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Étienne Clavière

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Pour les articles homonymes, voirClavières (homonymie).

Étienne Clavière
Portrait gravé parFrançois Bonneville.
Fonctions
Ministre des Finances
-
Ministre des Finances
-
Député de la Seine
1 -
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Homme politique,banquier, ministre des FinancesVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
En décembre 1758, il épouse Marthe Louise Garnier.
Autres informations
Parti politique
signature d'Étienne Clavière
Signature

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Étienne Clavière, né le àGenève[1] et mort par suicide le à laConciergerie de Paris, est unbanquier, industriel, homme d’affaires,spéculateur et homme politiquegirondin. Il exerce à deux reprises la fonction deministre des Contributions et Revenus publics[2]. Étienne Clavière occupe deux fois le portefeuille des Finances : une première fois en mars 1792, puis à nouveau après lajournée du 10 août 1792, jusqu’à la chute des Girondins le.

Banquier influent, Clavière s’impose comme un républicain convaincu bien avant 1789. Il participe activement aux débats sur le crédit public et la dette nationale et contribue à diffuser une pensée économique fondée sur la confiance, la souveraineté populaire et la notion devolonté générale[3]. Installé à Paris après larévolution genevoise de 1782, il se fait connaître dans les milieux financiers et intellectuels par ses analyses de la dette et par son plaidoyer en faveur d’un papier-monnaie garanti.

Son ascension se déroule dans un contexte de crise financière aiguë. Le « Compte rendu au Roi » deJacques Necker (1781) présente un budget équilibré, mais masque une partie des dépenses extraordinaires, ce qui nourrit la méfiance des milieux financiers. Confronté à l’assèchement du crédit,Calonne accuse Necker d’avoir faussé les chiffres et tente d’imposer une réforme fiscale majeure lors de l’Assemblée des notables de 1787-1788. L’échec de cette initiative et la chute de Calonne précipitent l'État dans une situation proche de la banqueroute.

C’est dans cet environnement instable que Clavière expose ses propres solutions. À une époque marquée par la pénurie de numéraire, il participe aux grandes opérations boursières de la fin du règne deLouis XVI et soutient des mesures novatrices fondées sur lesbiens nationaux et la confiance publique[4]. Après la suspension du crédit monarchique, l’Assemblée ordonne en décembre 1789 la première émission de 400 millions d’assignats[5], dont Clavière devient l’un des principaux défenseurs. Il préconise des émissions larges, ayantcours légal, destinées à financer la Révolution et à rétablir la circulation économique[6].

La dépréciation rapide des assignats en 1791–1793 suscite toutefois la polémique : les patriotes dénoncent des complots étrangers, tandis que plusieurs historiens voient dans les théories de Clavière l’une des causes de l’impasse financière[7]. Lui-même attribue cette crise à lacoalition européenne.

Biographie

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Origines

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Il est issu d’une famillehuguenote. Son père, un important négociant en toile originaire deSerres, s’est établi à Genève[8]. Le jeune Clavière effectue son apprentissage dans une maison de commerce bavaroise àChristian-Erlang avant d’intégrer l’entreprise familiale,Cazenove, Clavière et Fils, active dans le commerce et la banque[9]. Cette société détient des intérêts dans laCompagnie britannique des Indes orientales, ce qui amène Clavière à voyager fréquemment en Grande-Bretagne, où il acquiert une parfaite maîtrise de l’anglais[10]. Il devient membre duConseil des Deux-Cents en 1770[9].

Clavière appartient au parti démocratique de la petiterépublique genevoise, dont il devient l'un des chefs. Le 8 avril 1782, lors de larévolution genevoise, lui et Jean-Pierre Du Roveray tentent d’apaiser les foules. En juin, il reçoit la visite deJacques Pierre Brissot[2]. L'intervention des troupes de l’État de Berne, soutenues par la France et laSardaigne, rétablit toutefois l'ancien régime.Clavière et une vingtaine d’autres démocrates sont condamnés à l'exil à vie le 2 juillet[11],[12].

Hôtel DuPeyrou

Réfugié àNeuchâtel, alors possession prussienne et lieu de refuge pour de nombreux exilés genevois, il se lie avec Brissot et lecomte de Mirabeau chezPierre-Alexandre DuPeyrou, né enGuyane hollandaise. Avec Brissot, il publieLe Philadelphien à Genève (1783), dénonçant le despotisme aristocratique à Genève et défendant des principes démocratiques proches de ceux des révolutionnaires américains et genevois[7].

Le 12 février 1785, avecTheophile Cazenove, il présente une Mémoire àCalonne,contrôleur général des finances, et àLenoir,lieutenant général de police[13].

Clavière, Brissot et Mirabeau

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En juin, Clavière revient à Paris dans une maison deBeaumarchais au carrefour de larue de la Grange-aux-Belles et de larue des Marais, où il aide à la libération de Brissot de laBastille en réglant ses dettes[14],[15]. Il connaît ensuite une réussite financière grâce à des spéculations sur laCaisse d'escompte, laNouvelle Compagnie des Indes et l’Entreprise de l'Yvette[16], ce qui attire l’attention de Mirabeau. Avec lui, il publie en 1785 deux pamphlets importants, dontDe la Caisse d’Escompte[17] etDe la Banque d’Espagne, dite de Saint-Charles[18], souvent attribués à Mirabeau mais largement inspirés par Clavière[7]. Leur collaboration cesse en 1786, lorsque Calonne, désireux d'éloigner Mirabeau au plus vite, l’envoie en mission à Berlin[19].

Selon Brissot, Clavière possédait « un fonds inépuisable d’idées neuves et grandes », mais manquait de clarté et d’ordre pour les exprimer. Brissot reconnaît avoir souvent servi de plume à son ami, qualifiant Clavière de « mine de diamants bruts » qu’il fallait mettre en œuvre[20].

1787

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En janvier 1787, Clavière fonde avec Brissot etJohn de Crèvecoeur laSociété gallo-américaine et publieDe la France et des États-Unis, plaidoyer pour l’usage du papier-monnaie[21]. Il soutient ensuite lesPatriotes lors d’un séjour à Utrecht[22],[23]. En novembre, il crée laCompagnie royale d’assurances sur la vie[24],[25] et engageJean-Baptiste Say, qui découvre alorsAdam Smith[26]. Avec Brissot,De Batz etDelessert, il fonde aussi laCompagnie d'assurances contre l'incendie[27],[28].

En 1787, Clavière accompagne Brissot dans un voyage aux Provinces-Unies, alors en pleine agitation patriotique, peu avant l’intervention prussienne de septembre.Ils constatent sur place la faiblesse militaire des insurgés et l’illusion d’une aide française imminente[29].

1788

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En février 1788, Clavière fonde avec Brissot laSociété des amis des Noirs, organisation abolitionniste qui défend une société fondée sur le mérite et la vertu[7]. Elle devient la principale vitrine de son engagement politique. En mai, il fournit à Brissot un plan de travail pour sonNouveau voyage dans les États-Unis[30], puis participe en octobre à un projet d’acquisitions foncières dans lesTreize Colonies[27]. En juin, il achète enfin lechâteau de Bel-Air àSuresnes[31],[32].

Révolution française

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Clavière et Brissot habitaient au 10rue d'Amboise en 1789[33].

En 1789, Clavière publie plusieurs textes sur la crise financière — notammentDe la foi publique envers les créanciers de l’État etOpinions d’un créancier de l’État[34]. Membre duClub des Jacobins, il adresse requêtes et mémoires à l’Assemblée constituante et met sa fortune au service de son influence politique.

En 1791, il est élu député suppléant de l’Assemblée législative pour laSeine. Il collabore alors avec Brissot àDe la France et des États-Unis, où leur défense du papier-monnaie et des assignats est centrale[7].

Ministre en 1792

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En, Clavière reçoit le portefeuille des Contributions dans le ministère formé sous l’influence de Brissot. Il convainc le roi de sanctionner le décret du 24 mars sur l’égalité entre blancs ethommes de couleur libres, devenu la loi du4 avril 1792 ; il participe aussi au choix deSonthonax etPolverel pour son application àSaint-Domingue[35].

Clavière défend vigoureusement l’émission des assignats et propose de centraliser leur fabrication dans les bâtiments de l’ancienneabbaye de Saint-Germain-des-Prés[2]. Le 13 juin 1792, Clavière est renvoyé par Louis XVI pour une lettre jugée irrespectueuse[36], mais retrouve son poste après lajournée du 10 août 1792 au sein duConseil exécutif commeministre des Finances. Il présente deux rapports majeurs à la Convention, les 5 octobre 1792 et 31 janvier 1793, en concurrence directe avec les projets deCambon, finalement adoptés.

Lors desJournées du 31 mai et du 2 juin 1793, il est décrété d’arrestation avec lesGirondins et, accusé le 9 juin[2], assigné à résidence avant d’être convoqué devant leTribunal révolutionnaire le 5 septembre. Entendu comme témoin au procès des vingt-deux Girondins en octobre[37], il reçoit finalement une citation à comparaître le. Certain d’être condamné, il se poignarde mortellement au cœur avec un couteau dissimulé lors de son repas[38]. Son épouse, Marthe-Louise Garnier, s’empoisonna le 9 décembre 1793 en apprenant sa mort. Ses biens sont confisqués au profit de la République[39], et ses derniers instants sont évoqués parJacques Claude Beugnot[40].

Bilan

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Le bilan de Clavière au ministère demeure controversé. Il est accusé d’avoir détourné près de deux millions de livres lors de la liquidation de laCompagnie royale d’assurances sur la vie, ainsi qu’une somme équivalente de laCaisse d'escompte. Il est aussi cité dans les affaires financières des baronsde Breteuil etde Batz, qui auraient utilisé des fonds publics pour soutenir les émigrés.

Selon l’article sur laBande noire, l’une des plus grandes fabriques de faux assignats de l’époque fonctionnait à Suresnes, rue de la Source, sous la protection deStanislas-Marie Maillard, alors employé du banquierJean-Frédéric Perregaux[41]. Cette fabrique, active plusieurs mois avant le10 août, est démantelée le 13 août 1792.

Notes et références

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  1. « Acte de baptême deÉtienne Clavière (image 150/245) », surArchives de Genève,(consulté le)
  2. abc etdAntonetti, 2007.
  3. Chaptal, 2022.
  4. Lynn Hunt, 2013.
  5. assignat.fr.
  6. Whatmore, Richard (1996), "Commerce, Constitutions, and the Manners of a Nation: Etienne Clavière's Revolutionary Political Economy, 1788–1793". Histoire des idées européennes 22.5–6 : 351–368. Web.
  7. abcd eteWhatmore, R. et Livesey, J. (2000), "Étienne Clavière, Jacques-Pierre Brissot et les fondations intellectuelles de la politique des girondins". Annales historiques de la Révolution française, n° 321(3), 1-1.https://doi.org/10.4000/ahrf.175
  8. Marcel Dorigny, « Clavière Étienne », dans Jean-René Suratteau et François Gendron (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Quadrige/PUF, 2005(ISBN 978-2-13053-605-5),xlvii, 1132 p.,p. 226.
  9. a etbGür, André : « Étienne Clavière » en allemand, français et italien dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  10. Richard Whatmore (2012), Against War and Empire: Geneva, Britain, and France in the Eighteenth Century, p. 87.
  11. Alfred Dufour, "Que sais-je ? Histoire de Genève", Paris, PUF,5e édition, 2014, p. 84.
  12. Jean Bouchary (1943), "Les manieurs d'argent à Paris à la fin duXVIIIe siècle", p. 23, vol. I
  13. Copie du Mémoire 12 février 1785
  14. Whatmore, R. et Livesey, J. (2000), "Étienne Clavière, Jacques-Pierre Brissot et les fondations intellectuelles de la politique des girondins". Annales historiques de la Révolution française, n° 321(3), 1-1.https://doi.org/10.4000/ahrf.175
  15. Bette Wyn Oliver (2016), p. 18
  16. J. Bouchery, p. 65, 68-69, vol. I
  17. « De la caisse d'escompte »,
  18. Bernard Herencia et Béatrice Pérez, e-Spania, 2018
  19. MÉMOIRES DE BRISSOT (t. II), p. 36
  20. MÉMOIRES DE BRISSOT (t. II), p 28-29
  21. Bette Wyn Oliver (2016), p. 18-19
  22. Perroud, 1912
  23. Coursin, 2018
  24. J. Bouchery, p. 95, vol. I
  25. DHS, 2003
  26. « Jean-Baptiste Say, 1767-1832 », surHistory of Economic Thought
  27. a etbJ. Bouchery, p. 99, vol. I
  28. Thiveaud, 1989
  29. MÉMOIRES DE BRISSOT (t. II), p. 67-68
  30. J.P. Brissot (1791), p. 60
  31. René Sordes, 1965
  32. Prévost, 1989
  33. Roster of Membership…, 1789
  34. Opinions d'un créancier de l'État
  35. Piquet, 2002
  36. Lecomte, 1801
  37. Journal des hommes libres…, 25 oct. 1793
  38. Bulletin…, 9 déc. 1793
  39. Moniteur universel, 11 déc. 1793
  40. Beugnot, p. 212-217
  41. Archives nationales, Minutier central…

Bibliographie

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Ouvrages et articles utilisés

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  • Guy Antonetti,Les ministres des Finances de la Révolution française au Second Empire, Paris, CHEFF, 2007, p. 61-97.Notice en ligne.
  • Jean Bouchary,Les manieurs d’argent à Paris à la fin du XVIIIe siècle, Paris, 1943 (vol. I).
  • Mathieu Chaptal, « De Genève à la France : la pensée républicaine d’Étienne Clavière (1735-1793) »,La Révolution française, no 22, 2022.
  • André Gür, « Clavière, Étienne »,Dictionnaire historique de la Suisse,en ligne.
  • Bernard Herencia et Béatrice Pérez, « L’affaire de la Banque de Saint-Charles… »,e-Spania, 29, 2018.
  • Lynn Hunt (dir.),The French Revolution in Global Perspective, Cambridge University Press, 2013, p. 40-42.
  • Bette Wyn Oliver,Jacques Pierre Brissot in America and France, 1788-1793. In Search of Better Worlds, New York, 2016.
  • Jean-Daniel Piquet,L’Émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, 2002.
  • Richard Whatmore, « Commerce, Constitutions, and the Manners of a Nation : Etienne Clavière’s Revolutionary Political Economy (1788–1793) »,Histoire des idées européennes, 1996, p. 351-368.
  • Richard Whatmore,Against War and Empire. Geneva, Britain, and France in the Eighteenth Century, Yale University Press, 2012.
  • Richard Whatmore et James Livesey, « Étienne Clavière, Jacques-Pierre Brissot et les fondations intellectuelles de la politique des girondins »,Annales historiques de la Révolution française, no 321, 2000.

Liens externes

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Conseil exécutif (10 août 1792 - 20 avril 1794)
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