Les premières occurrences du terme « Érythrée » proviennent dugrec ancienΕρυθραία /Eruthraía signifiant « rouge » etlatiniséErythræa. Ce terme, désignant originellement toutes les côtes de lamer Rouge, sera donné à l'actuel territoire en 1890 par leroiHumbertIer d'Italie juste après en avoir fait unecolonie italienne.
Depuis le début des années 2000, l'Érythrée, toujours dirigée par Isaias Afwerki, adopte une attitude répressive et autoritaire, notamment via leservice militaire à durée indéterminée (6,5 ans en moyenne), qui provoque un mouvement d'émigration important et aboutit à plusieurs descriptions du pays comme une « prison à ciel ouvert ». De nombreuxmédias décrivent le pays comme un État gouverné par un régime totalitaire[1],[2],[3],[4]. Il n'existe pas réellement d'institution dans le pays et l'essentiel du pouvoir est concentré entre les mains de son président, Isaias Afwerki[16]. L’Érythrée a souffert des sanctions draconiennes imposées par l’ONU en décembre 2009 et renforcées en décembre 2011[16].
L'Érythrée est, avec unPIB nominal de 6,72 milliards dedollars américains en 2018 selon leFMI, la151e économie mondiale (derrière leMalawi et devant leMonténégro). Le pays affiche unniveau de vie « faible » (176e sur 191 auclassement IDH en 2021) avec l'un des indices de développement humain les plus faibles du monde (0,492)[17],[18], entre l'Éthiopie et laGuinée-Bissau[9]. L'Érythrée est aussi le pays le moins bien noté par le classement de Reporters Sans Frontières en terme de liberté de la presse[19]. Son économie est basée sur deux secteurs : lesminerais et lesmétaux rares (plus de 40 % de l'économie tourne autour de l'exploitation de l'or, près de 30 % autour ducuivre et 25 % autour duzinc). La population du pays est difficile à évaluer, avec une estimation comprise en 3,6 et 6,7 million d'habitants en 2019 ; elle est comparable à la population de l'Uruguay dans son évaluation la plus basse ou à celle duKirghizistan ou duLiban dans son évaluation la plus haute. Ladensité de population du pays n'a fait que croître, passant de 11,3 hab./km2 en 1950 à 51,4 hab./km2 en 2018 ; en 2100, il est estimé que la densité de population atteindra les 146,3 hab./km2 et dépassera la densité de populationfrançaise.
L'Érythrée est située dans l'est africain et au nord de laCorne de l'Afrique, sa délimitation depuis son indépendance est disputée depuis 1998 avec l'Éthiopie sur des bouts de territoires désertiques autour deBadmé[24] et dudésert Danakil[25], notamment ; laCour internationale de justice deLa Haye émet un accord en 2003 mais celui-ci est rejeté par l'Éthiopie, laissant un désaccord territorial sur cette partie de la corne africaine[26],[25]. Ce conflit repose principalement sur les différentes ethnies présentes sur ces territoires : leskunamas, lestigrinas, lessahos et lesafars[27].
Les frontières terrestres s'établissent en s'appuyant en partie sur descours d'eau alors que le reste du tracé s'établit sur de simples lignes droites à travers les vastes zones arides composant les quatre pays.
Les eaux, qui couvrent 5,75 % de la superficie totale du pays, sont constituées à l'est par la mer Rouge et au sein même du pays par de nombreusesrivières et deslacs dont ceux de Baraka, de Gergera et de Mai Nefhi ainsi que le lac Kulul. Plusieurs fleuves drainent le pays avec leurs nombreux affluents dont le Wadi Dogali, l'Aligedhe, le Randali et l'Ouéima. Le débit des affluents est contrôlé par un vaste réseau debarrages à travers le pays. Un réseau de 39barrages en maçonnerie a été mis en place au profit desagriculteurs du pays[41].
L'Assab, située dans la région deDelub-Keih-Bahri, culmine à 987 m et est un volcan de typerift.Volcan rouge constitué d'une série decônes volcaniques[42], il porte le nom de la ville d'Assab, située non loin de là. Le Dubbi est unstratovolcan actif dont la dernièreéruption remonte àoctobre 1861 ; cette éruption est d'ailleurs considérée comme la plus importante d'Afrique à l'époque destemps modernes[43]. Le Jalua est quant à lui le volcan le plus septentrional de la vallée du Grand Rift. Enfin, le Nabro, volcan àcaldeira actif, est celui qui est entré en éruption le plus récemment, du 13 juin 2011 à la fin de cette année-là[44] ; c'est le volcan le plus haut du pays, culminant à 2 218 m[45].
En dehors de ces régions buissonnantes où résident beaucoup d'acacias, le pays comprend une vallée desycomores uniques, dont l'un des plus majestueux du pays est représenté sur lebillet de cinqnakfas érythréens. Les îles abritent quant à elles desmarais àmangroves[59].
Avant la guerre et ladéforestation qui ont touché le pays, lafaune érythréenne était riche, avec desmammifères très représentatifs de l'Afrique comme l'éléphant, lagirafe, lebuffle et lelion ; ne subsistent actuellement que lagazelle et l'autruche (péninsule de Buri), lebabouin, une centaine d'éléphants dans le sud-ouest du pays et quelques lions sur les hauteurs deBarentu, dans le nord. S'ajoute à cela une faune plus basique (lièvres,chats,phacochères,chacals et quelques espèces desinges) alors que lesoiseaux profitent d'unepollution de l'air moins présente que dans certaines parties du globe pour se développer ; le pays connait ainsi une quinzaine d'espèces d'oiseaux endémiques, endémisme qui s'explique également par la forte isolation des régions les unes des autres par le Grand Rift. Les îles en mer Rouge et laforêt tropicale de la capitale jouent un autre rôle ; les premières servent d'escale à de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs provenant d'Arabie, de la mer Rouge et de laMéditerranée alors que la seconde abrite une faune aviaire unique en Érythrée[59]. Les espèces les plus menacées actuellement, marines ou terrestres, sont levautour africain, legrand requin-marteau, lenapoléon, lelycaon, labaleine bleue, levautour à tête blanche et l'âne sauvage[60].
Faune érythréenne
Éléphant d'Afrique.
Buffle d'Afrique.
Gazelle.
Vautour à tête blanche.
Napoléon.
Les îles du pays, outre le fait de servir d'escale pour les oiseaux migrateurs, profitent d'une géographie sous-marine particulière, avec une profondeur desfonds marins d'une quinzaine de mètres, pour accueillir une petitebarrière corallifère, destortues vertes, desdauphins et desrequins[59].
Depuis quelques années, quelques espèces qui avaient disparu du territoire érythréen reviennent ; c'est notamment le cas de la gazelle de Heuglin qui, après des décennies sans avoir été aperçue dans le pays, s'est montrée dans la région du sud-ouest,Gash-Barka, en 2019[61].
L'Érythrée est marquée par des déséquilibres spatiaux multiples. D'une part, elle possède l'originalité d'avoir unecapitale près de sept fois plus peuplée que ladeuxième ville du pays, regroupant près d'un cinquième de la population du pays (pour une population estimée à 3,6 million d'habitants) ou à un dixième de la population du pays (pour une population estimée à 6,7 million d'habitants). Au debut duXXIe siècle, la population érythréenne était surtout concentrée dans les pôles urbains commeAsmara,Assab etKeren et dans les hauts plateaux situés vers la moitié ouest du pays alors que ses parties est et sud, notamment autour de la dépression de l'Afar, n'étaient presque pas peuplées.
L'indépendance du pays a stimulé l'économie, notamment au niveau de trois villes importantes : Asmara, la capitale, et deuxvilles portuaires, Assab et Massaoua. Letaux de croissance du pays, d'après l'Economist Intelligence Unit (EIU), était en 2013 de 8,5 %.
Le tableau ci-dessousliste les principales villes du pays en 2012 de plus de dix mille habitants, classées par défaut en fonction de la population au sein même de la ville et non de leur agglomération péri-urbaine.
Espace aux populations très variées, l'Érythrée est unÉtat unitaire qui, en 1993 après son indépendance, a subdivisé le pays en dix régions avant d'en changer le nombre en 1996. Chaque région possède sa propre assemblée élue localement, à l'exception de l'administrateur régional qui est choisi par leprésident érythréen.
Noms tigrigna et arabe, si donné, respectivement entre parenthèses si différent du nom français
Anseba (ዞባ ዓንሰባ, منطقة عنسبا) a pour capitaleKeren ; composée de dix districts, la population était estimée en 2001 à 484 200 habitants.
Maekel (ዞባ ማእከል, المنطقة المركزية) est la région érythréenne qui comprend lacapitale du pays (qui est également la capitale de la région). Composée de sept districts (quatre urbains et trois ruraux), la population était estimée en 2005 à 675 700 habitants.
Gash-Barka (ዞባ ጋሽ ባርካ, منطقة القاش وبركا) a pour capitaleBarentu ; composée de quatorze districts, la population était estimée en 2009 à 723 867 habitants.
Semien-Keih-Bahri (ዞባ ሰሜናዊ ቀይሕ ባሕሪ, منطقة البحر الأحمر الشمال) a pour capitaleMassaoua ; composée de neuf districts, la population était estimée à 617 000 habitants. Englobant la partie nord de la côte érythréenne, elle englobe également l'archipel des Dahlak.
Debub (ዞባ ደቡብ, لمنطقة الجنوبية) a pour capitaleMendefera ; composée de dix districts, la population était estimée en 2009 à 968 507 habitants.
Debub-Keih-Bahri (ዞባ ደቡባዊ ቀይሕ ባሕሪ, منطقة البحر الأحمر الجنوب) a pour capitaleAssab ; composée de trois districts, la population était estimée à 293 000 habitants.
Troisaéroports internationaux, situés àAsmara,Assab(en) etMassaoua(en), permettent de desservir le pays versLe Caire (EgyptAir),Istanbul (Turkish Airlines) etDoha (Qatar Airways) ; il se situent dans trois grandes villes érythréennes assez éloignée les unes des autres.Keren, par exemple, n'a pas d'aéroport bien qu'elle se situe à égale distance d'Asmara queMassaoua à la capitale, mais Massaoua est uneville portuaire qui bénéficie d'une puissance économique plus importante[63]. Le nombre d'aéroports avec des pistes non goudronnés est passé de dix-huit en 1999 à neuf en 2013[64], réduisant ainsi le nombre d'aéroports dans le pays puisque le nombre d'aéroport avec des pistes goudronnées, en comptant les trois aéroports internationaux, s'élève à quatre depuis 2002[65].
La ligne de chemin de fer sur les hauteurs de Massaoua en 2008.
Le réseau devoies ferrées est peu développé, il existe une seuleligne parcourant quelques centaines de kilomètres (306 pour être précis)[66] reliant Biscia au port de Massaoua en passant parAgordat et la capitale, Asmara[63]. Le réseau n'est pas électrifié et leslocomotives sont majoritairement àvapeur bien qu'il existe cinqlocomotives diesel. Ce réseau ferré, très petit est-il, n'est fonctionnel que sur le tronçon reliant Asmara à Massaoua, et seulement dans un buttouristique ; depuis le début de lapandémie de Covid-19, la ligne est à l'arrêt et nécessiterait des travaux de restauration[62]. La ligne comprend des tunnels et des ponts ferroviaires, parcourant une région inhospitalière d'un point de vue des infrastructures ferrées. Elle passe au-dessus de plusieurs cours d'eau et coupe de nombreux villages (bien que ces derniers ne soient coupés que très rarement par la circulation ferroviaire). La ligne se sépare à Dogali mais ce bout de ligne de quelques centaines de mètres n'est pas exploitable. Toujours à Dogali, des anciennes parties de voies ferrées servent de routes automobiles (des pistes de terre) et les ponts ferroviaires peuvent servir à certains endroits de pont pour les autres usagers.
Trains et chemin de fer érythréens
Locomotive à vapeur érythréenne.
Train à vapeur à Asmara.
Train au diesel en Érythrée.
Tunnel ferroviaire en Érythrée.
Locomotive à vapeur à la gare de Massaoua.
Le pays compte deux ports d'importance nationale : Assab et Massaoua. Ces deux ports permettent le développement économique des deux villes et renforcent la position érythréenne dans les régions peu hospitalières de la côte. Assab prend une positiongéostratégique très importante[62] dans le sud du pays, étant situé au nord dudétroit deBab-el-Mandeb, donnant d'une part sur legolfe d'Aden et l'océan Indien et d'autre part sur lamer Rouge et lecanal de Suez ; c'est l'une desroutes maritimes les plus fréquentées au monde[63],[62].
Le port de Massaoua.
Le pays n'arrive pas à tirer parti gagnante de ses deux ports. Celui de Massaoua, par exemple, occupe une position stratégique mais ne peut accueillir que cinq à six grosnavires pour un volume annuel de 27 000containers en 2019 alors que leport de Djibouti en accueillait près d'un million sur la même année[62]. Le port d'Assab pourrait tout de même connaître un revirement géopolitique grâce à la construction d'une route asphaltée de moins d'une centaine de kilomètres de long entre la frontière éthiopienne et le port. L'Érythrée peut en effet se réjouir d'avoir l'Éthiopie privée de côte à l'est avec les problèmes internes de laSomalie et l'envie de dépendance envers le port de Djibouti qui représente 90 % des importations maritimes du pays enclavé. Pour réduire cette dépendance, l'Éthiopie a financé, avec le soutien de laChine, une route vers Assab[67].
Lesroutes sont le moyen le plus efficace pour se déplacer dans le pays, avec des axes majeurs partant tous de la capitale. Il y a quatre axes majeurs :Asmara -Massaoua,Asmara -Teseney (en passant parKeren,Agordat etBarentu),Asmara -Adi Quala (en passant parMendefera) etAsmara -Adi Keyh (en passant parDek'emhare).Assab est mieux reliée aux pays voisins (Djibouti et Éthiopie) que dans l'Érythrée. Le réseau de voiries goudronnées est vieux, à l'exception des grandes villes, et il est déconseillé de rouler de nuit[63].
Lebassin sédimentaire de Buya, situé dans ladépression « dancalienne » de l'Afar, est une des zones archéologiques les plus importantes pour comprendre lesorigines du genreHomo, dont l'Homo sapiens descend. C'est dans ce bassin que sera découvert en 2010, par des chercheursfranco-italiens, des restes d'un nouvel hominidé vieux d'environ un million d'années[69],[70]. L'Érythrée détient également l'un des rares sites au monde à avoir desempreintes de pas conservées vieilles de plusieurs centaines de milliers d'années avec lesite Aalad-Amo, dans ledésert Danakil. Ce site est d'autant important qu'il n'inclut que des traces d'Homo erectus là où les autres sites, que sont ceux deLaetoli enTanzanie, Llaret etKoobi Fora auKenya, présentent des empreintes de différentes espèces d'Homo[71].
L'Érythrée se situe dans ce qui est appelé le « berceau de l'humanité », c'est-à-dire une région où des découvertespaléoanthropologiques importantes ont été mises à jour. AuTchad, par exemple,Toumaï peut être considéré comme l'hominidé le plus vieux alors que les hominidés avec une capacité cérébrale de plus de 750 cm3 ont été découverts au Kenya et en Érythrée[72].
Localisation du pays de Pount.
Laprotohistoire érythréenne pourrait avoir débuté avec ce qui est nommé lepays de Pount, Ta Nétjer pour leségyptiens antiques, et qui se serait situé le long de la côte africaine et sud-arabique de la mer Rouge, sur un territoire s'établissant duSoudan à laSomalie et auYémen de l'autre côté de la mer.
Le pays de Pount, dont la localisation reste incertaine, disparait et laisse place vers leXe siècle auroyaume D'mt, aussi orthographié Damat ou encore Da'amot. Ce royaume est situé dans le centre-sud de l'actuelle Érythrée et dans le nord de l'Éthiopie, où se situaitYeha, la capitale. Le royaume aurait eu des relations avec leroyaume de Saba, installé dans leYémen sur l'autre rive de lamer Rouge. Il est certain que des procédés d'irrigation pour la culture dumillet aient existé, le royaume travaillait également lefer et les seules traces archéologiques d'importances de ce royaume sont les ruines du temple de Yeha. C'est de ce royaume que serait né leroyaume d'Aksoum, bien que la transition entre les deux royaumes reste floue. Pendant cette transition, les deux royaumes cohabitent dans la région et prend comme capitaleAdulis, le long de la côte. Les Babyllinioi coupent le royaume d'Aksoum à cette période, la partie occidentale prend la ville deKassala comme ville politique secondaire ; aux alentours duVe siècle av. J.-C., cette partie du royaume deviendra indépendante, c'est le peuple des Aroteres.
Le royaume de Saba est surtout connu pour lareine de Saba (un épisodebiblique la concernant avec un voyage dans le royaume deSalomon). Comme dit plus haut, des relations auraient été possibles bien que certainshistoriens réfutent cette hypothèse ; l'un des indices laissant penser à ces relations serait les inscriptions desquatre rois D'mt faisant références auxrois régnant sur Saba.
La culture d'Ona n'est pas très importante dans l'histoire érythréenne, bien qu'elle marque une longévité de près de 1 500 ans entre 1500 et 100av. J.-C. Durant cette période, despoteries rouges typiques de la culture créeront un contact avec les Égyptiens[73], soutenant la certitude d'un contact entre Égyptiens et le pays de Pount ainsi que D'mt.
Les royaumes D'mt et de Saba (sur la carte, respectivement, Damot et Sheba) dans le pourtour de la mer Rouge auIVe siècle av. J.-C.
Le site d'Ona où la culture éponyme s'est développée.
Un autre peuple, les Babyllinioi, qui occupait le Soudan du Sud actuel, occupait le sud-ouest de l'Érythrée. Peu de choses sont connues à propos de ce peuple. Il aurait prospéré en Afrique de l'est duVIIIe siècle av. J.-C. auVIIIe siècle[74]. Au nord de ce dernier prospérait à la même époque le rival de l'Égypte : le royaume de Koush (ou de Kerma). Il est possible que ce dernier ait occupé une partie de l'ouest érythréen.
Le royaume d'Aksoum, enbleu, et les deux autres grandes puissances de l'époque que sont l'Empire romain enrouge et l'Empire perse envert. LaChine, quatrième puissance de l'époque, n'est pas représentée sur la carte.
C'est l'un des premiers États à adopter de manière officielle lechristianisme en 330 commereligion d'État à travers le monde — en comparaison, l'Empire romain ne l'adopte que cinquante ans plus tard, avec l'adoption de l'édit de Thessalonique. Durant ce même siècle, le royaume du Simien prend place au centre du royaume axoumite.
Le royaume est devenu l'un des plus importants du monde pour une raison très simple : il se situait sur le carrefour desroutes maritimes entre l'Empire romain et lemonde indien. Cette positiongéostratégique a permis au royaume d'avoir uneéconomie très importante et pour renforcer cette dernière, il n'hésitera pas dès leIIIe siècle à frapper ses proprespièces de monnaie. Matara,Adulis et Qohaito sont trois villes actuellement en Érythrée qui furent importantes pendant l'époque du royaume.
Pièces de monnaie axoumites du roi Ezanav. 330-360.
Pièces de monnaie axoumites du roi Endubis.
Bien que située dans le nord actuel de l'Éthiopie, la ville antique d'Aksoum a fait rayonner l'Érythrée et la ville est considérée comme étant le lieu qui logerait l'Arche d'alliance (le coffre qui, d'après laBible, renferme lesTables de la Loi) mais aussi la maison de lareine de Saba, ce qui pourrait confirmer la théorie selon laquelle le royaume de Saba s'est bel et bien étendu au-delà duYémen actuel.
Illustrationmanuscrite représentant le roi d'Aksoum refusant la demande d'une délégationmecquoise exigeant de livrer lesmusulmans accueillis dans le royaume. Le roi est au milieu tandis que la délégation mecquoise est représentée par deux personnages portant unturban.
Leroyaume d'Alodie est un autre royaume dont l'étendue géographique regroupait le sud de laNubie jusqu'à la mer Rouge dans l'actuelle Érythrée du nord ; l'Érythrée était à la fin de l'Antiquité partagée entre deux royaumes, celui-ci et celui d'Aksoum. Le royaume d'Alodie n'a pas grandement contribué à l'histoire antique de l'actuel pays. D'un point de vue historique, c'est surtout pendant leMoyen Âge que le royaume prendra une part importante dans la région. Il est fondé à laconfluence duNil Bleu et duNil Blanc, au niveau deSoba, la capitale du royaume, qui correspond àKhartoum et est, avec laMakurie et laNobatie, le fruit de la chute du royaume égyptien deMéroé. Il voit le jour auIVe siècle.
De 1270 à 1755, c'est ladynastie salomonide qui dirige, se réclamant de la descendance duroi Salomon et de lareine de Saba, dont on dit qu’elle donna naissance au premierroi MénélikIer (vers -950) après sa visite à Salomon, relatée dans la Bible, dans la ville deJérusalem. Elle est aussi l'une des deux plus vieilles maisons royales dans le monde avec lamaison impériale du Japon.
Zemene Mesafent (1755 à 1855) est ensuite une période pendant laquelle les empereurs « régnaient mais ne gouvernaient pas ».[réf. souhaitée]
Le royaume de Medi Bahri disparait en 1868 quand l'empire ottoman arrive à prendre le contrôle de l'Érythrée tout entière. Mais en 1883, l'empire ottoman se brise en Afrique ; il perd tous ses territoires en Afrique du nord avec le Royaume-Uni et perd la région d'Assab en Érythrée avec l'Italie.
L'Italie commence à s'engager sur les rives de lamer Rouge le, lorsque laSocietà di Navigazione Rubattino achète labaie d'Assab au sultan local[75],[76]. Le, le gouvernement italien prend le contrôle du port d'Assab par décret[77].
Trois ans plus tard, en 1885, l'Italie remplace les Anglo-Égyptiens dans le port deMassaoua puis entreprend de conquérir l'intérieur[75]. La colonie d'Érythrée qui regroupe les deux territoires est créée le[77].
La bataille décisive de la campagne a lieu àKeren, ville à100 kilomètres à l'est d'Agordat[82]. Labataille de Keren marque un tournant de la conquête de l'Érythrée et de l'Éthiopie par les Britanniques[83]. Après cet affrontement, la résistance des troupes italiennes est beaucoup plus faible[83]. SelonPierre Messmer, les Italiens estiment ne plus être en mesure de remporter la victoire sur ce théâtre d'opérations et la capitulation de leurs unités est en général rapide[83].
À la suite des victoires alliées du printemps 1941, les Britanniques administrent alors l'Érythrée. Dès 1942, des projets divers sont élaborés pour l'avenir du territoire. L'armistice, signé par l'Italie le, ne contient aucune disposition concernant les anciennes colonies italiennes[88]. Dès 1944, l'ONU et les États-Unis proposent de rattacher l'Érythrée à l'Éthiopie, qui réclame un port sur la mer Rouge. Lors des conférences internationales (Potsdam, Londres, Paris), plusieurs solutions sont débattues (partition, indépendance, rattachement à l'Éthiopie, etc.), sans qu'une solution soit trouvée lors de la signature de la paix le.
Faute d'accord entre les puissances, la question est renvoyée à l'ONU en septembre 1948. Les États-Unis souhaitent conserver leurs bases installées à Massaoua et Asmara, ce qui leur semble garanti par un rattachement à l'Éthiopie. En mai 1949, l'accord Bevin-Sforza prévoit la partition de l'Érythrée entre le Soudan et l'Éthiopie, mais il est rejeté par l'Assemblée de l'ONU. C'est finalement la résolution 390 (v) du qui fait de l’Érythrée« une unité autonome, fédérée avec l’Éthiopie sous la souveraineté de la couronne éthiopienne »[89].
Cette résolution prévoit que l'acte fédéral final devra être ratifié par la future Assemblée nationale érythréenne, et lors de la proclamation de la future Constitution érythréenne. Ces premières élections parlementaires se déroulent le sous la surveillance d'une commission des Nations unies[réf. souhaitée]. Une assemblée représentative de68 membres est élue par les Érythréens.[réf. souhaitée] L'assemblée approuve le projet de constitution proposée par l'ONU le. Le, l'empereur d'Éthiopie, Haïlé Sélassié, ratifie la constitution. L'Assemblée représentative devient alors l'Assemblée érythréenne et la résolution des Nations unies visant à fédérer l'Érythrée avec l'Éthiopie devient effective. Elle est confirmée par une nouvelle résolution du.
L'Érythrée et l'Éthiopie sont alors liées par une structure fédérale assez souple sous la souveraineté de l'empereur. L'Érythrée dispose de sa propre organisation administrative et judiciaire, son propre drapeau et une autonomie sur ses affaires internes, y compris la police, l'administration locale et la fiscalité. Le gouvernement fédéral impérial est chargé des affaires étrangères (y compris commerciales), de la défense, des finances et des transports.
Bien que cette fédération soit théoriquement entre égaux, en 1954,Haïlé Sélassié interdit les partis politiques érythréens, ainsi que la presse indépendante[90]. En 1955, l'arabe et le tigrinia, les langues les plus couramment utilisées sur le territoire érythréen, sont remplacées au profit de l'amharique[91], et en 1959 le drapeau érythréen est interdit[réf. souhaitée].
En 1962, une pression sur l'Assemblée érythréenne lui fait abolir la fédération et accepter l'annexion par l'Éthiopie. C'est le début de laguerre d'indépendance de l'Érythrée.
En 1974, débute larévolution éthiopienne. La junte militaireDerg qui gouverne l'Éthiopie après la chute du négusHaïlé Sélassié doit faire face à trois conflits : la guerre érythréenne de sécession, laguerre civile éthiopienne et laguerre de l'Ogaden. Elle est aidée par l'Union soviétique, notamment après 1978 et la défaite des somaliens[92]. De 1978 à 1986, le Derg lance huit importantes offensives en Érythrée, sans parvenir à le dominer. En 1988, le FPLE prendAfabet, où se trouvent les quartiers généraux de l'armée éthiopienne au nord-est de l'Érythrée. Le FPLE progresse ensuite vers Keren, deuxième ville d'Érythrée.
En mai 1991, des militants duFront de libération du peuple du Tigré, proche du FPLE et soutenus par les États-Unis, renversent le Derg. Ungouvernement provisoire est mis en place. Des pourparlers de paix se déroulent alors àWashington. L'Éthiopie reconnaît le droit de l'Érythrée à organiser un référendum, qui aboutit à l'indépendance du pays le. Le nouvel État est présidé parIsaias Afewerki.
En 2001, le gouvernement a censuré toute la presse privée[97].
L'Érythrée et l'Éthiopie se livrent une guerre par procuration enSomalie, l'Érythrée comptant parmi les principaux soutiens aux insurgés islamistes qui combattent l'invasion de l'armée éthiopienne[98].
Enfin, un différend territorial oppose par ailleurs l'Érythrée àDjibouti sur safrontière sud depuis 2008[99] qui vaut à l'Érythrée dessanctions desNations unies, sanctions levées le 14 novembre 2018[100]. Le Conseil a ainsi adopté à l'unanimité cette résolution élaborée par la Grande-Bretagne et levé l'embargo sur les armes, toutes les interdictions de voyage, les gels d'avoirs et autres sanctions[100].
Le, l'Érythrée est l'un des cinq pays de l'ONU votant contre larésolution ES-11/1 ayant pour but de sanctionner et condamner l'invasion de l'Ukraine par la Russie[101].
Le régime politique du pays est très fermé et les libertés restreintes. Sonia Le Gouriellec parle d'un « complexeobsidional » du régime vis-à-vis de ses voisins et de la communauté internationale qui ne l'a pas soutenu après son indépendance[114].Isaias Afwerki est président sans nouvelle élection depuis 1993.
De nombreux Érythréens quittent leur pays (plus de 300 000 en dix ans selon l'agence aux réfugiés de l'ONU[115]), pour des raisons économiques ou politiques, et cherchent un asile dans des pays proches[116] (Éthiopie,Djibouti,Soudan[117],Yémen,Arabie saoudite, etc[118]) ou lointains. Ils constituent ainsi une partie importante des personnes qui tentent de traverser la Méditerranée clandestinement pour venir en Europe[119]. L'homosexualité est interdite et peut induire une peine de prison de trois ans[120], l'excision reste la norme même si elle est officiellement interdite[121].
En juin 2015, au terme d'une année complète d'enquêtes, un rapport duHaut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme fait état de violations systématiques des droits de l’homme les plus fondamentaux, commises par le pouvoir en place[122].
Laconstitution érythréenne prévoit un parlementmonocaméral de150 membres, l'Assemblée nationale. Tous les sièges sont occupés par des membres duparti unique, leFront populaire pour la démocratie et la justice. Depuis l'indépendance en 1993, aucune élection législative ou présidentielle n'a eu lieu, le gouvernement prétextant l'occupation d'une partie du territoire. Des élections municipales et régionales ont néanmoins été organisées de manière irrégulière
Le service militaire, créé en 1994, concerne tous les hommes et les femmes de17 à 40 ans. Selon la loi, toute personne arrivant à sa dernière année de scolarité doit effectuer18 mois de service national, dont six mois d’entraînement militaire. Le service militaire démarre toujours dans le camp de Sawa situé au nord-ouest du pays, près duSoudan[124]. Le service obligatoire peut être indéfiniment prolongé depuis 2002[125] et dure 6,5 ans en moyenne, avec une permission tous les6 mois.
Il se déroule dans des conditions difficiles (viols des femmes[121], travaux forcés non-rémunérés[125] dans des mines, des fermes ou des chantiers), ce qui entraîne la désertion et l'exil d'un grand nombre d'Érythréens[126]. Ils étaient ainsi environ 3 000 par mois à fuir le pays vers 2013 selon le Haut Commissariat aux réfugiés[127].
Cela conduit aussi certains jeunes à abandonner leur scolarité pour échapper à la conscription et à cette forme d'esclavage. Ce choix les prive cependant de toute perspective d’avenir car, sans certificat les dégageant de leurs obligations militaires, ils ne peuvent pas accéder aux rations alimentaires ni monter une entreprise, acquérir une ligne de téléphone portable, passer le permis de conduire ou ouvrir un compte bancaire. De plus, l’armée procède à des perquisitions systématiques de maison en maison pour arrêter les personnes soupçonnées d’essayer de se dérober au service national[128]. En 2022, les familles des personnes qui ont fui le service militaire sont sanctionnées par les autorités par exemple en étant expulsées de leurs logements[129].
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Il y aurait environ 50 000 descendants de métis issus d'unions entre Érythréens et Italiens pendant la colonisation. Ils sont de nos jours très intégrés, et vivent surtout dans les grandes villes (Asmara, Assab…), et ils parlent surtout le Tigrinya ou le Tigré. Les métis qui parlent italien sont très rares. Au temps de la colonisation italienne, les métis étaient rejetés par le régime fasciste italien.
La population européenne tend à diminuer, en fonction des crises : les Italiens, qui formaient 10 % de la population avant 1941 ne sont plus qu'une centaine en 2016, et ils sont souvent liés au lycée italien d'Asmara. Le nombre des autres Européens peut varier d'une année à une autre, et il est difficile d'estimer un chiffre précis.
Les Arabes sont plus visibles : estimés entre 20 000 et 25 000, ils sont souvent confondus avec les Rashaidas, arabophones de la côte et d'Assab. Ils sont souvent originaires du Yémen ou du sultanat d'Oman. Les Arabes sont surtout des commerçants, ou des pêcheurs traditionnels, qui utilisent des boutres.
Les religions principales sont l'islam, principalementsunnite, qui regroupe environ 50,52% de la population ; et lechristianisme, représentant 40,48 %. La plupart des chrétiens érythréens faisant partie de l'Église érythréenne orthodoxe, une des Églises (improprement) dites « coptes » (monophysites, et non grecques-orthodoxes), en communion avec ses homologues éthiopienne et égyptienne[131],[132].
Les Érythréens parlent neuf langues appartenant aux groupessémitique etcouchitique de la famillechamito-sémitique, écrites avec l'alphasyllabaire guèze ou l'alphabet arabe. Letigrigna et letigré, représentent 81 % des locuteurs en 1996. Les autres langues parlées sont l'afar et lesaho (5 % chacune), lebilen (3 %), lerashaida (3 %), l'amharique, etc[133]. Le tigrigna est une langue cousine duguèze, langue liturgique de l'Église monophysite. Le tigrigna est parlé par environ 53 % de la population en langue maternelle, et il est estimé qu'au moins 25 % de la population le parle en seconde langue. Donc, à des degrés divers, le tigrigna serait parlé par au moins 75 à 80 % de la population du pays.
Pendant l'occupation du pays par l'Éthiopie, de 1951 à 1993, le régime fit tout pour faire disparaître la langue italienne, associée au colonisateur et régime fasciste italien. Cette politique remporta un certain succès, puisque l'italien a presque disparu en Érythrée. Cependant, il continue à être enseigné au lycée italien d'Asmara et dans quelques autres écoles ou institutions.
L'anglais, arrivé pendant laSeconde Guerre mondiale, soit assez récemment, est la seconde langue administrative du pays, afin d'aider à l'unification des différents groupes linguistiques. Tous les textes administratifs importants sont traduits en anglais, qui est aussi utilisé au Parlement, dans l'armée et par les membres du gouvernement. L'anglais, avec l'amharique, était d'ailleurs promu par le régime éthiopien pendant l'occupation du pays.
L'arabe, parlé par une minorité de la population, a également le statut de langue officielle avec le tigrigna et l'anglais.
La guerre d'indépendance a été dévastatrice pour l'économie érythréenne. L'économie de l'Érythrée a dû faire face à de nombreuses difficultés après l'indépendance obtenue en 1993 et la rupture monétaire avec l'Éthiopie en 1995, à la situation politique, en particulier leconflit avec l'Éthiopie à partir de 1998 et à la sécheresse de 2002-2003[134]. La guerre de 1998 à 2000, cause 580 millions USD de dommages[135], et empêche les récoltes dans la région la plus productrice du pays,diminuant la production de nourriture de 62 %[réf. nécessaire]. L'inflation a augmenté de 700 % dans lesannées 2000[115].
L'infrastructure est relativement développée, en particulier les routes et les ports, mais ils sont sous-utilisés.
En 2021, lePNUD classe le pays au176e rang sur 191 en matière d'IDH, avec une espérance de vie de66,5 ans, une scolarisation moyenne de4.9 ans[9]. Par ailleurs seulement 32 % de la population a accès à l'électricité[136]. Les produits alimentaires de base sont rationnés[115].
Les transferts de fonds en provenance de ladiaspora des Érythréens émigrés est la principale source de revenu du pays. L'agriculture fournit 11 % duproduit intérieur brut. Le pays exporte du bétail, de la viande et de lagomme arabique.
Une femme érythréenne lors de la cérémonie traditionnelle du café, appeléebun kiš kiš entigrigna.Alicha begee, un des plats érythréens les plus typiques du pays, formé d'une galette nomméeinjera sur laquelle sont déposées différentes sauces (on voit ici une sauce orange faite à base de lentilles). La sauce du milieu élaborée à base de poulet est généralement très épicée. Ce plat est servi le plus souvent dans une grande assiette, afin que le repas puisse être partagé en convivialité.
↑Voir le document de l'ambassadeur Jean-François Dobelle sur ce différend entre les deux pays :Le différend entre l'Érythrée et le Yémen : la sentence arbitrale du 17 décembre 1999 sur la délimitation des frontières maritimes.
↑Marie-ClaudeSimeone-Senelle, « Les langues en Erythrée »,Arabian Humanities. Revue internationale d’archéologie et de sciences sociales sur la péninsule Arabique/International Journal of Archaeology and Social Sciences in the Arabian Peninsula,no 8,(ISSN1248-0568,DOI10.4000/cy.39,lire en ligne, consulté le)
↑Sur les colonies italiennes après la Seconde Guerre mondiale, voir Gianluigi Rossi,L’Africa italiana verso l’indipendenza (1941-1949), Giuffrè, Milano, 1980, 626 p.
StevenCarol,From Jerusalem to the Lion of Judah and Beyond: Israel's Foreign Policy in East Africa, iUniverse,(ISBN978-1-4697-6129-9),363
Fabienne Cayla-Varhan, « Les enjeux de l’historiographie érythréenne »,Travaux et documents du Centre d’études d’Afrique noire, IEP Bordeaux,nos 66-67,,p. 53(lire en ligne, consulté le)
Raphaël Roig, « L’Érythrée, naissance d’une nation, faillite d’un État ? »,CFEE, Travaux et documents sur l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique,no 3,,p. 36(lire en ligne, consulté le)