enarabe : لا إله إلا الله، محمد رسول الله (lā ʾilāha ʾillà l-Lāh, Muḥammadun rasūlu l-Lāh, « Il n'est point de divinité si ce n'estAllah,Muhammad est le messager d'Allah »), qui constitue lachahada
L'émirat islamique d'Afghanistan (enpachto :د افغانستان اسلامي اماراتDə Afghānistān Islāmi Imārat) est le nom d’unrégime politique enAfghanistan. Il est fondé entre 1996 et 1997 par lestalibans, et prend fin avec leur chute en 2001. Il est rétabli en août 2021, à l'issue d’uneoffensive commencée après l’annonce du retrait des troupes américaines de laguerre d'Afghanistan.
À l'international, le gouvernement taliban n'est reconnu que par la Russie, depuis juillet 2025.
Les talibans initient leur règne en Afghanistan après leretrait soviétique en 1990. Ils démarrèrent en tant que mouvement politico-religieuxfondamentaliste islamique composé d'étudiants dans leHelmand et la région deKandahar en Afghanistan. Issus principalement de l'ethniePachtounes, les talibans mélangent le code tribal duPachtounwali avec l'enseignement de l'islamDeobandi afin de former une idéologie fondamentaliste islamique hautement restrictive, anti-occidentale et anti-moderne avec laquelle ils dirigèrent le pays[3],[4].
Partant deKandahar, les talibans finissent par prendreKaboul le et établissent un gouvernement provisoire dirigé parMohammad Rabbani. Le régime prend le nom officiel d'émirat islamique le. À la fin de l'année 2000, les talibans exercent leur autorité sur 90 % du territoire afghan, le reste étant contrôlé par l'opposition (Alliance du Nord) dont le bastion se situe dans la province deBadakhchan. Les talibans imposent la législation islamique (charia) dans les territoires sous leur contrôle et soutiennent divers groupes deMoudjahid, notammentAl-Qaïda etOussama ben Laden.
Les talibans se rendirent par ailleurs coupables de violations desdroits de l'homme, particulièrement en ce qui concerne letraitement des femmes, lesquelles étaient interdites de travailler, de fréquenter l'enseignement public et universitaire. Lescommunistes afghans étaient systématiquement exécutés et les voleurs punis par l'amputation d'une de leurs mains ou de leurs pieds. Toutefois, les talibans parvinrent à éradiquer presque totalement la production d'opium du pays, bien que celle-ci eût repris après l'invasion américaine du pays en 2001[5].
En raison du traitement réservé à la minorité chiite, les relations entre l'émirat et l'Iran se détériorèrent, les Iraniens préférant soutenir l'Alliance du Nord. En 1998, les talibans s'emparent du consulat iranien deMazari Sharif et exécutent son personnel diplomatique. À la suite de cet incident, l'Iran prévoyait d'envahir le pays, mais leConseil de sécurité de l'ONU et lesÉtats-Unis s'y opposèrent.
Lestalibans annoncent le la reformation de l'Émirat islamique, après avoir repris le contrôle du pays au cours d'uneoffensive armée. Ils indiquent que les structures de gouvernance restent à déterminer, mais que toute idée démocratique est exclue, l'unique base du régime étant censée être la loi islamique (charia)[6],[7].
Le, le ministre de la JusticeAbdul Hakim Ishaqzai(en) annonce, au cours d'une réunion avec l'ambassadeur chinoisWang Yu(zh), que le régime adopte à titre provisoire laConstitution de 1964(en) (en partie inspirée du modèle constitutionnel français[8]), tout en excluant d'en appliquer« les contenus qui pourraient être en contradiction avec la loi islamique et les principes de l'Émirat islamique »[9],[10].
L'objectif de l'Émirat islamique d'Afghanistan au cours de la période 1996 à 2001 était de rendre l'ordre d'Abdur Rahman Khan (l'« émir de fer ») par le rétablissement d'un État à dominancepachtoune dans les régions du nord[11]. Les talibans ont cherché à établir un gouvernement islamique par la loi et l'ordre parallèlement à une interprétation stricte de la loi islamique, conformément à l'école Hanafi dejurisprudence islamique et aux conseils religieux dumollah Omar, sur l'ensemble du territoire afghan[12]. En 1998, les talibans contrôlaient 90 % de l'Afghanistan selon leur interprétation de lacharia[13].
La principale raison du manque dereconnaissance diplomatique de l'Émirat est due à son irrespect dudroit international. Le premier acte commis par les talibans au pouvoir fut en effet d'arrêter, de torturer et d'assassiner l'ancien président afghan,Mohammad Najibullah, agissant clairement en violation du droit international, Nadjibullah s'étant réfugié dans un bâtiment de l'ONU lors de la chute de Kaboul en 1992. Sa dépouille sera laissée gisante près d'un lampadaire à l'extérieur dupalais présidentiel de Kaboul pendant environ deux jours.
LaChine ne reconnaît pas officiellement le régime mais se déclare prête à des relations amicales[16]. LeRoyaume-Uni appelle les autres États à ne pas reconnaître le régime[17]. Le Canada dit qu'il est « trop tôt » pour statuer sur une éventuelle reconnaissance[18]. La Russie déclare qu'elle décidera sur une reconnaissance diplomatique du régime après une rencontre entre l'ambassadeur russe à Kaboul et les autorités afghanes le[19]. Elle reconnaît finalement le régime le 3 juillet 2025, devenant le premier pays au monde à le faire[20].
Le, un comité de sanctions desNations unies retire cinq anciens officiels talibans de cette liste, dans un geste favorisé par le président afghanHamid Karzai. La décision signifie que ces cinq personnes ne seront plus sujets à unembargo sur les armes et à un gel des avoirs. Les cinq hommes, tous des membres haut placés du gouvernement taliban, sont :
Wakil Ahmad Muttawakil(en), ancien directeur de l'Information et de la Culture; ancien ministre des Affaires étrangères ;
Les talibans mettent en place un système debarrages routiers et d'imposition dans les territoires conquis[22]. Ces taxes sur les produits représentent plus de trois milliards de dollars par an. Avec l'impôt islamique, ils prélèvent 2,5 % des revenus de chaque foyer et 10% des récoltes[23]. Ils contrôlent aussi les grandes routes commerciales au cœur de l'Asie centrale, vers le Pakistan, l'Iran[24].
Ils bénéficient également de financements étrangers. Selon l'Otan, les dons en liquide provenant de partis politiques pakistanais et de riches donateurs privés depays du Golfe représenteraient environ un milliard et demi de dollars par an[25],[22].
À partir du mois d'août 2021 et la reprise du contrôle du pays, les flux financiers internationaux s'assèchent. LeFonds monétaire international (FMI) suspend ses versements. Les autorités américaines, qui contrôlent les réserves de la banque centrale afghane (DAB) évaluées à 9 milliards d'euros bloquent les transferts de dollars hebdomadaires[26]. L’aide internationale, qui représente 42 % duproduit intérieur brut, est pour l’essentiel suspendue[22].
Les talibans peuvent tout de même compter sur lesdroits de douane, les trois plus importantspostes frontières du pays pouvant rapporter jusqu'à 215 millions d'euros chacun par mois[23].
En, l'administration talibane en Afghanistan a annoncé avoir collecté plus de 270 millions de dollars de revenus depuis son arrivée au pouvoir en août[27].
Le, le porte-parole du ministère des Finances de l'émirat islamique, Ahmed Wali Haqmal, a déclaré que le régime taliban travaillait sur un projet de budget annuel financé sans aide internationale, une première en 20 ans. L'aide internationale représentait plus de 40 % du PIB de l'ancien gouvernement soutenu par les États-Unis[28].
L'Émirat islamique d'Afghanistan peut compter sur la production de pavot pour se financer. Plus de 80 a 90 % de la production mondiale d'opium provient d'Afghanistan, plus particulièrement des provinces deKandahar,Helmand etKhost. Les talibans peuvent taxer la production et le commerce d'opium et de cannabis. Cela leur offre une source de revenu stable et lucratif. L'émirat islamique gagnerait entre 100 et 400 millions de dollars annuellement grâce à l'argent de la drogue[29],[30].
La culture de l'opium est une source majeure d'emplois en Afghanistan. En 2019, plus de 120 000 personnes en ont bénéficié. Les talibans prennent plus de 10 % de taxe auprès des cultivateurs et selon une étude, plus de 60% du budget annuel des talibans proviendrait de la drogue[31].
Malgré cela, l'un des porte-paroles de l'Émirat islamique d'Afghanistan, Abd Al-Qahar Balkhi a déclaré :« Nous avons éradiqué la culture du pavot sous notre précédent régime et nous déclarons que nous n'autoriserons pas la culture, la production ou le commerce de drogues illicites[32]. »
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Le 30 août 2021, Amin-ul-Haqq, un haut cadre d'Al-Qaïda, retourne dans la province deNangarhar. Plusieurs talibans et de nombreux civils viennent à sa rencontre[33].
Selon un rapport de l'ONU publié en, la prise du pouvoir par lestalibans a renforcé Al-Qaïda, qui depuis jouit d'une plus grande liberté de mouvement et de recrutement. Les forces d'Al-Qaïda sont estimées entre 200 et 400 membres. La direction d'Al-Qaida a choisi de rester discrète en Afghanistan pour ne pas entraver les efforts de l'Émirat islamique d'Afghanistan pour être reconnu internationalement[34].
↑Eric Albert et Ghazal Golshiri, « Les talibans font face à l’assèchement des flux financiers internationaux »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)