L'équipe de Tchécoslovaquie de football (Československá fotbalová reprezentace), créée en1920 et dissoute en1993, est la sélection de joueurstchécoslovaques représentant le pays dans les compétitions internationales defootball masculin, sous l'égide de laFédération tchécoslovaque de football.
Succédant à l'équipe de Bohême et Moravie, l'équipe tchécoslovaque apparaît en 1919, un an après l'indépendance de la Tchécoslovaquie, et dispute son premier match officiel lors desJeux olympiques d'Anvers de 1920. En1934, pour sa première participation à laCoupe du monde, elle ne s'incline qu'en finale face à l'Italie, pays hôte.Occupée par l'Allemagne lors de laSeconde Guerre mondiale, la Tchécoslovaquie est disloquée entre plusieurs États, et plusieurs sélections « remplacent » celle de Tchécoslovaquie. Après sa libération, le pays est en proie à une certaine instabilité politique et la sélection peine à retrouver son niveau d'avant-guerre.
Le début desannées 1960 marque le retour au très haut niveau des Tchécoslovaques, qui terminent troisièmes de l'Euro 1960 et sont à nouveau finalistes de laCoupe du monde 1962, où ils s'inclinent face auBrésil. Cette embellie est brève, la Tchécoslovaquie n'arrivant plus ensuite à dépasser le premier tour des compétitions, quand elle parvient à s'y qualifier. Elle crée pourtant la surprise en étant sacréechampionne d'Europe en 1976, avant que sonhomologue olympique ne l'imite en décrochant lamédaille d'or à Moscou en 1980. La Tchécoslovaquie réalise une dernière performance notable en atteignant les quarts de finale de laCoupe du monde de 1990.
Forte de deux finales deCoupe du monde de football en1934 et1962 et d’un titre de champion d’Europe en1976, la Tchécoslovaquie est une sélection reconnue en Europe et dans le monde. L’apogée du football tchécoslovaque se situe dans les années1970 et1980, avec le championnat d’Europe et la médaille d'or olympique.
La Bohême au temps de l'empire austro-hongrois (1892-1918)
Le, treize clubs fondent laČeský svaz footballový (ČSF) enfrançais :« Association tchèque de football », l’ancêtre de l'actuelleFédération de République tchèque[2]. Six ans plus tard, elle devient membre de laFIFA[1], mais seulement à titre provisoire à la suite de protestations de l'Association autrichienne, qui refuse de voir l'Autriche-Hongrie avoir d'autres fédérations que celles de l'Autriche et de laHongrie[h 1]. Uneéquipe de Bohême et Moravie est mise en place à partir de1903 pour disputer des matchs amicaux, notamment face aux voisinshongrois[2]. Entre 1903 et1908, les deux sélections s'affrontent six fois, avant que la Bohême et Moravie ne défie à Prague lasélection anglaise, qui achève sa première tournée continentale par une victoire 4-0[2],[4].Jan Košek est une des vedettes de cette période.
De 1908 à 1918, malgré le boycott organisé par les Autrichiens, les équipes de Prague sont réputées, et la ville est une étape incontournable des clubs en tournée européenne[5]. Une sélection de Bohême et Moravie, composée essentiellement de joueurs du Slavia, remporte le tournoi européen organisé en 1911 par l’éphémèreUnion internationale amateur de football association (UIAFA) dans le cadre de l'Exposition internationale du Nord de la France, en battant la France et l'Angleterre[6].
Les débuts contrastés de l’équipe de Tchécoslovaquie (1918-1933)
La pratique du football étant cependant bien implantée dans le pays[2], une sélection nationale est rapidement mise en place. En, une délégation est envoyée auxJeux interalliés à Paris. Si le tournoi est réservé au personnel militaire ayant participé aux combats de laPremière Guerre mondiale du côté desAlliés, la sélection est dans les faits composée essentiellement de joueurs duSparta Prague[7]. Avec trois victoires en poule puis une quatrième en finale contre laFrance (3-2), les Tchécoslovaques remportent la médaille d'or[8]. L'attaquantAntonín Janda brille particulièrement[7]. Ce dernier tournoi n'étant pas reconnu par leCIO et laFIFA, les débuts officiels de la sélection datent desJeux olympiques d'Anvers de 1920, organisés l'été suivant. Elle affronte le laYougoslavie, qui fait elle aussi ses débuts officiels, et l'emporte largement sur le score de sept buts à zéro[9],[10]. Sur la lancée de cette victoire spectaculaire, les Tchécoslovaques atteignent la finale en écartant laNorvège (4-0) puis laFrance (4-1). Ils y affrontent laBelgique, pays hôte. Deux ans après la fin de la Première Guerre mondiale et la création de laTchécoslovaquie, le tournoi dépasse le cadre d'une simple compétition sportive, et le climat ambiant tourne à l'hystérie[h 2]. Menés deux buts à zéro, les Tchécoslovaques quittent le terrain après l'expulsion d'un des leurs en fin de première mi-temps, en signe de protestation contre l'arbitrage qu'ils jugent biaisé[2]. La sélection est disqualifiée de la compétition et repart sans médaille[11],[12].
Après le succès de la sélection tchécoslovaque aux Jeux, le football se développe encore plus dans le pays, avec la création du premier club professionnel tchécoslovaque et d'Europe centrale, leSK Zidenice de la ville deBrno, en 1922[h 3]. Recrutant de nombreux joueurs hongrois, le club ambitionne de se financer uniquement sur des tournées et matchs de gala. Alors que se lance un championnat professionnel à Prague, le club en revient finalement à l'amateurisme marron[h 3].
La sélection de Tchécoslovaquie ne reprend du service qu'un an plus tard. Elle enchaîne les matchs amicaux, souvent victorieux, jusqu'auxJeux olympiques de Paris de 1924. Après avoir battu laTurquie au premier tour, la Tchécoslovaquie, donnée favorite, affronte laSuisse[10]. Le match est heurté : les Tchécoslovaques ouvrent le score mais sont finalement rejoints, après queJosef Čapek ait été expulsé par l'arbitre[13]. Un match d'appui est organisé, que les Suisses (dont le buteurMax Abegglen est promu capitaine) remportent en toute fin de partie. L'étonnante équipe de Suisse, dirigée par les BritanniquesTeddy Duckworth etJimmy Hogan et le HongroisIzidor Kürschner, ne s'incline qu'en finale face à l'Uruguay, qui a époustouflé les observateurs par son niveau de jeu[14],[15].
Leprofessionnalisme est introduit dans le football tchécoslovaque en 1925, avec la création duchampionnat national, et l'adoption du statut professionnel par leSparta Prague et leSlavia Prague[h 3],[2]. Cela représente aussi le premier championnat de football professionnel d'Europe centrale[2]. En 1927, l'AutrichienHugo Meisl impulse l'organisation d'une compétition des sélections d'Europe centrale, baptiséeCoupe internationale européenne, à l'image de laCoupe Mitropa pour les clubs[16], dont la première édition est remportée par leSparta Prague[2].Antonín Švehla, premier ministre tchécoslovaque, offre le trophée, la Coupe Švehla[17]. Les sélections d'Autriche, deHongrie, d'Italie, deSuisse et de Tchécoslovaquie, soit les meilleures du moment en Europe continentale, s'affrontent dans un mini-championnat, qui se déroule de à. L'Italie l'emporte avec cinq victoires et un nul en huit rencontres, tandis qu'avec quatre victoires et deux nuls, la Tchécoslovaquie termine troisième[18].
Devant le succès populaire rencontré par la Coupe internationale, unenouvelle édition est organisée de à. Malgré les sept buts en huit matchs deFrantišek Svoboda, la Tchécoslovaquie termine cette fois quatrième, loin derrière l'intouchableWunderteam autrichienne[19]. Unetroisième édition se déroule d' à, sans plus de succès pour les Tchécoslovaques[17].
Éphémère succès de la Coupe du monde de 1934 (1933-1939)
Les capitainesCombi etPlánička avant la finale de la Coupe du monde 1934.
Le succès populaire de laCoupe du monde de 1930 en Uruguay conduit laFIFA à planifier unenouvelle édition, enEurope cette fois-ci. L'Italie deBenito Mussolini est choisie pour l'organiser. La Tchécoslovaquie doit passer par untour de qualification, remporté face à laPologne en[note 1]. Pour sa première participation à une Coupe du monde, l’équipe de Tchécoslovaquie est composée de joueurs duSlavia et duSparta essentiellement. Le tournoi, à élimination directe, ne permet pas la défaite. La Tchécoslovaquie bat en huitième de finale laRoumanie (2-1), puis laSuisse (3-2) en quart de finale et enfin l’Allemagne (3-1) en demi-finale, en pratiquant un jeu de qualité[20]. En finale, la sélection tchécoslovaque affronte l’Italie, pays organisateur, dont le pouvoir fasciste met les moyens nécessaires à la victoire[20]. Austade national du Parti National Fasciste et devant 45 000 spectateurs acquis à la cause de l'Italie et duDuce fascisteBenito Mussolini[h 5], le match est violent et l'arbitre est relativement conciliant avec les brutalités de laSquadra Azzura[20].Antonín Puč ouvre le score à vingt minutes de la fin mais les Italiens égalisentin extremis parRaimundo Orsi, un Argentin naturalisé, puis l'emportent finalement enprolongation (2-1)[21], alors que les Tchécoslovaques touchent les montants italiens à trois reprises[h 5]. La finale dumondiale est le premier match de l'histoire commenté en direct à la radio[22]. Le meilleur buteur de la compétition est le TchécoslovaqueOldřich Nejedlý avec cinq réalisations[23]. Malgré la défaite, les Tchécoslovaques rentrent en héros dans leur pays[21].
Enoctobre 1935, les Tchécoslovaques ont l'occasion de prendre une revanche symbolique en recevant la sélection italienne à Prague à l'occasion de leur dernier match enCoupe internationale. Même s'ils l'emportent (2-1), ils n'empêchent pas l'Italie de remporter la coupe, et ne terminent qu'à une modeste quatrième place. Enmars 1936 débute la4e édition de laCoupe internationale. La compétition est interrompue enavril 1938 à la suite de l’Anschluss, l’annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie[17]. En parallèle de la Coupe internationale, parmi les nombreux matchs amicaux qu'elle dispute, la sélection défie l'Angleterre auWhite Hart Lane deLondres en, ne s'inclinant que quatre buts à cinq face à une sélection alors invaincue sur son sol[h 6].
En lice pour participer à laCoupe du monde de 1938 enFrance, la Tchécoslovaquie passe facilement l'obstacle de laBulgarie entour préliminaire. Comme quatre ans plus tôt, le tournoi est à élimination directe. En huitième de finale, la Tchécoslovaquie écarte lesPays-Bas (3-0a. p.). En quart de finale, elle affronte leBrésil deLeônidas. Alors que les deux équipes ont la réputation de pratiquer un jeu « spectaculaire »[24], le match tourne au pugilat, à un tel point qu'il reste connu comme la « bataille de Bordeaux ». Le match, d'une rare violence, voit cinq joueurs sortir sur blessure (les remplacements n'existent alors pas encore), dont le gardien et capitainePlánička et le buteurNejedlý, sur fracture, et trois joueurs expulsés par l'arbitre[25],[26]. Le score est cependant de parité à la fin de la prolongation (1-1), et le match doit être rejoué deux jours plus tard. Avec deux équipes largement remaniées, lesAuriverdes l'emportent cette fois (2-1), menés par Leônidas[26].
De 1937 à 1938, la Tchécoslovaquie participe à laCoupe Édouard-Bénès, avec laYougoslavie et laRoumanie. La« Coupe des Pays voisins », comme elle est surnommée[27], voit la Tchécoslovaquie triompher en restant invaincue lors de ses quatre matchs (trois victoires et un nul)[28].
Mais la bonne forme de la sélection est stoppée par la situation politique qui se détériore dans le pays. Enseptembre 1938, lesaccords de Munich valident l'annexion desSudètes, territoire de la Tchécoslovaquie, par l'Allemagne. LaPologne, puis laHongrie, envahissent des zones limitrophes à l'automne. La sélection tchécoslovaque dispute son dernier match avant la guerre endécembre 1938 à Prague face à la Roumanie[10]. Enmars 1939, l'Allemagne occupe la totalité du territoire restant, réparti entreProtectorat de Bohême-Moravie etRépublique slovaque.
Les bouleversements de l'occupation allemande et de l'après-guerre (1939-1954)
Malgré ces bouleversements politiques, la sélection poursuit sa route, d'autant que le sport est vu par le système communiste comme un moyen de canaliser le nationalisme blessé de ce pays[h 7]. La Tchécoslovaquie est invitée à participer en1948 à la10e édition de laCoupe des Balkans, aux côtés de la Yougoslavie, de laRoumanie et de laBulgarie notamment, ainsi qu'à la nouvelle édition de laCoupe internationale, la première depuis la guerre. Les difficultés politiques et économiques du moment compliquent cependant la tenue de ces compétitions. La Coupe des Balkans est interrompue alors que la Tchécoslovaquie est dernière du classement provisoire avec quatre défaites en autant de matches[31], tandis que la Coupe internationale s'étale sur cinq ans. La Tchécoslovaquie en termine deuxième derrière la fameusesélection hongroise invaincue de1950 à1954[note 3]. Ces deux sélections sont vues d'un bon œil par leurs régimes respectifs, qui y trouvent une formidable vitrine internationale[h 7].
Dans un contexte deguerre froide, la Tchécoslovaquie refuse, tout comme ses voisins communistes d'Union soviétique et deHongrie, de s'inscrire àla Coupe du monde de 1950 pour des raisons politiques[32].Quatre ans plus tard, elle remporte son groupe de qualification devant la Roumanie et la Bulgarie et fait son retour en phase finale deCoupe du monde, organisée enSuisse. Les Tchécoslovaques sont éliminés sans marquer le moindre but, repartant avec deux sévères défaites contre les deux têtes de série de son groupe, l'Uruguay, tenante du titre (2-0), et l'Autriche (5-0)[33].
ÀBâle, la Fédération tchécoslovaque devient l'un des membres fondateurs duGroupe des Associations Européennes, rebaptisé plus tard UEFA, à l'occasion de la Coupe du monde 1954[34]. Lors de cette première réunion de l'UEFA, la Tchécoslovaquie représente également laRoumanie, absente pour des raisons de visa[35]. En rejoignant l'UEFA comme de nombreux pays duBloc de l'Est, la Fédération tchécoslovaque montre que cette nouvelle organisation, bien qu'ancrée à l'Ouest, est au-dessus de lasituation politique tendue entre Ouest et Est[36]. Toutefois, la Tchécoslovaquie et six autres pays se rassemblent au sein de l'UEFA sous le nom de« Groupe des Pays de l'Est »[37]. En particulier pour la Tchécoslovaquie, cela montre l'ambition de« multiplier les contacts avec toutes les nations européennes »[34].
La génération Masopust, finaliste de la Coupe du monde 1962 (1954-1967)
Elle se qualifie aussi pour laCoupe du monde de 1958, qui se tient enSuède. Battue d'entrée par la surprenanteIrlande du Nord (1-0), elle se ressaisit et obtient un match nul prometteur face à l'Allemagne, championne du monde en titre (2-2), puis domine largement l'Argentine (6-1)[39]. La Tchécoslovaquie doit alors jouer un match d'appui contre l'Irlande du Nord avec laquelle elle se retrouve à égalité de points. Les Tchécoslovaques perdent à nouveau contre les Irlandais (2-1a. p.) et sont éliminés dès le premier tour[40].
L'UEFA, née en1954 et dont laFédération tchécoslovaque est membre fondateur, annonce enjuin 1958 l'organisation de la premièreCoupe d'Europe des nations, malgré la réticence de plusieurs de ses membres les plus influents. Cette compétition continentale, disputée en alternance avec laCoupe du monde, s'inscrit dans la lignée des différentes compétitions régionales comme laCoupe internationale européenne. Les Tchécoslovaques s'y inscrivent et sont tirés au sort pour jouer la seule rencontre de tour préliminaire, avant d'accéder aux huitièmes-de-finale[41]. Vainqueurs de l'Irlande 4-0 au match retour après une étonnante défaite 0-2 à Dublin, les Tchécoslovaques continuent leur chemin en écartant facilement leDanemark en huitième de finale puis laRoumanie enquart de finale, et se retrouvent ainsi enFrance pour disputer letournoi final. La sélection compte notamment trois piliers duDukla Prague :Josef Masopust,Ladislav Novák[42] etSvatopluk Pluskal. Face uneéquipe d'URSS très athlétique, emmenée parLev Yachine, meilleur gardien de but du moment, ils s'inclinent nettement en demi-finale (0-3). En petite finale, ils dominent àMarseille uneéquipe de France décevante (2-0) et montent sur le podium[43],[44].
Deux ans plus tard, la Tchécoslovaquie attaque laCoupe du monde de 1962 avec ces quelques certitudes, après une qualification cependant difficile : un match d'appui contre l'Écosse dans le groupe 8 est en effet nécessaire, la Tchécoslovaquie l'emportant après prolongation (4-2)[45]. Avec la plupart de ses joueurs venant duDukla Prague soutenu par l'armée[2], la sélection tchécoslovaque bat au premier tour l’Espagne (1-0) puis fait match nul contre leBrésil, tenant du titre (0-0). La défaite contre leMexique (1-3) est sans conséquence car la Tchécoslovaquie avait déjà son billet pour les quarts de finale en poche. Elle retrouve alors sa voisine, laHongrie, menée par son attaquantFlórián Albert[46]. Les Tchécoslovaques l'emportent de façon heureuse, un but à zéro, grâce aux exploits de son gardien de butViliam Schrojf[47]. En demi-finale, la Tchécoslovaquie bat laYougoslavie trois buts à un. En finale, elle retrouve le Brésil. Malgré l'ouverture du score de leur milieu de terrainJosef Masopust, récipiendaire duBallon d'or en fin d'année[48], les Tchécoslovaques doivent s'incliner face au talent deGarrincha et des siens (3-1)[47],[49].
La reconstruction est difficile. Lors deséliminatoires de l'Euro 1968, les Tchécoslovaques laissent échapper la qualification en perdant le dernier match du groupe, à domicile face à la modesteIrlande, en toute fin de rencontre (1-2)[53]. Pour laCoupe du monde 1970 au Mexique, ils sont à la lutte avec la redoutableHongrie pour la place qualificative du groupe 2. Les deux équipes terminent en tête à égalité de points et, ladifférence de buts (favorable aux Hongrois) étant ignorée, un match d'appui doit être disputé sur terrain neutre àMarseille. Les Tchécoslovaques qui n'avaient pris qu'un point en deux matchs contre la Hongrie, s'imposent quatre buts à un. Le tirage au sort de la phase finale au Mexique n'avantage pas la sélection tchécoslovaque puisqu'elle se retrouve placée dans le groupe 3 en compagnie de deux des principaux favoris : le champion du monde sortant, l'Angleterre, et leBrésil dePelé et deRivelino. Contre la Tchécoslovaquie, le Brésilien Pelé tente unlob depuis le rond central mais ne marque pas[54], tandis que Rivelino inscrit pour le Brésil un but d'anthologie sur un coup franc lointain avec une puissance et une précision excellentes[55]. La Tchécoslovaquie rentre en Europe avec trois défaites en autant de matchs[56].
Match contre les Pays-Bas en 1969.
Dans la course à l'Euro 1972, la Tchécoslovaquie est éliminée à la différence de buts par laRoumanie en phase de groupe préliminaire[57]. Toutefois, la Tchécoslovaquie construit son avenir avec lesespoirs, qui sont sacréschampions d'Europe avec de futurs internationaux seniors commeZdeněk Nehoda[58]. Quelques mois plus tard, elle est invitée à disputer le tour final de laCoupe de l'Indépendance auBrésil, une sorte de mini-Coupe du monde où elle obtient notamment un match nul contre le pays hôte[59], vainqueur attendu du tournoi[60]. Dans son groupeéliminatoire à la Coupe du monde de 1974, elle est devancée par l'Écosse à cause d'un match nul concédé au Danemark.
Portés par leur gardien de butIvo Viktor et leur buteurZdeněk Nehoda, les Tchécoslovaques parviennent à se qualifier pour une nouvelle phase finale à l'occasion duChampionnat d'Europe 1976. Il leur faut pour cela remporter leur groupe préliminaire devant le Portugal et l'Angleterre, malgré une sévère défaite inaugurale àWembley (3-0), puis écarter l'Union soviétique enquarts de finale. Ils se qualifient pour leur première finale européenne en battant en demi-finale après prolongation lesPays-Bas deJohan Cruijff, vice-champions du monde. Les Tchécoslovaques remportent leur premier trophée officiel sur la scène internationale face à laRFA en finale àBelgrade (2-2 ap ; 5-3 tab)[61],[62]. La première séance detirs au but de l'histoire du championnat d'Europe intervient à l'issue d'un match riche en rebondissements. L'AllemandUli Hoeness manque son tir[63]. Un but d'Antonín Panenka, cinquième tireur tchécoslovaque, suffit alors pour gagner le titre européen[63]. Panenka réalise un geste d'anthologie ; il surprend le gardienSepp Maier, l'un des meilleurs gardiens de l'époque, en tirant sonpenalty en« feuille morte » au milieu du but. Le geste est tout d'abord connu sous le nom de « penalty tchèque »[63], avant de revenir plus tard au nom de son réalisateur, laPanenka[63],[64],[65],[66].
En dépit de sa couronne européenne, la Tchécoslovaquie, battue aupays de Galles puis enÉcosse, ne parvient pas à sequalifier pour laCoupe du monde 1978, organisée enArgentine[67]. Tenante du titre, elle parvient par contre à se qualifier pour la phase finale de l'Euro 1980, en devançant de justesse laFrance du jeuneMichel Platini dans son groupeéliminatoire. En match d'ouverture, elle s'incline face à laRFA, dans la répétition de la finale de 1976 (0-1). Victorieuse de laGrèce et solide contre lesPays-Bas, vice-champions du monde, la Tchécoslovaquie prend la deuxième place du groupe et se qualifie pour la petite finale où elle décroche la troisième place du tournoi après un match fermé et une interminable séance detirs au but contre le pays hôte, l'Italie (1-1, 9-8tab)[68],[69].
Les Tchécoslovaques font leur retour enCoupe du monde en 1982, enEspagne, en devançant entour préliminaire le pays de Galles à la différence de buts. À la lutte avec laFrance et l'Angleterre dans un groupe difficile, ils se mettent dans l'embarras en concédant d'abord un match nul auKoweït (1-1). Battus par l'Angleterre, ils sont dos au mur face à la France et dans l'obligation de gagner pour se qualifier. Ils ne peuvent faire mieux que match nul (1-1), malgré une fin de match qui leur est acquise[71], et quittent donc le tournoi au premier tour. Signe de leur frilosité générale, les deux buts des Tchécoslovaques ont été inscrits surpenalty par Antonín Panenka, grand spécialiste de l'exercice[64].
Les dernières années d'une sélection toujours redoutée (1982-1993)
Le football tchécoslovaque traverse une passe plus difficile au milieu desannées 1980. La sélection échoue en effet par deux fois en phase préliminaire de l'Euro et manque la qualification pour la Coupe du monde au Mexique. Elle est ainsi dominée par laRoumanie et laSuède dans lacourse à l'Euro 1984, malgré une victoire sur l'Italie championne du monde[72] ; elle termine seulement quatrième et avant-dernière de son groupe éliminatoire pour laCoupe du monde 1986 derrière l'Allemagne, lePortugal et la Suède[73] ; enfin elle est devancée d'un petit point par leDanemark dans la course àl'Euro 1988, en partie à cause de sa seule et sévère défaite concédée enFinlande[74].
LaRévolution de velours provoque la chute et la dissolution de la Tchécoslovaquie et de sa sélection nationale de football.
Cette période troublée coïncide avec le renouveau de la sélection tchécoslovaque : forte de son duo d'attaqueBílek-Skuhravý, la Tchécoslovaquie retrouve la phase finale du mondial en écartant notamment le Portugal lors deséliminatoires[75].En Italie en 1990, les Tchécoslovaques réalisent un très bon tournoi et effectuent leur meilleur parcours en Coupe du monde depuis la finale de 1962. Ils passent ainsi le premier tour en dominant facilement lesÉtats-Unis et l'Autriche. Ils surclassent ensuite leCosta Rica, grâce à un triplé de Skuhravý en fin de match (4-1), ce qui leur offre un quart de finale face à l'Allemagne, un des grands favoris du tournoi. Dominés et réduits à dix lors des vingt dernières minutes, les Tchécoslovaques résistent et s'inclinent contre les futurs champions du monde en ne concédant qu'un seul but, marqué sur penalty parLothar Matthäus[76].Tomáš Skuhravý est le deuxième meilleur buteur du tournoi avec cinq réalisations.
Le, la Fédération déclare son indépendance vis-à-vis de l'État tchécoslovaque[2]. La Fédération ainsi que les clubs deviennent des entreprises privées, dont beaucoup font faillite en 1991[2]. C'est ainsi que parmi les vingt-deux joueurs de la sélection tchécoslovaque à la Coupe du monde 1990, dix-sept partent jouer pour des clubs occidentaux[2]. La sélection tchécoslovaque parvient toutefois à se classer deuxième du groupe 1 deséliminatoires de l'Euro 1992 derrière une équipe de France irrésistible et invaincue, portée par l'efficacité de son buteurJean-Pierre Papin,Ballon d'or en fin d'année.
En1992, des négociations entreTchèques etSlovaques aboutissent à un accord sur ladissolution de la République fédérale au. L'équipe de Tchécoslovaquie entame à l'automne 1992 la campagne deséliminatoires de la Coupe du monde 1994, puis poursuit et termine cette phase préliminaire de mars à novembre 1993 sous la bannière de « Représentation des Tchèques et des Slovaques » (RTS)[77],[78], tandis que les deux nouvelles fédérations de football indépendantes, tchèque et slovaque, s'apprêtent à succéder à la fédération tchécoslovaque[2]. La qualification pour le Mondial se joue sur le dernier match àBruxelles contre laBelgique, le. Malgré une grande domination, les Tchèques et Slovaques ne marquent pas. Le match nul (0-0) qualifie les Belges et signe la véritable fin de l'équipe de Tchécoslovaquie[79].
L'équipe de Tchécoslovaquie a disputé huit phases finales deCoupe du monde sur quinze possibles, et trois phases finales deChampionnat d'Europe sur neuf possibles. Elle remporte une finale, celle du championnat d'Europe en 1976, en perd deux, celles des Coupes du monde de 1934 et 1962, et termine deux autres fois sur le podium.
La sélection tchécoslovaque participe aux six éditions de laCoupe internationale européenne, lancée en 1927 et dont la dernière édition s'achève en 1960, au moment où laCoupe d'Europe des nations est disputée pour la première fois. Le tournoi oppose la Tchécoslovaquie à ses voisines : l'Italie, vainqueur en 1930 et 1935, l'Autriche, vainqueur en 1932, laHongrie, vainqueur en 1953, laSuisse, et laYougoslavie lors de sa dernière édition[17].
En 1948, elle est invitée à la10e édition de laCoupe des Balkans, qui oppose traditionnellement la Yougoslavie, la Roumanie, la Bulgarie ainsi que des nations voisines, mais qui cette fois-là est étendue à l'Europe centrale. Le tournoi reste inachevé, les Tchécoslovaques ne disputant que quatre matchs sur douze (dont un en commun avec laCoupe internationale 1948-1953), pour autant de défaites[31].
Dans la plupart des pays, le tournoi de football olympique n'est pas le fait de la sélection A car jusqu'en1984 il est officiellement réservé aux joueurs amateurs. Cette distinction devient sensible dès la fin des années 1920, après l'organisation de laCoupe du monde de football par laFédération internationale en1930[83].
La Tchécoslovaquie, où un championnatprofessionnel est mis en place dès1925, est dans ce cas et décide de faire l'impasse sur le tournoi olympique dès 1928, tout comme l'Autriche et la Hongrie voisines[h 4]. Par conséquent, si la délégation tchécoslovaque a remporté deux médailles olympiques, l'argent en1964 et l'or en1980 àMoscou, ces succès ne peuvent être attribués à la sélection A, mais à sasélection olympique.
Finalement, seul le parcours auxJeux 1920 peut être attribué à la sélection A de Tchécoslovaquie : elle y remporte ses trois premiers matchs et dispute la finale, qu'elle abandonne en cours de partie en protestation contre l'arbitrage. Disqualifiée, elle retourne en Tchécoslovaquie sans médaille[11].
Lors de leurs premières compétitions, en 1919 et 1920, les joueurs tchécoslovaques portent un maillot rayé, blanc et probablement rouge[note 4], un short blanc ou noir et des bas noirs[84].
Par la suite, la sélection joue généralement avec un maillot rouge uni, un short blanc et des bas bleus. Cet équipement reprend les couleurs duDrapeau de la Tchécoslovaquie, adopté en 1920, ainsi que le maillot duSparta Prague, d'où sont alors originaires nombre de joueurs de la sélection. C'est avec ces couleurs que la sélection dispute lafinale de la Coupe du monde de 1934, au cours de laquelle le maillot est seulement décoré d'un écusson sur lequel figure un grandlion blanc[85]. Lors de ce tournoi, le deuxième jeu d'équipements est composé d'un maillot blanc, d'un short noir et de bas bleus[86]. Quatre ans plus tard, les couleurs des deux jeux sont les mêmes, sauf le short extérieur passé au rouge[87].
Lors de laCoupe du monde 1962, les Tchécoslovaques jouent avec un maillot blanc, au milieu duquel un écusson rouge contient le lion blanc et l'étoile communiste[88]. Les shorts sont blancs ou rouges (en finale), les bas rayés de rouge, blanc et bleu. Leur survêtement est barré du sigle « ČSSR », les initiales deČeskoslovenská socialistická republika enfrançais :« République socialiste tchécoslovaque ».
En 1970, la sélection joue tout de blanc, du maillot jusqu'aux bas[89]. Lors du titre de 1976, le maillot rouge est de retour, notamment en finale de l'Euro contre l'Allemagne. Le rouge reste de vigueur dans les années 1980 et jusqu'à la fin de la sélection, en 1993. Cet ensemble rouge-blanc-bleu est repris par la suite par l'équipe nationale de Tchéquie.
Historique des maillots de l'équipe de Tchécoslovaquie
Le football tchécoslovaque, et particulièrement celui de sa sélection, se construit sur un style de jeu dès le début duXXe siècle, quand l'ÉcossaisJake Madden vient appliquer auSlavia Prague les principes de jeu écossais d'alors, fait de passes courtes au sol[90]. Madden, à la tête du Slavia depuis quinze ans, est invité à accompagner la sélection tchécoslovaque lors de sa première compétition officielle, lesJeux olympiques d'Anvers de 1920. AvecJimmy Hogan etHugo Meisl notamment, Madden est vu comme un des principaux inspirateurs de l'école du football « danubien », qui produit dans les années 1930 et par la suite de nombreux joueurs particulièrement doués techniquement, Hongrois, Autrichiens ou Tchécoslovaques notamment[90],[91].
Après laCoupe du monde de 1934, le style de l'équipe est qualifié dans l'hebdomadaireFootball par le dessinateur Ben de « géomètre »[h 6], en référence à la précision du jeu et des tactiques déployées par les Tchécoslovaques. En comparaison, le style de la Hongrie voisine est qualifié de « savant » et celui de l'Argentine d'« acrobate »[92].
Par la suite, le football tchécoslovaque cultive, avec un certain succès, ce mélange de jeu court et précis et de qualité technique individuelle[2]. Malgré une certaine standardisation du football européen, cette ambition d'un style particulier, fidèle à des principes de jeu historiques, est toujours revendiquée dans les années 2000 par des formateurs tchèques, à l'exemple deDušan Fitzel[93].
Lorsqu'elle est créée en 1918, laTchécoslovaquie est de par sa nature même, multi-ethnique. Sa population est composée deTchèques, majoritaires, mais aussi d'Allemands des Sudètes, deSlovaques, deHongrois, deRuthènes, d'Ukrainiens et deRusses, dejuifs germanophones et d'autres minorités[note 5]. Le pouvoir, dominé par les Tchèques, s'oppose aux minorités sur leur part d'autonomie politique[95], notamment avec les Allemands au moment de la montée dunazisme. Ces tensions provoqueront la crise desSudètes, qui déclenche l'annexion de laTchéquie, Après laSeconde Guerre mondiale, sous le régime communiste, cette diversité ne concerne pratiquement plus que la cohabitation des Tchèques et des Slovaques[note 6].
Pour ce qui est du football, la sélection est au départ largement dominée par les Tchèques, et plus particulièrement par les clubs dePrague, où la pratique du football est ancrée de longue date. Parmi les dix joueurs comptant le plus de sélections, sept sont Tchèques (Zdeněk Nehoda,Ladislav Novák,František Plánička,Josef Masopust,Ivo Viktor,Antonín Puč etAntonín Panenka ; Masopust, né dans un village des Sudètes au milieu d'Allemands, assiste en témoin à la montée des tensions entre les deux communautés dans les années 1930[97]), et trois sont Slovaques (Marián Masný,Karol Dobiaš,Ján Popluhár[98]). L'attaquantAdolf Scherer, né en 1938, est Slovaque, même s'il se sent aussi Français, du fait de son émigration en 1973 dans ce pays[99]. Vers lesannées 1970, les Slovaques sont plus nombreux et représentent deux tiers de la sélection tchécoslovaque, mais les Tchèques inversent la tendance dans lesannées 1990[100]. Les Tchèques étant plus nombreux et plus compétitifs que les Slovaques en 1993, lors de la partition du pays, les résultats immédiats de laTchéquie sont bien meilleurs que ceux de laSlovaquie[100].
Le TchèqueVladimír Šmicer explique qu'il se sent toujours tchécoslovaque et qu'il« considère toujours les Slovaques comme [ses] amis, [ses] frères »[101]. Le joueur, qui a évolué avec les deux sélections, déclare que« sans cette séparation, on aurait eu une superbe équipe », et pense même que la Tchécoslovaquie aurait gagné l'Euro 1996, dans lequel la Tchéquie termine finaliste[101]. Le SlovaqueAlexander Vencel déclare en 1993, lors de la partition du pays, qu'« humainement, il n’y avait pas de séparation entre les Tchèques et les Slovaques. »[100].
Si la précédente sélection de ce territoire, laBohême et Moravie, peine à établir sa légitimité, la sélection tchécoslovaque et ses championnats convainquent rapidement avec des affluences moyennes de 30 000 spectateurs lors de matchs à enjeux[2].
La population tchécoslovaque est très proche de sa sélection nationale et lui sert de soutien : en 1934, après la finale perdue en Coupe du monde, les joueurs tchécoslovaques rentrent chez eux en héros[21]. Mais le nazisme qui fait sa montée dans cette période crée des divisions en Tchécoslovaquie et en Europe centrale[2]. Finalement, après la fin du conflit, le pays bascule rapidement sous un régime communiste, créant de nombreux changements dans le football tchécoslovaque[2]. LeDukla Prague, très proche du régime en place, est sacré à de nombreuses repriseschampion national : toutefois, à cause de ses contacts très proches avec le gouvernement, le club est assez impopulaire malgré ses succès sportifs[2]. De plus, l'ère de la Tchécoslovaquie communiste voit une montée en puissance des clubs slovaques, qui créent une certaine tension, aussi bien en championnat, qu'en équipe nationale[2].
Malgré tout, la sélection nationale est toujours soutenue par la population, et par les autorités qui voient en la sélection, un moyen de propagande idéal[2]. Dans lesannées 1990, les autorités privatisent les clubs tchécoslovaques, dans le mouvement de laPerestroïka, ce qui crée une forte baisse du niveau de la sélection[2]. Ladissolution de la Tchécoslovaquie intervient finalement le, brisant la sélection en deux sélections distinctes[79].
Sur les 499 matchs officiels disputés par l'équipe de Tchécoslovaquie, 204 ont lieu à domicile : 136 se déroulent àPrague, la capitale tchèque, 37 àBratislava, son homologue slovaque, treize àBrno, la capitale de laMoravie, six àKošice, deuxième ville de Slovaquie, autant àOstrava (Vítkovice), enfin deux àNitra, deux àOlomouc, un àPlzeň et un àTrnava.
ÀPrague, la sélection évolue préférentiellement austade Letná, l'enceinte duSparta Prague, qui compte dans les années 1970 et 1980 environ 35 000 places : elle y dispute 78 matchs, de son ouverture en 1921 à 1989[102]. Le dernier match accueilli en voit une nette victoire des Tchécoslovaques sur les Suisses (3-0) dans lacourse à la Coupe du monde 1990, devant 34 000 spectateurs[103]. Mais elle utilise aussi leStadion Slavii de 1923 à 1934[104], ou encore le gigantesquestade de Strahov, un des plus vastes complexes sportifs au monde, qui accueille 29 matchs de la sélection entre 1927 à 1965, et trois derniers en 1991-1992[105].
Après laSeconde Guerre mondiale, la sélection commence à jouer en dehors de la capitale. Elle évolue notamment régulièrement àBratislava, la capitale slovaque, dans leTehelné pole, résidence duSlovan Bratislava construite par laRépublique slovaque pendant la guerre. D'une capacité initiale de 25 000 places, il est progressivement agrandi jusqu'à pouvoir rassembler le double de spectateurs[106]. Il accueille 37 matchs entre 1948 et 1992[107], dont une victoire de prestige sur leBrésil en 1968 (3-2) ou le succès décisif sur l'Angleterre (2-1) dans la course à l'Euro 1976. Le dernier match d'importance à s'y dérouler est la réception de laFrance en septembre 1991 lors desqualifications pour l'Euro 1992, devant 41 à 48 000 spectateurs[108].
Les autres villes d'accueil du pays sont visitées postérieurement, notammentOstrava etBrno à partir de 1949 et 1955 respectivement. ÀKošice, le grandVšešportový areál est inauguré en1976 avec la réception de l'Union soviétique devant 40 000 spectateurs[109].
Le sélectionneurJozef Marko et ses joueurs en 1966.
Entre trente-cinq et quarante techniciens ont exercé la fonction de sélectionneur de l’équipe nationale de Tchécoslovaquie entre1920 et1993. À l'exception de l'ÉcossaisJohn William Madden, entraîneur duSlavia Prague, entraîneur de laBohême et Moravie en 1911[110] et membre du comité de sélection lors desJeux olympiques de 1920, tous sont Tchécoslovaques[111],[112]. Emblématique entraîneur du Slavia Prague, Madden est considéré comme l'un des inspirateurs du style de jeu tchécoslovaque, et plus largement « danubien », basé sur un jeu de passes courtes et précises pratiqué par des joueurs dotés d'excellentes qualités techniques[90].
Peu de ces entraîneurs ont effectué de longs mandats.Václav Ježek est le sélectionneur ayant passé le plus de temps consécutivement à la tête de la sélection ; lors de son premier mandat, long de six ans de1972 à1978, il remporte lechampionnat d'Europe de1976, le principal titre au palmarès de la sélection[113]. Entraîneur emblématique du Sparta Prague, Ježek accepte d'accompagner Vengloš, son ancien adjoint, en 1988-1990 et termine sa carrière d'entraîneur à la tête de l'éphémère équipe de la « Représentation des Tchèques et des Slovaques » en 1993. Il est élu en 2001 meilleur entraîneur tchèque duXXe siècle[114].
Lors des deux finales de Coupe du monde de1934 et1962, la sélection est dirigée respectivement parKarel Petrů etRudolf Vytlačil. Ce dernier parvient également à mener les Tchécoslovaques à la troisième place de l'Euro 1960 et remporte avec la sélection olympique la médaille d'argent auxJeux olympiques de 1964.
Le technicien qui détient le record du nombre de matchs sur le banc de la sélection estJozef Vengloš avec 74 rencontres, de 1978 à 1982 puis de 1988 à 1990. Vengloš est en 1990 le premier entraîneur non-britannique à être embauché par un club du championnat anglais[115]. Il devance Václav Ježek (60 matchs de 1972 à 1978 puis en 1993), dont Vengloš a été longtemps l'adjoint, Rudolf Vytlačil (36 matchs entre 1959 et 1963) etJozef Marko (33 matchs entre 1965 et 1970)[111]. Vengloš est nommé en 2001 meilleur entraîneur slovaque duXXe siècle[116].
Il peut arriver que certains joueurs emblématiques prennent en charge la sélection nationale, bien après leur retraite de joueur. Ainsi,Ladislav Novák (1971 à 1972) etJosef Masopust (1984-1987) sont nommés sélectionneurs, mais sont licenciés en raison de mauvais résultats (Masopust n'arrive pas à qualifier les siens pour l'Euro 1988)[117].
Liste complète des sélectionneurs de l'équipe de Tchécoslovaquie[111],[112]
Nom
Du
Au
Commission technique(dirigée parJake Madden etJosef Fanta en 1920, Adolf Žabokrtský et Karel Kalina en)
Les observateurs s'accordent généralement à considérer que le plus grand joueur tchécoslovaque de l'histoire estJosef Masopust. Occupant lemilieu de terrain, il est un joueur exceptionnellement complet, capable de défendre, de passer et de dribbler avec une efficacité égale[118],[119]. En 1960, il contribue largement à la victoire sur laFrance, à Marseille, lors du match pour la troisième place dupremier championnat d'Europe. Deux ans plus tard, il conduit sa sélection en finale de laCoupe du monde, où il ouvre le score face auBrésil, tenant du titre et futur vainqueur. En fin d'année, il obtient leBallon d'or[120]. Celui que l'on surnommait le« chevalier tchécoslovaque » est nommé par la Fédération tchèque en 2004 comme lemeilleur joueur des cinquante années passées[121], et est choisi la même année parPelé dans la listeFIFA 100. LaFIFA le nommejoueur de légende du football tchécoslovaque, seul nom de cette liste[122].
Le capitaine des Tchécoslovaques lors de laCoupe du monde 1934 (et la suivante) est son fameux gardien de but,František Plánička. Ce dernier brille par son courage et ses exploits sur sa ligne de but, malgré une taille très modeste pour son poste (1,72 m)[123].Oldřich Nejedlý est le meilleur buteur du tournoi en 1934 avec cinq buts en quatre matchs[124]. Outre Plánička et Nejedlý, l'UEFA cite l'ailierAntonín Puč, le meilleur buteur de l'histoire de la sélection, comme un des acteurs majeurs de cette aventure[1].Josef Silný marque aussi la sélection avec 28 buts en 50 sélections entre 1925 et 1934 : son dernier but est marqué lors de la Coupe du monde de 1934 et il arrête sa carrière sur sa première participation à une Coupe du monde[125].
L'attaquantJosef Bican est considéré comme l'un des buteurs les plus prolifiques de l'histoire (avec plus de 800 buts[126]), même s'il n'en compte que douze en quatorze sélections avec la Tchécoslovaquie entre 1938 et 1949.
Parmi les coéquipiers de Masopust finalistes de la Coupe du monde 1962,Viliam Schrojf brille au point d'être nommé meilleur gardien de but du tournoi[127].Ján Popluhár, patron de la défense d'une grande élégance, sera lui nommé en 2004meilleur joueur slovaque des cinquante dernières années par sa fédération[128]. Il est épaulé en défense parLadislav Novák, l’inoxydable capitaine de la sélection, etSvatopluk Pluskal[1]. L'attaquantAdolf Scherer marque 22 buts en 36 matchs internationaux et en inscrit trois lors de la Coupe du monde de 1962[99]. Finaliste de cette édition, il arrête sa carrière en 1964, terminant parmi les meilleurs buteurs du pays[99].
Viktor, en étant classé troisième duBallon d'or 1976, est le seul joueur tchécoslovaque avec Masopust à être apparu sur le podium du trophée. Panenka, quant à lui, doit sa célébrité à la technique particulière de tirer lespenaltys qu'il popularise en la tentant en finale alors qu'il est le dernier tireur de la séance de tirs au but : tout d'abord connu comme le« penalty tchèque »[63], ce geste est aujourd'hui connu comme la « Panenka »[63].
Tomáš Skuhravý est l'un des derniers grands joueurs de la sélection tchécoslovaque. Connaissant sa première sélection en 1985, il joue laCoupe du monde 1990, la dernière du pays encore unifié[130]. En 1993, il joue le dernier match de la sélection avant sa dissolution et joue de 1994 à 1995 avec laTchéquie[131].
L'attaquantZdeněk Nehoda, avec 90 sélections entre 1971 et 1987, détient le record du nombre de sélections en équipe de Tchécoslovaquie[132],[133].Antonín Puč, avec 34 buts en 60 sélections entre 1926 et 1938, est lui le meilleur buteur de l'histoire de la sélection[134],[note 7].
Pour ce qui est du capitanat,Ladislav Novák est le joueur ayant porté le plus de fois le brassard (71), devantKarel Pešek (44), pilier de la sélection dans les années 1920, etFrantišek Plánička (37)[137].
Les sélections les plus fréquemment affrontées par la Tchécoslovaquie sont laHongrie (39 matchs, pour 10 victoires et 19 défaites) et l'Autriche (36 matchs, pour 17 victoires et 8 défaites). Cette fréquence s'explique par la proximité des pays, qui facilite l'organisation des rencontres amicales, et la participation conjointe aux différentes éditions de laCoupe internationale européenne. Suivent par ordre décroissant laYougoslavie (30 matchs), laRoumanie (29), laSuisse (27) et l'Italie (26), deux concurrents réguliers en Coupe internationale, puis laFrance (20), laPologne (19) et leBrésil (17).
Le Brésil est la sélection que la Tchécoslovaquie a le plus fréquemment rencontrée enCoupe du monde, à cinq reprises, pour trois victoires brésiliennes et deux matchs nuls. Elles se sont notamment disputées lafinale de 1962 et un quart de finale en1938 (joué en deux fois)[10].
Carte des équipes rencontrées par la Tchécoslovaquie. Nombre de matchs disputés contre l'équipe de Tchécoslovaquie de football :
Les deux victoires les plus larges enregistrées par la Tchécoslovaquie, sur le score de sept buts à zéro, le sont contre le même adversaire, laYougoslavie. Elles se déroulent le dans le cadre deJeux olympiques à Anvers, puis le en match amical àPrague[10]. Lors de la4e édition de laCoupe internationale, le, les Tchécoslovaques concèdent la plus large défaite de l’histoire de la sélection contre laHongrie sur le score de huit buts à trois, àBudapest[10].
Jusqu'en2002, le record du but le plus rapide de la Coupe du monde était détenu par la Tchécoslovaquie. Ce dernier avait été marqué parVáclav Mašek après quinze secondes de jeu, lors du match contre leMexique du disputé pour le compte du premier tour de laCoupe du monde au Chili[142]. Ce record est battu quarante ans plus tard lors du matchpour la troisième place, avec un but duTurcHakan Şükür face à laCorée du Sud, marqué onze secondes après le coup d'envoi.
La Tchécoslovaquie est la seule sélection nationale ayant remporté chacune de ses séances detirs au but, sans jamais en manquer un seul[143].
Le joueur le plus jeune de la sélection est l'ailierAntonín Puč (19 ans et 43 jours), sélectionné pour la première fois lors du match contre laYougoslavie en1926[144]. Le joueur le plus vieux est le gardien de butIvo Viktor, qui joue son dernier match en1977, à l'âge de 35 ans et 172 jours[145].
La plus grande affluence d'un match de la sélection tchécoslovaque est atteinte en1956 austade Maracanã face auBrésil lors d'un match amical, qui se termine par une victoire 1-0 des Tchécoslovaques devant 130 000 spectateurs[146]. À domicile, la plus grande affluence est enregistrée en1968 lors d'un match amical contre le Brésil également, qui rassemble 60 000 spectateurs auTehelné pole deBratislava[146].
La dernière année de son existence réelle (1993), l'équipe de Tchécoslovaquie est officiellement renommée « Représentation des Tchèques et des Slovaques » (RTS)[147]. Elle figure pendant quelques mois dans leclassement FIFA, créé au cours de la même année, en 1993. C'est l'équipe de Tchéquie qui lui succèdera directement dans ce classement.
Classement FIFA de l'équipe de Représentation des Tchèques et des Slovaques[148]
↑Dans le groupe 5 destours préliminaires à la Coupe du monde de football 1934, laPologne et la Tchécoslovaquie se rencontrent en matchs aller-retour. Le match aller voit la victoire de la Tchécoslovaquie en Pologne, àVarsovie (2-1). En raison d'un différend à propos de la frontière entre la Pologne et la Tchécoslovaquie, le gouvernement polonais n'autorise pas son équipe nationale à quitter le territoire, qui doit déclarer forfait pour le match retour en Tchécoslovaquie.
↑Le Dynamo est le système majeur de clubs sportifs de l'URSS, ou de ses territoires sous influence. Le Dynamo est constitué de personnes des forces armées et des volontaires. Ce nom n'est ainsi pas réservé qu'au football, car 45 sports ont vu des clubs adopter ce nom.
↑la photo utilisée comme source est en noir et blanc. Néanmoins, étant donné que le drapeau utilisé alors par la Tchécoslovaquie est celui de la Bohême, blanc et rouge, il est probable que ces rayures soient rouges, mais aucune source ne confirme ce point.
↑Toutes les rencontres disputées par la sélection ne sont pas considérées comme officielles. C'est notamment le cas des quatre victoires lors desJeux interalliés de 1919, des deux matchs du tournoi de Maspalomas de 1988[141], ainsi que de la victoire aux tirs au but sur la Yougoslavie lors du tournoi duVal d'Aoste en 1991[10]. Par ailleurs, deux des 499 matchs considérés comme officiels par la RSSSF ne sont à priori pas reconnus par la FIFA, car ils concernent les tournois olympiques postérieurs à 1960 : il s'agit d'une double confrontation avec l'Allemagne de l'Est qualificative pour lesJeux olympiques de 1976.
La version du 2 juin 2015 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.