L'électronique est une branche de laphysique appliquée,« qui s'intéresse aux phénomènes de conductionélectrique et aux équipements associés[1] ». Elle traite« du mouvement des porteurs de charge dans le vide, les gaz et les semiconducteurs, des phénomènes de conduction électrique qui en résultent, et de leurs applications[2] ».
L'électronique est une discipline technique ouscience de l'ingénieur, l'une des branches les plus importantes de la physique appliquée, auxiliaire dans la plupart des industries.
Laphysique quantique donne les éléments pour comprendre le fonctionnement des semi-conducteurs. La découverte de l'effettransistor vers 1947[6], puis la fabrication de circuits à l'état solide séparent le sens courant de « électronique » de l'électron particule. L'usage considère les phénomènes impliquant des flux électroniques, comme l'arc électrique et l'effet corona et leurs applications, comme hors du champ de l'électronique[2].
La situation de l'électronique au sein de l'électrotechnique — ensemble des applications de l'électricité — est imprécise. L'utilisation de semi-conducteurs est parfois un critère[1], d'autres auteurs estiment que l'électrotechnique s'occupe du transfert de la puissance, tandis que l'électronique étudie la transmission, par l'électricité, de l'information[7]. Cependant, l'étude de la transmission de l'information est largement indépendante de celle de l'électricité. Ses notions sont purement mathématiques. Elle communique avec l'électronique parce que celle-ci sert à convertir ces informations en signaux, mais n'a aucun besoin de connaître les lois physiques qui régissent l'électricité, déterminées dès leXIXe siècle[8]. Seules la conception et la fabrication descomposants électroniques peuvent mobiliser des ressources scientifiques plus récentes. Chaque domaine a développé les méthodes et lesmodèles mathématiques adaptés à son activité. L'électronique et l'électrotechnique sont étroitement mêlées et ne connaissent aucune séparation institutionnelle[a].
l'une gère l'énergie électrique nécessaire à son fonctionnement et aux systèmes mécaniques, acoustiques, thermiques ou autres qu'il pilote ;
l'autre traite les signaux porteurs d'information.
Lesignal électrique est la tension électrique variable qui transporte l'information. La puissance correspondante est indifférente quand il s'agit detraitement du signal ; on la rend aussi faible que possible du moment que sa faiblesse ne compromet pas l'intégrité du signal.
Les traitements les plus complexes se font ainsi avec descourants faibles. Lorsque le système demande une sortie en puissance, il ne reste qu'à transformer au mieux la puissance de l'alimentation électrique en une puissance analogue au signal. Cette partie de l'électronique s'intéresse à l'efficacité : quelle partie de l'énergie consommée par l'alimentation se retrouve dans la sortie utile. Le développement des applications d'électronique mobile, où la consommation électrique se paie d'une diminution de l'autonomie, amène à se préoccuper de l'efficacité même si les puissances sont faibles.
L'électronique s'applique fréquemment au contrôle d'unsystème qui implique des grandeurs mécaniques ou d'autre nature. Descapteurs permettent la conversion des grandeurs impliquées — force, pression acoustique, position, temps, etc. — en signal électrique, desactionneurs produisent les grandeurs physiques souhaitées — résistances chauffantes, moteurs, etc.
Une bonne partie des applications de l'électronique traite le signal provenant d'autres systèmes électroniques en direction d'autres systèmes électroniques.
Selon la norme internationale, l'électrotechnique regroupe l'ensemble des applications de l'électricité, incluant l'électronique[9]. En français, on a tendance à séparer les deux spécialités. L'électrotechnique traiterait la production, la distribution, la conversion de l'énergie électrique ; elle s'occuperait des courants forts, tandis que l'électronique traiterait de courants faibles. Cette différenciation historique n'a plus de raison d'être. La gestion de l'énergie concerne de très faibles puissances quand il s'agit de dispositifs autonomes, tandis que la régulation des alimentations électriques et des moteurs et la conversion entre courants alternatifs et continus font appel à l'électronique avec de fortes puissances[10].
Les impacts de l'électronique sur la vie dans lasociété moderne sont majeurs.
L'électronique, appliquée aux télécommunications, puis à l'informatique, participant et reliant presque toutes les productions industrielles, a élaboré des abstractions utiles dans la plupart des domaines techniques. Elle a profondément modifié la notion designal ; ce concept, popularisé, sert soit en propre, soit commemétonymie non seulement dans l'activité industrielle, mais encore dans l'économie. Elle a produit le concept mathématique d'information, et absorbé celui, d'origine mathématique, d'algorithme.
L'électronique structure unsystème technique, queMarshall McLuhan appelleâge électronique[11] etManuel CastellsL'Ère de l'information[12]. Les auteurs qui commentent la « société de l'information » l'opposent le plus souvent à l'ère industrielle, que structure la circulation des objets produits en masse, bien que le développement de l'électronique corresponde à une production et une circulation plus massives d'objets matériels.
Alors que l'électronique entrait dans une phase de développement exponentiel — loi de Moore —, des auteurs ont systématisé les concepts de signal et d'information, ainsi que celui derétroaction, également développé dans le cadre de l'électronique avec lessystèmes bouclés[13], pour développer une théoriecybernétique débordant sur lessciences sociales[14], qui a largement pénétré dans le grand public par des ouvrages descience-fiction.
En une cinquantaine d'années, l'électronique a infiltré tous les secteurs de la société, ce qui a entraîné l'adaptation du système social afin que ses cohérences soient maintenues[15],[16].
Ces adaptations concernent en particulier la production industrielle, où l'électronique de l'information, et le remplacement desautomates par desrobots entraînent une remise en cause dufordisme[17], en accomplissant le projet dutaylorisme de retirer de l'atelier les irrationnels humains en inscrivant les procédures de production dans la mémoire des machines[18].
L'électronique, au sens qu'a pris ce mot, remonte à l'invention du premier composant capable d'amplifier un signal électrique, et, par conséquent, d'entretenir une oscillation, latriode deLee De Forest en 1907[19]. Cette possibilité va transformer lestélécommunications,télégraphe,téléphone etradiodiffusion, son premier domaine d'application, avant de se diffuser dans le domaine desmachines à calculer, qui deviennentordinateurs et dans celui desautomates, qui contrôlent toute sorte de processus.
L'électronique surgit d'emblée comme une industrie. Les derniers inventeurs duXIXe siècle commeEdison ouBell ont prospéré grâce aux brevets, et ont construit de grandes organisations qui les exploitent et ferment la voie aux nouveaux arrivants. L'invention dutube électronique va donner lieu à des batailles juridiques, paralysantes jusqu'à lapremière Guerre mondiale. Les mesures d'urgence que prend le gouvernement américain en 1916 débloque la situation afin que l'industrie produise des systèmes de communication radio pour la marine. La paix revenue, ces capacités servent à lancer, à partir de 1920, la radiodiffusion, premier usage domestique de l'électronique. Pour maintenir leur position, les industries rivales,General Electric etAT&T, organisent des laboratoires de recherche où les ingénieurs appliquent les découvertes de la physique, et orientent la recherche plutôt vers le perfectionnement des produits existants, que vers l'exploration de nouvelles voies[20].
Dès l'application de l'électronique à la radiodiffusion émerge uneélectronique populaire construite par desradio-amateurs et des bricoleurs. Avec leposte à galène, c'est le seul à utiliser encore unsemiconducteur[20]. Des publications commeLa radio mais c'est très simple, d'Eugène Aisberg, dont la première édition remonte à 1936, aident les amateurs à se perfectionner. Ce secteur fonctionne plus par échange de recettes et de procédés et expérimentation libre que par assimilation des résultats de la physique théorique. Laguitare électrique émerge ainsi avant la fin des années 1920, suivie par une quantité d'instruments de musique comme letheremin ou lesondes Martenot[21].
L'utilisation des semiconducteurs ouvre l'époque de l'électronique à l'état solide, qui s'oppose à l'électronique à tubes par sa taille réduite et son fonctionnement à basse tension. L'électronique à l'état solide permet d'augmenter considérablement le nombre des composants sur un circuit de même taille, et consomme beaucoup moins d'énergie que le tube[b].
Ferdinand Braun avait décrit la diode à cristal dès 1878, mais l'invention du tube, plus susceptible d'une production industrielle, l'avait fait considérer comme obsolète. La physique quantique donne dans les années 1920 une théorie à la circulation des électrons dans les métaux et explique le phénomène ; les laboratoires Bell ont constituent un groupe d'étude en 1936[22]. Des recherches analogues ont lieu en Allemagne, en Angleterre et dans d'autres pays.
Laseconde Guerre mondiale mobilise les chercheurs pour leradar. Les tubes électroniques ne fonctionnent pas aux très hautes fréquences que les ingénieurs veulent atteindre, encourageant à reprendre les recherches sur les redresseurs à l'état solide, avec deux matériaux, le germanium et le silicium[23]. À la paix, les laboratoires reprennent leurs travaux.Julius Edgar Lilienfeld avait déposé un brevet de dispositif à effet de champ en 1926, mais le principe exige de contrôler parfaitement la conductivité de la couche superficielle du cristal. La recherche sur l'état de surface débouche fortuitement sur un nouveau principe[24].
À partir de 1954, le transistor se diffuse dans le grand public avec laradio à transistors(en) portable qu'a lancée Sony[26] :« le premier récepteur radio à transistor qui sera bientôt vendu en France en grande série fonctionnera plus de 500 heures avec 3 piles delampe de poche ! » annonce un magazine[32].
Le transistor va remplacer le tube dans presque toutes ses applications. En 1984, leRépertoire mondial des transistors contient plus de 27 000 références.
Dès les premières années de l'électronique à semiconducteurs, l'ingénieur britanniqueGeoffrey Dummer(en) présente le projet de fabriquer des montages électroniques complet dans un seul bloc solide, plus fiable que la multiplicité de composants soudés sur des supports.
Jack Kilby, de Texas Instruments, montre en 1958 le premiercircuit intégré, un oscillateur complet fabriqué en laboratoire sur une plaquette de germanium. C'est une preuve de la viabilité de son idée originale : un semi-conducteur peut servir à constituer non seulement des transistors et des diodes, mais aussi des résistances et des condensateurs, tous les éléments d'un circuit complet[33]. Son circuit n'est cependant pas un circuit intégré monolithique : il comprend plusieurs éléments semiconducteurs assemblés dans un boîtier[34].
Leprocédé planar permet de fabriquer de nombreux composants sur un seul support. On coupe ensuite le support en transistors isolés. Pour créer un circuit, il faut pouvoir isoler chacun des transistors pour qu'ils fonctionnent indépendamment.Robert Noyce ayant trouvé un procédé, Fairchild Electronics met sur le marché le premier circuit intégré monolithique, uneporte logique, en 1962. C'est le procédé qui permet l'intégration à grande échelle et la fabrication en masse. Le remplacement des transistors à jonction par des transistors à effet de champ à oxyde de silicium, plus simples à fabriquer et plus petits, permet de proposer des circuits de plusieurs centaines de milliers de composants, dont les prototypes et les masques sont réalisés parlithographie à faisceau d'électrons, et qui, une fois au point, sont diffusés par centaines de milliers d'unités[36].
Le développement du circuit intégré provoque une accélération de la spécialisation de l'électronique. Des équipes optimisent les circuits et les autres électroniciens les considèrent comme des composants, à assembler selon leurs caractéristiques publiées. La théorie des circuits, dès lors, peut se baser sur des entités mathématiques, comme l'amplificateur opérationnel idéal, ou, pour la logique, desportes logiques ou desbascules.
L'électronique a créé les moyens de son propre développement, en premier lieu avec des instruments de mesure comme l'oscilloscope, qui, en rendant visible la trace des variations de tension électrique, donne corps à la notion de signal, mais aussi avec la possibilité d'effectuer des mesures sur des phénomènes fugaces.
Le développement de l'électronique a permis celui de la science et des techniques detélécommunications, puis la naissance de l'informatique.
L'électronique s'est d'abord appliquée aux réseaux téléphoniques, permettant lemultiplexage des signaux, qui multiplie le nombre de communications possibles sur une même ligne. Cette application amène la théorie de l'échantillonnage et celle de l'information. Les commutateurs des lignes téléphoniques sont des automates d'autant plus complexes que, pour optimiser l'utilisation des lignes, on admet que plusieurs chemins sont possibles pour réaliser une liaison. Électromécaniques aux débuts, ils réalisent les commutations plus rapidement avec l'électronique logique. La théorie de l'information et l'algorithmique sont les fondements de l'informatique.
L'informatique, devenue une discipline abstraite, détachée de son support matériel, a produit les concepts et les méthodes nécessaires au développement de l'électronique elle-même : concept de système, logiciels de simulation de circuits, méthode de traitement de signal, etc.
Le développement actuel de l'électronique implique :
la recherche d'une intégration croissante des composants, qui passe par la compréhension fine des mécanismes et phénomènes en œuvre au niveau de la physique moléculaire ou électronique (développement denanotechnologies) ;
la nécessité d'utiliser le plus efficacement possible l'énergie électrique.
Certains envisagent un changement complet de principes de base, passant de l'électronique logique aucalcul quantique.
L’électronique est une famille de disciplines se distinguant suivant le type de signal traité, la famille d’application ou encore le niveau hiérarchique qu’occupe l’élément étudié dans le système global.
Un convertisseur analogique-digital sigma-delta compare le signal analogique entrant à une tension, analogique, qu'il génère par l'intégration temporelle des résultats précédents — un signal logique, dont la valeur ne peut être que 0 ou 1 et ne varie qu'à l'instant de l'échantillonnage. Le signal qui en sort est à la fois analogique et logique.
Le procédé convertit ensuite dans le domaine numérique l'échantillonnage sur 1 bit à haute fréquence en signal numérique avec le nombre de bits et la fréquence d'échantillonnage requise.
L'électronique numérique s'intéresse exclusivement à l'information pure, sans transport de puissance.
Elle traite des signaux échantillonnés et dont l’espace de valeurs est discret[19]. Le nombre de valeurs que peut prendre un échantillon est limité. Celles-ci sont codées par desnombresbinaires. Tout signal numérique peut se réduire à une suite de valeurs binaires, avec seulement deux possibles, 0 ou 1. L’électronique numérique est utilisée en particulier dans les systèmes contenant unmicroprocesseur ou unmicrocontrôleur. Unordinateur est constitué en majeure partie par de l’électronique numérique. Le traitement numérique du signal remplace de plus en plus le traitement analogique. Dans les applications grand public, cette évolution est particulièrement remarquable dans les domaines de l'audiovisuel : téléphonie, télévision, audio, vidéo.
Les signaux dans les circuits logiques restent des grandeurs continues. Dans les circuits logiques, les grandeurs électriques peuvent prendre une infinité de valeurs entre le maximum et le minimum. Il faut envisager toutes ces valeurs et le temps de passer de l'une à l'autre pour garantir un niveau qui signifie 1 ou 0 sans ambiguïté. L'intégrité du signal, c'est-à-dire la garantie que le signal électrique correspond ausignal logique, est un objectif majeur de l'électronique numérique, d'autant plus difficile à obtenir que la cadence de renouvellement des informations est élevée.
L’électronique de puissance s'intéresse au contrôle ou à la transformation de quantités significatives d'énergie électrique.
L’électronique de puissance a comme champ d’application l’électrotechnique domestique et industrielle, où elle remplace les anciennes solutionsélectromécaniques.
Les questions de puissance et d'efficacité concernent aussi tous les dispositifs de l'électronique numérique, particulièrement les appareils autonomes, non reliés à une source d'énergie électrique.
Certaines disciplines de l’électronique se définissent par la place qu’occupe l’objet de l’étude dans la structure d’un système électronique, du plus élémentaire au plus complexe.
Lecomposant électronique se situe au niveau le plus simple. Le savoir-faire technologique regroupe l’ensemble des connaissances et outils nécessaires pour fabriquer un composant et s'appuie sur laphysique des composants, qui fait essentiellement appel aux compétences dans les sciences fondamentales, telles que laphysique du solide et desprocédés chimiques, et aux lois de l'électricité et de l'électromagnétisme.
Lecircuit électrique est le principal objet d’étude de la science de l’électronique. Un circuit électronique est un système incluant plusieurs composants électroniques associés. Le motcircuit vient du fait que le traitement s’effectue grâce à descourants électriques circulant dans les composants interconnectés, qui doit obligatoirement prendre la forme d'un parcours fermé d'un pôle du générateur à l'autre.
Les systèmes électroniques modernes comportent des millions de composants élémentaires. Le génie des circuits électroniques ne s’intéresse qu’à la réalisation de fonctions (ou modules) relativement simples, nécessitant jusqu'à quelques millions de composants.
Comme son nom l’indique, elle recourt à destubes à vide, outubes électroniques comme composants actifs élémentaires (diodes à vide, triodes, tétrodes, pentodes…). Elle ne subsiste guère plus aujourd’hui de certains composants d’émetteurs radio de très forte puissance, en voie de disparition, et dans des applicationsvintage comme, en audio, l'amplificateur pour guitare électrique à tubes.
Elle recourt à des composants élémentaires individuels ou « discrets » (par opposition à intégrés) assemblés le plus souvent sur descartes électroniques. Ce type de conception électronique n’est guère plus utilisée que pour des montages expérimentaux ou dans le cadre de l’électronique de loisir, car elle a été supplantée par la micro-électronique. Sur une carte électronique actuelle, bien que les circuits intégrés accomplissent les principales fonctions, on trouve cependant toujours les composants discrets nécessaires à leur mise en œuvre (résistances et condensateurs essentiellement).
La miniaturisation des composants électroniques élémentaires a commencé dans les années 1950. La taille des composants élémentaires n’a cessé de diminuer, pour atteindre des dimensions de l’ordre de quelques dizaines denanomètres. Ces progrès sont devenus possibles grâce aux avancées dans les procédés de traitement des matériaux semi-conducteurs, notamment dusilicium, qui ont permis de réaliser plusieurs millions de composants élémentaires sur une surface de quelques millimètres carrés. La micro-électronique, synonyme de « électronique intégrée » s’intéresse aux systèmes utilisant des composants de dimensions micrométriques et nanométriques.
Dans les systèmes de l’électronique moderne, le préfixe « micro » commence à être obsolète, dans la mesure où l’on voit apparaître des composants dont la taille se mesure ennanomètres et parfois comparable à celle desmolécules. On évoque ainsi la nano-électronique, lesnanotechnologies et l’électronique moléculaire. Des avancées techniques récentes permettent même d’envisager la conception de composants basés sur la propriété desélectrons et de leurspin : laspintronique.
Avec les progrès dans les micro- et nano-technologies, on observe une fusion des systèmes appartenant à différents domaines techniques (mécaniques, thermiques, optiques…) autour des circuits et systèmes électroniques. Ces fusions sont souvent appelées « systèmes à traitement de signal multi-domaine », ou « systèmes multi-domaines ». À l’origine de ces progrès sont les procédés d’usinage du silicium très évolués, qui permettent de réaliser des structures tridimensionnelles sur les mêmes cristaux de silicium avec les circuits électroniques. Cette proximité offre une interpénétration des traitements traditionnellement se déroulant dans des domaines différents, et une coexistence des signaux de différentes natures physiques (thermique, mécanique, optique…) dans un même système. Ainsi, depuis lesannées 1990, les microsystèmes électromécaniques (MEMS) sont produits et utilisés en grandes quantités.
Matrices de micro-miroirs, ou DMD (Digital Micromirror Device) qui définissent les pixels : la première projectioncinéma numérique publique d'Europe effectuée par Philippe Binant, en 2000, reposait sur l'utilisation d'un MOEMS développé parTexas Instruments[38],
VCSEL à longueur d'onde variable (Diode laser à cavité verticale émettant par la surface),
Microbolomètres (bolomètre à l'échelle micrométrique).
La modélisation des propriétés électroniques d'un circuit se base sur les principes fondamentaux de l'électricité et de l'électromagnétisme (loi d'Ohm,théorème de Gauss,loi de Lenz-Faraday), les modèles de fonctionnement des matériaux semi-conducteurs (jonction P-N, effet transistor, effet d'avalanche), les outils mathématiques et statistiques (nombre complexe, transformée de Fourier, transformée en ondelettes, loi de Gauss). Les études liées aux signaux de haute fréquence font appel aux méthodes associées à l'analyse de la propagation des ondes (équations de Maxwell). L'étude des composants électroniques au niveau atomique intègre les résultats et méthodes associées à laphysique quantique.
La simulation de circuits électroniques par unmodèle mathématique est un procédé très répandu et d'un niveau très avancé. Certains logiciels informatiques peuvent intégrer de nombreux paramètres, comme la température ou les champs électromagnétiques. Le modèle inclut le schéma fonctionnel et le placement des composants, le routage du signal. Laconception de circuits intégrés complexes comprend des étapes intermédiaires, telles que la synthèse logique ou l'analyse des délais. Les composants électroniques programmables (microprocesseur,Circuit logique programmable, DSP) déplacent davantage encore la conception dans le domaine informatique : ils apportent la flexibilité et la baisse des coûts.
La fabrication de circuits électroniques s'est extrêmement diversifiée depuis les années 1980. Alors que la fabrication de prototypes peut toujours se faire parfois de manière artisanale, la production de grande à très grande série dans des usines de plus en plus complexes et coûteuses, permet d'obtenir une technologie toujours plus performante et plus fiable à des prix raisonnables. Alors que l'industrie de la micro-électronique demande des investissements de plus en plus importants pour suivre les évolutions techniques, les industries de technique standard surcircuit imprimé cherchent à améliorer leur rendement (robots de fabrication/assemblage/test, GPAO, délocalisations).
Les essais d'un circuit électronique sont une étape importante. Il s'agit souvent de systèmes complexes dont on ne peut garantir la fiabilité et les performances, même après de nombreuses simulations. On distingue les tests unitaires, pour la mise au point de prototypes, et les tests en série, plus ou moins automatisés, destinés à repérer les défauts de fabrication et/ou d'assemblage. De nombreux outils existent pour faciliter cette étape importante : appareillage de mesure (multimètre,oscilloscope, etc.), normes pour la mesure automatisée (JTAG, GPIB), systèmes de contrôle automatisés.
Comme tout système, un circuit électronique interagit avec son environnement. Il provoque des perturbations, celles de l'environnement perturbent son fonctionnement. Ces interactions doivent être minimisées. L'intégration des composants et des systèmes les rend souvent plus sensibles aux perturbations, l'augmentation des fréquences de fonctionnement et la généralisation des systèmesradioélectriques ont augmentent le niveau global des champs perturbateurs. La compatibilité électromagnétique fait désormais partie des impératifs de la conception électronique. La taille des cellules élémentaires des composants électroniques les rend également parfois sensibles aux perturbations des particules du rayonnement cosmique. La nécessité de maintenir latempérature des composants dans la plage pour laquelle ils ont été conçus rend la question dutransfert thermique incontournable et parfois délicat.
L'industrie électronique regroupe lesentreprises qui fabriquent les composants, les circuits et les appareils électroniques. Elle comprend de nombreux intermédiaires, les entreprises sous-traitantes comprenant les « Electronics Manufacturing Services » (EMS) et lesfabricants d'équipement d'origine (OEM) ; des fournisseurs deproduit fini aussi bien que des intégrateurs qui construisent des systèmes à la demande.
L'électronique a permis l'intégration de fonctions de plus en plus complexes et performantes dans la majeure partie des domaines techniques et scientifiques et des objets de la vie courante. Les appareils électroniques fabriqués ont des applications très diverses, de l'électronique grand public à l'industrie spatiale.
En 2019, l’industrie électronique française représente unchiffre d'affaires global de 15 milliards d'euros, réalisé par environ 1 100 entreprises représentant 200 000 emplois directs[39].
Le contrôle électronique des systèmes produit le plus souvent une amélioration de leurefficacité énergétique, mais ce n'est pas sans contreparties.
L'industrie électronique, comme les autres, produit une quantité de plus en plus importante dedéchets comprenant de nombreux éléments précieux — contact recouverts d'or, pistes en cuivre, etc. — et/outoxiques — brasures contenant du plomb[d], etc.. Une directive européenne sur lesdéchets électroniques traduite dans le droit français en 2014[40] oblige les enseignes qui vendent les équipements électroniques à les reprendre enfin de vie[41].
La multiplication du nombre d'appareils électriques et électroniques, y compris lematériel informatique et les réseaux de télécommunications augmente la consommation d'électricité, dont la production émet des gaz à effet de serre et génère de déchets (éventuellement radioactifs).
Les appareils électroniques étant presque tous des biens de consommation à courte durée de vie, ils sont renouvelés de plus en plus fréquemment[réf. souhaitée]. Les améliorations apportées par les fabricants trouvent donc une application rapide. Face à des produits électroniques concurrents aux fonctionnalités similaires, la consommation électrique réduite d'un appareil peut devenir un argument commercial de vente, mais les produits remplacés deviennent des déchets.
↑Gardée secrete au départ, la théorie sera publiée fin 1950 sous le titreElectrons and holes with application to transistor electronics (Électrons et trous avec leur application à l'électronique à transistors).
↑Les distributeurs de composants électroniques proposent désormais des composants sans plomb, répondant à laDirective RoHS.
↑AdolpheGanot, GeorgesManeuvrier (Éditeur scientifique) et MarcelBillard (Éditeur scientifique),Traité élémentaire de physique, Paris,,26eéd.(lire en ligne),p. 1055.
↑BenjaminCoriat,L'atelier et le robot : Essai sur le fordisme et la production de masse à l'âge électronique, Paris, Christian Bourgois, ;« Recension »,Formation Emploi,.
MichelFleutry,Dictionnaire encyclopédique d'électronique anglais-français, La maison du dictionnaire,(ISBN2-85608-043-X)
HenriLilen,Une brève histoire de l'électronique, Paris,Vuibert,.
HenriLilen,La belle histoire des révolutions numériques : De l'électronique aux défis de l'intelligence artificielle, De Boeck supérieur,(présentation en ligne).