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Épistémologie évolutionniste

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L’épistémologie évolutionniste est la tentative d'appliquer lathéorie de l'évolution, issue de labiologie et de laphilosophie naturelle, au champ des idées en général et plus particulièrement des hypothèses scientifiques. Ce type d'épistémologie, développé principalement parKonrad Lorenz[1],Karl Popper etStephen Toulmin chacun à sa manière, cherche à dépasser l'opposition traditionnelle entre lerationalisme et l'empirisme. Il tend à faire de l'épistémologie une « province des sciences »[2] et non plus une discipline « au-dessus » des sciences.

Le philosopheKarl Popper, l'un des principaux théoriciens de l'épistémologie évolutionniste.

L'hypothèse d'un processus évolutionniste ou « évolutionnaire » des sciences a été critiquée par deux disciples deKarl Popper,Thomas S. Kuhn etPaul Feyerabend, qui lui préfèrent respectivement les processus « révolutionnaire »[3] et « anarchiste »[4].

Concept et histoire

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Précurseurs

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William James, s'inspirant de la philosophie évolutionniste d'Herbert Spencer, tente d'appliquer lathéorie de l'évolution à l'épistémologie dansLe pragmatisme (1907). Stéphane Madelrieux explique que, pour James, l'esprit est actif : « chaque nouveau concept est comme une illumination spontanée chez un individu »[5]. Ce stade correspond à l'apparition aléatoire des caractères/concepts dans la théoriedarwinienne. Le stade suivant est l'expérimentation, qui correspond à la sélection naturelle : « l'expérience [...] se contente d'adopter ou de rejeter le concept proposé ». En somme, l'environnement ne produit pas les concepts (comme le pensent les théoriciensempiristes qui font des impressions sensibles la source unique de la connaissance), il joue un rôle sélectif : il invalide les concepts ou bien les préserve s'ils sont adaptés. Ici, « adapté » signifie « qui permet à l'esprit humain de se diriger dans le monde ». Le concept doit fonctionner comme un guide pour l'action pour ne pas être considéré comme faux.

La version de Karl Popper

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Réfutation de l'inductivisme

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L'un des principaux initiateurs de l'épistémologie évolutionniste est le philosophe et épistémologueKarl Popper. Il s'agit d'une tentative d'appliquer lathéorie de l'évolution au progrès scientifique. Popper caractérise ce progrès comme une « théorie des essais et de l'élimination de l'erreur » dansLa Quête inachevée[6] (1976) : cela veut dire que les hypothèses sont construites par les scientifiques, comme des conjectures sur le réel, et qu'ensuite elles sont éliminées si l'expérimentation les contredit. Popper oppose la démarche hypothético-déductive en sciences à l'inductivisme ; lasélection naturelle à l'instruction par répétition ; l'élimination critique de l'erreur à la justification ; c'est-à-dire ledarwinisme aulamarckisme. C'est donc une épistémologie anti-téléologique.

Caractèrea priori des idées

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Un des aspects principaux de l'épistémologie évolutionniste poppérienne est l'apriorisme : les théories inventées par les chercheurs précèdent systématiquement les faits, et sont éliminées après invalidation par lalogique ou par l'expérience. Ainsi,Karl Popper élargit l'apriorisme d'Emmanuel Kant et affirme dansUn Univers de propensions (1990) que« 99 % des hypothèses sont innées »[7], c'est-à-dire précontenues dans l'organisme. L'expérience sensorielle ne fournit pas les théories, ce sont les raisonnements humains qui les inventent ; la nature dit ensuite si oui ou non la théorie fonctionne. En ce sens, l'épistémologie évolutionniste est à l'opposé de l'épistémologieempiriste, pour laquelle c'est l'expérience qui fournit la connaissance, cette dernière étant toujoursa posteriori.On l'appelle aussi « réfutationnisme » ou « faillibilisme ».

Programme de recherche métaphysique

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L'évolutionnisme épistémologique, chez Popper, est une applicationmétaphysique ou spéculative de lathéorie de l'évolution exposée jadis par le naturalisteCharles Darwin[6]. Là où l'évolution concernait, dans labiologie, les caractères organiques, l'interprétation évolutionniste de lascience ajoute que les hypothèses (et plus généralement tout ce qui appartient au monde des idées) sont également soumises aux lois de l'évolution (apparition aléatoire de nouveaux caractères et sélection naturelle). Cela veut dire que les idées apparaissent aléatoirement chez les individus qui les inventent, et qu'ensuite celles qui sont inopérantes sont réfutées par l'expérimentation. Les idées non réfutées sont sauvegardées par lascience jusqu'à ce que des faits nouveaux viennent les réfuter et d'autres idées les remplacent.

L'apport de Quine : la naturalisation de l'épistémologie

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Article connexe :épistémologie#Quine et l'« épistémologie naturalisée ».

L'application du modèle de l'évolution à l'épistémologie est une tentative de « naturaliser » cette dernière, au sens où l'épistémologie ne se comprend plus alors comme une méta-science, comme un discours sur les sciences qui se tient au-delà ou en deçà des sciences : l'épistémologie est conditionnée par l'évolution naturelle des idées scientifiques, elle devient une province de l'édifice des sciences et non ce qui trône au-dessus de lui[8]. L'épistémologie n'est plus ce qui fonde les sciences, mais une discipline qui en expose les présupposés et qui les critique,tout en se laissant critiquer par les sciences en retour. L'épistémologie n'est plus la « reine » des sciences, contrairement à ce que pensaient lesrationalistesPlaton (dialectique),Descartes (philosophie première),Kant (philosophietranscendantale) ouHusserl (phénoménologie). L'épistémologie évolutionniste s'oppose donc à l'épistémologie subjectiviste, qui défend l'idée d'un sujet connaissant (res cogitans, « moi transcendantal ») indépendant du monde qu'il connaît[9].

La version de Stephen Toulmin

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Article connexe :Stephen Toulmin#Philosophie des sciences.

Le philosophe anglaisStephen Toulmin, disciple deLudwig Wittgenstein, développe lui aussi un modèle évolutionniste (ouévolutionnaire, de l'anglaisevolutionary) d'épistémologie dansHuman Understanding (1972), en réponse au modèle desparadigmes et des révolutions deThomas Samuel Kuhn (La Structure des révolutions scientifiques, 1962).

Toulmin défend ainsi la thèse de l'historicité des raisonnements : ces derniers ne reposent pas sur des idées absolues comme le croyaitPlaton. Il critique aussi le supposérelativisme deThomas Samuel Kuhn, cherchant un moyen terme entre Platon et Kuhn.[réf. nécessaire]

La mémétique

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Article détaillé :Mémétique.

De manière analogue, lamémétique applique le schémadarwinien de l'évolution aux cultures (sociétés,religions,sciences...). L'un de ses principaux défenseurs et théoriciens estRichard Dawkins.

Notes et références

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  1. Épistémologie évolutionniste.
  2. Willard van Orman Quine,Word and Object, 1960, trad. fr.Le Mot et la Chose, 1999, Champs-Flammarion. Quine parle de « naturalisation » de lalogique, qui ne serait plus une « philosophie première » ou un point de vue « angélique » sur le monde.
  3. Philosophie des sciences, tome II : « Naturalismes et réalismes », textes réunis parS. Laugier et P. Wagner, Vrin (Textes clés de philosophie des sciences), 2004, p. 275 : « elle [laStructure des révolutions scientifiques] rompt [...] avec la méthodologie du falsificationnisme, qui se proposait d'apporter une réponse au problème de la démarcation entre la science et la non-science (Popper). »
  4. Paul Feyerabend,Adieu la raison, ch. 6 : « La banalisation du savoir : notes sur les voyages philosophiques de Popper », Seuil (Points Sciences), 1989.
  5. Note de S. Madelrieux qui explique le lien entre ledarwinisme et lepragmatisme de James, dansWilliam James,Le pragmatisme, Champs-Flammarion, 2007, p. 325, note 10.
  6. a etbKarl Popper,La Quête inachevée, Pocket, 1989, p. 237.
  7. Karl Popper,Un Univers de propensions, L'Éclat, 1992,p. 72.
  8. Philosophie des sciences, tome II : « Naturalismes et réalismes », textes réunis parS. Laugier et P. Wagner, Vrin (Textes clés de philosophie des sciences), 2004, p. 31 : « Le naturalisme de Quine est clairement évolutionniste : notre science, comme notre langage, est un instrument d'adaptation, et à ce titre elle doit évoluer et se transformer. Nos conceptualisations actuelles ne sont qu'un moment d'une évolution sur laquelle nous ne pouvons agir que de manière limitée, et dont nous ne percevons les causes que rétrospectivement. »
  9. Karl Popper,La Connaissance objective, III : « Une épistémologie sans sujet connaissant », Champs-Flammarion, 1991.

Bibliographie

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Voir aussi

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Liens internes

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