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Étrusque

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Cet article concerne la langue étrusque. Pour le peuple étrusque, voirÉtrusques.

Étrusque
PériodeVIIIe siècle av. J.-C. -IIe siècle av. J.-C.
PaysItalie
RégionÉtrurie
Classification par famille
Codes de langue
IETFett
ISO 639-3ett
État de conservation
Éteinte
EXÉteinte
Menacée
CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre
NENon menacée
Langueéteinte (EX) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
Carte
Image illustrative de l’article Étrusque
Zones approximatives de répartition de l'étrusque et des autreslangues tyrséniennes dans l'Antiquité
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Face avant du cippe de Pérouse ditCippo perugino.

L'étrusque fut parlé par lesÉtrusques sur le territoire de l'ancienneÉtrurie, enItalie centrale, correspondant environ à l'actuelleToscane (qui lui doit son nom), à partir duVIIIe siècle av. J.-C., jusqu'à son extinction en tant que langue vivante, aux alentours duIIe siècle av. J.-C.

Il existe uncorpus, soit un ensemble d'inscriptions en langue étrusque conservées jusqu'à ce jour, dûment répertoriées et provenant pour la plupart d'entre elles deCampanie, duLatium, de Falerii et Faliscus,Véies,Caeré,Tarquinia et alentours, mais aussi d'endroits plus éloignés, hors de l'Étrurie, avec lesquels celle-ci entretenait d'étroits rapports diplomatiques ou commerciaux : ce qui deviendra à l'époque romaine laGallia Narbonensis (laNarbonnaise) mais aussi laCorse, laSardaigne et l'Afrique du NordCarthage était souveraine.

La seule langue attestée avec laquelle on ait trouvé une parenté avec l'étrusque est celle qui fut parlée dans l'île deLemnos, avant l'invasionathénienne (VIe siècle av. J.-C.)[1], où desstèles ont été trouvées comportant des inscriptions rédigées avec des caractères proches de ceux utilisés par les Étrusques.

En dehors de quelques dizaines de mots dont le sens est assuré ou probable, l'étrusque n'est toujours pas compris, et les grands textes qui sont parvenus sont intraduisibles.

L'alphabet

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Article détaillé :Alphabet étrusque.

L’alphabet étrusque était l'alphabet utilisé par lesÉtrusques pour la langue étrusque. Dans sa variante archaïque il comporte 26 lettres (dans le modèle reproduit sur les abécédaires les plus anciens) dont trois ne sont jamais utilisées en étrusque (BDO). On ne peut pas exclure non plus l'hypothèse selon laquelle le système alphabétique lacunaire utilisé, ne permettait pas de différencier certains sons à l'écrit (notamment, le P et le B ; le T et le D ; le U et le O), qui auraient bel et bien existé distinctement à l'oral. La lettre thêta notait parfois un son /d/ comme dans UDISTE, « Ulysse », où le son D connaissait parfois une graphie avec thêta.

L'origine de la lettreC est la même que celle de la lettre latineG. L'étrusque ne semblant faire aucune différence entre lesconsonnes occlusivesvélaires sourdes et sonores ([k] et [g] enAPI), l'alphabet étrusque utilisa la troisième lettre de l'alphabet grec, legamma, pour transcrire [k].

Description linguistique

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Phonologie

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Dans les tableaux suivant figurent les lettres des alphabets latin et grec utilisées pour transcrire l'étrusque, suivies de leur prononciation enAPI, puis du signe correspondant de l'alphabet étrusque, qui s'écrivait de droite à gauche.

Voyelles

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L'étrusque a un système vocalique formé de quatre voyelles distinctes. Il n'y aurait pas de distinction phonologique entre les voyelles [o] et [u], possiblement simplement des allophones d'un uniquephonème qui ressemblait plutôt à [o] ou [u], d'après les sons adjacents. C'est aussi le cas dunahuatl et d'autres langues qui ne distinguent pas [o] et [u]. Dans l'écriture, un seul signe est employé pour couvrir les emprunts du grec avec [[o, u, ɔ]]. (ex. grecκωθωνkōthōn > étrusquequtun « jarre »).

AntérieureCentralePostérieure
Ferméei
[i]
I
u
[u]
U
Ouvertee
[e]
E
a
[ɑ]
A

Consonnes

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Le système consonantique étrusque distingue principalement les occlusives aspirées et les non-aspirées. Toutefois, il n'y a pas de différence entre les sourdes et les sonores, et [b], [d] et [g] se confondent, respectivement, avec [p], [t] et [k].

BilabialeDentaleAlvéolairePalataleVélaireGlottale
Occlusivesp
[p]
P
φ
[pʰ]
Φ
t, d
[t]
TD
θ
[tʰ]
Θ
c, k, q
[k]
CKQ
χ
[kʰ]
Χ
Fricativesf
[ɸ]
F
s
[s]
S
ś
[ʃ]
Ś
h
[h]
H
Affriquéesz
[ts]
Z
Nasalesm
[m]
M
n
[n]
N
Latéralesl
[l]
L
r
[r]
R
Spirantesv
[w]
V
i
[j]
I

En se fondant sur le standard orthographique des écrits étrusques, qui ne marquent pas les voyelles ou contiennent une série de groupes de consonnes semblant impossibles à prononcer, dans des mots commecl « de cette (génitif) » etlautn « homme libre », il est probable que « m », « n », « l » et « r » étaient parfois prononcées commesonantes syllabiques. Ainsi,cl /kl̩/ etlautn /'lɑwtn̩/.

Morphologie

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L'étrusque est unelangue agglutinante avec descas grammaticaux.

Textes

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Outre lesabécédaires et les inscriptions épigraphiques (voirAlphabet étrusque) que l'on trouve sur quantité d'objets comme les poteries, les tablettes à écrire (tablette de Marsiliana) ou les miroirs de bronze, sur les parois des tombes ou des sarcophages, des « inscriptions parlantes »[2] généralement brèves et limitées aux nom et filiation des personnes auxquelles appartenaient ces objets ou ces sépultures, parmi les 10 000 textes retrouvés[3], les plus longs et les plus importants sont les suivants :

Cippe de Pérouse

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Article détaillé :Cippe de Pérouse.
Transcription du texte duCippe de Pérouse.

C'est unestèle, uncippe, découvert à Colle San Marco en 1822, contenant, gravés sur deux faces latérales, quarante-six lignes et une centaine de mots dextroverses, relatifs à un contrat passé entre deux familles à propos des limites des domaines respectifs, avec les désignations des parties, des lois invoquées et du dignitaire les faisant appliquer[4].

Quatre inscriptions sur tablettes de plomb

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Elles ont été trouvées :

  • la première aux alentours deRome àSanta Marinella, onze lignes, réponse oraculaire ou formule de nature rituelle ;
  • la seconde, ledisque de Magliano, àMagliano in Toscana, dans laMaremme, incisée en spirale et faisant allusion aux offrandes en l'honneur de plusieurs divinités ;
  • la troisième àVolterra, comportant treize lignes et environ soixante mots, de nature vraisemblablement magico-rituelle ;
  • la quatrième àCampiglia Marittima dans le nord de laMaremme, comportant dix lignes et une cinquantaine de mots, correspondant à une malédiction lancée par une affranchie à l'encontre de plusieurs personnes.

Lamelles de Pyrgi

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Article détaillé :Lamelles de Pyrgi.

Incisions sur plaquettes d'or retrouvées dans le sanctuaire dédié àAstarté, deux inscriptions intéressantes en ce qu'elles ont été retrouvées avec une troisième rédigée enlangue punique (dialecte duphénicien), donc uneinscription bilingue. La première contient la dédicace, de la part d'un certainThefarie Velianas, « magistrat » ou « seigneur » deCaeré, à la déesse assimilée ici àUni (Héra-Junon), ainsi qu'une formule augurale. La seconde fait allusion aux cérémonies qui doivent être accomplies en son honneur. Découvertes en 1964.

Momie de Zagreb

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Article détaillé :Liber linteus Zagrabiensis.
Les « bandelettes » duLiber linteus

Le texte est le plus important qui ait été retrouvé, par la longueur et par conséquent le contenu, vu la rareté et la brièveté des textes qui sont parvenus, et qu'il est convenu d'appeler leLiber linteus. Il s'agit d'un « livre », manuscrit sur toile delin, servant de bandelettes enveloppant unemomie trouvée enÉgypte et conservée au Musée national deZagreb enCroatie, d'où son nom. Datant duIer siècle av. J.-C. environ, il s'agit d'un textecalligraphié en rouge et noir en une douzaine de colonnes verticales, et, sur les 230 lignes contenant environ 1 200 mots lisibles (plus une centaine qu'il est possible de déduire du contexte), 500 mots originaux émergent compte tenu des répétitions typiques des formules et invocations rituelles. On pourrait définir ce livre comme une sorte de calendrier religieux évoquant certaines divinités et les cérémonies à accomplir aux lieux et dates indiqués. Découvert en 1868 (acheté en Égypte en 1848-1849).

Tabula Capuana

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LaTabula Capuana outavola capuana, est une tablette en terre cuite datant duVe siècle av. J.-C. contenant un texte en langue étrusque de 390 mots lisibles partagé en dix sections par des lignes horizontales, découverte en1898 dans la nécropole deSanta Maria Capua Vetere, enCampanie, conservée auprès desMusées nationaux de Berlin.

Article détaillé :Tabula Capuana.

Tabula Cortonensis

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Article détaillé :Tabula Cortonensis.

Découverte en 1992 àCortone, elle comporte 32 lignes de texte en langue étrusque sur une plaque en bronze fragmentée en huit morceaux (dont un manque).

Stèle dePoggio Colla

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En mars 2016, un groupe de chercheurs du Mugello Valley Archaeological Project a découvert sur le site dePoggio Colla enToscane une stèle en pierre. Le bloc, qui pèse 227 kg et mesure environ 1 m de haut, faisait partie d'untemple sacré qui a été démoli il y a 2 500 ans pour en bâtir un autre à sa place. Restée enfouie pendant tout ce temps, la stèle est bien conservée. Elle comporte 70 lettres lisibles et des signes de ponctuation. Ces caractéristiques en font un des plus longs exemples d'écriture étrusque découverts[5]. Les scientifiques sont convaincus que les paroles et les concepts gravés sur la pierre sont un témoignage de cette civilisation, puisque les connaissances actuelles sont essentiellement issues denécropoles, tombes et objets funéraires. La stèle, de par sa provenance, pourrait fournir des détails sur la religion étrusque et sur les noms des divinités. La traduction sera effectuée par les chercheurs de l'Université du Massachusetts deAmherst[5].

Autres traces écrites

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Bilingue de Pesaro
  • Lebilingue de Pesaro, en étrusque et enlatin, donnant le nom du défunt et de sa fonction.
  • De petits vases (encriers ?) comportant l'alphabet entier et ordonné, sur le pourtour[6].
  • Les inscriptions étrusques de l'Achensee, gravées sur les parois d'une grotte, dans le Tyrol autrichien.
  • Lesmonnaies étrusques.

Classification linguistique

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Il n'y a pas consensus sur le lien éventuel de la langue étrusque avec la famille deslangues indo-européennes, qui ont la particularité d'êtresynthétiques (à l'exception de l'arménien) alors que l'étrusque est unelangue agglutinante, comme l'élamite, son contemporain, qui n'a jamais pu être liée auxlangues sémitiques voisines ou auxlangues indo-européennes.

Certains linguistes avancent des arguments en faveur d'un lien entre étrusque et langues indo-européennes. Ce sont tout d'abord des correspondances dans certains traits grammaticaux : formation du génitif en-s, voire d'autres cas de la flexion nominale, ordre des mots, certaines prépositions (hintha : en dessous) ou particules (-c : et ; cf. indo-européen*-kʷe dont est issu le latin-que). Toutefois, ce sont aussi des correspondances dans le lexique :Θezi, hece, tece : poser, faire, radical :dhē-;clan (fils), souvent cité comme preuve du caractère indiscutablement non-indo-européen de l'étrusque, se rapproche de formesceltes ettokhariennes, dont l'éloignement géographique garantit l'origine indo-européenne (irlandaisclann : enfants, famille ;tokharien Bkliye : femme) ;tin, jour, dedei-n, din, le pronom personnel à la première personnemi etc.

Certains chercheurs précisent le point de rattachement de l'étrusque à l'indo-européen. Pour Francisco Rodriguez Adrados et Jean Faucounau, l'étrusque est apparenté aulycien, langue indo-européenne du groupe anatolien, groupe considéré comme le plus archaïque (c'est-à-dire le plus anciennement détaché du tronc commun). Cet apparentement consisterait à penser que l'étrusque s'est détaché du tronc commun indo-européen encore plus tôt que l'anatolien (pour Faucounau et contrairement au consensus général, c'est également le cas du lycien). Pour d'autres, la proximité de l'étrusque au groupe anatolien serait plus nette si l'on prend en compte, à la suite d'Hérodote, lelydien (et non le lycien), langue parlée dans la région de laLydie. Mais l'idée est la même : l'étrusque serait une langue issue du rameau indo-européen avant même le groupe anatolien.

Selon certains linguistes britanniques, elle appartiendrait à une « super-famille » que ceux-ci nomment « nostratique » ou « eurasienne ». Cette thèse intéressante ouvre de nombreuses perspectives puisqu'elle situerait l'origine de l'étrusque en des temps beaucoup plus reculés que l'époque à laquelle la recherche l'a généralement fait jusqu'à présent. Aussi s'agirait-il davantage non pas tant d'une langue indo-européenne que pré-indo-européenne, proto-indo-européenne en son stade le plus avancé. Cela expliquerait les nombreuses ressemblances qu'on a pu trouver à la langue étrusque avec soit certaines langues dupourtour de la mer Noire, par exemple, soit avec des langues définies comme non indo-européennes telles que leslangues finno-ougriennes (finnois) ou lebasque (cette dernière appartenant à une catégorie très ancienne du continent européen). Pour certaines, il s'agirait alors davantage de langues pré-indo-européennes que non indo-européennes, langues parlées de l'Atlantique à l'Indus, cristallisées à ce stade, et connaissant par la suite une évolution autonome.

Presque tout le lexique étrusque n'a effectivement pas de point commun identifiable avec les racines indo-européennes reconstruites. C'est, par exemple, la position de Bader, Sergent, et d'autres. Ils s'appuient sur la numération étrusque (ðu 1 ;zal 2 ;ci 3 ;sa 4 ;maχ 5 ;huð 6 ;sar 10) ainsi que quelques mots relatifs à la famille (ruva, frère ;seχ, sœur ;clan, fils,lupu, mourir,tiu, lune, mois) à leurs équivalents latins (unus,duo,tres,quattuor,quinque,sex,decem,frater,soror,filius,morire,luna) et indo-européens *(oinos,duwo,treyes,kwetwores,penkwe,s(w)eks,dekmt,bhrater,swesor,sunus,mer-,mans-), mais aussispur cité ou encoreal-, donner, etc. En sachant que la numération et les noms ayant trait à la famille comptent parmi ceux qui sont le moins susceptibles d'être empruntés à des substrats primitifs en raison de leur importance et de leur emploi quotidien, on ne peut qu'examiner avec la plus grande prudence un emprunt des numéraux à une langue aborigène non-indo-européenne. Il existe en outre une somme assez importante de vestiges néolithiques dans le voisinage de l'Étrurie, ainsi que des traces de langues non indo-européennes en toponymie.

Un certain nombre de mots, nettement minoritaires, n'appartiennent pas directement à la langue étrusque ; il s'agit d'emprunts « étrusquisés », faits aux langues des divers autres peuples que côtoyaient les Étrusques.

Maintenant, selon Mallory, l'hypothèse la plus économique consiste à voir dans les Étrusques un peuple indigène, de langue non-indo-européenne, ayant sans doute entretenu des liens commerciaux avec l'est du bassin méditerranéen.

Le débat est parfois faussé par les nombreuses polémiques qui ont agité les linguistes à propos de la connotation idéologique qu'a pu prendre pour certains le terme « indo-européen ». D'une part, cela a contribué à jeter une ombre sur une civilisation qui ne fut jamais qu'une civilisation du monde antique parmi les autres, et d'autre part, qu'elle soit ou non indo-européenne importe moins que la compréhension des textes. Or, cette langue est connue suffisamment pour que l'on puisse proposer des traductions (pas toujours consensuelles) des textes parvenus jusqu'à nous : dans l'ensemble, on sait de quoi parle un texte donné.

Étrusque, langue des Tyrrhéniens ?

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Aire linguistique regroupant la famille deslangues nuragiques :paléosarde,paléocorse ; et la famille deslangues tyrséniennes : étrusque,rhétique,lemnien, deux familles linguistiques qui ont de fortes ressemblances.

LesTyrrhéniens forment une composante, la troisième et dernière, du peuple étrusque, recherchée par Angelo Di Mario, auteur d'une thèse controversée quant à la méthode de recherche (dite « citophonétique »), à travers les racines de leur langue. Selon lui, les Tyrrhéniens seraient partis d'Asie Mineure, corroborant ainsi la légende de l'Énéide selon laquelle ceux-ci venaient deTroie à la suite d'Énée, et plus précisément de Datassa/Darhutassa, « Dardanelles ». Ils auraient émigré, sillonnant lamer Égée, laissant trace de leur passage et permanence àLemnos, enCrète et à travers l'Hellade, enSardaigne et enCorse, avant de débarquer dans leLatium pour y fonderRome, non loin de la ville desSabins autochtones, apportant avec eux leur langue, que l'auteur définit comme anatolique et prégrecque.

AppelésTyrseno (Tyrrhéniens) par leurs voisins grecs, ils se nommaient eux-mêmesRasna (un terme démontré par des inscriptions étrusques commemeχl rasnal, « du peuple Tyrrhénien »).

Néanmoins, les résultats de l'étude la plus complète depaléogénétique portant sur des individus de la période étrusque contredit l'hypothèse selon laquelle les Étrusques seraient originaires du Moyen-Orient[7].

Le linguisteHelmut Rix a également proposé la réunion de l'étrusque, dulemnien et durhétique (que l'on considérait jusqu'alors comme desisolats) au sein d'une familletyrsénienne.

Dialectes

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Depuis leXIXe siècle, une théorie propose d'apparenter l'étrusque aurhétique, un idiome non-indo-européen des Alpes orientales qui présente des similitudes avec l'étrusque, mais on ne possède que trop peu de sources écrites valables pour établir de manière significative un lien concret entre ces langues. Sur cette ambiguïté concernant le dialecte étrusque, l'historien et linguisteGilles Van Heems affirme :

« De fait, si l’on met à part les études spécifiquement diachroniques, qui ont permis de définir les traits particuliers de l’étrusque « archaïque » et la mise en évidence, très tôt, de la frontière graphique, mais aussi linguistique, entre les régions septentrionales et méridionales de l’Étrurie, rares sont lesétruscologues qui ont emprunté la voiedialectologique ; et ils l’ont toujours fait dans des contributions brèves et centrées sur quelques points particuliers. Au contraire, les savants ont tous souligné l’uniformité ou l’unicité linguistique de l’étrusque et, dans une mesure comparable, quoique cela n’ait pas freiné, au contraire, les études dialectologiques, deslangues italiques marquant une différence très nette avec le domainegrec du Ier millénaire. Or c’est là un fait qui ne nous étonne peut-être pas assez, nous modernes, habitués que nous sommes à des langues hautement standardisées. L’uniformité linguistique apparente doit en effet apparaître comme une « anomalie », dans la mesure où toute langue obéit à un mouvement naturel de différenciation dans le temps, dans l’espace ainsi que, « verticalement », en fonction du locuteur. »

— Gilles Van Heems.

Ces différentes approches sur le plan linguistique laisseraient supposer un postulat d'antériorité de la présence des Étrusques dans l'Europe du Sud par rapport à celle des celto-italiques. En regard de ces derniers, les Étrusques étaient donc indigènes à l'Italie et se seraient par la suite « celto-italisés » dans leur langue d'origine par le biais du commerce et du contact culturel[8].

Exemple

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Une inscription funéraire deTarquinia, citée parJean-Paul Thuillier, donne bien les limites de ce qui est connu ou non de la langue étrusque :

FELSNAS:LA:LETHES - SVALCE:AVIL:CVI - MURCE:CAPVE - TLECHE:HANIPALVSCLE

« Larth (prénom) Felsnas (nom de famille), fils de Lethe (nom du père, qui peut signifier « esclave » ou « descendant d'esclave »), a vécu 106 ans. Il a (x...)Capoue (y...) parHannibal »

Si on arrive à lire sans difficulté les noms propres, les liens familiaux et certains termes sociaux comme « esclave », les verbesMVRCE (actif) etTLECHE (passif) restent mystérieux. On pourrait comprendre que le défunt a « défendu Capoue confiée par Hannibal » (il aurait combattu comme mercenaire dans l'armée carthaginoise), ou « repris Capoue conquise par Hannibal » (il aurait servi dans une cohorte auxiliaire de l'armée romaine) ou « restauré Capoue ruinée par Hannibal » (il aurait participé à la reconstruction de la ville après la2e guerrePunique). Peut-être trouvera-t-on un jour les mêmes verbes dans un autre contexte qui permettra de trancher.

Quelques mots connus

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Certains degrés de parenté sont connus grâce aux inscriptions reportées dans les tombeaux :

  • apa (père)
  • ati (mère)
  • papa (grand-père)
  • teta (grand-mère)
  • clan (fils)
  • seχ (fille)
  • tusurθir (époux)
  • puia (épouse)
  • ruva (frère)
  • papals (petit-fils)
  • nefts (neveu?)

Quelques prénoms révélés par l'épigraphie

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  • féminins :Larθi;Ram(u)θa ;Ravenθu ;Θana(χvil);Veli ;
  • masculins :Larθ ;Laris ;Śeθre ;Aranθ ;Ve(ne)l ;Velθur

La numération

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Article détaillé :Numération étrusque.

Les dix premiers nombres, dont les six premiers inscrits sur lesdés[9] (les autres nombres ont été déduits par des additions explicites) :

  • 1.θu
  • 2.zal
  • 3.ci
  • 4.śa
  • 5.maχ
  • 6.huθ
  • 7.semφ
  • 8.*cepz
  • 9.nurφ
  • 10.sar
  • 20.zaθrum

À partir de 30, les dizaines se forment en ajoutant le suffixe-alχ au nombre de l'unité (ex:cialχ = 30).

Quelques mots étrusques conservés en latin et en français

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Les Latins ont emprunté un certain nombre de mots étrusques commeharuspex (« devin ») etlanista (« maître degladiateurs »). Quelques-uns sont encore fréquents en français, commehistrion (« comédien », devenu péjoratif),mécène (nom d'un ministre romain d'origine étrusque, devenu nom commun en français) etpersonne ; ce dernier viendrait du nom dePhersu, personnage masqué et barbu, à la fois menaçant et comique, qui apparaissait dans les spectacles funéraires. En latin,persona a désigné le masque de théâtre, puis le rôle, avant de prendre un sens plus général[10].

Les noms des dieux

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Sont connus principalementTinia, dieu de la foudre (Jupiter) ; Uni, son épouse (Junon) ; Aita / Calu, dieu des Enfers (Pluton) ; Menrva (Minerve) ; Turan, déesse de la beauté (Vénus) ; Laran, dieu de la guerre (Mars) ; Fufluns (Bacchus) ; Thesan, déesse de la lumière (Aurore) ; Turms (Hermès) ; Aplu (Apollon).

Divers

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Notes et références

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  1. Brigitte Le Guen (dir.), Marie-Cécilia d'Ercole et Julien Zurbach,Naissance de la Grèce : De Minos à Solon. 3200 à 510 avant notre ère, Paris/impr. en République tchèque,Belin,coll. « Mondes anciens »,, 686 p.(ISBN 978-2-7011-6492-2),chap. 5 (« L'effondrement des palais et son ombre portée »),p. 227-231.
  2. Dominique Briquel,La Civilisation étrusque,p. 26.
  3. « plus que l'ensemble des autres textes de l'Italie pré-romaine », Dominique Briquel,La Civilisation étrusque,p. 22.
  4. Notice du musée archéologique de Pérouse.
  5. a etb(it) « Toscana, trovata pietra di 2500 anni fa: potrebbe svelare il mistero della lingua degli Etruschi », surRepubblica.it,.
  6. Les Etrusques et l'Italie avant Rome : De la Protohistoire à la guerre sociale de Ranuccio Bianchi bandinelli, Antonio Giuliano, et Jean-Paul Thuillier,p. 165.
  7. (en) Johannes Krauseet al., « The origin and legacy of the Etruscans through a 2000-year archeogenomic time transect », surScience Advances,(consulté le).
  8. "À la recherche desindo-européens", éd. 1997, par J.P. Mallory
  9. Exemplaires conservés à la Bibliothèque nationale de France (BnF, département des Monnaies, médailles et antiques,Luynes. 816 et817)
  10. J. Heurgon,La Vie quotidienne chez les Étrusques, 1961.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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