Le terme latinacer ne s'est pas imposé dans le bas latin de Gaule, comme c'est souvent le cas pour les noms d'arbres (cf.if,chêne, etc.), contrairement à l'italienacero ou à l'espagnolarce.
Le gallo-roman a un terme hybrideacerabulus, dont la forme d'oïl est attestée dans leRoman de la Rose :arable. Le premier élément s'analyse bien comme le terme latinacer, mais le second-abulus est probablement celtique selonVendryes[2], repris par Xavier Delamarre[3] qui le font venir du gauloisabalo-,aballo-, pomme, pommier (cf.Glossaire de Vienne :avallo 'poma').
acerabulus signifie donc mot-à-mot « érable-pommier », formation comparable à celles du celtique insulaire, par exemple : vieil irlandaisfic-abull,figuier ou galloiscri-afol,sorbier des oiseaux[4]. L'occitan languedocien conserve aussi par endroits un terme issu du mêmeétymon hybride :argelabre, même si la forme la plus répandue est directement issue du latin avecaseron en languedocien (formé deacer + suffixe diminutif-onis) et en gascon avecaseròu (formé deacer + suffixe diminutif -olum)[5],[6].
Le latinacer (« pointu, aigu, perçant ») est un proche parent d’acus, aiguille, d’acutus, aigu, mots latins basés sur la racine indo-européenne*ak que l'on retrouve aussi dans l'allemandAhern, et qui fait référence auxfeuilles palmées à lobes pointus des érables. Cette étymologie renverrait donc à la signification littérale d'« érable-pommier » ou d'« arbre aux feuilles pointues »[7].
La plupart des érables peuvent atteindre entre 10 et 45 m de hauteur. La plupart des espèces ont des feuillescaduques, mais une minorité en Asie du Sud et dans le bassin méditerranéen sontsempervirentes. La plupart des érables tolèrent le manque de luminosité : beaucoup de petits spécimens s'accommodent de vivre sous lacanopée des feuillages des arbres plus grands qu'eux, si bien que les plus grands spécimens deviennent dominants dans de la canopée. Le faisceau desracines de l'érable est typiquement dense et fibreux. Quelques espèces, dontAcer cappadocicum,drageonnent régulièrement.
Les feuilles d'érable sont toujours opposées et sont, dans la plupart des espèces, à nervuration palmée avec 3 à 9nervures (plus rarement 13) dont la nervure principale au milieu.
Les fleurs de l'érable sont vertes, jaunes, orangées ou rouges. Bien que celles-ci soient individuellement petites, l'arbre entier en fleurs peut être impressionnant dans diverses espèces. Les érables sont au début du printemps source depollen et denectar pour lesinsectes.
Lefruit de l'érable, appelésamare, est jumelé endisamare, en forme d'hélice. Lagraine peut ainsi, grâce au vent, être transportée sur des distances considérables. Elle parvient à maturité sur l'arbre de quelques semaines à six mois selon l'espèce et est dispersée peu de temps après. La plupart des espèces ont besoin de lastratification pour germer. La graine peut rester dormante plusieurs années avant de germer.Les samares matures sont une source alimentaire, décortiquées et consommées par rongeurs et passereaux granivores, source s'ajoutant à lapédofaune (entre autres) dégradant les feuillages caducs.
Le genreAcer se décline en environ 150 espèces réparties sur l'ensemble de l'hémisphère nord, la diversité des érables est variable selon les continents[8] :
130 espèces en Asie orientale,
10 espèces en Amérique du Nord,
12 espèces en Europe et Asie occidentale.
Bien que le plus ancien fossile d'Acer ait été découvert en Alaska et daté duPaléocène, toutes lesétudes phylogénétiques des années 2010 et 2020 s'accordent pour situer l'origine des érables en Asie orientale d'où ils se répandirent vers l'Amérique du Nord, l'Europe et jusqu'au nord de l'Afrique durant environ 60 millions d'années[9]. Le genreAcer serait ainsi apparu en Asie orientale au début du Paléocène[8].
A l'Oligocène, le genreAcer s'est considérablement diversifié et a rayonné vers l'Amérique du Nord (probablement via laBéringie) puis vers l'Europe (via le pont terrestre nord atlantique :Thule Land Bridge(en)). Certaines espèces, une fois installées, auraient fait le chemin inverse de l'Europe vers l'Amérique du Nord[10].
L'apparition des différentes sections (voirListe des espèces d'érables) se serait produite durant l'Eocène, la diversification des espèces à l'intérieur des sections se poursuivant jusqu'auMiocène[9].
L'inventaire des fossiles en Amérique du Nord et en Europe démontre que de très nombreuses espèces y ont disparu durant les 30 derniers millions d'années[9]. À l'inverse, le grand nombre d'espèces présentes en Asie orientale pourrait s'expliquer par le fait que l'orientation des vallées dans le sens nord-sud aurait permis au genreAcer de trouver de nombreuses zones refuges méridionales lors des périodes de refroidissement climatique, ce qui n'aurait pas été le cas en Amérique du Nord et en Europe[10].
Les jeunes feuilles (tendres et translucides) d'érable plane et d'érable sycomore sont comestibles mais celles du sycomore ont mauvais goût. L'infusion de leurs feuilles est utilisée en breuvage[11].
Plusieurs variétés d'érables produisent des samares comestibles.
Selon une étudeethnobotanique et dupatois local, faite par Françoise et Grégoire Nicollier àBagnes (France) et publiée en1984, de même que pour le peuplier blanc et le peuplier d'Italie,« les feuilles, mélangées à du son, de la paille et des feuilles d'érable, constituent un fourrage pour les vaches »[12].
Le bois d'érable est apprécié enlutherie. Il est notamment employé dans les guitares et basses électriques (principalement dans les manches et les tables) et dans les kits debatterie haut de gamme (ex. :Pearl Masters). L'érable sucrier peut être utilisé dans la confection de certaines paires de baguettes de batterie.
AuJapon, on apprécie particulièrement l'érable palmé et, chaque automne, les Japonais vont admirer leurs couleurs flamboyantes pendant la période qu'ils appellent « momijigari » (c’est-à-dire « admirer les érables »).
Dans le jeu de cartes traditionnel japonaisHanafuda, des feuilles d'érable sont représentées sur la série des 4 cartes du mois d'octobre.
Dans la mythologie grecque, l'Érable est dédié àPhobos, dieu de l'Épouvante, fils d'Arès, dieu de la guerre et frère deDéimos, dieu de la frayeur.
L'Illiade rapporte que le cheval de Troie fut fabriqué en Érable. Dans l'astrologie celtique, l'érable représente quelqu'un débordant d'imagination et d'originalité, timide et réservé[14]...