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LesÉtablissements de saint Louis sont une compilation juridique composée entre la Toussaint1272 et le, donc faussement attribuée au roiLouis IX (mort en août1270). Dus à un juriste d'Orléans (et d'ordre privé), ils sont organisés en deux livres et fondés sur lacoutume d'Orléans et deParis, ainsi que les ordonnances deSaint Louis[1].
Le compilateur a largement enrichi ces sources de références fréquentes au droit romain (enseigné dans les écoles de droit d'Orléans) et audroit canonique, et de réflexions de son cru. Il s'est visiblement préoccupé d'harmoniser les deux coutumes qu'il a copiées, et les a profondément altérées, voire remaniées.
Ce texte a été publié parDu Cange, en1668, en annexe de son édition de l'Histoire de saint Louis deJean de Joinville ; parEusèbe de Laurière, en1723, dans lacollection des Ordonnances; parFrançois Jérôme Riffard de Saint-Martin (1744-1814), en1786, avec une version en langue moderne; et auXIXe siècle parFrançois-André Isambert dans leRecueil des anciennes lois françaises.
Dans l'Esprit des lois,Montesquieu fait mention des Établissements de saint Louis, notamment au livre XXVIII. Il y voit un moment de codification permettant d'adoucir et de tempérer la pratique du duel d'honneur. Par exemple, "quand les gages de bataille avaient été reçues sur une affaire civile de peu d’importance, le seigneur obligeait les parties à les retirer" (XXVIII, 22). Souhaitant abolir le duel, selon Montesquieu, saint Louis l'a d'abord interdit dans le domaine royal, laissant la possibilité d'y recourir dans les baronnies ou bien de faire appel au tribunal royal.
L'essai philosophique deJean-Jacques Rousseau,Du contrat social, fait mention des Établissements de Saint Louis, dans son chapitre IV intituléDe l'esclavage :
« Les combats particuliers, les duels, les rencontres sont des actes qui ne constituent point un état ; & à l’égard des guerres privées, autorisées par lesétablissemens de Louis IX roi de France & suspendues par la paix de Dieu, ce sont des abus du gouvernement féodal, systême absurde s’il en fut jamais, contraire aux principes du droit naturel, & à toute bonnepolitie. »