Pour les articles homonymes, voirPrincesse Palatine etLiselotte.
| Titulature | Comtesse de Simmern Duchesse d'Orléans Duchesse de Valois Duchesse de Chartres Duchesse de Nemours Princesse de Joinville Princesse de La Roche-sur-Yon Duchesse de Montpensier Comtesse de Mortain Dame de Beaujeu |
|---|---|
| Dynastie | Maison de Wittelsbach |
| Nom de naissance | Elisabeth Charlotte von der Pfalz |
| Surnom | Madame Liselotte La Palatine |
| Naissance | Château de Heidelberg (Allemagne) |
| Décès | (à 70 ans) Château de Saint-Cloud (France) |
| Sépulture | Nécropole de Saint-Denis |
| Père | Charles Ier Louis du Palatinat |
| Mère | Charlotte de Hesse-Cassel |
| Conjoint | Philippe d'Orléans |
| Enfants | Alexandre-Louis d'Orléans Philippe d'Orléans Élisabeth-Charlotte d'Orléans |
| Religion | Catholicisme |
Signature
Élisabeth-Charlotte du Palatinat, comtesse de Simmern (enallemand :Elisabeth Charlotte von der Pfalz, Gräfin von Simmern) diteLiselotte[1], née le auchâteau de Heidelberg et morte le auchâteau de Saint-Cloud, est uneprincesse de la branche palatine de lamaison de Wittelsbach, fille du comte-électeurCharles Ier Louis et de la princesseCharlotte de Hesse-Cassel.
Si aujourd’hui, c’est le plus souvent sous le vocable de « Princesse Palatine » ou simplement « la Palatine » qu’elle est désignée, en épousantPhilippe d’Orléans, frère du roiLouis XIV, Élisabeth-Charlotte devientduchesse d’Orléans et porte à la cour le titre de « Madame », titulature conférée à l’épouse du premier frère cadet du roi régnant. EnFrance, par convention et du fait de son appartenance à lamaison de Wittelsbach, elle est appelée « Charlotte-Élisabeth de Bavière »[2].
Élisabeth-Charlotte est la fille de l’électeur palatinCharles Ier Louis (1617-1680),comte palatin du Rhin et de la princesseCharlotte de Hesse-Cassel (1627-1686). Elle est également la petite-fille de l’électeurFrédéric V, le « roi d’un hiver » qui fut mis au ban de l’empire et mourut prématurément en exil, et de la princesseÉlisabeth Stuart, sœur du roiCharles Ier d’Angleterre qui connut lui aussi une fin tragique. Sa famille la surnomme « Liselotte ».
Élisabeth-Charlotte épouse par procuration le le ducPhilippe d’Orléans, fils cadet deLouis XIII[3]. Adoptant immédiatement les deux filles issues du précédent mariage de son mari (Marie-Louise etAnne-Marie), elle lui donne trois enfants :


Membre de lamaison de Wittelsbach, la future « Madame » appartient à la branche aînée qui règne sur lepalatinat du Rhin et qui s'est convertie aucalvinisme quand la branche cadette, farouche défenseur ducatholicisme, règne sur la Bavière. Le chef de la branche aînée est également détenteur de la dignité d'électeur à l'Empire, ce qui en fait le premier prince allemand juste après l'empereur, quand le chef de la branche cadette est un simple parent du souverain. En1619, les Tchèques, protestants, révoltés contre l'empereur, proposent à l'électeurFrédéric V du Palatinat de devenir leur souverain. Jeune encore, gendre du roi d'Angleterre, le jeune électeur accepte. Il se trouve confronté au parti catholique dont son cousin bavarois est un des chefs. Il ne régnera qu'un hiver. Vaincu, ses États sont confisqués par l'empereur qui lui ôte sa dignité d'électeur pour la confier au duc de Bavière. Il doit s'exiler avec femme et enfants auxProvinces-Unies. Il mourra en exil en 1632, tandis que certains de ses enfants et cousins se tournent vers le catholicisme.
Son fils,Charles Ier Louis du Palatinat, retrouve ses États à la fin de laguerre de Trente Ans, mais ne recouvre pas la dignité d'électeur de ses ancêtres : une dignité électorale supplémentaire est créée à son intention, mais il passe du premier rang au dernier. Il est le père d'Élisabeth-Charlotte et de son frère.


Élisabeth-Charlotte est une proche parente des souverains d'Europe. Le roi Charles Ier d'Angleterre, le duc de Brunswick-Lunebourg (futur électeur de Hanovre) sont ses oncles, le roi de Danemark, l'électeur de Brandebourg (futur roi « en » Prusse) et le landgrave de Hesse-Cassel sont ses cousins. Elle est élevée dans lareligion réformée àHeidelberg puis, à partir de 1657, date du divorce de ses parents et du remariage de son père avec sa maîtresse, àHanovre etHerrenhausen, chez sa tante paternelle laduchesse de Brunswick-Lunebourg. Celle-ci a pour secrétaire et bibliothécaireLeibniz et fait donner à sa nièce une éducation humaniste et ouverte oùMontaigne etRabelais tiennent une place de choix[4].
De retour à la cour paternelle en 1662, Élisabeth-Charlotte se trouve confrontée à l’épousemorganatique de son père et à ses nombreux demi-frères et sœurs. Malgré l’affection qu’elle leur porte, la jeune princesse gardera toute sa vie un certain mépris voire de la haine pour les situations fausses.
Aimant son pays, sa liberté et la vie au grand air, Élisabeth-Charlotte refuse tous les partis qu’on lui présente au grand dam de son père. Cependant en 1670 meurt sa tante « à la mode de Bretagne »Henriette d’Angleterre, épouse dePhilippe d’Orléans (Monsieur), frère du roiLouis XIV.
Une tante par alliance d’Élisabeth-Charlotte,Anne de Gonzague de Clèves, fort bien introduite à lacour de France et qui par ses talents d’entremetteuse a déjà marié sa fille aînée avec un prince du sang, négocie alors le remariage du duc d’Orléans avec Élisabeth-Charlotte : malgré sa faibledot et sa religion protestante, cela permettrait la neutralité dupalatinat du Rhin dans le conflit récurrent qui oppose le roi de France auxHabsbourg. L’électeur accepte avec joie cette union brillantissime pour sa fille.


Après s’être convertie aucatholicisme àMetz, elle épousepar procuration le devant l’évêque de la villeGeorges d'Aubusson de La Feuillade en lacathédrale de Metz, le ducPhilippe d’Orléans, fils cadet deLouis XIII. Elle rencontre puis épouse son mari en personne trois jours plus tard dans la chapelle de l’évêché deChâlons-sur-Marne. À dix-neuf ans, la jeune Allemande jalouse de sa liberté est devenue « Madame, belle-sœur du roi », la plus importante princesse française après la reine[5].
Sachant apprécier la nature,Montaigne,Rabelais et la liberté, elle ne s’est jamais sentie très à son aise à la cour deVersailles régie par uneétiquette rigoureuse, où fleurissent des intrigues de toutes sortes, et où les relations humaines ne sont fondées que sur l’intérêt et l’égoïsme. En outre, si, comme l’observe un historien,« dans la fraîcheur de ses vingt ans, Madame n’était pas désagréable à regarder », après une maladie de lapetite vérole en 1693, son physique est compromis par un embonpoint considérable[6]. Elle ne se voit pas agréable à regarder. Dans une de ses lettres, elle se dépeint ainsi[7] :« Il faut que vous ne vous souveniez guère de moi si vous ne me rangez pas au nombre des laides ; je l’ai toujours été et je le suis devenue encore plus des suites de lapetite vérole ; ma taille est monstrueuse de grosseur [...] J’ai la bouche grande, les dents gâtées, et voilà le portrait de mon joli visage. »
À son arrivée à la cour,Madame doit d'abord affronter la comparaison avec sa devancière, la pétulanteHenriette d'Angleterre. Elle déjoue certains pièges de courtisans qui souhaitent entrer dans ses faveurs en l'entraînant dans la vie mondaine qu'appréciait la « première Madame ». La princesse de Monaco essaie même de l'initier aux plaisirs saphiques, mais Élisabeth-Charlotte est trop sérieuse pour apprécier ces comportements et, soucieuse de la dignité de son rang, s'entoure d'un cercle de personnes de confiance pour lesquelles elle éprouvera une véritable amitié et qui fournira au roi Louis XIV, bien malgré elle, certaines de ses maîtresses, commeMademoiselle de Ludres.
Elle est en butte aux persécutions des familiers de son mari qui souhaitent conserver leur influence sur le faible prince et certains ragots attiseront la jalousie maladive de son mari. Le duc d'Orléans, menant un train de vie dispendieux (elle a souvent du mal à payer les deux cent cinquante personnes au service de sa maison) et indifférent aux charmes féminins, ne lui montre que l’empressement strictement nécessaire pour assurer une descendance. Il préfère en effet ses favoris, leChevalier de Lorraine et lemarquis d'Effiat, qui sont pour Madame des ennemis.
Pétillante d’esprit, indépendante, la princesse se consacre alors à une correspondance très abondante qui lui vaut le surnom d’« Océan d’encre ». Ses lettres, au nombre de 60 000 (un dixième est conservé), rédigées dans un style savoureux, constituent une source d’informations précieuse sur la vie à la cour de France. La princesse reste allemande de cœur et elle abhorre la cour et l’étiquette. Si on l’en croit ses lettres, la dépravation attribuée à laRégence règne déjà dans toute la seconde moitié du grand règne[8].

Consciente de son rang et de ses devoirs, elle ne dissimule pas ses antipathies, en particulier contre sa deuxième belle-sœur,Madame de Maintenon, qu’elle surnomme (entre autres) « la ripopée », « la vieille conne »[9]. Elle ne recule pas, on le voit, devant le mot trivial. Méprisant la famille illégitime du roi, à l'exception de son neveu lecomte de Vermandois, pour qui elle avait une grande affection étant sa tutrice, elle surnomme par exemple lecomte de Toulouse (fils du roi et demadame de Montespan) « la chiure de souris », ou, à propos de la sœur de ce dernier,Mademoiselle de Blois, que son filsPhilippe a épousée, elle écrit :« Ma belle-fille ressemble à un cul comme deux gouttes d’eau ». Elle s’est d’ailleurs fortement indignée de ce mariage, Mademoiselle de Blois, bien que fille légitimée du roi, étant issue de l’union doublement adultérine de ce dernier avecMme de Montespan.
D’après leduc de Saint-Simon, elle serait allée jusqu’à gifler son fils sous les yeux de toute la Cour quand elle apprend que celui-ci a accepté ces épousailles qu’elle juge indignes de son rang[10].
En revanche, elle montre toujours le plus grand respect envers le roi, tout en déplorant l’influence des gens qui l’entourent. Elle parle souvent de son fils en déplorant ses mauvaises fréquentations mais en admirant son intelligence et ses succès militaires. Par contre, elle se montre une mère attentive, et sa correspondance avec sa fille (détruite en grande partie en 1719), laduchesse de Lorraine et de Bar, est pleine de conseils maternels.

La princesse suit les débats d’idées de son temps et entretient même une correspondance avecLeibniz, mais elle ne partage pas le penchant de plus en plus dévot que suit le règne deLouis XIV. Elle partage dans ses lettres ses doutes sur de nombreux points de religion. Elle-même protestante convertie par devoir aucatholicisme, àMetz, pour pouvoir épouser le frère du roi de France, elle reste fidèle dans son cœur à la foi de son enfance, et du reste, témoin de laRévocation de l’édit de Nantes, elle ne comprend pas pourquoi des peuples peuvent se dresser les uns contre les autres sur des points qui lui paraissent mineurs. Jamais elle ne se console de la détresse duPalatinat, sa région d’origine,ravagée par les armées du roi, son beau-frère, et tientLouvois pour responsable de la mort de son père (1680) et de sonfrère (1685). Jusque dans les dernières années, elle regrette sa jeunesse àHeidelberg. Elle souffre aussi des avanies et des intrigues de l’entourage de son mari.
À la mort de son mari en 1701, elle brûle les lettres compromettantes du duc et de ses amants auxquels il lègue une grande partie de ses biens alors qu’il laisse de nombreuses dettes à sa femme. Elle doit donc vendre pierreries et tableaux. Soncontrat de mariage stipule qu’en cas de veuvage, l’héritage doit revenir à son fils aîné. Aussi craint-elle que le roi ne l’envoie dans un couvent ou au château deMontargis. Louis XIV qui apprécie sa belle-sœur l’autorise à conserver son rang, ses résidences et ses appartements auchâteau de Versailles, lui fournissant même une rente de250 000 livres.
Elle meurt auchâteau de Saint-Cloud le et est inhumée dans lanécropole royale de la basilique de Saint-Denis[11].

On a publié en1788 des fragments desLettres originales de Madame, etc., écrites de1715 à1720 au duc Ulrich de Brunswick et à laprincesse de Galles ; réimprimés en1823 sous le titre deMémoires sur la cour de Louis XIV et de la Régence,extraits de la correspondance deMme Élisabeth Charlotte, etc.
SaCorrespondance complète (sic) a été traduite de l’allemand et publiée en1855 par G. Brunet. Les lettres sont le plus souvent assez mal traduites, voire forgées artificiellement en compilant des extraits de plusieurs lettres différentes en une seule, assortie d’une date de fantaisie. De plus, tous les passages jugés trop crus (dont elle était fort prodigue) sont censurés. Plusieurs autres éditions ont suivi. Toutes ne contiennent pas la fameuse «lettre stercoraire» citée par lesfrères Goncourt, dans laquelle la princesse décrit à sa tanteSophie de Hanovre, avec force détails scatologiques et sur un mode humoristique, la difficulté dedéféquer àFontainebleau (). Cette lettre est republiée dans le premier numéro de la revueFreak Wave, en 2008. Élisabeth Charlotte de Bavière a également écrit de nombreuses lettres en français, éditées parDirk Van der Cruysse en1989.
Il existe également un livre,Mélanges historiques, anecdotiques et critiques sur la fin du règne de Louis XIV et le commencement de celui de Louis XV par Madame la princesse Élisabeth-Charlotte de Bavière, seconde femme de Monsieur, frère de Louis-le-Grand : (souvenirs) précédés d’une « notice sur la vie de cette illustre princesse » rédigée par Maubuy. L’ensemble représentant une table des matières de cinquante chapitres évoquant, et au passage étrillant, un grand nombre de personnages de la cour en commençant par le roi lui-même, son caractère et ses mœurs, sa conduite à l’égard de son épouse, ses amours, sa mort. Puis vient l’évocation des favorites royales :Mademoiselle de Fontanges,Louise de La Vallière,Madame de Montespan,Madame de Maintenon, etc. Nous connaissons une publication de cet ouvrage en 1807[12].
Une sélection desLettres de la Princesse Palatine a été publiée en 1999 aux éditions duMercure de France(ISBN 9782715221802).


Madame est mère de trois enfants avec Monsieur, le frère du Roi. Leur filsAlexandre-Louis d'Orléans, qui est l'ainé, vient au monde en 1673 et meurt prématurément trois ans plus tard.Philippe d'Orléans (le Régent) est le second fils de Madame et de Monsieur. Il est né en 1674 et aura huit enfants avec son épouseFrançoise-Marie de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV, son oncle paternel. Enfin,Élisabeth-Charlotte d'Orléans est la dernière enfant et la seule fille de la fratrie, mariée àLéopold Ier de Lorraine. Ils auront ensemble treize enfants.
De ce fait, malgré sa descendance limitée à deux enfants survivants à l'enfance, Madame sera communément appelée « ventre de l’Europe ». En effet, cette princesse protestante si mal convertie sera l’aïeule de la plupart des princes et princesses catholiques.
Par son fils le Régent, Madame est l'aïeule de laMaison d’Orléans et de laMaison de Lorraine et à partir d'icelles, des Maisons impériales d'Autriche-Hongrie, duMexique et duBrésil, des Maisons royales de Belgique, de Bulgarie, d'Italie, d'Espagne, des Deux-Siciles, de Wurtemberg, de Bavière, de Saxe, des Maisons grand-ducales de Luxembourg et de Toscane, des Maisons ducales de Parme et de Modène.
Sa fille sera la belle-mère de l’impératriceMarie-Thérèsevia le mariage de cette dernière avecFrançois-Étienne (qui est donc le petit-fils de Madame). La Princesse Palatine est donc l'ancêtre directe de tous les membres de laMaison de Habsbourg-Lorraine -Joseph II,Léopold II,Marie-Antoinette, et aïeule deMarie-Louise (deuxième épouse deNapoléon Ier) - mais aussi des Maisons deBourbon-Siciles,Bourbon-Parme et d'Italie. Elle est l'ancêtre des roisAlbert II de Belgique etPhilippe VI d'Espagne, du Grand-ducHenri de Luxembourg et du prince souverainJean-Adam II de Liechtenstein.
Pour l'anecdote, lorsque la santé du futurLouis XV fit craindre un éventuel glissement de la famille royale vers les Orléans (Philippe d'Orléans étant le suivant dans la ligne de succession), une médaille fut gravée sur ordre du ducLéopold Ier de Lorraine, gendre de Madame. Dédiée à la fécondité de Madame présentée comme le salut de la royauté française avec comme légendeFECUNDITAS CONSERVATRIX GALLIAE. En effet, si le futur Louis XV était venu à décéder, c’estPhilippe d’Orléans, Régent, qui serait monté sur le trône[13].
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