Pour les articles homonymes, voirPouget.
| Secrétaire adjoint(en) Confédération générale du travail | |
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| Rédacteur en chef Le Père Peinard | |
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| A travaillé pour | La Voix du peuple(à partir de) Le Père Peinard(- La Guerre sociale |
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Émile Pouget, né àPont-de-Salars[1] le et mort àPalaiseau le[2], est unmilitantanarchiste,antimilitariste etsyndicaliste révolutionnairefrançais[3]. Son journal emblématique,Le Père Peinard, se distingue des publications anarchistes et de presse précédentes par l'utilisation du langage populaire et de l'argot. Pouget invente notamment le terme desabotage comme approche tactique, un concept que laConfédération générale du travail (CGT) adopte plus tard lors de son Congrès de Toulouse en 1897. La combinaison par Pouget de la théorie politique anarchiste et des tactiques du syndicalisme révolutionnaire amène plusieurs auteurs à l'identifier comme un précurseur de l'anarcho-syndicalisme.
Initié aux idées révolutionnaires par l'engagement de son beau-père dans le journalisme politique, Pouget émerge comme une figure marquante du mouvement anarchiste. En 1883, Pouget etLouise Michel sont emprisonnés après avoir lamanifestation du 9 mars 1883, où ledrapeau noir anarchiste, devenu emblématique, aurait été hissé pour la première fois. La promulgation deslois scélérates, qui visent à réprimer les activités anarchistes, force Pouget à s'exiler à Londres de 1894 à 1895. Là, il côtoie d'autres militants anarchistes commeErrico Malatesta, ainsi que le mouvement syndical britannique, ce qui inspire ses contributions au syndicalisme révolutionnaire.
De retour en France, Pouget reprend ses activités politiques : il lance le journalLa Sociale en 1895 et collabore étroitement avecFernand Pelloutier pour promouvoir les idées du syndicalisme révolutionnaire au sein du mouvement ouvrier français. Dès 1902, il fait partie intégrante de la faction révolutionnaire au sein de la direction de la CGT. Il est arrêté avec d'autres dirigeants de la CGT en 1908 à la suite des violentes grèves de Draveil et de Villeneuve-Saint-Georges. Après sa libération, Pouget commence à prendre ses distances avec l'activisme, une tendance qui s'accélère après l'effondrement de son dernier journal,La Révolution, en 1909. Il vit ensuite tranquillement en banlieue parisienne jusqu'à sa mort en 1931.

Fils de Jean Joseph Louis Pouget, notaire, et de Marie Clémentine Boissonnade, Jean Joseph Émile Pouget s’investit très tôt dans le mouvement ouvrier. Son père étant décédé, sa mère se remarie avec un employé des ponts et chausséesrépublicain et va résider àSalles-la-Source. Marqué à jamais par leprocès des Communards de Narbonne qui se tient àRodez, il affûte sa plume incisive et révoltée dès ses années lycéennes en fondant son premier journal,Le Lycéen républicain.
Dès1879, il participe à la création duSyndicat des employés du textile. En1881, il rejoint un groupe d'anarchistes français aucongrès international de Londres (en). Le, alors qu'il mène un cortège de « sans travail » desInvalides vers leboulevard Saint-Germain, troisboulangeries sont pillées. Il est arrêtéplace Maubert, alors qu'il tente de soustraireLouise Michel aux policiers. Il est ensuite condamné à huit ans de prison pour « pillage à main armée » et incarcéré entre1883 et1886 à la prison deMelun. Le catholiqueAlbert de Mun était également présent lors de ces manifestations, comme le rappelleraJean Jaurès lors d'un débat concernant leslois scélérates.

En 1879, il participe à la création du premier syndicat d’employés à Paris. À partir du, il édite un journal pamphlétaire,Le père Peinard. Dans cet hebdomadaire, il s’attache à éveiller les consciences ouvrières en dénonçant notamment l’illusion de la lutte politique. Il prône l’action directe et lagrève générale comme instruments de lutte préalables à la révolution. En1894, la répression des milieux anarchistes après l’assassinat du présidentSadi Carnot et la mise en place deslois scélérates l’obligent à émigrer enAngleterre. Il est amnistié en1895 et rentre alors en France.
Au milieu des années 1890, alors que les anarchistes, à la suite de l’ère des attentats, restent divisés sur la question de savoir s’il leur faut ou non entrer dans les syndicats, Émile Pouget milite activement en faveur de leur entrée. Il s’y investit pleinement lui-même, jouant un rôle de plus en plus important au sein de la jeuneConfédération générale du travail où il défend latendance révolutionnaire du syndicalisme contre les réformistes. Il y fait notamment adopter en 1897 le principe dusabotage comme moyen d’action sur le patronat, et les revendications sur lajournée de huit heures et lerepos hebdomadaire (congrès de Bourges de 1904). Il prend aussi en charge, à partir de 1900, le premier organe de presse de la CGT,La Voix du Peuple[5].
En 1906, il participe à la rédaction de la motion qui sera adoptée par la CGT lors du congrès d’Amiens, connue depuis sous le nom decharte d'Amiens. Cette adoption signe la victoire — provisoire — du syndicalisme révolutionnaire au sein de la Confédération en affirmant l’autonomie syndicale vis-à-vis des partis politiques et en se fixant comme perspective, outre l’obtention d’améliorations immédiates pour les travailleurs, leur émancipation intégrale par l’abolition dusalariat et l’expropriationcapitaliste.
Deux ans plus tard, il est arrêté avec 30 autres cadres cégétistes à la suite desgrèves de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges, et ne peut donc participer auCongrès de Marseille en, au cours duquel la confédération entérine une motionantimilitariste.
Il se marie, le 17 avril 1915 dans le18e arrondissement de Paris, avec Augustine Caroline Jamaux (1867-1937).
Après avoir tenté, en 1909, de lancer un grand quotidien syndicaliste révolutionnaire,La Révolution, qui cesse rapidement faute de moyens, Émile Pouget se retire du mouvement syndicaliste et meurt en 1931.Pierre Monatte,Maurice Chambelland etDaniel Guérin assistent à son enterrement àLozère[6].
Condamné au procès de 1883 aussi pour la publication et la diffusion d'une brochure contre l'armée, il participera plus tard au journalantimilitaristeLa Guerre sociale fondé parGustave Hervé en 1907[7].
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