L'Éthiopie, en forme longue larépublique démocratique fédérale d'Éthiopie ou larépublique fédérale démocratique d'Éthiopie[5] (enamharique :ኢትዮጵያ,ĪtyōṗṗyāÉcouterⓘ etየኢትዮጵያ ፌዴራላዊ ዲሞክራሲያዊ ሪፐብሊክye-Ītyōṗṗyā Fēdēralāwī Dīmōkrāsīyāwī RīpeblīkÉcouterⓘ) est unÉtat de laCorne de l'Afrique. L'Éthiopie a des frontières communes avec l'Érythrée (ancienneprovince) au nord, laSomalie à l'est-sud-est, leSoudan au nord-ouest, leSoudan du Sud à l'ouest-sud-ouest, leKenya au sud et larépublique de Djibouti au nord-est. Depuis l'indépendance de l'Érythrée en 1993, l'Éthiopie n'a plus d'accès à la mer.
L'Éthiopie, aujourd'hui constitutionnellementlaïque[c 1], est un pays où de nombreuses croyances coexistent. Après l'Arménie, c'est la deuxième plus ancienne nationchrétienne au monde, le christianisme s'y étant implanté vers l'an 330. S'y trouvent aujourd'hui desorthodoxes orientaux, descatholiques et desprotestants. Par ailleurs, un tiers de ses habitants estmusulman et des minorités religieuses comme lesBeta Israeljuifs ou desanimistes y vivent aussi.
EnFrance, et plus généralement hors de l'Éthiopie, le pays a été longtemps connu sous le nom d'Abyssinie, dont la racine sémitehebeshe signifie « mélangé »[Note 2]. Les deux noms étaient encore employés indifféremment par la presse française en 1935.Le termeHabesha désigne de nos jours l'ensemble des habitants du nord de la Corne, Éthiopiens et Érythréens, voire Soudanais.[réf. nécessaire]
L'arabe moderne utilise le motAl-Habacha[Note 3] ou le motIthyûbyâ[Note 4] pour désigner l'Éthiopie.
On identifie des États indépendants sur des parties du territoire actuel de l'Éthiopie depuis près de 3 000 ans. Vers leVIIIe siècle av. J.-C., la formation duroyaume D'mt marque l'une des premières étapes de l'organisation politique de cette région, suivie par la naissance d'autres royaumes et entités politiques, bien que les continuités historiques de ces territoires ne soient pas toujours parfaitement claires. Parmi ces royaumes, on trouve leroyaume d'Aksoum, ainsi que lesroyaumes zagwés, dont l'influence se fera ressentir jusqu'au Moyen Âge.
Le royaume d'Aksoum constitue un grand État de laCorne de l'Afrique, sa capitale,Aksoum, est une ville cosmopolite où vivent desjuifs, desGrecs et des populations d'Arabie du Sud. Situé au bord de lamer Rouge, le royaume prospère grâce à l'exportation de produits primaires, se développe autour du commerce et commence à contrôler les principales routes maritimes passant par la région[h 2]. L'élément caractéristique d'Aksoum est la pratique de l'écriture[h 2].
Vers 330,Ezana,négus d'Aksoum, se convertit auchristianisme, qui devient la religion officielle[h 3], adoptée par la population locale majoritairementjuive etpaïenne[h 3]. De 2009 à 2016, une équipe d'archéologues européens a mis au jour, dans la région deYeha, une ancienne cité du royaume d'Aksoum, nommée par euxBeta Samati, occupée de à Une basilique chrétienne duIVe siècle fut trouvée au milieu des ruines[16].
En 1270, le dernier souverain zagwé,Yetbarek, est renversé parYekouno Amlak[17]. L'arrivée au pouvoir de ce dernier marque l'instauration de ladynastie salomonide qui perdure symboliquement de façon presque continue jusqu'en 1974[h 9], sans qu'il y ait une continuité familiale. Pendant presque trois siècles, le pays vit une période de développement culturel, administratif, d'extension territoriale et de guerres contre les sultanats musulmans voisins des royaumes chrétiens[h 10], bien que ce clivage recouvre plus les dirigeants que les habitants. Cette phase de l'histoire éthiopienne est parfois surnommée l'« âge d'or de la dynastie salomonide ».Amda SyonIer mène les premières grandes conquêtes territoriales durant les trente années de son règne (1314-1344)[h 11] ; une expansion consolidée parDawitIer etYeshaqIer de la fin duXIVe au début duXVe[h 12].
Outre ses succès militaires, l'Éthiopie connaît une phase de développement duchristianisme orthodoxe et de lalittérature nationale. Dans ce domaineZara Yaqob semble être le souverain emblématique. Durant son règne de 1436 à 1468, il convertit les habitants du Damot et duGodjam et participe aux débats théologiques[h 13]. Il est également un auteur, dont l'œuvre la plus connue est leMetsehafe Berhan (Livre de la Lumière)[h 14]. Durant ces siècles, diverses réformes administratives et financières réorganisent l'Empire. Un des éléments caractéristiques de cette période est le déplacement continu de la cour, une pratique à laquelle ont recours la majorité des souverains et qui leur permet de marquer leur domination sur les responsables régionaux, d'assurer leur contrôle du territoire[h 15] et de répartir la prédation qu'ils exercent sur les ressources.
Guerre, troubles et déstabilisation de l'autorité impériale
Cette phase de prospérité s'achève au début duXVIe siècle, sousLebne Dengel. Les troubles économiques et la forte poussée démographique dans les sultanats islamiques conduisent, en 1527, à l'éclatement d'uneguerre entre des forces musulmanes menées parAhmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi, dit Ahmed « Gragne » (gaucher enamharique) et l'empire chrétien éthiopien[h 16]. Soutenues par lesOttomans, les troupes d'Ahmed remportent une série de victoires et en 1535, l'Empire éthiopien semble sur le point de s'effondrer[h 17]. Néanmoins, le cours du conflit va changer à partir de 1541, avec l'arrivée des Portugais auxquels Lebne Dengel a fait appel. Le, à l'issue de labataille de Wayna Daga, Ahmed est tué et son armée défaite, laissant derrière lui un pays en ruine et fragilisé[h 18].
Face à la faiblesse de l'Empire, lesOromos vont migrer duBalé et duSidamo, vers le nord, le centre et l'ouest de l'Éthiopie ; ces mouvements de population vont durer trois décennies de 1550 à 1580[h 18]. Des jésuites, commeBalthazar Telles, arrivent. Au cours de la seconde moitié duXVIe siècle, ceux-ci parviennent à imposer lecatholicisme au souverainSousnéyos qui se convertit en 1621[h 19]. Les protestations s'ensuivant se transforment en une véritable guerre civile et Sousnéyos abdique le, en faveur de son filsFasilides[h 20].C'est ainsi que se concluait dans le sang une parenthèse de tentative d'occidentalisation d'un pays africain, généralement méconnue par rapport aux entreprises menées et réussies par la Compagnie de Jésus en Amérique latine ou en Chine. Près d'un siècle de présence européenne (Espagnols,Portugais etItaliens essentiellement) qui a influencé cetteNation qui faisait rêver l'Occident ne serait-ce qu'au regard de la légende du Prêtre Jean.[réf. nécessaire]
En, avec le meurtre deYoasIer débute leZemene Mesafent (« l'Ère des Princes »)[h 22]. Jusqu'en 1855, une série de souverains aux pouvoirs limités règnent à Gonder[h 23] ; les véritables détenteurs du pouvoir sont les maires de palais et les seigneurs locaux. Le Zemene Mesafent constitue une phase de stagnation économique, les innovations étant dissuadées par les guerres incessantes[h 24]. La population éthiopienne a particulièrement souffert durant cette période et au cours des années 1830, une ancienne prophétie ressurgit selon laquelle un souverain arrivera au pouvoir, instaurera un règne juste et assurera la paix au pays[h 25]. Vers le milieu duXIXe siècle, les exploits militaires d'un jeuneKassa Hailou semblent annoncer l'avènement de ce monarque tant attendu.
Centralisation et indépendance : la construction de l'État éthiopien moderne
De 1855 au début duXXe siècle, trois souverains importants se succèdent. Le premier estTéwodrosII dont le couronnement en 1855 marque la fin duZemene Mesafent et le début de l'histoire moderne du pays[h 26]. Premier véritable modernisateur, il lance un processus d'expansion, d'unification et de centralisation. Néanmoins, les résistances des notables régionaux devant les mesures adoptées et un conflit avec laGrande-Bretagne conduisent à son suicide en 1868 àMaqdala[h 27]. Après le bref règne deTekle Giyorgis II (de 1868 à 1871), Kassa Mercha arrive au pouvoir en janvier 1872 sous le nom deYohannesIV. Moins centralisateur que Téwodros II, il assure néanmoins la suprématie dunegusse negest et fait progresser la construction nationale.
Toutefois, après l'ouverture ducanal de Suez, les agressions étrangères le détournent des questions de politique interne. De 1875 à 1889, il défend les frontières éthiopiennes contre trois pays. Tout d'abord les Égyptiens, auxquels il infligeune lourde défaite en 1875-1876. Ensuite, les Italiens, installés àMetsewa depuis 1885, sont vaincus à labataille de Dogali en 1887 par lerasAlula Engeda. Enfin, en partie à la suite d'unaccord avec la Grande-Bretagne, Yohannes affronte lesmahdistes soudanais. Il meurt de ses blessures le, au lendemain de labataille de Metemma.
La même année, lenégus duChoa est proclaménegusse negest sous le nom deMenelikII. Le troisième grand souverain de cette fin de siècle poursuit le processus d'expansion, d'unification et de modernisation du pays, tout en affrontant les menaces européennes. Il signe avec l'Italie letraité de Wouchalé, censé assurer la paix et l'amitié entre les deux pays. Cependant, les Éthiopiens refusent de reconnaître l'interprétation du texte par les Italiens (qui l'utilisent pour notifier unprotectorat selon la procédure définie àBerlin) et le dénoncent en 1893. Ce conflit débouche sur uneguerre en 1895, qui s'achève par labataille d'Adoua au cours de laquelle plus de 100 000 Éthiopiens écrasent les forces italiennes en mars 1896[18]. Ce succès garantit à l'Empire son indépendance et la reconnaissance internationale de la souveraineté éthiopienne, même si certains auteurs évoquent alors une « semi-souveraineté »[h 28].
L'Éthiopie connaît unefamine particulièrement meurtrière entre 1889 et 1891, tuant environ un tiers de ses habitants[19].
Durant les années 1920, il conduit des politiques de modernisation dans tous les domaines, aussi bien sociaux, avec l'abolition de l'esclavage, qu'économiques et juridiques[h 32]. Ce processus se poursuit sous son règne débuté le, à la suite du décès de Zewditou ; Tafari est couronné le sous le nom deHaïlé SélassiéIer. Une nouvelle constitution, la première de l'histoire éthiopienne, est promulguée en 1931, de nombreuses écoles sont construites, l'économie est réformée et le pouvoir politique centralisé ; tout est entrepris pour mettre l'Éthiopie à l'abri d'une invasion coloniale[h 33]. Cela n'empêche pas le déclenchement d'uneguerre avec l'Italiefasciste en 1935 qui débouche sur une défaite éthiopienne et le début d'uneoccupation partielle du pays pendant cinq ans durant lesquels unerésistance nationale s'organise[h 34]. En 1941, année de la libération, s'ouvre une nouvelle période nomméeAddis Zemen (en français : Nouvelle Ère) à la suite de la défaite italienne devant les forces anglo-françaises au nord du pays, les Italiens qui occupaientAddis-Abeba ayant capitulé et laForce publique duCongo belge, attaquant au sud, ayant reçu la capitulation italienne d'Asosa. Dès lors, il s'agit pour Haïlé Sélassié de reprendre les chantiers ouverts en début de son règne. Le pays connaît alors une période d'industrialisation et de croissance économique, mais également divers troubles[h 35], notamment de la part de troupes restantes italiennes qui y mènent uneguérilla[20]. De plus, des rébellions éclatent dans leTigré en 1943, ainsi que dans leGodjam, leBalé, l'Ogaden et enÉrythrée durant les années 1960[h 36]. À ces mouvements, viennent s'ajouter des manifestations contre le pouvoir politique ainsi que des grèves. Dans le contexte de laguerre froide, alors que la politique du Négus est plutôt favorable à l'occident, lebloc est européen soutient le mouvement de contestation, pris en main par un comité de militaires appeléDerg qui parvient en septembre 1974 à destituer Haïlé SélassiéIer et à renverser la plus vieille monarchie du monde[h 37].
Mengistu Haile Mariam, adhérent duDerg, dirige le pays de 1977 à 1991. Il a été condamné à mort pourgénocide et des crimes commis pendant son régime.Musée mémorial des martyrs de laTerreur rouge, Addis-Abeba.
Le, Haïlé Sélassié est déposé et arrêté, les anciens dignitaires sont emprisonnés, les grèves et manifestations sont interdites[p 1]. Le Derg, la junte militaire, commence à s'installer au pouvoir. Les étudiants sont envoyés dans les provinces afin de mener des campagnes d'alphabétisation et diffuser la nouvelleidéologie, d'inspiration soviétique[p 1]. Mais beaucoup y sont victimes des maladies et des bandes armées formées par les propriétaires terriens, hostiles au nouveau régime. Néanmoins, le taux d'alphabétisation passe de 5 % en 1974 à 35 % en 1981, ce qui a valu à l’Éthiopie la reconnaissance de l'UNESCO qui lui a décerné son prix en 1980[21].
L'État prend le contrôle partiel de l'économie, plusieurs entreprises sont nationalisées. En 1975, une réforme agraire est lancée. Les terres sont nationalisées, des coopératives de paysans sont mises sur pied, des terres sont distribuées à ceux qui n’en avaient pas avec une limite de taille par exploitation[21]. Le Derg promet de faire de l’Éthiopie un État plurinational : « plus aucune nationalité ne dominera les autres ». Elle met en place un Institut des nationalités qui regroupait des géographes, des ethnologues, et des économistes, afin de mieux appréhender les caractéristiques de chaque ethnie. Les musulmans sont admis comme de véritables Éthiopiens pour la première fois dans l'histoire du pays et trois jours de fêtes musulmanes sont reconnus par l’État[21]. Enfin, un grandparti unique est mis en place sur une basenationale etsocialiste[p 2]. Si le Derg arrive initialement à affirmer son autorité, les partis politiques civils réclament un transfert du pouvoir et le retour des militaires dans les casernes. Les deux principaux partis d'opposition sont le Meison[Note 5] et leParti révolutionnaire du peuple éthiopien (PRPE). Les affrontements entre le deuxième parti et le régime vont dégénérer et de la fin 1976 à la fin 1978, le pays vit « deux années terribles[p 3] ». Les confrontations sont particulièrement brutales et la répression accentue le radicalisme du régime. Les familles des membres du PRPE sont visées et la participation de jeunes écoliers aux côtés du PRPE conduit le Derg à massacrer des classes entières[p 3]. Du 29 avril au, près d'un millier d'étudiants et lycéens sont assassinés après des mobilisations étudiantes contre le régime[p 3],[22]. Cette période de violence politique, surnomméeTerreur rouge, a marqué les Éthiopiens, les rapprochant ainsi des autrespeuples du bloc communiste. Les meurtres sont également courants au sein du Derg, où les rivalités entre personnes donnent lieu à des arrestations et à des fusillades[p 2]. C'est finalement le lieutenant-colonelMengistu Haile Mariam qui émerge au sein de la junte et qui dirige le pays à partir de 1977.
Cette même année 1977, le pays fait face à une offensive de l'arméesomalienne qui envahit le territoire national en juillet. Laguerre de l'Ogaden est déclenchée ; avec le soutien despays communistes européens et deCuba, l'Éthiopie remporte le conflit[p 3]. Durant laguerre civile, les violences du régime touchent durement les civils et favorisent les séparatistes duTigré et de l'Érythrée qui progressent : dans le nord du pays, le régime rencontre de réelles difficultés militaires. Alors que l'URSS, en pleinesperestroïka etglasnost, n'est plus en mesure de soutenir le régime, la fin du Derg semble se rapprocher lorsque les deux principaux mouvements de guérilla, leFront de libération du peuple du Tigré (FLPT) et le Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) coordonnent leurs opérations à partir du milieu des années 1980[h 38]. En 1984-1985, la Grande Famine tue un million d'Ethiopiens sur 57. L'aide internationale donne naissance au "charity business" (USA for Africa, Chanteurs sans frontières), mais est difficilement acheminée. Une série de victoires conduit le premier mouvement à élargir ses objectifs au sein de la coalition duFront démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), censé libérer tout le pays. Le, Mengistu Haile Mariam décide de fuir le pays et une semaine plus tard, les forces du FDRPE pénètrent dans la capitale. Le, le régime du Derg est tombé[h 39], c'est désormais la date d'un jour de fête nationale.
De 1991 jusqu'en 1995, le pays est dirigé par ungouvernement de transition chargé de mener l'Éthiopie vers un régime démocratique. En 1992, leFront démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) remporte les premières élections multipartites de l'histoire du pays et prépare une nouvelle Constitution. L'année suivante, le référendum pour l'indépendance de l'Érythrée, effectué en accord avec le FDRPE, voit la victoire des séparatistes. En 1994, l'assemblée constituante vote la ratification de lanouvelle Constitution qui entre en vigueur en août 1995. La république fédérale démocratique d'Éthiopie est officiellement proclamée. La transition s'est effectuée rapidement et dans une atmosphère relativement calme.
Le FDRPE va néanmoins faire face à quelques difficultés. En 1998, l'Érythrée envahit l'Éthiopie et déclenche uneguerre qui va durer deux ans. Le conflit fait plus de 80 000 morts et voit la victoire des troupes éthiopiennes. Depuis les rapports restent difficiles entre les deux États. Le gouvernement central est également confronté à deux rébellions armées, leFront de libération oromo (FLO) et leFront national de libération de l'Ogaden (FNLO). Ce dernier est d'ailleurs soutenu par l'Union des tribunaux islamiques, un mouvement actif en Somalie où l'Éthiopie est intervenue, en soutien au gouvernement officiel de Mogadiscio, de 2006 à 2009. Malgré la constitution, le pays est considéré[Par qui ?] dans les faits[Lesquels ?] comme un état policier liberticide.
En 2005, lesélections générales voient la montée des partis politiques de l'opposition qui ont remporté de nombreux sièges au parlement national et aux conseils régionaux. Ceux-ci contestent toutefois ces résultats qui permettent au FDRPE de se maintenir au pouvoir. Des manifestations violentes éclatent à Addis-Abeba et plusieurs opposants sont arrêtés. Si lesélections générales de 2010 suscitent une même passion avec un taux de participation de 90 %[23], les résultats ne confirment pas la tendance de 2005. Au contraire, le FDRPE et ses alliés remportent la quasi-totalité des sièges de la chambre basse tandis que l'opposition ne s'impose que dans deux circonscriptions[24]. Cette écrasante victoire à 99 %[25], contestée par les opposants, renforce la présence du parti de Meles Zenawi dans toute l'Éthiopie. Enfin, ces élections se distinguent des précédentes par le calme et le climat serein dans lequel le processus se déroule. En 2011, unecrise alimentaire touche une grande partie de la Corne de l'Afrique. Dans la nuit du 20 au,Meles Zenawi décède en pleine fonction après 21 ans au pouvoir. Conformément à la Constitution (article 73),Haile Mariam Dessalegn est désigné comme Premier ministre par la Chambre des représentants des peuples. Les Oromos, ethnie majoritaire avec plus du tiers de la population, entrent en rébellion en. Les Amharas, un quart de la population, font de même en août 2016. L'état d'urgence est décrété le. Haile Mariam Dessalegn démissionne en février 2018 à la surprise générale[26]. Le,Abiy Ahmed lui succède[27]. Cet homme politique de longue date est populaire parmi les Oromos dont il est issu. Dès son discours d’investiture, il tend la main à l’Érythrée, en appelant à mettre fin à un conflit qui dure depuis l’indépendance du pays, en 1993. Il qualifie également les partis d’opposition de frères et non d’ennemis[28]. La situation intérieure et les relations avec les pays voisins s'apaisent[29],[30],[31].
Les Forces de défense tigréennes ont repris la capitale régionale,Mekele, forçant legouvernement éthiopien à décréter, le lundi, un « cessez-le-feu unilatéral »[39].
Le, sept mois après avoir dû abandonner Mekele face aux assauts de l’armée gouvernementale éthiopienne, les forces duFront de libération du peuple du Tigré (FLPT) reprennent le contrôle de la capitale provinciale duTigré. Dans cette région du nord de l’Éthiopie, en guerre depuis[40], les derniers jours ont été le théâtre d’un spectaculaire renversement de situation militaire, forçant le gouvernement éthiopien à décréter un cessez-le-feu[41],[42].
En marge du conflit au Tigré éthiopien, l’armée soudanaise tente de reprendre la main sur letriangle d’Al-Fashaga, un territoire agricole disputé par L’Éthiopie et leSoudan, pays de laCorne de l'Afrique[43]. C’est un bras de fer qui menace de dégénérer, dans le sillage du conflit en cours dans la province éthiopienne du Tigré. En jeu : le triangle d’Al-Fashaga[44], soit 250 km2 de terres fertiles coincées entre les rivièresTekezé etAtbara, au cœur d’une dispute historique entre le Soudan et l’Éthiopie[45].
Début novembre 2021, plusieurs États occidentaux ordonnent à leurs nationaux de quitter l'Éthiopie, face aux risques d'exactions tribales et d'embrasement du conflit, alors que le FLPT progressait vers Addis-Abeba. À ce stade le conflit a coûté, outre des milliers de morts, le déplacement forcé de plus de deux millions de personnes et un risque de famine pour cinq millions[46].
Untraité de paix tigré-éthiopien est signé le 2 novembre 2022, prevoyant notamment de désarmer le FLPT et de restorer l'autorité du gouvernement fédéral en échange d'une meilleure représentation du Tigré dans les institutions gouvernementales. Ce traité met fin à l'essentiel des combats, bien que des questions restent en suspend, comme la présence de troupes Érythréennes au Tigré encore observée en août 2023[47].
Le, La chambre haute du parlement éthiopien, la Chambre de la Fédération, a formellement approuvé la formation du12e État régional de l'Éthiopie[48]. Le, le pays est admis parmi lesBRICS.
À l'èreprécambrienne, à la suite de la fracturation du supercontinentRodinia (environ –750 millions d'années), trois blocs principaux (leGondwana oriental, le Gondwana central et le Gondwana occidental)[52] entrent en collision il y a 600 millions d'années ; des chaînes de montagnes colossales se forment à cette époque, constituant l'orogenèse panafricaine. Le socle précambrienprotérozoïque (visible àMekele) se forme également durant la même période[53]. Durant375 millions d'années, un processus d'érosion estompe ces monts pour laisser place à de basses plaines à la périphérie de l'Éthiopie[53]. À l'èremésozoïque (250-70 millions d'années) une élévation du nord de l'Éthiopie se produit en parallèle d'un affaissement du sud[53].
C'est à l'époqueoligocène (35 millions d'années) que se produit un événement géologique majeur dessinant l'actuelle géologie éthiopienne : sous l'effet de l'apparition d'un point chaud (remontée profonde de manteau terrestre solide, mais ductile), la région subit unbombement thermique dû à la faible densité de ce matériau peu dense. Dans le même temps, des mouvements de divergence provoquent la fissuration de la plaque arabo-africaine, et conduisent à unrifting continental. Selon l'importance de cette divergence, on assiste à un amincissement de la croûte (région du Gand Rift), ou à une océanisation (mer Rouge).Dans lavallée du Grand Rift, certaines dépressions formées par le rifting (par le jeu defailles normales) permettent la mise en place de lacs, dont certains se sont asséchés ou s'assèche en même temps qu'ils se remplissent. Par l'évaporation de leur eau, les solutés s'accumulent, laissant place de nos jours à des lits de sels de plusieurs kilomètres d'épaisseur et quelqueslacs salés[53]
L'activité tectonique de la région est encore très active, comme en témoignent les nombreuxvolcans toujours en activité (dontDallol etErta Ale) ; il s'agit d'ailleurs de la région d'Afrique où ils se trouvent en plus grand nombre. Les sources d'eau bouillonnante et lesgeysers sont également des marqueurs associés à ce magmatisme.
Représentation des cinq principales zones climatiques en Éthiopie.
Du fait de son positionnement enzone tropicale, son relief et sa proximité avec l'océan Indien, l'Éthiopie possède une large variété de climats. Globalement, seules les régions du sud-ouest disposent d'un climat de type tropical, les climats des autres zones étant influencés par l'altitude et lamousson de l'océan Indien[54].
On distingue généralement sixzones climatiques majeures sur l'ensemble du territoire :
Du fait du relief du pays, les basses terres à l'est et au sud-est sont ainsi généralement soumises à des climats plus arides que les hauts plateaux. La région de l'Ogaden au sud-est bénéficie de précipitations plus faibles au printemps et en automne, le climat y est de type semi-désertique (moyenne annuelle entre 50 et 300 mm seulement)[54]. Les régions du sud et du sud-ouest du pays sont moins sensibles à la mousson. Le climat y est detype tropical, les pluies y sont intermittentes et l'humidité élevée[54].
L'Éthiopie dispose d'une végétation extrêmement diversifiée du fait de la grande variété de climats et de reliefs au sein du pays. La région éthiopienne constitue à cet égard l'une des huitécozones identifiées à travers le monde par le biologisteNikolaï Vavilov, c'est-à-dire des régions du globe où l'on trouve une très forte diversité génétique d'espèces particulières qui peuvent être identifiées comme le centre d'origine de cette espèce. La diversité est telle qu'on y découvre encore de nos jours de nouvelles espèces[55]. Dans les régions de très hautes altitudes (au-dessus de 3 800 m), seule subsiste une végétation de type alpin (lichen,bruyère). Plusieurs plantes sont caractéristiques de ces régions, notamment lalobélie géante.
Dans les régions des hauts plateaux (2 400 m - 3 800 m), le climat est plustempéré, et le sol plus riche. C'est dans ces régions qui constituent le cœur historique de l'Éthiopie que l'on trouve encore aujourd'hui la majeure partie de l'exploitation agricole (teff,sorgho,maïs), tout autant que les forêts éthiopiennes largement soumises à une déforestation progressive.
Le long de la frontièresoudanaise à l'ouest, leclimat tropical et les précipitations abondantes conduisent à une végétation luxuriante, particulièrement le long des fleuves. Dans les régions de plus basses altitudes au sud-ouest, le climat plus sec contribue à développer un environnement de typesavane (herbes hautes, arbustes) ainsi que des plantes résistant à des conditions climatiques extrêmes (plantes succulentes). Enfin dans les régions désertiques périphériques, le climat aride et les précipitations quasi inexistantes contribuent à développer unevégétation xérophytique ou à la vie très courte, avec une végétation plus faible (acacias,palmiers) autour des quelques cours d'eau.
On dénombre en Éthiopie un nombre important d'espèces endémiques tout aussi bien chez lesmammifères que chez lesoiseaux qui constituent la faune éthiopienne. Labiodiversité des espèces est notamment due à l'implantation de l'activité humaine à des zones assez délimitées.
À cet égard il est possible de distinguer les massifs montagneux des basses terres périphériques. Sur les hauts plateaux, la présence humaine a au cours de l'histoire modifié l'environnement par sa pratique agricole sédentaire ; certaines régions au relief escarpé ont elles été naturellement protégées, c'est le cas notamment dumassif du Simien, qui constitue aujourd'hui un parc naturel où prospèrent de nombreuses espèces endémiques (notamment lebouquetin walia (Capra walie), leloup d'Abyssinie (Canis simensis), lenyala de montagne (Tragelaphus buxtoni), lecorbeau corbivau (Corvus crassirostris), lebabouin gelada).
Les pratiques nomades dans les basses terres privilégiant l'élevage ont eu beaucoup moins d'impact sur son environnement. On dénombre aujourd'huineuf parcs nationaux, trois sanctuaires et huit réserves sauvages sur l'ensemble du territoire.
Depuis l'entrée en vigueur de laconstitution éthiopienne de 1994, l'Éthiopie repose sur un système fédéral et est divisée en dixrégions et deux « villes-régions » indiquées par des astérisques[c 2] :
Chacune des régions dispose de son propre gouvernement et d'un droit constitutionnel à l'autodétermination et à la sécession[c 3]. Ces dispositions, bien que théoriques, marquent la fin du processus de centralisation ayant commencé sousTéwodros II. Elles reflètent la nature des mouvements ayant combattu le gouvernement central durant laguerre civile de 1974 à 1991, essentiellement régionalistes, nationalistes, autonomistes, voire indépendantistes.
Les régions administratives remplacent depuis 1994 l'ancien système des provinces établi parHaïlé SélassiéIer. Leurs noms sont parfois encore employés de nos jours pour désigner un lieu dans le pays. Cesrégions sont divisées à leur tour en 68zones administratives sur l'ensemble du territoire. Le pays est en outre subdivisé en 550woredas et sixworedas spéciaux. Il s'agit en fait de l'équivalent d'uncanton ou d'undistrict. Lesworedas sont elles-mêmes divisées enQebelé qui représente une municipalité ou un quartier.
Le pays a connu une évolution croissante et régulière de sa démographie jusqu'au début desannées 1980. Par la suite cette croissance s'est accélérée jusqu'à aujourd'hui avec un taux moyen de 2,3 % par an, à l'exception d'une baisse visible entre1992 et 1993 due à l'indépendance de l'Érythrée, le 24 mai 1993, dont la population avoisinait à l'époque 3,2 millions de personnes. La population éthiopienne reste majoritairement jeune et rurale ; elle habite les zones des hauts plateaux.
Représentation schématique de la répartition des quatre principaleslangues éthiopiennes.Répartition des principales langues maternelles parlées en Éthiopie par zone administrative en 2007 (recensement).
Treize langues sont parlées par plus de 1 % de la population en Éthiopie selon le recensement de 2007, parmi 66 langues mentionnées[60],[61] : l'oromo (33,8 %), l'amharique (29,3 %), lesomali (6,2 %), letigrigna (5,9 %), lesidama (4,0 %), lewolaytta (2,2 %), leslangues gouragué (2 %), l'afar (1,7 %), l'hadiyya (1,7 %), legamo (1,5 %), legedeo (1,3 %), l'opo (1,2 %) et lekafa (1,1 %). En raison de l'« impressionnante[62] » concentration de langues très diverses, l'Éthiopie est considérée comme un « paradis pour linguistes[62] », avec 90 langues[63] dont certaines ont moins de 10 000 locuteurs. Même si quelques langues restent encore non classifiées, la majorité peut être rattachée à quatre familles principales[64] :
Toutes les langues d'Éthiopie jouissent du même statut légal depuis l'entrée en vigueur de laConstitution de 1994, sonarticle 5 garantit une « égale reconnaissance de l'État » à tous les peuples, leur droit à développer leur langue et à l'établir commelangue maternelle à l'école primaire.
Les langues sémitiques sont principalement parlées dans les régions deshauts plateaux, dans le centre et le nord du pays. Ce sont des langues cousines duguèze, langue duroyaume d'Aksoum d'importance nationale jusqu'à l'émergence de l'amharique auXIIIe siècle[65] et qui est demeuré lalangue liturgique de l'Église orthodoxe éthiopienne[65] et desJuifs éthiopiens. Les deux principales langues sémitiques actuelles de l'Éthiopie sont l'amharique et letigrigna. La première est la plus pratiquée du pays, par environ 32,7 % de la population[66], principalement dans le nord central éthiopien. Langue « nationale » depuis le règne deTéwodrosII (1855-1868)[h 40], elle perd son statut premier en 1995, avec l'adoption de lanouvelle Constitution[Note 6]. La deuxième, letigrigna, parlé par 6,1 %[66] de la population, essentiellement dans leTigré. Parmi les autres langues sémitiques, on peut citer lehareri, l'argobba ou le gurage, parlés par 4,3 % de la population[66],[65].
Les langues sémitiques d'Éthiopie utilisent le système d'écriturege'ez, unalphasyllabaire dit « éthiopique » et appeléfidel (ፊደል). L'Éthiopie et l'Érythrée sont les seuls pays au monde utilisant ce système d'écriture qui comprend 182 caractères basiques auxquels il faut ajouter des caractères spéciaux, totalisant plus de 200 signes[67].
Les langues couchitiques sont essentiellement parlées dans une partie du sud-ouest et du Centre ainsi que dans l'est du pays, dans la vallée de l'Awash et letriangle Afar. La plus importante est l'afaan oromoo, deuxième langue du pays, parlée par 31,6 %[66] de la population, très majoritairement lespeuples oromos[65]. Lesomali, quatrième langue du pays, est pratiqué par 6 %[66] de la population, principalement lesSomalis de l'Ogaden, dans l'est éthiopien[65]. L'afar est quant à lui parlé dans le nord-est, une région où est également pratiqué lesaho[64]. Enfin, parmi les autres langues couchitiques d'Éthiopie, il convient de citer lesidamo, pratiqué par 3,5 % de la population[66] et regroupé au sein du groupe oriental des hautes terres avec leburji[64].
Les langues omotiques sont propres à l'Éthiopie où elles sont parlées par les populations vivant dans le bassin de l'Omo, dans le sud-ouest du pays[68]. Bien que leur nombre précis soit difficilement évaluable, on estime à plus de 40[68] les langues de cette branche. Si très peu de personnes parlent une langue omotique, leur faible diffusion géographique n'empêche pas une grande hétérogénéité[68]. Parmi cette famille, on peut citer legamo, leyemsa ou legimira.
Les langues nilotiques sont les moins utilisées[68], pratiquées par des populations du sud-ouest, à la frontière avec le Soudan. Le faible nombre de locuteurs et leur éloignement géographique du centre en font un groupe linguistique relativement peu connu et étudié d'Éthiopie[68]. Parmi les langues nilotiques en Éthiopie on trouve lenuer-dinka et l'anyua.
L'anglais est la première langue étrangère : c'est la langue commerciale, largement utilisée dans l'administration, sans toutefois avoir de statut officiel, et l'industrie du tourisme. Enseigné dès l'école primaire, il est parlé par environ 500 000 Éthiopiens surtout issus de l'élite et des classes aisées. La grande pauvreté du pays limite sa diffusion, ainsi que la promotion et diffusion des langues régionales. Langue de l'enseignement supérieur, c'est aussi la langue de la diplomatie, utilisée avec le français au siège de l'OUA à Addis-Abeba.
L'arabe est la seconde langue internationale, parlée surtout dans les régions de l'est éthiopien. C'est une langue liturgique et religieuse qu'une faible partie des Éthiopiens musulmans utilisent dans la vie de tous les jours. Un nombre non négligeable d'Éthiopiens chrétiens l'utilisent toutefois dans les échanges commerciaux. L'arabe est parlé, généralement comme seconde langue, par 300 000 à 500 000 Éthiopiens.
L'italien a presque disparu. C'était une des langues européennes utilisées pour les échanges extérieurs jusqu'en 1935. De 1936 à 1941, lors de l'occupation italienne, il fut la langue coloniale. À la libération de 1941, il fut perçu comme lié à la période mussolinienne et à la barbarie fasciste. Au milieu des années 1990, la grande majorité des locuteurs de l'italien, environ 15 000 personnes, avaient plus de 70 ans (en ne comptant pas ceux de l'Érythrée voisine). Aujourd'hui, l'italien est toujours une langue universitaire, et en 2018, entre 4 500 et 8 000 Éthiopiens savaient parler l'italien, constitués d'Éthiopiens de la jeune génération, dont des étudiants, et d'anciens étudiants qui apprenaient la langue italienne. Pour nombre d'Éthiopiens, l'Italie apparaît désormais comme un pays lointain.
Jusqu'en 1935, le français était la seconde langue administrative et la langue de la diplomatie. Le discours duNégus à laSDN en 1935 pour demander de l'aide à son pays qui subissait l'agression de l'Italie fasciste était en français. Toutefois, en 1941 l'anglais, langue des libérateurs, devint la langue étrangère dominante. Le français demeure aujourd'hui une langue de l'élite, en particulier à travers lelycée franco-éthiopien Guébré-Mariam, peu répandue par ailleurs, si ce n'est dans des organismes internationaux (Commission économique pour l'Afrique etOrganisation de l'unité africaine) dont les sièges sont à Addis-Abeba. Selon les statistiques de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, la version en langue française est la troisième plus consultée depuis l’Éthiopie après l'anglaise et l'amharique[69]. En 2013, selon le président de l'Organisation internationale de la francophonie, le Premier ministre éthiopien voudrait que le français devienne une langue enseignée dans chaque lycée du pays afin que le peuple éthiopien puisse parler à l’Afrique francophone[70]. En 2018, il était estimé que les francophones étaient entre 2 000 et 3 500 en Éthiopie, constitués surtout majoritairement d'étudiants, ou d'anciens étudiants qui étudiaient la langue française.
Les peuples d'Éthiopie peuvent être répartis en divers grands ensembles avec comme élément caractéristique essentiel, la langue. Le premier grand groupe est constitué des peupleshabesha[p 4] parlant essentiellement des langues sémitiques. Le peuple amhara est le deuxième démographiquement au niveau national après lesOromos. Ils habitent les hauts plateaux et sont des agriculteurs[p 4]. À partir du milieu duXIXe siècle et notamment sous le règne deMenelik II, ils jouent un rôle important dans la construction de l'État moderne éthiopien[p 4]. Ils parlent l'amharique[p 4], aujourd'hui langue de travail du gouvernement fédéral et sont deschrétiens orthodoxes. LesTigrés constituent démographiquement le deuxième peuple du groupehabesha. Leur langue est letigrigna et ils sont également des chrétiens orthodoxes. Ils sont installés dans le nord de l'Éthiopie et se sentent par conséquent fortement liés à l'héritage aksoumite ainsi qu'à l'identité nationale éthiopienne[p 4]. Les autres populationshabesha sont lesAgew et lesjuifs éthiopiens[p 5].
Une deuxième entité est constituée par lesOromos, premier peuple du pays devant les Amharas. Auparavant, ils ont été désignés par le terme de « Gallas », un mot ayant aujourd'hui une connotation péjorative[p 6]. L'« identité élastique[p 7] » s'explique par l'étendue de la zone de peuplement allant de lafrontière avec le Soudan à l'ouest, à l'Ogaden, à l'est et à lafrontière avec le Kenya, au sud. Leurs activités varient selon les régions, mais l'élevage bovin est partagée par les divers groupes oromos[p 7]. En effet, ils détiennent une partie importante du cheptel national[p 7]. Contrairement aux Amharas et aux Tigrés, les Oromos n'ont pas d'unité religieuse, une partie pratique le christianisme orthodoxe éthiopien, une autre fraction estmusulmane tandis qu'une portion estprotestante. En revanche, la langueoromo constitue un ciment unificateur ; les divers dialectes oromos sont intercompréhensibles[p 6]. L'intégration politique des Oromos dans la société et l'État éthiopiens s'est effectuée duXVIe auXVIIIe, après l'invasion de Gragne et à la suite des mouvements d'immigration[p 6]. Plusieurs groupes de populations constituent l'ensemble oromo tels que les Borenas, les Arsi et les Gujis, etc.[p 6].
Dans l'est éthiopien vivent deux peuples de pasteurs : les Afars et les Somalis. Majoritairement musulmans, ils parlent respectivement l'afar et lesomali. Près de 1 à 1,5 million d'Afars vivent dans le nord-est de l'Éthiopie, tandis que les 4 millions de Somalis sont installés dans la région de l'Ogaden[p 8]. Les deux peuples sontnomades et organisés en clans bien qu'historiquement, ils ont pu constituer des États stables[p 9].
Tout un ensemble de peuples vit dans le sud-ouest, et dans les périphéries ouest et sud de l'État éthiopien. Gérard Prunier dégage deux groupes. Tout d'abord, la « première périphérie sud-ouest[p 10] », proche du centre, dans laquelle vivent entre autres lesGouragués, lesKaffas, lesSidamas, lesWelaytas, etc.[p 10]. Le deuxième groupe est celui des « grandes périphéries[p 11] ». Chaque peuple est démographiquement peu important, mais ce vaste ensemble regroupe des cultures véritablement homogènes, des langues différentes et des organisations sociétales diverses[p 11].
Principale religion pratiquée par wereda selon les données du recensement de 2007.
La liberté de culte est garantie en Éthiopie par laConstitution de 1994, spécifiant l'absence dereligion d'État. Il y est ainsi interdit de créer un parti politique fondé sur la religion, tout groupe religieux doit être déclaré et enregistré auprès des autorités gouvernementales.
Le christianisme est introduit en Éthiopie vers 330 lorsquesaint Frumence deTyr, appelé localement Fremnatos ou Abba Selama (« père de la Paix »), convertit le roiEzana d'Aksoum, en faisant ainsi l'un des plus anciens États chrétiens au monde, le second après l'Arménie. La croix remplace à cette époque la symbolique du Soleil et de la Lune sur les pièces du royaume. Vers480, un groupe de moines, lesNeuf Saints introduisent lemonachisme et lemonophysisme, sous la forme d'un refus des formulations duconcile de Chalcédoine de 451, adhérant à la nature unique du Christ. Ceux-ci contribuent à la diffusion du christianisme dans le royaume en traduisant notamment les premiers textes religieux enguèze. Les monastères, l'architecture à travers deséglises rupestres de Lalibela notamment, l'art, la peinture, lalittérature, témoignent de l'influence sensible du christianisme orthodoxe tout au long de l'histoire de l'Éthiopie et du règne des dynastiesZagwe etsalomonienne. La tentative d'introduire le christianisme romain en Éthiopie par la voix de missionnaires se révèle par ailleurs un échec conduisant à une guerre civile se concluant par l'expulsion des jésuites sousFazilidas.
Selon le recensement national officiel de 2007, l'islam serait pratiqué par environ 33,9 % de la population éthiopienne[71].
Celui-ci est surtout présent aujourd'hui dans les basses plaines plus chaudes du sud et de l'est, dans les régions deHarar,Afar etSomali ainsi que dans certaines parties du sud de la région Oromia. L'islam suit généralement la tradition sunnite.
La présence de l'islam en Éthiopie remonte à l'époque de la fondation de la religion musulmane et à l'hégire. Vers 615, un groupe de musulmans,compagnons du prophète de l'islamMahomet,fuit les persécutions(en) dont ils sont l'objet àLa Mecque, et trouve refuge en Éthiopie dirigée alors par le roi chrétien nomméAshama ibn Abjar dans la tradition arabe[72]. L'un des compagnons de Mahomet, le premier muezzinBilal, est également décrit comme originaire d'Éthiopie. Ceux-là s'installent àNegash, dans leTigré, considéré comme le premier lieu d'implantation de l'islam en Éthiopie. En échange de la protection accordée par le roi face aux injonctions desQuraych qui demandent leur retour enArabie, Mahomet demande à ses compagnons de respecter, et de vivre en paix avec les chrétiens d'Éthiopie. Un cimetière remontant auVIIe siècle a depuis été retrouvé dans la région deNegash. La région éthiopienne est ainsi l'endroit où l'on retrouve certains des plus anciens sultanats au monde, parmi eux lesultanat du Choa fondé par la dynastie Makhzumite en 896, remplacé plus tard par lesultanat d'Ifat.
Cimetière musulman à l'extérieur des fortifications deHarar.
L'islam s'est par la suite développé dans les régions commerçantes côtières du sud de laCorne de l'Afrique, suivant ainsi les routes maritimes, particulièrement dans larégion Somali. Les campagnes du SomaliAhmed Gragne vers les hauts plateaux à partir de 1527 contribuent également à son expansion dans le sud de l'Éthiopie. L'expansion desOromos de tradition Waaqa vers le nord dans les décennies qui suivent affaiblit un temps son influence, avant que ceux-ci n'adoptent progressivement la nouvelle religion. Aujourd'hui la religion musulmane est pratiquée par environ 40 % desOromos sous forme de syncrétisme entre islam et anciennes croyances.
La ville deHarar, abritant 82 mosquées, dont trois remontant auXe siècle et 102 tombeaux est aujourd'hui considérée comme la quatrièmeville sainte de l'islam par les musulmans éthiopiens.Harar est également patrimoine mondial de l'UNESCO.
L'origine desJuifs éthiopiens (ge'ez : ቤተ እስራኤል) reste mal comprise, leur croyance coexistait probablement avec les animistes avant l'arrivée du christianisme. Depuis l'Antiquité éthiopienne, ils vivent dans le nord du pays, en particulier les provinces deGondar et duTigré. Après avoir bénéficié de petits États indépendants jusqu'auXVIIe siècle, ceux-ci sont conquis par l'empire éthiopien, et lesBeta Israel deviennent une minorité marginalisée.
En raison du maintien de son indépendance et à la suite de la mauvaise expérience catholique auXVIIe siècle[Note 8], l'art éthiopien est peu influencé par le monde occidental[p 12]. En revanche, sa proximité avec le monde byzantin est perceptible dans l'art chrétien. Avant les années 1990, l'art éthiopien est relativement peu connu du grand public occidental[p 12]. La première étude européenne date de 1892 et la première expédition archéologique s'est effectuée en 1906[p 13]. De nombreuses collections privées et des librairies ont gardé inconnu l'art éthiopien. Sa reconnaissance internationale débute en 1960, avec la publication par l'UNESCO d'enluminures, progressivement des expositions sont organisées dans différentes villes, àAddis-Abeba,Paris ou encoreBaltimore[p 13]. L'aspect le plus connu demeure l'art chrétien, tandis que l'artisanat n'est que peu étudié[p 14].
Le bouclier, un objet de guerre souvent travaillé par les artisans éthiopiens.
Contrairement à l'art chrétien, les objets artisanaux de la vie quotidienne conservés ne dépassent pas 200 ans[p 14]. Les différents artisanats se sont développés en fonction des aires culturelles, définies par rapport aux systèmes agraires. Ainsi dans le sud-ouest, notamment dans l'aire horticole, on retrouve du mobiliermonoxyle, des tables et des sièges, ceux-ci étant particulièrement travaillés[p 14]. La culture régionale ducafé explique le développement d'un artisanat prévu à cet effet, comme les plateaux recevant des tasses ou encore les cafetières. L'appuie-tête constitue un objet important de l'artisanat éthiopien ; son usage s'est répandu du sud vers le nord à partir duXVIIe[p 14]. Ils sont souvent monoxyles, mais peuvent être constitués de deux pièces.
La poterie, d'une « extraordinaire diversité[p 14] », est de grande qualité surtout dans les régions du Tigré, duHarer, de l'Illubabor, du Welayta et du Gayent[p 14]. La bijouterie est tout aussi diverse, lesArgobbas du Harerr ayant développé dans ce domaine un artisanat original. Toujours dans le Harer, on retrouve des vanneries colorées décorant l'intérieur de certaines maisons de lacapitale régionale[p 15]. Dans le passé, l'artisanat a touché l'armée puisque bouclier et matériel de guerre ont été travaillés. Dans le nord, les boucliers sont renforcés et décorés par des plaques en métal embossées[p 15].
Enfin, l'art éthiopien est également corporel. AuXVIIe siècle, les chrétiennes donnent une grande importance à leur coiffure[p 15] ; de nos jours, les femmes du Tigré portent une coiffure bien distincte. Dans le sud, outre les coiffures d'argile desNyangatoms, on retrouve les perruques desOromos, parmi les plus célèbres, celles de la région deJimma[p 15]. Les tatouages sont également développés. Ils sont relativement discrets dans les populations rurales chrétiennes où les femmes se font parfois tatouer une croix sur le front. En revanche, ils sont bien plus visibles chez lesMursis qui se tatouent une partie importante du corps[p 15].
Du fait de l'existence de son système d'écriturege'ez, l'Éthiopie entretient une tradition littéraire ancienne remontant à sonAntiquité aksoumite. On distingue généralement deux périodes majeures dans la littérature éthiopienne correspondant à la littératureguèze, aujourd'hui langue morte conservée comme langue liturgique, et à la littérature amharique. À leur côté subsiste également une littérature musulmane apparue pendant leXVIe siècle ; et quelques livres spécifiquesjuifs éthiopiens, comme leTe'ezaza Sanbat (Ordonnance du Sabbat).
À partir duXIIIe siècle, la puissance d'Aksoum s'affaiblit et le ge'ez s'impose progressivement comme une langue savante de l'écrit face à l'amharique au cours de la période de la dynastie solomonide. Cette période marque le début d'une période intense de productivité littéraire ge'ez. La théologie et les pensées religieuses influencent les écrits. Les vies de saints et les récits de miracle sont nombreux. Parmi ces écrits on peut relever notamment leKebra Nagast rédigé vers 1314 au cours du règne d'Amda SeyonIer (1314-1344), un des ouvrages majeurs de la littérature éthiopienne, évoquant la fondation de ladynastie salomonide, le règne deDavidIer (1382-1413), ou encore celui deZara Yaqob (1434-1468) auteur d'ouvrages principalement théologique dont le plus célèbre reste « le Livre de la Lumière ».
Bible éthiopienne (Oregon Museum).
De nouveaux genres poétiques apparaissent : lesqenés, les deggwas (recueil d'hymnes religieux) mais aussi les malkes (portrait d'une personne chantée), généralement des stances, avec des rimes, d'environ 55 lignes, chacune adressée à un attribut moral ou physique du saint décrit.
La littératureamharique apparaît dès leXIIIe siècle, au cours de ladynastie Zagwe, sous forme de courts chants royaux, des paraphrases, des psautiers ainsi que quelques traités théologiques. Cependant, ce n'est que sous le règne deTewodros II (1855-1868) qu'elle se développe avec les chroniques royales, premières chroniques entièrement en amharique[76].
Certains auteurs éthiopiens célèbres pour leurs œuvres en amharique ont aussi publié des romans,pièces de théâtre et poèmes en langue anglaise. C'est le cas notamment, pour le plus célèbre d'entre eux, deTsegaye Gabre-Medhin[77] qui, à 29 ans, reçoit le prix Haïlé SélassiéIer de littérature amharique.
La musique éthiopienne est extrêmement diversifiée, chacun des 80peuples du pays possédant ses propres particularités. Les influences sont multiples et incluent laliturgie chrétienne etmusulmane ainsi que la musique populaire des pays situés dans laCorne de l'Afrique,somalienne etsoudanaise en particulier. La musique éthiopienne utilise souvent un système modal unique pentatonique, caractérisé par des intervalles prolongés entre certaines notes.
La musique des hauts plateaux utilise unmode unique appeléqenet, basé sur quatremodes principaux :tezeta, bati, ambassel, et anchihoy[78]. Trois modes supplémentaires peuvent être considérés comme des variations :tezeta mineur, bati majeur etbati mineur.
Certains morceaux prennent le nom de leurqenet, tel que letezeta, un chant de nostalgie. Accompagné d'instruments traditionnels, ces modes sont généralement nontempérés[Note 9], mais joués sur des instruments occidentaux tels que piano et guitare ils utilisent le système d'accord tempéré occidental. La musique des hauts plateaux est généralementhomophonique ou hétérophonique[78]. En dehors, certaines sontpolyphoniques.
Les principaux instruments traditionnels sontmasenqo (luth),krar (lyre),washint (flûte),begena (harpe),kebero (double tambour),cistree et tom (chez lesAnuaks). Dans la tradition populaire, l’azmari, chanteur et musicien éthiopien, homme ou femme, sont doués pour chanter des vers en s'accompagnant d'unemasenqo ou d'unekrar. La musique moderne éthiopienne laisse également une part importante à l'éthio-jazz, à travers son créateurMulatu Astatke, et des musiciens comme le saxophonisteGetatchew Mekurya. Certains musiciens populaires connus sontMahmoud Ahmed, Gigi Shibabaw, Teddy Afro,Tlahoun Gèssèssè,Aster Aweke,Alèmayèhu Eshèté, Neway Debebe,Asnatqètch Wèrqu et Ali Birra. À la fin des années 1990, le label françaisBuda Musique a réédité les plus grandes voix de l'éthio-jazz avec la collectionÉthiopiques permettant la redécouverte, pour les Occidentaux, dugroove de la Corne de l'Afrique.
L'injera est recouverte de divers plats dont le doro wat, au centre et à gauche, et le tebs.
La cuisine éthiopienne est à base de boulettes épicées. Elle se caractérise par l'usage de l'injera, une galette levée à base deteff qui sert à la fois de couverts et de récipient[79]. L'injera est disposée sur une vaste assiette afin d'y placer les diversragoûts,sauces etlégumes. Traditionnellement, le plat est placé sur un messob, une sorte de table ronde faite de paille, afin que la nourriture puisse être mangée en commun[79]. La variété desclimats éthiopiens permet de faire pousser un grand nombre delégumes et deféculents : lemillet, dumaïs, de l'orge, deslentilles, des pois cassés ou encore de lacoriandre, qui constituent autant d'éléments de base pour les différentes sauces accompagnant l'injera. Ces plats végétariens sont particulièrement consommés lors des jeûnes, strictement respectés par leschrétiens orthodoxes[79].
La sauce la plus courante est lewet, accompagnée d'oignons rouges, deniter kibbeh et assaisonné debérbéré. Ce dernier est un des ingrédients principaux contenant dupiment rouge. Son nom s'applique aussi à un mélange d'épices parmi lesquelles le piment séché à proprement parler, mais également de l'ail, dugingembre, des oignons rouges, de la graine de rue, de lacardamome, desclous de girofle ou encore de lacannelle.
Cérémonie traditionnelle du café, Éthiopie.
Le wet peut être réalisé à partir de viande de bœuf, de poulet, d'agneau et dans certaines régions de poisson. Il peut également inclure légumes, pois cassés, pommes de terre, carottes et blettes. La viande peut aussi être servie sautée ou crue (ketfo ougored gored) accompagnée avec du piment[79]. Une fois l'ensemble des plats disposés sur l'injera, chaque personne utilise un bout de cette même galette pour se saisir des aliments. Il est possible qu'une personne porte la nourriture à la bouche d'une autre, il s'agit d'un signe d'amitié et de respect.
Letella est unebière traditionnelle brassée à partir d'orge ou demalt, dehoublon et de feuilles degesho, employée également dans la fabrication dut’edj — sorte d'hydromel qui accompagne souvent les plats éthiopiens[79]. Enfin, lecafé, probablement né en Éthiopie, occupe une place centrale dans la culture et les traditions nationales[79]. Il est servi, à l'aide d'unejebena, une cafetière locale, en toute fin de repas au cours d'une cérémonie où l'on brûle de l'encens. Les grains de café sont grillés sur place et l'on fait sentir leur odeur aux hôtes. Dans la plupart des foyers, un espace tapissé d'herbes et doté de meubles dédiés est souvent agrémenté.
L'athlétisme est également populaire en Éthiopie et a remporté de nombreuses distinctions au sein des compétitions internationales. Parmi les Éthiopiens ayant dominé les courses de fond au niveau mondial, ces dernières années, on note particulièrementHaile Gebrselassie, champion du monde et champion olympique, qui a établi plus de vingt nouveauxrecords du monde.Kenenisa Bekele, champion du monde de cross country et double champion olympique à Pékin, qui détient à ce jour en 2010 les records du monde du5 000 mètres et du10 000 mètres. Chez les femmes,Tirunesh Dibaba, double championne olympique à Pékin, est détentrice du record du 5 000 mètres.Meseret Defar réalise quant à elle la deuxième meilleure performance mondiale dans la même discipline[80],[81],[82].
Durant l'année éthiopienne qui suit 5 joursépagomènes
Durant l'année éthiopienne qui suit 6 joursépagomènes
Durant l'année éthiopienne qui suit 5 joursépagomènes
Durant l'année éthiopienne qui suit 6 joursépagomènes
1
መስከረም (Meskerem)
Tut
30
11 septembre
12 septembre
10 octobre
11 octobre
2
ጥቅምት (Teqemt)
Babah
30
11 octobre
12 octobre
9 novembre
10 novembre
3
ኅዳር (Hedar)
Hatur
30
10 novembre
11 novembre
9 décembre
10 décembre
4
ታኅሣሥ (Tahesas)
Kiyahk
30
10 décembre
11 décembre
8 janvier
9 janvier
5
ጥር (Ter)
Tubah
30
9 janvier
10 janvier
7 février
8 février
6
የካቲት (Yekatit)
Amshir
30
8 février
9 février
9 mars
7
መጋቢት (Megabit)
Baramhat
30
10 mars
8 avril
8
ሚያዝያ (Miyazya)
Baramundah
30
9 avril
8 mai
9
ግንቦት (Guenbot)
Bashans
30
9 mai
7 juin
10
ሰኔ (Sené)
Ba'unah
30
8 juin
7 juillet
11
ሐምሌ (Hamlé)
Abib
30
8 juillet
6 août
12
ነሐሴ (Nehasé)
Misra
30
7 août
5 septembre
13
ጳጐሜን/ጳጉሜን (Pagoumén)
Nasi
5 ou 6
6 septembre
10 ou 11 septembre
Le décomptage des heures s'effectue de manière distincte de celle communément employée dans le reste du monde. Celui-ci s'effectue sur la base de deux cycles de douze heures à partir du coucher du Soleil. Les distinctifske qenou (« de la journée ») etke meshetou (« de la soirée ») sont l'équivalent des « A.M. » et « P.M. » dans le système américain.
La proximité de l'équateur (latitude 9°03' Nord et longitude 38°42' Est pourAddis-Abeba), rend en effet minime la variation de la durée du jour, restant à peu près constante de6 h à18 h (12 h -12 h en Éthiopie) au cours de l'année. Ainsi, à6 h, heure solaire locale, il est 12 h à Addis-Abeba ; à19 h, il est1 h à Addis-Abeba et à17 h de l'après-midi, il est23 h.
Depuis 1995, l'Éthiopie est officiellement appelée : république fédérale démocratique d'Éthiopie (RFDE)[c 4]. Le fonctionnement de ses institutions est codifié par letexte constitutionnel ratifié en et entré en application le. L'Éthiopie est unrégime parlementaire[c 5]fédéral[c 4] etbicaméral[c 6]. D'après la constitution, la RFDE comprend deux organes : le gouvernement fédéral et les États membres, lesneuf régions fédérées[c 7]. Tous les pouvoirs souverains appartiennent aux « Nations, Nationalités et Peuples d'Éthiopie », souveraineté qu'ils expriment à travers des représentants élus[c 8] au suffrage universel direct et siégeant à laChambre des représentants des peuples. En raison de la nature fédérale de la République, une des deux chambres du parlement représente les régions, il s'agit de laChambre de la fédération.
Le chef de l'État est leprésident de la République, fonction essentiellement honorifique. Il est élu par lesdeux chambres à la majorité des deux tiers, pour un mandat de six ans, renouvelable une fois[c 9]. Les pouvoirs et fonctions du président comprennent, entre autres : la promulgation des lois et traités internationaux ratifiés par la Chambre des représentants des peuples, la convocation de la session annuelle de la réunion des deux assemblées, la réception deslettres de créance des ambassadeurs. En outre, il dispose du droit de grâce[c 10]. L'actuel président estTaye Atske Sélassié, élu le.
Lepouvoir exécutif appartient auPremier ministre et auConseil des ministres[c 11]. Le Premier ministre est désigné parmi les membres du parti majoritaire à laChambre des représentants des peuples[c 12]. Il dirige le Conseil des ministres et mène la politique du pays[c 13]. Il est chef de l'exécutif, président du Conseil des ministres, dont il dirige les activités, et commandant en chef des forces armées nationales. Il doit suivre et assurer la mise en œuvre des lois, des politiques, des directives et des autres décisions adoptées par la Chambre des représentants des peuples[c 13]. Outre la direction des affaires nationales, il supervise la mise en œuvre de lapolitique étrangère[c 13]. L'actuel Premier ministre estAbiy Ahmed.
LaChambre des représentants des peuples détient lepouvoir législatif dans les limites fixées par la Constitution à l'article 55[c 14]. Les compétences de la Chambre touchent aussi bien des domaines fiscaux et budgétaires que des questions pénales ou encore d'administration. Ses membres sont élus pour un mandat de cinq ans, au suffrage universel direct[c 15]. Des 550 sièges, 20 sont réservés à des « nationalités et peuples » minoritaires[c 15]. Les lois adoptées sont soumises au président chargé de leur promulgation[c 16]. Les membres de la Chambre doivent également désigner au sein du parti ou de la coalition majoritaire, le Premier ministre. Celui-ci peut dissoudre la Chambre afin d'organiser de nouvelles élections[c 17].
LaChambre de la fédération est une institution particulière du système politique éthiopien. Il a le pouvoir d'interpréter la Constitution et de régler les questions relatives aux droits des « nations, nationalités et peuples[c 18] ». Il résout les différends entre diversesrégions et doit empêcher celles-ci de mettre en danger l'ordre constitutionnel[c 18]. Ses membres sont élus ausuffrage indirect par les conseils régionaux bien que ceux-ci peuvent organiser un suffrage direct permettant à la population de s'exprimer[c 19]. Chaque « Nation, Nationalité et Peuple » doit être représenté par au moins un membre[c 19]. À chaque million d'habitants additionnel, un membre en plus de ce peuple est autorisé à siéger[c 19].
Lepouvoir judiciaire est constitutionnellement indépendant[c 20]. La Cour suprême fédérale est la plus haute juridiction du pays. Elle prépare les budgets, soumis à laChambre des représentants des peuples, prévus pour les cours fédérales. Elle constitue la juridiction d'appel de toutes les affaires traitées par la Haute Cour fédérale ; celle-ci est compétente pour les affaires civiles portant sur des montants supérieurs à 500 000birr. Il existe également deux catégories de tribunaux régionaux : les cours deworedas et ceux desawrajas. En plus des juridictions de droit commun, il existe destribunaux militaires, intégrés à la Cour suprême fédérale. L'État éthiopien donne aux musulmans du pays la possibilité de faire traiter les litiges dedroit de la famille par destribunaux islamiques.
La Cour suprême fédérale est associée auConseil constitutionnel. En effet, le président et le vice-président de la Cour suprême fédérale sont également, respectivement, président et vice-président du Conseil constitutionnel[c 21]. Cet organe est chargé d'examiner les litiges d'ordre constitutionnel et de remettre ses recommandations au Conseil de la fédération qui doit trancher[c 22]. S'il estime qu'une loi fédérale ou régionale est contraire à la Constitution, il étudie la norme mise en cause et soumet son jugement à la Chambre de la fédération pour une ultime décision[c 22].
Depuis le milieu des années 1990, le pays est en cours de démocratisation. Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) a remporté toutes les élections depuis 1995. Cette coalition est dominée par leFront de libération du peuple du Tigré, un parti présidé par Meles Zenawi, Premier ministre d'Éthiopie depuis 1995. Depuis l'arrivée au pouvoir du FDRPE, la vie politique, et de manière générale, la société éthiopienne, se sont libéralisées. Le régime du parti unique instauré sous leDerg a été aboli et les partis politiques d'opposition sont légalement autorisés. Au niveau sécuritaire, le gouvernement a fait face à desinsurrections dans la région de l'Ogaden,réprimées en 2007-2008 ainsi qu'à la rébellion duFront de libération oromo.
La principale coalition d'opposition est le Forum pour la démocratie et le dialogue, surnomméMedrek. Il comprend le parti de l'Unité pour la démocratie et la justice, surnomméAndenet (« unité » enamharique), fondé en 2008 en vue desélections générales de mai 2010 et dirigé par Bertoukan Mideksa. Il comprend les partis de laCoalition pour l'unité et la démocratie ayant participé auscrutin de 2005.
Lesélections de mai 2010 ont largement renforcé le FDRPE. Les débats ont tourné essentiellement autour des questions économiques. Si le gouvernement revendique un bilan positif et une croissance annuelle forte, l'opposition affirme qu'il ne s'agit que d'évolutions statistiques et non de véritables changements.
Depuis fin 2015 d'importantes manifestations contre le pouvoir, des principales ethnies, Oromos et Amharas, ont été réprimées dans le sang, faisant 140 morts puis 100 morts. Les décisions du pouvoir, dominé par la minorité tigréenne, sont de moins en moins acceptées par ces deux ethnies.
En 2016, le pays est encore décrit comme ayant une politique très répressive envers les journalistes et la liberté de la presse, en étant l'un des pays incarcérant le plus de journalistes et en effectuant une importante censure, avec un contrôle étatique fort sur les médias[83].
Le, la coalition au pouvoir depuis près de 27 ans désigneAbiy Ahmed au poste de Premier ministre. Cette nomination est une grande première pour un Oromo, l'ethnie majoritaire mais écartée des plus hautes fonctions dans l'histoire moderne du pays[84].
Si depuis sa fondation l'État éthiopien entretient des relations diplomatiques avec d'autres pays, la création duministère des Affaires étrangères date de 1907[85]. La politique étrangère est élaborée par le ministre des Affaires étrangères puis étudiée par le gouvernement. S'il est en accord, il autorise sa mise en application par le ministre, supervisée par le Premier ministre[c 13]. Teferi Mekonnen, qui occupe le poste de 1917 à 1930, demeure un des plus importants ministres des Affaires étrangères. Durant les années 1920, il plaide en Éthiopie pour une plus grande ouverture sur le monde. Un de ses grands succès a été l'admission de son pays, en 1923, à laSociété des Nations[86]. L'année suivante, il rend visite à divers chefs d'État européens, devenant le premier ministre des Affaires étrangères à pleinement s'impliquer dans les questions diplomatiques[86]. À partir des années 1950, il renforce les liens avec plusieurs pays occidentaux et particulièrement les États-Unis, avec lesquels des accords militaires sont signés[87]. Le régime du Derg (1974-1991) constitue une sorte de parenthèse dans la diplomatie éthiopienne. L'idéologie socialiste et la violence du pouvoir amènent le pays à être isolé tout en comptant sur l'appui de l'URSS.
L'arrivée au pouvoir duFront démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien marque le début d'une nouvelle période dans la politique étrangère du pays dont l'image se normalise. L'Éthiopie reprend ses liens avec les États-Unis, la collaboration entre les deux États concerne entre autres la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique. Plus généralement, les relations sont bonnes avec la majorité des pays occidentaux et d'Afrique où l'Éthiopie a participé à diverses opérations de maintien de la paix[88].
Représentations diplomatiques de l'Éthiopie dans le monde :
Éthiopie
Ambassade
Consulat
En revanche, les relations avec ses divers voisins peuvent être très cordiales ou mauvaises. L'Éthiopie entretient de bons rapports avec trois voisins : leSoudan,Djibouti et leKenya, essentiellement commerciaux avec les deux premiers et plutôt historiques et géopolitiques avec le dernier. L'amélioration des relations avec le Soudan date du début des années 2000 avec les discussions concernant l'approvisionnement en pétrole de l'Éthiopie[88]. Les rapports sont cordiaux avec Djibouti, dont le port de la capitale constitue le point d'entrée et de départ des produits commerciaux transportés par l'uniqueligne ferroviaire d'Éthiopie[89]. La question de l'accès à la mer est d'ailleurs un des facteurs déterminant les choix diplomatiques, seul pays de laCorne de l'Afrique ne disposant d'aucun littoral (mais d'autres pays environnants comme leSoudan du Sud, laRépublique centrafricaine ou l'Ouganda sont égalementenclavés). Les relations avec le Kenya sont particulièrement cordiales dès l'accès à l'indépendance du pays en 1960[90]. Les deux chefs d'État,Haïlé SélassiéIer etJomo Kenyatta, sont proches ; en outre, les deux pays font face à la même menace : l'irrédentismesomali visant à la constitution d'uneGrande Somalie[90].
L'Éthiopie prête en effet beaucoup d'attention à la Somalie ; les deux pays se sont affrontés durant uneguerre de 1977 à 1978[89]. En outre,Mogadiscio a apporté son soutien à des mouvements rebellesogadenis dès les années 1960. Toutefois, les rapports ont évolué puisque l'Éthiopie soutient le gouvernement fédéral de transition face auxTribunaux islamiques allant même jusqu'àintervenir militairement en Somalie de 2006 à 2009. En parallèle, Addis-Abeba entretient de bons rapports avec le Somaliland. De nouveau, la question de l'accès à la mer, notamment via les ports deZeilah etBerbera, est capitale ; l'Éthiopie voit dans la stabilité de cette région un facteur positif pour le commerce. Le pays a perdu son accès à la mer depuis l'indépendance de l'Érythrée en 1993 et le regagne en 2024 à la suite d'un accord avec le Somaliland lui octroyant 20 km de littoral[49]. Initialement, les relations avec ce nouvel État sont bonnes, l'Éthiopie a d'ailleurs été le premier gouvernement à reconnaître l'indépendance de son ancienne province[91]. La dégradation des rapports à partir de 1997 débouche l'année suivante sur uneguerre frontalière qui prend fin en 2000[91]. Les rapports entre les deux États restent tendus, jusqu'à l'accord de paix entre les deux pays en 2018 inaugurant des relations diplomatiques et commerciales apaisées[92].
Historiquement influencé par l'Église orthodoxe éthiopienne, le système éducatif s'est laïcisé depuis 1974 et régionalisé depuis 1991. Les premières écoles publiques ont été construites sous le règne deMenelik II. L'éducation a été un des domaines privilégiés sousHaïlé SélassiéIer, de nombreux instituts sont fondés à travers le pays donc l'université d'Addis-Abeba. Néanmoins, l'enseignement est encore marqué par une influence de l'Église et une grande place accordée à lalangue amharique. Depuis l'adoption de lanouvelle Constitution de 1994, les écoles primaires peuvent enseigner dans la langue régionale. Principalement financée par l'État, l'école est gratuite ; en parallèle, il existe des instituts privés généralement gérés par des organisations étrangères ou des Églises. Administré et préparé par le ministère de l'Éducation, le cursus scolaire en Éthiopie est composé en général de six années d'école primaire, quatre années de cursus secondaire et deux années de cursus secondaire supérieur[93].
L'éducation rencontre plusieurs problèmes en Éthiopie. La grande majorité de la population étant rurale, l'accès à une école publique peut s'avérer difficile. En outre, le manque d'effectifs et de ressources dans les écoles publiques complique la tâche des enseignants. Ces problèmes sont inconnus dans les écoles privées payantes, tendant à créer un système à deux niveaux. Néanmoins, la situation semble s'améliorer depuis les années 1990. Le nombre de femmes allant à l'école a doublé entre 1996 et 2000. En 2004, l'institut statistique de l'UNESCO a montré que 44,6 % des enseignants de primaire étaient des femmes et que 93,4 % des filles étaient scolarisées dans l'enseignement primaire[94]. Durant la fin des années 1990, l'Éthiopie a formé environ 7 000 enseignants chaque année. Dans l'éducation supérieure, il y a un peu plus de 2 200 professeurs dont les deux tiers ont une maîtrise ou un doctorat, les autres ayant au moins le niveau baccalauréat. Il y a par ailleurs près de 6 000 personnels administratifs dans l'enseignement supérieur qui passent 75 % de leur temps à enseigner et se consacrent le reste du temps à des activités de recherche[95].
Selon les données de laBanque mondiale, l'Éthiopie aurait 1 médecin pour 100 000 personnes[96]. Toutefois, dans son rapport annuel 2006, l'Organisation mondiale de la santé évoque un chiffre de 1 936 médecins, ce qui représenterait environ 2,6 médecins pour 100 000 personnes[97].
Les principaux problèmes de santé en Éthiopie sont liés aux maladies qui se transmettent essentiellement en raison des conditions sanitaires précaires et de la malnutrition[98]. Ces problèmes sont accrus par le manque de main-d'œuvre qualifiée et d'infrastructures de santé. Le pays compte 119 hôpitaux, dont 12 àAddis-Abeba, et 412 centres de santé[99].
L'Éthiopie a une moyenne d'espérance de vie de 63 ans[100]. Le taux de mortalité infantile est relativement élevé avec 68 ‰[100] des enfants décédant au moment ou juste après leur naissance, chiffre auquel il faut ajouter les complications postnatales, comme lesfistules obstétricales, qui affectent de nombreuses femmes. Il faut également ajouter un taux de mortalité des moins de 5 ans de 106 ‰[100]. Lesida est également très répandu dans le pays malgré la réduction du taux de nouvelles infections VIH parmi les adultes de 90 % entre 2001 et 2011[101]. Toutefois l'Éthiopie n'a une couverture des services de prévention de la transmission mère-enfant du VIH qu'inférieure à 25 % en 2011[102].
Le faible nombre de professionnels de santé disposant d'une formation médicale moderne et le manque de fonds accordés aux services médicaux, explique que beaucoup d'Éthiopiens fassent encore appel aux guérisseurs traditionnels qui emploient des thérapies maison pour guérir les maux communs. Un nombre croissant de « faux guérisseurs » côtoie les véritables guérisseurs[103] qui seuls connaissent véritablement les vertus curatives des plantes et minéraux. Le fort taux de chômage fait que de nombreux Éthiopiens sont incapables de subvenir aux besoins de leur famille et donc encore moins capables d'acheter des médicaments. C'est principalement en raison du coût de la médecine moderne que la médecine traditionnelle continue à être la plus répandue.
Les ressources géologiques sont l'or (280,2 millions de dollars de recettes d'exportations en 2010-11[107]), legaz naturel, le fer, l'étain, lelignite et lepotassium[105]. On trouve également des pierresgemmes (opale[108],[109],topaze,olivine,corindon), des métaux rares (notamment letantale utilisé dans les produits électroniques grand public, pour un revenu de 4 millions en 2009-2010[110]) et des minerais industriels[111]. L'Éthiopie dispose de 5bassins sédimentaires potentiellement riches enhydrocarbures : le bassin de l'Ogaden, àGambela, le bassin de l'Omo, Abay et dans leTigré[112]. Les explorations pétrolières en Éthiopie débutent en 2000 avec l'implantation de la compagnie américaine Hunt Oil[113].
Depuis 2007, le gouvernement prévoit d'étendre les concessions dans des plateaux situés au centre du pays[114]. On compte en 2009, 11 sociétés présentes dans le pays[113]. Au niveau des énergies fossiles, le ministère table sur un potentiel de 113 milliards de tonnes de gaz naturel et 253 milliards de tonnes deschistes bitumineux[113]. À ce jour, l'Éthiopie appartient aux pays non producteurs de pétrole[113].
Ces exploitations font l'objet de vives tensions avec les populations locales, notamment lemouvement séparatiste de l'Ogaden accusant le gouvernement éthiopien de défendre l'implantation de ces sociétés conduisant à des déforestations massives des zones pétrolifères, au déplacement des populations nomades et à la destruction d'un équilibre écologique fragile[115]. En 2007, un attentat contre une entreprise pétrolière chinoise fait 74 victimes[116].
Le potentiel hydroélectrique est estimé à 45 000 mégawatts, 5 000 mégawatts pour l'énergie géothermique, 300 millions de tonnes de charbons, 15 à 20 millions tonnes pour l'énergie issue des déchets agricoles, 1 120 millions de tonnes de bois et un potentiel de 100 GW pour l'énergie éolienne. Dans certaines régions, les conditions climatiques seraient également favorables au développement de l'énergie solaire[113]. Un programme public d'accès universel à l'électricité (Universal Electrification Access Programme)[117] a été mis en place afin d'étendre le réseau d'électricité dans les zones rurales. La capacité de production s'est considérablement accrue et devrait continuer sa progression du fait de la construction de quatre nouveauxbarrages hydroélectriques[105]. En, la Banque d'Éthiopie annonça qu’elle allait débloquer 20 millions de dollars afin poursuivre le développement de la géothermie, considérée comme une ressource particulièrement abondante et encore sous-exploitée[118].
Le premier barrage (lebarrage de Gilgel Gibe, aussi appelé Gibe I) d'une capacité de 184 MW[119] a été achevé en 2004. Le barrageGibe II (420 MW[119]) a été achevé en 2010. En mars 2010, un contrat est signé avec la compagnie chinoiseChina Gezhouba Group Company pour la construction de la centrale hydroélectrique Genale Dawa 3 d'une capacité de 254 MW[120]. Avec une capacité de 1 800 MW (6 500 GWh par an), il permettrait de doubler la capacité de production électrique en Éthiopie, permettant l'accès à 70 % des personnes qui en sont actuellement dépourvues[121]. Il constitue le second plus grand barrage hydroélectrique de l'Afrique subsaharienne[122]. Ce projet fait par ailleurs l'objet de vives critiques pour son impact écologique à l'étranger[123],[124], bien que soutenu par le Fonds des Nations unies pour l'environnement[125].
Un rapport de l'OCDE datant de 2008 note que, malgré la présence de ressources abondantes, la distribution et la gestion de l'eau restent globalement inégales et inefficaces[126].
Le gouvernement éthiopien multiplie les efforts pour attirer les investisseurs étrangers, en particulier dans le secteur textile. Ceux-ci peuvent désormais importer leurs machines sans frais de douane, bénéficier d’une exemption d’impôts pendant dix ans, de loyers très inférieurs aux prix du marché et d'eau et électricité quasiment gratuites. De grandes marques se sont implantées dans le pays, commeDecathlon,H&M et Huajian. Ces entreprises bénéficient également d'une main-d’œuvre peu coûteuse, le salaire mensuel se situant autour de 35 euros. Enfin, les accords commerciaux entre l’Éthiopie et l'Union européenne leur permettent d'exporter sans droit de douane[128].
Après une période de récession de l'économie en 2003, lePIB suit depuis 2004 unecroissance supérieure à 6 % atteignant 8,2 % en 2006-2007 bénéficiant à des secteurs diversifiés de l'économie[126]. LePIB par habitant, en augmentation, reste faible à 1 346 $ en 2008[130]. En décembre 2009, le magazine britannique d'économieThe Economist prévoit la cinquième plus forte croissance mondiale en Éthiopie pour 2010, atteignant ainsi une croissance à deux chiffres pour la septième année consécutive[131].
Répartition du PIB par secteur en Éthiopie en 2006-07 (source : OCDE, 2008).
La part de l'industrie dans le PIB est en hausse (12 % du PIB en 2006-07), ainsi que celle du secteur manufacturier (10,5 %), du commerce de gros (15 %), du BTP (10,9 %), de l'électricité et de l'eau (13,6 %), des transports et des télécommunications (7,6 %)[126]. L'économie reste dominée par l'agriculture (47 % du PIB en 2006-07) qui occupe néanmoins une part décroissante relativement au PIB (56 % en 1996-97). En volume le secteur montre un taux de croissance de 9,4 % en 2006-07, principalement dû à la forte progression (40 %) des exportations decafé, la forte hausse du volume contrebalançant le repli du prix unitaire[126].
Lapolitique monétaire suivie vise à maintenir la stabilité des prix, des taux de change et de protéger le système financier. La masse monétaire et le crédit se sont accrus de 19,7 et 23,1 % respectivement en 2006 et en 2007. Néanmoins, du fait de la forte hausse découlant des grands projets publics et de la hausse des prix du carburant, le prix des denrées alimentaires et d'autres produits a subi uneinflation de 18,9 % en 2006-07. LaBanque nationale d'Éthiopie a réagi en freinant directement les prix des produits de première nécessité, en interdisant certaines exportations (maïs) et en distribuant des produits subventionnés aux populations pauvres (blé, huile)[126].
Les exportations ont suivi une progression de 18,05 % en 2006-07, représentant un total de 1,2 milliard de dollars. Lecafé représente environ un tiers de celles-ci, suivi desoléagineux. Les exportations de viandes et de produits carnés sont en baisse, ceux de produits non agricoles comme les fleurs en forte hausse. Plus de la moitié de ces exportations sont destinées à des pays européens, un tiers à l'Asie (Arabie saoudite, Chine, Japon) et parmi les pays africains, on note principalement les pays limitrophes (Djibouti,Somalie etSoudan)[126]. Lesimportations ont suivi une progression de 11,6 % s'établissant à 5 milliards de dollars. En forte hausse, celles-ci reflètent l'essor du secteur industriel, notamment duBTP. Les biens d'équipements représentent un tiers du total de ces importations en 2006-07. Les trois cinquièmes des importations proviennent d'Asie (Arabie saoudite, Chine, Japon), plus d'un quart proviennent d'Europe, un dixième sont d'origine africaine[126].
Ladette extérieure de l'Éthiopie s'établit à 2,3 milliards de dollars en 2006-07. Celle-ci est en net recul depuis 2005-06 (6 milliards $) principalement du fait de l'initiative d'allègement de la dette multilatérale à l'égard des institutions financières internationales (Initiative PPTE). En 2007, le pays a également signé un accord d'annulation de la dette avec la Chine[126].
Différents programmes sont en cours afin de réduire la pauvreté, notamment le plan d'accélération du développement durable pour mettre un terme à la pauvreté (Pasdep –Plan for Accelerated and Sustained Development to end Poverty), qui couvre la période 2005/06-2009/10, le programme national de sécurité alimentaire (National Food Security Program) financé par les pouvoirs publics, et le filet de protection pour un niveau de production minimale (PSNP) financé par la Banque mondiale. Ce dernier vise à employer les pauvres à la construction d'infrastructures (routes entre autres) et distribuer de la nourriture gratuitement aux plus démunis. Selon le Pasped la pauvreté a reculé à 38,7 % en 2005[126]. Lechômage reste élevé (26 %) et difficile à chiffrer, il est estimé à 40 % àAddis-Abeba[126].
Les résultats économiques en Éthiopie font l'objet d'interprétations variées aussi bien entre le gouvernement et l'opposition que des experts internationaux, lié au fait que les privatisations et les réformes structurelles recommandées par lesinstitutions financières internationales ne sont effectuées qu'avec modération par les autorités éthiopiennes. Ainsi l'OCDE note que « la privatisation joue un rôle clé dans les réformes lancées au milieu des années 1990 ». Alors que le Premier ministre éthiopienMeles Zenawi dénonce dès 2003 des « pressions exercées par leFonds monétaire international sur le gouvernement pour vendre ses entreprises publiques, mais nous résisterons à ces mesures qui pourraient provoquer l'effondrement de notre économie[132] ». PourJoseph E. Stiglitz, prix Nobel d'économie, l'Éthiopie est un exemple flagrant des dérives de la mondialisation, notant que les mesures préconisées par les institutions financières internationales comme le FMI ont systématiquement freiné les progressions sociales[133].
Par ailleurs le rôle de ces institutions dans l'abandon de l'accord international sur le café en 1989, est vivement dénoncé par lesaltermondialistes et lesONG, cet abandon ayant conduit à la disparition de tous les outils de contrôle des prix par les pays producteurs soumis depuis auxfluctuations boursières[134], et à une chute du prix de revient aux producteurs du café (divisé par deux entre 1988 et 2003)[135]. Selon un rapport de l'ONGOxfam, « le café est une véritable mine d'or pour les torréfacteurs internationaux » tandis que les producteurs « ne reçoivent qu'environ 6 % de la valeur du paquet de café vendu dans les supermarchés et les épiceries[136] ».
En 2005 le documentaireBlack Gold(en) rend compte des conditions d'exploitation du café en Éthiopie par lesmultinationales. Une polémique éclate entre l'Éthiopie et l'Association nationale de Café américaine (National Coffee Association) dirigée parStarbucks en 2007[137], cette dernière s'opposant à une procédure de labellisation du café dont la mise en place pourrait rapporter 88 millions de dollars par an à l'Éthiopie selonSudan Tribune(en)[138].
En février 2003, L'Éthiopie a déposé une demande d'entrée auprès de l'Organisation mondiale du commerce[141]. Le processus est ralenti par le refus du gouvernement éthiopien de libéraliser les secteurs bancaires et celui des télécommunications. Il considère que ces réformes pourraient nuire aux récents progrès économiques[142],[143].
En mars 2010, un rapport chiffre pour la première fois les fuites illicites de fonds liées à des pratiques financières hors des pays africains[147]. Les fuites de capitaux hors de l'Éthiopie par des pratiques financières illicites sont estimées à 10,9 milliards de dollars de 1970 à 2009[148].
Les infrastructures de télécommunications nationales comptent parmi les moins développées au monde pour latéléphonie fixe etmobile. En parallèle, l'Éthiopie est un des pays investissant le plus dans les technologies d'informations et de communications, relativement à sonPNB[155]. Le nombre d'usagers de la téléphonie mobile a plus que doublé durant l'année 2006 atteignant 866 700 abonnés contre 410 000 en 2004-05[126]. En 2009, le pays compte 3 168 000 d'abonnés à la téléphonie mobile et 360 000 usagers d'Internet[66]. L'entreprise de télécommunications d'État Ethiopian Telecommunication Corporation a notamment raccordé plus de 600 lycées àInternet, et lancé le réseau Agri-net, qui connecte plus de 50 centres de recherche agronomique dans le pays[126]. L'installation de câbles àfibres optiques progresse également.
La liaisonGondar-Métemma est en cours afin de relier le réseau éthiopien auSoudan[126]. En mars 2010, un accord est signé avec la compagnie Seacom afin de développer le réseau versDjibouti, connectant directement le réseau éthiopien à l'Inde et à l'Europe par des câbles sous-marins[156].
À la mi-2020, le projet de dérégulation du secteur des télécommunications, comprenant notamment la privatisation partielle de l'opérateur historique, est toujours en cours[157].
Les salariés des usines de vêtements d’Éthiopie, qui travaillent notamment pour des marques internationales, reçoivent un salaire mensuel allant de 23 à 35 euros. Ces très bas salaires ont entraîné une faible productivité, des grèves fréquentes et un fort turn-over. Certaines usines ont remplacé l’intégralité de leurs salariés tous les douze mois en moyenne, indique le rapport publié en 2019 duCentre Stern pour les affaires et les droits de l’homme de l’université de New York. Ce rapport précise également : « Plutôt que la force de travail docile et bon marché promue en Éthiopie, les fournisseurs basés à l’étranger ont rencontré des employés qui sont malheureux de leur rémunération et de leurs conditions de vie et qui veulent de plus en plus protester en cessant le travail ou même en démissionnant. Dans leur empressement à créer une marque « made in Ethiopia », le gouvernement, les marques mondiales et les fabricants étrangers n’ont pas prévu que le salaire de base était tout simplement trop faible pour que les travailleurs puissent en vivre[158]. »
↑Il dit, sans que l'on sache à quel territoire il se réfère : « Le pays entier a été appelé Aethérie, puis Atlantie, puis Éthiopie, d'Ethiops fils de Vulcain. », Pline l'Ancien,Histoire naturelle, VI, 35.
↑En arabe, le termemasjid signifiemosquée, et est emprunté à l'araméenmasged, lequel dérive d'une racineproto-sémitique signifiant « poser le front au sol », rappelant qu'il s'agit d'un lieu de prosternation. Le termemasgid' semble emprunté au mot arabe signifiant mosquée, mais a peut-être une origine autonome, sur la base de la racine commune.
↑Lesjésuites sont parvenus à convertir aucatholicisme le souverain de l'époque, déclenchant une guerre civile
↑Le ton peut légèrement dévier du système d'accord tempéré occidental
↑Lors de ces Jeux olympiques àRome,Abebe Bikila court le marathon pieds nus.
↑L.Quintana-Murci, R.Veitia, S.Santachiara-Benerecetti et K.McElreavey, « L'ADN mitochondrial, le chromosome Y et l'histoire des populations humaines. »,M/S. Médecine sciences [revue papier,(ISSN0767-0974)], 1999, Vol. 15, N° 8-9; p.974-82,(ISSN1958-5381,DOI10.4267/10608/1467,lire en ligne, consulté le)
↑Larissa Bonfante, John Chadwick, B. F. Cook, W. V. Davies, John F. Healey, J. T. Hooker, C. B. F. Walker,La Naissance des écritures. Du cunéiforme à l'alphabet, Paris, Seuil,p. 279-306