Cet article ou cette section contient des informations sur unscrutin récent ou en cours.
| ||||||||||||||
| Élection présidentielle chilienne de 2025 | ||||||||||||||
| (1er tour) (2e tour) | ||||||||||||||
| Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Inscrits | 15 779 102 | |||||||||||||
| Votants | 13 452 724 | |||||||||||||
| 85,26 % | ||||||||||||||
| Blancs et nuls | 503 009 | |||||||||||||
| Jeannette Jara –PCCh | ||||||||||||||
| Voix | 3 476 615 | |||||||||||||
| 26,85 % | ||||||||||||||
| José Antonio Kast –PRCH | ||||||||||||||
| Voix | 3 097 717 | |||||||||||||
| 23,92 % | ||||||||||||||
| Franco Parisi –PDG | ||||||||||||||
| Voix | 2 552 649 | |||||||||||||
| 19,71 % | ||||||||||||||
| Johannes Kaiser –PNL | ||||||||||||||
| Voix | 1 801 532 | |||||||||||||
| 13,94 % | ||||||||||||||
| Evelyn Matthei –UDI | ||||||||||||||
| Voix | 1 613 797 | |||||||||||||
| 12,46 % | ||||||||||||||
| Président de la république du Chili | ||||||||||||||
| Sortant | ||||||||||||||
| Gabriel Boric FA | ||||||||||||||
| modifier -modifier le code -voir Wikidata | ||||||||||||||
L'élection présidentielle chilienne de 2025 a lieu les et afin d'élire pour quatre ans leprésident de la République duChili. Desélections parlementaires sont organisées simultanément.
Le président sortant,Gabriel Boric, ne peut être candidat à sa réélection, laConstitution chilienne interdisant les mandats successifs.
Dans le contexte de la mise en place duvote obligatoire, la participation connait une hausse considérable, atteignant 85 % au premier tour contre 47 %en 2021.
La candidate duParti communiste (PCCh), soutenue par la coalitionUnité pour le Chili (UpCh),Jeannette Jara, arrive en tête du premier tour. Elle se retrouve enballotage contreJosé Antonio Kast, soutenu par leParti républicain (PRch) et la coalitionChangement pour le Chili (CpCh).
C'est la deuxième fois que le candidat d'extrême droite se qualifie pour le second tour, celui ci ayant été battu par Gabriel Boric en 2021. Il bénéficie cependant de sondages bien plus favorables, à l'issue d'une campagne électorale marquée par les thèmes du crime organisé et de l'immigration.

L'élection présidentielle chilienne de 2021 voit les candidats d'extrême droiteJosé Antonio Kast et degauche radicaleGabriel Boric se qualifier pour le second tour. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1989, le second tour n'oppose pas des candidats issus des partis de centre droit et de centre gauche traditionnels. Boric remporte le second tour avec près de 56 % des voix, une première pour un candidat arrivé second à l'issue du premier tour. Il devient à35 ans le plus jeune président de l'histoire du pays.
Le mandat de Gabriel Boric est notamment marqué par l'échec desréférendum de 2022 et2023 sur la mise en place d'une nouvelle constitution. Le Chili est en effet engagé pendant plusieurs années dans un processus de réécriture de sa Constitution, unmouvement de manifestations de grande ampleur à l'encontre des importantesinégalités sociales existantes ayant amené les principaux partis du pays à s’accorder sur la nécessité d'entreprendre ce changement. Bien que retardé par lapandémie de Covid-19, leréférendum organisé le voit ainsi la population approuver à une très large majorité le remplacement dela constitution en vigueur. Adoptée en 1980 sous lerégime de Pinochet, celle ci était fortement critiquée par les manifestants en raison de son origine ainsi que de son contenunéolibéral fortement inégalitaire, consacrant un modèle économique fondé sur la privatisation d'une large part desbiens publics, y compris l'éducation, la santé, les retraites et l'accès à l'eau[1],[2],[3],[4]. Le succès du référendum conduit à la mise en place d'uneAssemblée constituante élue lors d'élections constituantes organisées les 15 et, qui voient la percée des mouvements indépendants issus de la contestation envers le système politique et économique, au détriment des partis traditionnels, ainsi que la victoire des formations de gauche sur la liste unique de la droite, qui ne parvient pas à atteindre son objectif d'un tiers des sièges. La prépondérance des indépendants, de la gauche réunit dans laListe d'approbation et de la gauche radicale dans celle d'Approbation dignité permet aux forces progressistes de disposer du quorum des deux tiers des voix au sein de la Constituante. N'étant ainsi pas soumis à la possibilité d'un véto de la part de la droite, celles ci entreprennent une refonte en profondeur de la Constitution[5],[6].
En fonction depuis un mois après sa victoire à l'élection présidentielle de 2021, leprésidentGabriel Boric reçoit en juillet 2022 le projet de Constitution issu des travaux de la Constituante, qu'il soumet à unréférendum constitutionnel en septembre 2022[7]. Jugé trop radical, le projet de Constitution souffre cependant de nombreuses critiques aussi bien à droite qu'au centre droit et au centre gauche, les membres de l'Assemblée constituante étant accusés d'avoir délaissé les aspects techniques d'un texte constitutionnel au profit d'une vision« révolutionnaire »[8]. Les critiques se focalisent notamment sur l’affirmation de la« plurinationalité » du Chili au détriment du caractère unitaire de l’État, l’octroi de droits collectifs aux indigènes, le renforcement de l’intervention de l’État dans l'application de nouveaux droits jugés mal définis, ou encore la baisse des pouvoirs du Sénat[8],[9]. Le référendum de 2022 voit par conséquent le projet rejeté par une large majorité de près de 62 % des suffrages exprimés, dépassant les prédictions des sondages qui annonçaient déjà un échec du projet[10],[11].
Lesélections constituantes chiliennes de 2023 voient arriver en tête leParti républicain, l'un des partis les plus opposés à la réécriture de la Constitution. Mené parJosé Antonio Kast, candidat malheureux face àGabriel Boric au second tour de l'élection présidentielle de 2021, le parti remporte à lui seul 22 sièges sur 51, bénéficiant des préoccupations de la population concernant l’immigration et l’insécurité, deux thématiques qui concentrent alors le débat politique au Chili[12]. Face à la position de force du Parti républicain, le présidentGabriel Boric appelle ses membres à ne« pas commettre la même erreur » que les forces de gauche en 2021, lorsque ces dernières, majoritaire à l'Assemblée constituante, avait conçu un texte entièrement acquis à leur seules idées, au point d'être finalement rejetée par l'électorat faute de consensus[13].
Comme attendu, le projet de nouvelle Constitution est rejeté par les électeurs, bien qu'à une majorité plus faible que celui de 2022. Ce second échec met fin au processus constituant entamétrois ans plus tôt, le président Gabriel Boric réitérant au soir du scrutin sa position exprimée lors de la campagne en annonçant le processus constitutionnel« clos ». Considérant qu'aucune des deux constitutions soumises au vote n'a« réussi à représenter ou à unir le Chili dans sa belle diversité », et que celui ci est désormais confronté à« d'autres urgences », le président acte ainsi le maintien de la Constitution de 1980, malgré son adoption controversée sous lerégime de Pinochet[14].
La décision de Gabriel Boric reflète un sentiment largement partagé chez une population confrontée aux problèmes économiques et sécuritaires, où domine désormais une atmosphère de désenchantement et de lassitude vis à vis de la question constitutionnelle, qui promettait de les unir avant de finalement les diviser[14],[15],[16].
Levote obligatoire, qui avait été abandonné en 2012, est réintroduit en 2022, l'abstention touchant alors un tiers du corps électoral. Selon le politologue Rodrigo Medel,« un consensus s’est formé pour y revenir. La droite le souhaitait car elle était diminuée par son incapacité à canaliser lemouvement social de 2019. La gauche aussi, parce que le vote volontaire n’avait pas résorbé les différences de classes – les communes riches votant bien plus que les pauvres ». Selon les sondages, cette mesure aurait plutôt tendance à favoriser l’extrême droite populiste, les anciens abstentionnistes étant généralement mécontents de la classe politique traditionnelle, dans un contexte d'immigration de masse[17].
Leprésident de la République est élu auscrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de quatre ans non renouvelable de manière consécutive. Est élu le candidat qui recueille lamajorité absolue des votes valides au premier tour, organisé le troisième dimanche de novembre de la quatrième année du mandat présidentiel en cours. À défaut, les deux candidats arrivés en tête au premier tour s'affrontent lors d'un second organisé le quatrième dimanche suivant le premier. le candidat recueillant le plus de voix est alors déclaré élu[18].
La large victoire du « non » au référendum constitutionnel de 2022 et l'impopularité de Boric rendent incertain le maintien de la gauche au pouvoir à l'élection présidentielle de 2025[19].
Depuis les élections présidentielles de 2021, oùJosé Antonio Kast a perdu, l'opposition de droite a entamé une intense discussion pour choisir un candidat à la présidentielle. Le succès électoral obtenu après leréférendum de 2022 a stimulé deux grandes candidatures dans les deux secteurs majeurs de l'opposition :Evelyn Matthei et José Antonio Kast.
De plus, la droite s'est également divisée après leréférendum constitutionnel de 2023. Chile Vamos et le Parti républicain ont appelé à voter pour, bien qu'un secteur du PR dominé par le sénateur Rojo Edwards et la journaliste indépendante Teresa Marinovic ait appelé à voter contre[29]. Ce secteur politique, après le triomphe du non, a pris la décision de présenter une candidature présidentielle, celle du députéJohannes Kaiser[30], puis celle de l'avocateMarcela Cubillos[31].
Les candidaturesindépendantes oualternatives ne sont alignées ni sur les partis du gouvernement de Gabriel Boric, ni sur l'opposition actuelle à ce gouvernement. D'une part, à gauche, les noms du cinéasteMarco Enríquez-Ominami[32] et du professeur Eduardo Artés ont été proposés, tandis que leParti révolutionnaire des travailleurs a lui aussi annoncé sa participation, dénonçant l'adaptation de la coalition de gauche aux élites chiliennes. A droite, la journalistePamela Jiles (dont le positionnement idéologique n'est pas clair[33],[34]), l'ingénieur Franco Parisi, le député Gaspar Rivas, le maire Rodolfo Carter (ce dernier, proche de Chile Vamos), ont été évoqués[35],[36]. Enfin, à l'extrême droite, l'irruption de l'écrivain Axel Kaiser reste finalement sans effet puisqu'il se retire en faveur de son frèreJohannes[37].
La campagne est dominée par les sujets de l'insécurité dans un contexte de hausse de la criminalité liée au crime organisé et d'une forte progression de l'immigration illégale. Le taux d'homicide est ainsi passé en dix ans de 2,6 à 6 pour 100 000 habitants, tandis que des formes de criminalité« jusque-là inconnues dans le pays » font leur apparitions avec l'arrivée de groupes criminels étrangers comme leTren de Aragua vénézuelien. La population fait en effet face à des assassinats commandités, des extorsions et des enlèvements. Ces derniers se chiffrent à 868 en 2025, soit une augmentation de 76 % depuis le début du mandat de Gabriel Boric en 2021[38],[39].
L'augmentation considérable du nombre d'étrangers, qui double en seulement sept ans pour atteindre 8,8 % de la population chilienne en 2025, voit la population associer hausse de l'immigration illégale — principalement vénézuelienne — et hausse de l'insécurité[38].
Jeannette Jara promet un renforcement du contrôle de l'immigration, tandis que José Antonio Kast fait campagne sur la promesse d'expulsions massives, la sécurisation des frontières, un meilleur armement des forces de l'ordre et un recours à l'armée dans les zones les plus touchées. Sur sa droite,Johannes Kaiser, duParti national libertarien (PNL) soutenu par la coalitionChangement pour le Chili (CpCh), promet même d'envoyer ceux ayant un casier judiciaire dans la« mégaprison » construite par le présidentNayib Bukele auSalvador. La montée de l'extrème droite relègue au second plan la droite traditionnelle incarnée parEvelyn Matthei, candidate de l'Union démocrate indépendante (UDI) soutenue par Chili grand et uni (CpGU), qui peine à convaincre face à la prédominance du discours sécuritaire[38].
| Candidat | Parti et Coalition | Premier tour | Second tour | |||
|---|---|---|---|---|---|---|
| Voix | % | Voix | % | |||
| Jeannette Jara | PCCh (UpC) | 3 476 615 | 26,85 | |||
| José Antonio Kast | PRch (CpCh) | 3 097 717 | 23,92 | |||
| Franco Parisi | PDG | 2 552 649 | 19,71 | |||
| Johannes Kaiser | PNL (CpCh) | 1 804 773 | 13,94 | |||
| Evelyn Matthei | UDI (CpGU) | 1 613 797 | 12,46 | |||
| Harold Mayne-Nicholls | Indépendant | 163 273 | 1,26 | |||
| Marco Enríquez-Ominami | Indépendant | 154 850 | 1,20 | |||
| Eduardo Artés | Indépendant | 86 041 | 0,66 | |||
| Votes valides | 12 949 715 | 96,26 | ||||
| Votes nuls | 360 926 | 2,68 | ||||
| Votes blancs | 142 083 | 1,06 | ||||
| Total | 13 452 724 | 100 | 100 | |||
| Abstention | 2 326 378 | 14,74 | ||||
| Inscrits / participation | 15 779 102 | 85,26 | 15 779 102 | |||

L'introduction duvote obligatoire voit la participation exploser, passant de 47 % en 2021 à 85 % en 2025, soit une hausse de plus de six millions de suffrages. Le premier tour voit arriver en têteJeannette Jara, candidate duParti communiste (PCCh) et de la coalition de gaucheUnité pour le Chili (UpCh), qui réunit près de 27 % des voix. Elle se retrouve enballotage au second tour contreJosé Antonio Kast, soutenu par leParti républicain (PRch) et la coalition d'extrême droite Changement pour le Chili (CpCh), qui en réunit près de 24 %. Bien qu'arrivée en tête, Jeannette Jera souffre cependant de son manque de réserve de voix, la quasi totalité des autres candidats éliminés au premier tour étant de droite. Leurs électeurs sont par conséquent jugés plus enclins à se reporter sur son adversaire[41].
C'est la deuxième fois que José Antonio Kast se qualifie pour le second tour après sa défaite face àGabriel Boricen 2021. Le candidat d'extrême droite bénéficie cette fois ci d'un soutien populaire bien plus conséquent, après une campagne électorale où ont dominés les thèmes de l'insécurité de la population face au crime organisé, et du rejet de l'immigration. Le premier tour ayant réuni près de 70 % de voix pour des candidats de droite, il aborde cette fois-ci le second en position de favori. Au soir du scrutin,Johannes Kaiser etEvelyn Matthei, arrivés respectivement quatrième et cinquième au premier tour avec 14 et 12 % des voix, appellent à voter pour lui[42],[43]. C'est la première fois depuis la fin de ladictature militaire d'Augusto Pinochet en 1990 que l'extrême droite est en position de remporter la présidence[44],[38].