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Né le[Note 1], Émile François Loubet est le fils cadet d'Augustin Loubet (1808-1882) et de Marie-Marguerite Nicolet (1812-1905), d'une famille de cultivateurs et d'édiles de la Drôme. Le père du futur président est maire deMarsanne pendant26 ans[2].
Il a un frère aîné, Joseph-Auguste (1837-1916), médecin, et une sœur, Félicie (morte en 1892). En 1851, il est élève du collège catholique deCrest. Les 5 et 6 décembre, il assiste des fenêtres de sa pension aux combats entre l’armée et les insurgés contestant lecoup d’État du 2 décembre 1851[3].
Le, à Montélimar, il épouseMarie-Louise Picard (1843-1925) qui lui donnera quatre enfants : Marguerite, Denis, Paul[4] et Philibert-Émile. Seule la postérité de Marguerite, les Soubeyran de Saint-Prix, subsiste.
Émile Loubet n'est ni issu de la grande bourgeoisie ni des couches défavorisées de la population. Les revenus de l'exploitation agricole familiale permettent aux deux garçons d'aller étudier d'abord àValence puis àParis. Alors que son frère s'inscrit à la faculté de médecine, Émile y étudie ledroit jusqu'à obtenir le son doctorat. Il s'inscrit au barreau de Montélimar en[5].
Après avoir été élu conseiller général deMontélimar le puis maire le (mandat qu'il garde jusqu'à son élection de Président de la République)[5], il est élu député de laDrôme le1876. Il siège à gauche de l'hémicycle de laChambre des députés à partir du[6].
Le, il fait partie des 363 députés qui votent la défiance au gouvernement d'ordre moral duduc de Broglie[5]. La Chambre est alors dissoute par le président de la République,le maréchal de Mac Mahon. Loubet, comme ses confrères, est sanctionné et perd (momentanément) sa charge de maire. Il demeure député jusqu’en, date à laquelle il est élu sénateur de la Drôme[6].
Émile Loubet fait la plus grande part de sa longue carrière politique auSénat. Il y est élu en et devient rapidement un acteur majeur de la gauche républicaine. À la Chambre haute, il s’inscrit au groupe de lagauche républicaine. Élu secrétaire en, il est rapporteur général du budget, à la commission des finances, lorsque, dans le premier ministère constitué après l’élection du président de la RépubliqueSadi Carnot, dans le cabinet dePierre Tirard, il est chargé du portefeuille des Travaux publics.
Il est de retour aupalais du Luxembourg en. Après avoir été un peu moins d’un an président du Conseil et ministre de l’Intérieur, Émile Loubet reprend son siège au Sénat et redevient président de la commission des Finances.
Il est appelé par le président Carnot à laprésidence du Conseil, responsabilité qu’il exerce de à. Reconduit comme ministre de l’Intérieur dans le cabinetRibot, lescandale de Panama dont il a tenté de freiner l'enquête en faisant pression sur le procureur général[7], conduit à son remplacement en.
La mort subite deFélix Faure conduit à l’organisation d'une élection présidentielle anticipée opposant le camp des antidreyfusards aux dreyfusards[réf. nécessaire]. Jusqu'ici, Félix Faure aurait appuyé les adversaires de la révision du procès deDreyfus. Deux candidats se dégagent rapidement : Émile Loubet etJules Méline, ce dernier étant antidreyfusard (il a notamment déclaré en 1897 qu’« il n'y a[vait] pas d'affaire Dreyfus »).
Loubet, qui n’a jamais exprimé d’avis sur l’affaire, s'impose comme le favori, alors qu’il a déjà été pressenti pour succéder àSadi Carnot en 1894. Sa non-compromission avec les antidreyfusards en fait le candidat des dreyfusards, notamment deGeorges Clemenceau. De nombreux républicains sont en outre hostiles à un candidat issu des rangsradicaux.
En apprenant la candidature du président du Sénat, Jules Méline retire la sienne. Émile Loubet est élu président de la République par le Congrès réuni à Versailles le, par 483 voix (soit 59,48 %), contre notamment 279 à Jules Méline (qui, malgré le retrait de sa candidature, obtient donc des voix).
Dans un contexte d'oppositions virulentes à la République (de la part des nationalistes et des royalistes) et de polémiques antireligieuses (de la part des radicaux et des socialistes), Émile Loubet tente l'apaisement en s'en tenant à ses pouvoirs constitutionnels limités. La présidence Loubet est l'une des plus stables de la Troisième République, avec seulement quatre présidents du Conseil nommés en sept ans :Charles Dupuy,Pierre Waldeck-Rousseau,Émile Combes etMaurice Rouvier.
Du point de vue des prérogatives présidentielles, le septennat d'Émile Loubet se passe dans le strict respect de la tradition de la Troisième République. Le président a un rôle de représentation officielle. Son autorité, réduite au minimum, ne s'exerce sur la politique intérieure de l'État que par influence, par persuasion et par conseil.
Le septennat d'Émile Loubet est le théâtre de décisions marquantes dans l'histoire de la République française : grâce du capitaineDreyfus, promulgation de laloi sur les associations et, surtout, de laloi du 9 sur laséparation des Églises et de l'État, définissant le cadre général de lalaïcité en France et imposée au Président par la majorité radicale et socialiste.
L’affaire des fiches, une importante opération de fichage réalisée dans un contexte d’accusations d'anti-républicanisme portées par la gauche à l'encontre des officiers, conduit en à la démission du ministre de la Guerre, legénéral André, puis à la chute dugouvernement Combes deux mois plus tard.
Carte postale pour la venue de Nicolas II en 1901.
C'est dans le cadre de la politique étrangère que le président Loubet est le plus impliqué. Il conseille le gouvernement et oriente, dans ses grandes lignes, cette politique.
Loubet améliore aussi les rapports tendus avec l'Italie, avec laquelle il signe en 1900 un accord reconnaissant les intérêts italiens enLibye en échange de la reconnaissance duprotectorat français sur leMaroc. En 1901, il reçoit la plus haute décoration italienne, l'ordre de l'Annonciade. En 1904, à la suite de la visite du roiVictor-Emmanuel III àParis, il effectue une visite d’État àRome : il s’agit de la première visite officielle en Italie d'un chef d’État catholique sans se rendre en premier au Vatican. En outre, cela revient à reconnaître Rome comme capitale de l’Italie, ce qui conduit le papePie X à émettre des critiques sur sa venue. Cette visite joue un rôle dans la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège quelques mois plus tard.
Le, il échappe à unattentat visant le roi d'EspagneAlphonse XIII, en visite à Paris[9]. Deux bombes à main sont lancées sur le cortège à l'angle de larue de Rohan et larue de Rivoli. Dix-sept personnes sont blessés, mais l'auteur ne fut jamais identifié[10].
Émile Loubet se retire ensuite de la vie politique.
Le, il meurt à 90 ans et 11 mois. Il reste le président français ayant vécu le plus longtemps jusqu’en 2017, lorsqu’il est dépassé parValéry Giscard d'Estaing. Il est aussi le deuxième président à avoir survécu le plus longtemps après la fin de son mandat, là aussi derrière Valéry Giscard d'Estaing.
L'association Émile-Loubet promeut la mémoire d'Émile Loubet et le patrimoine qui lui est lié[12].
Un ouvrage est publié par l'association Émile LoubetJournal Intime de la Présidence de la République - Emile Loubet - 1899/1906 préfacé parGérard Larcher à l'occasion des 120 ans de l'Entente cordiale[13]. Cet ouvrage retrace au quotidien les activités du Président de la République au travers de la vision de sonSecrétaire général de l'Élysée,Abel Combarieu.
↑Robert Serre,1851. Dix mille Drômois se révoltent. L’insurrection pour la République démocratique et sociale, préface deMaurice Agulhon, co-édition Peuple libre/Notre temps, s.l., 2003.(ISBN2-912779-08-1 et2-907655-42-6),p. 163.
Abel Combarieu,Sept ans à l’Élysée avec le président Loubet : de l'affaire Dreyfus à la conférence d'Algésiras, 1899-1906, Paris,Hachette,(BNF35770072).
Jacques Chastenet,Histoire de la Troisième République : la République triomphante (1893-1906), t. III, Paris, Hachette, 1955(BNF37423160).
Rosemonde Sanson,L’Alliance républicaine et démocratique : une formation de centre (1901–1920), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003(BNF39042490).