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| Élection présidentielle française de 1958 | ||||||||||||||
| Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
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| Inscrits | 81 764 | |||||||||||||
| Votants | 81 290 | |||||||||||||
| 99,42 % | ||||||||||||||
| Votes exprimés | 79 470 | |||||||||||||
| Blancs et nuls | 1 820 | |||||||||||||
| Charles de Gaulle –UNR | ||||||||||||||
| Voix | 62 394 | |||||||||||||
| 78,51 % | ||||||||||||||
| Georges Marrane –PCF | ||||||||||||||
| Voix | 10 355 | |||||||||||||
| 13,03 % | ||||||||||||||
| Albert Châtelet –UFD | ||||||||||||||
| Voix | 6 721 | |||||||||||||
| 8,46 % | ||||||||||||||
| Président de la République | ||||||||||||||
| Sortant | Élu | |||||||||||||
| René Coty CNIP | Charles de Gaulle UNR | |||||||||||||
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L'élection présidentielle française de 1958, visant à élire leprésident de la République française et de laCommunauté, est la premièreélection présidentielle qui intervient enFrance après l'adoption de laConstitution instituant laCinquième République. Elle se tient le.
Conformément à la version de la Constitution alors en vigueur, le chef de l’État est élu par uncollège électoral de près de 82 000 grands électeurs, composé desparlementaires, desconseillers généraux et de représentants desconseils municipaux.
Charles de Gaulle, devenuprésident du Conseil après lacrise de mai 1958, en pleineguerre d'Algérie, l’emporte dès le premier tour de scrutin avec 78,5 % des suffrages exprimés face àGeorges Marrane (Parti communiste français) et àAlbert Châtelet (Union des forces démocratiques). Le général de Gaulle prend ses fonctions le mois suivant et fera voter,en 1962, l’instauration dusuffrage universel direct pour l’élection présidentielle.
L’élection intervient durant laguerre d'Algérie et après lacrise de mai 1958, qui a conduit au retour du général de Gaulle au pouvoir : le, après avoir été président duGouvernement provisoire de la République française à la sortie de laSeconde Guerre mondiale,« le Général », sollicité par le présidentRené Coty, est devenuprésident du Conseil des ministres. Trois mois plus tard, fin, il fait adopter parréférendum laConstitution de laCinquième République, avec 82,6 % de « oui ».
Les conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle — investiture deson gouvernement par l’Assemblée nationale dans un contexte de haute tension — sont dénoncées par une partie de la gauche, notamment leParti communiste français (PCF), qui y voit un« coup d'État ». LeParti radical et laSection française de l'Internationale ouvrière (SFIO) entrent au gouvernement, le dirigeant socialisteGuy Mollet étant notamment ministre d’État, mais des oppositions au soutien à de Gaulle au sein de ces formations conduisent rapidement à des scissions. C’est ainsi que se crée lacoalition de l’Union des forces démocratiques (UFD), qui rassemble des figures commePierre Mendès France (radical dissident) etFrançois Mitterrand (UDSR)[1].
Le scrutin se déroule également durant laguerre froide. À ce titre, le PCF, premier parti de France après la Seconde Guerre mondiale, inquiète l’opinion publique rejetant lebloc de l'Est et apparaît en perte de vitesse alors qu’il apporte un soutien systématique à l’URSS[2].
Lesélections législatives de sont marquées par une victoire de la droite gaulliste et par un recul historique du nombre de députés de gauche, notamment communistes (dix élus contre 150en 1956). Avec moins de 2 % des suffrages, l’UFD n’obtient aucun siège[2].
L’article 6 de laConstitution du indique que leprésident de la République est élu poursept ans« par un collège électoral comprenant les membres du Parlement, des conseils généraux et des assemblées desterritoires d'outre-mer, ainsi que les représentants élus des conseils municipaux », ces derniers différant en fonction de la taille des communes[a]. Lescrutin uninominal majoritaire à deux tours est retenu par l’article suivant[3].
Du fait dunombre important de communes en France peu peuplées, le collège électoral favorise surtout laruralité ou« la France duseigle et de lachâtaigne » selon l'expression deGeorges Vedel. Le décompte fait que les communes de moins de 4 000 habitants ont trois fois plus de délégués que les villes de plus de 100 000 habitants[4],[5].
L’ordonnance du portantloi organique précise les modalités du scrutin. Elle prévoit que les candidats doivent avoir réuni,douze jours au moins avant le premier tour,50 signatures du collège électoral. Cesgrands électeurs votent dans lechef-lieu de leur département d’élection. Si aucun candidat n’a obtenu la majorité des suffrages exprimés, un second tour est prévu dans un délai dehuit jours[6].
Le choix de ne pas imposer le suffrage universel direct résulte d'un compromis avec les opposants au général de Gaulle, qui craignait une trop grande rupture avec laQuatrième République. Par ailleurs, l'Empire colonial français était pressenti comme votant quasi-exclusivement pour le Général, ce qui prédestinait ce dernier à des scores extrêmement élevés dans les colonies si le suffrage universel direct avait été choisi[7][source insuffisante].
Le, alors qu’un duel entre la droite (Charles de Gaulle) et la gauche communiste (Georges Marrane) était attendu, la Commission constitutionnelle provisoire (Conseil constitutionnel) annonce qu’Albert Châtelet,doyen honoraire de la faculté des sciences de Paris, a également réuni les signatures nécessaires pour se présenter. Cette candidature, déposée juste avant la clôture, à l’initiative deDaniel Mayer, est soutenue par l’UFD, qui indique« s'éleve[r] contre la dangereuse simplification qui tend à présenter la politique française comme un combat entre deux blocs »[8],[9],[10].
| Candidat et parti politique / coalition | Principale fonction politique lors de la campagne | Commentaires | ||
|---|---|---|---|---|
| Albert Châtelet (75 ans) | Président ducomité Audin (depuis 1957) | Alors queFrançois Mitterrand etPierre Mendès France refusent de se présenter à l’élection présidentielle, Albert Châtelet, mathématicien et universitaire, est désigné candidat de l’UFD, unecoalition de gauche non-communiste opposée au retour au pouvoir du général de Gaulle. Proche des idées duParti radical, favorable à l’amitié franco-soviétique et hostile à la guerre d’Algérie, Albert Châtelet entre en politique après la crise de et fait campagne pour le « non » auréférendum constitutionnel[2]. | ||
| Charles de Gaulle (68 ans) | Président du Conseil des ministres (depuis 1958) | Auréolé de son prestige de dirigeant de laFrance libre pendant laSeconde Guerre mondiale, le général de Gaulle est le grand favori du scrutin. Après avoir été président duGouvernement provisoire de la République françaisede 1944 à 1946, il a connu une« traversée du désert » jusqu’auputsch d’Alger et lacrise en découlant. C’est dans ce cadre qu’il revient au pouvoir en accédant à la présidence du Conseil. Il fait ensuite rédiger puis approuver par référendum laConstitution de laCinquième République. | ||
| Georges Marrane (70 ans) | Maire d'Ivry-sur-Seine (depuis 1945) | Depuis 1925, Georges Marrane est élu dans ledépartement de la Seine, dont il est un tempsprésident du conseil général,sénateur ainsi quedéputé jusqu’à sa défaite auxélections législatives de 1958. Il est brièvementministre de la Santé publique et de la Population dans lepremier gouvernement Ramadier,en 1947, démissionnant à la suite de l'éviction des ministres communistes. | ||
L’universitaire Jean-François Condette résume ainsi la situation des deux candidats qui font face à Charles de Gaulle :« Georges Marrane est identifié par son étiquette politique, représentant désigné du danger communiste qui, en pleine guerre froide, doit servir de repoussoir. Albert Châtelet, quant à lui, est présenté comme « le doyen », figure certes respectable mais surannée, universitaire égaré en politique »[2].
Le fait que Charles de Gaulle soit donné grand favori de par son prestige et sa fonction, ainsi que le mode de scrutin ne donnent pas lieu à une campagne intense ou médiatique. Albert Châtelet, tout en estimant que« de Gaulle et les communistes contiennent les germes de guerre civile », refuse de faire campagne, reconnaissant que sa candidature est« symbolique et de principe »[2],[11].
| Candidats | Partis | Premier tour | ||||
|---|---|---|---|---|---|---|
| Voix | % | |||||
| Charles de Gaulle | UNR | 62 394 | 78,51 | |||
| Georges Marrane | PCF | 10 355 | 13,03 | |||
| Albert Châtelet | UFD | 6 721 | 8,46 | |||
| Suffrages exprimés | 79 470 | 97,76 | ||||
| Votes blancs ou nuls | 1 820 | 2,24 | ||||
| Total votants | 81 290 | 100 | ||||
| Abstention | 474 | 0,58 | ||||
| Inscrits / Participation | 81 764 | 99,42 | ||||
Comme prévu, le général de Gaulle obtient facilement lamajorité absolue des suffrages exprimés, ce qui ne nécessite pas la tenue d'un second tour. En seuleFrance métropolitaine (sans l’Algérie et les territoires d’outre-mer), les 74 391 voix exprimées se répartissent à hauteur de 77,5 % pour le vainqueur, 13,6 % pour Georges Marrane et 8,9 % pour Albert Châtelet[2].
Si le président du Conseil l’emporte dans la totalité des départements, sa victoire n’est pas jugée humiliante pour ses adversaires. Le candidat communiste réalise ses meilleurs scores dans les bastions de son parti, en particulier leNord-Pas-de-Calais, tandis qu’Albert Châtelet arrive en deuxième position dans39 départements métropolitains, notamment dans les fiefs socialistes et radicaux, situés dans le sud de la France[2].
Le scrutin n’ayant fait l’objet d’aucun recours, le Conseil constitutionnel proclame l’élection de Charles de Gaulle à la fonction de« président de la République, président de la Communauté » le. L’article 91 de la Constitution prévoyant que« les pouvoirs du président de la République en fonction ne viendront à expiration que lors de la proclamation des résultats de l'élection », Charles de Gaulle prend ses fonctions de chef de l’État le même jour, succédant ainsi àRené Coty[3],[12].
Cette première élection présidentielle de laVe République est la seule à s'être déroulée ausuffrage universel indirect, de Gaulle proposant l'élection ausuffrage universel direct aux Français lors duréférendum d'octobre 1962. Elle est également la seule à avoir vu l’un de ses candidats l’emporter dès le premier tour[13].
| Candidats |
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| Les candidats sont placés en fonction de leur score (du plus élevé au plus faible). | |||