainsi, le mot latinpotionem donnepotion dans la langue savante, maispoison dans la langue populaire.C’est aussi le cas pour l’étymonfabrica(m) :
le mot hérité du latin a donnéforge en suivant l’évolution phonétique naturelle au cours des siècles ;
D’autres doublets importants, dans l’ordrevulgaire /savant(étymon latin) :orteil /article(articulum),chose /cause(causam),frêle /fragile(fragilem),froid /frigide(frigidum),moule /muscle(musculum),métier /ministère(ministerium),tôle /table(tabulam), etc.Il peut aussi arriver qu'un triplet existe comme pourchancre /cancre /cancer (latincancer).Il faut donc distinguer entre les mots hérités de la langue-mère qu’est le latin, et ceux qui ont été empruntés.
Lalangue française s’est élaborée lentement à partir d’un dialecte latin influencé par lalangue celtique préexistante (substratgaulois) puis plus encore par la langue de superstrat, levieux bas francique. C’est sans doute vers l’époque deCharlemagne que les gens s’aperçoivent de cette évolution : ils ne parlent plus le latin mais l’« ancêtre » du français. Mais il faudra attendreFrançoisIer pour que cette langue supplante le latin comme langue écrite et bien plus longtemps encore pour qu’elle soit comprise et parlée dans toutes les régions. Mis à part les influences qui ont pris part à sa genèse, la langue française a aussi emprunté de nombreux mots à d’autres langues :
augaulois, supplanté par le latin mais qui a légué de nombreux mots dans la langue mais surtout dans la toponymie française ;
aulatin, majoritairement sous sa forme classique, phénomène qui se poursuit aujourd'hui ;
auvieux bas francique qui a eu une influence plus que déterminante sur la naissance de la langue française ;
augrec ancienvia le latin, origine ditegréco-latine ;
au grec ancien directement pour former des mots savants enphilosophie,science,technique… ; phénomène qui se poursuit de nos jours ;
à l'ancien scandinave dans le domaine notamment de la marine ancienne et de la navigation auMoyen Âge ;
à diverses langues régionales françaises, de manière réduite.
Henriette Walter, dans l’Aventure des mots français venus d’ailleurs, relève : « À titre indicatif, les emprunts linguistiques français sont bien réels : ainsi sur les 35 000 mots d’un dictionnaire de français courant, 4 200 sont de toute évidence empruntés à des langues étrangères », dont les deux principales (hormis le latin et le grec) sont l’anglais (25 %) et l’italien (16,8 %).Pour le détail de ces emprunts, se reporter à l’articleEmprunt lexical.
Les dictionnaires courants indiquent de manière occasionnelle (Petit Larousse, Wiktionnaire…) ou systématique (Petit Robert) l’étymologie des mots français. Ils le font d’une manière nécessairement très concise qui occasionne parfois des malentendus de la part des non-spécialistes.
Les motsgrecs sont généralement donnés entranslittération.En conséquence, des mots commeaggelos, aggeion, egkephalos, larugx, ogkos (étymologie des mots ouélémentsange, angio-, encéphale, larynx, onco-) doivent se lireangelos, angeion, enkephalos, larunx, onkos (ou plus précisémentaŋgelos, etc.).En effet, les alphabetsgrec etlatin n’ont pas de lettre propre pour la consonneŋ (comme len de l'anglaispink). Celle-ci est écrite en grec comme ung (γ) dans tous les cas (c’est-à-dire devant les lettresm, n etg, k, kh, x), tandis que le latin l’écritg devantm, n et l’écritn devantg, c, ch, x.D’autre part, lesdiphtongues du grec sont souvent altérées dans la prononciation scolaire des différents pays. Par exemple,eu (ευ) était prononcé en réalitééou (comme dans l’occitansouléu « soleil »), d'où en grec médiéval et moderneèv ouef.
Lesnoms etadjectifsgrecs etlatins sedéclinent, c’est-à-dire que leur forme varie selon lecas (sujet, complément, etc.), le genre (féminin, masculin, neutre), et le nombre (singulier, pluriel), et non seulement selon le genre, et lenombre, comme en français.Lecas employé pour citer un nom ou un adjectif est lenominatif. Mais le nominatif seul ne suffit pas pour savoirdécliner le mot. C’est pourquoi on doit donner aussi la forme dugénitif (qui correspond en français aucomplément du nom). Exemple : grecodous (nominatif : « dent »),odontos (génitif : « d’une dent », « de dent »). L’indication du génitif sert d’une part à indiquer à quel type dedéclinaison appartient le mot, d’autre part à isoler leradical, qui, dans certains types de déclinaison, n’est pas reconnaissable au nominatif. Exemple : le nom de la « dent » : en grec, radicalodont-, nominatifodous, génitifodontos ; en latin, radicaldent-, nominatifdens, génitifdentis. Dans les dictionnaires français, le génitif grec ou latin est indiqué uniquement s’il est nécessaire dans cette seconde fonction, c’est-à-dire si le radical n'est pas reconnaissable au nominatif. Exemple : grecodous, odontos (étymologie deparodonte, etc.), latindens, dentis (étymologie dedent), mais pour des mots comme grecperiplous, latindiscipulus (étymologie depériple,disciple) on ne donne pas le génitifperiplou,discipuli.Autres exemples montrant que la forme du génitif (et du reste de la déclinaison) n'est pas prédictible à partir de celle du nominatif (les formes sont citées dans cet ordre : nominatif, génitif, signification) : grecpous, podos, pied ;bous, boos, bœuf ;logos, logou, parole, discours ;algos, algous, douleur ; latinfrons, frontis, front ;frons, frondis, feuillage ;palus, pali, pieu ;palus, paludis, marais ;salus, salutis, salut ;manus, manus, main.Une faute fréquente chez les non-initiés, lorsqu'ils citent l’étymologie d’un mot, consiste à citer seulement la seconde des deux formes (en croyant qu'il s'agit simplement de deuxsynonymes, et parce que c’est la seconde forme – celle qui conserve le radical intact – qui ressemble le plus au mot français à expliquer). Non : c’est la première forme qu’il faut citer de toute façon, et facultativement la seconde. Pour reprendre l'exemple ci-dessus, c’estodous qui signifie « dent » en grec, ce n’est pasodontos, ce dernier n’étant qu’une formefléchie.
Lesens d’un mot dans la langue source n’est indiqué que de façon sommaire (dans la notice étymologique d’un dictionnaire d’usage), et seulement lorsqu’il diffère du sens français.Avant de se risquer à des commentaires philosophiques ou autres sur le changement de sens d’un mot, il est recommandé de consulter un dictionnaire de la langue source pour le sens et l’usage exacts du mot source, ou/et un dictionnaire étymologique ou historique du français (voire de la langue source) pour connaître l’histoire des significations. On lit parfois dans la presse ou la littérature des commentaires inspirés, par exemple, par l’étymologie du mot françaistravail (latin [tardif, régional]*tripalium, instrument de torture) ou par lapolysémie du mot latinpersona (masque [de théâtre], personnage [de théâtre], personne), commentaires dont les auteurs ont visiblement « inventé » un lien entre le sens initial et le sens final d’un mot sans connaître leur filiation réelle.