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Émile Gois, né le àChablis (Yonne) et mort àParis le, est un militantrépublicainblanquiste sous leSecond Empire et uncolonel de laCommune de Paris, responsable dumassacre de la rue Haxo.
Émile Gois est employé comme commis aux écritures[1]. Militantrépublicain pendant leSecond Empire, il est déporté enAlgérie française, àLambessa, de 1852 à 1856. Il devientblanquiste en 1866[2]. Compromis dans l'affaire deVictor Noir[1], il est condamné auxtravaux forcés àperpétuité en 1870, parcontumace parce qu'il se réfugie auparavant enBelgique[2]. Il nie tout lien personnel avecBlanqui. Il est encore condamné à quatre mois de prison le pour une publication. Il revient en France après laproclamation de la République le et devient employé de police dans leXIe arrondissement de Paris[1].
Sous la Commune, il est nommé colonel d'état-major, aide de camp dugénéral Eudes, et président de la seconde cour martiale[2] constituée le. Il essaye de réorganiser la justice en répartissant mieux les causes à juger entre un conseil de guerre par arrondissement et une cour martiale pour les affaires les plus graves[1]. Ainsi la Commune se donne un embryon d'organisation judiciaire[3].
Gois s'installe le aupalais de la Légion d'honneur[1]. Il est accusé, sans preuve, d'avoir ordonné de brûler ce bâtiment le mardi, pendant laSemaine sanglante, ce qui est un des principauxincendies de Paris pendant la Commune[2].
Émile Gois est responsable dumassacre de la rue Haxo qui a lieu quelques jours après[3].
Le vendredi, vers 15 heures, excité par les exécutions qui ont eu lieu la veille et le matin même, il va à laprison de La Roquette accompagné du commissaire duquartier Bel-Air, Clavier, et d'une soixantaine de fédérés. Il exige du directeur, François, la livraison de cinquante otages, dont il vérifie les noms. Les condamnés, encadrés par les fédérés, marchent jusqu'à la mairie duXXe arrondissement, où le maire,Gabriel Ranvier, refuse d'organiser leur exécution[3].
À cheval[4] en tête de l'escorte, Gois les fait conduirerue Haxo et les fait exécuter[1],[2]. En chemin, la foule grossit et crie« À mort ! ». Des membres du Comité central,Georges Arnold, Serraillier,Jules Vallès,Frédéric Cournet,André Alavoine etEugène Varlin tentent sans succès d'empêcher ce massacre, qui a lieu dans une grande confusion. Sont fusillés 10 prêtres et religieux, 35 gardes de Paris et gendarmes et 4 anciens dénonciateurs du Second Empire[3],[5].
Selon le journalisteÉmile Massard, Emile Gois aurait justifié ce massacre par la vengeance :« C'était les représailles légitimes du peuple de Paris fusillé et massacré depuis six jours par les Versaillais. »[6].
Après la Commune, Gois se réfugie d'abord àJersey. Il est condamné à mort par contumace le, par le sixième conseil de guerre[2]. Il s'installe àLondres avec d'autres blanquistes[1].
Il rentre à Paris après l'amnistie descommunards votée en 1880[2]. Le, il prononce une allocution aucimetière du Père-Lachaise devant lemur des Fédérés :« Ils sont là nos combattants ; ceux que nous avons aimés, les bons et les braves, couchés côte à côte dans leur linceul de chaux. »[7]
Il obtient une indemnité annuelle de 1 200 F pour les dommages subis sous le Second Empire. Malade, il perd ses facultés[1]. Son décès est annoncé dans les journaux de gauche commeL'Attaque[6] ouLe Radical[8] mais aussi dans la grande presse sans position politique affichée, commeLe Petit Journal[9] ouLe Petit Parisien[10].L'Attaque publie une nécrologie admirative, sous la plume d'Émile Massard, pour qui« La Révolution vient de perdre un de ses meilleurs soldats, un de ses chefs les plus énergiques. »[6]. Les quelques lignes duPetit Journal sont plus ironiques, évoquant« une personnalité du parti révolutionnaire » et« ses coreligionnaires politiques »[9].Le Radical etLe Petit Parisien se contentent d'annoncer son décès et la sépulture. À son enterrement civil le 13 aucimetière de Pantin[8],[10],Édouard Vaillant prononce sonéloge funèbre[1].